Démocratie

[Montaudran]

Le sujet ne relève pas de la l’histoire militaire néanmoins ce mode de gouvernement à un fort retentissement sur l’activité militaire. En cette époque de campagne présidentielle américaine et de renouvellement du comité permanent du parti communiste chinois il me semble intéressant de réfléchir au régime politique de la démocratie.

Churchill aurait dit « La démocratie est le pire système politique à l’exclusion de tous les autres » ce qui est profondément vrai. L’Homo sapiens sapiens  n’est pas doté d’un instinct qui régulerait la gestion de la cité « automatiquement », nous ne sommes pas des fourmis ou des abeilles.  Notre ascendance simienne ne nous a pas doté d’une grande capacité d’empathie, notre truc c’est plutôt la confrontation plus ou moins agressive.

Néanmoins il a bien fallu trouver le moyen de nous gouverner à partir du moment où nous avons passé de quelques dizaine de milliers d’âmes à des millions. De la tribu à la cité, de la cité à la fédération, de la fédération à la nation ou l’empire en théorie le gouvernement sert à orienter les efforts de chacun vers un bien supérieur idéalement pour tous.

Comme toujours avec les mots utilisés sans arrêt un effort de définition ne fait pas de mal. La démocratie c’est donc le gouvernement du peuple par le peuple pour le peuple. Le peuple souverain, un idéal qui présente des variations toujours imparfaites (puisque l’homme est imparfait surtout sur ce point). Démocratie anglaise, américaine ou française nous sentons bien les défauts dont elles sont porteuses… néanmoins nous pouvons estimer que ce sont actuellement les « meilleures parmi les pires.

Petite expérience de pensée : Imaginons une espèce, par exemple une humanité du futur hautement éduquée et raisonnante  qui serait capable à la fois de partager les aspirations de chacun et la mise en action pour répondre aux problèmes de l’existence.    Cette espèce Gestalt n’aurait pas besoin de gouvernement car chaque individu serait un nœud du réseau et une partie du consensus généralisé. Ce serait la démocratie totale, pas de gouvernement, pas de vote, pas de campagne, pas de confrontation… Ne possédant pas cette capacité d’empathie illimitée nous sommes obligés de nous en remettre à des institutions et des gouvernements.

Sortons de la SF et  demandons-nous quels sont donc les attributs souhaitables d’une démocratie « réelle ».  Il faut donc que la volonté du peuple soit exprimée c’est le rôle du vote et de la liberté d’expression puis il faut que les actions issues de cette volonté exprimée soit mise en œuvre et c’est le rôle des institutions. Nous avons là les deux faces de la pièce.

Arrêtons-nous sur le principe de l’élection. La théorie voudrait que des programmes d’action soient proposés en vue de gérer au mieux « la cité »; le peuple éduqué, informé et rationnel choisi pour qu’il soit mis en application. Outre que le peuple (nous tous) ne sommes pas si rationnel que ça il y a le problème que les programmes ne jaillissent  pas  ex nihilo. Ils sont incarnés par des hommes qui les portent. Faiblesse humaine, ce n’est plus de proposer le programme le plus efficace qui compte que de proposer celui qui fédère au moins 51% des votes. On a l’impression que les partis politiques sont un mélange entre une équipe de sport qui veut gagner pour gagner et  une entreprise qui cherche à tenir son marché,  le bien commun est assez loin.

Regardons les élections américaines ou française avec leurs primaires où le postulant va promettre une chose pour ce faire élire par son parti puis une autre pour rallier plus largement à l’élection nationale et enfin ne rien faire de ce qu’il a promis (ou si peu) car la réalité n’a que peu a voir avec les promesses.

Regardons l’autre face de la pièce avec l’action de gouvernement qui est corseté par les actions de lobbying, par les intérêts particuliers et divergent. Nous avons actuellement en France un gouvernement qui a la majorité aux deux chambres et dans une grande partie des collectivités locales et pourtant on a le sentiment qu’il peine à être efficace…  Pourtant la constitution de la Veme république a été pensée justement dans l’optique de l’efficacité et la force de l’exécutif. Je pense qu’en fait malgré l’institution du vote les démocraties française et américaine sont affaiblies par le manque de consensus au sein des peuples, c’est 50.01% contre 49.99%. Ce phénomène est concomitant avec l’augmentation de l’abstention et du désintérêt du politique.

Je ne connais pas les mécanismes de sélection des gouvernants Chinois, ni des mécanismes des remontés des desiderata du peuple, je me demande quel est le degré de démocratie inclus  dans ces mécanismes ?

Alors Démocratie et Guerre ? Elles ne sont pas antinomiques … ce sont elles qui ont gagné la seconde guerre mondiale et la résistance du peuple anglais fût exemplaire. La démocratie américaine n’a jamais été avare de guerre. La dernière en Irak a profité d'un fort soutient démocratique suite aux événements du 9/11. A contrario en France le support des combats en Afghanistan est faible car nous voyons assez mal le lien entre les actions dans ce pays lointains et notre quotidiens.