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Statut juridique de la guerre


roland

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Bonjour,

Je savais pas trop ou poster ça, ici ça devrait faire l'affaire.

Questions à ceux qui s'y connaissent en juridique : en quoi consiste juridiquement l'état de guerre. Qui le décide ? qu'est ce qui change ?

Par exemple : en cas de guerre, est ce que la peine de mort est rétablie contre les traitres ?

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La peine de mort a été abolie même en cas de guerre assez récemment, c'était sous la présidence de Jacques Chirac. Un amendement à la Constitution avait été établi en ce sens (article 66-1).

C'est le parlement qui a le pouvoir de déclarer la guerre en France (articles 35 et 36 de la Constitution).

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La peine de mort a été abolie même en cas de guerre assez récemment, c'était sous la présidence de Jacques Chirac. Un amendement à la Constitution avait été établi en ce sens (article 66-1).

C'est le parlement qui a le pouvoir de déclarer la guerre en France (articles 35 et 36 de la Constitution).

merci, bravo de te rappeller les articles concernés.

Donc l'abolition de la peine de mort meme en cas de guerre :rolleyes: est inscrite dans la constitution ou est ce que le parlement peut la rétablir une fois la guerre déclarée ?

Et en gros, qu'est ce que ça change l'état de guerre au niveau des institutions et des lois ?

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La guerre est juridiquement abolie.

Article 1

Les buts des Nations Unies sont les suivants :

    Maintenir la paix et la sécurité internationales et à cette fin : prendre des mesures collectives efficaces en vue de prévenir et d'écarter les menaces à la paix et de réprimer tout acte d'agression ou autre rupture de la paix, et réaliser, par des moyens pacifiques, conformément aux principes de la justice et du droit international, l'ajustement ou le règlement de différends ou de situations, de caractère international, susceptibles de mener à une rupture de la paix;

:lol:

Seul le Conseil de Sécurité peut prendre des mesures coercitives (Chapitre VII)

mais tu parles de la Guerre au sens du droit français ?

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mais tu parles de la Guerre au sens du droit français ?

oui

Quelque chose tournant autour de l'Etat d'urgence et de l'article 16 de la Constitution sans doute.

ok.

Un petit résumer ?

Comment ça marche, est ce que l'état de guerre est déclaré "en général" ou est il déclaré contre une "entité" définie ?

Et dans ce cas, quel est le status des membres de cette "entité" ? j'imagine que les français qui travaillent pour elle sont considérés comme traitres, les étrangers considérés comme ennemis c'est ça ?

Bon le status de l'ennemi est assez bien définit par la convention de Genève, s'il résiste il peut etre tué, sinon il est capturé et doit etre bien traité pandant sa détention pour la durée de l'état de guerre.

Mais le status du traitre, c'est quoi ? est il considéré comme un ennemi comme un autre ?

Dernière question, et vous allez commencer a voir ou je veux en venir, quel est le type "d'entité" qui peut etre déclarée ennemie. Est ce forcément une nation ou est ce que ça peut etre autre chose, par exemple un mouvement terroriste voir une secte ?

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Quelque chose tournant autour de l'Etat d'urgence et de l'article 16 de la Constitution sans doute.

Bien que l'état de guerre n'implique pas obligatoirement l'usage des dispositions de l'article 16 (même si c'est peu probable). Ces dernières sont du reste limitées dans le temps si l'on considère que le Conseil d'Etat décide si oui ou non des circonstances exceptionnelles sont réunies pour suspendre les institutions.

Sur l'article 16 de la Constitution : http://fr.wikipedia.org/wiki/Article_16_de_la_Constitution_de_la_Cinqui%C3%A8me_R%C3%A9publique_fran%C3%A7aise

Le code de la défense (étonnement récent, 2004) : http://www.legifrance.gouv.fr/affichCode.do?cidTexte=LEGITEXT000006071307&dateTexte=20120725

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merci pour le lien, ça devrait repondre en partie a mes questions.

bon commençons par le commencement:

Article L1111-1

La stratégie de sécurité nationale a pour objet d'identifier l'ensemble des menaces et des risques susceptibles d'affecter la vie de la Nation, notamment en ce qui concerne la protection de la population, l'intégrité du territoire et la permanence des institutions de la République, et de déterminer les réponses que les pouvoirs publics doivent y apporter.

L'ensemble des politiques publiques concourt à la sécurité nationale.

La politique de défense a pour objet d'assurer l'intégrité du territoire et la protection de la population contre les agressions armées. Elle contribue à la lutte contre les autres menaces susceptibles de mettre en cause la sécurité nationale. Elle pourvoit au respect des alliances, des traités et des accords internationaux et participe, dans le cadre des traités européens en vigueur, à la politique européenne de sécurité et de défense commune.

"Elle contribue à la lutte contre les autres menaces susceptibles de mettre en cause la sécurité nationale."

Article L1111-2

Le pouvoir exécutif, dans l'exercice de ses attributions constitutionnelles, prend les mesures nécessaires pour atteindre les objectifs définis à l'article L. 1111-1.

En cas de menace, ces mesures peuvent être soit la mobilisation générale, soit la mise en garde définie à l'article L. 2141-1, soit des dispositions particulières prévues à l'alinéa suivant.

En cas de menace portant notamment sur une partie du territoire, sur un secteur de la vie nationale ou sur une fraction de la population, des décrets pris en conseil des ministres peuvent ouvrir au Gouvernement tout ou partie des droits définis à l'article L. 2141-3.

mobilisation ?

Article L2141-1

La mobilisation générale met en oeuvre l'ensemble des mesures de défense déjà préparées.

La mise en garde consiste en certaines mesures propres à assurer la liberté d'action du Gouvernement, à diminuer la vulnérabilité des populations ou des équipements principaux et à garantir la sécurité des opérations de mobilisation ou de mise en oeuvre des forces militaires.

Article L2141-2

La mobilisation générale et, sous réserve des dispositions du dernier alinéa de l'article L. 1311-1, la mise en garde sont décidées par décrets pris en conseil des ministres.

Le ministre de la défense est chargé de transmettre et de notifier l'ordre de mobilisation aux diverses autorités civiles et militaires intéressées.

Article L2141-3

Les décrets prévus à l'article L. 2141-2 ont pour effet, dans le cadre des lois existantes, la mise en vigueur immédiate de dispositions qu'il appartient au Gouvernement de préparer et d'adapter à tout moment aux nécessités de la défense.

Ils ouvrent dans tous les cas au profit du Gouvernement, dans les conditions et sous les pénalités prévues par le livre II de la présente partie, relatif aux réquisitions :

1° Le droit de requérir les personnes, les biens et les services ;

2° Le droit de soumettre à contrôle et à répartition, les ressources en énergie, matières premières, produits industriels et produits nécessaires au ravitaillement et, à cet effet, d'imposer aux personnes physiques ou morales en leurs biens, les sujétions indispensables.

Article L2141-4

La mobilisation peut être générale ou partielle.

En cas de mobilisation partielle, les personnels désignés par le décret prévu à l'article L. 2141-2 sont convoqués par ordre d'appel individuel, indiquant à chacun d'eux la formation qu'il doit rallier et le délai déterminé dans lequel il doit rejoindre.L'ordre de mobilisation partielle peut, en outre, être diffusé par voie d'affiches et publications sur la voie publique.

Lorsque la mobilisation est ordonnée, quiconque est soumis à des obligations militaires obéit, sans attendre la notification d'un ordre de route individuel, aux instructions portées sur le fascicule de mobilisation ou sur l'ordre dont il est détenteur, soit sur l'ordre d'appel qui lui a été régulièrement notifié, sous peine d'insoumission, quels que soient sa situation et le lieu où il se trouve.

insoumission ?

Article L4271-1

Le fait pour une personne, appelée ou maintenue à l'activité en application des articles L. 2151-3, L. 4231-4 et L. 4231-5 par ordre d'appel individuel ou collectif, de ne pas se présenter, hors le cas de force majeure, à la destination et dans les délais fixés, constitue un acte d'insoumission passible des peines prévues à l'article L. 321-1 du code de justice militaire.

code de justice militaire ?

ici -> http://www.legifrance.gouv.fr/affichCode.do?cidTexte=LEGITEXT000006071360&dateTexte=20080505

a propos de la trahison:

Article L331-1

Lorsqu'ils sont commis en temps de guerre, les faits de trahison ou d'espionnage incriminés aux articles 411-2 à 411-11 du code pénal sont punis de la réclusion criminelle à perpétuité et de 750 000 euros d'amende.

Article L331-2

Le fait, en temps de guerre, par tout Français ou tout militaire au service de la France, de porter les armes contre la France constitue un acte de trahison puni de la réclusion criminelle à perpétuité et de 750 000 euros d'amende.

ils auraient pu se passer des 750 000 euros d'amende : une amende pour de la trahison c'est ridicule. La trahison ça devrait non seulement etre une execution, mais une execution publique.

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  • 2 weeks later...

Petit déterrage de thread pour poser une question simple. Dans quelle mesure la destruction d'infrastructure civiles est autorisée par le droit international/ tolérée dans la pratique. Par exemple, peut-on détruire des centrales électriques, des ponts, des gares, des noeuds de télécom civils en prétextant qu'il pourraient avoir un usage militaire? (Tout ça dans le but de porter un préjudice économique maximal en un minimum de frappes)

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C'est qui à était fait au Kosovo et en Irak. Destruction de dépôts de carburants, voire attaque d'une chaine TV...

La légalité de telles actions est toutefois un point gris dans le droit de la guerre en partie car de telles actions ont été permises par le développement des possibilités de frappes en profondeur durant le XXiè siècle

La destruction des biens civils est censée être limitée 

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Oui effectivement, dans le cas d'une campagne plus large ça passe sans trop faire de vague. Mais l'objectif ici est d'atteindre une certaine forme de dissuasion conventionnelle avec des moyens limités, en centrant des frappes principalement sur des infrastructures couteuses et économiquement indispensable d'un pays (avec éventuellement en parallèle des frappes sur des sites militaires pour faire bonne mesure). L'idée est de se passer de ne pas chercher à détruire les forces ennemies mais d'infliger suffisamment de dégats pour forcer un gouvernement à négocier (avec probablement peu de chances d'y arriver une fois que la confrontation est lancée) ou d'y réfléchir à deux fois avant d'aller trop loin.

Le problème que j'y vois c'est que c'est extrêmement glissant comme terrain: il est très facile d'endommager des infrastructures civiles et ça peut conduire à des situations de guerre larvée, ou les deux parties vont faire du sabotage chez l'ennemi pendant une longue durée, en pourrissant la vie de tout le monde. (Alors qu'on peut penser qu'un conflit symétrique serait plus limité dans le temps)

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Petit déterrage de thread pour poser une question simple. Dans quelle mesure la destruction d'infrastructure civiles est autorisée par le droit internationale/ tolérée dans la pratique. Par exemple, peut-on détruire des centrales électriques, des ponts, des gares, des noeuds de télécom civils en prétextant qu'il pourraient avoir un usage militaire? (Tout ça dans le but de porter un préjudice économique maximal en un minimum de frappes)

Une installation civile dont la destruction ou la prise apporterait un véritable avantage militaire peut légitimement être attaqué.

Par contre si c'est juste pour causer du tord aux civils et un léger désagrément aux militaires, c'est illégale. Donc détruire les centrales électriques, la production de nourriture ou bombarder des villes "ouvertes" est interdit même en cas de guerre.

De même polluer une zone (lors d'un bombardement) est interdit sauf si l'avantage militaire de cette opération le justifie.

Au fait la guerre est toujours légale. Du point de vue français, il suffit que le parlement l'autorise et ensuite que le président la déclare. Je crois qu'on peut la déclarer contre n'importe qui. D'un point de vue juridique, ça permet d'avoir des tribunaux militaires (probablement plus adaptés aux réalités d'une opération militaire qu'un juge civil qui peut condamner le militaire qui a tué un taliban)

Par contre du point de vue de l'ONU une guerre doit concerner 2 états et n'est autorisé que sous certaines conditions assez restrictive, en résumé la légitime défense et surtout en attendant que l'ONU réagisse.

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Ah bah si justement je pensais à cette campagne.

Les ponts irakiens s'en souviennent encore, entre 91 et 2003, ils n'ont pas été à la fête.

Les heureux élus qui n'ont pas été détruit pour pouvoir laisser passer les Abrams ne sont pas nombreux.

Je me souviens encore des cartes des ponts détruits, ou non, de Bagdad qui circulaient et plus tard des experts en BTP heureux de rappeler que les américains détruisaient toujours les ponts.

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Ah bah si justement je pensais à cette campagne.

Les ponts irakiens s'en souviennent encore, entre 91 et 2003, ils n'ont pas été à la fête.

Les heureux élus qui n'ont pas été détruit pour pouvoir laisser passer les Abrams ne sont pas nombreux.

Je me souviens encore des cartes des ponts détruits, ou non, de Bagdad qui circulaient et plus tard des experts en BTP heureux de rappeler que les américains détruisaient toujours les ponts.

on a dit pas systématiquement  ;)

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En 2003, les Américains ont évité de détruire les ponts sur le trajet de leur offensive, et ca en fait un paquet. D'ailleurs pas mal de commentateurs ont incendié les généraux irakiens pour ne pas avoir fait sauter les ponts. Quand je vois les problèmes qu'ils ont eu à Nasiriyah alors que les deux principaux ponts étaient intacts...

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En 2003, les Américains ont évité de détruire les ponts sur le trajet de leur offensive, et ca en fait un paquet. D'ailleurs pas mal de commentateurs ont incendié les généraux irakiens pour ne pas avoir fait sauter les ponts. Quand je vois les problèmes qu'ils ont eu à Nasiriyah alors que les deux principaux ponts étaient intacts...

+1

en parlant de pont de Nasiriyah ,j'ai trouvé les DVD de génération Kill (pas cher et neuf  =D) ,et se fut vraiment pas évident ,d'ailleurs s'est la que le général Mathis à relevé un colonel pour manque "d'agressivité" il me semble .

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Au fait la guerre est toujours légale. Du point de vue français, il suffit que le parlement l'autorise et ensuite que le président la déclare. Je crois qu'on peut la déclarer contre n'importe qui.

bonne chose, Chirac a eu le temps de supprimer la peine de mort pour trahison en temps de guerre mais pas de nous mettre sous l'égide de l'ONU.

Bon donc il ne nous reste plus qu'a rétablir la peine de mort pour trahison en temps de guerre, déclarer la guerre au Salafisme et voilà : on a quelques milliers d'otages légaux sous la mains : les Salafistes français qu'ont pourra massacrer légalement quand on veut (les étrangers on se contentera de les emprisonner). J'espere qu'en attendant tous les Salafistes français sont méticuleusement logés. (Je serais Salafiste français je changerais de nationalité au cas ou...)

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Le salafisme n'est pas un pays ou même une entité juridique, n'a pas réellement d'institutions centrales chargées de représenter une "population" qui ne lui est pas assujettie. Déclarer "la guerre au salafisme", c'est la même chose que les trucs américains genre la "war on terrorism" et la "war on drugs" aux résultats peu réellement probants dans les 2 cas (et si la mort de Ben Laden a eu un vrai impact sur le moral américain, ça n'a pas été le cas sur le terrorisme islamiste au niveau mondial). Deux gadgets de communication pour se donner l'impression de faire quelque chose, et deux occasions de claquer des milliards pour un faible résultat, aggraver des problèmes existants, compliquer des relations internationales et s'étaler sans fin.... Sans compter les dommages faits aux libertés civiles aux USA et le pourrissement aggravé du fonctionnement des institutions. "Déclarer la guerre" peut sonner viril, mais en l'occurrence, ça sert pas à grand-chose d'agiter le machin pour n'importe quoi. Il y a le plus souvent bien plus à craindre des politiciens qui utilisent le procédé que des ennemis qu'ils désignent.

Le principe d'avoir encadré le fait d'une déclaration d'un état de guerre entre 2 pays (au moins) d'un faisceau de contraintes juridiques appuyées par un entrelacs d'obligations et de relations de fait entre le maximum de pays est précisément de limiter les possibilités d'occurrence de tels conflits pour de stricts intérêts nationaux plus souvent politiciens que politiques. En plus court, un Etat déclarant la guerre à un autre doit sérieusement réfléchir au fait que sa vie, ses relations et son business vont devenir soudain très très compliqués et chers en plus des contraintes et coûts de la guerre qu'il déclare, et ce, que les autres pays le veuillent ou non, parce qu'ils sont garants qu'ils le veuillent ou non: ils sont tous, par traités, par interconnexion des business, par approfondissement des relations.... Complètement impliqués dans ce business. Et plus ils sont puissants et/ou proches (géographiquement, commercialement, par relations interposées....) des belligérants, moins ils ont le choix. C'est l'aspect realpolitik concret de la sécurité collective, au-delà du seul droit international qui peut être dans une certaine mesure contourné.

Evidemment, la faiblesse du système est son pilier principal, soit le gamin le plus costaud de ce bac à sable; s'il veut être égoïste et foutre la merde, lui il le peut dans une certaine mesure (pour encore un temps).

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Le salafisme n'est pas un pays ou même une entité juridique, n'a pas réellement d'institutions centrales chargées de représenter une "population" qui ne lui est pas assujettie.

Et bien justement, au delà de mon post un peut provocateur, je voulait souligner plusieurs points:

- état de guerre contre des entités non-étatiques : la France n'a plus d'énnemis étatiques. Les seuls menaces qu'elle a sont soit des organisations criminelles, soit des sectes religieuses.

Ce qu'il y a c'est que la France, hors conflits secessionistes/indépendantistes, n'a dans son histoire déclarée la guerre qu'a des états et on peut se poser la question : a elle les moyens juridiques, voir mentaux, de déclarer  la guerre à des entités non étatiques ?

ça serait une question purement virtuelle si a) la probabilité d'avoir a lutter contre des entités non étatique était nulle, b) la menace serait de toute façon très faible et serait de toute façon gèrables hors situation juridique d'exception comme celle qui s'appllique après déclaration de l'état de guerre.

en a), l'évidence s'impose : comme vu précédement, nos seuls ennemis  actuellement sont non étatiques : preneurs d'otages (pirates, Salafistes), actes terroristes,

La question b) est beaucoup moins évidente, mérite discussion et je n'ai pas vraiment d'opinion.

Notons seulement:

- que la menace qui pèse sur les civils français à l'étranger peut amener à limiter la liberté de circulation de nos concitoyens, ce qui est une menace crédible, sérieuse et inacceptable. Evidement la solution n'est pas de payer des rançons, et évidement une bonne partie de la faute revient à la lacheté de nos politiciens et journalistes qui ont pris l'habitude de cèder ou pousser à le faire pour des raisons corporatistes.

Mais est ce que créer un cadre juridique potentiel qui nous premettrait de prendre des contre-otages n'aurait pas un effet dissuasif ?

- pour ce qui est des attaques terroristes, jusqu'a maintenant les conséquences sont assez négligeables, si ce n'est médiatique (les médias réagissant alors exactement comme les terroristes l'attendent en dramatisant)

Mais il faut quand meme souligner que les attentats de Bali, Madrid sans meme parler du 11 septembre, ça commence a devenir du sérieux. Quid d'une attaque chimique, ou bombe nucléaire "sale" ? Auront nous alors les outils et juridiques, et psychologiques, pour faire face ? Mieux préparer à un état de querre contre une entité non étatique aiderait il ? aurait il un effet dissuasif ?

Déclarer "la guerre au salafisme", c'est la même chose que les trucs américains genre la "war on terrorism" et la "war on drugs"

Mauvais exemple : ce ne sont que des mots, de la comm avec en arriere plan, en ce qui concerne "war on terror", un agenda : attaquer l'Irak qui n'avait rien a voir avec le sujet.

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Ce qu'il y a c'est que la France, hors conflits secessionistes/indépendantistes, n'a dans son histoire déclarée la guerre qu'a des états et on peut se poser la question : a elle les moyens juridiques, voir mentaux, de déclarer  la guerre à des entités non étatiques ?

Le "salafisme" n'est même pas une entité: il y a des organisations salafistes, mais ce n'est pas un machin analogue même à l'Eglise. Ce n'est ni unifié, ni structuré même comme une organisation: certaines sont légitimes et légales avec des activités légitimes et légales, quelle que soit la façon dont on considère leur credo ou leur activisme missionnaire, d'autres servent plus de paravent pour des activités moins avouables, beaucoup sont à cheval entre les deux sans qu'on puisse exactement savoir comment et/ou le prouver, et enfin beaucoup de gens suivent des enseignements qui en émanent ou adhèrent à leur agenda d'une façon modérée ou extrêmiste sans être membre d'aucune organisation particulière ou en l'étant d'organisations parfaitement légitimes. Par ailleurs, les organisations existantes sont présentes dans des pays, et leurs membres et/ou chefs de files, ou sympathisants aussi: commence à t'attaquer à eux de façon ouverte, et tu as rapidement des problèmes avec les dits pays, et on entre là dans le jeu des relations internationales qui implique des coûts et des problèmes nettement plus lourds et complexes. Quand les pays concernés peuvent être l'Arabie Saoudite, ça implique vraiment de lourds problèmes potentiels de tous ordres (et ça amène en plus les USA dans le trip et sur notre dos; même s'ils s'en foutent, ils feraient payer cher le fait de s'en foutre et de ne rien faire, c'est ça les relations entre Etats).

Par ailleurs, pourquoi leur accorder une importance qu'ils n'ont pas? Ce sont des micro-nuisances, malgré toute la propagande post 9/11, le sensationalisme journalistique et politique, et l'aspect spectaculaire (et authentiquement dommageable) de certaines de leurs actions. Ce qui est sûr, c'est que la "war on terrorism" leur a justement donné une importance mondiale, un écho qu'ils n'auraient jamais eu autrement, une incitation à se concerter et à trouver des terrains d'entente qu'ils n'auraient autrement pas eu, des accès à des financements nouveaux (voir l'histoire et l'évolution du seul cas du pavot en Afghanistan avant et après l'arrivée des occidentaux), un boost énorme de leur recrutement.... Ils restent de la nuisance sans plus, mais elle aurait pu demeurer largement plus petite.

Et le propre des mouvances et entités non étatiques, des réseaux et autres formes d'organisations ayant vocation à venir contester le turf des Etats d'une manière ou d'une autre, est d'être une menace constante: ça a toujours été là, et ça sera toujours là. Et quand on est un pays ayant encore une vocation et une obligation à concourir au maintien d'un ordre mondial, on a forcément vocation à intervenir un peu partout ou à au moins être prêt à le faire, ce qui veut dire qu'on serait de ce fait, si on accordait l'importance que tu souhaites à toute forme de violence armée active, qu'on serait à jamais en état de guerre permanent.... Et du coup qu'on s'y adapterait toujours un peu plus pour optimiser le fonctionnement institutionnel afin de maximiser l'efficacité d'un dispositif de guerre. Ceux qui se disent libéraux ont pour principal argument (qui a bien des mérites en l'occurrence) que la liberté s'efface toujours en temps de guerre et que la guerre a été historiquement et reste encore le moment et le moyen du développement démesuré de l'Etat pour contrôler le plus possible la société civile dans tous ses aspects. Un Etat de guerre perpétuel garantirait le rognage perpétuel des libertés et l'affirmation graduelle d'un mode de gouvernance très peu démocratique et surtout très peu enclin à rendre des comptes (il suffit de voir les simples "petits" abus qu'en temps de paix, on réalise avec l'usage du secret défense pour cacher tout ce qu'on veut garder secret et qui n'a pas forcément grand chose à voir avec l'intérêt national).

Dernier point: déclarer la guerre à tout bout de champ contre n'importe quels branleurs qui s'organisent en réseau, s'arment et se donnent un nom et un drapeau et font authentiquement chier un pays, une région.... Fait perdre le sens de ce qu'est une "grande" guerre, et plus spécifiquement, ce qu'est pour un pays le fait d'être en état de guerre: c'est exceptionnel, ça implique des sacrifices momentanés (notamment au niveau des libertés) et des privations, une disruption de la vie courante (qui peut retrouver un autre rythme si la guerre dure, mais ce rythme n'est pas soutenable forcément longtemps, ce qui amène des problèmes de stabilité) et surtout de mauvaises habitudes, notamment au niveau de la gouvernance. Ces habitudes sont vite prises et pas vite lâchées.

Faut-il organiser autrement le mode de prise de décision et d'organisation de l'Etat pour optimise la lutte contre des entités non étatiques dans des Etats affaiblis, faillis, ou même fondamentalement stables, et/ou sur les axes commerciaux? Oui, certainement. Faut-il organiser autrement le dispositif de sécurité (pas que militaire donc) pour avoir les moyens de mener efficacement et longtemps cette lutte qui est un fait constant et pas appelé à disparaître? Sans doute, et il y a d'ailleurs un article de Benoît Bihan dans un des derniers DSI sur le sujet. Mais faut-il en arriver à un état de guerre permanent dans un pays? Certainement pas, c'est la recette de l'échec et surtout d'une bonne mesure de victoire d'adversaires idéologiques tels qu'Al Qaida (en tant qu'entité, un truc minable, mais les Américains ont tout fait pour donner à leur action résultats et écho mondiaux): le Patriot Act aux USA est en soi une victoire de Ben Laden.

ce ne sont que des mots, de la comm avec en arriere plan, en ce qui concerne "war on terror", un agenda : attaquer l'Irak qui n'avait rien a voir avec le sujet.

Ce sont tout sauf "juste des mots": ce sont des programmes, des mobilisations de moyens et d'opinions, des dispositifs juridiques et législatifs, des game changers sur l'échiquier politique intérieur américain et sur l'échiquier diplomatique, des focalisations disproportionnées sur des sujets qui auraient pu rester mineurs, des gouffres à pognon terrifiants (avec leur impact sur les dettes nationales entre autres).... Ces "mots" ont radicalement changé la scène politique américaine, creusé le déficit, créé un appareil sécuritaire sans précédent, des changements législatifs dangereux, des polarisations instrumentalisées de larges pans de l'opinion, des conséquences internationales désastreuses et coûteuses à tous égards.... Et la seule chose qu'ils n'ont pas produit, ce sont des résultats: ils ont aggravé des problèmes existants et en ont créé d'autres, sans rien, strictement rien, résoudre. Dans le genre politique débile, c'est l'exemple même de sur-réactions indues de la part de leaders et de castes politiques avides, corrompues, irresponsables, et surtout, pour certains, de tapettes sur-réagissant comme des pucelles devant un satyre (pas mal d'échos ont circulé sur le pourquoi de l'inepte polémique sur la torture -truc réellement inutile et coûteux politiquement- et la responsabilité d'un Dick Cheney jouant nettement au-dessus de sa catégorie: un peureux qui réagit comme un enfant terrifié, ce que son "accident de chasse" semblerait confirmer de son caractère personnel).

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