Rochambeau Posté(e) le 19 juillet 2012 Share Posté(e) le 19 juillet 2012 Quand la Russie impériale croisait dans les eaux provençales En 1780, la guerre d’Indépendance fait rage sur le continent nord-américain. La France, qui soutient les « insurgents » est en guerre avec l’Angleterre. En marge du conflit principal se joue une partie diplomatique serrée entre la France, l’Angleterre et la Russie. L’enjeu, pour la France, en est le maintien des lignes d’approvisionnement en matériaux nécessaires à l’entretien et à l’armement de la Flotte (bois, chanvre, goudron, fer…) provenant pour l’essentiel des États du Nord et de la Russie. Avec obstination, le Comte de Vergennes, alors ministre des affaires étrangères, a manœuvré pour que se distendent les liens traditionnels qui unissent Catherine II à l’Angleterre. Sa persévérance est finalement récompensée lorsque, à l’initiative de la Russie, les États du Nord signent, au début de l’été 1780, un traité de neutralité armée destiné à permettre la libre navigation des neutres menacée par les règles appliquées jusque là par l’Angleterre. Le principe de ce traité à peine accepté, Catherine II promulgue un ukase (édit) ordonnant l’armement d’une flotte de 15 vaisseaux de guerre destinés à garantir la liberté du commerce et de la navigation. Elle fait parvenir à ses ambassadeurs des directives pour que soit préparé le passage des vaisseaux russes et que leur soit accordés : « une entrée dans leurs ports, et les secours qui leur seraient nécessaires au cas qu’ils fussent obligés, par quelque accident ou besoin, de s’y retirer ». Des ordres empressés sont aussitôt donnés par Versailles aux Lieutenants Généraux des Armées Navales : « L’intention du roi est que dans le cas où quelques-uns des vaisseaux de l’impératrice de Russie, entreront dans nos ports, non seulement ils soient reçus comme amis mais encore qu’il leur soit procuré tous les secours dont ils pourraient avoir besoin et qu’il en soit usé en tout à leur égard de manière à convaincre l’Impératrice de Russie du désir de Sa Majesté a de lui témoigner sa satisfaction du système utile et glorieux qu’elle vient d’adopter ». Dès le mois de mai on avait aussi ordonné de faire parvenir aux commandants de bâtiments la recommandation particulièrement ferme : « de se conformer avec la plus grande exactitude à ce qui est prescrit à l’égard des navires neutres et particulièrement envers les bâtiments russes ». Le 22 juin 1780 l’escadre russe quitte Cronstadt et gagne Copenhague. L’escale est mise à profit pour sceller le traité de neutralité et recueillir les signatures du Danemark et de la Suède à côté de celle de la Russie apposée à Saint-Pétersbourg dès le 23 juin. La flotte impériale est répartie en trois escadres. Celle qui est destinée à croiser en Méditerranée est sous le commandement de l’amiral Ivan Antonovitch Borisov qui a mis sa marque à bord de l’Isidor, un vaisseau de 76 canons commandé par Gips. Quatre autres vaisseaux de 66 canons composent l’escadre : l’Azia, commandé par Spiridov ; l’America, commandé par Coconzov ; la Slava Rossii, commandée par Baskakov et le Tverdyi par Selmanov. Il faut encore ajouter à ceux-ci deux frégates de 32 canons : le Siméon, commandé par Golenkin et le Patricki commandé par Danisov. Mais les longs séjours en escale ont fait que la saison est déjà fort avancée et le mauvais temps d’Est s’est déjà installé. Sous un ciel bas, l’escadre longe la côte de Provence avec l’intention de gagner Livourne en passant par le nord de la Corse. Dans la soirée du 3 novembre, vers 9 heures du soir, la Slava Rossii perd le contact avec le reste de la flotte. Ivan Abrasimovitch Baskakov s’estime à une trentaine de milles de la côte et ordonne de tirer un bord vers celle-ci, en attendant de repartir vers le large. Le vaisseau navigue sous basses voiles. Soudain, vers 11 heures du soir, à la stupeur générale, une côte rocheuse frangée d’écume surgit sous le vent. Il est trop tard pour tenter un virement de bord, Baskakov ordonne de jeter l’ancre sur le champ. En catastrophe, les deux ancres de bossoir sont mouillées. Le navire s’évite, un instant stoppé dans sa course mortelle, mais la mer et le ressac sont d’une rare violence et les câbles malmenés ne tardent pas à se rompre. Le lourd vaisseau dérive puis s’échoue sur les roches de l’île du Levant. Un coup de canon est tiré, il alerte les paysans de l’île qui accourent et assistent impuissants à l’agonie du bâtiment. Contre toute attente, celui-ci ne coule pas et reste coincé entre deux roches. Au matin les secours, que les habitants de l’île sont allés demander sur le continent, arrivent de la ville d’Hyères. Presque tout l’équipage peut être tiré de sa périlleuse position. Sur un effectif de 446, 11 hommes périront. A terre on s’active à prodiguer à ces naufragés exotiques tous les soins dont ils ont besoin. Louis François de Gardanne, le premier consul de la Ville se distingue par son activité. Ivan Baskakov ayant décliné l’offre de se rendre à Toulon, on loge les malheureux aux Récollets et aux Cordeliers. De son côté la Marine royale s’empresse avec le zèle que l’on devine et on affrète une tartane pour porter des vivres aux naufragés. Arrivé à Livourne avec le reste de son escadre, l’amiral Borisov est inquiet. Ses craintes se confirment le 20 novembre lorsqu’il apprend enfin la vérité. La frégate Patricki est envoyée pour récupérer les naufragés et le matériel qui pourra être retiré de l’épave. Elle mouille en rade d’Hyères le 10 décembre. Source: http://www.vostok.infos.st/?p=381 Lien vers le commentaire Partager sur d’autres sites More sharing options...
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