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Suite: https://www.lesoir.be/535804/article/2023-09-07/joseph-henrotin-si-elle-le-voulait-vraiment-la-belgique-pourrait-livrer-des-f-16
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Le commandement intégré est finalement une sorte d'état-major suprême qui organise l'action des forces sous commandement OTAN, mais: Si la France est sortie de ce commandement intégré en 1966, toute une série d'accords visent à coordonner les forces françaises et les forces sous le commandement intégré de l'OTAN Le commandement intégré n'exclut pas la participation à des commandements locaux, dans le cadre d'opérations spécifiques par exemple. A fortiori dans l'hypothèse d'une opération visant à liquider Khadafi dans une embuscade aérienne (à laquelle j'ai cru plus jeune quand je lisais le Diplo et plein de thèses complotistes, mais que je ne crois plus après avoir creusé les éléments du dossier au-delà du scénario explicatif spéculatif dont je parlais plus haut - mais c'est une autre question): les 2 membres de l'OTAN qui avaient maille à partir étaient précisément les Etats-Unis et la France (et pas encore le Royaume-Uni). Si on accepte cette thèse, il est plus vraisemblable qu'une telle opération soit montée par les 2 pays qui en veulent à Khadafi plutôt que par des pays qui n'ont rien à lui reprocher voire qui coopèrent en loucedé avec lui (comme l'Italie). Dans cette perspective, l'idée que ce serait une opération "de l'OTAN" avec des "chasseurs de l'OTAN" me semble un abus de langage: on aurait plutôt une opération principalement franco-américaine, avec/au départ d'infrastructures OTAN qui ont l'avantage d'être dans la zone et pleine d'officiers américains en mesure de planifier et coordonner une telle action, éventuellement sous couvert d'un exercice sur lequel on met l'étiquette OTAN. Vu ainsi, tu a sun commandement franco-américain pour l'opération, et les décideurs à Paris et Washington. En même temps, ça fait 35 ans (Commission Stragi, 1988) que cette accusation est formulée explicitement de manière chronique par des acteurs politiques et médiatiques italiens, et revient plus ou moins tous les ans à la Une quelques jours avant de disparaître jusqu'à l'année suivante. Il y a aussi (surtout?) une dimension italo-italienne à cette thèse (cf. ce que disait @gianks) et son succès dans une partie de l'opinion (articulée au traumatisme des années de plomb, au foutoir qu'était le SISMI, etc.), voire une dimension "identitaire": selon que tu adhères ou non à la thèse, c'est clairement un marqueur d'appartenance politique.
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Alors je ne comprends pas ton discours, qui tend à démontrer le contraire. Si tu es un familier de l'exploitation des archives de Vincennes, non seulement tu as une idée de ce qu'on est susceptible de trouver dans ces archives (et par conséquent de ce qu'on sait qu'on n'y trouvera pas), et surtout des problèmes liés en amont (comment identifier les archives à aller voir dans la masse d'archives rendues accessibles —car on n'a pas un gros carton avec un bandeau rouge "secret" intitulé "tout ce qu'on cache sur le crash de la Caravelle Ajaccio-Nice"—, ce qui présuppose d'ailleurs que ce soit inventorié ) et en aval (comment exploiter ces archives une fois identifiées et accédées). On est très loin de: "Macron n'a qu'à déclassifier [c'est pas sa compétence] les archives [lesquelles?] et on saura tout [non]". (Et plus encore de l'idée que ces archives seraient classifiées car on y cacherait nécessairement quelque chose.)
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Tu ne comprends manifestement pas ce que sont des archives (ni ce qu'on peut en faire). L'idée du président de l'association des victimes selon laquelle il va recevoir une archive qui donne la vérité est un pur fantasme ignorant de ce que sont ces archives (et plus généralement, de pourquoi elles n'étaient pas accessibles: un contexte a priori sans aucun rapport avec l'accident ou une décision politique, mais lié à la législation sur les archives et des conflits internes sur la manière de l'appliquer). C'est limite malhonnête de sa part de vendre cet espoir à ses membres, en fait.
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Oui mais non. C'est en fait une autre question, bien plus générale, par ailleurs dénoncée par les historiens. En gros, il y avait une législation (qui imposait une déclassification document par document) et une pratique (dans les faits, différents fonds d'archives concernées donnaient accès aux chercheurs sans passer par la procédure de déclassification). Il y avait donc un hiatus entre la pratique et la règle (en fait, de nombreux travaux historiques produits après 2011 se voyaient "interdits" rétroactivement vu qu'ils étaient basés sur des archives accédées sans respecter le cadre légal). Dans un premier temps, le ministère (suite à des modifications dans le code du patrimoine puis, me semble-t-il, des dispositions de la loi sur la sécurité globale qui a un volet sur les archives) a rappelé aux centres d'archives qu'ils étaient supposés suivre la législation (au lieu de faire un peu chacun leur politique dans leur coin à la tête du client), ce qui a eu un effet assez problématique: logique du parapluie oblige, les centres d'archives ont considéré que tout relevait désormais du secret défense et n'ont plus rien voulu déclassifier (alors qu'ils auraient pu le faire), arguant qu'ils ne le feraient que sur ordre d'en haut et en mettant en place une procédure ultra-restrictive (allant même au-delà de la loi). Le résultat a été une impossibilité de mener des travaux historiques, ce qui a suscité pas mal de protestations dans la communauté historienne. Macron a alors initié une procédure qui permet de résoudre ce problème-là pour la période qui inclut des archives militaires potentiellement liées au crash de la Caravelle. Sur ce, il faut faire 2 remarques: La France n'est pas les Etats-Unis: l'idée que le président classifie ou déclassifie comme ça les documents est un truc américain. L'enjeu ici est l'accès des chercheurs aux archives militaires de plus de 50 ans, en fixant une procédure plus légère de déclassification (càd évitant d'avoir à déclassifier chaque page une à une après examen de l'archive par l'archiviste, qui courageusement refuse de se prononcer renvoie à la hiérarchie ce qui fait que ça prend des mois, mais en permettant de déclassifier les archives par lots sur demande des chercheurs) ce qu'a effectivement initié Macron. Il y a un fantasme sur les archives classifiées, avec l'idée qu'elles recèleraient des tas de trucs incroyables et secrets. Dans la pratique, l'immense majorité sont en réalité purement anodines (genre: listes d'achats de fournitures, congés du personnels, rapports d'évaluations, etc.), et il est manifeste que les familles des victimes semblent croire qu'il existe quelque part dans ces archives je-ne-sais-quel document caché et secret disant "on a descendu l'avion". Dans la vraie vie, c'est généralement pas le cas. Le vrai enjeu est: comment exploiter ces archives rendues plus facilement accessibles? Et surtout: cette exploitation indique-t-elle quoi que ce soit peut-être en lien avec le crash de la Caravelle? Mais ça nous éloigne de l'Italie (sujet du fil). EDIT: Je retrouve cet épisode de podcast qui expliquait assez clairement le nœud du problème de l'accès aux archives et ses conséquences:
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À ma connaissance, la procédure de déclassification a bien été effectuée. https://www.corsematin.com/articles/macron-assouplit-le-secret-defense-la-caravelle-ajaccio-nice-concernee-116225
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Notons quand même qu'on n'a même pas la preuve qu'il s'agisse d'un missile. Un des rapports d'enquête italiens conclut à cette explication contre les expertises réalisés dans le cadre de la même enquête, qui n'a par exemple retrouvé aucune trace compatible avec cette hypothèse (éclats, etc.). Je ne sais pas ce qui s'est passé celle nuit de 1980 dans le secteur d'Ustica, mais l'idée que c'était un plan secret américano-otanien pour tuer Khadafi est comme je le disais plus haut un scénario spéculatif explicatif cherchant à relier entre eux des éléments disparates avec un récit cohérent (ou semblant l'être). Du coup, tous les éléments que tu mentionnes (que c'est un fox-2, que les Américains ont donné leur feu vert, etc.) est une spéculation dans la spéculation: ce sont des choses probables dans l'hypothèse où le récit explicatif spéculatif initial serait vrai. Mais pour lequel on n'a pas d'éléments concrets, hormis le récit lui-même (en gros: il génère sa propre cohérence, en vase clos en quelque sorte).
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Oui, mais sois un peu précis: Delon il pilotait le Mirage 4000 ou le Foch? Car à être flou comme ça, on pourrait croire que tu cherches à cacher des choses, sans doute sur ordre!
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Cela n'a rien de nouveau: il raconte ça en moyenne tous les 12 à 18 mois depuis une bonne dizaine d'années. Chaque année ou presque, le sujet est ressorti par l'un ou l'autre média italien et Amato affirme que c'est l'œuvre d'un avion de chasse français qui voulait tuer Khadafi. La thèse, bien que très mal étayée (c'est plus un scénario explicatif spéculatif —avec des variantes— qui tente d'articuler des éléments très disparates et pour certains factuellement faux) est assez populaire en Italie, en particulier à gauche.
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Suite: Source: https://www.lesoir.be/529120/article/2023-08-03/les-deux-premiers-f-35-livres-la-belgique-avec-six-mois-de-retard
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Comprends-moi bien: je ne dis pas que la Commission se retrouve contrainte à engager une Américaine pour cette raison. Je dis que la Commission (et surtout les services des DG) est contrainte de fonctionner en-dehors d'un cadre de fonctionnaires européens, donc de multiplier les engagements sous des statuts divers et variés (temporaires, salariés de droit privé, consultants, ...) auxquels on ne peut pas nécessairement imposer (ne fût-ce que pour des raisons légales) les mêmes conditions d'engagement qu'à une fonction publique européenne, faisant que cela ouvre structurellement la porte à des situations comme celles-là... ou d'autres (et ce indépendamment de la qualité personnelle des gens recrutés). Franchement, je suis plus préoccupé par le fait que des responsables de sécurité informatique (pour les documents internes, pour la diplomatie européenne, etc.) puissent être recrutés sur le marché international sans conditions claires de nationalité que par le fait qu'on engage une économiste américaine pour un service d'expertise économique.
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Si la question est: est-ce une bonne idée? Pour moi, non: on est d'accord. Si la question est: "c'est une honte, démissionnez la dame", c'est une mauvaise façon de réfléchir la question, qui tend à se focaliser sur un cas individuel (indépendamment du cadre général et des contraintes), et à l'interpréter en termes de corruption/trahison/malhonnêteté '(alors que ce n'est pas le fond du problème). Si cette "affaire" (qui n'en est pas vraiment une, au-delà du fait qu'on peut trouver ça peu avisé), révèle quelque chose, c'est le cadre inadéquat laissé à la Commission Européenne pour remplir des missions qui sont interprétées différemment dans les différents pays (sans relancer la machine, à titre de boutade, je dirais que ça pose d'une énième manière le vieux débat de "l'UE doit-elle être une [insérez ici le pays que vous voulez] en plus grand?" et de savoir au départ de quels critères on réfléchit une question). Comme je le disais, tant qu'on ne fera pas de la Commission un gouvernement de l'UE, au sens plein du terme, avec les moyens et le cadre légal d'un gouvernement (et non un montage baroque plus ou moins bricolé de statuts et moyens répondant à des législations différentes), qui plus est dans un cadre que chaque démagogue national peut instrumentaliser pour sa com interne, cela restera insoluble et on aura des difficultés de ce type. Si on crée demains les Etats-Unis d'Europe, il sera plus facile de définir un cadre clair pour leur gouvernement. Ça ne sera pas parfait pour autant, mais cela permettrait d'éliminer la plupart des bizarreries, exceptions, chausse-trapes réglementaires et marges de flou qui rendent ces choses possible s(ou plus facilement possible). Ceci étant, je rêve que Fiona Scott Morton puisse contribuer, au titre de son expertise, à la mise en place d'un dispositif antitrust européen efficace (c'est don domaine de compétence académique). Américaine ou pas, ça serait un réel progrès (auquel malheureusement des gouvernements devraient s'opposer, à commencer par celui d'une grande république francophone qui voit dans l'européisation politiquement soutenue de ses champions économiques nationaux le modèle de construction à suivre).
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Il y a manifestement toute une variété d'agents temporaires, chaque variété ayant des conditions spécifiques et des exceptions possibles. J'ai été voir aussi dans les texte s(celui que tu as mis en lien et d'autres), et c'est une jungle réglementaire dans laquelle on se perd assez vite! En Belgique, c'est interdit dans la définition du poste. Les restrictions qui existent le sont en amont, au niveau du statut de la personne (en gros, si elle n'est pas ressortissante d'un des pays de l'UE, elle doit être dans les conditions pour obtenir un permis de travail (et l'avoir obtenu bien sûr), mais un employeur ne peut mettre une condition de nationalité (ou cela tombe sous le coup de la discrimination à m'embauche). (Je dirige actuellement un projet de recherche pour lequel j'ai un budget —de l'argent public!— pour engager des chercheur·euses, je n'ai pas le droit de spécifier que je veux qu'ils·elles aient telle ou telle nationalité. Je peux spécifier d'autres choses, comme la maîtrise de telle ou telle langue, toute compétence utile au poste, tel type d'expérience, etc., mais pas la nationalité. Mon offre d'emploi serait illégale. Mais si je recrute un·e étranger·e, il faut que la personne soit en règle pour pouvoir finaliser l'engagement.) Je ne sais pas ce qu'il en est exactement en France, mais je pense qu'en-dehors de certains postes réservés de la fonction publique, cela doit être plus ou moins la même chose.
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Donc cela plaide encore plus pour ce que je disais: pourquoi ce changement (probable) dans les conditions pour cette catégorie de personnel après 2018. Car, comme je le dis, pour cette catégotie spécifique, je ne trouve nulle part de condition de nationalité (et pas uniquement pour ce poste en question). Oui, mais "le personnel [de la Commission]", c'est quoi? Le diable est dans les détails. Comme je le disais, il y a du personnel propre, du personnel détaché, du personnel sur contrats de droit privé, des consultants, etc. Un fonctionnaire n'est pas recruté sur les mêmes critères (ni missions) qu'un conseiller, un responsable d'administration qu'un expert, etc. C'est ce maquis-là qu'il faut comprendre et clarifier. Et c'est une des difficulté: depuis que le cadre de la Commission a été figé (car les états membres trouvent que ça coûte trop cher et veulent moins contribuer à son fonctionnement) et que le spectre des missions et attentes de envers Commission n'ont cessé de croître, on a hélas une explosion des statuts plus ou moins étranges et parallèles (p.ex carrément l'externalisation de certaines fonctions à des boîtes de consultance privées). C'est hélas une conséquence prévisible: faute de pouvoir remplir ses missions avec des moyens propres dédiés, la Commission doit bricoler pour trouver d'autres formes de moyens sans peser sur le cadre. In fine, ces bricolages sont potentiellement néfastes car c'est parfois un peu n'importe quoi, ou parce qu'on doit/peut alors recruter des gens dans des statuts juridiques différents. Par exemple, si quelqu'un n'est pas fonctionnaire européen (ou fonctionnaire d'un pays membre détaché), il a normalement un contrat de droit privé belge (car le poste est basé en Belgique), et il est interdit de faire une discrimantion sur la base de la nationalité.
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Complément: c'est un poste "d'Engagement of a Temporary Agent under Article 2(a) of the Conditions of Employment of Other Servants" (le jargon européen). J'ai eu beau cherché, ces postes ne prévoient aucune condition de nationalité (mais juste une procédure pour vérifier la nationalité déclarée par le candidat). Comme le recrutement de 2018 l'était au même statut, soit la condition de nationalité précisée dans le profil était illégale (ce qui expliquerait qu'elle ait été retirée pour le recrutement de 2023), soit ce sont les conditions liées à cet article 2(a) qui ont changé.