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Pol

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  1. Il n'est pas facile pour l'Iran de débarquer des milliers d'hommes en Syrie, il ne suffit pas de traverser la frontière et ce n'est pas l'Irak qui va laisser passer des convois de l'armée iranienne sur son territoire. Il y a un fort risque que les israéliens ne laissent pas faire un tel renforcement iranien en Syrie, ce qui pouvait être fait il y a 10 ans ne l'est plus aujourd'hui. La Russie n'a certainement pas 5000 hommes actuellement en Syrie. C'était peut-être un pic à un certain moment, mais depuis ils n'ont plus grand chose. Peut-être une dizaine d'aéronefs et l'ex Wagner a largement réduit sa présence au profit de l'Ukraine. Bien qu'ils disposent d'une base aérienne, la guerre en Ukraine et ses conséquences ne lui donne plus le potentiel qu'elle pouvait mettre en oeuvre par le passé en Syrie. C'est cela qui est assez problématique pour Assad, le fait que ses principaux alliés ne sont pas en mesure de lui apporter le même soutien qu'auparavant. On le voit bien en ce moment, les cibles ne manquent pas, pourtant les raids aériens sont très peu nombreux. On peut s'interroger sur le potentiel aérien global de l'armée syrienne, lui aussi doit être inférieur à ce qu'il était auparavant. J'ai l'impression que pour le camp russo-iranien, en dehors de sauver Assad, la Syrie a été laissée à son sort. De toute façon dans ce conflit à un certain moment, l'intérêt de sauver Assad semblait simplement être un objectif pour contrer des occidentaux qui souhaitaient le voir partir. Pas de projets pour la Syrie, pas de projets pour régler les causes de la guerre civile, pas de projets pour refaire venir les millions de réfugiés.
  2. Cette annonce publique est faîte car ils espèrent obtenir un gain politique en satisfaisant une certaine idéologie que partage une partie de la population. C'est la conséquence d'une propagande et c'est bien elle "notre problème" depuis quelques années qui a construit cette situation ou se montrer ouvertement contre la France et sa présence permet d'obtenir un soutien populaire. Mais "l'importance" toute relative de ces états fait que ça va très vite s'oublier car derrière il n'y aura pas les changements attendus par les vendeurs de rêves de la propagande (miracle économique, stabilité, souveraineté, sécurité, respect....). Plus tard, les diverses dégradations sécuritaires, politiques ou économiques dans ces pays iront enterrer un peu plus cette propagande. Le contexte actuel permet encore à certains de gagner politiquement des points de popularité, mais ce n'est que du court terme ou très vite leurs propres maux internes finiront par dominer leurs préoccupations. Sauf que cette fois, il n'y aura plus la France à accuser ou si cela est fait, ça ne prendra plus de la même façon. C'est dans ces moments là qu'on pourra d'une certaine façon leur renvoyer l'ascenseur.
  3. Zelenski veut que durant les négociations la pression de Trump soit mise sur la Russie. En se montrant "flexible" aujourd'hui, il se montre volontaire pour la paix. Du côté occidental on pourrait bien signer un tel accord, sauf qu'on oublie une chose essentielle, ce n'est pas nous et l'Ukraine qui allons signer, c'est la Russie et l'Ukraine. Vous pensez sincèrement que la Russie dans les conditions actuelles va signer un accord qui va mettre l'Ukraine sous la coupe de l'Otan juste pour geler un conflit ? Pas d'officialisation des territoires occupés, pas de gains nouveaux, rien. Je vais le redire, mais ces négociations vont se heurter à un mur russe qui ne voudra rien céder et se considérera comme le vainqueur qui impose ses conditions. Pourquoi se sont mis bêtement en tête que Trump, tout ce qu'il fera, ce sera de foutre la pression sur Zelenski pour qu'il accepte les conditions des russes. Mais dans un accord il faut être deux à le signer, Zelenski se montre aujourd'hui disposer à faire des concessions, quelles sont les concessions de Poutine? Les russes sont encore dans l'idée que ces négociations porteront sur l'imposition de ses conditions pour arrêter la guerre. Quand ils comprendront qu'ils sont invités à une table ou on exigera des concessions d'eux, les mettant au même "niveau" que les ukrainiens, on va se montrer très peu coopératif, pour ne pas dire qu'on va entrer dans un chantage et de menaces.
  4. En ce moment on est plutôt sur de l'opportunisme de situation, pas forcément une stratégie de "blocage" de la part des FDS. Le pari de l'armée syrienne en laissant ses positions aux FDS c'est de pousser à une confrontation entre elles et les rebelles, de rejouer comme par le passé sur les conflits entre les différentes forces, ou les radicaux comme Daesh pouvaient parfois "arranger" le régime quand il combattait certains groupes rebelles. Est-ce que cela va marcher? Je pense au contraire que ça risque de précipiter une intervention des turcs autour de Manbij et Tall rif'at. Le premier avait été sanctuarisé par une présence russe le second par une présence américaine, bloquant l'opération turque dans la zone. Aujourd'hui les américains ne sont plus là, les russes sont partis en même temps que l'armée syrienne. On continue sur de l'opportunisme de situation. Dans des moments comme ça, les alliances/accords se font et se défont très rapidement.
  5. Pourquoi donc les turcs devraient retenir un mouvement qui leur est largement favorable? La situation est bien différente d'il y a quelques années ou le camp Assad était largement appuyé par la Russie et d'autres alliés. Aujourd'hui les russes n'ont pas grand chose en Syrie et ne sont pas capables d'amener beaucoup plus pour les raisons qu'on connait. Il y a un énorme vide sur le terrain qui sera exploité au maximum et les russes n'ont pas les forces nécessaires pour amener la dissuasion nécessaire et ne peut tout simplement pas se permettre de se mettre à dos la Turquie. Il y a 5 ans la Russie pouvait peser de tout son poids militaire, on pouvait vraiment craindre une escalade militaire avec elle dans ce conflit, aujourd'hui ce n'est plus le cas. La prise d'Alep conduit actuellement à un gros désordre, une baisse de moral, du doute, de la crainte dans le camp d'Assad mais ça donne également un enthousiasme important pour le camp d'en face. Ces deux éléments combinés peuvent conduire à des prises de risques importantes chez les rebelles et des abandons tout aussi importants dans le camp d'en face conduisant à de grandes avancées. La situation syrienne pour le camp d'Assad pousse à considérer que la zone "chaude", celle du danger et des menaces, c'est justement dans la zone autour d'Alep et d'Idlib. C'est en toute logique dans cette zone que l'effort militaire est en place, c'est ici qu'opérationnellement vous placez vos défenses, vos meilleures forces, pas besoin d'avoir fait de grandes écoles militaires pour le comprendre. Mais c'est justement dans cette zone que ça se casse totalement la gueule. Il n'y a même pas d'unités en réserve qui vont créer des points de défenses dans une ville qui offre des points défensifs nombreux. Il y a 10 ans, on s'entredéchirer pour des morceaux de quartiers d'Alep, bataille emblématique, stratégique, aujourd'hui elle est prise dans son intégralité sans combats. La dynamique est vraiment mauvaise pour le camp d'Assad.
  6. C'est une mission qui est assez liée à nos présences à terre. Bien souvent on en profite pour faire de la logistique, surtout quand il s'agit d'un déploiement de PHA comme en ce moment avec le Dixmude. Cela reste une mission de coopération avec de nombreux pays mais sans troupes françaises dans la région, ça va forcément perdre de sa substance. Plusieurs scénarios peuvent se dessiner, mais je pense que ça finira par une lente évaporation. Je vois une forme de transformation de cette mission permanente en un exercice annuel. Un exercice qu'on pourra se permettre d'annuler au besoin. Maintenant les besoins de la marine sont différents (on ne va pas garder des navires dans les ports et laisser les marins à terre).
  7. L'armée syrienne a toujours été relativement faible, bien souvent au bord de l'effondrement. Quand le Hezbollah et autres ne suffisait plus, il a fallu que la Russie intervienne assez intensivement pour la sauver. Cela fait un petit moment, après l'entrée de la Turquie dans l'affaire, qu'on est arrivé à un gel des positions. Bien entendu l'armée syrienne d'aujourd'hui n'est déjà plus l'armée syrienne d'il y a 4 ans, car elle reste une armée de mobilisés qui a connu une forte démobilisation. Les milices étrangères ont elles aussi largement décrues, la Russie elle aussi a désengagé pas mal. Le camp pro-Assad s'est conforté à l'idée que ça n'évoluera pas. Outre la baisse des effectifs, il y a eût également un étalement des forces dans tout le territoire. En face, les rebelles n'ont pas abandonné l'idée du combat, la Turquie étant très sûrement un soutien important. Ajoutez à cela un Iran qui se fait malmené de sa présence dans la région par Israël, un Hezbollah décapité qui est pris avec Israël et surtout une Russie prise dans sa guerre avec l'Ukraine, ben cette offensive surprise ne peut que bien fonctionner et les possibilités de pousser l'avantage très nombreuses. On est dans une situation ou Alep risque de tomber presque sans gros combats. Une armée syrienne et ses alliés en déroute totale car pas du tout préparée à cela. Si l'armée syrienne n'est pas capable d'amener ce qu'il faut rapidement, l'effet domino peut se faire sur une très grande distance. Comme les problèmes arrivent souvent par paquets, cette offensive rebelles va réveiller du monde. Il y a d'autres groupes rebelles qui vont peut-être également entrer dans la danse, les FDS (kurdes) eux aussi pourraient se réveiller, des oppositions populaires, les turcs qui pourraient agir contre les kurdes. Un redémarrage d'une guerre civile, mais dans un contexte ou c'est bien la Turquie qui est en position de force. Les russes n'ont pas grand chose sur place et ne sont pas en position de faire comme avant la guerre en Ukraine. Que ce soit pour acheminer de l'aide par voie maritime (on ne passe plus le Bosphore!), d'amener un volume d'avions, de balancer des missiles, désolé, même si Damas sera défendue par les russes sur place, ce n'est pas la priorité de Moscou. La Russie est presque isolée en Syrie, ça pourrait devenir un piège. Le Hezbollah ne peut pas se permettre non plus de déserter le front libanais. En face ils l'ont bien compris et exploitent la situation. La Turquie est en position de force dans le contexte actuelle, la Russie ne l'est plus.
  8. Quand Hollande était président, notre projet de présence en Afrique c'était un GTIA à Abidjan et un GTIA à Djibouti, le reste était destiné à être fortement réduit si ce n'est supprimé. L'intervention au Mali a modifié la tendance mais Macron a manifesté dès son premier mandat une volonté de poursuivre le désengagement militaire en Afrique. Il fallait trouver une "sortie" sans qu'il y ait à assumer une responsabilité (détérioration sécuritaire par exemple). Pas facile, pas faute d'avoir essayé d'impliquer les forces africaines ou européennes. On l'oublie un peu, mais avant même qu'il y ait l'épisode des putsch, Barkhane devait fortement se réduire, au Mali par exemple, c'était au mieux un GTIA + un detALAT (avec FS) basé à Gao. Le désengagement était déjà "acté" à Paris, la seule différence c'est qu'il ne devait pas être immédiat et total. Quand il y a eût le coup d'état au Mali, les putschistes accusaient déjà la France de les abandonner et l'excuse pour faire venir Wagner c'était pour compenser notre départ. Mais c'est bien nous qui en raison des tensions diplomatiques et de cette orientation russe nous avons annoncé notre "départ" du Mali (les conditions ne sont plus réunies etc...). Les putschistes nous ont emmerdés dans notre retrait, cherchant à entraver les convois, le liaisons aériennes et ont tournés cela comme étant une "victoire" face à la France. Au Burkina et au Niger on a surfé sur la vague idéologique anti-française d'une idéologie que je ne vais plus répéter. Au Niger on était à deux doigts d'intervenir pour renverser les putschistes, l'ordre préparatoire avait été donné et c'est à l'Elysée qu'on a préféré choisir l'option désengagement total. Là aussi le projet pour le Niger c'était de se donner du temps pour désengager les moyens de Barkhane, puis de réduire la présence sur place, puis garder sans doute un PC, un GTIA, un detALAT, un detFS et un module de l'armée de l'air. Déjà avec cette option ou le Niger devait être la base principale, on savait que Ndjamena sera sacrifié en grosse partie. Mais c'est l'option du désengagement qui a été choisi par le politique et on l'a poussé à l'ensemble du continent. Nous sommes depuis un petit moment dans un désengagement du Tchad, de la Côte d'Ivoire, du Sénégal, du Gabon. Le plan était de tomber à 300 hommes pour le premier et 100 sur les 3 autres. Comprenons bien que cette présence à minima résulte de notre choix, que l'objectif du désengagement a été ramené à un minimum de forces car nous y sommes "contraints" par nos accords de défense avec ces pays. L'idée est d'amener nos forces à un minimum (bon pour garder les installations) en allant voir les pays concernés pour leur demander s'ils veulent qu'on reste ou qu'on parte. Les forces qu'on propose sont tellement insignifiantes qu'elles deviennent plus qu'un symbole, dans un contexte ou l'idéologie anti-française permet encore de gagner des points auprès d'un certain public, il n'y a guère de doutes sur le choix que feront ces pays. Bien entendu qu'entre des français qui au fond ne servent à rien et n'apportent rien (c'est notre choix), ils vont préférer jouer aux dirigeants "décolonialistes" qui amènent plus d'indépendance à leurs pays. C'est ce discours qui est déjà récité. En vérité ce qui se passe, c'est qu'à Paris nous voulons et nous espérons ces choix. Les forces réduites au minimum, on vient aujourd'hui chez eux leur demander s'ils veulent ou non continuer nos accords de défense. Nous n'agissons pas pour rester et faire perdurer nos présences, nous agissons pour pousser ces pays à rompre ces accords pour qu'ensuite nous ne soyons pas responsable encore une fois de ce qui se passera dans ces pays. On ne veut pas que dans 2 ans, si des rebelles débarquent à Ndjamena on vienne accuser la France d'avoir laissé un vide, on sera là à dire "ça a été leur choix". Idem pour le Mali et d'autres. Au Gabon et en Côte d'Ivoire on a posé le même dilemme aux gouvernements et on espère la même réponse (qui ne tardera pas). Il ne faut pas se leurrer, dans le contexte actuel, vouloir accepter une présence de 100 soldats français a plus de désavantages politiques que d'avantages. En prenant du recul, on peut dire cela, mais en y regardant de plus près, cette position "centrale" est plus un problème (logistique) qu'autre chose. Quand tout l'environnement (pays voisins) est sympa pour nous laisser passer, ça va. Quand on a un gros dispositif militaire (prépositionnement) déjà sur place, là aussi ça va. La meilleure installation à préserver actuellement est sans doute celle d'Abidjan, accès maritime, accès aérien, pas de dépendances vis à vis d'autres pays, mais encore faut-il avoir une ambition autre que juste d'être présent. Notre ambition actuelle c'est de ne plus intervenir en Afrique, donc factuellement même la base d'Abidjan est sans intérêt. Ah non, c'est bien là toute la différence par rapport à avant. Comprenons que dans très peu de temps il n'y aura sans doute plus aucunes forces françaises dans la zone et que les accords de défense ne seront plus là. C'est pourtant bien ces accords, nos forces prépositionnées avec toutes les facilités (infrastructures etc..) qui facilitaient nos interventions. Demain il n'y aura pas plus de logique ou de légitimité à appeler la France à l'aide qu'à appeler l'Italie. Nous on va entrer dans un scénario ou en cas de crise on va se contenter d'envoyer des avions pour évacuer nos ressortissants et demander une réponse internationale (par l'ONU) dans laquelle on pourrait potentiellement prendre une participation. Mais les interventions purement française, c'est à oublier (sauf à voir un changement politique chez nous qui aura d'autres ambitions).
  9. Les paramètres à prendre en compte sont très nombreux. Il faut savoir qui attaque et qui défend puis connaitre la zone d'action. Car la Russie en dehors de son environnement proche n'a pas les capacités à s'opposer à l'Otan à des milliers de km de chez elle, ses capacités maritimes pourraient faire quelques coups symboliques mais finiraient assez rapidement par être mise hors jeux. Son aviation n'irait pas non plus bien loin, bien longtemps, en temps de paix ils peuvent se permettre de faire voler des bombardiers dans la Manche, en temps de guerre ce sera bien différent. C'est pour cela que très généralement on va analyser une capacité de déploiement de l'Otan avec le potentiel russe pris dans son intégralité sur un scénario type "invasion des pays Baltes". Déjà en agissant ainsi, on cherche à avantager la Russie mais on oublie surtout que c'est en raison des limites capacitaires de cette dernière à détenir une capacité de déploiement analogue à l'Otan. On ne le répètera jamais assez, mais projeter une force au delà de ses frontières (je ne parle pas de traverser la frontière), c'est une capacité bien à part qui détermine déjà un rapport de force. Concrètement la France peut dans le scénario évoqué affronter la Russie dans les Pays Baltes mais ce n'est pas la Russie qui va faire débarquer 100 000 hommes chez nous ou aux USA. On a une barrière géographique réelle qui limitera très largement les russes dans leurs possibilités à toucher l'Otan. Le conflit en Ukraine illustre bien la difficulté d'une aventure militaire qui, même sur le papier, semble vous donner l'avantage. Nous aidons l'Ukraine sans que nous soyons directement engagé, Moscou peut déclarer être en confrontation avec l'Otan, dans les faits on en est encore très loin. L'idée qu'ils seraient dans une guerre ouverte avec l'occident permet de relativiser leurs pertes et leurs difficultés contre un pays de "seconde zone" et qui ne fait que recevoir une aide occidentale que tout le monde s'accorde à juger comme "faible" collectivement. Pourtant constatons la réalité, aujourd'hui la Russie est dans un bourbier et les forces en présence se valent. La Russie avant guerre pouvait jouir d'une armée qui théoriquement avait en réserve un héritage soviétique très important sur lequel beaucoup ont fantasmé. Aujourd'hui la Russie a bouffé une très grande partie de ses matériels en service les plus modernes , elle a largement vidé les stocks "utilisables" qu'elle détenait et elle n'a pas une industrie capable de remplacer ce qui a été perdu, de remplacer ce qui se perd encore et encore moins d'équiper une masse humaine plus importante. Car c'est bien beau d'annoncer une augmentation de la masse humaine, mais derrière il n'y a pas plus de blindés, d'artillerie, d'avions, de navires. De plus en plus sur le terrain on voit une armée russe qui va au front dans des véhicules civils, des buggys, des motos et bien souvent juste à pieds. Les blindés qu'on voit sont rarement des véhicules qui sentent le neuf et ils sont bricolés sur le tas, on se croirait dans Mad max. Ils ont une dépendance de plus en plus grande et non assumé envers la Corée du Nord. Dans la situation actuelle de l'armée russe, on semble marcher sur un fil et l'agitation permanente du nucléaire en est une preuve. Pourquoi du côté de l'Otan on ne "joue" pas sur le même refrain? Car contrairement à la Russie, l'Otan a encore un très large panel d'options pour pouvoir faire plus. Les pays de l'Otan que Moscou présente comme étant en guerre contre elle se fixent énormément de lignes rouges à eux mêmes (moins à la Russie...). On est encore (cette affaire des missiles en est l'exemple parfait) à se demander s'il faut ou non en donner, combien on va estimer pouvoir en donner sans que cela n'affecte nos capacités, s'il faut limiter l'usage, s'il faut faire des commandes nouvelles. La Russie est à fond dans cette guerre, ne se prive de rien, ne se fixe pas de limites, mais la Russie est dans ses limites. L'Otan peut augmenter son aide à l'Ukraine, augmenter les sanctions, elle peut lui fournir des armes/munitions plus évoluées, elle peut renforcer des présences militaires, elle peut déployer des systèmes sol-air dans les pays limitrophes pour défendre le ciel ukrainien sur une certaine profondeur et peut faire d'autres choses, tout cela en restant toujours en dehors de l'implication directe. Alors que penser d'une intervention directe conventionnelle des moyens de l'Otan qui viendrait épauler les ukrainiens? Désolé mais la Russie sait très bien qu'elle ne tiendrait pas, ça ne veut pas dire que l'on verrait l'Otan défiler à Moscou dans 6 mois, mais sa capacité à tenir le terrain en Ukraine ne sera pas possible, les frappes en profondeur serait d'un tout autre ordre. La Russie pourrait également être mise sous tension dans des régions comme Kaliningrad, la Transnistrie, en Syrie ou ailleurs. Heureusement que le nucléaire est là car je pense que l'Otan se serait déjà engagé directement dans ce conflit, ne serait-ce qu'avec son aviation. Conventionnellement parlant la Russie actuelle ne peut pas et ne va pas chercher à se mesurer à l'Otan. Poutine n'a plus de cartes dans sa main, dépendant de la menace nucléaire pour obtenir l'abandon de l'Ukraine de la part des occidentaux. Une propagande (et ses relais) qui cherche activement à graver dans nos têtes que soutenir à l'Ukraine appauvrit notre pays, ses habitants, affaiblit nos armées et détruit notre économie. Bon sang quand allons nous comprendre tout l'intérêt à laisser la Russie gagner cette guerre? Quand comprendrons nous que l'intérêt de Poutine est également de notre intérêt? ...
  10. C'est Poutine qui l'a dit ! Dans les faits, que ce soit un missile, une roquette ou une bombe, la programmation d'une munition à guidage GPS c'est comme transférer les données d'une clé USB à un ordi, rien de compliqué. Les ukrainiens sont autonomes pour transférer des données à une munition, croire que ce sont des américains qui le font ou qu'à chaque cible les ukrainiens doivent demander l'autorisation c'est n'importe quoi. Que les ukrainiens reçoivent du renseignement des occidentaux, c'est évident, mais l'immense majorité du renseignement pour les frappes en profondeur, que ce soit du côté de l'Ukraine ou de la Russie est en réalité glanée via google map. Les sites énergétiques et autres, vous trouvez tout cela sans problèmes et c'est cela qui va permettre de programmer un grand nombre de drones/missiles. Quand on connait la boucle qu'il y a par exemple entre une prise de vue par satellite et son traitement final, vous comprenez que c'est tout simplement impossible d'obtenir tous les jours des dizaines de cibles sur des zones ou vous avez peu d'informations. Sur la ligne de front vous pouvez compter les cibles par centaines, mais dans la profondeur on entre dans un autre niveau de renseignements. Ce n'est pas pour rien que les russes se concentrent sur l'énergie, car ils ont un renseignement accessible à n'importe qui. Les russes ont bien du mal à trouver les sites militaires (en dehors de ce qui était déjà connu avant guerre), de cibler les livraisons d'armes occidentales (convois, stocks etc). Côté ukrainien le renseignement c'est pareil, quand ils vont programmer un drone pour frapper en profondeur, c'est généralement via google map. Ils vont trouver un site énergétique, vont prendre un point et voilà, ils ont les coordonnées. Les images peuvent avoir 2 ou 5 ans, pas grave, on reste sur des installations "fixes". Mais sur ces images, bien que vous pouvez dénicher des installations militaires, vous ne voyez pas les mouvements qui sont faits, vous ne voyez pas à l'instant T par exemple ou se trouve des aéronefs sur une base aérienne, ou se trouve un navire à quai, vous ne voyez pas non plus des installations nouvelles ou les dissimulations qu'on a en temps de guerre. Pour obtenir ce renseignement, à défaut d'avoir des gens infiltrés capables de communiquer sans se faire prendre, vous devez utiliser des moyens (avions, satellites, drones etc...). Quand l'Ukraine va frapper un navire à quai à Sebastopol ou encore le bunker sous-terrain d'il y a quelques jours, c'est certainement un renseignement qui leur a été fournis. La boucle de temps de ce renseignement est long, il y a plusieurs corroborations de divers prises de vues, d'activités de communications etc. Puis quand on a confirmé un truc, avant de frapper on reconfirme que tout soit encore bien présent. Ce n'est pas une action qui se fait en 20 minutes. Les ukrainiens reçoivent des occidentaux ce genre de renseignements qui fait que leurs frappes permettent de frapper subitement des choses intéressantes et impactantes. Vous voyez aussi très vite qu'on a presque le jour d'après, des images satellites de ce qui a été visé. La Russie est face à ses propres contradictions de puissances et de grandeurs. Poutine est frustré d'une situation qu'il ne contrôle pas, frustré de ne pas obtenir ce qu'il voudrait, frustré de ne pas être craint, frustré de sa perte d'influence. Mais il n'y a rien de nouveau, en vérité c'est cette même frustration qui a conduit à la guerre en Ukraine. Le fait de brandir la menace nucléaire n'est pas un aveu de puissance mais de faiblesse. Si la guerre en Ukraine se passerait bien, que la perspective sur la durée serait bonne, le Kremlin n'aurait pas ce comportement car il serait confiant de sa victoire. Pourtant c'est marrant, cela fait 3 ans que la propagande russe répète que nos livraisons d'armes ne changent rien, qu'elles se feront détruire histoire de se rassurer, mais voilà que subitement on est prêt à l'apocalypse nucléaire pour quelques missiles? Le problème de Poutine, c'est qu'il n'a plus rien d'autre pour escalader. La menace fait partie de la politique de Poutine. La Russie n'est pas en position d'entrer conventionnellement en guerre contre l'Otan, elle n'est pas en mesure de faire plus qu'elle ne fait en Ukraine, tout l'espoir russe pour sortir de ce conflit réside dans l'espoir que les occidentaux cessent leur soutien à l'Ukraine. La peur de la guerre nucléaire doit alimenter chez nous une opposition devant conduire à l'abandon de l'Ukraine. On doit arrêter de croire que la Russie joue sa survie, il n'y a que la propagande russe qui joue sur ce tableau afin de corrompre les esprits (surtout ceux des russes).
  11. Sauf que dans 3 mois il ne sera plus chancelier. Ses positions ne valent plus grand chose, ça lui permet juste de garder une cohérence sur la durée auprès de son parti. Analysons plutôt sa succession et le discours de ses opposants sur cette question. Dans 3 mois également, quand tout le monde aura vu qu'en frappant la Russie avec les SCLAP/ATACMS, ben qu'il ne se passe rien, qu'il n'y a pas une guerre entre elle et l'Otan, ou seront les barrières à une telle livraison? Faut pas se leurrer, sauf un hypothétique (peu probable selon moi) accord dans des négociations, les allemands finiront par livrer leurs missiles, que ce soit dans une continuité d'un effort ou dans le cadre d'une intensification du soutien à Kiev (au lendemain d'une négociation infructueuse par exemple).
  12. Le tir du missile balistique russe démontre encore une fois qu'ils sont à la limite de leur potentiel militaire pour pouvoir escalader. Ils n'ont que la guerre nucléaire à agiter pour faire peur et faire plier les pays qui soutiennent l'Ukraine. Moscou n'a plus de moyens conventionnels pour faire peur ou pour se faire respecter. Ils n'ont pas les moyens de faire plus qu'ils ne font en Ukraine et on est même arrivé à une situation ou c'est la Corée du Nord qui vient combler des trous. Cette guerre est loin d'être "maitrisée" par la Russie, ça lui échappe peu importe le faux semblant des "avancées" symboliques ici ou là. Je le répète depuis un moment, le temps qui passe n'est pas profitable à la Russie. Le potentiel militaire russe n'est pas en capacité de défaire une armée ukrainienne soutenue par l'occident, aujourd'hui et depuis un moment, le Kremlin voit sa victoire uniquement sur un abandon de l'Ukraine par l'occident. Sur le terrain c'est encore et toujours la même galère, un bourbier dont on se demande bien comment la Russie pourrait en sortir une victoire militaire par ses propres moyens. Dire cela ne veut pas dire que l'Ukraine se porte bien et qu'elle est à l'aise pour vaincre l'armée russe, c'est pour elle aussi un bourbier. Mais ce qu'on doit rappeler, c'est que l'Ukraine ce n'est qu'un "petit" pays par rapport à la Russie, que très peu de monde aurait misé sur une guerre ou on arrive à un équilibre des forces comme aujourd'hui. Car enlevons à la Russie ses missiles/drones de longue portée qui depuis le début lui donne un avantage sur les frappes en profondeur, enlevons lui ses bombes planantes, le reste de ses moyens ne lui permettent pas de prendre sérieusement le dessus sur les forces ukrainiennes. On mise sur des victoires à la Pyrrhus, mais des victoires localisées et qui n'amènent rien derrière. En gros une victoire à la Pyrrhus sur un point du front ne fait qu'ouvrir un nouveau point ou il faudra faire le même effort. Ce ne sont pas des batailles décisives qui anéantissent l'armée en face, qui va la faire capituler, c'est un bourbier qui se traine sur des mois et des mois (on en est ou de l'avancée rapide qui allait faire tomber Pokrovsk? On en est ou de la reprise de la région de Koursk ou il faut des coréens en renfort?) Il y a 2 ans, la Russie se sentait en "sécurité" chez elle et pensait pouvoir mener tranquillement la guerre chez son voisin comme si son territoire serait inviolable. L'idée même de voir les ukrainiens poser un pied en Ukraine était inconcevable. Plus le temps passe et plus le territoire russe est pris pour cible, plus l'avantage que possédait la Russie avec ses missiles et ses drones pour frapper en profondeur s'efface. Cela ne veut pas dire qu'elle n'a plus rien à envoyer, cela veut dire que côté ukrainien on joue au même "jeu" et que la Russie subit ce qu'elle fait subir (mais elle trouvera cela "anormale"). Comme c'était prévisible, les occidentaux ont finis par donner le feu vert à l'Ukraine pour frapper la Russie en profondeur. Il y a 1 an je crois, je disais des drones ukrainiens qui s'aventuraient très occasionnellement à plusieurs centaines de km que ce n'était qu'un début et que ça deviendrait un quotidien, que l'Ukraine et l'occident ont investis le domaine (frappe dans la profondeur) pour faire perdre cet avantage à la Russie. Ne regardons pas juste le nombre de Scalp ou d'ATACMS disponibles ou des capacités de production sur lesquels certains vont se rassurer (comme toujours) sur le fait que les ukrainiens n'auront pas grand chose à tirer, car l'effort principal est en réalité fait sur la production ukrainienne. Que ce soit des drones ou des missiles, les occidentaux assistent (dans l'ombre) les ukrainiens, pas pour rien non plus qu'il y a quelques jours Zelensky annonçait une production (en 2025) de 30 000 drones à longue portée ainsi que 3000 missiles. Alors même si on peut prendre ces chiffres avec du recul, la réalité reste que le développement/test de tout cela arrive à son terme et qu'on entre dans une phase de production. Deuxième avantage que j'évoquais de la Russie, les bombes planantes. Aujourd'hui les russes ont cet avantage car ils font face à un pays qui n'a pas ou très peu d'aviation. Nous savons que les ukrainiens sont en ce moment dans une remontée de leur potentiel aérien, principalement autour du F-16. Dans un an l'Ukraine devrait mettre en oeuvre 60-70 avions "nouveaux" (F-16 / Mirage 2000) à côté des anciens qu'elle utilise encore (les belges fourniront leurs 30 F-16 jusqu'en 2028). D'autres livraisons sont sur la table, bref même si certains sont adeptes du "trop tard", l'aviation ukrainienne gagne en volume et en potentiel. Car derrière ces appareils, c'est aussi celui des diverses munitions qui est à regarder, ils ne vont pas utiliser des F-16 pour tirer des roquettes non guidées, l'Ukraine va elle aussi avoir ce qu'il faut pour augmenter l'usage de bombes guidées, pour élargir le panel de missiles longue portée (JASSM etc...). C'est aussi une capacité anti-aérienne qui pourrait s'avérer utile en anti-aérien, de quoi rendre plus compliqué un vol en haute altitude d'un Su-34 s'il veut optimiser l'allonge d'une bombe guidée. Donc on constate que dans les temps à venir, la Russie va voir que l'Ukraine la rejoindre sur ses 2 principaux avantages. Alors oui, les ukrainiens auront sans doute moins à balancer que les russes, mais ce n'est pas cela le plus important, tout comme ce n'est pas celui qui va tirer le plus d'obus d'artillerie qui s'assure la victoire. Je l'ai déjà précisé, mais l'Ukraine a bien plus de choses intéressantes et impactantes à frapper en Russie que l'inverse. Les occidentaux ne veulent pas que leurs missiles frappent des cibles civiles, mais les ukrainiens n'hésiteront pas à augmenter leurs frappes avec leurs drones et leurs missiles sur l'infrastructure énergétique des russes. Les russes commencent par comprendre et voir une situation qui sur le terrain s'embourbe et ou la suite de la guerre tend vers une augmentation des frappes sur la Russie, ce qui va impacter toutes les opérations, qui va impacter l'opinion publique, qui va impacter l'économie. Pour un pays qui se sait confiant dans sa victoire (sur le terrain), cela ne devrait pas être un problème, ce serait une conséquence assumée d'une guerre qu'il a lancé. La menace nucléaire est un aveu, un aveu de faiblesse, un aveu d'impuissance, un aveu d'une situation qui n'est pas maitrisée et dont on ne sait pas comment sortir tant l'ambition initiale est loin d'être atteinte. On est donc face à un Poutine dont la victoire aujourd'hui dépend de l'abandon de l'Ukraine par l'occident, on rêve et on veut croire que Trump va faire capituler Kiev et offrir à la Russie ce qu'elle demande. Croire que le Kremlin va faire la guerre à l'occident ou atomiser la planète ou même l'Ukraine est idiot. Tout ceci n'a qu'un seul objectif, faire peur en occident pour créer/alimenter une influence hostile au soutien à l'Ukraine, il faut créer l'idée chez nous que ça y est, faut tout arrêter sinon ce sera le suicide collectif, donnons à la Russie ce qu'elle veut plutôt que subir une guerre nucléaire. Toute la propagande pro-russe tourne autour de cela après avoir tourné autour de l'argent gaspillé pour les ukrainiens ou le soutien qui appauvrit nos pays. Les russes jouent et vont jouer cette carte dans les négociations, c'est pour eux non pas une ligne rouge, c'est leur moyen de pression. L'extrême de cette pression est sans doute à l'image de la position de la Russie dans ce conflit, celle d'un pays qui est sans doute plus en difficulté qu'il ne veut le laisser paraitre et qui doute fortement sur la poursuite du conflit dans les conditions actuelles ou un éventuel accroissement de l'aide/implication occidentale La Russie ne va pas employer une arme nucléaire dans un conflit ou elle est celle qui agresse son voisin. Elle ne va pas se suicider en attaquant l'Otan, elle ne va pas non plus vouloir envoyer une bombe en Ukraine. La Russie n'a pas envie de perdre sa guerre, mais elle n'a pas envie de tout perdre non plus. Tout le monde doit comprendre chez nous comme en Russie qu'aujourd'hui l'enjeu de la guerre, c'est l'honneur et le pouvoir de Poutine. Ce dernier est loin d'être un fou sans tête, il préférera mener une guerre sans fin que d'amener le monde à sa fin pour son propre honneur. Je pense même que s'il devrait devenir demain fou, qu'il demanderait une frappe nucléaire en Ukraine, on aurait du monde dans son entourage pour le retenir ou pour le remplacer. En tout cas cette guerre n'est aucunement subite par la Russie, ils peuvent demain l'arrêter de la même manière qu'ils l'ont débuté, par un mouvement de troupes en sens inverse.. Qu'on cesse de croire que la Russie est face à un mur ou qu'elle joue sa survie avec le nucléaire en dernier recours. Mais les pro-russes vont vous répéter pendant les mois à venir que le seul moyen d'éviter la 3e guerre mondiale ou la guerre nucléaire, c'est de donner à la Russie sa victoire, c'est d'abandonner le soutien à Kiev. Le même comportement se verra aux négociations et amènera très certainement les russes à obtenir l'exact opposé de ce qu'ils imaginaient de Trump.
  13. Ajoutons à cela une autre réalité qui s'imposera assez rapidement, celle ou du côté des américains (Trump...) on va chercher à augmenter ENCORE massivement l'extraction de pétrole et de gaz en s'en foutant totalement de l'environnement. Les USA sont le premier producteur au monde et ils vont chercher à exporter au maximum. Ce n'est pas tout nouveau, cet effort dans la production a déjà eût son impact sur le marché mondial, forçant les pays "exportateurs" de l'OPEP à limiter/réduire leurs productions. On va tôt ou tard assister à une guerre des prix pour gagner ou même garder des parts de marché et ce sera forcément une guerre ou tous les pays exportateurs/producteurs en sentiront les effets. L'objectif c'est de "tuer" la concurrence, ce sera aux plus résilients à ceux qui auront également la meilleure situation géopolitique, géostratégique et le plus grande diversité économique. Pour un pays qui dépend presque uniquement du pétrole ou du gaz, un prix bas va le foutre dans la merde, mais un pays comme les USA, vous avez une diversité économique qui fera que ce ne sera que le secteur concerné qui sera impacté et qu'en parallèle un prix bas boostera tout le reste, de la consommation des ménages à la production. Le problème américain pour les pays qui dépendent de leurs exportations de pétrole/gaz c'est bien cette diversité économique qui fait qu'on ne peut pas avoir le même impact sur ce pays dans une guerre des prix, qu'ils ne vont l'avoir entre eux (OPEP+...). C'est pour ces raisons que la production américaine monte sans s'arrêter, qu'il y ait peu de bénéfices ne sera qu'un "problème" pour les groupes du secteur. Washington cherche une indépendance énergétique et des prix bas pour toute faire tourner toute son économie quand des pays comme l'Arabie Saoudite ou la Russie cherchent des prix élevés pour développer leur pays et pour bien souvent tenir leur niveau de dépenses actuelles qui sont fortement liées aux revenus de ces exportations. Les américains s'en foutent si demain le pétrole se trouve à 50$ et que les entreprises du secteur ne tirent pas de profits car derrière ce prix "bas" soutiendra tout le reste de l'économie. Ils iront même subventionner le secteur si nécessaire en cas de déficits. Dans des pays comme ceux du Golfe ou de la Russie, il n'y a pas grand chose "à côté" qui va tirer profit d'un baril à 50$, c'est au contraire toute l'économie, à commencer par celui de l'état qui devra se serrer la ceinture. Pour les USA, le pétrole peut s'extraire à prix coutant voir même à perte, par contre pour ceux chez qui c'est de "l'or noir", le bénéfice est presque vital.
  14. C'est tout le problème auquel on sera confronté dans les négociations à venir. Poutine se considère en position de force et considère ces négociations comme l'espoir que les occidentaux "forcent" l'Ukraine à satisfaire ses volontés. Beaucoup pensent ainsi, convaincus que ce sont des négociations ou Poutine va dire ce qu'il veut pour qu'il arrêt et ou Trump forcera Zelenski à les accepter. Mais ça ne se passera pas ainsi et c'est bien cela qui va agacer Poutine. On demandera aux russes des concessions, on offrira à l'Ukraine certaines garanties de sécurité, du soutien, on cherchera en plus à satisfaire les européens et les ukrainiens sur divers points. Les russes vont agit comme Kiev le répète (ce qui lui donnera raison) comme ceux qui ne veulent pas négocier, ceux qui ne cherchent pas la paix, une paix "juste". Pour moi c'est presque déjà écrit, oui je pense que du côté de Kiev et des occidentaux on est prêt à offrir des choses aux russes pour en finir, mais en face on peut bien se demander ce qu'ils peuvent donner en retour. Moscou veut le beurre et l'argent du beurre pour arrêter la guerre car Moscou veut se voir et veut sortir victorieux de cette guerre. Poutine ne peut pas accepter une négociation ou la Russie n'obtiendrait pas une victoire nette sur l'Ukraine, il lui faut une forme de "capitulation" du camp d'en face pour justifier les causes et les ambitions initiales de cette opération militaire spéciale qui était bien loin d'une volonté de prendre les territoires sur lesquels on fixe aujourd'hui notre attention et qui étaient déjà pour moitié dans ses mains (Crimée/Donbass). Oui Poutine n'est pas contre ce genre de négociations ou il en sortirait comme le grand gagnant, sauf que c'est très improbable. Kiev aura son mot à dire et ce mot là sera défendu par les européens qui ont eux aussi des cartes à jouer. Quand on verra que côté ukrainien on est prêt à faire des concessions et que côté russe on est en mode "on veut mais on ne donne rien", c'est tout naturellement qu'on va devoir entrer dans un autre jeu. Car quand on y sera, cela voudra dire que les négociations risquent de se terminer sur rien. Ce sera donc le jeu des menaces. Côté occidental faut s'attendre à une augmentation des sanctions, augmentation du soutien à l'Ukraine. Trump jouera la crédibilité de son MAGA, de ses négociations qui devaient amener la paix mais que Poutine ne veut pas accepter. Trump (comme d'autres dans le parti républicain) est contre l'aide à l'Ukraine, essentiellement pour des raisons d'opposition à la politique de Biden. On accuse l'administration actuelle d'aider l'Ukraine sans que cela amène à un résultat. Trump déclarant qu'avec lui la guerre n'aurait jamais eût lieu et qu'avec lui elle s'arrêtera. Si le plan de Trump et de son équipe serait juste d'arrêter d'apporter une aide à l'Ukraine, on ne miserait pas sur une négociation qui permettrait justement d'arrêter cette guerre sans que cela amène une responsabilité politique liée à cet arrêt (du type "victoire russe"). Trump n'avait déjà pas la volonté d'accepter les conséquences du retrait d'Afghanistan (ne se priva pas de conspuer Biden pour autant), il ne va pas non plus vouloir assumer qu'après tout ce que les américains ont donnés, la Russie finisse par obtenir ce qu'elle veut. La Russie n'est pas en odeur de sainteté dans la classe politique américaine, ni chez les démocrates, ni chez les républicains. Si son seul intérêt serait que les américains arrêtent de fournir une aide à l'Ukraine, il ne chercherait pas la négociation comme solution, il pourrait unilatéralement s'en foutre. Mais Trump ne va pas arrêter l'aide à l'Ukraine s'il ne concrétise pas une négociation. Il a déjà été dit que l'aide américaine va servir de pression (suppression) sur l'Ukraine comme sur la Russie (augmentation). Je vois encore presque partout qu'on ne fait que de débattre de l'arrêt des aides à l'Ukraine, qu'on le considère déjà comme acté, mais que jamais on considère la seconde option. Oui il est fortement possible que si la Russie ne satisfait pas le plan de Trump car se considérant en situation de force, les américains accompagnés par les européens décident d'un accord commun (dans lequel les européens pourraient devoir faire un effort significatif sous pression de Trump) pour augmenter l'aide à l'Ukraine afin d'amener la Russie dans une position défavorable. Un effort qui fixerait (pas publiquement) une échéance (1 an par exemple) pour obtenir des résultats. Côté ukrainien on demanderait de mobiliser massivement dès 18 ans par exemple. Faut arrêter de penser que nous sommes au maximum de ce qu'on peut faire, c'est faux, on le sait pourtant très bien. Là encore c'est une vision de l'esprit. Nous voyons bien que nous sommes encore très loin d'une production qui décide de la limite de nos aides. L'Ukraine reçoit très peu de choses qui sortent de nos usines, elle continue de recevoir de vieux matériels et c'est politiquement qu'il y a les principaux blocages. La production neuve vient généralement satisfaire notre propre renouvellement, nos propres accélérations de programmes ou hausses capacitaires. De plus il ne faut pas simplement regarder l'Europe sous le prisme de sa propre production. Nous pouvons acheter des armes ailleurs, y compris aux américains. Qu'est-ce qui empêcherait l'Europe d'acheter des armes ou des munitions ailleurs pour les donner à l'Ukraine? Tout ne dépend pas de la production européenne, on a bien vu l'initiative tchèque pour acheter 1 million d'obus sur le marché extérieur. Il faut relativiser cette idée d'incapacité à aider les ukrainiens sans l'aide américaine, car derrière ce qu'on a et ce qu'on produit, il y a ce qu'on peut acheter. Si demain on décide d'acheter 500 vieux chars Abrams aux américains pour les donner à l'Ukraine, Trump va dire "non" ? Les russes achètent bien aux iraniens et aux coréens. Derrière cela on peut également augmenter les efforts au niveau national. Quand on voit que les allemands veulent voter au parlement (pour passer outre l'opposition du chancelier) la livraison du missile Taurus, on comprend bien que le politique est important. Les polonais il y a peu disaient qu'ils ne donneront pas les Mig-29 qu'ils ont encore en service, depuis ils font comprendre que si nous allons chez eux pour faire la police du ciel, ça devient possible. La Roumanie qui a cédé un système Patriot en échange de l'installation d'un système SAMP/T par la France, là aussi on a un exemple ou on soutient par nos moyens, des pertes capacitaires (temporaires) d'autres pays. Cela fait 2 ans qu'on dit qu'on est à sec et qu'on ne peut plus rien donner, plus rien faire, mais pourtant ça continue et il y a sans arrêt des choses nouvelles qu'on va trouver.
  15. Je pense qu'il faut être très prudent pour conclure aujourd'hui une fin du conflit par des négociations juste parce que Trump va être président. Les russes font un effort aujourd'hui, non pas pour avoir des trucs à négocier ou à échanger. Le pensée russe reste qu'elle veut "imposer" ses conditions à l'Ukraine sans rien céder de son côté. Donc on va chercher à prendre le plus possible car pour la Russie le pire qui soit acceptable serait de figer la situation sur les lignes actuelles. Là on ne parle que d'un gel des combats, on ne discute même pas de la légitimité de la souveraineté russe sur eux, ni de l'architecture stratégique et sécuritaire de l'Ukraine, ni des revendications politiques, ni d'une zone démilitarisée, ni de l'Otan, ni de la puissance militaire de l'armée ukrainienne qui pourrait continuer à s'équiper, ni d'une force tierce assurant la surveillance de la zone démilitarisée etc... Le gros problème de la Russie c'est de voir et d'anticiper une négociation qui signerait la capitulation de l'Ukraine et l'obtention de tout ce qu'elle souhaite. Il suffit de lire certains commentaires ici pour constater que cette idée est partagée, car cela fait 2 ans que certains se sont mis en tête que le camp de Trump est pro-russe, qu'il est contre l'Ukraine et que s'il a déclaré vouloir arrêter l'aide à l'Ukraine, c'est qu'il est prêt à imposer à Kiev l'ensemble de ce que veut Moscou. Certains pensent vraiment que ce sera ainsi, mais ils vont vite comprendre que ces négociations ce sera des concessions importantes des deux côtés, pas que pour l'Ukraine. Donc aujourd'hui posons nous la question de savoir ce que la Russie et Poutine est prêt à accepter et à donner pour que l'Ukraine accepte de signer la paix. Si on demande à Kiev de reconnaitre la Crimée et le Donbass d'avant 2022 comme des territoires russes, la Russie acceptera t-elle de se retirer des régions de Kherson ou de Zaporizha? Si nous acceptons de ne pas intégrer l'Ukraine dans l'Otan, que donnera Poutine en échange? Voilà les raisonnements qu'on doit se faire sur les négociations à venir.
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