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Recrutement, GRH, société et organisation militaire


Tancrède

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Les historiens s'accordent à dire aujourd'hui que dans les derniers temps de l'empire, les légionnaires avaient rompu les formations et se battaient en individuel.

Les historiens ne s'accordent sur rien du tout sur cette période de l'antiquité tardive; et quels derniers temps? L'Empire romain se porte très bien et son armée encore mieux au Vème siècle, même s'il ne s'agit "que" de l'empire d'Orient. Le modèle de l'armée tardive est excellent et se porte encore bien, y compris en occident, jusqu'à l'effondrement brutal des décennies 410-420, date à partir de laquelle il n'y a rapidement plus d'armée à l'ouest parce qu'il n'y a plus d'Etat et de collecte de l'impôt stable. C'est juste qu'à l'époque, les barbares n'étaient plus si barbares, et le différentiel entre leurs forces et celles des romains n'était plus le même.

Pour la note, va voir le sujet sur l'antiquité tardive, parce que tu as dit en 2 lignes quelques énormités sur cette armée romaine tardive il est vrai mal connue. Cette armée n'a jamais promu le combat individuel.

Il y'a eu des recherches menées sur les facteurs d'efficacité des employés en entreprise qui ont fait ressortir que le salaire est un "Hygiene Factor": il fait baisser la motivation si il est trop bas, mais l'augmenter n'améliore pas la satisfaction passé certain seuil.

En somme, il est complètement vain d'espérer attirer des bonnes recrues en augmentant le salaire ou en refilant des goodies. La qualité de l'équipement entre aussi dans les hygiene factors.

C'est ce à quoi je faisais référence aussi; avec cependant la nuance que l'armée n'est pas si complètement comparable en ce qu'elle est aussi, pour une part du vivier concerné, une vocation, un choix qui ne dépend uniquement de facteurs tels qu'un travail civil en procure, avant tout eu égard à 2 notions, le service (qu'il s'agisse du patriotisme, de la dévotion à quelque chose de plus grand, d'un idéal de vie....) et la dangerosité, voire l'idée même du combat.

Mais évidemment, pour une bonne part du vivier, il s'agit aussi d'une carrière, surtout dans l'état de lé société actuelle, plus comparable à cet égard à l'Ancien Régime plutôt qu'au "moment d'exception" que fut cette période allant de la Révolution à la 2ème Guerre Mondiale, avec un niveau de sentiment national exacerbé en occident, combiné aux grandes abstractions/idéaux politiques.

Pour faire plus large sur le salaire/solde, il faut aussi voir un truc:

- le salaire comme motivation est effectivement un facteur très relatif de toute façon, surtout dans un job où il est question de vie et de mort

- mais c'est aussi un facteur qui travaille différemment selon l'âge: des gamins de 17-20 ans, peu éduqués, avec la tête près du bonnet seront peut-être plus convaincus par un salaire décent, en même temps qu'un uniforme cool, des armes qui "crachent" (et les Rayban évidemment), de l'action.... C'est pas une généralisation, mais sur cette tranche d'âge, ces facteurs auront tendance à un peu plus marcher

- à l'inverse, passé 20-25 ans, les perspectives seront un facteur absolument déterminant, quand les gens plus stables cherchent à fonder une famille, à avoir une visibilité, à savoir où ils pourraient être dans 10 ans.... Plus le niveau d'instruction augmente, plus c'est catégorique

- et de toute façon, quel que soit l'âge, entre 17 et 30 ans, les bons candidats auront tendance à privilégier ces facteurs de la visibilité et des perspectives: ce sont ceux qui réfléchissent au-delà de l'instant présent, qui savent quelles sont les illusions à éviter, et qui cherchent à détecter les arnaques. C'est le problème avec les bons profils: ils sont plus malins.... C'est pour ça qu'ils sont bons  :lol:. Et ils seront les premiers à se barrer où même à ne pas intégrer l'armée si les perspectives ne sont pas réelles.

Les questions deviennent donc?

- quel est le "soldat souhaitable" pour l'armée du futur?

- dans quelle organisation tactique/humaine/hiérarchique face aux évolutions militaires, aux constantes éternelles, aux changements technologiques?

- comment élargir le vivier de recrutement pour refaire de l'armée un creuset de toute la société (pas nécessairement représentatif en proportions, mais couvrant un plus large spectre) et taper dans le "qualitatif"?

- quelle formation, quel entraînement, quel parcours? J'ai déjà en partie répondu à ces questions sur le sujet des structures de rang (notamment via l'exemple romain), mais aussi celui des "nanas au combat"

Il n'y néanmoins une différence avec les exemples que tu as cité, c'est qu'on est sous la très mauvaise influence de l'hégémonie US. Une réforme viendra sans doute d'abord de ce cot

Ca dépend en fait effectivement des USA, mais pas si facilement que ça: tout dépend de combien de temps les USA pourront maintenir ce modèle économique/technologique/tactique/politique. Les Etats européens, dans l'état actuel de leur défense et de leurs possibilités (surtout en terme de volonté), pourront-ils suivre longtemps? Ou bien seront-ils obligés de lâcher cette course illusoire et de réfléchir bien avant que le lobby militaro-industriel US ne soit battu en brêche dans son fonctionnement, tout connement parce que ces mêmes Etats européens continueront à avoir la contrainte de maintenir des effectifs en OPEX à l'année?

Mais c'est clair que le premier à réfléchir sera celui qui se prendra une énorme claque (façon 40), peu probable en l'état, ou plus vraisemblablement celui qui connaîtra le premier la pénurie. Evidemment, faut pas non plus rêver du grand soir de la réflexion, mais plutôt d'une période de 10-20 ans où l'essentiel des conclusions seraient tirées. La pénurie rendra intelligent.

Vu les coupes annoncées en Angleterre, faudrait peut-être attendre un premier pas de ce côté là.

D'ailleurs a propos des guerres napoleoniennes, le tiers de l'infanterie était envoyée en avant en tirailleurs et c'était de l'infanterie de ligne régulière, pas des unités spécialisées ou de l'élite.

Attention, une partie significative de l'infanterie napoléonienne était faite de bataillons d'infanterie légère spécialisée (entre 1/4 et 1/3), pas de bataillons de ligne. De même, chaque bataillon de ligne avait une compagnie de grenadiers et une de chasseurs (légers), cette dernière servant à encadrer le déploiement en tirailleur de compagnies régulières pendant une bataille.

Mais c'est, il est vrai, une spécialité française que seuls les Autrichiens pouvaient faire aussi (même si en des proportions inférieures). A noter qu'il s'agit aussi d'une spécialité française qui a son intérêt sur le sujet: les bataillons de chasseurs prenaient des candidats qui souvent n'avaient pas la taille requise pour intégrer le ligne, et se seraient donc trouvés refusés à l'armée bien souvent. C'est un cas particulier d'élargissement du vivier de recrutement sur un seul critère; les tirailleurs (appellation du soldat dans les compagnies standard des bataillons de chasseurs), et plus encore les voltigeurs (1 compagnie par bataillon) étaient de tout petits gabarits. De même, ces bataillons avaient tendance à taper dans un autre vivier que la Ligne n'appréciait pas: ceux qui avaient du mal avec la discipline militaire extrêmement rude des régiments de ligne, pouvaient agir plus indépendamment et moins conventionnellement. C'est une anecdote charmante, pittoresque et propre à faire des séries télé quand ça concerne 2 ou 3 régiments comme dans l'armée anglaise, mais ça devient une vraie option tactique et militaire (et donc de recrutement et d'entraînement) quand, comme dans l'armée française, ça concerne entre 1/4 et 1/3 de l'infanterie.

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Pas "la plupart": un nombre significatif peut-être, mais une bonne partie de ceux qui y servaient utilisaient aussi ce biais pour immigrer dans l'empire et ne retournait pas "au pays". Il y en avait cependant suffisamment pour encadrer un peu. Mais c'est surtout en terme de structuration que la chose est importante: aux IIIème-IVème siècle, les peuples celto-germaniques dits "barbares" ont opéré des concentrations et intégré de nouveaux acteurs (ceux venus d'Europe du nord): ce sont des ligues de peuples divers, pas tous germaniques ou celtes, plus ou moins permanentes et non plus des regroupements ponctuels pour un raid. Sous le Haut Empire, il n'y eut guère que les Daces et les Marcomans à constituer une telle menace pour Rome, notamment sous Auguste, une première fois, puis sous Marc Aurèle, dernier empereur à devoir déclarer le "Tumultum" ou conscription/mobilisation forcée et massive de tous les citoyens capables de porter les armes, et des esclaves volontaires.

Aux IIIème-Vème siècles, les ligues de peuples sont tout connement plus nombreuses et vastes et sont devenues la règle et non pas l'exception, alors même que les menaces permanentes (principalement les Parthes/Perses) n'ont pas disparu. L'Empire plafonne en terme de capacité à traiter simultanément des menaces importantes sur plusieurs frontières éloignées. Et c'est dans ce contexte qu'arrive la défaite ponctuelle de la campagne d'Andrinople (376-378), une pure défaite de commandement imputable à l'empereur Valens seul, et qui saigne le comitatus des Balkans au mauvais endroit et au mauvais moment, résultant en une installation permanente d'un peuple wisigoth à l'intérieur des frontières, à la jonction des 2 empires. L'Orient s'en remettra vite sous Théodose, mais l'occident subit au mauvais moment une guéguerre intestine à sa tête avec l'assassinat de Stilichon (s'il y a un homme qui aurait pu à lui seul changer le cours de l'Histoire, c'est lui) dans le même temps où une vaste coalition autour des Vandales passe le Rhin gelé. Avec des troupes goths en Italie (comme "alliés" à côté desquels il faut maintenir des troupes romaines), un domaine goth théoriquement inféodé sur la frontière nord est et une menace sur le Rhin, l'occident ne peut faire face à la mobilisation nécessaire, et le cycle de la chute est lancé.

En aucun cas ce n'est du à une supposée décadence de l'armée romaine.

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Au départ l'assimilation des barbares dans les légions c'est très bien déroulée, mais les guerres interne on finies par prendre une telle empleur que les troupes du mure d'Adrien ont été rappelée à Rome. Les historiens ont crue durant très longtemps que le passage du mure avait été fait en force par de nombreuses tribues coalisée. Mais en réalité, les légion ont habandonnée les populations à elle même pour rentrer à Rome mettre de l'ordre.

Après c'est le début de la fin.

Il ne faut pas non plus se voiler la face. A un moment, la plupart des généreaux de ce qui restait de l'empire étaient devenu des barbares, voir des rois barbares qui se faisaient la guerre entre eux.

Il est arrivé un moment dans l'empire tardif où le terme de général se distribuait comme des cadeaux bonux en fonction du nombre de barbares plus ou moins transformé en légion que tel ou tel chef apportait. Euric le chef des Wisigoths qui mit officiellement fin à l'empire romain en déposant Romulus Augustule avaient même le titre de général romain si mes souvenir sont bon.

Même Clovis avait un grade dans l'armée romaine.

On était très loin des légions de César. Par ailleurs, la garde prétorienne est devenue une armée privée monumentale au faire et à mesur que les empreures craignaient leur nouveaux généreaux. L'un des moments significatif, c'est la construction des muraille de Rome pour faire face aux pillages.

Là pour le coup, on revient au sujet, car Rome a formée pas mal de barbares qui l'ont combattue par la suite. Tellement que c'est l'unes des nombreuses raisons qui ont causée sa chute. On peut alors se poser des questions sur la capacité des légions de Rome à attirer les bon profil, à les assimiler et à les garder. Et là on revient au débat actuel. ^^

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Au départ l'assimilation des barbares dans les légions c'est très bien déroulée, mais les guerres interne on finies par prendre une telle empleur que les troupes du mure d'Adrien ont été rappelée à Rome.

Au moment où les troupes présentes en Bretagne (Angleterre) sont rappelées, les carottes sont déjà cuites; ces troupes n'ont rien de capital en effectifs, et leur rappel est juste le dernier acte d'un court cycle d'événement qui a engagé la chute de l'empire d'occident. Rappelons qu'au même moment, l'empire d'orient s'est déjà redressé des mêmes problèmes en très peu de temps, donc faut arrêter d'essayer de trouver des soi-disants causes structurelles et de long terme à ce qui n'a été qu'un court moment déterminant.

Les historiens ont crue durant très longtemps que le passage du mure avait été fait en force par de nombreuses tribues coalisée

Si tu parles du Mur d'Hadrien, les historiens n'ont jamais rien cru de tel. Et pour le reste du Limès, il n'avait rien d'un mur. Le rappel des troupes de réserve de Bretagne correspond à un rappel des troupes pour le front des Gaules (préfecture dont l'île de Bretagne fait partie) au titre du rassemblement ponctuel du comitatus des Gaules pour faire face à une menace massive et à un mouvement ponctuel de révoltes paysannes. Contrairement aux idées reçues, la Bretagne à ce moment reste romaine et continue à payer l'impôt, le Mur étant encore gardé par les Limitanei et le pseudocomitatus. C'est quand le comitatus n'est jamais renvoyé en Bretagne, tout connement parce qu'à ce stade, l'Etat romain d'occident ne peut plus solder assez d'effectifs, que la Bretagne romaine commence à partir en couille pour de bon.

Il est arrivé un moment dans l'empire tardif où le terme de général se distribuait comme des cadeaux bonux en fonction du nombre de barbares plus ou moins transformé en légion que tel ou tel chef apportait. Euric le chef des Wisigoths qui mit officiellement fin à l'empire romain en déposant Romulus Augustule avaient même le titre de général romain si mes souvenir sont bon.

C'est Odoacre, chef des Hérules (un peuple rattaché vaguement à la confédération connue sous le nom d'ostrogoths) qui dépose le dernier empereur d'occident. Et faut arrêter de dire que c'est la fin de l'empire romain: cette déposition de 476 est un non événement absolu alors, étant donné que l'empereur romain se porte bien dans un empire en bonne santé en Orient.

A partir de 400-410, l'armée romaine d'occident n'existe que comme une réalité déclinante, comme cette partie de l'empire. Faut arrêter les grandes phrases du genre "l'armée romaine disparaît".... Celle d'Orient se porte très bien et n'a même jamais été aussi forte, organisée et bien financée, se préparant à la montée en puissance pour l'apogée justinien et les grandes campagnes de reconquête de l'occident avec entre autres Bélisaire.

Pas la peine de prendre l'armée d'occident entre 400 et 476 comme un exemple de quoi que ce soit; il s'agit d'une zone en guerre civile totale ou partielle permanente, ou l'impôt ne rentre plus que très partiellement et irrégulièrement, où l'économie, pensée à l'échelle impériale, ne peut plus fonctionner qu'au niveau local et donc vivrier. Personne ne peut financer le maintien d'une armée pro dans ces conditions.

Même Clovis avait un grade dans l'armée romaine.

Comme tout foederati, il conservait le titre octroyé aux Francs accueuillis par julien l'Apostat en 359 et établis pacifiquement et efficacement dans la province de Belgique Seconde, alors dépeuplée. Par la suite, le titre est important en ce qu'il est le garant de légitimité reconnu par l'empereur romain (d'Orient), le seul superpuissant du moment et la source de la romanité, et un facteur de légitimité reconnu aussi par la seule force organisée demeurant en occident, l'Eglise, sur laquelle Clovis s'appuie en concluant l'alliance dite "du trône et de l'autel". Le titre de roi (rex) n'était alors qu'une appellation de courtoisie purement traditionnelle et tribale que d'autres chez les Francs portaient aussi.

A cette époque, les grades ne sont pas que des grades militaires: comme dans toute l'histoire romaine, ils sont aussi des titres politiques correspondant à une responsabilité territoriale. Dux (Duc), Comes (Comte).... Sont des appellations militaires, administratives ET politiques.

Par ailleurs, la garde prétorienne est devenue une armée privée monumentale au faire et à mesur que les empreures craignaient leur nouveaux généreaux. L'un des moments significatif, c'est la construction des muraille de Rome pour faire face aux pillages.

Mélange des époques: la Garde Prétorienne a été foutue à l'écart par Dioclétien en 284, et définitivement supprimée par Constantin en 312, soit au moment du 2ème apogée romain, époque où l'armée a fini sa grande réforme et fonctionne magnifiquement pour encore un bon moment en occident (1 petit siècle) et très longtemps en Orient (encore 3 siècles et demie d'efficacité).

Les murailles de Rome sont une construction du IIIème siècle, soit pendant la "grande crise du IIIème siècle", période difficile dont l'empire s'est bien remis.

Evite de confondre les époques en général. La barbarisation de l'armée, qui est l'intégration de contingents barbares entiers (et non sur base individuelle dans le modèle militaire romain) comme part déterminante de l'armée romaine, cette barbarisation donc est un fait qui n'arrive que momentanément dans un premier temps, au lendemain d'Andrinople, et que Théodose enraye (avec la grande vague anti-barbare en occident comme en Orient au tournant des IVème-Vème siècles). Puis, la crise des années 406-410 réduit l'empire d'occident à ne plus pouvoir faire que ça, la capacité de financement long qu'exige une armée pro s'effondrant rapidement pour réduire de plus en plus les troupes proprement romaines en occident. Mais l'armée d'orient se porte alors le mieux du monde, merci pour elle.

Encore une fois, pour ce qui concerne l'occident après 406-410, ça n'a plus valeur d'exemple de quoi que ce soit pour illustrer une supposée décadence militaire: il y a juste un effondrement de l'Etat d'occident qui a pour conséquence la fin progressive de l'armée qui ne peut plus être maintenue. La même armée romaine avec un Etat qui reste slide, en orient, reste au même moment la plus efficace du monde.

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Oui, quand par la suite je parlais du mur d'Adrien et de son rapport au barbares et aux histo, je voulais dire le Limès, je n'étais plus sur la Bretagne. ^^

Et je sais que ce n'était pas un mur à proprement parlé, mais plutôt une suite de palissades et de butes de terre doté d'une tour de guet tous les 5 km si mes souvenirs sont bon. Le but étant de signaler les raids de pillages des barbares par un système de signots pour que la cavalerie légère les choppe avant qu'ils ne repassent la "frontière". Il n'étaient réellement renforcé qu'à certains endroits bien précis.

Pour Odoacre oui, je ne me rappelais plus son nom et je croyais qu'il était rois des Wisigoths.  :oops:

Après pour ce qui est de la continuité de l'Empire romain d'orien, c'est vrai, je te l'accorde. Mais dans l'imaginaire collectif, Rome reste attaché au sort de la ville de Rome. Constantinople c'est une autre histoire. Même si ce que tu dis n'est pas faux.

Sinon, Oui, c'est vrai que sur certains points je confonds sûrement les époques, je suis loin de tout savoir. En tout cas chapeau, tu t'y connais un max en histoire. Ca fait plaisir. =)

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Attention, une partie significative de l'infanterie napoléonienne était faite de bataillons d'infanterie légère spécialisée (entre 1/4 et 1/3), pas de bataillons de ligne.

Tancrède, la ligne était aussi entrainée à agir en tirailleurs bien que l'infanterie légère soit en effet considérée comme meilleure dans ce domaine. Le premier choix de l'infanterie légère n'était pas toujours disponible, surtout en période d'usure importante.

Des régiments voire parfois des divisions entières pouvaient être déployées dans ce ordre. Ce n'était pas une spécialité exclusive de certains régiments (comme l'armée brit) ou même d'une partie de l'armée (l'infanterie légère). Seule l'armée francaise avait cette capacité d'emploi universel de l'infanterie de ligne.

Ma source: http://napoleonistyka.atspace.com/infantry_tactics_4.htm (Skirmishing)

D'ailleurs, mais là ce n'est que mon opinion, une bonne armée se caractérise par le niveau de l'élément moyen et le plus nombreux, pas par une élite sélectionnée parmi un large vivier, bien qu'une élite soit aussi nécéssaire pour ne pas aligner le niveau sur le moins disant et explorer les voies à suivre.

Mais c'est clair que le premier à réfléchir sera celui qui se prendra une énorme claque (façon 40), peu probable en l'état, ou plus vraisemblablement celui qui connaîtra le premier la pénurie. Evidemment, faut pas non plus rêver du grand soir de la réflexion, mais plutôt d'une période de 10-20 ans où l'essentiel des conclusions seraient tirées. La pénurie rendra intelligent.

Vu les coupes annoncées en Angleterre, faudrait peut-être attendre un premier pas de ce côté là.

C'est ce que dit Lind, cité plus haut.

"Dans le combat entre l'argent et les idées, l'argent gagne"  ;)

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La forme de la guerre change. On revient à une période de guerilla, de combat contre-insurrectionnels plus barbare, il n'y a plus de "front", l'ennemi ne respecte aucune règles civilisées (celles qu'on voulaient mettre en place pour éviter les boucheries justement), l'ennemi ne reconnaît pas sa défaite donc pas de notion de victoire synonyme de fin de la guerre, etc... et en même temps on a inventé de nouvelles formes d'interventions pour les militaires : opération de maintien de la paix, maintien de l'ordre (vigipirate), aide et protection des civils en cas de catastrophe... plus moralement acceptables.

Donc l'organisation militaire doit s'adapter et rechercher des soldats plus indépendants, capables de plus d'initiatives, plus polyvalents mais apte aussi à utiliser des outils de plus en plus technologiquement évolués et à acquérir une spécialité de pointe (moins de masse de soldats comme durant la conscription servant de chair à canon et à qui on demandait juste de savoir tirer dans une direction donnée).

Le combat formaté sous forme de Bataillon, sections "normées", etc.. est remplacé par un mélange de compétences diverses coordonnées ensemble.  

 

En même temps, on combat de plus en plus sans voir l'ennemi (artillerie, bombardement aérien, missiles) mais aussi embuscade, mines et IED. Dans ce dernier cas on "combat" sans ennemi du tout, la menace devient permanente ce qui est psychologiquement plus dur qu'une montée d'adrénaline juste avant un combat anticipé. Il n'y a pas de période de repos alterné avec une montée au front, c'est une situation de stress permanent qui nécessite un sas de décompression avant le retour à la vie civile après chaque déploiement.

 

On ne voit plus physiquement l'ennemi. Le rapport au combattant adverse est donc différent.

On ne constate les conséquences du combat que dans son propre camp (morts, blessés) face à un ennemi quasi-invisible.

Et nouveauté, on court même le risque d'être tué par une mine ou un IED posé précédemment par un ennemi que l'on a tué soi-même. C'est flippant.

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Mais c'est clair que le premier à réfléchir sera celui qui se prendra une énorme claque (façon 40), peu probable en l'état, ou plus vraisemblablement celui qui connaîtra le premier la pénurie.

Perso je continue à croir qu'une telle claque est possible sur une armée UE en OPEX.

A chaque déploiement, il y a toujours un côté funambule des militaire UE, obligé de réaliser des numéro de jonglage de plus en plus compliqué. Un jours ou l'autre, quelqu'un va bien finir par tomber sur un os et ce casser la gueule malheureusement.

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Et je sais que ce n'était pas un mur à proprement parlé, mais plutôt une suite de palissades et de butes de terre doté d'une tour de guet tous les 5 km si mes souvenirs sont bon. Le but étant de signaler les raids de pillages des barbares par un système de signots pour que la cavalerie légère les choppe avant qu'ils ne repassent la "frontière". Il n'étaient réellement renforcé qu'à certains endroits bien précis.

Sous le Bas Empire, c'était plutôt un réseau défensif allant de quelques dizaines à quelques centaines de kilomètres de profondeur: pas de barrière réelle la plupart du temps (sauf à quelques endroits), mais des espaces dégagés et défrichés parsemés de tours de guets, de routes rapides et de fortins pour canaliser et filtrer des invasions importantes, et des villes fortifiées de garnisons de plus en plus importantes et espacées sur l'arrière. De plus, sur le Rhin et le Danube, les flotilles fluviales sont très importantes.

Les unités de gardes-frontières (les Limitanei) suffisamment équipées pour s'attaquer aux raids de petite ampleur, monter des raids de représailles et "opérations spéciales", étaient chargées de faire circuler l'info et de flanquer ceux de grande taille en attendant que les unités de pseudocomitatus (la réserve des Limitanei) s'assemble dans le premier rideau de villes de garnisons ou, si l'invasion était plus vaste que ça, que le comitatus lui-même (la réserve mobile d'une préfecture) constitue une task force.

Il y a un débat pour savoir s'il est possible de parler de "défense en profondeur" ou "défense élastique" dans l'organisation de ce dispositif; la notion n'est pas totalement absurde, surtout sur les fronts du Rhin et du Danube; il suffit de regarder l'organisation des implantations de diverses importances et le dégagement des axes naturels d'invasion qui sont conçus comme des pièges de grande ampleur.

Face au léger affaiblissement démographique de l'empire d'occident au IVème siècle, certains de ces espaces frontières sont repeuplés en favorisant l'installation de peuples barbares qui reçoivent le statut de fédérés, et c'est là une politique de recrutement et immigration intéressante en ce que, avant Andrinople et ses conséquences, ce processus est maîtrisé; l'exemple type est l'accueil des Francs saliens en 358-359 par Julien l'Apostat qui leur confie la province de Toxandrie (ou Belgique Seconde). Leurs forces sont alignées sur le modèle militaire romain, avec des paysans soldats et des cadres pros pour former les limitanei de la province, et un contingent de pros pour signer dans le comitatus local.

L'armée romaine tardive ne s'est pas effondrée face à la vague barbare (elle avait cependant un problème de nombre face à l'accroissement qualitatif et quantitatif des adversaires, l'Etat romain ayant atteint un maximum des capacités de financement); c'est l'Etat romain lui-même qui s'est effondré face à cette menace, parce qu'il a connu une de ses crises conjoncturelles (il en avait eu d'autre), et son effondrement a rendu impossible de conserver l'armée.

Tancrède, la ligne était aussi entrainée à agir en tirailleurs bien que l'infanterie légère soit en effet considérée comme meilleure dans ce domaine. Le premier choix de l'infanterie légère n'était pas toujours disponible, surtout en période d'usure importante.

Bien sûr, je disais pas le contraire; mais toutes les armées déployaient une partie de leur ligne en tirailleurs quand c'était possible. Leur capacité en ce domaine n'a jamais été au niveau de celui des Français, mais tout le monde le faisait. De même, la compagnie de voltigeurs de chaque bataillon de ligne était nettement plus entraînée comme léger que ses homologues dans les RI de ligne adverses.

La vraie spécificité française est d'avoir eu un pareil effectif (en moyenne une trentaine de régiments) de légers spécifiquement destinés à cet effet.

Mais en général, la conscription, l'instrumentalisation de la mentalité révolutionnaire, de ce qu'elle valorisait (indépendance d'esprit, relative "insolence" par rapport aux codes sociaux rigides des autres armées, qui s'ajoutaient aux codes militaires) et des modes de promotion qu'elle autorisait, et la spécialisation en "légers" qui s'adaptait à des profils et physiques jusqu'ici pas acceptés par les armées, ont donné une force et une efficacité sans précédent à ces formations.

Les Anglais à Waterloo ne comprirent d'ailleurs pas ce qui leur arrivait quand ils ont vu, contrairement à ce qui se passait en Espagne, des nuées de légers aligner officiers et sous-offs et casser le moral de leurs unités. Napoléon gardait la surproportion de bataillons légers pour la Grande Armée, pas pour l'armée d'Italie ou l'armée d'Espagne.

D'ailleurs, mais là ce n'est que mon opinion, une bonne armée se caractérise par le niveau de l'élément moyen et le plus nombreux, pas par une élite sélectionnée parmi un large vivier, bien qu'une élite soit aussi nécéssaire pour ne pas aligner le niveau sur le moins disant et explorer les voies à suivre.

Eternel débat: effectivement, c'est quasiment une lapalissade de dire que les éléments les plus nombreux sont la vraie force (mais il y a aussi cet adage plus révélateur qui veut que la vraie force d'une armée se définisse par son élément le plus faible, qui contraint les autres). La question est celle de la proportion que doivent avoir les unités d'élite. La réponse dépend sans doute d'un "nombre d'or" impossible à réellement déterminer de façon arrêtée, mais aussi de la qualité du recutement. Si l'armée attire beaucoup de bons, elle peut se permettre de faire plus d'unités d'élite/de pointe. Si c'est la pénurie des bons, la "forcespécialisation" rumsfeldienne est un autre moyen de démolir la valeur moyenne des autres unités (voir l'armée US et toutes ses unités plus ou moins spéciales; les Marines sont nettement plus sobres sur ce sujet).

"Dans le combat entre l'argent et les idées, l'argent gagne"

Les idées foireuses aussi, assez souvent. Y'a pas que l'argent qui biaise le débat: le choix des officiers généraux sous la IIIème République (et la Vème) est assez révélateur.

Plus j'observe ces phénomènes, plus la réforme de Louvois/Louis XIV me semble un monument de politique visionnaire et responsable hors norme, et d'autant plus qu'elle ne s'est pas faite le couteau sous la gorge, mais bien en pleine paix et alors même que la France était en position favorable, soit historiquement le moment où les Etats ont le moins tendance à se réformer.

Elle serait d'ailleurs à comparer avec la réforme de Marius de l'armée romaine: l'une des forces, volontaires ou non, de la réforme de Marius, a été le moment où elle s'est opérée, soit à un stade de l'histoire de la république romaine où la plèbe était massivement chassée de l'emploi par le travail servile, que ce soit aux champs (premier secteur de main d'oeuvre) ou à la ville (artisanats....). Résultat, la grande masse des citoyens romains se retrouvait sans emploi, accroissant lourdement la population recensée dans les basses centuries de la société (le cens à Rome, opéré tous les 5 ans, déterminait les classes de citoyens selon la fortune). La réforme marienne a aboli, pour des raisons tactiques/pratiques autant que pour des raisons sociales et politiques (Marius, de la parenté du jeune César, est une des têtes de files des populares, contre les optimates), les distinctions de soldats qui existaient encore au sein de l'armée (princeps, hastati, triarii et velites), qui n'étaient pas que des distinctions de fonction/équipement/rôle opérationnels, mais aussi des distinctions sociales selon la fortune (et l'équipement que le citoyen pouvait se payer).

D'un coup, le vivier de recrutement s'est accru, et les volontaires de qualité, souvent déclassés ou sans perspectives (mais sans qu'il s'agisse des 10% du bas de la société) ont afflué parce qu'ils avaient l'option de retrouver un statut de citoyen autre que théorique, et des possibilités d'enrichissement, mais aussi et surtout de prestige, d'honorabilité.... Et une vraie perpective de vie, qui plus est de vie honorable au service de la cité (conscience d'appartenance élevée). Devenir légionnaire, c'était désormais être un égal, mais aussi une vraie perspective de vie, autant au sens de la réalisation personnelle que de celui de métier, mais de métier pas seulement pour quelques années; la carrière proposée était longue, offrait des chances de promotion réelles à tous les niveaux, et offrait une possibilité de retraite honorable via la donatio et le rattachement de tout réserviste/retraité de légion à la clientèle de son patrone, le sénateur qui a levé/commandé la légion.

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Sous le Bas Empire, c'était plutôt un réseau défensif allant de quelques dizaines à quelques centaines de kilomètres de profondeur: pas de barrière réelle la plupart du temps (sauf à quelques endroits),

Le limès avait aussi une fonction commercial. Prélever la taxe de l'empire sur les marchands venant dans l'empire pour vendre les fourures et autres objet manufacturé.

D'ailleur je crois avoir lu quelque part que beaucoup de commerçants gallo-romains et étranger se rencontraient là pour réaliser leurs échanges. Il fallait surveiller tout ce petit monde là et éviter la fraude fiscale. O0

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e limès avait aussi une fonction commercial. Prélever la taxe de l'empire sur les marchands venant dans l'empire pour vendre les fourures et autres objet manufacturé.

Ben d'une manière générale, la collecte de l'impôt était du ressort de l'armée.
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L'armée romaine tardive ne s'est pas effondrée face à la vague barbare (elle avait cependant un problème de nombre face à l'accroissement qualitatif et quantitatif des adversaires, l'Etat romain ayant atteint un maximum des capacités de financement); c'est l'Etat romain lui-même qui s'est effondré face à cette menace, parce qu'il a connu une de ses crises conjoncturelles (il en avait eu d'autre), et son effondrement a rendu impossible de conserver l'armée.

On pourra d'ailleurs voir, du fait de l'affaiblissement de l'Etat une baisse de qualité du matériel (niveau des cotes de mailles et des métaux utilisés ainsi que le bois), la formation ne sera pas aussi bonne qu'avant. Peut-on dire que l'armée romaine a fini par succomber sous les menaces (parce que l'effondrement de l'Etat a pour conséquence un affaiblissement de l'armée elle-même, surtout en période de conflit) à force de devoir fonctionner à "flux tendu" ? Je veux dire il faut répondre à plusieurs menaces d'origines diverses qui en plus apprennent de leur adversaire (logique) et deviennent par conséquent de plus en plus dangereuses.

Quelle a également été l'influence des contractors ou du moins leur équivalent sur l'orga militaire et les deniers réellement consacrés à l'armée ? Il me semble que vers le Vième siècle justement l'on paie de plus en plus des "barbares" pour faire la guerre (Hispanie notamment). Je crois qu'on peut faire un même parallélisme avec l'Empire Byzatin de la Dynastie Ange notamment (on avance sérieusement dans le temps certes) et la protection des Cités italiennes qui de protecteur finirent par devenir exploitant puis pillard.

D'ailleurs peut-on marquer une césure ou du moins un changement notable dans le recrutement et la formation des troupes byzantines ainsi que l'ordre de bataille ? On y note plus de cavalerie je crois ce qui rapprocherait de notre modèle militaire (mécanisé) tant en terme de mobilité comparée que de coûts (ça coute cher les chevaux et leur entretien).

Eternel débat: effectivement, c'est quasiment une lapalissade de dire que les éléments les plus nombreux sont la vraie force (mais il y a aussi cet adage plus révélateur qui veut que la vraie force d'une armée se définisse par son élément le plus faible, qui contraint les autres). La question est celle de la proportion que doivent avoir les unités d'élite. La réponse dépend sans doute d'un "nombre d'or" impossible à réellement déterminer de façon arrêtée, mais aussi de la qualité du recrutement. Si l'armée attire beaucoup de bons, elle peut se permettre de faire plus d'unités d'élite/de pointe. Si c'est la pénurie des bons, la "forcespécialisation" rumsfeldienne est un autre moyen de démolir la valeur moyenne des autres unités (voir l'armée US et toutes ses unités plus ou moins spéciales; les Marines sont nettement plus sobres sur ce sujet).

La désignation d'élite se fait sur des critères comparatifs par rapport à ce qui existe déjà ou est majoritaire donc à partir du moment où toutes les troupes ou une majorité d'entre elles sont entrainées comme des FS et en ont l'esprit, y a-t-il encore des forces spéciales ? Si l'armée attire beaucoup de bon, peut-être le besoin réel de FS ne sera-t-il pas si important que cela puisque des missions particulières pourraient être remplies par un commando d'opportunité composé de volontaires, pris au sein d'une unité déjà déployée. À l'image d'un corps franc comme les français de 1940 (Bigeard a d'ailleurs commencé là je crois).

Cette FSisation des troupes n'est-elle pas aussi une opération de com (ratée) pour accroître l'image du soldat, la considération qu'il a de lui-même et tout ce dont on discute depuis le premier post ?

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On pourra d'ailleurs voir, du fait de l'affaiblissement de l'Etat une baisse de qualité du matériel (niveau des cotes de mailles et des métaux utilisés ainsi que le bois), la formation ne sera pas aussi bonne qu'avant. Peut-on dire que l'armée romaine a fini par succomber sous les menaces (parce que l'effondrement de l'Etat a pour conséquence un affaiblissement de l'armée elle-même, surtout en période de conflit) à force de devoir fonctionner à "flux tendu" ? Je veux dire il faut répondre à plusieurs menaces d'origines diverses qui en plus apprennent de leur adversaire (logique) et deviennent par conséquent de plus en plus dangereuses.

Quelle a également été l'influence des contractors ou du moins leur équivalent sur l'orga militaire et les deniers réellement consacrés à l'armée ? Il me semble que vers le Vième siècle justement l'on paie de plus en plus des "barbares" pour faire la guerre (Hispanie notamment). Je crois qu'on peut faire un même parallélisme avec l'Empire Byzatin de la Dynastie Ange notamment (on avance sérieusement dans le temps certes) et la protection des Cités italiennes qui de protecteur finirent par devenir exploitant puis pillard. D'ailleurs peut-on marquer une césure ou du moins un changement notable dans le recrutement et la formation des troupes byzantines ainsi que l'ordre de bataille ? On y note plus de cavalerie je crois ce qui rapprocherait de notre modèle militaire (mécanisé) tant en terme de mobilité comparée que de coûts (ça coute cher les chevaux et leur entretien).

Voir le sujet sur l'armée romaine tardive, mais globalement, l'Etat romain d'orient s'est vite remis de la crise d'Andrinople et le modèle d'armée demeure et garde toute son efficacité. L'armée de l'empire d'Orient est en effet plus dotée en cavalerie (mais globalement, l'armée romaine a augmenté la proportion de cavalerie, autant pour accroître la mobilité stratégique que pour faire face à certains adversaires, et avant tout les Perses), surtout en cavalerie "ultra lourde" (cataphractaires/clibanaires, ou unités dites "à la sarmate"), l'Orient concentrant 90% des unités romaines de ce type.

Le changement de modèle se fera dans la 2ème moitié du VIIème siècle, suite à l'épuisement fincancier de l'empire dans sa lutte continue contre les Perses (les Perses sont tout aussi épuisés) et l'apparition du nouvel adversaire musulman. Ce sera alors l'armée dite "thématique".

Le matériel ne baisse pas en qualité ou en formation sinon.

Encore une fois, la chute est brutale pour l'occident: Même après Andrinople (où ses effectifs ont peu participé et peu souffert), l'armée d'occident se porte encore comme dhabitude, mais elle doit désormais mobiliser un contingent important au nord-est de l'Italie, pour se garder des Goths installés de force dans l'empire (autour du nord et du nord ouest de la Croatie) par l'Orient. A cet endroit, il n'y a pas de dispositif de défense (jonction des 2 empires) qui serait le multiplicateur de force habituel des troupes romaines contre des invasions supérieures en nombre. Donc une part importante de la réserve mobile (comitatus d'Italie et palatins d'occident) est en quelques sorte fixée à demeure pour surveiller ces alliés peu fiables. D'autre part, des contingents barbares doivent être cantonnés en Italie justement pour faire face aux manques de troupes de réserve (ironie): il n'y a pas le temps d'en former de nouvelles en nombre suffisant, c'est un besoin immédiat. Et pour se prémunir contre ces contingents dont tous se méfient, le reste du comitatus d'Italie est affecté à cet emploi dans la décennie 390. Ces contingents seront massacrés dans la grande vague antibarbare, mais la menace du nord est demeurera. Et quand la grand franchissement du Rhin surviendra, le comitatus d'Italie, et surtout les Palatins et les scholes Palatinae (élite de l'élite) resteront en Italie au lieu d'opérer leur rôle de réserve mobile et d'aller renforcer le comitatus des Gaules. Face à cela, les gaules débordées réagiront mal et le prefet local s'intitulera empereur. Rien de nouveau à Rome, mais c'est au mauvais moment. Surtout que c'est dans le même temps que Stilichon est assassiné à Ravenne pendant la réaction antibarbare (il était à moitié germain), créant une vacance du pouvoir central juste quand il faut pas.

L'impôt, pendant ces années cruciales, ne rentre pas, la direction politique est en crise (pas d'homme fort), et l'empire d'occident est bloqué face à 2 menaces simultanées dont il n'est pas séparé par une frontière. Et voilà comment tout s'est joué en l'espace de moins d'une dizaine d'années. Face au manque momentané de moyens, les forces existantes sont au mieux conservées (mais personne ne veut les risquer), et il faut consacrer les réserves d'argent pour acheter les barbares, notamment les wisigoths, envoyés trucider les Vandales qui sont passés en Espagne: Ceux-ci passeront en Afrique du Nord (le grenier à blé et une province extrêmement riche), les Wisigoths se feront leur royaume espagnol-acquitain, et les Gaules s'organiseront elles-mêmes par méfiance face au pouvoir central à Ravenne. Quand un semblant de stabilité est ramené en Italie, les divisions sont déjà trop profondes, l'économie trop affaiblie.

Cette FSisation des troupes n'est-elle pas aussi une opération de com (ratée) pour accroître l'image du soldat, la considération qu'il a de lui-même et tout ce dont on discute depuis le premier post ?

Il y a de ça, mais c'est aussi le constat d'une baisse de qualités et de possibilités des forces conventionnelles qui pousse souvent à surinvestir sur un certain nombre d'unités spéciales, "à capacités spéciales" ou "spécialisées" auxquelles les politiques ont trop facilement recours parce que ça pète médiatiquement, mais surtout parce que ce sont les seules capables d'une disponibilité rapide et qui offrent des chances de réussite plus "garanties" (le politique ne tolère pas l'incertitude), que ces chances soient réelles ou supposées. Surtout que les FS deviennent aussi un lobby interne, une chapelle qui essaie de grapiller toutes les missions.

Pour le recrutement, l'image des FS est aussi un produit d'appel, mais comme d'habitude, c'est pas le bon: contrairement aux idées reçues, les super sportifs ultra payés n'attirent pas tant de vocations que ça, mais surtout des fanboys prêts à acheter leurs goodies. Faire une élite inatteignable tue le principe d'émulation.

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Autre révolution militaire reposant avant tout sur la qualité humaine: la Révolution française. L'armée de la fin de l'Ancien Régime est la meilleure d'Europe, mais il ne s'en faut pas de beaucoup: elle a, et de loin, le meilleur matériel, elle est la plus professionnelle (fait peu connu) et la plus aguerrie, la mieux entraînée et la plus opérationnelle, avec la réflexion militaire la plus au point dans les hautes sphères (organisation prédivisionnaire suivant le système Broglie....).

Mais sans la qualité humaine, tous ces avantages ne sont que très relatifs, et l'importance des effectifs (pas nettement plus élevés qu'ailleurs) enlève aussi tout avantage net de ce côté.

Comme Napoléon le dit lui-même, le nombre et le matériel ne forment, au final, qu'environs un quart des raisons du succès: la vraie force vient des relations interpersonnelles à tous les niveaux et de la façon dont une armée, en fait, pense et se coordonne. En somme, il s'agit de l'esprit de corps, de l'esprit de groupes de combat, des relations entre chefs et entre armes/spécialités, du travail d'équipe en EM de tous niveaux et entre ces EM, des transmissions d'infos et coopérations verticales et horizontales.... Et au final, de l'organisation théorique et pratique en général et de la façon dont ses acteurs la font vivre. Ces choses dépendant au premier chef de la qualité humaine, intellectuelle, physique et relationnelle.

Depuis l'ère industrielle, il est difficile de dire si, dans cette "proportionalisation" théorique de Napoléon, le matos a pris de l'importance dans l'absolu; mais il est défendable de dire que non.

Si cette façon de voir nécessite d''abord de spécifier qu'un certain niveau plancher technique, technologique et matériel est certes requis, c'est la course en avant dans les capacités de niche qui est une impasse pour l'efficacité militaire globale, car elle prive de toute réflexion sur la conduite de la guerre, mais plus gravement encore, sur l'organisation fondamentale des forces, car la notion d'efficacité militaire est elle-même biaisée..... Sait-on encore ce qu'est l'efficacité militaire? Quels buts sont à rechercher? Comment mesurer un succès ou un échec? Comment évoquer la "rentabilité tactique" ou la "rentabilité stratégique" (à partir de quel coût un succès tactique peut en fait être plutôt vu comme une foirade, à partir de quel niveau de moyens déployés un raid, une opération, une campagne, voire une guerre, deviennent vains, quel que soit le résultat)?

Et au final, loin de l'obsession matérielle (en partant du principe qu'il faut définir un socle minimum pour "être à niveau", soit être dans une moyenne de capacités minimum -mesurées globalement et non matos par matos- pour que cette approche soit valide), il est à noter que la guerre à l'émricaine rend aveugle et empêche de penser dans les termes corrects. La guerre commence avant tout comme exercice intellectuel pour être pensée et faite correctement et utilement:

- pourquoi la faire: quelles sont les guerres à faire et à ne pas faire, quelles sont donc les capacités souhaitables pour ces objectifs

- qu'est-ce que la victoire, comment la mesurer, comment l'obtenir..... Une question qui commence timidement à être posée en Afghanistan, après des années de perdues et des milliards dépensés

- quel util avoir pour ces objectifs

- qu'est-ce que l'efficacité, comment obtenir beaucoup avec peu, comment maximiser l'efficacité non de chaque armement mais de chaque échelon tactique ou stratégique défini SELON les objectifs et besoins énoncés plus haut. Comment mesurer cette efficacité?

Bref, la guerre se pense avant de se faire, et c'est pas à partir d'une liste de capacités de chaque matos sortant des labos de recherche (qui ne doivent être qu'une somposante parmi d'autres). Et le constat s'impose: l'efficacité est avant tout humaine: les internets de bataille sont bels et bons, mais face çà des réalités bien senties comme la limitation de la bande passante, mais aussi tout connement les limites de capacités de traitement souhaitables dans un temps donné, il faut bien voir que le vrai point est une question de discrimination et d'arbitrage sur les infos pertinentes (et loin d'être toutes vérifiables), et en définitive, de prise de décision. Et c'est une réalité existant à chaque échelon, du groupe de combat à l'EM de force.

Et ces échelons doivent coopérer entre eux pour penser et agir.... Et tout cela est avant tout UNE REALITE HUMAINE et organisationnelle. Elle ne passe pas par la technologie ou le matériel, mais avant tout par l'être humain. Sous réserve de ce seuil minimum côté matos, la phrase de Napoléon est encore entièrement valide: la victoire est encore à 75% le fait du facteur humain et interpersonnel, impliquant donc des qualités et routines physiques, intellectuelles, morales et relationnelles, donc des questions de pensée, d'organisation, d'entraînement, d'expérience et de pratique.  

Comment obtenir et maximiser cette réalité? L'organisation, la structuration et la nature des forces est évidemment un sujet dont il faut se resaisir avant de parler de dimensionnement, de même que la pensée stratégique et tactique. Mais cette réalité commence avec la qualité humaine qui en est le composant essentiel: qualité de base (meilleurs sujets, sélection sur un large vivier, attractivité....), qualité finale individuelle (entraînement, aguerrissement, progression, évolution, promotion) et qualité collective à tous échelons (entraînement des unités, coopération interarme, maximisation de l'efficacité des sous-unités, unités et grandes unités).

La comparaison avec l'efficacité pré et post 1789 est à cet égard encore plus pertinente que la réforme de Louvois (qui est plus pertinente sur le fond du problème sur le métier militaire et l'aspect politique de la réforme): l'armée française pré 1789, malgré un avantage matériel très net sur toutes les autres armées, un niveau d'entraînement et de professionalisme bien plus élevé et un investissement par soldat nettement plus élevés.... Cette armée n'a réellement qu'un avantage marginal sur les autres. A l'inverse, passée la période d'adaptation révolutionnaire, le différentiel de la qualité humaine et de la mximisation de son potentiel (surtout à partir du Directoire, et évidemment du Consulat) montre un différentiel d'efficacité avec les autres armées qui est sans précédent, ce que soulignent les campagnes de 1805-1806: l'armée prussienne est de loin la plus drillée (jusqu'à l'absurde) et n'a pas à rougir de son équipement par rapport à la France.... Mais se prend une tôle comme peu d'armées en ont prise dans l'Histoire.

Au niveau bataillonnaire/régimentaire, si la Grande Armée de 1805 a un avantage en termes d'entraînement/matos, celui-ci n'offre de fait qu'un petit avantage marginal en termes d'efficacité globale. Et côté cavalerie, la française est de loin la plus mal montée d'Europe et celle dont les cavaliers sont les moins connaisseurs en matière de chevaux et de combat à l'épée/sabre au niveau individuel (par rapport aux autres cavaleries plus aristocratiques et issues des populations campagnardes nées dans le cheval). L'artillerie de Gribeauval remaniée n'offre elle-même qu'un avantage relatif sur le plan technique.

Mais question unités formées, organisation du combat, sélection des officiers, choix des hommes à tous niveaux, coopération inter et intra armes..... l'avantage est tel que l'armée française est à un tel niveau de différentiel que c'est à se demander si elle pratique réellement le même jeu que ses adversaires. C'est assez facile à constater même à Austerlitz: question rythmes de feu, les différentiels avec les Russes et Autrichiens ne sont pas spectaculaires (du moins pour leurs bonnes unités), et quand il s'agit de combats d'unités individuelles, tous les micro avantages français n'offrent que peu de conséquences pratiques vraiment mesurables, ou en tout cas en soi décisives: tel bataillon contre tel autre gagne ou perd, tel escadron contre tel autre gagne ou perd.

Et pourtant le résultat global est là.

Donc il s'agit de questions avant tout humaines, et la course actuelle à la technique en considérant l'humain comme une main-d'oeuvre semi-qualifiée et indifférenciée qui n'a qu'à recevoir un surcroît quantifiable d'entraînement (essentiellement mesurable en heures et en balles tirées) pour atteindre l'optimum, cette course là est une impasse qui condamne les armées à n'obtenir que des améliorations de plus en plus marginales (sauf révolution technologique majeure) chacune obtenue pour un coût de plus en plus élevé. Une arme ne vaut que par celui qui la brandit, et celui-là ne vaut que dans son environnement et comment il envisage son contexte et son antagoniste.

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Et ces échelons doivent coopérer entre eux pour penser et agir.... Et tout cela est avant tout UNE REALITE HUMAINE et organisationnelle. Elle ne passe pas par la technologie ou le matériel, mais avant tout par l'être humain. Sous réserve de ce seuil minimum côté matos, la phrase de Napoléon est encore entièrement valide: la victoire est encore à 75% le fait du facteur humain et interpersonnel, impliquant donc des qualités et routines physiques, intellectuelles, morales et relationnelles, donc des questions de pensée, d'organisation, d'entraînement, d'expérience et de pratique. 

Donc il s'agit de questions avant tout humaines, et la course actuelle à la technique en considérant l'humain comme une main-d'oeuvre semi-qualifiée et indifférenciée qui n'a qu'à recevoir un surcroît quantifiable d'entraînement (essentiellement mesurable en heures et en balles tirées) pour atteindre l'optimum, cette course là est une impasse qui condamne les armées à n'obtenir que des améliorations de plus en plus marginales (sauf révolution technologique majeure) chacune obtenue pour un coût de plus en plus élevé. Une arme ne vaut que par celui qui la brandit, et celui-là ne vaut que dans son environnement et comment il envisage son contexte et son antagoniste.

D'accord mais dans le cadre d'une société industrielle justement et d'armées essentiellement mécanisées (pas forcément sur terre mais aussi dans les airs et sur mer), ne devrait-on pas dire plutôt que les rapports humains sont minoritaires mais faiseurs de roi par rapport à la capacité d'adaptation technique, industrielle et technologique (qui peut également être le fait de l'homme de terrain à l'image des GI's blindant eux-mêmes leurs Humvee avec tout ce qu'ils trouvent sous la main en attendant les solutions adaptées -patchs, MRAP et enfin véhicules dédiés qui commencent à arriver) ?

Le niveau moyen du soldat envisagé dans ce fil le rend encore moins sacrifiable que le technicien semi qualifié dont on "se plaint", d'autant plus que la guerre évolue bien plus rapidement de nos jours que du temps de Napoléon (par les parades et contreparades, voir la guerre des mines actuelle et "l'incapacité" de nos armées -et surtout de notre industrie même si cela présuppose un esprit plus ouvert de la part des décideurs militaires et politiques mais cela doit-il être pris dans les rapports humains ou pas ?- à s'y adapter rapidement à moins de demeurer cloitré).

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D'accord mais dans le cadre d'une société industrielle justement et d'armées essentiellement mécanisées (pas forcément sur terre mais aussi dans les airs et sur mer), ne devrait-on pas dire plutôt que les rapports humains sont minoritaires mais faiseurs de roi par rapport à la capacité d'adaptation technique, industrielle et technologique (qui peut également être le fait de l'homme de terrain à l'image des GI's blindant eux-mêmes leurs Humvee avec tout ce qu'ils trouvent sous la main en attendant les solutions adaptées -patchs, MRAP et enfin véhicules dédiés qui commencent à arriver) ?

Faut pas se perdre dans les métaphores et expressions: les 75% mentionnés par Napoléon ne sont pas une chose exactement quantifiable, mais bien l'explication des causes d'une victoire. Dire qu'ils sont "minoritaires" ne veut rien dire en soi: minoritaires en quoi? En temps passé (sans doute vrai si l'on compare la somme d'heures de travail nécessaire pour l'ensemble des équipements d'une armée vs la somme d'heures d'entraînement, mais à quoi ça rime)? En argent investi?

Le fait est que ces "75%", c'est comme la phrase d'Einstein sur le génie: 5% d'inspiration, 95% de transpiration.... Seulement, comme la théorie du monsieur, c'est relatif: 5% d'inspiration, sans doute, mais dans l'absolu mesuré sur l'ensemble du temps de travail. En revanche, si tu mesures au résultat obtenu, ces 5% deviennent l'essentiel, le facteur crucial qui différencie Einstein des milliers de chercheurs de haut niveau qui n'ont jamais obtenu le millième de sa notoriété, de ses résultats et de son impact malgré un temps de travail comparable.

Le niveau moyen du soldat envisagé dans ce fil le rend encore moins sacrifiable que le technicien semi qualifié dont on "se plaint", d'autant plus que la guerre évolue bien plus rapidement de nos jours que du temps de Napoléon

le propre du militaire est d'être sacrifiable (dans une mesure donnée). Mais non, la guerre n'évolue pas plus vite qu'à l'époque de Napoléon, c'est une vision faussée par l'obsession pour l'évolution technologique, qui est le propre d'une guerre mal pensée, ou même plutôt non pensée: que l'adversaire, au niveau tactique et pratique, s'adapte, c'est de toutes les guerres depuis toujours.

Et si tu veux parler de l'Afghanistan, l'adversaire ne s'adapte pas par la technologie, ou marginalement: il utilise des armes légères dont la technologie ne dépasse pas les années 50-60 pour l'essentiel et dont le coût est ridicule, ses bombes sont artisanales et leurs modes de déclenchements se font par des biais purement mécaniques ou alors via des technologies disponibles en grande consommation pour quelques dollars. Son adaptation est humaine. Et la seule répone -en caricaturant à peine- de l'occident chaque fois qu'un groupe de guérilleros augmente la taille des IED, apprend à sniper un peu mieux ou à coordonner des embuscades au niveau local, c'est de déclencher un programme d'armement d'urgence (et hors de prix) et d'augmenter les moyens alloués au dit secteur pendant un temps. Rentabilité et intelligence tactique de niveau ZERO!!!!

L'adaptation tactique est de toutes les époques, et les plus grandes évolutions constatées au cours des guerres majeures ont été celles des organisations, de la sélection humaine, de l'entraînement à tous les échelons, de la pensée de la guerre, de la campagne, des opérations et du contact..... Bref, de la façon de se penser en tant que force, de penser celle de l'adversaire et de penser les moyens de résoudre l'équation. Mais évidemment, les changements les plus immédiatement visibles sont ceux des matos (et des uniformes :lol:).

Autre exemple: la 1ère Guerre Mondiale. Au final, les armées qui se lancent les unes sur les autres en 1914 sont des armées dont les schémas humains, intellectuels, stratégiques, tactiques et organisationnels sont ceux des Guerres Napoléoniennes (et pas la meilleure partie) panurgiquement appliqués à une plus grande échelle, mais avec des matériels radicalement différents. Résultat, la boucherie de l'été-automne 1914 est sans doute le gaspillage le plus intense de toute cette guerre qui en a connu beaucoup, et un sommet d'inefficacité.

Qu'est-ce qui se passera dans toute cette guerre? Par bricolages successifs, mais ausi par réflexion (forcée par la nécessité) et retex, les EM s'adapteront et changeront radicalement les outils. Au final, peu importe qui a un canon qui porte à 1 ou 2km de plus que celui du voisin, peu importe qui a le fusil qui peut faire mouche à 100m de plus ou la grenade qui étale 23% en plus d'éclats. C'est l'organisation humaine qui change, et totalement!!!!! Selon des schémas proposés depuis une trentaine d'année.... Ou dans certains cas depuis la Guerre de Crimée, ou au moins la Guerre de Sécession!!!!

Le fait de disposer de masses humaines en apparence inépuisable (selon l'oeil d'avant 1914) a empêché la réflexion, de même que l'indifférence aux pertes, vues comme négligeables dans le grand absolu des choses.

Le point est que l'infanterie a été relativisée en importance, mais surtout redéployée dans des bataillons plus petits, avec une puissance de feu décuplée et variée, mieux et plus articulés, et impliquant une responsabilisation et une autonomisation considérable des plus petits échelons. A opposer aux vastes masses indifférenciées des régiments de ligne de 1914, entraînés et surdrillés à la manoeuvre en grand et à la charge ordonnée et compacte à laquelle rien n'était censé résister.

Face à la soudaine pénurie d'hommes suite aux pertes importantes, il a bien du être mis en évidence que non seulement le matériel posait problème en quantités bien plus qu'en qualité (mais plus encore en appros au niveau stratégique -commerce et industrie- et au niveau tactique -acheminement au front et organisation en fonction de ça), mais surtout que toute la conception tactique et opérationnelle était à foutre aux chiottes.

Et le changement qui a eu lieu fur conséquent: les forces de combat perdent en importance relative dans l'orbat, et massivement, au profit des formations de soutien, ces forces de combat augmentent en variété (le génie prend une grande place, l'artillerie aussi en quantité et en variété, les chars apparaissent, la cavalerie disparaît comme spécificité), leur dispositif s'articule et s'espace de façon surmultipliée, devenant une infanterie légère à grande échelle.....

Cela implqiue d'autres logiques, d'autres modes de pensée, mais aussi d'autres hommes: l'entraînement change et se diversifie, et la réduction des troupes combattantes implique aussi une sélection radicalement plus grande.

C'est un fait moins connu et évoqué, mais de facto, par exemple dans l'armée française, le grand réentraînement aux nouvelles doctrines à partir de 1917 est aussi une opération de sélection à grande échelle, renforçant ce qui s'était déjà fait dans les unités depuis 1915. L'infanterie en chute libre en effectifs absolus et relatifs implique aussi que les moins aptes vont au soutien et les plus aptes au combat. DANS UNE ARMEEE DE CONSCRIPTION MASSIVE, prise comme un ensemble, CE FAIT PASSE PLUS INAPERCU. D'autant plus que dans les armées alliées, ce degré de sélection est un cran moindre.

Il est plus perceptible côté allemand où même au sein des unités de combat, un 2ème degré de sélection a lieu pour former des unités et grandes unités de Stosstruppen, unités fer de lance de l'infanterie dont l'effet corollaire est de diminuer la force des divisions lambda et de vampiriser complètement les divisions d'ersatz de ce qui leur restait de qualité.

Pour tous ces niveaux de sélection dans un dispositif mieux pensé, un niveau d'entraînement est créé, et en plus réparti en plus de spécialité, mais il ne peut donner son meilleur résultat qu'au sein d'un dispositif tactique entièrement repensé depuis le haut (le nombre de généraux limogés en 1914 n'a pas eu d'équivalent depuis 1792-1794) en tenant compte des évolutions techniques et des retex, mais aussi des travaux antérieurs, mais surtout en n'ayant que les meilleurs hommes disponibles pour l'emploi. Les forces de combat ne sont plus alignées sur le moins disant de la mobilisation massive et indifférenciée (où il n'y a vraiment que les plus corniauds et ineptes qui sont foutus au soutien ou ailleurs), mais bien sur une sélection effective des plus pates. Le degré le plus élevé en est celui des Stosstruppen.

Ce qui se passe pendant la grande Guerre est la version accélérée d'une révolution militaire; l'aspect technique et matériel n'en est pas absent, loin de là, mais il a réclamé que la réflexion s'élève au-dessus de ce seul niveau pour le ramener à ce qu'il est, à savoir une composante parmi d'autres. L'absolue supériorité de l'artillerie lourde allemande n'a pas empêché la bataille de la Marne qui a permis à la France de se lancer dans le processus d'adaptation d'une guerre longue.

L'efficacité en bodycount des artilleries lourdes a radicalement chuté pendant la guerre (même si elle restait évidemment terrifiante), et leur impact, quoiqu'un facteur capital, n'était plus aussi radical et meurtrier qu'en 1914, parce que le dispositif humain s'est adapté. Et dans l'absolu, la course à la performance individuelle de chaque matériel pour expliquer les facteurs de succès est un des domaines de recherche historique des plus vains et qui n'a d'afficionados que chez les très geeks qui regardent les faits par le petit bout de la lorgnette.

Aujourd'hui, la sélection ne peut plus s'opérer au sein de la masse d'une conscription nationale; mais elle doit être opérée, et ce à l'échelle du vivier le plus large possible, condition première pour disposer d'un outil tactiquement efficace qui doit lui aussi être repensé (mais l'organisation théorique la plus au point ne vaut rien sans les hommes qui vont avec; et là encore, driller des corniauds pendant des années ne fera pas une grande efficacité). Cela implique des réalités de GRH qui vont au-delà d'un petit "+10%" de salaire, d'un joli treillis et d'armes super classes, et surtout au-delà de la réflexion comptable que tout doit être fait pour dézinguer le budget pensions.

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