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Révolution romaine


Suchet

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Je viens de relire plusieurs ouvrages dont celui de Mommsen et des bien plus récents.

D'après ce que j'ai compris, juste après la première révolte servile en Sicile, une révolution commencerai avec les Gracques et leur tentative de loi agraire et de distribution de terre pour la plèbe et de faire des citoyen latin, des citoyens romains.

Mais apparemment le Sénat ne serait pas d'accord et donc : zigouillage des deux frères et tribuns de la plèbe à 10 ans d'écart, l'un en 133 et l'autre en 121 avec une loi illégale. Ça, c'est ce que j'ai compris mais cette histoire me paraît bien confuse.

À partir de là c'est agitation incessante, guerres civiles, serviles et sociale jusqu'en 31 av.jc.

 

Un siècle de Révolution ???

 

Quelle est réellement le point de départ de ce qu'appelle certains historiens la révolution romaine ?

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Tu ne trouveras pas d'événement ou d'année précise qui en serait l'origine.... Ou tu en trouveras beaucoup. Le "point de départ" de la dernière période républicaine est à trouver dans l'évolution socio-économique romaine, et par là dans son impact sur la polarisation croissante et violente de la scène politique. Quelques "grands traits":

 

- focalisation sur un "modèle économique de la guerre" qui fait dépendre Rome de plus en plus d'une expansion permanente.... Cette focalisation est plus nécessaire aux élites qu'au reste de la population au début, puis devient graduellement vitale

 

- l'impact de longue haleine de cette expansion permanente bouleverse les équilibres socio-économiques romains, et le système économique de la république, donc sa société: la paysannerie (la classe moyenne romaine) est graduellement appauvrie, exclue, la société se prolétarise, une partie des secteurs "artisanaux" subit le même sort, et plus encore les secteurs "manufacturiers" (reposant sur une main d'oeuvre abondante et peu qualifiée formant un prolétariat citoyen). Des mobilisations trop fréquentes, des périodes de service trop longues (et s'allongeant), de trop faibles compensations, et plus encore l'afflux massif et incessant d'esclaves sont la cause directe, avec pour origine l'avidité de conquête des grandes familles et pans des élites intéressés à l'expansion (la guerre se fait pour le butin, il y a peu de "grande stratégie"; le butin "direct" et l'exploitation extrême des zones conquises). Les masses de populations appauvries, réduites à une activité à peine vivrière, mises en dépendance ou simplement prolétarisées, deviennent gigantesques et sans autre possibilité de refaire une vie. Le résultat est un exode rural important et un repos croissant sur l'évergétisme de la classe équestre (les sénateurs et patrices ne sont pas encore une classe à part: toute l'élite est équestre): "du pain et des jeux". Une population massive de la ville elle-même dépend en grande partie de ce "système" qui se systématise et se massifie de plus en plus, réclamant en corollaire toujours plus de blé, de numéraire, et donc de conquêtes. Un pur cercle vicieux, et ce d'autant plus que la gourmandise et les ambitions des élites croissent avec, et malgré la rapidité et l'ampleur de l'expansion, le phénomène de concentration des richesses dans la société, mais aussi au sein de l'élite, va encore plus vite, ramenant les oppositions et rivalités au sein du Sénat à un affrontement de plus en plus polarisé entre un nombre réduit de clans de pouvoirs, qui se "rassemblent" dans 2 "factions", les populares et les optimates.

 

- l'affrontement populares/optimates est de fait un phénomène montant et structurant au IIème siècle, avant de devenir le clivage fondamental au Ier. Les Gracques, avec leur programme de redistribution des terres pour les vétérans (soldats démobilisés après avoir fini leur temps de service et nombre de campagnes) le scellent ainsi dans la vie politique, tout au long de leur "épopée" enracinant le conflit (jusqu'ici nettement plus modéré comme thème) autour d'une mesure phare et exemplaire, âprement soutenue ou combattue. Les populares sont pour, les optimates (élites conservatrices) sont contre. L'évolution militaire et territoriale romaine est de ce fait indissociable de l'histoire sociale et économique, car c'est avant tout par le traitement réservé aux démobilisés, et le devenir des combattants en général (ce qui représente des masses humaines toujours croissantes, donc de grands besoins d'espace et de moyens), qui est concerné par ces mesures en débat (rappelons aussi que les vétérans entrent de facto dans la clientèle de leur général: il doit leur fournir des trucs, ils lui doivent un service, comme réserve militaire et citoyenne -voter pour ses candidats, manifester dans la rue, prendre son parti....). S'occuper des vétérans socii va dans le même sens: éthique et conviction politique? Un peu. Vision de l'avenir de la république et des moyens de la stabiliser? Sans doute en bonne partie. Désir d'accroître sa clientèle et son pouvoir? Sûrement.

 

- impact "accélérateur de la 2ème Guerre Punique: le "système économique" de l'expansionnisme a été à la fois une solution à la polarisation des richesses dans la société romaine (les grands bouffent les petits et concentrent les richesses, sauf si une "soupape" permet de limiter cette tendance inévitable dans toute société), et la cause de nouveaux problèmes (implication géopolitique tous azimuths, risques accrus, besoin d'armée permanente....) au chef desquels arrive.... Une accélération de la polarisation des richesses: au phénomène normal d'une économie où les grands mangent les petits plus vite que les petits ne peuvent accroître leur part du gâteau, s'ajoute le fait.... Que la guerre mobilise sans cesse plus de petits pour de plus longues périodes, dégradant leur propre activité et leurs propriétés. La 2ème Guerre Punique fut dans ce registre le pire conflit qu'ait connu Rome, tant par sa durée que par le niveau de mobilisation (politique, économique, militaire) demandé sur cette durée, et par les dégâts occasionnés: la démographie romaine et italienne en prend un grand coup, l'économie aussi (l'impact économique pour les élites fut aussi en partie la cause d'une rivalité accrue, d'une gourmandise accrue....).

 

- accroissement démographique très important (malgré la "période de creux" pendant et après la 2ème guerre punique), beaucoup plus rapide que l'évolution des institutions: la conception des libertés et de la vie dans la cité de Rome correspond à celle d'une cité nettement plus petite. Son modèle de citoyenneté et de rapport institutions-populations ne peut fonctionner quand la cité (ou plutôt "l'espace citoyen" qui dépasse la seule ville: il y a des expats et des colonies de peuplement, surtout en Italie) dépasse les 200/300 000 habitants

 

- accroissement de l'espace romain; il s'agit moins là de "l'empire" territorial (qui devient immense) et plus de la péninsule italienne, à la fois par sa proximité et son importance démographique et économique: le système des "socii" ("alliés" mais à statut inférieur: de ce nom vient le terme de "guerre sociale", qui n'a rien d'une lutte des classes) ne peut plus fonctionner. La puissance romaine dépend absolument des socii italiens (militairement, économiquement), mais ceux-ci pâtissent beaucoup plus qu'ils ne bénéficient de cette puissance. Ils subissent les mêmes problèmes que les Romains, plus quelques-uns spécifiques (taxation, mobilisation obligatoire pour des guerres qui les concernent moins....), sans avoir même les quelques avantages que cela procure

 

Cumul de ces tendances fondamentales, la dernière période de la république romaine voit toutes ses logiques produire leurs effets de façon conjugée.... Et ca fait mal. Quand les Gracques proposent leur programme initialement, ils ne font que répondre à un besoin existant, qui pose déjà un grand danger sur la stabilité de Rome: le sort des vétérans et de leurs familles, le statut des vétérans alliés. A lui seul, ce programme ne suffirait même pas à rétablir cette stabilité: même si les populations concernées sont importantes, elles ne sont désormais qu'une partie du plus large problème. Tant que l'expansion militaire continue à rythme soutenu, une soupape de sécurité minimum existe (nombreuses garnisons permanentes outre mer -ça occupe du monde-, colonies de vétérans -ça éloigne du monde-, pillage, exploitation et évergétisme massifs....), mais elle a trop de limites, et de plus en plus à mesure que la population et les ressentiments (notamment chez les alliés) s'accroissent. Les tensions sont permanentes, la violence dans la ville et la vie politique vont crescendo. Dès que le flux s'interrompt ou se ralentit, il y a crise politique, violences importantes.... Et de toute façon, il est bien vite insuffisant, quand on ajoute la gourmandise des élites et leurs affrontements pour le pouvoir: c'est pas tout de nourrir/soutenir une partie de la population, il faut être celui qui le fait et est vu en train de le faire (base du pouvoir: la taille de la clientèle), et pour faire ça, il faut des sources de revenus croissantes, essentiellement des exploitations gigantesques (celles-là même qui foutent toujours plus de paysans dans la mouise), des intéressements dans les flux de marchandises et.... Des provinces à pressurer, dont on se fait allouer le commandement -avec des légions- qu'elles soient déjà conquises ou non. Et les besoins incitent à faire sa politique de conquête en plus de ça (tous les "grands" ont une "vision" politique, cad une zone de conquête à cibler).

 

La v-là ta révolution romaine..... Quand Crassus meurt, le dernier compromis politique optimates/populares meurt avec lui, laissant Pompée et César face à face, et les autres (aucun autre clan n'étant à ce stade de taille à constituer un pôle politique comparable à l'un de ces deux là) forcés de s'aligner sur l'un ou l'autre. Déjà, avec Marius et Sylla, une quarantaine d'années avant, la "grande" guerre civile était pas passée loin; la situation avait pu être rétablie, notamment par une "réconciliation" (un deal), l'existence à cette époque de plus de clans de puissance relativement comparable, le besoin de paix (épuisement des ressources) et le retrait volontaire de Sylla. Mais il avait en même temps laissé une trace indélébile dans l'histoire politique: ses purges de clans rivaux pendant sa dictature avaient condamné tout apaisement de la vie politique (et beaucoup de clans affiliés aux populares, notamment, voulaient désormais du sang). La prochaine ne pouvait qu'être la bonne, parce que bien avant César, Sylla avait franchi ce Rubicon là, un acte autrement plus irrévocable que le passage d'un ruisseau, fut-il symbolique.

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Je trouve que tu es trop axé sur le militaire (c'est le sujet du forum, donc c'est logique) ; mais il me semble bien que cette affaire s'est réglée surtout sur le plan politique.

Si Sulla supprime des lois qui donnaient des avantages à la plèbe ou rétablit d'anciennes lois, sur le long terlme la société évolue en faveur de la plèbe au détriment des patriciens. Se démocratisant (anachronique je sais,  car on gagnait les élections grâce au fric, le prestige ne comptant pratiquement plus, sauf cas exceptionnel) de plus en plus à toute l'Italie surtout après la guerre sociale, militairement remportée par les Romains, mais politiquement par les Socii.

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Je trouve que tu es trop axé sur le militaire (c'est le sujet du forum, donc c'est logique) ; mais il me semble bien que cette affaire s'est réglée surtout sur le plan politique.

 

A Rome, il n'y a AUCUNE différence, aucune barrière. Militaire, religion, lois et politique, c'est exactement la même chose. Ce sont "les affaires". Il n'y a qu'une limite physique: l'enceinte du pomerium où l'on n'entre pas armé ou équipé en soldat (sauf pour recevoir le triomphe ou y défiler, ou défendre la ville si elle est assiégée). C'est juste du registre du symbolique et quand le pomerium est étendu après la guerre sociale, jusqu'à un certain petit cours d'eau (vu que le pomerium, désormais, c'est l'Italie), on voit la portée réelle du truc, comme on l'avait vu au moment de Sylla: César le franchit sans que ça choque tant que ça.

Si Sulla supprime des lois qui donnaient des avantages à la plèbe ou rétablit d'anciennes lois, sur le long terlme la société évolue en faveur de la plèbe au détriment des patriciens. Se démocratisant (anachronique je sais, car on gagnait les élections grâce au fric, le prestige ne comptant pratiquement plus, sauf cas exceptionnel) de plus en plus à toute l'Italie surtout après la guerre sociale, militairement remportée par les Romains, mais politiquement par les Socii.

 

L'évolution sociale et économique romaine est entièrement dictée par l'évolution militaire, donc politique. Très tôt dans l'histoire républicaine, le registre de la décision politique à tonalité militaire prend graduellement le pas sur l'intérêt fondamental "civil" (si on peut dire, en regardant avec une conception moderne des choses) des citoyens (la plèbe pour aller vite). Rome, avec l'épisode de Veies, entre dans une logique expansionniste qui devient de plus en plus la règle de croissance de l'Etat. Au lieu de servir à protéger les biens et l'activité des citoyens, l'armée devient le moyen d'expansion, qui bénéficie avant tout à la classe équestre. La polarisation des richesses, phénomène structurant de l'histoire romaine, ne fait que s'accroître à partir de ce moment, et toujours plus vite au fil des guerres, de l'accroissement de la taille des conquêtes et des chiffres en jeu.... Et, parallèlement, des besoins d'une population graduellement rendue dépendante par ce même double procédé (les grands grandissent plus vite que les petits et prennent la part du lion, donc grandissent aux dépends des petits, et les petits sont de plus en plus mobilisés pour la guerre, au détriment de leur gagne pain).

Toute l'histoire de cette fragilisation grandissante des équilibres initiaux de la société romaine peut se résumer aux spécifications de la population mobilisable, qui aurait été en effondrement constante et rapide sur toute la période si les seuils minimaux de propriété n'avaient été constamment abaissés dans le cens (réalisé tous les 5 ans du règne de Servius Tullius jusqu'au Ier siècle av JC), permettant de maintenir artificiellement la division des classes selon la fortune. Cet abaissement reflète directement la vraie courbe de décroissance de la richesse réelle par habitant dans la Rome républicaine.

Le sujet est militaire parce que l'expansion est le système socio-économique le plus déterminant sur toute l'histoire de la république romaine, comme fait, conséquence et cause. Sur les luttes de la fin de la période républicaine, le domaine militaire l'est doublement puisque la société instable, prolétarisée, dépendante, polarisée et violente que ce système a créé se trouve mise en présence d'un affrontement à sa tête autour de questions qui tournent avant tout autour du sort des vétérans, à la fois pour ce qui doit leur être attribué (citoyenneté pour les socii, terres pour l'ensemble des vétérans et recréer une classe moyenne, donations....) et pour ce que cela implique (clientèles politiques massives, incitation à les développer ET à devoir les soutenir pour leur retraite, qui induit d'autres conquêtes et une lutte pour favoriser ses propres projets de conquêtes....).

Nier qu'il s'agit d'une causalité unique d'ordre politique/militaire (2 mots pour une même chose), c'est penser que César est allé dans les Gaules parce qu'il voulait les conquérir..... En oubliant qu'il ne s'agissait pour lui que d'un moyen pour une fin: conquérir Rome, ou plus exactement, comme le dit Yann Le Bohec, quelques arpents de marbre au coeur de Rome.

 

La "citoyenneté" qui se "démocratise", ce serait un avantage à la plèbe? Le droit de cité est accordé aux Socii car c'était inévitable et que ça ne coûtait pas grand chose, mais c'est pas forcément un cadeau si rose: la citoyenneté romaine au début du Ier siècle av JC, ça ne change ni le niveau de vie et de fortune, ni la réalité du pouvoir politique, dans une Rome qui n'est pas une démocratie et n'a aucune mentalité démocratique, et où la fortune comme le pouvoir restent dans les faits concentrés dans les mêmes mains, de qui tout dépend. Le "prestige" y compte beaucoup, si on sait ce que cela implique:

- il attire les meilleurs volontaires pour l'enrôlement, les meilleurs candidats pour les postes d'officiers (tribuns, questeurs, préfets, légats)

- il attire les clients, au sens du  rapport de sujétion personnelle: le système social de Rome repose essentiellement sur le clientélisme et les pyramides de relations et de réseaux sociaux qu'il forme ainsi, résumant la société à diverses "pyramides" de ce type, au sommet desquelles se trouvent un nombre très réduit de clans patriciens

- il joue un rôle religieux: faut pas oublier le poids de la superstition dans ces sociétés. L'aura politique et militaire d'un personnage en joue beaucoup: c'est pas par vanité (seulement) que César insistait sur ses plus illustres ancêtres (Enée, et par lui, Vénus), ou son aventure en Bretagne et celle en Germanie (aucune intention de conquérir, juste de se présenter comme "vainqueur de la mer et des Bretons", et "vainqueur du Rhin et des Germains"). Le seul titre "d'imperator" est un enjeu en lui-même: Crassus investira une part non négligeable de sa fortune et risquera beaucoup (notamment s'éloigner de Rome au mauvais moment) pour l'obtenir afin de faire jeu égal avec ses 2 "amis" (sans quoi il serait resté le banquier du triumvirat; lui qui était pourtant infiniment plus riche que les 2 autres réunis).... Evidemment aussi, il perdra son pari.... Cet élément "religieux" est vital pour la carrière politique; il dit qui a le droit de prétendre aux honneurs suprêmes, qui il faut regarder (au peuple, aux groupes sociaux, aux élites....)

- il rend populaire: plus que beaucoup d'autres choses, cet élément seul est un enjeu concret et incontournable. Etre populaire à Rome n'est pas en soi le but, mais c'est l'élément vital pour l'atteindre. Seule la popularité donne des pans de population (après, faut aussi le fric pour les entretenir), donne accès à plus de clients, rend des quartiers de Rome sûrs pour sa faction, permet de faire élire ses candidats aux postes électifs.... Et le fric seul ne permet pas de l'obtenir: tenir cérémonie, tenir des jeux, faire des donations, surtout à grande échelle, ne se fait pas toujours sans conditions légales.

 

Si le fric suffisait, Crassus aurait pris le contrôle de Rome avant même que César parte en Gaule. Si le prestige suffisait, Pompée aurait eu le contrôle durable de Rome avant même que César puisse commencer à vraiment faire parler de lui.

 

Mais dire que "les socii" ont gagné politiquement la guerre, ou que la plèbe a acquis du pouvoir, je crois pas que ça veuille dire grand chose: le contrôle n'a pas changé de mains, le Sénat n'est pas devenu un organisme électif, les grandes familles de patriciens n'ont rien perdu et leur lutte a continué sans ralentir ni sans que de nouveaux "joueurs" arrivent dans la danse avec un poids important..... Et les problèmes que la société romaine avait avant la guerre sociale n'ont pas changé.... Principalement parce que la domination de Rome avait donné les mêmes aux Socii.

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Il est vrai que le pouvoir reste à la noblesse mais plus de citoyens, égal, plus d electeurs. Sulla augmente aussi le nombre de sénateurs. Ensuite l un des deux triumvirs restant après Crassus soit crevé augmente le nombre de sénateurs à 1000 il me semble étrangers ( épisode de Ciceron qui se fout de la gueule d un sénateur gaulois)

d ailleurs il me semble que tu te sois planté, ce ne sont pas les frères Gracchus qui donne des terres aux veterans mais c'est avec Sulla.

effectivement que le pouvoir de la noblesse reste très fort. Il se renforce même, mais son temps est compte. Et à partir des guerres civiles de 70-50 (je crois) il commence à faiblir. Et carrément inexistant en pleine guerre civile après la mort de Jules César.

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Ensuite l un des deux triumvirs restant après Crassus soit crevé augmente le nombre de sénateurs à 1000 il me semble.

 

César fera la première grande augmentation quand il aura le pouvoir seul. Mais ces augmentations ne changent absolument rien, en définitive: il s'agit de diluer la voix des anti-César, rien d'autre. Les nouveaux sont directement ou non des clients de César, et aucun ne représente le genre de pouvoir nécessaire pour réellement faire partie du "grand jeu". Déjà avant les augmentations, les "poids lourds" dans le Sénat, ceux autour de qui tout tourne, sont très peu nombreux. Ils ne représentent même qu'une fraction des patriciens. Et au final, quand le premier Triumvirat s'impose, il reflète la réalité du pouvoir. Les autres grands noms, comme le clan Scipion, Caton, les Domitii/Aehnobarbus (famille dont viendront des gens comme Agrippine et Néron, ou le très grand général Corbulon), les Brutii (dont évidemment Brutus lui-même, dont le nom de famille a encore du poids), Cornelii, Aemilii, Manlia, Cassia, Servilia, Porcia, Fabia, Lépide ou Cicéron, ne pèsent beaucoup qu'ensemble (et ils ne sont pas ensembles). Le clan des Optimates pèse avant tout par Pompée et Crassus (quand il daigne avoir une politique claire). Les populares seraient alors très effacés sans les Julii (depuis la fin de Marius). L'arrivée des socii italiens et de nouvelles nominations sénatoriales issues de provinces (qui ne dureront pas) ne sont aucunement de taille à changer l'équation. Ce sont juste des commodités pour le déroulement des séances du Sénat.

d ailleurs il me semble que tu te sous planté, ce ne sont pas les frères Gracchus qui donne des terres aux veterans mais c'est avec Sulla

 

 

Le programme de distribution des terres est LE programme qui toujours sera le phare des mesures des populares, et le truc majeur auquel s'opposeront les optimates. Mais il ne faut pas le confondre avec les donations de terres qui deviennent la règle pour tout général licenciant SES propres troupes (et éventuellement celles de clients à lui, ou celles qui l'avantagent): tout général terminant un mandat et devant licencier tout ou partie des légions sous son commandement, ou libérer des soldats (à lui) en fin de service, est tenu au moins à une donativa pour ceux qui reçoivent leur honesta missio (certificat de bon service; généralement l'essentiel d'entre eux). Elle se fait en numéraire et/ou en terre, et elle devient incontournable avec la prolétarisation de la société romaine, le besoin croissant de clientèle, les besoins coloniaux, le besoin d'avoir une réserve militaire.... Par cette donativa, le général ne fait pas que récompenser le soldat (et donc motiver recrues et entretenir sa crédibilité auprès de ceux d'active): il en fait un client, cad son obligé, son "féal", par un contrat inégal comportant droits et devoirs mutuels. Par ailleurs, il peut en faire un outil de peuplement/romanisation de terres conquises, qui en facilite le contrôle et la mise en valeur (car les provinces aussi ont des clientèles et sont dans l'orbite d'un clan ou d'un autre, pas dans celle de Rome proprement dite). Mais surtout, il se fait une réserve de clients aptes à servir à nouveau pour lui comme soldats expérimentés (evocati), à faire le coup de poing dans les rues de Rome (pour ceux qui restent près de la ville), à voter pour qui il dit de voter, à soutenir qui il dit de soutenir....

Ca, tous le font, dans une certaine mesure.

Ce que proposent les Gracques est bien plus vaste et impactant pour la pyramide socio-économique romaine, et donc l'équilibre politique de la cité. C'est pas une distribution massive à tout le monde, mais c'est d'une autre échelle, et c'est aussi dans l'orbite des Gracques, deux raisons pour lesquelles les optimates et les clans qui se rangent sous cette bannière au moins pour l'occasion, se focalisent sur cette famille déjà trop puissante à leur goût.

Rappelons quand même qu'il s'agit avant tout de lutte de clans: populares et optimates sont des appellations, des "grilles de lecture" qui impliquent quelques axes de politiques pour rallier préférentiellement tel ou tel pan de population, mais ce qui compte, ce qui s'affronte vraiment, ce sont des clans de pouvoir, des "gens" de la haute aristocratie romaine, très peu nombreux, qui se ressemblent tous, ont un logiciel identique et pas vraiment de divergences idéologiques. Ce sont des puissants qui jouent au "game of thrones", au "grand jeu".

 

effectivement que le pouvoir de la noblesse reste très fort. Il se renforce même, mais son temps est compte. Et à partir des guerres civiles de 70-50 (je crois) il commence à faiblir.         

 

??? Il reste toujours aussi fort, et continuera. L'avènement d'Octave n'augure qu'une ère de pouvoir plus centralisé, mais la noblesse, désormais equites ET senatores (séparés en deux classes au ier siècle après JC), reste puissante, comme le montre bien l'histoire de l'empire, et particulièrement l'histoire du Ier siècle sous la dynastie Julio Claudienne, comme sous la dynastie flavienne (et plus encore aux interrègnes difficiles). Le "beau IIème siècle" ne voit pas leur puissance réellement diminuer; il s'agit toujours d'une noblesse puissante, concentrant l'essentiel des richesses et de l'accès aux grands postes, mais d'une noblesse désormais sous une monarchie. Ca ne fait pas du monarque un chef absolu les ayant à sa botte. Ca fait juste de lui le gars dont ils ne peuvent pas avoir le job. Le fait que dès le Ier siècle, les empereurs favorisent les "homines novi" (pris parmi les affranchis et la IIIème classe), et surtout les equites, montre juste qu'il doit composer avec les sénateurs (comme classe: tous ne sont pas, loin de là, membres du Sénat, désormais) et essayer de limiter leur influence. Les écarts de tarés comme Caligula sont hauts en couleur, mais ne montrent pas que les sénateurs soient juste des gens riches à la disposition de l'empereur (ce pourquoi les dits tarés durent généralement peu et finissent mal). Tout au plus voit on, avec la composition de la classe sénatoriale et l'élargissement progressif de la citoyenneté, de nouvelles têtes entrer dans cette élite: les élites provinciales qui entrent dans ce jeu, via leur fortune montante (mais l'Italie reste la zone des plus grandes fortunes).

D'autres élites arrivent dans l'équation à partir du IIIème siècle, avec la "grande crise": les militaires issus du rang et amenés dans l'ordre équestres, qui deviennent, de facto ou de jure (la chose n'est pas sûre par manque de sources), une élite séparée via l'interdiction des grands postes militaires aux senatores, élite dont viendront par la suite beaucoup d'empereurs (souvent illyriens/panonniens, tant cette zone fournit une portion importante de l'effectif militaire romain).

Si l'on suit ta logique, l'empire n'aurait jamais été aussi "démocratique" qu'après 212 et l'Edit de Caracalla qui fait de tout homme libre de l'empire un citoyen.... Et c'est à partir de cette période (sous les Sévère) qu'il devient graduellement plus autocratique (et qu'on met la "séparation" entre les périodes dites du principiat et du dominat), fait qui s'entérinera avec le règne de Dioclétien (premier empereur à imposer -fait symbolique- la prosternation) et celui de Constantin (qui "instaure" le césaro papisme).

Et parallèlement à ce raidissement du pouvoir dans un empire ébranlé (la "crise" du milieu du IIIème siècle), autocratique et militarisé (signes d'un pouvoir plus dur, donc aussi plus faible), on voit aussi sa "provincialisation" au profit d'élites de plus en plus "lourdes" politiquement, via leur contrôle des villes et des grands domaines agricoles et productions de grande échelle, mais aussi des "réseaux" d'échanges et de gestion locaux (équivalents d'assemblées politiques, chambres de commerce, coopératives de négoce.... Tout à la fois), des commandements des milices de villes.... C'est l'alliance de ces élites avec les chefs "barbares" qui, conjuguées aux affrontements incessants de celles d'Italie, cloueront le cercueil de l'empire d'occident.

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