Pol
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Le 54e RT va connaitre un bon doublement du nombre de ses véhicules et il reste sur une conception de projection modulaire et intégrable à diverses unités Si aujourd'hui on est encore plus sur un aspect interception, localisation et brouillage, il est prévu comme pour dans le cyber, des capacités offensives qui permettront d'attaquer les réseaux de communications (le quoi et comment reste en étude). L'intégration des drones et de leur potentiel se fait, mais on en est au tout début.
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On dit souvent que du côté américain, pour un gars au "front" (pas forcément de l'infanterie) il y en a 2 voir 3 pour le soutien et la log. Mais précisons, ce soutien va du déploiement sur le théâtre jusqu'aux USA et concerne toutes les unités (terre/air/mer). C'est aussi lié aux déploiements afghan et irakien donc des zones avec une très forte élongation. Dans tout cela il ne faut pas oublier les "contractors" qu'il ne faut pas considérer comme des types liés à des sociétés militaires privés. L'immense majorité de ces contractors sont des locaux et vont réaliser des tâches diverses et variés pour transporter des marchandises non sensibles, entretenir les bases, fournir du service. Cet élément ne doit pas être négligé et ignoré. Remarquons aussi que du côté américain il y a dans leur pays un très grand nombre de civils qui travaillent dans les armées. Il y a 1 civil pour 2 militaires alors que chez nous on est en-dessous de 1 pour 3. Les civils permettent de maintenir sur le territoire un socle sur un temps long avec des compétences utiles pour le soutien. Chez nous on reste encore dans une logique chez les chefs ou le civil est inutile car il ne peut pas être projeté, ne comprenant pas l'intérêt d'avoir une base arrière qui garde de la compétence et qui tourne lorsque les militaires sont projetés. Les civils sont présents en permanence et c'est une piste à ne pas négliger sur de nombreux postes actuellement tenus par des militaires, des postes qu'on pourrait ensuite ultérieurement les transformer sur des postes "projetables". Nous réalisons également du partenariat avec les industriels, mais dans ce domaine aussi on est loin d'être au niveau de ce qui se fait aux USA. Chez eux c'est du soutien direct, il est normal d'avoir en permanence des équipes de soutien des grandes entreprises de défense, elles vont même les envoyer dans les bases américaines en dehors du territoire, que ce soit l'Allemagne ou le Japon. Elles se rendent même sur les théâtres de guerre, faisant partis des "contractors". Souvenons nous lorsque nous avons reçus nos premiers Reaper au Niger, on avait des types de General Atomics pour nous assister et entretenir cela avant qu'on soit autonome. L'usage des réservistes est également bien différent aux USA. Chez eux pour amener de la masse comme à l'invasion de l'Irak, il n'était pas rare d'avoir des unités de réservistes complètes. C'est un peu comme si la France déploierait des compagnies d'infanterie légères uniquement ou en très large majorité composées de réservistes. De nos jours c'est de l'exceptionnel que de voir des réservistes en opex, c'est du type isolé en raison d'une spécialisation devenue exceptionnelle. Là aussi il faut qu'on soit capable de le faire, financer les réservistes (mais aussi compenser les employeurs pour des absences de plusieurs mois). Les américains ont cependant des limites qu'on doit bien prendre en compte. Malgré tout ce qu'ils ont, au niveau terrestre leur potentiel de déploiement c'est un peu près ce qu'on a vu en Irak en 2003 soit environ 150 000 hommes. Ils avaient gratté déjà pas mal, y compris comme je le disais, des réservistes. Un volume de force important dont le mandat était très souvent d'environ 1 an sur place (ce qui limite les roulements). C'est un noyau de forces qui proportionnellement peut sembler faible par rapport à toutes les forces américaines sur le papier, mais qui reflète la réalité de ce qu'est une projection de forces, celle d'une capacité d'extraire, convoyer et soutenir un noyau de ses forces hors de ses frontières. Cette force projetée, les américains savent lui donner ce qu'il faut pour qu'elle ne manque de rien Pour la France, j'aime bien utiliser un rapport de 1 pour 10 (pour eux). C'est un peu près exactement ce que nous envisageons dans notre contrat opérationnel, celui du déploiement d'une division (environ 15 000 hommes, pas dans de mêlée). Il faut rester réaliste avec ça, ne pas considérer les forces engagées par des pays à leurs frontières comme "comparables". Les russes ne pourraient pas projeter le volume de forces qu'ils ont en Ukraine à des milliers de km de là, tout comme Israël ne pourrait pas envoyer ce qu'il y a à Gaza au milieu d'une ville à des milliers de km. Nous n'avons pas de menaces à nos frontières qui amèneraient de voir toute notre armée impliquée et engagée et tant mieux. Il est très peu probable qu'on agisse sur nos voisins comme le fait actuellement la Russie en Ukraine et l'inverse est également vrai, d'autant plus que nous avons l'arme nucléaire. Notre combat de haute intensité c'est celui de cette division projetable qu'on viendra insérer dans une coalition qui viendra épaulée d'autres armées. Notre défi est de lui donner ce qu'il faut, d'être en mesure de la soutenir, qu'il ne lui manque rien. Le volume de munitions, d'équipements, de défense sol-air, lutte anti-drones et j'en passe c'est par rapport à ça et non pas dans l'idée d'être en capacité de faire ce que font les ukrainiens avec 700 000 hommes. Il faut considérer comme pour les américains la possibilité d'une déploiement pouvant aller jusqu'à un an par mandat. Que le volume de pertes à envisager (morts et blessés) c'est environ 25% du volume engagé sur des "moments" particuliers dans le conflit, soit environ 3000 hommes qu'il faudrait avoir en réserve pour remplacer les morts et les blessés rapatriés. Un tel volume de pertes est déjà très lourd, je vise volontairement un chiffre assez haut pour cette perspective. On aura peut-être 40 canons déployés, le volume de munitions à maintenir (log) ce n'est pas 50 000 coups par jour. On peut regretter de ne pas pouvoir déployer 2, 3 ou 10 fois plus de forces en pensant qu'on est ridicule et faible, mais très peu de pays peuvent projeter ne serait-ce qu'une division à des milliers de km de ses frontières. C'est aussi pour cela qu'il faut comprendre que la France ne va pas affronter seule la Russie chez elle tout comme la Russie avant qu'elle ne nous affronte chez nous, devra passer sur la Pologne et l'Allemagne, elle ne va pas faire débarquer 500 000 hommes en Normandie pour nous refaire un remake de la bataille de Verdun surtout quand on voit déjà ses complications en Ukraine. S'il ne faut pas sous-estimer la Russie, il ne faut pas non plus surestimer ses moyens. Dans notre situation, il faut comprendre qu'on est et qu'on restera toujours une "pièce rapportée" à des dispositifs militaires locaux. Ces pays comme l'Ukraine actuellement doivent être soutenus, depuis la nuit des temps il est toujours plus sage d'aider son ami à combattre son ennemi que de combattre cet ennemi à la place de son ami.
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On fait avec ce qu'on a. Le VAB a été mis à toutes les sauces et a été de toutes nos opérations. C'est cette omniprésence qui fait qu'aujourd'hui on va en parler avec une forme de nostalgie. La polyvalence est surtout liée à l'adaptation de ses utilisateurs...
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Guerre Russie-Ukraine 2022+ : géopolitique et économie
Pol a répondu à un(e) sujet de Skw dans Politique etrangère / Relations internationales
L'action de la France contre ce navire est surtout de montrer aux autres européens qu'il ne faut pas craindre d'agir. On a des doutes sur l'implication de navires russes dans des activités nocives? Ben il ne faut pas les regarder passer en se disant qu'ils sont dans les eaux internationales ou qu'on s'imagine qu'en agissant on va recevoir des missiles nucléaires sur la tronche en retour. Moscou joue avec les nerfs de tout le monde et attend qu'on lui fixe des limites concrètes. Il faut qu'on passe du mode "gardons nous de réagir pour éviter des problèmes avec les russes" à un mode ou les russes se disent "faisons gaffe à ne pas nous attirer plus de problèmes qu'on en a déjà". -
Tout dépend de quoi on parle. Cela peut être une réorientation au niveau industriel pour accélérer la livraison de certaines versions au détriment d'autres C'est peut-être aussi le prélèvement d'engins déjà livrés qu'on va reconfigurer dans une nouvelle version. La suppression de certaines versions du Griffon pour les faire passer sur Serval (ou inversement). On sait qu'il y a l'envie d'accélérer sur les versions guerre électronique, lutte anti-aérienne et anti-drone. Il y a une capacité de production qui est ce qu'elle est et qui doit durer encore 9 ans pour le Griffon et Serval. Il y a sans doute des domaines dans lesquels on préférerait avoir ce qu'il faut pour dans 3 ans que dans 9 ans. Rien que dans le domaine anti-aérien, c'est environ 400 Serval prévus, entre la version LAD, la version Mistral sur tourelle, la version Mistral "manpad", les versions pour la détection, le commandement. Là on ne parle même d'une possible augmentation capacitaire dans ce domaine. Quand on s'intéresse aux programmes d'armement il faut avoir une longue vue pour regarder derrière et devant soi. Le VBCI est déjà un programme du passé. Une conception qui a 25 ans et dont le parc en service est à mi vie. Dans 15 ans ce véhicule commencera à quitter le service et on passera à un nouvel engin. Acquérir aujourd'hui des variantes c'est investir dans la recherche et le développement d'un engin qui sera un micro-parc dont le châssis sera difficile à soutenir. Alors soit on mise complètement sur le VBCI pour les 40 ou 50 ans à venir, dans ce cas on remplacera (dans 10-15 ans) nos 600 engins en service par une autre version de lui, soit on passera à autre chose. Le VBCI est aujourd'hui ce que le VAB était au début des années 2000. Un véhicule qu'on peut trouver très bien mais qui ne sera pas le "futur" sur lequel on va miser. C'est dans les années 2000-2015 qu'il fallait développer ou s'équiper de toute une gamme de versions de VBCI, aujourd'hui c'est trop tard. Mais à cette époque on n'avait pas l'argent ni les perspectives d'aujourd'hui, il fallait un véhicule 3 fois moins coûteux pour remplacer le VAB. Ce qui semble pertinent aujourd'hui ne l'était pas hier. J'entends parfaitement aujourd'hui l'argument ou on verrait bien le VBCI dans différentes versions en lieu et place du Griffon. Le Serval gardant sa pertinence dans sa gamme. Mais 10-15 ans en arrière, quand on réduisait tout, qu'on grattait pour faire des économies et trouver quelques millions, le VBCI était un peu comme le Rafale, le NH90, le Tigre, l'A400M, une sorte d'engin luxueux hors de prix qu'on "combattait" pour son "coût" qu'on accusait presque d'être responsables de la diminution de notre format d'armée (un engin 2 fois moins cher en ferait 2 fois plus en inventaire, disait-on souvent...) Actuellement on est dans une période ou l'argent arrive tout de même et ou la perspective financière à horizon 2035 permet d'envisager autre chose. On est à un moment de choix, entre une modification de l'actuelle LPM mais aussi bientôt sur le modèle d'armée qu'on vise vers 2040, donc des programmes qui vont devoir se faire et se lancer. Il y a des choses qui vont sans doute s'avancer, se modifier. Le programme Scorpion est le renouvellement du segment médian, le programme Titan sera celui du lourd. Pour le remplacement du VBCI c'est là qu'on va pouvoir imaginer par exemple refaire un chenillé pour ce domaine. Autre perspective (qui reste pour moi peu probable mais dont le timing est acceptable), celle d'une acquisition "immédiate" sur étagère avec au mieux une production sous licence ( premières livraisons avant 2030) d'un nouveau VCI chenillé (voir d'autres variantes) en remplacement accéléré de notre VBCI actuel pour un retrait de service vers 2035. On s'économiserait alors le lancement d'un nouveau programme pour le remplacer, on fera le strict minimum pour le faire durer encore 10 ans (pas de grosses modernisations) afin d'accélérer le renouvellement du segment lourd. Mais en agissant ainsi on s'enlève le temps de définir un programme qui pourrait prendre un peu plus en compte certaines évolutions, besoins et menaces qu'on découvre un peu plus chaque mois qui passe. Car s'il est facile de dire ce qui serait bien d'avoir maintenant, il faut se dire si ce sera toujours le cas dans 20 ans, pas qu'on se dise dans 10 ans qu'en fait un CV90 (par exemple) a ses "limites" diverses et variées
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Opérations au Mali
Pol a répondu à un(e) sujet de pascal dans Politique etrangère / Relations internationales
Les russes sont sur plusieurs installations mais dans de faibles proportions. Disons qu'ils sont dans une forme de sections isolées et vont donner aux unités maliennes une sensation de sécurité dans certaines missions. C'est aussi sans doute les russes qui poussent à réaliser des sorties que l'armée malienne, seule dans sa léthargie, ne ferait pas. Un peu comme on le faisait avec nos DLAO. La présence de français rassurait beaucoup l'armée malienne, car derrière elle savait qu'avec les français, l'ennemi fuyait et ne cherchait pas l'embuscade (le pire à craindre était la mine/IED). On avait tout de même un dispositif aérien qui préparait les missions (reconnaissance), qui assistait les les missions (escorte, frappes...) et un dispositif d'EVASAN. Ce n'était pas improvisé, il y avait un travail opératif derrière. De la même façon que le dispositif onusien amenait des présences et des moyens qui ont plus d'une fois assistés l'armée malienne, un peu comme on le faisait aussi en permanence car on maintenait toujours des alertes. Combien de fois les hélicos de l'ONU ou de la France sont venus au service des maliens? Souvent. Mais le dispositif russe n'est pas celui des français. Il manque une coordination globale. Ces sections isolées sont véritablement isolées et agissent souvent sans grosse préparation ni soutien. Les moyens ne sont pas fous, très souvent les russes vont être à bord de pick-up. Ceux d'en face savent bien que les russes n'amènent pas les mêmes effets et les mêmes moyens que les français, ils n'hésitent donc pas à s'attaquer à eux. J'avais déjà dit que l'attaque du convoi qui devait prendre pied à Tinzaouten et ou des dizaines de membres de Wagner avaient été tués a été un coup important qui aura brisé cette impression "d'efficacité russe" que la propagande de ces pays mettaient en avant. Le regard a changé et du côté de l'armée malienne, une présence russe n'est pas gage de réussite et de sécurité. Sinon le camp principal des russes se trouvent toujours à Bamako essentiellement autour de l'aéroport, je pense qu'il doit y avoir la moitié du dispositif russe à cet endroit. Pour s'y intéresser en détail, voici le "QG" et la zone de "repos". On retrouve d'autres présences des russes sur le côté droit de l'aéroport près des anciennes zones ONU ou l'on voit encore les nombreuses dalles. Les zones ou il y a des russes sont parfois assez identifiables par les tentes bleues. https://www.google.com/maps/@12.522281,-7.9484053,346m/data=!3m1!1e3?entry=ttu&g_ep=EgoyMDI1MDkyNC4wIKXMDSoASAFQAw%3D%3D Je conseille d'aller sur google earth et d'utiliser également les images d'archives ou l'on voit certaines évolutions des dispositifs. On voit bien que Bamako reste encore le point principal ou on a l'essentiel des aéronefs, vous retrouverez à Sévaré et Gao les 2 autres bases qui accueillent en permanence des aéronefs. C'est à Bamako qu'on retrouve l'essentiel des drones, sur google map on peut y voir 2 TB2 et 1 Akinci. On sait que les 2 Akinci acquis par le Mali ont été perdus dont un abattu par l'Algérie. Le rayon d'action d'un TB2 n'est pas celui d'un Reaper. En nombre d'hélicos, le Mali doit en avoir autant que nous en avions quand on était sur place. Mais le problème c'est que notre MCO n'est pas la leur, que nos moyens étaient globalement concentrés sur Gao et agissaient sur un coin. Aujourd'hui la menace est sur l'ensemble du pays et dans des zones ou il est beaucoup plus difficile de faire de la surveillance. Quand dans tout cela vous avez des lacunes de communications, de commandements, le dispositif est loin d'être bon. Aujourd'hui l'armée malienne est totalement éclatée sur le territoire. On avait 12 000 casques bleus qui malgré tous les reproches qu'on pouvait avoir de leur mandat, couvrait tout de même de nombreuses zones du pays, faisaient du contrôle de terrain, des patrouilles, avaient des moyens et des réactions meilleures que l'armée malienne. Le vide n'allait pas se combler par magie, l'armée malienne ne s'est pas multipliée et n'est pas allé remplacer ces troupes. Ce vide a permis la mobilité et le déplacement des terroristes dans les zones de l'ouest. Tout cela à Bamako on ne voulait ni le voir, ni l'entendre, pour eux tout ce qui comptait se trouvait dans la zone du nord, des touaregs. Faire des opérations à l'ouest amènera à stopper les efforts dans le nord et à un affaiblissement potentiel des troupes de la zone de Bamako. Car pour l'instant l'élite militaire de Kati et de ses environs vivaient bien dans leur confort, loin des combats. Il suffit de quelques déconvenues militaires de ces unités là pour voir émerger une forme de fracture de confiance, du moral avec un doute sur l'avenir, ce qui menacerait la junte (coup d'état, perte du soutien populaire dans la capitale...). Un grand nombre des blindés de l'armée malienne restent à Kati. La distribution de ces blindés dans les différents bases et avant-poste se fait de manière très limitée. En effet, un blindé ce n'est pas un Toyota, il faut pouvoir le maintenir en état de rouler, il faut des pièces qu'on ne trouve pas partout, il faut du personnel compétent et souvent même différents équipements spéciaux (moyens de levage...). Vous pouvez avoir un tel atelier à Kati, mais ailleurs l'armée malienne n'a presque rien pour soutenir ces blindés. On est sur des engins qui roulent tant qu'ils peuvent rouler, sur un bricolage en terme de maintenance. Des véhicules même très récents peuvent vite être immobilisé quand le soutien n'est pas là. Nous connaissons parfaitement l'environnement et l'usure qu'on peut avoir lorsqu'on réalise des missions. Passons même sur l'aspect dépannage de ces blindés, car on ne va pas changer une roue ou le sortir d'une ornière, d'un ensablement ou autres comme pour un pick-up. L'abandon des blindés est fort probable. Quand ils sont à Bamako, ça va, l'environnement est moins rude que le nord, il y a des routes, on va préserver leur potentiel pour défiler et faire office de garde présidentielle Mais avec les événements à l'ouest, il faudra quoi qu'il arrive sortir ces engins de là ou ils sont. (les récentes livraisons rejoindront certainement le même endroit) https://www.google.com/maps/@12.7327662,-8.0582761,400m/data=!3m1!1e3?entry=ttu&g_ep=EgoyMDI1MDkyNC4wIKXMDSoASAFQAw%3D%3D -
Guerre Russie-Ukraine 2022+ : Opérations militaires
Pol a répondu à un(e) sujet de Alexis dans Politique etrangère / Relations internationales
Les russes ne peuvent pas faire beaucoup plus qu'ils ne font en ce moment. On doit arrêter de penser qu'ils se retiennent pour s'éviter une victoire trop rapide. On est sur un front gelé, on enlève aux russes les frappes en profondeur, on pourrait partir 3 mois et revenir que pas grand chose aurait bougé. Certains aiment scruter le front à la loupe pour essayer de trouver des avancées aux russes (puis deviennent très discrets quand ça s'arrête ou que les ukrainiens reprennent les positions...), mais il n'y a vraiment rien de fou et vraiment rien qui soit à la hauteur des "victoires" que cherchent à obtenir les russes. Beaucoup d'efforts pour pas grand chose. On approche les 4 ans de guerre. 4 ans qu'on dit que les russes sont en économie de guerre, que leurs industries tournent à fond et produisent massivement. Pourtant que voyons nous? Excluons les drones et les ressources humaines de l'équation. Sur le champ de bataille est-ce qu'on observe des vagues de blindés flambants neufs qui inondent le front ? Ou alors est-ce qu'on a l'impression de voir une armée russe qui montre une diminution qualitative et quantitative de ses blindés, qui continue de bricoler de très vieux engins d'origine soviétique et que les nouvelles recrues on plus de chance d'aller au front avec des véhicules civils, des motos si ce n'est à pied? Est-ce que l'artillerie russe aujourd'hui est plus forte qu'il y a 1 an? Plus forte qu'il y a 2 ans? Plus forte qu'il y a 3 ans? Ou alors on a l'impression que la puissance décline? L'aviation russe est-elle plus à l'aise qu'il y a 3 ans dans le ciel ukrainien? Beaucoup plus d'aéronefs en inventaire? Ok ils ont créer un support permettant de faire planer des bombes à longue distance, ok à un certain moment ça a fait bougé les lignes, mais on constate depuis des mois qu'on est là aussi dans une forme de tendance baissière de l'usage et non dans une forme expansive. Du côté de la marine rien de plus à mettre au crédit de l'économie de guerre. Cela fait presque 1 an et demi qu'on annonce et qu'on voit la ville de Pokrovsk tomber, certains sont prêts à compter les cm² d'avancées russes pour dire que c'est en bonne voie et que le temps joue pour eux. Mais sincèrement, qu'on constate ici les limites de l'armée russe (qui y concentre son effort offensif), de ses méthodes, de ses équipements, de sa stratégie, pour une ville "moyenne" qui, il y a 3,5 ans, n'aurait même pas figuré sur une carte. -
Guerre Russie-Ukraine 2022+ : géopolitique et économie
Pol a répondu à un(e) sujet de Skw dans Politique etrangère / Relations internationales
L'Ukraine n'a jamais été une menace pour Moscou. Je l'ai toujours dit et je vais continuer de le répéter, ceux qui sont actuellement au Kremlin sont nostalgiques de l'URSS et de sa grandeur. Ils n'acceptent pas l'indépendance de ces "nouveaux" pays, pour eux c'est comme Taïwan avec la Chine, des "provinces rebelles" à remettre dans son giron de gré ou de force. Quand vous avez un pays docile comme la Biélorussie qui pour calmer Moscou continue de lui vendre un projet de "réunification", le Kremlin devient votre protégé et continue de s'imaginer une annexion "pacifique". Mais quand vous allez dans une direction inverse, vous entrez dans la zone ou l'annexion se fait de force. Pour moi après l'Ukraine, c'est bien la Biélorussie qui a le plus de chance de connaitre une "libération russe", au moindre faux pas, la moindre résistance, le moindre soulèvement populaire risquant ou renversant l'actuel pouvoir, vous allez voir Moscou s'y engouffrer en trouvant son narratif justifiant son intervention. Le "glacis" n'a jamais été un truc que recherche Moscou. C'est juste la conséquence de l'effondrement de l'URSS, de l'incapacité russe à éviter l'indépendance de ces pays. Donc pour rendre la partie plus "acceptable" stratégiquement, faire de ces nouveaux pays indépendants des pays neutres ne devant pas se détourner de l'influence russe (donc en évitant de rejoindre le côté occidental) était plus acceptable que d'entrer dans une forme de confrontation comme cela s'est confirmé avec la Tchétchénie un peu plus tard. Pour les russes, ce glacis est devenu de plus en plus une zone sur laquelle ils se sont convaincus d'un droit unique d'influence, d'un droit sur la politique, d'un droit d'annexions, d'un droit d'y stationner son armée. Des pays indépendants qui s'évitent des problèmes tant qu'ils restent indépendamment dépendants du Kremlin. Par contre si ces pays indépendants se disent qu'il y a peut-être mieux pour leur avenir ailleurs, ils se condamnent à voir le "frère russe" dévoiler et montrer l'arrière de ses pensées. Quand ce moment arrive, vous pouvez oublier toute forme de glacis, si demain on propose aux russes de prendre toute l'Ukraine jusqu'aux frontières polonaises, moldaves et roumaines, vous pensez qu'ils vont dire "non, nous voulons maintenir un glacis" ? Bien sûre que non, ils prendront tout ce qu'il y a à rendre et seront déjà dans l'exécution de la prochaine étape, celui de l'intégration de la Transnistrie par lequel ils arriveront à englober toute la Moldavie avec. Le problème pour la Russie dans tout cela, c'est qu'ils n'ont pas les moyens de leurs ambitions et qu'il est nécessaire d'attendre que les anciens de l'époque de l'URSS s'effacent petit à petit. Il y a une énorme frustration de ces limites capacitaires qui ne permettent pas d'assouvir leurs ambitions, c'est aussi cela qui va pousser ce pays à faire des erreurs et prendre des risques idiots. Ce pays a été incapable d'arriver à ses objectifs premiers en Ukraine, il est plus qu'impossible qu'il parvient à ses objectifs secondaires (4 oblasts) qui doit lui permettre de sortir la tête haute de cette guerre. Mais par idéologie et par inacceptation d'avouer ses limites et ses faiblesses, Moscou cherche à jouer avec une force bien plus puissante que l'Ukraine (l'Otan), qu'elle serait bien en mal de combattre (en plus de sa guerre en Ukraine...), ceci pour maintenir son image de puissance, pour continuer d'être crainte. C'est très important pour la Russie de maintenir cette puissance car elle est liée au pouvoir autocratique actuellement en place. Poutine ne craint pas la démocratie ukrainienne, il craint la faiblesse et l'opposition qui peut l'amener à perdre sa place. La "fédération" de Russie reste encore une forme de pays "empire". On a un pouvoir central fort qui amène les régions dans une forme de vassalisation, on a encore des régions avec certaines autonomies, d'autres qui pourraient s'embraser (Caucase...), des influences diverses et variées. Le risque de voir une nouvelle fracturation de ce qu'est l'actuelle fédération de Russie n'est pas à exclure si ce pays démontre une faiblesse, s'enfonce dans une crise économique et sociale, que la page Poutine se tourne (par sa mort, une révolte populaire, un coup d'état...). Je ne dis pas que ça va arriver dans 6 mois, cela peut être un truc qui va prendre des années, mais il ne faut pas exclure que le Kremlin fasse des erreurs de jugements (comme en Ukraine) avec l'Otan et finisse par précipiter certains événements (je ne crois pas à une guerre nucléaire ou à une guerre massive contre l'Otan). Quand on voit le développement géostratégique, on comprend que dans quelques années, l'Europe et l'Otan (qui s'est renforcé de nouveaux membres) en général aura considérablement renforcé ses moyens militaires. La guerre en Ukraine toujours en cours pour des gains dont on se demande ou ils sont. L'espoir d'un Trump qui servirait l'Ukraine sur un plateau s'amenuise à mesure que le temps passe et l'économie super résiliente montre des signes d'instabilité inquiétant, d'autant plus que les frappes ukrainiennes en territoire russe augmente les problématiques et peut amener de l'agacement et un ras le bol aux russes dans leur quotidien. Hausse des prix avec une hausse de la TVA, plus de carburant pour se déplacer pour les particuliers et les professionnels. Les exportations de carburants sont déjà interrompus et les sites de raffinage, de stockage et d'exportation vont continuer de prendre des coups. Pendant ce temps là l'Europe continue de réduire ses importations de gaz et de pétrole (objectif 0 en 2027). Trump pousse Erdogan à acheter du GNL américain plutôt que russe en échange de quoi il lèvera ses blocages (comme pour le F-35). Franchement je dis bonne chance à la Russie pour les prochaines années et ce n'est pas en disant que l'Ukraine va plus mal que ça va "compenser". Kiev n'a pas les ambitions ni les prétentions de puissances que la Russie cherche à avoir et imposer. -
Guerre Russie-Ukraine 2022+ : géopolitique et économie
Pol a répondu à un(e) sujet de Skw dans Politique etrangère / Relations internationales
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[VBAE, Véhicule Blindé d'Aide à Engagement]
Pol a répondu à un(e) sujet de Philippe Top-Force dans Europe
La définition d'un "véhicule de combat" diffère du point de vue de chacun. Si on en reste à ta définition, c'est à dire celle ou tout blindé est un véhicule de combat, alors il faut tout inclure, notamment les Griffon, les Serval, les PVP comme le fait l'armée de terre. https://www.defense.gouv.fr/terre/nos-materiels/nos-equipements-terre/nos-vehicules/vehicules-blindes-combat Pour ma part j'estime qu'un véhicule de combat c'est un engin lourd évoluant au contact de l'ennemi avec un armement puissant servit par un équipage dont l'outil et la mission s'articule autour du véhicule et de ses capacités. Le VBAE sera dans son immense majorité un véhicule sur lequel il n'y aura pas plus qu'un armement téléopéré en 7.62 ou 12.7. Si on s'attend à un véhicule d'appui avec une gros canon, un paquet de missiles sur le toit, il y aura des déçus. Je vois encore beaucoup de gens qui ont en tête l'image d'un CRAB (Panhard) qui pourrait par exemple remplacer le VBL alors que c'était un véhicule d'une époque ou la "cible" à remplacer était l'ERC90. Qu'il y ait une version plus offensive, donc plus armé du VBAE c'est possible (ce sera sans doute aussi celle qui sera le plus mise en avant par l'industriel) mais ce ne sera pas le standard de base. Je ne dis pas du tout que je serai défavorable à avoir un tel standard de base, c'est juste que je sais que l'expression du besoin est lié aux rôles, missions et utilisateurs. Hors sauf à refonder/recréer des ERI, on ne voit pas vraiment ou un tel engin trouverait sa place. Car même pour l'AC, même si on va avoir un VBL ou on pourra fixer un support Milan ou MMP, les équipes doivent rester débarquables, donc les moyens AC ne doivent pas être dépendants du véhicule. De la même façon que la version Mistral du Serval existera en une version spécifique et intégré (tourelle) donc d'un équipage "lié" au véhicule et une version "manpad" ou le Serval ne sera qu'un élément de transport et de support (râtelier spécifique pour transporter les missiles etc...). Le VBAE qui va prendre la relève du VBL Milan dans les RI va lui aussi devoir rester dans cette configuration débarquable et donc on ne lui donnera pas une tourelle de 25mm ni même une tourelle avec MMP. Les versions PC (les actuels VB2L) dans les RI n'auront pas non plus un tel armement. On voit bien en fait quand on fait défiler le truc de cette manière qu'on arrive à ce que j'ai dit, soit on va essayer de transformer les ERI, soit on va devoir recréer de nouvelles unités que ce soit des ERI ou une section nouvelle d'appui dans les RI. Mais là on va entrer dans un problème qui sera plus RH que financier ou capacitaire. Pour le blindage du VBL, il est ridicule et il suffit de toquer sur les portières pour vous faire une frayeur avant une mission. De la 7.62 perfo ça passe comme du beurre. -
[VBAE, Véhicule Blindé d'Aide à Engagement]
Pol a répondu à un(e) sujet de Philippe Top-Force dans Europe
De ce qui est prévu c'est qu'on est actuellement encore dans une phase qu'on peut qualifier de "réflexion". En gros on va définir les bases de ce que doit être le VBAE mais le programme doit vraiment démarrer l'an prochain, c'est à dire la conception, les essais et la production de l'engin. Il ne faut pas non plus s'imaginer que le VBAE sera un engin de combat, ce sera comme son prédécesseur un véhicule blindé léger 4x4 avec une protection allant sans doute jusqu'au 7.62 perfo et une protection contre les mines. Rappelons que le VBL actuel offre qu'une très faible protection et n'est pas du tout conçu pour résister face aux mines (même si on a rajouté quelques plaques sur l'ultima). On se souvient du Mali, la plupart des pertes par IED impliquait un VBL. L'engin en lui même était bien adapté aux missions quotidiennes, mais l'exposition quasi permanente du personnel avec la moitié du corps qui dépassait du toit, c'était (et ça l'est encore) un problème. Nos expériences avec la VBL va amener vers un engin qui aura très certainement un habitacle en V même si les éléments extérieurs (plaques, coffres et autres) ne permettront pas de pleinement le voir. On va forcément chercher à généraliser un système téléopéré et chercher à offrir un espace intérieur plus adapté qu'un VBL, avec plus de places. On doit s'enlever de la tête le design "écrasé" du VBL tout comme sa ligne amphibie, on sera sans doute sur un engin plus imposant physiquement, on pourrait bien approcher les 7 ou 8 tonnes en PTAC (un VBL ultima c'est déjà 5,2 tonnes). L'armement ne sera pas forcément exceptionnel et tout dépendra du rôle et des missions des engins. On peut penser avec certitude que la majorité d'entre eux n'auront pas plus qu'un TTO en 7.62 voir 12.7, ceci sur plusieurs versions. Quelques versions plus spécifiques seront sans doute également développées, que ce soit pour de l'observation (mât optro/drones...), une version appui-feu avec peut-être un canon de 20/25 ou 30mm. -
Opérations au Mali
Pol a répondu à un(e) sujet de pascal dans Politique etrangère / Relations internationales
Encore une attaque hier contre des camions citernes à 40km de Kati (l'épicentre des forces armées maliennes dans le pays). L'attaque d'il y a plusieurs jours du convoi de camions citernes qui venait du Sénégal ne doit pas être pris à la légère. Ce convoi était bloqué depuis un moment au Sénégal par peur des attaques. L'approvisionnement (et la disponibilité) du carburant est compliqué pour le Mali. Bamako a donc apporté une réponse en allant créer un convoi pour escorter tous ces camions. Sauf qu'il s'est fait attaqué et amène fort logiquement plusieurs effets. Un risque de voir petit à petit des difficultés à trouver du carburant. L'échec sécuritaire qui amène à s'interroger sur les capacités militaires (il y a déjà de nombreux débats en cours) à escorter ces camions et plus globalement à éviter le blocage des routes. Déjà la confiance pour prendre la route n'était pas là avant, désormais les volontaires vont se faire rare et même la présence des militaires ne va plus du tout rassurer. Le blocus peut devenir une réalité, non pas en raison du fait que les terroristes tiennent toutes les routes de manières permanentes, mais que plus grand monde ne voudra prendre de risques. Pour un transporteur civil, le risque de perdre la vie, de se retrouver otage, de perdre son camion ne vaut pas le prix de la livraison. Ceux qui vont accepter ce risque réclameront de grosses compensations financières, ce qui ne favorisera pas non plus l'import/export d'un pays aussi pauvre. Comprenons bien que nous parlons d'une situation qui se trouve à l'ouest du pays, le JNIM y est désormais massivement présent. Les images actuelles des groupes terroristes au Mali montrent que le terrain ce n'est plus le désert du nord ou du centre, on est en plein dans la verte, dans des zones viables, riches ou il est beaucoup plus facile de se planquer. Imaginons que demain la France redéploie le même dispositif qu'elle avait il y a 5 ans, je vous assure qu'on serait confronté à une situation largement plus compliqué qu'avant. Même pas qu'on imaginait devoir affronter les terroristes à la frontière du Sénégal. Ce n'est pas en ayant retiré le force onusienne que ça s'est arrangé, j'ai de nombreuses fois expliqué le vide que ça allait créer, que ce ne sont pas quelques centaines de russes qui allaient le combler. Pendant ce temps, Bamako reste avec son idéologie, son obsession de Kidal ou elle a concentré ses moyens militaires et ou elle fait face à une rébellion touareg qui s'unifie de plus en plus. Vouloir chasser le JNIM de l'Ouest impliquerait de se détourner de Kidal et d'ouvrir la voie à une véritable déconvenue militaire, politiquement fatale, pouvant créer un effet domino et démoralisant toute l'armée. -
Guerre Russie-Ukraine 2022+ : géopolitique et économie
Pol a répondu à un(e) sujet de Skw dans Politique etrangère / Relations internationales
Comme il était à prévoir et comme on a été nombreux à le dire, après les drones en Pologne et la non réaction de l'Otan, voir même la prise de distance américaine, pousse les russes à continuer. Ils testent les limites de l'Otan, ils cherchent ce point de provocation (réponse) et toute la question est de savoir pourquoi? Pour moi il y a deux hypothèses. 1) Celle ou les russes envisagent sérieusement une action militaire contre un membre de l'Otan (bien sûre on pense aux Pays Baltes) et veulent savoir si l'alliance sous l'ère Trump est du genre à craindre et refuser la guerre avec la Russie ou au contraire qu'elle est prête (même si ça ne l'enchante pas). On cherche à comprendre si Trump reste en mode "ce n'est pas notre problème" et les européens qui ont déjà montrés plus d'une fois leurs divisions à seulement aider (sans s'engager) l'Ukraine ne vont pas aider à faire diminuer la prise de risque de Poutine. Je suis persuadé qu'au Kremlin l'idée que l'Otan sans les américains n'est rien, que si Washington ne s'engage pas, les européens ne le feront pas est plus que présente. On semble se convaincre et chercher systématiquement l'assurance que les européens n'ont pas, ne veulent pas et ne voudront pas faire la guerre à la Russie, qu'on pourrait presque penser que la question "qui veut mourir pour Riga?" est sortie tout droit d'un institut de sondage russe. On joue sur la peur de la 3e guerre mondiale, de l'apocalypse nucléaire pour "influencer" les esprits et on a aujourd'hui à la maison blanche un type qui reprend presque mot pour mot cela, ce qui fait grandement les affaires de Poutine. 2) L'autre hypothèse est celle ou tout cela n'est pas lié à une volonté d'agir contre un membre de l'Otan, mais que c'est en lien avec le conflit ukrainien. Ce conflit stagne et ne risque pas fondamentalement de se débloquer d'un coup de baguette magique. Cette guerre a un coût qui est loin d'être neutre pour la Russie. De plus l'évolution tend de plus en plus à voir des frappes en profondeur sur le territoire russe, impactant le plan énergétique, économique et amenant de plus en plus la guerre dans le quotidien des russes habitués à la voir derrière un écran. Poutine et tout son environnement misant énormément sur Trump pour obtenir une victoire en Ukraine comprend qu'en fait ça ne va pas se passer comme prévu. Oui les américains ont abandonnés les dons d'armes à l'Ukraine, mais ils ont juste transformer cela en "ventes". Les américains ne vont pas faire capituler l'Ukraine aux exigences russes, les européens ne "suivent" pas les américains, ils continuent et il faut le dire, l'aide européenne, les productions d'armes ukrainiennes, les drones sont suffisantes pour maintenir la Russie dans ce bourbier encore un long moment. Le retrait des américains et l'abandon de l'Ukraine qui pour le Kremlin devaient lui donner sa porte de sortie victorieuse n'arrivera pas. Sans doute même aussi que les russes depuis des mois ont intensifiés leurs offensives dans l'idée d'imposer une plus grosse pression et d'obtenir le maximum de gain, un effort temporaire qui pourrait bien marquer le début d'une phase ou ils vont devoir récupérer. C'est ainsi qu'en allant chercher l'incident avec l'Otan (et faire passer la Russie pour une victime) on va raviver le spectre d'une guerre bien plus dangereuse et dévastatrice. Une escalade avec l'Otan qui doit détourner le regard de l'Ukraine ou il ne se passe pas grand choses, qui doit pousser les dirigeants et les opinions publiques à craindre une guerre avec la Russie à détourner des moyens militaires. Ce qui est valable pour nous, le sera également pour les russes. Le Kremlin va pouvoir détourner le regard de l'opinion public du conflit ukrainien pour lui mettre devant les yeux la peur de la guerre nucléaire, de la 3e guerre mondiale, bref d'une menace beaucoup plus importante que celle autour de l'Ukraine. On cherchera vraiment des escarmouches, des incidents avec l'Otan, les pertes limitées et symboliques. On veut amener à une situation ou on est au bord de la guerre et non à une situation ou on est dans la guerre. L'intérêt derrière c'est de "couvrir" des concessions russes sur l'Ukraine, c'est de pousser également tous les occidentaux à pousser Kiev à faire également des concessions. Ainsi Poutine prétextera avoir empêché une guerre contre tout l'occident et ses concessions sur l'Ukraine deviendront des concessions faîtes aux occidentaux et non aux ukrainiens, retirant ainsi le sentiment que la "grande Russie" a échoué à faire plier Kiev dans cette guerre. Le Kremlin s'évitant ainsi une forme de défaite politique, militaire et idéologique dans tout le narratif construit autour de son "opération militaire spéciale". Les concessions peuvent se limiter à ne rien réclamer de plus. L'espoir russe étant qu'en parallèle les occidentaux par peur d'une guerre avec la Russie (Trump en tête) fassent pression sur l'Ukraine. -
Guerre Russie-Ukraine 2022+ : géopolitique et économie
Pol a répondu à un(e) sujet de Skw dans Politique etrangère / Relations internationales
Oui et la position de Trump c'est je n'ai pas de raison d'imposer des sanctions à la Russie tant que des membres de l'Otan achètent du pétrole à la Russie. Côté Orban, c'est reçu 5/5. Donc la boucle est bouclée, Trump ne fera pas ses sanctions, non pas qu'il ne le souhaite pas, mais ce n'est pas de sa faute, c'est l'hypocrisie européenne. Bref comment ne pas assumer une politique pro-russe? Que ce soit Orban qui passe son temps à combattre l'UE et l'ensemble de ses alliés dès lors qu'on lève le petit doigt contre la Russie et Trump qui botte en touche depuis bientôt 1 an dès qu'il faut sanctionner la Russie, avec de tels alliés au service de Poutine, l'occident n'a pas besoin de faire la guerre à Moscou, elle se fait la guerre toute seule. On arrive à des situations ou les coupables et va t-en guerre sont les européens qui soutiennent l'Ukraine et ceux qui veulent la paix sont ceux qui veulent qu'on offre la victoire à la Russie. Offrons leur les sudètes, on s'évitera la guerre... -
Guerre Russie-Ukraine 2022+ : géopolitique et économie
Pol a répondu à un(e) sujet de Skw dans Politique etrangère / Relations internationales
L'objectif des russes est de jauger la réaction de l'Otan. Ils savent très bien qu'on ne va pas entrer en guerre pour cela, mais ils verront bien le niveau de solidarité et d'implications des uns et des autres dans la défense "collective". Il ne faut pas prendre cela à la légère, car du côté russe on va se persuader par exemple qu'en attaquant un pays de l'Otan, les USA (de Trump) ne bougeront pas et qu'en Europe on ne veut pas faire la guerre, on ne veut pas y mettre les moyens. Déjà en 2022, Poutine et ses services avaient très mal anticipé la réaction occidentale, pour eux l'occident allait sans doute râler, gesticuler mais ne ferait rien pour s'opposer militairement à la Russie, surtout que l'Ukraine n'était liée à aucune alliance. Il faut bien comprendre qu'à Moscou, l'Europe est prise de haut, que sans les USA, l'Otan et l'ensemble de la puissance militaire occidentale ne fait pas le poids. Voir Washington en retrait, hésitant, voir hostile envers les européens, c'est de la jouissance qui va leur donner des espoirs pouvant les amener à entreprendre des actions insensées car justement ils auront crus qu'en face nul ne voudra faire la guerre à la Russie. Les russes vont donc pousser encore et encore plus loin jusqu'à ce qu'ils atteignent le point de bascule. Soit ce sera celui ou ils verront qu'en fait l'Otan se met en ordre de marche dans sa défense collective et que finalement les USA interviennent, mais dans tous les cas ça restera sur une posture défensive et dans ce cas tant pis, ils arrêteront les provocations. Soit ils verront que Trump ne cherche pas du tout à intervenir, mettant les USA hors jeux, que les européens en dehors du symbole ne répondent pas plus que ça, dans ce cas effectivement il faut craindre que les russes voient une fenêtre d'opportunité. S'ils visent la Pologne ou la Roumanie, ce n'est pas que c'est ce qu'ils ont dans le viseur. Du côté russe, ils se disent que "si l'Otan ne se bouge pas pour un pays comme la Pologne, pourquoi devrait-elle se bouger pour la Lituanie par exemple?". -
Guerre Russie-Ukraine 2022+ : géopolitique et économie
Pol a répondu à un(e) sujet de Skw dans Politique etrangère / Relations internationales
Autre élément à prendre de plus en plus en compte, celui ou la Russie est de plus en plus touchée sur son sol. Si jusqu'il y a peu encore les russes étaient laissés dans une forme "d'isolement" (le conflit se déroulant en Ukraine) c'est de moins en moins le cas. Les ukrainiens ont entrepris une politique qui cherche à augmenter considérablement les frappes sur le territoire russe, ceci à plusieurs milliers de km. Si à un certain moment les occidentaux pouvaient imposer avec les missiles livrés diverses restrictions à l'usage (une certaine zone, certaines cibles...) les drones et missiles sont désormais pour la plupart ukrainiens et donc sans limites. La question énergétique en Russie actuellement et dans la suite de la guerre n'est pas juste de connaitre le cours du baril ou les sanctions, c'est aussi la capacité de la Russie à pouvoir produire, transformer et exporter ses ressources énergétiques. Les attaques ukrainienne vont être de plus en plus nombreuses et les cibles énergétiques ne manquent pas, on le voit avec les raffineries depuis un certain temps. -
Guerre Russie-Ukraine 2022+ : géopolitique et économie
Pol a répondu à un(e) sujet de Skw dans Politique etrangère / Relations internationales
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Guerre Russie-Ukraine 2022+ : géopolitique et économie
Pol a répondu à un(e) sujet de Skw dans Politique etrangère / Relations internationales
Oui et non. En 1870, nous avions été vaincu totalement. On oublie que les prussiens ont encerclés Paris, qu'ils traversaient Orléans et se dirigeaient vers Lemans On est au final dans une capitulation ou le vainqueur impose ses choix mais sans aller non plus dans une forme d'humiliation, d'une occupation complexe de territoires difficiles à administrer, sécuriser avec un risque de révoltes, de troubles. On pousse celui d'en face à accepter et officialiser des pertes plus faibles mais qu'il ne contestera plus alors qu'il est dans une situation pire que cela. En 1918, bien qu'on puisse admettre une défaite allemande, elle est très loin de notre situation en 1870. L'Allemagne concède sa défaite mais elle n'a jamais été en situation d'échec et mat. Le traité de Versailles fait suite à un armistice (c'est à dire un cessez-le-feu) et non une défaite militaire totale. De notre côté nous l'acceptons car cette guerre on ne voulait pas la continuer jusqu'à Berlin comme on l'a ensuite observé en 1945. Dans cette situation les allemands savent bien entendu qu'ils devront faire des concessions, mais elles sont forcément moindres qu'en cas de défaite totale dans laquelle elle se serait peut-être retrouvé mais après quoi? 3 ou 4 ans de guerre de plus? Qui voulait continuer cette boucherie? Ce n'est pas pour rien qu'à l'époque, l'opinion allemande ne comprenait pas et n'acceptait pas la défaite, tant de sacrifices et surtout pour une guerre dont les ravages se faisaient chez les autres (ce n'est pas en 1918 qu'on pouvait raser Dresde). Le traité de Versailles qui voyait l'Allemagne mis à la botte des vainqueurs ne passait pas, voir des territoires allemands passer du côté français, polonais, belge ou néerlandais, une incompréhension. Voir l'armée se faire réduire à peau de chagrin alors qu'elle était encore et sans doute la 1ère du monde (on avait du monde à nos côtés et les allemands étaient sur deux fronts bien séparés jusqu'en 1917 et la mise hors jeu des russes), ça n'est jamais passé. Et nous on voulait encore lui faire payer un max et faut dire ce n'est pas notre comportement dans la Sarre qui aura été bienfaiteur. Dans le cadre de la guerre en Ukraine, il est vain de penser que l'Ukraine se retrouve dans la situation de la France en 1870 qui a été une guerre éclaire et a amené notre pays à une défaite totale. On est bien plus dans une guerre d'un modèle 14-18 ou ça se finira par un cessez le feu puis des négociations ou en une situation d'un cessez le feu sans négociations, une guerre stoppée mais sans paix avec des tensions permanentes et une militarisation persistante comme en Corée. Le problème de Moscou c'est qu'ils cherchent une capitulation ukrainienne comme ils ont pût l'obtenir de l'Allemagne en 1945 (avec leurs alliés!). Ils n'acceptent pas l'idée de devoir s'arrêter sans obtenir cette situation ou ils pourront obtenir tout ce qu'ils veulent. Je l'ai déjà dit, mais pour Poutine, arrêter la guerre sur les positions actuelles, c'est une défaite (incapacité d'atteindre les objectifs fixés, incapacité à poursuivre l'offensive etc...), même si de notre point de vue on se dit qu'ils ont déjà pris pas mal de territoires. Un cessez-le-feu aujourd'hui c'est mettre l'Ukraine et la Russie à un même niveau sur les négociations de paix, donc qu'on doit s'attendre à ce que la Russie fasse des concessions si elle veut obtenir des concessions en face. La Russie ne veut pas cela et s'obstine à poursuivre la guerre en pensant encore atteindre un point ou les ukrainiens lèveront le drapeau blanc et cèderont bien plus encore que ce que la Russie est en position d'exiger dans les conditions actuelles. Pour nous la question n'est pas d'amener la Russie à capituler, elle n'est pas non plus à vouloir pousser l'Ukraine jusqu'à Moscou, c'est d'amener la Russie sur un blocage militaire (et sincèrement on y est déjà presque) pour qu'elle comprenne qu'il n'y a pas plus à espérer en continuant cette guerre de cette façon. Pour se faire il faut également que derrière ce blocage militaire sur le terrain, on donne aux ukrainiens de quoi plomber l'économie russe et de lui maintenir le même genre de frappes en profondeur que les russes réalisent en Ukraine. Les sanctions sont également un problème qui va jouer dessus et qui servira de carotte (concession) qu'on donnera aux négociations. La Russie n'est pas dans cette situation de supériorité militaire qu'elle aimerait être et dans laquelle elle se baigne idéologiquement. On poursuit la guerre pour éviter d'arriver dans cette situation de négociations de paix ou il faudra faire des concessions pour retrouver une normalité (très progressive) avec l'occident, pour officialiser des gains territoriaux, etc. Ou si en cas d'absence ou d'échecs des négociations, bien que le front puisse se geler sur les positions, il imposera à l'armée russe d'y maintenir une part significative de ses forces (peut-être des décennies comme en Corée) au détriment d'autres zones/ambitions, de maintenir les tensions, les sanctions avec l'occident et l'Ukraine. -
Guerre Russie-Ukraine 2022+ : Opérations militaires
Pol a répondu à un(e) sujet de Alexis dans Politique etrangère / Relations internationales
Le truc c'est que de nombreux "ponts" sont aussi des barrages qu'il n'est pas simple de détruire de manière définitive. L'effet est naturellement logistique, ça perturbe grandement le flux normal de circulations. Mais c'est comme du côté de Kherson, pour véritablement "détruire" un pont il faut y aller avec plus qu'un drone ou même un missile. Souvent la destruction efficace d'un pont passe par la pose de charges explosives sur des endroits clés. Comme le pont de Crimée, un camion bourré de 23 tonnes d'explosifs, le pont a été reconstruit. Alors un drone Shahed, c'est du genre à endommager le revêtement, mettre le pont sous restauration quelques jours et puis ça repart ensuite. Pour les russes il faudrait frapper l'ensemble des ponts sur le Dniepr de manière permanente et quotidienne pour en tirer véritablement l'effet de "rupture" logistique sur eux. Car derrière les ukrainiens vont réparer (même de manière rapide en attendant des travaux plus lourd, comme avec les voies de chemin de fer. Les occidentaux pourraient donner des équipements comme des ponts flottants, des ponts Bailey qui pourraient être suffisant sur certains points réduit comme au niveau des barrages, il y aura un renforcement de la défense aérienne sur ces zones. Dans la situation actuelle, même si sur une carte on se dit qu'il suffit de les frapper pour que l'Ukraine soit coupé en deux, dans les faits c'est un peu plus complexe que ça. Pour Moscou une attaque massive sur les ponts doit servir pour un moment donné, c'est le genre de truc justement qu'ils auraient pût faire au début du conflit, sauf que leur objectif était de prendre toute l'Ukraine et non seulement la partie Est du fleuve et encore moins juste de 4 oblasts. Le faire aujourd'hui serait un signe qu'ils abandonnent définitivement l'idée un jour de passer à l'Ouest du fleuve. Je pense que du côté du Kremlin l'idée reste présente, si les ponts peuvent perturber la logistique militaire dans un sens (même si aujourd'hui on n'est plus trop dans l'idée d'envoyer des milliers de blindés) ils sont également très "utile" pour permettre l'évacuation des civils. Il ne faut pas s'en cacher, le dépeuplement de l'Est de l'Ukraine est également une stratégie à défaut d'avoir réussi sa capture en 2022. Les russes aujourd'hui ne sont plus à sauver des russophones en Ukraine, planter des drapeaux sur des villes et villages sans habitants est pour eux la même chose, révélant de facto la vraie nature territoriale de cette opération militaire spéciale. Par contre ces ponts doivent également être regardé dans l'autre sens. Pour les ukrainiens c'est la ligne ou ils pourront bloquer les russes dans l'hypothèse d'un effondrement militaire (ce qui est très peu probable). Les ukrainiens pèteront ces ponts s'il le faut, les russes sauf à envisager de nouveau une incursion depuis la Biélorussie, resteront sur cette frontière naturelle, l'Ukraine ne cessera pas d'exister. Mais l'effet de surprise de 2022 n'est plus d'actualité, masser à nouveau des forces bien plus conséquentes qu'en février 2022 en Biélorussie, repasser par des zones complexes ou l'on sait qu'ils ont déjà été mis en grosses difficultés logistiques (par des ponts, des marécages, forêts...) avec cette fois-ci des ukrainiens "prêts" sur cette zone avec du minage et autres , faut pas trop rêver. Il y a plus de chances de voir avant cela une conquête russe de la Biélorussie (chose qui est très certainement sur la table de Poutine). Mais revenons sur les réalités du moment, la Russie est dans une très grande difficulté pour ne serait-ce prendre ses 4 oblasts. On est loin de voir les ukrainiens s'effondrer et laisser le pays à l'Est du fleuve aux russes. -
Opérations au Mali
Pol a répondu à un(e) sujet de pascal dans Politique etrangère / Relations internationales
Le Sénégal connait de plus en plus de problèmes à sa frontière avec le Mali, on renforce la présence militaire, on fait des opérations, on voit venir des réfugiés, on impose des restrictions de circulation aux motos, des enlèvements etc. Mais rappelons que la diminution des forces françaises au Sénégal est de notre fait, depuis des années (bien avant toutes les remises en question de notre présence). Notre projet était d'y laisser une centaine d'hommes (comme dans d'autres pays). Une force minimaliste ou on disait c'est soit ça soit rien. Dans un contexte "populaire" (on ne va pas revenir sur toute la propagande derrière) qui se faisait contre nous, il n'y avait aucun avantage politique pour le pouvoir en place de laisser une présence symbolique de la France, bien au contraire, il aurait pût profiter d'un petit gain populaire (mais en fait, pas vraiment). -
Venezuela
Pol a répondu à un(e) sujet de tharassboulbah dans Politique etrangère / Relations internationales
Je pense comme certains que le narcotrafic est une excuse. Le Venezuela est un pays riche en pétrole avec de nombreuses réserves que Trump pourrait bien avoir l'idée d'en prendre le contrôle d'une certaine façon. Il ne s'agit pas forcément de refaire une invasion comme en Irak, mais d'agir d'une façon à pousser un changement de régime afin d'obtenir un deal. C'est aussi l'occasion pour les américains de prendre un pied militaire dans la zone. Quand je regarde une carte, je vois cette presqu'île avec la ville de Punto Fijo (voir ci-dessous) Sur ce territoire on retrouve d'importants terminaux pétroliers, il y a un aéroport, un port. Elle est à la portée d'un débarquement de quelques milliers de marines et ils pourront derrière renforcer cette tête de pont. Elle est facilement défendable en raison de ce mince couloir qui comprend notamment des ponts. Les américains en prenant cet endroit (ce qui suppose au préalable une opération de frappes sur certains moyens militaires du Venezuela) pourraient par ailleurs exercer un blocus important sur l'exportation du pétrole des terminaux pétroliers qu'ils auront mais aussi des autres ports (de toute façon on sera dans un scénario militaire, donc le trafic civil sera interrompu). Du côté de Trump on va parier sur une asphyxie du pays pour obtenir un deal qui verra la sanctuarisation d'une base américaine sur cette presqu'île puis d'offrir l'exploitation pétrolière aux entreprises américaines, leur laissant presque carte blanche. Ce deal, il y a bien moyen que Washington le fasse passer comme bénéfique au Venezuela en laissant l'idée que l'augmentation de la production pétrolière (grâce à eux) va enrichir le pays et que les américains les aideront à lutter contre le narcotrafic. Bien sûre il semble assez incertain que ce soit Maduro qui signe un tel deal, c'est pour ces raisons qu'il faut s'attendre à ce que ça dure un petit peu plus longtemps ou que les américains aillent jouer clairement sur sa "complicité" pour légitimer sa liquidation. La pression se fera, l'appel et le soutien à l'opposition. Comme toute aventure militaire, il y a des chances (nombreuses) que le plan ne se passe pas comme prévu et que l'engagement américain s'étende et s'intensifie. Nous ne sommes pas au Moyen-Orient ou en Afghanistan, les USA sont presque à côté de chez eux, ils ne sont actuellement engagés dans aucun conflit qui va limiter leurs moyens, ils ont toute une armée "disponible", un pouvoir qui cherche à dominer et parle même ouvertement d'annexions et on vient de faire passer le département de la défense en département de la guerre (mais c'est juste pour le symbole...). -
Guerre Russie-Ukraine 2022+ : géopolitique et économie
Pol a répondu à un(e) sujet de Skw dans Politique etrangère / Relations internationales
On va (toujours) dire que nous ne sommes pas "prêts", que nous sommes impuissants et vulnérables en laissant croire que ceux d'en face sont dans la situation inverse. Mais la vérité c'est qu'actuellement même les russes et les ukrainiens ne sont pas prêts, entendons par là qu'ils n'ont pas la "parade" pour éviter les pertes, pour avoir des véhicules capables d'évoluer dans un environnement qui grouille de drones. Pendant qu'on s'interroge de savoir si nos blindés ont une protection antidrones pour en conclure qu'en son absence, nous ne sommes pas prêts à la guerre "moderne", les russes eux, en pleine guerre et subissant réellement cette menace s'équipent de motos et de voiturettes venant de Chine pour équiper leurs unités d'assaut en première ligne... Les russes et les ukrainiens, ce n'est pas parce qu'ils utilisent des drones en masse qu'ils ont également les solutions pour s'en protéger. Je le dis toujours, nous ne sommes pas et ne serons jamais prêts à la guerre. On fera toujours avec ce qu'on a à l'instant T et croire qu'un jour on va se dire "on est prêt" n'arrivera jamais. Le "besoin" réel de la guerre dans laquelle on sera engagé se révèlera pendant la guerre elle même et ne sera jamais à ce quoi on s'était préparé et équipé. Ceci est une réalité pour tous les pays du monde et c'est ce qui fait que chaque guerre est un saut dans l'inconnu que rien n'est écrit par avance. Les russes étaient déjà convaincu d'avoir gagné avant d'entrer en guerre, ce qui a conduit à de nombreuses erreurs et à la situation actuelle ou il lui est difficile de sortir du conflit la tête haute avec des objectifs initiaux très loin d'être atteint (on se bat aujourd'hui pour des objectifs secondaires). Les russes ne sont pas plus prêts à affronter l'otan que nous sommes prêts à les affronter. Je pense que l'invasion en Ukraine a tout de même mis un coup de réalisme aux russes sur leurs capacités militaires, posant leurs limites non pas contre l'Otan, mais contre un pays qui en janvier 2022, sur le papier, n'avait rien de formidable, 200 000 militaires, une marine quasi inexistante, une aviation très faible et vieille ou ce qui faisait le plus peur aux russes c'était l'arrivée du TB2 (avec le conflit du Haut Karabagh en tête), une armée de terre du vieux matériel soviétique dont une grande partir dans un état opérationnel plus que douteux. On va le redire mais très peu de monde n'aurait parier sur une résistance ukrainienne qui dépasserait les quelques semaines, y compris dans les grandes capitales occidentales. Une guerre aurait été comme les américains en Irak en 2003 avec même derrière un fort risque de non combattivité générale (comme pour la Crimée en 2014). Les ukrainiens sur le papier n'étaient pas du tout prêts à une guerre face à l'armée russe, pourtant c'est bien la guerre qui a amené aujourd'hui à ce que l'armée ukrainienne soit la première armée d'Europe en volume humain et sur un aspect terrestre. La guerre pousse les nations à réaliser des mesures nouvelles et importantes, elle pousse à se transformer et à s'adapter. Bien sûre qu'on aime toujours se donner un idéal d'armée, qu'on aimerait toujours avoir ceci ou cela et ou de toute façon on n'aura jamais assez de tout. Aujourd'hui on va dire que ce serait bien d'avoir 20 SAMP-T par exemple, mais je peux vous l'assurer que si un jour on en aura autant, on se dire qu'avec 30 on sera mieux. C'est un peu comme le 2e porte-avions, plus que nécessaire aujourd'hui, si on en avait 2 on dirait que si on veut une permanence à la mer toute l'année, il en faudrait au moins 3. En attendant du côté américain on s'inquiète d'en avoir plus que 10. Le monde militaire est un puits sans fond qu'on ne pourra jamais remplir. On fera toujours la guerre dans une situation qui n'est pas optimale, suffisante et parfaite. Je ne dis pas qu'il faut négliger la défense anti-drones et anti-aériennes en général, ni qu'il faut négliger les munitions ou d'autres choses, je dis qu'il ne faut pas se mettre dans la tête qu'on va faire la guerre dans des conditions initiales parfaites. Qu'il ne faut pas se dire qu'en raison de manques ou de faiblesses dans telle ou telle domaine on doit se sentir incapables ou battus par avance. Dans le domaine des drones, on voit bien que c'est un secteur qui peut très vite monter en puissance si besoin. Mais ne comparons pas notre situation à celle de l'Ukraine ou de la Russie qui "consomme" un maximum de drones car ils sont en guerre. Ces 2 pays n'ont pas commencé la guerre avec des millions de drones en stock et ils avaient au départ de la guerre sans doute une industrie moins importante que ce qu'on a actuellement en France pour produire les FPV et autres. En cas de guerre on fera nous aussi nos adaptations sociétales et économiques pour faire face à la guerre. Mais ce qui est sûre, c'est que nous ne sommes pas dans la situation ukrainienne, une guerre contre la Russie pour la France, c'est celle d'un contingent qu'on va envoyer à l'Est et je pense qu'il y a très peu de monde sérieux qui vont dire que les russes arriveront en Champagne pour imposer à notre pays la même pression qu'elle exerce en ce moment sur l'Ukraine. Les russes galèrent déjà en Ukraine, non pas pour prendre tout le pays, mais pour prendre ne serait-ce qu'une ville comme Pokrovsk. Je suis le premier pour dire qu'il faut mettre en échec la Russie dans sa guerre en Ukraine, le premier à dire qu'il faut se méfier des ambitions démesurées de leurs dirigeants, mais je suis aussi le premier à dire (depuis des années) que l'armée russe a de nombreuses limites. Même si demain le conflit en Ukraine s'arrête sur les positions actuelles, les russes vont devoir maintenir une part significative de leur armée sur cette zone car elle fera toujours face à l'imprévisibilité d'une armée ukrainienne qui n'est pas à négliger. Moscou ne va pas désengager toutes ses forces de l'Ukraine pour les concentrer et envahir les pays Baltes, le risque d'un double front est plus que réel et en vérité on est dans une situation géostratégique ou l'Otan peut amener l'armée russe à s'étendre de manière importante et sur plusieurs endroits. De la Finlande jusqu'à la Crimée et il faut qu'on considère bien les ukrainiens comme nos alliés, qu'il ne faut pas les abandonner ou les négliger dans la perspective de la défense européenne/otanienne face à la Russie. Cette armée ukrainienne n'est pas et ne sera pas hors jeux, même si c'est le désir et la volonté de Poutine. Elle ne sera pas non plus isolée de l'occident, même si là aussi c'est son souhait. -
Guerre Russie-Ukraine 2022+ : Opérations militaires
Pol a répondu à un(e) sujet de Alexis dans Politique etrangère / Relations internationales
Ce ne sont pas non plus des FPV "classiques" (genre quadcopters), c'est plus un genre de switchblade mais en version longue portée. Le truc intéressant c'est que ces drones visent systématiquement des cibles de valeurs. On est sur les radars, les systèmes S-300/400, des aéronefs. Ils ne sont pas envoyés au hasard pour venir toucher le premier truc intéressant qui se présente, ça suit un renseignement d'identification des cibles qui pourraient bien provenir des appareils de l'Otan qui tournent autour de la Crimée. -
Moi ce qui me surprend c'est que dans le conflit ukrainien, nous ne voyons pas plus de pick-up que ça. Quand on voit le volume de forces, le besoin de mobilité, de moyens de transport, je trouve qu'il y a encore un énorme système D pour les troupes. Entre récupération de diverses voitures, motos ou autres qu'on va récupérer (voler) sur place, j'ai l'impression que le reste provient surtout de dons collectés par des particuliers et parfois bricolés sur place. Vous pouvez avoir des véhicules adaptés (type 4x4) dans ces dons, mais vous pouvez aussi avoir des Lada d'un autre temps, des BMW et d'autres engins qui le sont beaucoup moins et dont l'état technique ne permet pas de durer longtemps. C'est parfois de l'échantillonnage qui sera médiatisé mais dans le fond on reste sur un segment oublié et négligé dans cette guerre, des deux côtés. Les russes qui vont investir dans des motos et les véhicules de type voiturette de golf en mettant en avant la recherche d'une meilleure mobilité, c'est avant tout pour fournir de la mobilité à des troupes qui n'avaient plus que ses jambes pour se déplacer. Les blindés se faisant rares pour équiper tout le monde (ce n'est pas un "choix" de ne plus les utiliser), les troupes souvent laissées à l'abandon se retrouvait à utiliser tout et n'importe quoi, de l'âne (on a même vu un dromadaire) au vélo, de la trottinette électrique au tracteur. Il n'y a pas vraiment des États qui financent et envoient massivement des véhicules de type pick-up par milliers (je ne parle pas forcément de véhicules pour prendre d'assaut les positions ennemies) Quand on voit par exemple en France notre VT4, qu'on transformait (le véhicule étant importé) au rythme de presque 1000 par an, je me dis que ce genre de véhicule aurait toute sa place dans le conflit ukrainien. Sans même à aller jusqu'à notre propre configuration, faire juste un minimum de modifs. Technamm qui fait son Masstech pourrait lui aussi atteindre une bonne cadence de livraisons. On pourrait de manière transitoire commencer par refourguer les 1000 Ford ranger et nos Masstech par exemple pour derrière commander du neuf (VT4) pour nous. Puis on pourrait dégager les VT4 du premier standard.
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Guerre Russie-Ukraine 2022+ : Opérations militaires
Pol a répondu à un(e) sujet de Alexis dans Politique etrangère / Relations internationales
On voit pas mal de ces drones avec imagerie IR qui frappent particulièrement la Crimée depuis quelques mois, qui sait de quel modèle il s'agit? Car on reste sur un guidage de bout en bout avec une certaine maniabilité qui va parfois à plusieurs centaines de km.