C’est un message populaire. Tancrède Posté(e) le 17 juin 2017 C’est un message populaire. Share Posté(e) le 17 juin 2017 (modifié) Un complément à ce que j'ai dit sur le grand effort actuel des personnels de la MB, jusqu'au sommet, pour choper des avocats; j'avais signalé que Mike Pence, qui n'a pas de fortune personnelle, avait engagé le genre d'avocat washingtonien qui facture à 700-800$ de l'heure (plus les autres prestataires que de telles personnalités doivent aussi engager poru des affaires de cette dimension: enquêteurs, consultants RP, avocats en plus....). De telles dépenses ne peuvent être prises en charge, même partiellement, par les fonds publics, aussi que fait Pence? Il passe le WE dans son Indiana natal pour lever des fonds qui iront à un PAC spécialement créé pour l'occasion: c'est la première fois que cela arrive ainsi, à savoir un élu/candidat potentiel qui organise des levées d'argent pour autre chose qu'une campagne électorale (la sienne, celle d'un autre, ou pour les fonds de campagne du parti local ou national), ce qui en fait l'équivalent "old school" d'un Kickstarter auprès de la "donor class". Parce qu'évidemment, c'est pas du péquin lambda qui est convié à ces événements, mais du donneur aux poches profondes et aux intérêts bien sentis. Pence est donc de fait, en live, en train de se mettre encore plus aux enchères qu'il ne l'est déjà, parce qu'il n'est pas dans une position lui permettant de faire la fine bouche. 1000$ pour l'accès à la réception, 5000$ pour assister à une table ronde spéciale dans cet événement, 10 000$ pour une entrevue individuelle avec le VP. Il va sans doute répéter ce genre de trucs autant qu'il peut, se mettant étroitement dans la dépendance de ceux qui non seulement l'assaisonnent à cette occasion, mais surtout feront planer la promesse de continuer à donner, ce qui sera plus que nécessaire vu le genre d'imbroglio juridique de haute volée qui attend les membres de la MB, surtout ceux du haut: Les Clinton, en leur temps, se sont mis des millions de dollars dans le rouge face à la Commission Starr, et cette affaire promet de durer des mois, pendant lesquels les avocats (et autres professions) hors de prix engagés par Pence et d'autres vont bosser à H24. Et moins il pourra lever par de tels événements aussi éminemment suspects, plus il sera dépendant de quelques donneurs attendant le dernier moment pour jouer les chevaliers faussement blancs (qui exigeront un prix plus lourd).... Ou il sera carrément baisé. D'après ce que j'ai lu et entendu de cette première levée de fonds de Pence, 5 à 10 personnes ont craché 5000 dollars, 2 ou 3 ont craché 10 000; pas d'indication sur le nombre de participants qui ont juste payé le minimum, mais de ce qui a transpiré, c'était pas un énorme succès. De ces chiffres, du prix typique des avocats requis pour ces affaires (et il n'en aura pas qu'un), de l'impopularité de Pence, on peut commencer à faire quelques calculs. Qui a dit "démocratie"? Sinon, une nomination de la MB (ça arrive de temps en temps, malgré les milliers de postes encore non pourvus et sans aucun candidat) qui fait un peu de bruit: le placement de Ben Carsson à la tête de HUD (US Department of Household and Urban Development) choquait déjà, tant le personnage avait amplement démontré qu'il ne connaissait rien au sujet dont il héritait, et n'indiquait pas vouloir apprendre au-delà des stupides clichés qu'il collectionne sur ce domaine éminemment complexe et représentant de vastes sommes d'argent fédéral (sans parler évidemment des millions de gens concernés). Le GOP en général, et cette MB en particulier, viennent encore de démontrer l'éminent mépris de la droite américaine pour ce ministère hautement symbolique de la politique de la ville, du logement et de l'aménagement urbain, lié aux Trente Glorieuses en général et au parti démocrate en particulier: D Trump a nommé à la tête du département new yorkais de ce ministère (NY Federal Housing Program, un poste occupé en son temps par l'actuel maire de NY, Bill DeBlasio).... La wedding planneuse de son fils, qui est aussi la gérante de la fondation d'Eric Trump (lutte contre le cancer chez les enfants), récemment mise en question pour l'argent qu'elle a servi à refiler au groupe familial. La dame en question (Lynne Patton) n'a évidemment aucun bagage approchant même un petit peu ce domaine d'expertise très poussé, n'a pas un réseau relationnel puissant qui lui donnerait même un semblant de poids politique: c'est une pure exécutante sans expérience ou connaissance du sujet, complètement liée/inféodée à la famille Trump, ainsi placée dans une activité (immobilier) et dans un lieu (NY) éminemment stratégiques pour le business de ses patrons. Encore un autre sujet: l'infrastructure, et le "plan Trump". Une analyse par Robert Reich, un expert en politique gouvernementale, ancien des gouvernements Ford, Carter et Clinton: https://www.theguardian.com/commentisfree/2017/jun/10/scam-alert-trumps-1tn-infrastructure-plan Autre article édifiant, de Citylab (site lié à The Atlantic, pour ceux qui pensent qu'il s'agit d'un truc de méchants communistes), sur la réalité du logement comparé aux revenus, dans une Amérique où 50% des salariés (donc en ne prenant pas compte des chômeurs et inactifs adultes, les deux autres portions majeures de la population en âge de travailler) gagnent moins de 30 000 dollars/an (le seuil de pauvreté, très sous-évalué quand comparé au coût de la vie, étant à 27 000), et 75% gagnent moins de 50 000 (le revenu "médian" par ménage étant à 52 000): https://www.citylab.com/equity/2017/06/rent-is-affordable-to-low-wage-workers-in-exactly-12-us-counties/529782/ Evidemment, là, c'est Etat par Etat: si on regardait par bassin d'emploi, ce serait pire, puisque les prix sont plus élevés là où l'activité est concentrée. Pour référence, le salaire minimum fédéral aux USA est de 7,25 dollars de l'heure. Et le locataire moyen gagne environs 16,38 dollars de l'heure. Si on ajoute les autres coûts structurels de la vie (assurances diverses -surtout santé-, voiture, études/emprunt étudiant, eau/électricité/téléphone), on imagine la gueule du revenu disponible effectif, et la solvabilité du marché américain en terme de consommation. Rappelons qu'en plus de la dette publique et celle des entreprises, il y a 12 trillions de dette individuelle (dont les emprunts automobile, l'endettement santé, la dette étudiante, les toujours très présents mortgages, et la dette sur carte de crédit forment la quasi totalité: on constate cependant une augmentation forte des emprunts auto et des prêts à la conso). Et quand on regarde l'état des grandes chaînes de magasin de détail et grandes surfaces, on voit des fermetures en cascade depuis maintenant plusieurs années: les grands malls américains sont en train de devenir une chose du passé: il y a plus de malls qui ferment que de nouveaux, et ceux qui sont construits/ouverts sont désormais nettement plus petits et moins ambitieux. Certes, le commerce online a pris une lourde part dans cet état de fait, mais il est loin de tout expliquer (surtout si on se penche sur la géographie du phénomène). Il n'y a que 12 comtés dans tout le pays où quelqu'un payé au salaire minimum bossant 40h/semaine (soit pas forcément la plus grande portion, les gens collectionnant plus les petits boulots pour des totaux hebdomadaires pas folichons) pourrait se payer un studio sans dépenser plus de 30% de son salaire. Et ces 12 comtés sont plutôt vides d'activité... Et de logements. Modifié le 18 juin 2017 par Tancrède 6 Lien vers le commentaire Partager sur d’autres sites More sharing options...
Claudio Lopez Posté(e) le 18 juin 2017 Share Posté(e) le 18 juin 2017 (modifié) Finalement, les 7 marins américains disparus lors de la collision face au cargo Philippin, ont été retrouvés morts..... dans les cales du Navire. Ils sont mort noyés. Ils ont connu le même destin que l'USS Cole. Modifié le 18 juin 2017 par Claudio Lopez Lien vers le commentaire Partager sur d’autres sites More sharing options...
rogue0 Posté(e) le 18 juin 2017 Share Posté(e) le 18 juin 2017 <mode sourçage Tancrede ON> Pour appuyer les dires de Tancrede sur la longévité probable de Trump, Lawfare fait le parallèle entre le processus de destitution de Nixon et la situation de Trump. En résumé, Trump restera sans doute au pouvoir longtemps (peut-être réussira-t-il à finir son mandat) https://www.lawfareblog.com/impeaching-trump-heavy-lift Nixon n'a jamais perdu le support d'une majorité des électeurs Républicains, et ceci, dans les années 70, avec des médias qui avaient un minimum d'éthique et d'objectivité. Aujourd'hui, avec les canaux de communication alt-right, et la réalité alternative, les supporteurs de Trump ne risquent pas de sortir de leur confortable bulle. Lien vers le commentaire Partager sur d’autres sites More sharing options...
MoX Posté(e) le 18 juin 2017 Share Posté(e) le 18 juin 2017 il y a 22 minutes, rogue0 a dit : <mode sourçage Tancrede ON> Pour appuyer les dires de Tancrede sur la longévité probable de Trump, Lawfare fait le parallèle entre le processus de destitution de Nixon et la situation de Trump. En résumé, Trump restera sans doute au pouvoir longtemps (peut-être réussira-t-il à finir son mandat) https://www.lawfareblog.com/impeaching-trump-heavy-lift Nixon n'a jamais perdu le support d'une majorité des électeurs Républicains, et ceci, dans les années 70, avec des médias qui avaient un minimum d'éthique et d'objectivité. Aujourd'hui, avec les canaux de communication alt-right, et la réalité alternative, les supporteurs de Trump ne risquent pas de sortir de leur confortable bulle. + Les LGBTs qui sont à fond avec Trump. Ben oui, si j'ai bien compris, en cas de destitution, c'est Mike Pence qui prend le relais ... Lien vers le commentaire Partager sur d’autres sites More sharing options...
Wallaby Posté(e) le 18 juin 2017 Share Posté(e) le 18 juin 2017 http://www.latimes.com/opinion/op-ed/la-oe-bacevich-trump-generals-afghanistan-20170618-story.html (18 juin 2017) Trump se désintéresse de l'Afghanistan. Sentant qu'il n'y a pas de victoire possible, il laisse Mattis s'en débrouiller et porter le chapeau. Cela me rappelle ce que j'avais lu sur Nixon pendant le Watergate : il avait délégué la politique étrangère à Kissinger : http://foreignpolicy.com/2017/06/06/trumps-russia-scandal-is-already-swallowing-his-foreign-policy/ (6 juin 2017) Vers la fin de sa présidence, Nixon passa de plus en plus de temps dans sa "maison blanche de l'Ouest" à San Clemente, en Californie, tandis qu'Henry Kissinger servait à la fois comme Secrétaire d'État et comme conseiller à la sécurité nationale et dirigeait réellement la politique étrangère. Avant et après l'intervention turque à Chypre en juillet 1974, Kissinger se contentait d'appeler Nixon pour l'informer de ce que Kissinger avait décidé. Lien vers le commentaire Partager sur d’autres sites More sharing options...
SinopeMT Posté(e) le 18 juin 2017 Share Posté(e) le 18 juin 2017 il y a 51 minutes, Wallaby a dit : Avant et après l'intervention turque à Chypre en juillet 1974, Kissinger se contentait d'appeler Nixon pour l'informer de ce que Kissinger avait décidé. Concernant Kissinger, j'ai du mal à me faire une opinion sur son oeuvre. En école, il est vu comme un démiurge omnipotent et cruel, d'autres le voit comme un génie. Mais quel est son bilan et de quel côté de la balance le mets-on? Lien vers le commentaire Partager sur d’autres sites More sharing options...
Wallaby Posté(e) le 18 juin 2017 Share Posté(e) le 18 juin 2017 il y a 26 minutes, SinopeMT a dit : Concernant Kissinger, j'ai du mal à me faire une opinion sur son oeuvre. En école, il est vu comme un démiurge omnipotent et cruel, d'autres le voit comme un génie. Mais quel est son bilan et de quel côté de la balance le mets-on? Je connais mal son passé. Je sais qu'il y a des Américains, dont Bernie Sanders, qui le considèrent comme un criminel de guerre à cause de ce qu'il a fait au VietNam et au Cambodge : http://www.salon.com/2016/02/12/henry_kissingers_mad_and_illegal_bombing_what_you_need_to_know_about_his_real_history_and_why_the_sandersclinton_exchange_matters/ Lui qui naguère a orchestré le rapprochement des Etats-Unis avec la Chine, est aujourd'hui semble-t-il plutôt favorable à un rapprochement avec la Russie pour peser face à la Chine. Il est l'une des rares personnalités américaines à ne pas donner dans l'hystérie anti-russe, à comprendre la réaction russe à Maidan, etc... Il rencontre Vladimir Poutine régulièrement (je n'ai jamais trop compris pourquoi : uniquement pour de la politique ou bien aussi pour faire du business ?) http://www.washingtonpost.com/opinions/henry-kissinger-to-settle-the-ukraine-crisis-start-at-the-end/2014/03/05/46dad868-a496-11e3-8466-d34c451760b9_story.html (5 mars 2014) Une politique avisée des États-Unis envers l'Ukraine rechercherait un moyen pour que les deux parties du pays coopèrent l'une avec l'autre. Nous devrions rechercher la réconciliation, et non la domination d'une faction. Pour l'Occident, la diabolisation de Vladimir Poutine n'est pas une stratégie ; c'est un alibi couvrant l'absence de stratégie. http://nationalinterest.org/feature/the-interview-henry-kissinger-13615 (19 août 2015) Henry Kissinger sur les événements d'Ukraine :Il faut reconnaître plusieurs choses. Premièrement, la relation entre l'Ukraine et la Russie aura toujours un caractère spécial dans l'esprit russe. Elle ne peut pas se limiter à une relation entre deux États souverains traditionnels, pas du point de vue russe, peut-être pas non plus du point de vue ukrainien. (...) Il n'est pas concevable que Poutine ait dépensé soixante milliards d'euros pour transformer une station estivale en village olympique d'hiver et pour démarrer une crise militaire une semaine après avoir organisé une cérémonie de clôture qui décrivait la Russie comme faisant partie de la civilisation occidentale. La première erreur a été la conduite inadvertante de l'Union Européenne. Ils n'ont pas compris les implications de certaines des conditions qu'ils imposaient. La politique interne ukrainienne fit paraître impossible à Ianoukovytch d'espérer gagner les élections tout en acceptant les conditions de l'UE, ou à la Russie de les considérer comme purement économiques. Sur l'avenir de l'Ukraine :Si nous traitons sérieusement la Russie comme une grande puissance, nous devons déterminer tôt dans le processus si leurs préocupations peuvent être réconciliées avec les nôtres. Nous devrions examiner les possibilités d'un groupe non-militaire sur le territoire entre la Russie et les frontières existantes de l'OTAN. L'Occident hésite d'investir dans le renflouement économique de la Grèce ; et ne s'apprête certainement pas à le faire unilatéralement en Ukraine. Donc on devrait au moins étudier la possibilité d'une coopération entre l'Occident et la Russie ayant pour objet une Ukraine militairement non-alignée. La crise ukrainienne tourne à la tragédie parce qu'on y confond les intérêts à long terme de l'ordre mondial, et les besoins immédiats de restaurer l'identité ukrainienne. Je suis favorable à une Ukraine indépendante dans ses frontières actuelles. J'ai défendu cette position dès le début de l'ère post-soviétique. Quand vous lisez maintenant que des unités musulmanes se battent du côté ukrainien, le sens des proportions a été perdu. Heilbrunn : c'est un désastre, de toute évidence. Kissinger : Tout à fait. Cela veut dire que détruire la Russie est devenu un objectif, alors que le but à long terme devrait être de l'intégrer. Heilbrunn: Mais nous avons constaté, au moins à Washington, un retour des néoconservateurs et des faucons libéraux qui sont déterminés à casser les reins du gouvernement russe. Kissinger: Jusqu'à ce qu'ils soient confrontés aux conséquences. Le problème des guerres américaines depuis la fin de la seconde guerre mondiale a été l'incapacité à relier la stratégie aux possibilités intérieures des États-Unis. Les cinq guerres que nous avons menées depuis la fin de la seconde guerre mondiale furent toutes commencées avec un grand enthousiasme. Mais les faucons n'ont pas prévalu à la fin. À la fin, ils étaient une minorité. Nous ne devrions pas nous engager dans des conflits internationaux si, au départ, nous ne pouvons pas décrire un état final, et si nous n'avons pas la volonté de soutenir l'effort nécessaire pour accomplir cette fin. Heilbrunn: Mais nous semblons répéter cela en boucle. Kissinger: Parce que nous refusons d'apprendre par l'expérience. Parce que c'est essentiellement le fait d'un peuple anhistorique. À l'école aujourd'hui, on n'enseigne plus l'histoire comme une succession d'événements. Elle est traitée en termes de thèmes sans contexte. 3 Lien vers le commentaire Partager sur d’autres sites More sharing options...
Tancrède Posté(e) le 18 juin 2017 Share Posté(e) le 18 juin 2017 7 minutes ago, Wallaby said: Je connais mal son passé. Je sais qu'il y a des Américains, dont Bernie Sanders, qui le considèrent comme un criminel de guerre à cause de ce qu'il a fait au VietNam et au Cambodge : http://www.salon.com/2016/02/12/henry_kissingers_mad_and_illegal_bombing_what_you_need_to_know_about_his_real_history_and_why_the_sandersclinton_exchange_matters/ Pour le Chili aussi. Il y a de la légitimité dans l'argument, mais il faut noter qu'il y a une rancoeur d'une certaine partie de la gauche (une partie très faible aujourd'hui: la plupart de gens de ces courants d'idées sont morts, grabataires ou plus qu'un peu aux fraises) pour des motifs plus politiques: Allende-le-socialiste vs les méchants fascistes. Cette gauche-là a tendance à fortement idéaliser le souvenir du défunt leader et à omettre pas mal de trucs. Quote Lui qui naguère a orchestré le rapprochement des Etats-Unis avec la Chine, est aujourd'hui semble-t-il plutôt favorable à un rapprochement avec la Russie pour peser face à la Chine. Il est l'une des rares personnalités américaines à ne pas donner dans l'hystérie anti-russe, à comprendre la réaction russe à Maidan, etc... Il rencontre Vladimir Poutine régulièrement (je n'ai jamais trop compris pourquoi : uniquement pour de la politique ou bien aussi pour faire du business ?) Il y a certes de la vision dans ses motivations, mais il y a aussi beaucoup d'ego, et le genre de personnalité qui va avec de telles carrières: des animaux comme ça ne décrochent JAMAIS, tant qu'ils sont capables de respirer. Et Kissinger est un peu comme Chateaubriand en son temps (qui était aussi très impliqué en politique, rappelons-le): il se croit mourant quand on ne parle plus de lui, et il n'aime pas ça. "Dear Henry" n'est pas connu pour être une personnalité modeste. Je recommande la lecture de son "opus magnum", Diplomatie (la traduction est très correcte, mais attention, c'est un méga pavé): outre le contenu qui est hautement intéressant si on a assez de bagage (surtout historique) pour pouvoir comprendre les références et ne pas devenir esclave de sa façon de voir l'histoire qu'il raconte, le style et la vision qui président à l'analyse donnent une bonne idée de la personnalité de l'auteur..... C'est un vaniteux plus qu'un tantinet démiurge. Il est un poids lourd de l'histoire récente, et il le sait vraiment un peu trop bien. Aller voir Poutine, c'est à mon avis surtout une façon pour lui de se dire qu'il "existe" encore, qu'il compte, et qu'il pèse quelque chose dans la nébuleuse que sont les cercles de décision de la politique extérieure américaine. 4 Lien vers le commentaire Partager sur d’autres sites More sharing options...
SinopeMT Posté(e) le 18 juin 2017 Share Posté(e) le 18 juin 2017 il y a 31 minutes, Tancrède a dit : C'est un vaniteux plus qu'un tantinet démiurge. Il est un poids lourd de l'histoire récente, et il le sait vraiment un peu trop bien Ok, merci pour les explications Tancrède et Wallaby. C'est indéniablement un acteur majeur en son temps en somme, à l'ego hypertrophié mais pour des raisons compréhensibles. Et apparemment, ses décisions tombent plutôt du bon côté, dès lors on peut le considérer comme une sommité de son domaine n'est-ce pas? Lien vers le commentaire Partager sur d’autres sites More sharing options...
C’est un message populaire. Shorr kan Posté(e) le 18 juin 2017 C’est un message populaire. Share Posté(e) le 18 juin 2017 (modifié) Il y a 3 heures, SinopeMT a dit : Concernant Kissinger, j'ai du mal à me faire une opinion sur son oeuvre. En école, il est vu comme un démiurge omnipotent et cruel, d'autres le voit comme un génie. Mais quel est son bilan et de quel côté de la balance le mets-on? De part ses origines et sa formation il a apporté à la diplomatie américaine une vision européenne où la nation et la realpolitik font la substance des relations entre les pays du Continent. Les responsables américains de l'époque sont obsédés par la lutte contre le communisme et pensent tout en terme de "blocs". Kissinger croit en la persistance du fait national sous la gangue de l’idéologie ; en conséquence de quoi il en conclu qu'entre l'URSS et la Chine doit exister des inimitiés plus profondes que ne le laisse penser les apparences. D'autant plus que Moscou et Pékin sont en froid depuis l'accession de Khrouchtchev au pouvoir - les soviétiques traitants les chinois de façon condescendante- et tout particulièrement depuis la déstalinisation vécu comme une trahison par Mao. Mais là où le Pentagone et le Départements d'Etat l'interprète comme une brouille superficielle, Kissinger y voit une occasion à saisir pour fracturer le camp communiste en normalisant les relations entre la Chine et les Etats-Unis. C'était un coup de maître il faut le reconnaître. L'un des plus grand basculement stratégique de l'histoire du XXième siècle. Il n'y a pas beaucoup d’événement qui ont ce statut -d'autant que les hommes politiques surestiment systématiquement leurs impacts sur les grands événements - et H. Kissinger en a été l’artisan. Sinon, avant sa carrière de diplomate il était déjà une sommité du monde universitaire, notamment pour son travail sur la dissuasion nucléaire et le point particulier de la destruction mutuelle assuré. Modifié le 18 juin 2017 par Shorr kan 8 Lien vers le commentaire Partager sur d’autres sites More sharing options...
SinopeMT Posté(e) le 18 juin 2017 Share Posté(e) le 18 juin 2017 il y a 11 minutes, Shorr kan a dit : De part ses origines et sa formation il a apporté à la diplomatie américaines une vision européenne où la nation et la realpolitik font la substance des relations entre les pays du Continent. Les responsables américains de l'époque sont obsédés par la lutte contre le communisme et pense tout en terme de "blocs". Kissinger croit en la persistance du fait national sous la gangue de l’idéologie ; en conséquence de quoi il en conclu qu'entre l'URSS et la Chine doit exister des inimitiés plus profondes que ne le laisse penser les apparences. D'autant plus que Moscou et Pékin sont en froid depuis l'accession de Khrouchtchev au pouvoir - les soviétiques traitants les chinois de façon condescendante- et tout particulièrement la déstalinisation vécu comme une trahison par Mao. Mais là où le Pentagone et le Départements d'Etat l'interprète comme une brouille superficielle, Kissinger y voit une occasion à saisir pour fracturer le camp communiste en normalisant les relations entre la Chine et les Etats-Unis. C'était un coup de maître il faut le reconnaître. L'un des plus grand basculement stratégique de l'histoire du XXième siècle. Il n'y a pas beaucoup d’événement qui ont ce statut -d'autant que les hommes politiques surestiment systématiquement leurs impacts sur les grands événements - et H. Kissinger en a été l’artisan. Sinon, avant sa carrière de diplomate il était déjà une sommité du monde universitaire, notamment pour son travail sur la dissuasion nucléaire et le point particulier de la destruction mutuelle assuré. Merci beaucoup pour cet exposé didactique et limpide. 1 Lien vers le commentaire Partager sur d’autres sites More sharing options...
Rob1 Posté(e) le 18 juin 2017 Share Posté(e) le 18 juin 2017 Effectivement c'est clair dit comme ça. Cela étant dit, mis à part la Chine, je ne vois pas de choses exceptionnelles dans ses principaux dossiers. Il a fait comme il a pu pour faire avaler le retrait du Vietnam, le Chili c'est assez dans la ligne de la politique US en général, SALT ne sort pas d'un chapeau (et les mauvaises langues disent que Kissinger a fait trop de concessions pour obtenir un accord signé avant l'élection de 1972)... Il semble impossible d'évoquer de Kissinger sans partir dans les superlatifs (négatifs ou positif), mais j'ai du mal à voir en quoi il se distinguerait d'autres noms comme Bundy, Brzezinski ou Scowcroft. Lien vers le commentaire Partager sur d’autres sites More sharing options...
Alexis Posté(e) le 18 juin 2017 Share Posté(e) le 18 juin 2017 Le 16/06/2017 à 18:34, Carl a dit : Fake news Alexis - Trump était déjà candidat en 2000, ce qui a inspiré la prédiction des simpsons Mais... tu m'as cassé mes illusions, là ! <s'en va tout triste...> <reprend du poil de la bête> Oué euh quand même en 2000 il semblait absurde que Trump ait jamais la moindre chance sérieuse - il n'avait d'ailleurs même pas été jusqu'au bout de son essai de candidature en 2000 - donc le présenter comme un futur ancien président c'était quand même de la prescience, na ! Même si les auteurs n'y croyaient sans doute pas eux-mêmes... Il y a 2 heures, Wallaby a dit : Je connais mal son passé. Je sais qu'il y a des Américains, dont Bernie Sanders, qui le considèrent comme un criminel de guerre à cause de ce qu'il a fait au VietNam et au Cambodge : http://www.salon.com/2016/02/12/henry_kissingers_mad_and_illegal_bombing_what_you_need_to_know_about_his_real_history_and_why_the_sandersclinton_exchange_matters/ Toutes les réponses précédentes étaient informatives au sujet de Kissinger qui est une "pointure" et un tenant convaincu de l'école réaliste en politique étrangère, ce qui en fait de toute façon un personnage intéressant à écouter. Cela n'empêche pas Kissinger d'être par ailleurs non seulement un criminel de guerre, mais probablement le plus grand criminel de guerre encore vivant. C'est lui qui a été avec Nixon l'un des deux décideurs de la campagne de bombardements massifs du Cambodge entre 1970 et 1973, menée en secret dans le cadre de la guerre du Vietnam, alors d'ailleurs que le Cambodge était pays neutre. L'opération "Freedom Deal" a été depuis étudiée en détails, notamment grâce à des documents devenus depuis d'accès public aux Etats-Unis. Le Cambodge a été frappé par plus de 2,7 millions de tonnes de bombes, davantage que le total de tous les bombardements de la seconde guerre mondiale - ceci sur une moitié d'un pays grand comme un quart de la France : Il y a disputes sur le nombre de civils tués directement par cette campagne, les estimations les plus basses étant autour de 50 000, les plus hautes vers 150 000 voire au-delà, sauf certaines estimations jusqu'à 500 000, qui semblent cependant moins sourcées. Concernant les dégâts indirects, les bombardements contribuèrent puissamment à une grande crise de réfugiés au Cambodge, plus d'un quart de la population se déplaçant en peu de temps des campagnes vers les villes, avec les résultats notamment sanitaires qu'il est facile d'imaginer. Last but not least, cette campagne de bombardement fut un puissant argument de propagande aidant ce qui était un petit groupe communiste extrémiste à se transformer en un mouvement suffisamment puissant pour prendre le pouvoir à Phnom Penh en 1975. Les Khmers Rouges tuèrent environ 2 millions de Cambodgiens - un quart de la population du pays - durant leurs quatre années de règne, avant d'être renversés par une intervention vietnamienne. Il y a pas de matériel en ligne sur le sujet. Ici un extrait du livre "Kissinger, Nixon et la destruction du Cambodge" (en anglais), une courte notice sur Kissinger ou encore un mémoire de Sciences Po très riche sur le sujet. Ces faits sont établis, sans dépendre de notions comme "gauche" ou "droite". Voilà, aussi, qui est Kissinger. Il y a 1 heure, Rob1 a dit : Il semble impossible d'évoquer de Kissinger sans partir dans les superlatifs (négatifs ou positif), mais j'ai du mal à voir en quoi il se distinguerait d'autres noms comme Bundy, Brzezinski ou Scowcroft. Ce qui distingue Kissinger d'autres conseillers attitrés du président américain comme Brzezinski et Scowcroft, c'est la responsabilité directe - avec Nixon, mais l'influence de Kissinger était directrice - sur la décision de commettre des crimes de guerre massifs - dizaines à centaines de milliers de victimes directes, sans parler de la contribution impossible à calculer mais en tout état de cause significative à l'accession au pouvoir de gens qui firent dix fois pire. Je ne connaissais pas Bundy. Après petite recherche Internet, j'imagine que tu en parles pour faire un peu d'humour noir. Ted Bundy, l'un des plus meurtriers des tueurs en série américains... 2 Lien vers le commentaire Partager sur d’autres sites More sharing options...
Carl Posté(e) le 19 juin 2017 Share Posté(e) le 19 juin 2017 (modifié) Il y a 9 heures, Alexis a dit : Oué euh quand même en 2000 il semblait absurde que Trump ait jamais la moindre chance sérieuse - il n'avait d'ailleurs même pas été jusqu'au bout de son essai de candidature en 2000 - donc le présenter comme un futur ancien président c'était quand même de la prescience, na ! Même si les auteurs n'y croyaient sans doute pas eux-mêmes... En 2000, c'était en effet une hypothèse absurde et particulièrement drôle... Aaah les années 2000 et mes cheveux me manquent On verra si les simpsons ne se sont pas plantés sur l'après Trump : dans l'épisode, Lisa succédant à Trump hérite juste de finances dans un état catastrophique, ce qui parait aujourd'hui un peu optimiste. Au passage, Lisa étant la "first straight female President", la prédiction des simpsons suggère une défaite de Trump face à une lesbienne en 2020 et une nouvelle victoire de Trump en 2024, et je dois confesser qu'en écrivant ça, une part de moi à eu envie que cela se produise réellement Il y a 9 heures, Alexis a dit : Je ne connaissais pas Bundy. Après petite recherche Internet, j'imagine que tu en parles pour faire un peu d'humour noir. Ted Bundy, l'un des plus meurtriers des tueurs en série américains... ...ou le l'humour tout court avec un autre Bundy ... ... ou éventuellement l'un des 2 frères William et Mc George Bundy https://fr.wikipedia.org/wiki/William_Bundy https://fr.wikipedia.org/wiki/McGeorge_Bundy Modifié le 19 juin 2017 par Carl Lien vers le commentaire Partager sur d’autres sites More sharing options...
Marcus Posté(e) le 19 juin 2017 Share Posté(e) le 19 juin 2017 Il y a 18 heures, MoX a dit : + Les LGBTs qui sont à fond avec Trump. Ben oui, si j'ai bien compris, en cas de destitution, c'est Mike Pence qui prend le relais ... Le VP Pence n’est pas sur d’être président si Trump démissionne. Il a participé à la campagne électorale de Trump et est accusé d’avoir travaillé avec des personnes qui avaient des contacts avec les Russes. Le VP Pence se défend en disant qu’il n’était pas au courant de l’aspect Russe de ses personnes. Mais il fait actuellement partie des sujets de l’enquête Russe. C’est pour cela que Tancrède expliquait que le VP Pence est en trains de se ruiner dans ses frais d’avocats. Il a vraiment besoin de vraiment bons avocats. C’est vital pour lui s’il veut espérer devenir à terme Président des USA. Le 17/06/2017 à 17:31, Tancrède a dit : Un complément à ce que j'ai dit sur le grand effort actuel des personnels de la MB, jusqu'au sommet, pour choper des avocats; j'avais signalé que Mike Pence, qui n'a pas de fortune personnelle, avait engagé le genre d'avocat washingtonien qui facture à 700-800$ de l'heure (plus les autres prestataires que de telles personnalités doivent aussi engager poru des affaires de cette dimension: enquêteurs, consultants RP, avocats en plus....). Sur Wikipedia, on trouve une liste de 17 postes qui peuvent remplacer le Président des USA s’il y a un problème : https://fr.wikipedia.org/wiki/Ordre_de_succession_présidentielle_des_États-Unis L’ordre est impératif. Donc si le VP est lui aussi indisponible, c’est le Président de la Chambre des représentants (Speaker de la Chambre) Paul Ryan qui sera désigné le nouveau Président des USA. Ryan n’a pas de grosses enquêtes sur lui. C’est un gros idiot mais ce ne l’empêchera de devenir le Président des USA. Quand Reagan s’était fait tirer dessus, Il avait des balles explosives non explosées dans le corps. On n’était pas sur qu’il allait survivre. Son VP était absent et ne répondait pas aux appels. Des officiels à la Maison Blanche se sont demandé si ce n’était pas un complot. Que Reagan et son VP s’étaient fait tirer dessus exactement en même temps. Le numéro 6 de la liste, le Secrétaire à la Défense a proposé de devenir Président des USA. Puisque les USA étaient sous attaque, il fallait une réponse ferme. Sa gourmandise visible n’a pas plus. Il a été vite viré. 3 Lien vers le commentaire Partager sur d’autres sites More sharing options...
Alexis Posté(e) le 19 juin 2017 Share Posté(e) le 19 juin 2017 (modifié) Il y a 1 heure, Carl a dit : On verra si les simpsons ne se sont pas plantés sur l'après Trump : dans l'épisode, Lisa succédant à Trump hérite juste de finances dans un état catastrophique, ce qui parait aujourd'hui un peu optimiste. Dans la vie réelle, les finances américaines étaient déjà catastrophiques lors de l'entrée en fonction de Trump... Or, imaginer que les Etats-Unis seront à peu près dans le même état en 2020 qu'en 2016, c'est probablement sous-estimer sérieusement le président américain. Citation Au passage, Lisa étant la "first straight female President", la prédiction des simpsons suggère une défaite de Trump face à une lesbienne en 2020 et une nouvelle victoire de Trump en 2024, et je dois confesser qu'en écrivant ça, une part de moi à eu envie que cela se produise réellement Autre option : qu'à l'issue de son deuxième mandat, Trump fasse élire grâce à son appui une de ses protégées - qui se trouverait être lesbienne - ce qui lui permettrait de lui succéder quatre ans plus tard pour un troisième mandat sans dépasser la limite de deux mandats #VladimirMyHero #PutinForAmerica ? Oui, je sais, la limite américaine de deux mandats maximum est écrite de manière telle à interdire ce genre de manip - râaaah que des rabats-joie ! Oui je sais, bis, Donald Trump aurait 82 ans pour commencer un troisième mandat après sa copine lesbienne. Mais avec un seau un peu de Botox, ça devrait le faire #VladimirMyHero #PutinForAmerica Citation ... ou éventuellement l'un des 2 frères William et Mc George Bundy https://fr.wikipedia.org/wiki/William_Bundy https://fr.wikipedia.org/wiki/McGeorge_Bundy Ah je comprends mieux. Il est vrai que comparer un Kissinger à un Ted Bundy, c'était un peu le petit artisanat comparé à la grande industrie... Modifié le 19 juin 2017 par Alexis Lien vers le commentaire Partager sur d’autres sites More sharing options...
rendbo Posté(e) le 19 juin 2017 Share Posté(e) le 19 juin 2017 il y a 7 minutes, Alexis a dit : Il est vrai que comparer un Kissinger à un Ted Bundy, c'était un peu le petit artisanat comparé à la grande industrie... Artisan ou industrie, seule compte l'amour du travail bien fait, pas l'échelle... 1 Lien vers le commentaire Partager sur d’autres sites More sharing options...
Alexis Posté(e) le 19 juin 2017 Share Posté(e) le 19 juin 2017 il y a 10 minutes, rendbo a dit : Artisan ou industrie, seule compte l'amour du travail bien fait, pas l'échelle... Exactement ! Merci pour votre soutien au petit artisanat d'art ! Lien vers le commentaire Partager sur d’autres sites More sharing options...
Tancrède Posté(e) le 19 juin 2017 Share Posté(e) le 19 juin 2017 (modifié) Pour aider à continuer de mieux tracer les contours réels de l'Amérique comme j'essaie de le faire régulièrement, et à s'éloigner des clichés et apparences du pays: https://www.bloomberg.com/news/articles/2017-06-12/america-s-health-care-crisis-is-a-gold-mine-for-crowdfunding Près de la moitié des fonds levés par crowdfunding concernent des dépenses médicales de citoyens américains sans aucun autre recours face aux coûts absurdement élevés des assurances et frais médicaux, à la faible couverture par les mêmes assurances dans la majorité des contrats, aux durées limitées de couverture, à l'absence encore très récurrente de couverture pour nombre de gens.... Cette proportion est appelée à rapidement augmenter, qu'Obamacare soit démoli par le Congrès ou non: les entreprises de crowdfunding constatent que cela fait déjà un bail qu'il s'agit là de leur principal secteur de croissance, et celui qui garde les prévisions les plus élevées, tant et si bien que d'autres plates-formes, comme Facebook lui-même, se lancent dans le business. GoFundMe avait levé 2 milliards de dollars pendant la période d'une étude de NerdWallet sur le sujet: 930 millions étaient pour de telles levées de fonds médicales. Ces entreprises prélèvent entre 3 et 7% des sommes levées, plus 30 cents par transaction: on comprend l'intérêt. On peut imaginer les tragédies en ligne, et l'aspect assez peu ragoûtant du business, en moyenne, couvert par quelques jolies histoires. Une cartographie du crowdfunding: A peine plus de 10% de ceux qui essaient atteignent leurs objectifs; en moyenne, les demandeurs obtiennent 40% de ce dont ils ont -souvent vitalement- besoin. Même au Canada voisin, où le système de santé est souvent vanté (enfin, aux USA), ce besoin existe aussi, et la demande est loin de trouver suffisamment d'offre. Qui plus est, c'est évidemment un modèle vicié, où ceux qui se démarquent sont les cas les plus exceptionnels, souvent caricaturaux, et dont les messages sont mieux vendus (bref, à qui fera la meilleure "pity party"). Comme au cinoche, c'est la course aux cas anormaux et à la sur-dramaturgie qui l'emporte, soit une affectation de ressources déjà très limitées selon des ressorts plus irrationnels et le poids du sensationnalisme. On peut être mélodramatique et parler de "marchandisation de la souffrance", et on n'aura pas tort pour autant. Certains pensent cependant que l'argent disponible va assez rapidement baisser, devant la "banalité" de ces demandes sans nombre: il y aurait, si cet avis est juste, une période d'engouement et de compassion, mais loin d'être à la mesure du phénomène, et qui ne durera pas face au raz de marée permanent. Seul Kickstarter se tient à l'écart du marché, pensant qu'il bousille le business model du crowdfunding par un effet de vampirisation des autres levées de fonds (genre avoir une demande de fric pour faire un film à côté d'une pour sauver un enfant malade). Rappelons aussi le contexte général; la première cause de banqueroute aux USA, de très loin, réside dans les dépenses de santé. 2/3 des banquertoutes leur sont dues, soient autour de 640 000 par an (représentant entre 3 et 4 fois plus d'individus, puisqu'évidemment, quand ça frappe, toute une famille mange), ce qui renvoie, plus largement, autant à des problèmes des coûts de santé (couverture, coûts des soins et assurances) que de revenus (travail/chômage et précarité, niveaux des salaires, faiblesse du revenu disponible). Par ailleurs, autour de 60 millions d'adultes (près de 25% des 19-64 ans) sont en difficulté quotidienne grave chaque année à cause de dépenses médicales passées ou présente. Le problème concerne aussi nombre de ceux qui ONT une assurance, le débat en général s'attachant à ne cibler que la dichotomie assurés/pas assurés: la majorité des couvertures santé sont au mieux partielles, souvent médiocres, et même beaucoup de ceux qui sont assurés d'une couverture à l'année (pas si fréquents) ont des problèmes (10 à 15 millions). Rappelons à cet effet que 75% des adultes ayant un emploi vivent de fait de salaire en salaire, quasiment sans revenu disponible ou possibilité de mettre de l'argent de côté: avec un revenu médian par foyer tournant autour de 50 000$ (insuffisant pour vivre et avoir une famille dans la plupart des agglomérations conséquentes), les possibilités de faire face à une situation médicale un peu grave, exigeant beaucoup de dépenses non prises en charge par l'assurance (un fait générique aux USA), sont limitées, et induisent quasi automatiquement une spirale d'endettement souvent destructrice (entre autres parce que les organismes de cartes de crédit, bien représentés au Congrès, sont très abusifs et intouchables). 15 à 17 millions de gens videront leurs économies pour essayer de couvrir la facture médicale chaque année, et 10 à 15 millions d'autres ne pourront payer (et/ou devront s'endetter) pour payer les basiques (loyer, bouffe, électricité...). Et c'est sans compter sur les comportements adoptés en réponse à cette situation structurelle: 30 millions de gens, par exemple, ne suivent pas les prescriptions du médecin pour éviter la dépense, et (je l'avais cité plus haut) nombre d'autres revendent les médocs (opiacées surtout), favorisant le trafic. Modifié le 19 juin 2017 par Tancrède 4 Lien vers le commentaire Partager sur d’autres sites More sharing options...
Wallaby Posté(e) le 19 juin 2017 Share Posté(e) le 19 juin 2017 (modifié) http://nationalinterest.org/feature/blocpolitik-21208?page=3 (18 juin 2017) Aujourd'hui (...) l'incorporation de territoires supplémentaires par conquête serait vue comme illégitime et susciterait une résistance. Mais les blocs qui sont des sortes d'empires informels peuvent être constitués par des alliances militaires et des accords commerciaux, ce qui est difficile à distinguer d'un colonialisme de fait où l'un des partenaires est un protectorat faible et l'autre une grande puissance. Le nationalisme transactionnel de Donald Trump horrifie la classe dirigeante aux commandes de la politique étrangère, parce qu'il suggère que le président ne réalise pas que la maintenance du bloc n'est pas une simple priorité parmi d'autres mais constitue l'objectif suprême de la stratégie américaine. Du point de vue de cette élite, demander si les Américains voient les bénéfices de la protection du Japon, de la Corée du Sud et des riches alliés de l'OTAN revient à exiger un bilan des recettes et des dépenses de la protection fédérale des États du Sud des États-Unis ou de ceux de la côte Ouest. La plupart des membres de l'élite de politique étrangère ne peuvent pas plus concevoir une Corée du Sud ou une Pologne en dehors du bloc militaire américain qu'ils ne peuvent concevoir que la Virginie ou la Californie soient en dehors des Etats-Unis d'Amérique. Mais la classe dirigeante aux commandes de la politique étrangère refuse de reconnaître l'échec de la prétention américaine à l'hégémonie globale, prétendant au contraire que "l'ordre mondial libéral" est attaqué de façon injuste par la Chine, la Russie et peut-être l'Iran. (...) Pendant ce temps, les alliés illibéraux et anti-démocrates de l'Amérique que sont le Qatar et l'Arabie Saoudite, responsables de la promotion de djihadistes salafistes qui se battent par procuration en Syrie et ailleurs, sont censés être compris comme des Etats qui soutiennent l'ordre mondial libéral. Le nationalisme populiste interne à l'Europe obère toute tentative de transformer le continent en un bloc centralisé et indépendant capable d'agir comme un tout dans les affaires mondiales. Au contraire, l'Europe pourrait soit rester un protectorat américain, soit dériver vers la neutralité, ou dans le scénario du pire, être transformée en arc de crise où les puissances extérieures rivalisent. Modifié le 19 juin 2017 par Wallaby 2 Lien vers le commentaire Partager sur d’autres sites More sharing options...
SinopeMT Posté(e) le 19 juin 2017 Share Posté(e) le 19 juin 2017 C'est assez impressionnant les implications de cet article. De ce point de vue-là, effectivement l'Europe est un havre de paix, nous sommes très loin de nous saigner aux quatre fers à cause de nos problèmes de santé. Et puis, si on se remet la video de John Oliver sur les bounty-hunter, ça amplifie encore plus la vision de cauchemar pour les gens qui mauvais côté de la richesse. Cette absence de vergogne des entreprise et de façon plus général des riches envers les pauvres est très similaire à celle que j'ai vécu au Brésil, cet irrespect total de la fange puante et misérable méritante de son propre funeste... Pendant ce temps-là, Marissa Mayer, patronne de Yahoo partira avec 186 millions: https://www.theguardian.com/technology/2017/apr/25/yahoo-marissa-mayer-payout-186-million Rappelez que Marissa Mayer a été porté aux nues parce femme, mère comblée (elle a pondu 3 gosses pendant son mandat) et belle (elle a posé dans Vogue), payé 50 millions par an pour redresser Yahoo. Or la greffe n'a pas prise, elle a eu une frénésie d'acquisitions qui n'ont pas payé, n'a pas réussi à changer la culture de la boîte en passant pour une sorte de Robocop perchée dans les nuages adepte du "Yakafaukon". En bout de course, Yahoo a été de se vendre à Verizon pour 5 milliards, soit un dixième de ce que Microsoft était prêt à mettre en 2008 sous Jerry Yang. Ces sommes colossales pour des managers "salariés" laissent un goût amer comparé à l'infographie plus haut sur le salaire moyen. Pour le cas Mayer, ce qui est encore plus choquant est la distortion entre ses résultats et la campagne de PR et marketing autour de sa personne, l'érigeant en pinacle de la businesswoman et de la modernité (un homme en mieux mais femme!). Ceci bénéfie à un individu mais lèse une partie considérable du groupe dont beaucoup sont des gens socialement vertueux. 3 Lien vers le commentaire Partager sur d’autres sites More sharing options...
Tancrède Posté(e) le 19 juin 2017 Share Posté(e) le 19 juin 2017 10 minutes ago, SinopeMT said: C'est assez impressionnant les implications de cet article. De ce point de vue-là, effectivement l'Europe est un havre de paix, nous sommes très loin de nous saigner aux quatre fers à cause de nos problèmes de santé. Et puis, si on se remet la video de John Oliver sur les bounty-hunter, ça amplifie encore plus la vision de cauchemar pour les gens qui mauvais côté de la richesse. Cette absence de vergogne des entreprise et de façon plus général des riches envers les pauvres est très similaire à celle que j'ai vécu au Brésil, cet irrespect total de la fange puante et misérable méritante de son propre funeste... Pendant ce temps-là, Marissa Mayer, patronne de Yahoo partira avec 186 millions: https://www.theguardian.com/technology/2017/apr/25/yahoo-marissa-mayer-payout-186-million Rappelez que Marissa Mayer a été porté aux nues parce femme, mère comblée (elle a pondu 3 gosses pendant son mandat) et belle (elle a posé dans Vogue), payé 50 millions par an pour redresser Yahoo. Or la greffe n'a pas prise, elle a eu une frénésie d'acquisitions qui n'ont pas payé, n'a pas réussi à changer la culture de la boîte en passant pour une sorte de Robocop perchée dans les nuages adepte du "Yakafaukon". En bout de course, Yahoo a été de se vendre à Verizon pour 5 milliards, soit un dixième de ce que Microsoft était prêt à mettre en 2008 sous Jerry Yang. Ces sommes colossales pour des managers "salariés" laissent un goût amer comparé à l'infographie plus haut sur le salaire moyen. Pour le cas Mayer, ce qui est encore plus choquant est la distortion entre ses résultats et la campagne de PR et marketing autour de sa personne, l'érigeant en pinacle de la businesswoman et de la modernité (un homme en mieux mais femme!). Ceci bénéfie à un individu mais lèse une partie considérable du groupe dont beaucoup sont des gens socialement vertueux. Voir aussi le cas de Carly Fiorina à HP, désormais moins défendue depuis que ses campagnes électorales successives l'ont plus exposée. Sinon, voir l'émission d'Oliver d'hier soir, sur le cas particulier de l'industrie du charbon aux USA, rendue iconique et hautement politique par Donald Trump.... Avec des personnages particulièrement peu savoureux dans le rôle des PDG de cette activité. Lien vers le commentaire Partager sur d’autres sites More sharing options...
Rob1 Posté(e) le 19 juin 2017 Share Posté(e) le 19 juin 2017 Il y a 17 heures, Alexis a dit : Ce qui distingue Kissinger d'autres conseillers attitrés du président américain comme Brzezinski et Scowcroft, c'est la responsabilité directe - avec Nixon, mais l'influence de Kissinger était directrice - sur la décision de commettre des crimes de guerre massifs - dizaines à centaines de milliers de victimes directes, sans parler de la contribution impossible à calculer mais en tout état de cause significative à l'accession au pouvoir de gens qui firent dix fois pire. J'ai du mal à voir la différence par rapport aux responsables US des campagnes de bombardement le Nord-Viet-nam ou les conséquences des frappes + embargo en Irak (minute Madeleine Albright). Ou, ailleurs, sur leurs homologues soviétiques en Afghanistan. PS diptérosodomite : l'opération Freedom Deal n'était pas secrète, c'était l'opération Menu. 2 Lien vers le commentaire Partager sur d’autres sites More sharing options...
SinopeMT Posté(e) le 19 juin 2017 Share Posté(e) le 19 juin 2017 Il y a 2 heures, Tancrède a dit : Voir aussi le cas de Carly Fiorina à HP, désormais moins défendue depuis que ses campagnes électorales successives l'ont plus exposée. Sinon, voir l'émission d'Oliver d'hier soir, sur le cas particulier de l'industrie du charbon aux USA, rendue iconique et hautement politique par Donald Trump.... Avec des personnages particulièrement peu savoureux dans le rôle des PDG de cette activité. Effectivement, le Bob Murray a une bouille d'enfer. Don Blankenship est une belle enflure également. Ce qui m'impressionne est le niveau de rémunération de ces types pour des boîtes qui sont "petites" à l'échelle américaine. Pire, si ces sociétés étaient fillialisées dans de plus grandes sociétés, leurs paies seraient plus faible. Lien vers le commentaire Partager sur d’autres sites More sharing options...
Tancrède Posté(e) le 19 juin 2017 Share Posté(e) le 19 juin 2017 10 minutes ago, SinopeMT said: Effectivement, le Bob Murray a une bouille d'enfer. Don Blankenship est une belle enflure également. Ce qui m'impressionne est le niveau de rémunération de ces types pour des boîtes qui sont "petites" à l'échelle américaine. Pire, si ces sociétés étaient fillialisées dans de plus grandes sociétés, leurs paies seraient plus faible. Dans les faits, et vu le fonctionnement de la politique et de la justice américaines, surtout au niveau local/multilocal (l'échelon fédéral n'ayant qu'un pouvoir limité: on y a recours que sur demande dans la majorité des cas, donc il faut que ça remonte la chaîne, ce qui est lent et difficile pour les gens de peu de moyens), ces types ont toute latitude pour être bien plus que des patrons: ce sont de véritables autocrates locaux, des barons-brigands de la pire espèce qui achètent toutes les complicités possibles, et dont l'impunité est quasi totale, surtout dans les Etats les plus vulnérables aux pots de vins, ceux qui sont peu peuplés et pas très riches, ce qui est souvent le cas (mais pas toujours: voir une des mines de Murray dans l'Illinois) des Etats miniers, typiquement pas mal de ceux des Apalaches, du Midwest/Rocheuses, du nord.. La structure socio-économique tend à y être nettement plus pyramidale (ce qui est beaucoup dire dans une Amérique qui s'est vachement "verticalisée" de ce point de vue depuis 40 ans), avec peu de mobilité sociale (moins que la moyenne d'un pays qui est désormais en queue de peloton de l'OCDE sur ce plan), et les rapports sociaux bien plus (encore plus) clientélistes, quasi féodaux, ce que les structures de pouvoir de la vieille "dixiecratie" dans le sud illustre au mieux. Mais pour la rémunération, je crois qu'il faut signaler que, dans le cas de Murray, il est proprio aussi, et Blanckenship est/était un actionnaire important, et un "joueur" poids lourd qui faisait bien plus que gérer un business, étant impliqué au plus haut point dans les réseaux d'influence des Etats où sa boîte était implantée (surtout la Virginie Occidentale). Lien vers le commentaire Partager sur d’autres sites More sharing options...
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