aigle Posté(e) le 9 octobre 2012 Share Posté(e) le 9 octobre 2012 Je vous recommande la lecture de l'analyse proposée par l'excellent historien militaire Michel Goya (ex colonel TDM) à propos de la crise de l'armée française avant 1914. Quelques extraits pour vous mettre l'eau à la bouche : "Cette crise est la conjonction de plusieurs phénomènes. Le premier est la croyance que la guerre entre les nations européennes est révolue du fait de l’interpénétration des économies issues de la première mondialisation, du triomphe de la raison positiviste et de la dissuasion des armements modernes. La première conséquence de cette croyance est l’empressement à toucher les « dividendes de la paix » et à ponctionner le budget militaire pour tenter de résoudre les difficultés financières de l’Etat. Ce creux budgétaire est une des causes du retard considérable pris par la France dans l’acquisition d’une artillerie lourde. La deuxième conséquence directe de cette remise en question du rôle de l’armée est à mettre en relation avec le service militaire universel qui s’impose aux fils des classes aisées et aux intellectuels. Ils y rencontrent une institution dont la culture est encore héritée du Second Empire, voire de l’Ancien Régime, époque où, selon L’Encyclopédie, « le soldat est recruté dans la partie la plus vile de la nation ». De cette rencontre naît, chose inédite, une littérature de la vie en caserne, souvent peu flatteuse pour l’armée. Ce mouvement critique vire à l’antimilitarisme après l’affaire Dreyfus (1898). Durant cette période noire, le moral des officiers s’effondre. Les candidatures à Saint-Cyr et Saint-Maixent chutent. Les départs se multiplient. La pensée militaire française, renaissante à la fin du XIXe siècle avec l’Ecole supérieure de guerre, s’éteint. Plus personne n’ose écrire de peur de sanctions. Même les règlements tactiques ne sont pas renouvelés pendant des années. Elle, qui était en pointe des innovations à la fin du XIXe siècle, a pris du retard par rapport aux Allemand. De nouvelles technologies comme le téléphone ou le moteur à explosion se développent en pleine paralysie intellectuelle des militaires qui les ignorent largement. Le corps des généraux, issu de la période, est tel que 40 % d’entre eux seront « limogés » dans les premiers mois de la guerre pour incapacité. En 1914, constatant toutes ces faiblesses, le Grand état-major allemand est persuadé que c’est le moment d’attaquer la France. "Vous pourrez retrouver la version intégrale sur le blog du colonel Goya : "lavoiedelepee.blogspot.com" Lien vers le commentaire Partager sur d’autres sites More sharing options...
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