Ou alors, cela va accentuer la confessionnalisation du conflit et son extension à l'ensemble du Moyen-Orient. Au fur et à mesure que les puissances (mais aussi les individus) étrangères s’immiscent dans le conflit, de plus en plus de régions sont gagnées par les combats. Au départ, il n'y avait que quelques zones en Syrie. Puis ça s'est étendu à l'Irak, redonnant un nouveau souffle à l'insurrection irakienne. Cela a gagné le Liban avec l'intervention du Hezbollah. Parallèlement aux ingérences des monarchies du Golfe et de l'Iran, le conflit s'est étendu à toute la Syrie. Et maintenant, ça s'agite en Turquie avec l'intervention d'Ankara. Maintenant, l'Etat islamique a des bases opérationnelles dans le Sinaï, en Libye et même en Arabie Saoudite. Un véritable sac de noeud, et la conclusion de cette conflagration ne sera pas heureuse ... Le Moyen-Orient est une poudrière, on a allumé la mèche, c'est parti pour trente années de guerre.
Personne n'a les moyens de l'emporter, les alliances sont très fragiles (la Turquie, le Qatar et l'Arabie Saoudite ont été en désaccord concernant le coup d'Etat en Egypte). Sans compter que les seules puissances à pouvoir faire cesser les combats ont des intérêts plus importants ailleurs (Etats Unis et dans une moindre mesure Russie et Chine).Je suis très pessimiste quant à l'avenir de cette région.
Par ailleurs, chaque fois qu'une faction commence à émerger, elle finit par être en difficulté (à cause de la nature de "la guerre au sein des populations", les Kurdes ne peuvent être aussi efficaces dans les zones arabes, etc ...) et par être la cible d'une "coalition" formée par d'autres factions. Le cas kurde est assez emblématique : les différents partis kurdes ont commencé à s'entendre (ce qui étaient loin d'être évident), ont stoppé Daech en Irak, ont libéré un certain nombre de villes prises par les djihadistes, ont repoussé Daech à Kobané et fait la jonction entre deux de leurs enclaves syriennes, et là, les Turcs arrivent pour bombarder. Il est presque évident qu'ils ne vont pas s'arrêter au PKK, surtout si celui-ci réplique massivement (difficile de savoir à quel parti politique appartient un milicen kurde, quand tous ces groupes armées sont mélangés et coopèrent).