Les russes semblent éviter d'affronter massivement au niveau du Donbass en préférant entrer dans un ventre mou de l'Ukraine.
Les frontières de l'Ukraine ne sont pas une ligne Maginot, ce n'est pas une ligne de front, il n'y a rien d'exceptionnel à y rentrer et à progresser sur du terrain dépourvu de troupes.
Nous le savions, du moins pour ceux qui pensaient que la Russie attaquerait, elle allait bénéficier de l'effet de surprise, bénéficier de la frappe préventive.
Sans refaire ce qui s'est passé dans la journée, je vais m'attarder sur 3 points.
-Le premier c'est cette offensive héliportée sur l'aéroport à côté de Kiev. Très risquée, elle a bénéficié de l'effet de surprise et visiblement elle a pour vocation de servir comme une tête de pont aérien avant d'être rejoint par le Nord (via la zone de Tchernobyl) par des unités mécanisées afin d'encercler et prendre Kiev. Il y a un réel danger d'échec de cette opération, il est difficile de tenir cette zone par une infanterie débarquée par hélico, que ce soit en terme de soutiens, en terme de capacités à durer (munitions etc...) et en volumes.
-Le deuxième point à prendre en compte, c'est peut-être le pari de Poutine que l'armée ukrainienne fasse un remake de la Crimée et la propagande, les discours l'ont poussés dans ce sens. Un pari sur l'abandon de poste, sur la reddition, sur un soulèvement populaire contre le gouvernement à Kiev notamment par une population pro-russe. Si Poutine a peut-être trop misé sur cet aspect afin de favoriser sa blitzkrieg, il risque d'y avoir un certain nombre de problèmes face à une armée ukrainienne qui tient des positions.
-Le troisième point rejoint le précédent, c'est celui de la mobilisation ukrainienne. Il était normal que les ukrainiens se prendraient un gros raid (mais pas si gros que ça en réalité) qui minerait le moral. Qu'ils seraient vite débordé par la surprise d'un plan tactique dont ils n'ont pas connaissance. Les ukrainiens pourraient s'adapter plus vite qu'on ne le pense pour établir des points de défense qui dans les plans tactiques russes devaient tomber "facilement" soit par la non présence de l'armée ukrainienne, soit sa fuite, soit sa reddition ou encore un soulèvement populaire favorable à la Russie. Quand vous cassez une dynamique de blitzkrieg, tous les plans sont remis en question. Les ukrainiens peuvent obtenir une victoire symbolique et infliger des pertes qui donnera de la confiance.
On sait tous que de toute façon l'Ukraine sur le papier ne fait pas le poids, qu'elle ne va pas dominer le ciel, ni la mer, ni même les grands espaces vides. Je l'avais déjà précisé ici, le danger pour les russes est de voir les ukrainiens se retrancher dans des villes clés qui deviendront des points de défense amenant les russes à bombarder de plus en plus de zones civils et à se mettre de plus en plus de monde à dos, à endurcir ceux d'en face et à faire douter les russes sur le prix à payer pour atteindre les objectifs.