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L'approche intégrée des opérations : penser au-delà du volet militaire


Berezech

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Bon ça faisait un moment que je rêvais de lancer ce pic j'ai fais mon mémoire de fin d'étude sur un thème proche il y a quelques années, je n'ai pas toutes mes notes sous les yeux mais je me lance, je complèterais plus tard et pis de toute façon c'est vos cerveaux et des points de vu différents que je sollicite  =D

Dans les débats qu'on a pu lire ici sur le futur livre blanc on a souvent posé la question des "nouvelles formes d'opérations" que nos forces militaires, mais aussi d'autres services de l'Etat qui contribuent à notre politique internationale, peuvent mettre en oeuvre.

Chez les anglo-saxon le concept "d'approche intégrée" se popularise, en particulier pour les opérations complexes de type "peace building, making, keeping ...".

Il consiste à faire une analyse globale des situations et des problèmes, à en déduire des objectifs conformes avec la (les) volonté(es) de(s) l'acteur(s), à planifier puis mettre en œuvre en utilisant une boîte à outil polyvalente et multidimensionnelle faisant aussi bien appel aux compétences de civils, qu'à celle de militaires.

Cette approche est une forme de rationalisation et de coordination des moyens qu'on pourrait réduire de manière réductrice à ce qu'on appelle plus courrament en France les "relations civilo-militaires" pour lesquels ils existent déjà dans l'Armée des unités spécialisées. Mais plus qu'un élément de l'organigramme c'est surtout une manière d'analyser, de concevoir et d'agir distincte de l'action "classique" des forces armées pour atteindre ses objectifs.

Dans l'analyse on va trouver une boîte à outil faisant appel aux sciences sociales, à un niveau d'empathie et de compréhension des enjeux socio-politique avec les sociétés impactés. Ethnologues, sociologues, juristes, scientifiques ... L'armée US a déjà de longue date commencé à solliciter des experts pour l'aider dans ses missions, le phénomène se renforce depuis de la prise de commandement de Petraeus en Irak puis en Afgha ce qui a permis aux planificateurs d'avoir des éléments dont ils ne tenaient pas forcément compte jusque là en main. Pour des gens qui doivent gérer quotidiennement des forces dont les actions ont des conséquences importantes il n'est pas inutile de pouvoir mesurer certains indicateurs.

Plus que de la matière grise pour analyser, on parle de vraies nouvelles activités et tâches qui autrefois n'était pas du tout du ressort des militaires ou qui était déléguées à des tiers (ONG, entreprises ...).

Dans les types d'actions mises en place, le "hearth and minds" n'est pas en soi une donnée nouvelle du problème des conflits ou des opérations militaires, cependant on voit que les armées se donnent de nouveaux outils, "Relief and reconstruction Team" en Afgha par exemple, bureau des affaires civilo-militaire en France ... Bref il y a une intuition (dans l'US Army, et chez certaines armées européenne c'est plus que ça) de quelque chose, dans les armées, ou à coté, qui pourrait se développer/être utile, et qui a un impact direct sur les succès des opérations que nous menons à l'étranger.

Je suis un peu décousu et je ne couvre pas tous les aspects de la chose mais ça fait un moment que je voulais lancer une discussion là dessus et le débat sur le livre blanc m'a donné envie de voir comment ça réagirait.

Ptête qu'avec du temps et si j'ai des retours je pourrais bien écrire quelque chose là dessus qui sait  :lol:

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Toi tu fais simple dans le sujet :lol:.... Je vois ce que tu vises, et c'est difficile de faire passer le message (dès que c'est pas hardware, organisation ou pure tactique, ça devient compliqué apparemment), mais plus je réfléchis aux approches nécessaires dans la plupart des conflits, plus je me dis que c'est avant tout une question de commandement, ou plutôt de changement de culture militaire (et de gestion de la politique extérieure par le politique, mais qui passera précisément par le prisme et l'intermédiaire du militaire), et ce avant tout dans le commandement. Le reste, stratégies, approches, organisation, unités spécifiques, formations de troupes voire matos, en découlera pour l'essentiel, quoiqu'il ne faille pas sous estimer l'impact de la création éventuelle d'unités, centres de formation.... Dédiés à certains aspects requis par des approches plus complètes ou différentes; une fois que de tels outils existent, ils peuvent avoir leur impact sur les cadres mentaux. Quoiqu'en France, la mentalité de petites cases et de spécialisations a tendance à exonérer la culture générale de commandement de l'activité concernée plutôt qu'à l'élargir (on peut le voir avec le renseignement, auquel il semble que beaucoup veuillent rester hermétiques). Tu crées une spécialité, et hop, les "chefs" se sentent débarrassés de la nécessité de s'y intéresser vraiment: ça devient une fonction "subalterne".

Le renseignement est sans doute l'exemple par excellence pour la France, mais beaucoup de domaines même pas forcément nouveaux sont concernés par ce fonctionnement mental, là où d'autres armées/cultures militaires cherchent par nature, quand une spécialité est créée, à l'intégrer pleinement à la "matrice" générale qui forme les chefs: bref, dès que l'approche change, que des spécialités sont créées, elles intègrent les manuels des écoles militaires, les entraînements, les simulations, pour imprégner le "logiciel mental" des décideurs militaires dès le biberon.

Et c'est justement le cas avec le "sujet" que tu évoques (ou plutôt les 10 000 et un sujets qu'il implique :lol:): mener efficacement une opération militaire aujourd'hui implique de plus en plus de domaines, avant tout parce qu'on les maîtrise mieux. Ce qui était une intuition et un intérêt personnel pour Lyautey (par exemple) est devenu, dans bien des aspects, un ensemble de sciences bien établies et maîtrisées (sciences sociales, psychologie, ethnologie, économie....), ce qui était du bon sens ou une façon humaine (genre "on n'attrappe pas des mouches avec du vinaigre") de procéder pour certains est devenu un ensemble de thèmes, de domaines d'action, de sujets d'attention, de "fronts" à maîtriser pour obtenir un résultat.

Or les mentalités militaires ont, peut-être plus que jamais dans l'Histoire, été conditionnées au XXème siècle (et sans doute surtout pendant la guerre froide) à ne penser qu'en termes de guerre "totale", d'ultra-spécialisation tactique et technique focalisée sur le seul aspect du combat, et plus encore du "premier choc", perdant en fait de vue.... La notion même de guerre (ce que c'est, ce que ça implique....). Combiné au déclassement ou à l'éloignement relatif des militaires en tant que catégorie d'avec les sphères du pouvoir (donc de la "conscience" politique au profit d'un rôle de "consultant" strictement spécialisé dans un domaine très borné), l'effet général peut être celui d'un décalage croissant avec les besoins.

La communication (aussi bien avec la population/société dont est issue l'armée qu'avec les populations des zones d'opération), les "psyops" (sans doute certains croient-ils que les larguages de tracts suffisent), l'interaction avec les populations civiles (étudiées, segmentées dans leur diversité et "ciblées" comme telles pour des approches adéquates: juridique, administrative, économique, médicale, sociale....), le fonctionnement de l'économie et d'une société donnée dans un contexte de guerre/conflictualité, le fonctionnement AVEC d'autres métiers/services (police et diplomatie par exemple, ce qui suppose plus que se serrer la pogne; il faut avoir un minimum de culture du métier de l'autre).... Sont des domaines d'autant plus urgent à maîtriser et profondément intégrer dans le logiciel militaire que:

- on s'éloigne de schémas de "guerre totale" où la technique du combat constitue l'alpha et l'omega auxquels toute l'activité d'un belligérant est asservie (c'est le moment où le politique réapprend très vite, et où les discussions des dîners en ville ressemblent.... Aux échanges sur AD.Net :lol:). Ces schémas reviendront peut-être, mais ce ne sont pas les plus probables, et pas ceux qui représenteront l'essentiel de l'activité, ce qui implique d'autres logiques que les militaires DOIVENT s'approprier.

- la plupart de ces logiques correspondent à des sciences et domaines désormais bien connus, ou au moins délimités, et que les militaires ont d'ailleurs à d'autres époques beaucoup contribué à développer (ethnographie/ethnologie, anthropologie, sociologie, psychologie des individus et des groupes....)

- il n'y a plus des dizaines ou centaines de milliers d'hommes à envoyer pour occuper et garnisonner un terrain pendant des années ou décennies (et accepter des cycles de soulèvement/répression permanents comme une chose normale)

- qu'il faut rationaliser l'emploi de toutes les ressources disponibles et maîtrisées (moyens matériels, savoirs, savoirs-faires, métiers....) pour parvenir à un résultat donné dans le temps le plus court possible: c'est toute l'histoire des savoirs humains au final

Le dernier point est un élargissement: la notion même de ce qu'est le militaire peut, comme à d'autres époques, être appelée à évoluer (et le doit). Le cantonnement du militaire à être un strict technicien du combat (et axés essentiellement sur le combat "noble" :P; celui qui oppose des militaires d'armées modernes et étatiques entre eux), du moins pour les chefs qui dépassent les "bas" échelons de la hiérarchie, est de plus en plus une aberration (et une historiquement très récente qui plus est), et pire encore, une faute militaire.

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c'est intéressant. j'ai pas le temps de répondre. peut-être mardi-mercredi.

Un avant goût de mon intervention : Le sujet semble privilégier une approche institutionnelle et globale. La solution ne passerait-elle pas par la mise en place de structures ad hoc par théâtre intégrant directement toutes les compétences requises avec une prééminence militaire ou non selon la nature de l'opération (cette préeminence peut changer) qui se refléterait sur le personnage en charge du machin ? Une logique proconsulaire quoi...

Bref je tâcherai de développer.

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Un avant goût de mon intervention : Le sujet semble privilégier une approche institutionnelle et globale. La solution ne passerait-elle pas par la mise en place de structures ad hoc par théâtre intégrant directement toutes les compétences requises avec une prééminence militaire ou non selon la nature de l'opération (cette préeminence peut changer) qui se refléterait sur le personnage en charge du machin ? Une logique proconsulaire quoi...

Idéalement oui, en gardant à l'esprit que les dites structures ont intérêt à être aussi permanentes que possible, avec juste l'équipe au sommet, le décideur final, qui soit réellement changeable, mais aussi une permanence (en contrepartie) des types de personnels pouvant être appelés à cette charge: qu'ils se connaissent, soient habitués à se pratiquer et à comprendre le métier et l'approche de l'autre (réellement, pas les lignes de com façon "nous sommes totalement en phase", "les services travaillent main dans la main", "nous nous connaissons de longue date".... Dont les autorités françaises sont très coutumières). Mais évidemment ça suppose aussi une autre logique du politique lui-même qui, outre sa nature, a pris une tendance au micromanagement encouragée par les techniques de communication modernes.

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Toi tu fais simple dans le sujet  =D

Je crois que les Anglo saxons appellent même ça "global approach" avec tout ce que ça sous-tend comme biais et tendance à vouloir trouver une solution académique qui répond à tout, tout le temps et dans toutes les situations (avec donc pour tendance à aller se réfugier dans une petite case particulière pour prouver qu'on a raison). Ceci dit un français aurait sans doute posé le principe théorique puis aurait listé les 15 000 exceptions  :lol:

Au delà du seul militaire (même si c'est au coeur du sujet) c'est toute l'articulation militaire/politique du commandement qu'on peut discuter. Tu avais fait des propositions précises sur d'autres topics, et j'avoue que ça m'est revenu en pensant au rôle finalement assez complet des proconsuls romains et de leurs EM, qui servent d'entités stratégiques autonome au temps de Rome. Mais évidemment à l'époque moderne la complexité et la division des tâches (techniques, académiques et ... politiques) rendent la reproduction de ce modèle beaucoup, beaucoup plus compliquée.

Je constate que depuis une petite trentaine d'année environ, les armées occidentales ont pris des taules, certes marginales, car dans un cadre "expéditionnaire" dans des endroits où nos intérêts étaient mal définis, voir inexistants.

J'ai en tête le cas Rwandais (pas eu de combat, mais on peut considérer que c'est une opération qui est un échec, débouchant sur la pire guerre civile de l'histoire récente en Afrique), la Somalie (où là on s'est carrément fait éjecter), l'Irak, l'Afgha ... bref on connaît les plâtres récents.

Je ne vais pas refaire la démonstration de l’innocuité de la guerre comme se limitant à la seule technique du combat pur, je souhaite plutôt insister sur les outils qui vont autour, et qui permettent de servir de multiplicateurs de force, d'atteindre des objectifs et de stabiliser et sécuriser l'environnement où nous agissons et où nous défendons nos intérêts.

Curieusement une des opés qui semblent mettre tout le monde d'accord (en tout cas chez les gens que j'avais interviewé à l'époque) pour dire qu'elle a été un succès, dans la mesure où un Etat stable a été construit ex-nihilo et la situation ante-bellum est stabilisée, c'est le Kosovo où justement on a appliqué de A à Z une approche prenant en compte les besoins des populations (sur un territoire limité, dans un environnement favorable). Et ce dès les premiers jours du conflit (camps pour les réfugiés) et sous l'égide d'une gestion civilo-militaire (d'abord OTAN avec sur place des unités spécialisées, de l'armée Belge et américaine notamment) puis ensuite de l'ONU (et la France a beaucoup participé).

Je profite du sujet pour poser la question aux spécialistes de l'ord bat et du min def français pour savoir à l'heure actuelle dans quelle mesure tout ça trouve sa place dans une structure globalement très "traditionnelle" (euphémisme pour ne pas dire archaïque). ça a été souligné mais les militaires ont historiquement étaient à la source d'innovations dans pas mal de discipline, aujourd'hui pourtant ils semblent complètement à la ramasse dans le monde universitaire avec qui il ne semble communiquer qu'à travers un nombre limité de discipline, et encore sans que ça bouge la fameuse "culture" qui conditionne les décideurs militaires (enfin je force le trait, on voit des signes ...).

Il y a des services centralisés au MinDef avec qui j'ai eu l'occasion d'échanger d'ailleurs quand je bossais à mon papier, mais je suis mal placé pour en faire une description.

A titre d'anecdote l'idée de toute ça m'est venu après avoir lu le livre et vu le film "Black Hawk Down" sur lesquels j'ai fait un papier à la fac. Pourquoi les US supers-puissants se font torcher par une milice de 3e zone et ça fait foirer toute les opés en Somalie pour la décennie suivante, ce qui a finalement encore aujourd'hui des conséquences stratégiques importantes pour tout le monde.

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dans la mesure où un Etat stable a été construit ex-nihilo et la situation ante-bellum est stabilisée, c'est le Kosovo où justement on a appliqué de A à Z une approche prenant en compte les besoins des populations (sur un territoire limité, dans un environnement favorable). Et ce dès les premiers jours du conflit (camps pour les réfugiés) et sous l'égide d'une gestion civilo-militaire (d'abord OTAN avec sur place des unités spécialisées, de l'armée Belge et américaine notamment) puis ensuite de l'ONU (et la France a beaucoup participé).

Ouaif, j'ai vraiment du mal à considérer le cas du kosovo comme un succès de politique étrangère ou "d'art militaire":

- investissement militaire disproportionné pour un timbre poste: s'il faut un tel déploiement pour s'occuper du seul Kosovo ou de la Serbie, ça augure mal des capacités expéditionnaires nécessaires pour des endroits de plus grande conséquence. Sans compter que le coup décisif porté à la Serbie a plutôt été de retourner les Russes (c'est là que Milosevic a changé de chanson). La campagne aérienne a servi nettement plus tard à faire baisser sa popularité, une fois combinée à "l'embargo" sur les lignes de crédits octroyables à la Serbie.... Disons qu'au final, ça fait très très cher pour obtenir un effet ayant juste une part minoritaire dans la "victoire" contre un adversaire somme toute pas vraiment gigantesque.

- si la gestion humanitaire peut être jugée bonne, la définition d'un "résultat satisfaisant" en terme d'Etat obtenu laisse songeur: Etat maffieux, peu contrôlé, une plaie dans l'Europe....

- l'affaire a laissé une impression importante en Russie qui concourt largement à expliquer la position actuelle de cet Etat (qui nous "coûte"), ce qui est une chose, et ce pour un enjeu douteux, ce qui en est une toute autre: qu'il faille froisser quelqu'un, ça fait partie du business, mais il faut que le jeu en vaille la chandelle.... Et là, c'était faire le jeu des ricains et pas du tout le nôtre (pas en tant que France, et pas forcément en tant qu'Européens).

- tout le monde est toujours d'accord pour parler de succès et avoir l'impression que c'en est un quand les effets immédiats sont mineurs (ce qui est plus dû à la taille et à "l'aura" des pays concernés qu'autre chose) et quand les moyens sont abondants et à ce point supérieurs.... Regarde Desert Storm: la débauche de moyens et la quasi "non guerre" que ça a été (tant le déséquilibre est énorme), de même que l'affichage de la machine militaire otanienne faisant jouer ses rouages bien huilés quasi sans opposition, obèrent complètement l'analyse de politique extérieure en termes simples.... C'est réussi ou non, ça sert des intérêts ou non, c'est "rentable" ou non, c'est une situation réglée ou non.... C'est un "meilleur état de paix" ou non.

que ça m'est revenu en pensant au rôle finalement assez complet des proconsuls romains et de leurs EM, qui servent d'entités stratégiques autonome au temps de Rome.

Ca n'a pas eu que des avantages, note bien :lol:.... Très loin de là. Mais évidemment, à Rome, guerre et politique ne sont pas des sphères qu'on sépare, même au niveau des fonctions aujourd'hui jugées purement "techniques" de commandement; les premiers "purs" militaires (au sens où nous pourrions le comprendre aujourd'hui) dans la hiérarchie, ce sont les centurions (et encore, les plus "hauts" dans une légion, le primipile et le préfet de camp, sont déjà dans des fonctions et responsabilités à caractère aussi politique, comme en témoigne le fait qu'ils soient anoblis et passent dans l'ordre équestre avec l'accession à ces jobs). Les tribuns angusticlaves, les préfets de cohortes auxilliaires et d'ailes de cavalerie, les tribuns laticlaves, les légats, et évidemment les procurateurs et officiers impériaux divers (consuls/proconsuls....), sont moins des officiers supérieurs ou généraux comme nous le comprenons qu'une hiérarchie politique regardant une charge provinciale (dans une campagne planifiée, le rôle militaire "technique" devient plus prenant et prééminent, ou au moins plus accaparant, même si la conscience politique guide leur commandement) et oeuvrant par nature, et sans séparation, dans un cadre "complet": administration civile et judiciaire, économie et fiscalité, police, constructions et fortifications, organisation et planification, diplomatie et relations avec les populations locales, recrutement et commandement militaire.... Y'a pas de séparation autre que purement pratique (au sein du staff): tout est pensé comme une seule et même chose, en continuité, cohérence et coordination de A à Z.

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Ouaif, j'ai vraiment du mal à considérer le cas du kosovo comme un succès de politique étrangère ou "d'art militaire":

Je suis influencé par des gens qui étaient à un niveau "tactique" et qui ont atteint leurs objectifs opérationnels (tant de réfugiés logés, tant de bidules détruits ...), c'est vrai que si on prend du recul la disproportion de moyen engagé par rapport au résultat laisse songeur. Cependant c'est un cas d'école d'une situatioin où on a essayé d'innover de prévoir. On a tattonné, on s'est englué à jouer l'air power puis on a changé de registres et de moyens pour au final une gestion de crise qui a permis d'obtenir un résultat "acceptable". La désintégration de l'ex Yougoslavie c'était une bombe qui faisait beaucoup de dégât près de chez nous avec une instabilité qui se propageait (on a eu très peur pour la Macédoine à cette époque).

Couteux pour un truc de la taille du Kosovo, mais avec un effort soutenu les Balkans n'ont pas dramatiquement explosé. Pas mal d'acteurs criminels ont fait leur nid et les questions politiques aux sources des antagonismes ne sont pas définitivement réglées, mais ça tient et on voit l'espoir à terme pour cette région d'entrer dans la famille Européenne.

On peut aussi dire qu'on a évité un trou noir d'Etat effondré et instable tout prêt de chez nous ce qui aurait été bien pire.

A mon sens il faut bien analyser les divers registres d'action de ce qu'on a fait en Yougo pour bien voir ce qui a foiré (le peace keeping traditionnel, laisser durer le conflit et le nourrir/pourrir, le recours à l'air power et à la coercition militaire déconnectée de la logique politique interne aux processus serbes ...) et ce qui a fonctionné ... Pour le coup avoir réussi à empêcher la multiplication des paramilitaires, la prise en charge des besoins des populations, les empêcher de se taper sur la gueule, construire des processus politiques gagnants-gagnants où les acteurs ont des machins à perdre ...

Je pense que la gestion de crise au Kosovo a partiellement atteint son but parce que c'était une époque où nous avions de la marge (ce qu'on a de moins en moins aujourd'hui), que les armées se recherchaient de nouveaux jobs face à la baisse des budgets, et qu'il y avait une réflexion qui s'amorçait sur les buts et les moyens de guerre que le 11 septembre a interrompu. Et paradoxalement le 11 septembre a privé de moyens certaines opération ce qui a forcé sous la pression les gens qui y étaient engagé à réfléchir sur la manière d'atteindre leurs buts.

Plus largement je cherche des exemples historiques de truc qui ont marché avec une coordination intelligentes de moyens limités mais répondant aux besoins et permettant d'atteindre un objectif à moindre coup. Tu parlais du modèle GB, si tu as des exemples je pense qu'on serait pas mal à cramer notre CB dans notre librairie préféré  :lol:

Il y a les "Surge" américains qui ont produit quelques résultats opérationnels mais tardivement et en ne permettant pas de compenser les effets de choix initiaux désastreux.

Il y a le modèle colonial (qui n'est pas bâti sur la seule supériorité techno) avec une compréhension des enjeux et l'utilisation des rapports de force locaux par les puissances colonisatrices (et surtout leurs agents sur place qui y sont intéressés) pour finalement contrôler pas mal de choses avec peux de billes et sans surinvestir dans les moyens engagés.

Ca n'a pas eu que des avantages, note bien :lol:....

Si César n'avait eu que des Rafales et des Leclercs pour franchir le Rubicon il aurait été bien emmerdé ...  :lol:

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Si César n'avait eu que des Rafales et des Leclercs pour franchir le Rubicon il aurait été bien emmerdé ... 

Naaan, le légionnaire est bien plus tout-terrain que le SPRAT: il aurait pu jeter un pont sans problème sur le Rubicon.... Et acheminé le kéro du Rafale par réemploi d'un acqueduc. Ils savaient se démerder; ils étaient loin d'avoir que leur bite et leur pugio, mais même avec ça, ils pouvaient encore improviser un max.

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Chose promise, chose due, me voilà donc. Vu l’ampleur de ce dont on parle, mon discours sera franco-centré bien qu’il puisse être appliqué à plus petite échelle par d’autres Etats... Tapez pas si c'est pas deux parties doubles, j'suis pas français disserto-centré et j'ai pas fait de hold-up pour pouvoir me payer Sciences-po. J'aborde ici la macro-structure et non le fond à savoir comment peut se gérer au quotidien cette organisation (des stages récurrents peut-être ?)

La problématique

Depuis les années nonante, on peut constater que de nombreuses opérations militaires occidentales menées, à l’exception de rares coups de poing (souvent en Afrique d’ailleurs), s’étalent sur plusieurs années, engagent des moyens, fixent des troupes, nombreuses. Ces missions engagent des moyens financiers, du matériel et des ressources humaines importantes. Elles sont en outre des expériences unique pour nombre de soldats.

Pour faire court nous faisons face aux conséquences d’une globalisation des économires apportant de nombreux avantages mais aussi des ennuis. Qu’il s’agisse de trafics ou de criminalité s’internationalisant et/ou d’Etat soit incapables de faire face à cette croissance criminelle, soit l’utilisant cyniquement comme moyen de survie, de nuisance, d’existence. Un autre modèle est l’Etat tout simplement non préparé à cette globalisation qui perd toute marge de manoeuvre pour des raisons économiques, juridiques, politiques, affaiblissant des équilibres internes déjà précaires. Ces déstabilisations menacent les flux occidentaux et donc mettent en danger les intérêts des Etats occidentaux ou tiers.

Tout ceci peut mener, pour des raisons diverses que je n’énumérerai pas, à des affrontements entre Etats et/ou populations/peuples (modèle Yougoslave), des effondrements purs et simples sur lesquels se greffent des logiques mafieuses (Somalie entre autres), ou encore des logiques mafieuses provoquant des effondrements. Il y a d’autres cas de figure mais comme dit plus haut, je fais volontairement court.

La réponse, très occidentalo-centrée, mais pas que, a cette situation, semble avoir été d’inventer un peu à la sauvette, une solution de peace-keaping/nation building sans vraiment savoir ce que l’on faisait, les balkans servant en partie de la laboratoire live à l’instauration de coutumes juridiques, notamment en matière de succession d’Etats et d’instauration de la démocratie bâtie sur un modèle réputé bon partout (ceci n’est pas une critique de la démocratie à l’occidentale, de ses institutions traditionnelles, ou de son mode de fonctionnement mais simplement).



Les forces armées occidentales face à ces situations semblent bloquées. Elles ont été pensées de A jusqu’à Z ou presque pour combattre une autre armée conçue selon un modèle identique. Cette déclaration peut-être tempérée selon les forces que l’on étudie, notamment en France et au Royaume-Uni dont le passé colonial et les missions y afférentes ont souvent amené ces Etats à se doter d’armées duales voir de deux armées (cas de la France sous Louis-Napoléon et au XXième siècle, notamment, avec la dichotomie armée de terre/troupes de marine). Dans les deux cas ces forces, surtout la Française passé les années 70, se contentent de préserver un statu quo politique à l’avantage de leur employeur indépendamment de toute véritable éthique, notamment. L’évolution que l’on observe depuis les années 90 est celle d’une conversion immatérielle des populations à travers une doctrine usant d’expressions nouvelles qualifiant en fait des processus anciens.

Qu’il s’agisse de l’un (combattre la population non achetée) ou de l’autre (convertir la population), le succès (durable) ne peut pas être obtenu par la seule action militaire et nécessite un vrai processus politique et une réintégration dans l’économie monde en des termes supportables pour les peuples concernés (à supposer que cela soit même possible) faute de quoi l’effort n’aura pas servi à grand chose.

L’action opérée doit donc se faire dans le temps long, l’histoire récente démontre que ces opérations peuvent durer plus d’une décennie, ce qui représente plusieurs mandats politiques dans nos sociétés démocratiques, au moins deux, voir même trois.  

Il nous faut donc trouver un moyen de combiner efficacement les ressources humaines et matérielles dans divers domaines (principalement militaires, policiers, économiques, politiques et criminologiques mais aussi sociologiques,, éducationnelles, anthropologiques, juridiques -le hardware qui cristallise les solutions et les rend presque pérennes-, hygiénico-médicales) provenant de divers milieux/administrations et une contingence politique non seulement propre à l’Etat générateur du processus mais aussi la faire entrer en équation avec celle de l’Etat/peuple/population cible. Nous avons donc trois à quatre données :

-Coopération inter-services d’un Etat

-Calendrier politique de l’Etat en question

-Coopération inter-services et internationale des services de l’Etat cible

-Calendrier politique de l’Etat cible

Cette gestion dans le temps long, pour être efficace, doit pouvoir évoluer, certes, mais aussi se fixer un objectif tangible, un “but de guerre” qui peut d’autant plus être atteint aisément ou à moindre coût si l’équipe de gestion demeure en place suffisamment longtemps et donc n’est pas soumise au changement d’administration.

Comment faire ?

Je pense qu’on a le choix entre deux solutions. La première consisterait à diversifier le rôle de l’armée est laisser des forces d’un ministère de la défense. L’objectif ici serait donc de “civiliser” les militaires et de leur faire embarquer des civils “militarisés” pour l’accomplissement d’opérations annexes destinées à faciliter l’accomplissement d’un cahier des charges essentiellement militaire. Cette façon de penser à des avantages.

La solution militaro centrée

Premièrement elle reposera essentiellement sur l’exécutif selon une chaîne de commandement très claire (enfin plus clair que ce qui va suivre) et mettra au pas, sur un théâtre donnée, toute forme de conflit de compétence (enfin presque) émanant d’autres administrations susceptibles de se voir dépossédées de leurs compétences naturelles (Affaires étrangères) ou freinées dans leurs velléités de développement international (Ministère de l’économie qui au nom de coopération économique, arrache un pouvoir implicite réputé nécessaire à l’accomplissement de compétences internes attribuées ; Justice pour des raisons de luttes contre la criminalité internationale ; fiscale pour les mêmes motifs, essentiellement douaniers ; éducationnelle pour des missions de coopération, le cas des Lycées français qui il me semblent dépendent de l'EN).

Deuxièmement l’approche essentiellement militaire permettra généralement de disposer de moyens militaires notables car prédominants dans le processus de pensée et donc serait plus à même de réagir à une dégradation de la situation.

Les inconvénients sont également notables :

-La capacité de réaction ne risque-t-elle pas d’être systématiquement overkill ?

-Quel sabotage de l’action par les institutions frustrées ?

-Une stricte dépendance de l’équipe de contrôle au pouvoir exécutif, entretenant par essence une relation administrative basée, surtout en France, sur l’unilatéralité parfois jusqu’à l’absurde. Quelle capacité à durer si l’on émet un avis contraire à l’administration en place qui rappelons-le change deux fois de mandat au moins pendant la mission ?

La solution polydisciplinaire à prééminence variable.

Une seconde solution serait de suivre Clemenceau et de considérer que la guerre est trop sérieuse pour les militaires et donc de soumettre la nomination d’une équipe directrice (les chefs ou le top responsable) ... Au pouvoir législatif, et cela à une majorité renforcée, pour une durée excédant celle de son mandat. Ce chef aurait rang de ministre ou presque (une sorte de vice-ministre ou de directeur d’agence) et pourrait être membre à part entière d’un gouvernement et par conséquent soumis à la responsabilité ministérielle*, soumis à des rapports périodiques devant ses mandants et responsable d’une administration qu’il sélectionnerait en fonction de l’enveloppe de son cadre de mission. Ce responsable pourrait provenir d’un milieu différent selon les circonstances (prédominance économique, sécuritaire, diplomatique, ou policière/judiciaire/fiscalo-douanière). Il pourrait être remplacé selon les évolutions de la situation ou être temporairement mis à l’écart en cas de dégradation brusque justifiant un surge et donc une intervention armée.

L'inconvénient d’un tel système repose sur l’extrême politisation du processus de sélection  qui peut prendre du temps. Mais elle a pour avantage de forcer un débat politique et amener le sujet sur la table ainsi que de discuter sérieusement des moyens à allouer. Un autre avantage réside dans la relative souplesse du système une fois mis en place. Une fois le programme approuvé, le responsable disposerait de l’autonomie propre à celle d’un ministre devant ensuite rendre compte. La responsabilité du pouvoir législatif ne consisterait plus à s’attaquer à la politique du responsable mais de la manière dont il l’exécute, renforçant la qualité du débat (enfin on espère...).

J’ai une préférence pour ce domaine donc je vais avoir du mal à le critiquer...

On peut ainsi imaginer des structures temporaires (liées à un théâtre) ou permanentes (liées à une région stratégique ou à défendre, dans le cas de la France, Caraïbes + AmSud + Clipperton -à supposer que ça serve encore à quelque chose ce trou-, Océan indien et Pacifique Ouest). 


Un avantage commun aux deux structures est qu’elles forment un tout cohérent ce qui dans le cadre d’une coalition internationale de grande ampleur apporte une vision cohérente et des moyens pour la soutenir en plus de ne laisser qu’un interlocuteur unique qui, dans la seconde solution, peut se targuer d’un vrai soutien voir même de soutiens étrangers.

Un autre avantage commun est celui d’interlocuteur unique vis-à-vis d’autres entités (banques, organisations internationales...) mais aussi de l’Etat/population cible, plus en mesure de savoir à quoi elle a affaire et qui peut désigner une personne comptable des errements de son administration. Ceci pourrait amener à se pencher sur la vraie nature des contingences politiques locales plutôt que de tenter d’y plaquer un modèle préexistant. L'évolution de la situation mènerait d'une manière ou d'une autre à un remplacement progressif des cadres de l'Etat initiateur du processus par ceux de l'Etat cible.

Tout ceci devant être lu à la lumière (nuancé par), à mon avis d’un billet de B. Bihan sur la guerre au milieu des populations et l’approche que l’on cherche à réaliser, ainsi que le résultat que l’on souhaite obtenir. Il va sans dire que je ne comprends pas très bien cette logique de conversion d’une population à un mode de vie venu de l’autre bout du monde, il mène à livrer la guerre à un peuple entier (et à une forme d’extermination) plutôt qu’à élaborer une vraie solution pérenne et d’un bon rapport coût/résultat. Il n'est pas à exclure qu'une mission guidée par le messianisme civilisationnel ne soit qu'un échec permanent quel que soit les moyens qu'on lui alloue... Je n'ai naturellement pas abordé la question du point de vue du ou des peuples cibles dans la mesure où l'on ne sait pas duquel on parle.

* Ici on touche à un problème spécifiquement français qui est la quasi absurdité du système semi présidentiel et des légitimités contradictoires qu’il entraîne, problème s’était résolu par une forme de décrédibilisation du pouvoir législatif. Piquant de constater après relecture à quel point mon premier modèle relève davantage d'un système présidentiel tandis que le second s'inscrit dans le cadre d'un régime parlementaire...

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Idéalement oui, en gardant à l'esprit que les dites structures ont intérêt à être aussi permanentes que possible, avec juste l'équipe au sommet, le décideur final, qui soit réellement changeable, mais aussi une permanence (en contrepartie) des types de personnels pouvant être appelés à cette charge: qu'ils se connaissent, soient habitués à se pratiquer et à comprendre le métier et l'approche de l'autre (réellement, pas les lignes de com façon "nous sommes totalement en phase", "les services travaillent main dans la main", "nous nous connaissons de longue date".... Dont les autorités françaises sont très coutumières). Mais évidemment ça suppose aussi une autre logique du politique lui-même qui, outre sa nature, a pris une tendance au micromanagement encouragée par les techniques de communication modernes.

Certes mais en ces périodes de vaches maigres est-ce faisable à grande échelle ou même à petite. Ceci impliquerait le recrutement de fonctionnaires supplémentaires plutôt que de pouvoir monter sur pied une administration "temporaire" (vu la durée des OPEX c'est un quart de carrière au fond...) à partir des administrations existantes.

Un système de stages/échanges croisés pour les volontaires ne serait-il pas plus efficace et à même de permettre de puiser dans plus de monde que de recruter des personnels ad hoc pour toutes les tâches ? Un noyau dur permanent serait indispensable mais jusqu'à quel point devrait-il être élargi ?

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  • 2 weeks later...

Non, mais j'avoue que je perçois mal où tu veux en venir précisément, en fait quelles sont véritablement les questions que tu poses (je souffre du même problème dans pas mal de mes topics, apparemment :lol:) et auxquelles je pourrais répondre, ou en tout cas par rapport auxquelles je pourrais prendre parti.

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Non, mais j'avoue que je perçois mal où tu veux en venir précisément

:rolleyes: :-X Vaste question messire.  :P :lol:

Berezech écrivait :

“Dans les débats qu'on a pu lire ici sur le futur livre blanc on a souvent posé la question des "nouvelles formes d'opérations" que nos forces militaires, mais aussi d'autres services de l'Etat qui contribuent à notre politique internationale, peuvent mettre en oeuvre.

Chez les anglo-saxon le concept "d'approche intégrée" se popularise, en particulier pour les opérations complexes de type "peace building, making, keeping ...".

Il consiste à faire une analyse globale des situations et des problèmes, à en déduire des objectifs conformes avec la (les) volonté(es) de(s) l'acteur(s), à planifier puis mettre en œuvre en utilisant une boîte à outil polyvalente et multidimensionnelle faisant aussi bien appel aux compétences de civils, qu'à celle de militaires.”

J’ajoute dans mon approche du sujet que ces opérations se caractérisent de plus en plus, notamment dans leur mission peace building/keeping, par leur longueur, leur complexité et donc s’étalent sur plusieurs années.

On a vu assez fréquemment (Afghanistan, Irak) la question s’inviter dans les campagnes électorales ce qui n’est possible que parce que l’opération se déroule sur plusieurs mandats électoraux. Depuis les années 90, certaines opérations ne sont pas achevées (cas de la Yougoslavie et de la question macédonienne ainsi que celle de la Bosnie-Herzégovine qui est de facto un protectorat de droit international.

Bref nous avons principalement deux points :

-l’immobilisation de moyens pour une longue durée

-la nécessaire coopération inter-services au sein d’un même Etat et potentiellement (c’est même nécessaire à mon avis), avec les services d’un Etat tiers/cible.

Des réponses satisfaisantes à ces questions permettraient de résoudre les quatre problèmes découlants de ces points :

-Coopération inter-services d’un Etat

-Calendrier politique de l’Etat en question

-Coopération inter-services et internationale des services de l’Etat cible

-Calendrier politique de l’Etat cible

Afin de résoudre ces points/questions je propose (et c’est là que je veux en venir, une approche institutionnelle pour aborder la question et éventuellement approfondir en partant “du haut”, de qui décide) de mettre en place des structures institutionnelles au sein même de l’Etat qui lance l’OPEX cela pour plusieurs raisons :

-gérer le problème (quand même  :lol:)

-Si coalition il y a, ramener l’approche la plus logique possible comme point de négociation, être en mesure de s’adapter le plus aisément à sa zone de responsabilité, venir avec l’accord au moins partiel des tiers (Etat cible) car déjà intégrés dans la boucle ou plus intéressés de l’être dans celle-là que dans une autre.

La structure institutionnelle, dédiée à l’OPEX mais utilisant des responsables provenant d’autres OPEX ou les réutilisants pour l’OPEX suivantes, peut s’organiser de différentes manières (ce sont mes deux sous sections avec approche militaro centrée ou polycentrique). Là on verse dans la plomberie et hum... Si c‘est pas clair cite un point précis parce que je suis paresseux.  :-X

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Le problème de ce sujet est qu'il a deux approches qui ne peuvent être séparées:

- l'angle "technique", à savoir les outils dont dispose le politique pour mener une politique extérieure incluant un volet militaire d'importance variable, jusqu'au point extrême où c'est le militaire qui gère quasiment tous les aspects pratiques et a la prééminence dans le décisionnel, ce qui correspond à ce volet terriblement rare du "conflit classique/symétrique" genre guerre totale ou à tout le moins inter-étatique pur et dur. Il suffit de voir ce qu'est le Secrétaire d'Etat américain, son autonomie de décision, son importance, ses moyens, pour comprendre la différence avec la France (le SE des ricains est, depuis l'origine, pensé comme un "2ème président").

- l'angle politique et décisionnel, qui correspond dans les faits à un changement politique, incluant une plus grande intégration des questions sécurité/stratégie dans le débat politique et de ce fait, dans le débat public et le champ de connaissances et préoccupations de la classe politique française qui est pour l'instant essentiellement faite d'amateurs marginalement préoccupés par la chose. Cela correspond aussi à une plus grande culture institutionnelle en la matière dans les hautes instances de la fonction publique (les interlocuteurs directs du politique, qui ne changent pas ou peu selon la majorité politique), ce qui induit à la fois un pouvoir déconcentré dans les faits (via le pouvoir de l'expertise, une plus grande continuité, plus de moyens, plus d'autonomie dans certains aspects) et, de ce fait, une autre conception du pouvoir, qui reste paranoïaque en France, centralisant trop les processus de décision sur une élite non experte et asservissant totalement les experts non élus (déresponsabilisés, "servilisés", enclins à faire carrière sans faire de vagues, peu pris en compte par rapport à l'agenda politicien....).

L'un des premiers services de l'Etat qui devrait en la matière avoir une toute autre importance est le Quai d'Orsay, dont les moyens et structures (outre ses défauts d'organisation et de priorités, qui sont plus du management à revoir) ne sont pas propres à servir une politique extérieure sérieuse, juste à mettre de la cosmétique sur les décisions aléatoires du chef de l'Etat.

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Ce sont justement ces deux angles que j'ai tenté d'aborder. Le premier (technique) via l'autonomie d'une chef de mission dédié qui compterait presque comme un ministre. Le second en responsabilisant cette personne (du moins à ma préférence) devant le pouvoir législatif et en proposant un autre modèle plus "exécutif". Et en renvoyant vers la Vième république (car me situant dans le cas français).

Après l'autonomie du State américain n'est-elle pas justement de nature à provoquer une cacophonie entre services (Pentagone, Maison Blanche, CIA ?) et un exemple de trop grande autonomie ?

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Après l'autonomie du State américain n'est-elle pas justement de nature à provoquer une cacophonie entre services (Pentagone, Maison Blanche, CIA ?) et un exemple de trop grande autonomie ?

Oui et non: le problème là est que, et c'est notablement plus prononcé en France, on essaie de réfléchir purement en termes d'institutions et de dispositifs écrits, ce qui, dans ces domaines en particulier, est illusoire. On ne peut prévoir la réalité dans son intégralité, et essayer de le faire conduit plus souvent à de mauvais dispositifs ou à des dispositifs catastrophiques. Il y a besoin de souplesse, d'entente, de coordination, de compréhension du métier de l'autre, de consensus politique plancher.... Soit des choses qui justement ne peuvent être enfermées dans un dispositif légal, et nécessitent une culture particulière plus qu'une tentative par essence vaine de définition par avance de la réalité et de pointillisme légaliste. Un cadre légal/règlementaire est nécessaire, mais il ne peut être que vague et se contenter de placer des limites et gardes-fous (face à des débordements de divers types: usurpation d'autorité politique, abus sur le théâtre d'opération, comptes à rendre....). Et les politiques ont par essence du mal à faire ça, spécialement en France et spécialement sur les questions internationales: ils ne veulent pas assumer quelque chose, ils sont jaloux de l'autorité (véritablement parano) et hypercentralisateurs/micromanagers, quand bien même ils ne connaissent pas grand-chose à ces domaines....

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Oui et non: le problème là est que, et c'est notablement plus prononcé en France, on essaie de réfléchir purement en termes d'institutions et de dispositifs écrits, ce qui, dans ces domaines en particulier, est illusoire. On ne peut prévoir la réalité dans son intégralité, et essayer de le faire conduit plus souvent à de mauvais dispositifs ou à des dispositifs catastrophiques. Il y a besoin de souplesse, d'entente, de coordination, de compréhension du métier de l'autre, de consensus politique plancher....

Oui. C'est justement mon point. Je m'inspire d'une technique législative qui a valu notamment aux Pays-Bas il y a quelques décennies (enfin pendant plusieurs décennies sur des questions particulières). Le législatif avait chargé des spécialistes, techniciens (juristes) de rédiger le Code civil local selon une méthode bien précise (à la demande du spécialiste en question) : Le parlement approuvait in globo ce qui allait être fait et acceptait de se prononcer sur l'ensemble du résultat et pas de discutailler sur chaque solution technique prise isolément sous peine suite aux amendements de transformer en système cohérent en souk.

Là j'envisage quelque chose de similaire. Un mandat donné par une assemblée (ou un rang de quasi ministre au gestionnaire) afin justement de lui permettre de gérer au mieux la dose de sel du potage.

Avec obligation de rendre compte régulièrement afin d'éviter que cela ne dérape et également se justifier de la demande d'accroissement de moyens si nécessaire.

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  • 3 weeks later...

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