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Armées au XVIIIième siècle, manoeuvres, emploi


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Voilà je lance ce fil car je n'ai jamais rien compris au sujet. Ils 'agit de l'emploi sur le terrain, de l'emploi tactique, voir opératif des armées au XVIIIième. Je m’intéresse à la planification du champs de bataille et aux manoeuvres engagées en batailles, notamment à la manière dont elles étaient exécutées, à quelle vitesse, en combien de temps un régiment passe de son statut au repos à celui du mouvement pour finir par se mettre en position de tir. Idem pour la cavalerie voir même l'artillerie.

Je sais que la boucle OODA est très lente et que tout est très procédurier. ordre écrit et réponse écrite etc etc mais à quel point ?

Quels documents pourrais-je consulter pour me faire une idée ?

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Le fondamental, pour la bataille, c'est la logique de la ligne; il faut une ligne la plus longue possible pour ne pas être débordé, et pour déployer tous les mousquets et fusils afin d'obtenir le feu le plus dense (les balles tuent peu, la précision et la portée sont faibles). Mais il faut que cette ligne soit solide. Donc ce qui compte, c'est le bataillon, qui doit être articulé en compagnies les plus nombreuses possibles (une dizaine en moyenne), qui ne sont pas des unités de manoeuvre, mais des "sections de tir" et les vertèbres qui tiennent le bataillon. Elles sont là pour en assurer la solidité. Le bataillon est donc déjà une unité peu maniable au sens de la guerre de mouvement et des manoeuvres rapides sur le champ de bataille, qui a été créé parce que le régiment était lui-même trop vaste pour cet usage. C'est un compromis optimisé pour la ligne.

Il est capable d'un nombre de formations limité qui nécessitent déjà un entraînement important afin de pouvoir opérer les conversions rapidement: passage de colonne à ligne et de ligne à colonnes (il faut entendre colonnes de compagnies) en 2 minutes idéalement, 1 et demie pour les unités solides (norme napoléonienne, donc déjà un cran au-dessus du XVIIIème), plus fréquemment entre 2 et 3, voire plus pour les unités de milice et les unités levées à l'occasion d'une guerre.

Le pas militaire est crucial en ce qu'il définit pour le décideur le rythme sur lequel il peut tabler, même si toutes sortes d'impondérables existent (terrain, météo, cafouillages....), pour la marche en campagne comme pour les conversions et l'usage en bataille.

Il n'existe pas vraiment de grandes unités de manoeuvres (brigades, divisions): elles existent de fait dans une armée en campagne, mais n'ont pas de cadre permanent (donc pas d'entraînement spécifique à la manoeuvre) et ne sont qu'une répartition des moyens par commodité. Les seuls "corps" d'une armée sont encore la traditionnelle répartition en ailes et centre, ce qui n'est pas la même chose en terme de coordination, de visibilité et de rapidité avec une armée de 50 000 ou une de 100 000h. les seuls corps interarmes et groupements de manoeuvre permanents sont les unités dites "légères", qui servent en campagne et peu en bataille, levées seulement en temps de guerre mais qui tendent à devenir permanentes au fil du siècle. Là encore, la réforme française d'après la guerre de 7 ans, sur conseil du maréchal de Broglie, amène la formalisation des divisions en unités de manoeuvres permanentes.

L'artillerie elle-même est peu mobile: elle est placée en début de bataille et bouge pas ou peu, à l'exception de l'artillerie à cheval (chère et peu nombreuse) de Frédéric II. C'est la raison de la réforme Gribeauval qui change cette donnée.

Pour les coms, les moyens sont toujours les mêmes: estafettes et signaux visuels, la musique étant pour régler le pas des bataillons et escadrons. Les signaux visuels souffrent de la fumée dès que le canon et les salves pètent, donc restent les messagers (estafettes et ordonnances, ou coureurs), qui se perdent, sont tués, capturés.... la lenteur est accrue par l'absence d'EM permanents à tous les niveaux: traitement de l'info et décision, habitude au "maniement" de l'outil spécifique qu'est une armée de campagne donnée.... Tout est pris "sur le tas". C'est plus rôdé à la fin d'une guerre :lol:.

Mais la taille des armées en campagne va croissant, ralentissant le tout, rendant parfois la chose ingérable, et exposant de fait les armées à des approches anciennes qui en redeviennent nouvelles et efficaces de par ce facteur: la recherche du choc par Frédéric II avec des petits morceaux de son armée se serait écrasée à l'époque louis-quatorzienne sur des armées en campagne nettement moins nombreuses en moyenne, de par la puissance de feu rapidement rassemblable en un point. Mais avec les énormes machins peu articulés que sont les armées du milieu du XVIIIème, cette méthode redevient d'actualité, pour peu que le différentiel de vitesse (créé par des corps très drillés au sein d'une armée plus vaste) soit suffisant. Comme en mer, la rupture redevient possible, développement qui préfigure la tactique napoléonienne.

Je sais que la boucle OODA est très lente et que tout est très procédurier. ordre écrit et réponse écrite etc etc mais à quel point ?

Pas forcément: tout dépend en fait du chef, car certains aristos entretiennent avec leurs "clients" des relations permanentes et s'habituent à travailler ensemble avant une guerre, voire s'optimisent pour cela.

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L'artillerie elle-même est peu mobile: elle est placée en début de bataille et bouge pas ou peu, à l'exception de l'artillerie à cheval (chère et peu nombreuse) de Frédéric II. C'est la raison de la réforme Gribeauval qui change cette donnée.

l'artillerie montée à l'image de la suédoise de la guerre de trente ans ? les pièces légères ?

Mais la taille des armées en campagne va croissant, ralentissant le tout, rendant parfois la chose ingérable, et exposant de fait les armées à des approches anciennes qui en redeviennent nouvelles et efficaces de par ce facteur: la recherche du choc par Frédéric II avec des petits morceaux de son armée se serait écrasée à l'époque louis-quatorzienne sur des armées en campagne nettement moins nombreuses en moyenne, de par la puissance de feu rapidement rassemblable en un point. Mais avec les énormes machins peu articulés que sont les armées du milieu du XVIIIème, cette méthode redevient d'actualité, pour peu que le différentiel de vitesse (créé par des corps très drillés au sein d'une armée plus vaste) soit suffisant. Comme en mer, la rupture redevient possible, développement qui préfigure la tactique napoléonienne.

Donc il y à "tronçonnage" du dispositif adverse ce qui entraine une dispersion ? C'est assez particulier. Il faut combien de temps à une armée pour se remettre ? Si les pertes sont si faibles ? C'est à ce moment là qu'intervient la cavalerie qui tape dans les unités dispersées pour faire du chiffre (en d'autres termes la poursuite) ?

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l'artillerie montée à l'image de la suédoise de la guerre de trente ans ? les pièces légères ?

Le modèle de Gustave Adolphe (attention, c'est un modèle court dans le temps, il ne correspond pas à l'armée suédoise en général, juste au règne de Gustave Adolphe en particulier) est en effet à comparer au modèle frédéricien (lui aussi qui correspond au règne et n'a que de mauvaises continuations) en ce qu'il recherche le choc, la rupture, et optimise l'armée pour cela:

- cavalerie moins apte en tant qu'arme (y compris pour le combat de cavalerie) et en fait plus "spécialisée" dans la charge frontale au botte à botte par petits groupes mêlés à l'infanterie

- pièces légères et mobiles pour appuyer une charge en maximisant l'effet de feu au contact. Mais l'artillerie à cheval suédoise est embryonnaire et ne durera pas

- pièces très légères réparties dans l'infanterie, et portables par un homme, mises en oeuvre par 2: ce sont les "canons de cuir" qui servent en fait d'armes collectives destinées à renforcer le choc juste avant l'impact de l'infanterie qui charge. Ironie, leur cadence est plus élevée que celle des mousquets

- infanterie ne jouant pas le tir par roulement ou la recherche de la ligne: elle est organisée en brigades calibrées pour l'attaque, une formation terriblement exigeante. Elle ne lâche son feu qu'une fois, idéalement, par alternance des rangs, à très courte portée pour profiter de l'effet de disruption et charger direct dans la foulée.

A noter que la configuration n'est pas la même: les armées de la guerre de Trente Ans ont encore des piquiers pour la défense, et leurs cadences de feu sont nettement plus lentes, autorisant plus d'en profiter pour charger sans trop de pertes. Mais face à une infanterie solide, c'est nettement plus aléatoire, comme Gustave Adolphe a payé de sa vie pour le savoir face aux Espagnols.

Donc il y à "tronçonnage" du dispositif adverse ce qui entraine une dispersion ? C'est assez particulier. Il faut combien de temps à une armée pour se remettre ? Si les pertes sont si faibles ? C'est à ce moment là qu'intervient la cavalerie qui tape dans les unités dispersées pour faire du chiffre (en d'autres termes la poursuite) ?

Le contact peut se prolonger si la disruption n'est que partielle, et/ou si les chefs à cet endroit ont été tués, ce qui empêche de recoordonner l'effort. Mais ces armées ont généralement un 2ème échelon si elles sont en défense, ou au moins une réserve, surtout fait de cavalerie justement à cet effet: une unité d'infanterie qui perce est généralement épuisée et endommagée, donc si une charge de cavalerie se produit sur son élément de tête, alors même qu'elle est encore en colonne de compagnies, l'effet est potentiellement dévastateur. Surout, une armée en défense (ya toujours une qui est fondamentalement sur l'attaque) a préparé le terrain et échelonné ses troupes et son artillerie: voir le "piège" de Villars à Malplaquet, qui a bouffé l'énorme colonne d'attaque anglo-alliée.

Mais c'est clair que le manque de subdivisions organiques entre le chef de centre ou d'aile et les bataillons est un facteur de réaction lente, voire de panique.

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Moi je comprend bien le fait de se mettre en ligne etc... Cela porte un coup au moral de l'ennemi par la masse de tir de la salve. Il vaut mieux que 100 ennemis tombent en même temps que un toutes les minutes.

Mais ce que je ne comprend pas, c'est pourquoi à l'époque, ils subissaient la salve adverse. Ils restaient stoïques, ne se mettant pas à couvert, ni s'allongeant au sol...

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Malplaquet ! « Encore une défaite comme ça, sire, et nous avons gagné la guerre. »

Les français sont en défense, bien enterrés je crois, les anglouzes, hollandais et autres savoyards sont très supérieurs en nombre et subissent des pertes assez terribles pour l'époque.

Pour le fait de rester stoïque sous le feu, c'est tout le débat infanterie de ligne / infanterie légère. Se planquer diminuerai la cadence de tir et le contrôle exercé par la myriade d'off et de sous off nécessaire à tenir la ligne, et donc l'efficacité de l'ensemble du bataillon.

En regardant une reconstitution un de mes amis m'avait fait la remarque "mais ils sont complètement tarés ils sont à quelques dizaines de mettre, bien en rang comme à la parade et ça tire dans tous les sens !". C'est vrai que c'est compliqué d'expliquer ça.

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"À la guerre, tout dépend d'imposer à son ennemi et, dès qu'on a gagné ce point, de ne lui plus donner le temps de reprendre du cœur." maxime de Villars.

A Malplaquet,

Sous la pression, Villars, conscient de la manœuvre coalisée qui menace sur sa gauche, fait glisser une partie de ses régiments vers la gauche, en dégarnissant partiellement le centre du dispositif. L’armée française, sur un terrain réduit, maintient ses positions contre toute attente, et fusille à bout portant l’infanterie hollandaise!

Mais ce que je ne comprend pas, c'est pourquoi à l'époque, ils subissaient la salve adverse. Ils restaient stoïques, ne se mettant pas à couvert, ni s'allongeant au sol...

On peut l'expliquer aussi par le fait que les armes de l'époque étaient peu précis, il arrivait que deux troupes s'échangeant des salves longuement sans pour autant provoquer des grosses pertes.

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Villars a fait retrancher sa ligne en profitant du terrain qui a une sorte de creux en biais par rapport à son front (qui est sur une très légère hauteur aux pentes peu prooncées) et s'enfonçant dans ses lignes, ce qui apparaît de loin comme une faiblesse dans le dispositif, faiblesse forcée par ce relief. Les Rosbifs y enverront une collone massive qui découvrira le piège trop tard: ce "chemin" est échelonné de batteries masquées et de formations d'infanterie retranchées qui les prennent en enfilade et sur les flancs.... Le résultat est sans appel.

Pour le stoïcisme, c'est en effet ça: la légère, en mouvement, se planquant.... N'a pas de solidité ni de force d'impact quand il s'agit d'opérer sur un champ de bataille, soit une concentration. Faut pas oublier que les mousquets ont pas une cadence et une portée importante, et leur capacité de pénétration est même assez faiblarde passé une (courte) distance. L'effet de groupe est le seul à marcher fort (à moins d'avoir aussi des nuées de tirailleurs, ce que les Français feront à partir de Napoléon), ou alors faut aller au choc, mais là aussi, seul le groupe compte.

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