aigle Posté(e) le 2 septembre 2011 Share Posté(e) le 2 septembre 2011 Comme j'ignorais tout de l'histoire de la noblesse et de l'armée prussiennes au XVIIIè siècle, j'ai effectué quelques recherches sommaires qui m'oint permis de trouver un article sur "la formation tactique des officiers prussiens, mémoire de recherche rédigé par Youenn Michel"."http://www.nicofig.fr/spip.php?article146"Son titre est réducteur car il décrit d'une façon plus générale la structuration du corps des officiers sous les règnes du Roi soldat et du Vieux Fritz.Et il affirme notamment que la noblesse prussienne n'était pas particulièrement militarisée sous Frédéric Guillaume Ier (1713-1740) ...Il y a eu un revirement du à 3 raisons :D'abord, la création d'une quasi-conscription nobiliaire obligeant les nobles à envoyer leurs fils chez les cadets à partir de 1739 (extrême fin du règne de Fr-G Ier)Ensuite une révolution psychologique provoquée par les spectaculaires victoires de Frédéric II qui a donné aux armes un prestige incomparable. Enfin en 1764, le Roi a chassé les roturiers (admis pendant la guerre de sept ans mais qui dont la conduite avait été très critiquée) du corps des officiers parachevant ainsi l'identification : noblesse = honneur = service du Roi sous les armes.A noter que la noblesse ne jouissait d'aucun privilège fiscal en compensation de son service militaire (qui devait être regardé par le Roi comme un honneur plus qu'une charge) - en revanche elle disposait de pouvoirs très lourds sur ses fermiers dont la position relevait plus du servage que du droit féodal préavalant en France. Ces pouvoirs furent accrus au XVIIIè siècle (mais les paysans étaient aussi soumis à un service militaire comme simple soldat).Je note au passage que déjà au XVIIIè siècle les maréchaux prussiens se nommaient Kleist et Manstein !N'étant pas du tout un expert de ces sujets je suis intéressé par vos réactions ! Lien vers le commentaire Partager sur d’autres sites More sharing options...
Tancrède Posté(e) le 2 septembre 2011 Share Posté(e) le 2 septembre 2011 Personne n'a mieux résumé la chose que Voltaire: "la Prusse est une armée qui a un Etat". Lien vers le commentaire Partager sur d’autres sites More sharing options...
aigle Posté(e) le 3 septembre 2011 Auteur Share Posté(e) le 3 septembre 2011 Personne n'a mieux résumé la chose que Voltaire: "la Prusse est une armée qui a un Etat". Eh bien le mémoire de Youenn Michel dit exactement le contrairede cette citation (parfois attribuée à Mirabeau d'ailleurs ou à divers auteurs allemands, en général austrophiles): vers 1730 rien ne distingait la monarchie des Hoehnzollern des autres Etats allemands - agglomérats de diverses provinces très attachées à leur particularisme et vaguement unis par un lien féodal à la dynastie. Et dans ces provinces les nobles étaient plus attachés à l'exploitation de leurs domaines qu'au service du Roi - service qu'ils préféraient exercer dans l'ordre civile plutôt qu'à l'armée. Il a fallu toute l'energie du "Soldatkönig" pour imposer une sorte de service militaire obligatoire pour les nobles (à vie à partir de l'âge de 13 ans) et rompre avec cette situation semi-féodale très courante dans le saint-Empire. A partir de là s'est progresivement mise en place une mentalité propre à la noblesse prussienne qui a distingué cette classe sociale de ses homologues européennes et a aussi distingué la Prusse et l'armée prussienne de ses homologues ... Telle est du moins la thèse de Youenne Michel. Lien vers le commentaire Partager sur d’autres sites More sharing options...
Tancrède Posté(e) le 3 septembre 2011 Share Posté(e) le 3 septembre 2011 Le principe même de la féodalité est une conscription militaire graduée selon le rang social qui détermine:- le niveau de "battle readiness" et d'expertise exigée; cela suppose une préparation (entraînements réguliers, dont l'importance varie selon le rang social, de même que la spécialisation d'arme). Au niveau individuel comme au niveau d'unités élémentaires et d'unités de manoeuvre d'un certain échelon, cela est théoriquement valide depuis les carolingiens et, par extension (copie de la féodalisation dans toute l'Europe, surtout à l'est), le fait s'est répandu- le temps de mobilisation minimum obligatoire et jusqu'où il peut être étendu, ou par défaut, une contribution financière- l'organisation militaire, généralement sur base territoriale (les unités sont rassemblées sur base d'une aire géographique donnée)- l'équipement requis: le droit féodal détermine combien d'hommes doivent être fournis pour X foyers, mais aussi l'équipement qu'ils doivent avoir- la hiérarchie militaire, reflet de la hiérarchie socialeLe principe de la féodalité est l'assemblée des hommes "libres mais inégaux" (les serfs sont exclus en théorie selon le vieux principe gréco-romain que seul celui qui a un bien à défendre le fera), avec l'obligation militaire comme garante graduée de ce principe de conscription particulier (tout comme la conscription universelle est une version très particulière). Avec le temps, le principe s'est bousillé (en fait la décadence se voir dès le XIIème siècle dans beaucoup d'endroits): les nobles n'aiment pas voir les pégus en armes (comme le rappelle Christine de Pisan), beaucoup de gens ou communautés achètent une exemption et/ou fournissent des hommes pour les remplacer qui n'ont pas de grande motivation et/ou qualification (mercenaire, serfs, désignés d'office), l'astreinte d'entraînement est dure à faire respecter, la noblesse resserre souvent le métier des armes comme son privilège exclusif.... Si bien qu'au bout d'un moment, l'idée même de service militaire est étrangère à beaucoup de régions d'Europe sauf à certaines époques et/ou dans certaines régions: cantons suisses, cités flamandes et nord-italiennes, gascons, royaumes du nord de l'Espagne.... ont longtemps gardé ces habitudes, voire les ont redévéloppé. partout où la féodalité n'a pas été surdéveloppée, voire a disparu, cette notion est revenue. Et plus tard, aux XVIème-XVIIème siècles, par nécessité face à la guerre et à l'extension de la taille et du coût des armées, certains souverains ont redéveloppé à différents degrés et sous d'autres formes ces obligations: Prusse et Suède en furent des exemples plus aboutis, de même que la France qui, depuis Louis XI (avec l'extensio des compagnies d'ordonnance et le système des francs- archers), a essayé plusieurs systèmes pour impliquer les "classes moyennes", censément en meilleure santé, plus motivées et éduquées, dans la chose militaire (la réorganisation de la milice sous Louis XIV a été une grande opération). Lien vers le commentaire Partager sur d’autres sites More sharing options...
Suchet Posté(e) le 3 septembre 2011 Share Posté(e) le 3 septembre 2011 Personne n'a mieux résumé la chose que Voltaire: "la Prusse est une armée qui a un Etat". Ne pourrions-nous pas dire la même chose de tous les États de l'époque ? Lien vers le commentaire Partager sur d’autres sites More sharing options...
Tancrède Posté(e) le 3 septembre 2011 Share Posté(e) le 3 septembre 2011 Non, c'est pas parce que l'essentiel du budget des Etats de l'époque va aux armées que c'est une métaphore valable. Les Etats institués sont alors avant tout clairement civils, qui graduellement se sont dotés d'armées permanentes. La Prusse (d'abord le Brandebourg) s'est constituée autour d'une armée impliquant de plus en plus les populations entre autre pour compenser sa faiblesse (démographique, économique) mais surtout sa vulnérabilité géographique et son hétérogénéité. Lien vers le commentaire Partager sur d’autres sites More sharing options...
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