imprimante 3D pour l'aéronautique

[Patrick]

Je me permets de digresser par rapport au sujet initial qui concerne l'aéronautique, mais je souhaitais répondre à clem200 sur ce point :

 

Sauf que l'imprimante ne peut pas être déplacé. Et admettons que ce soit possible il faut toujours faire suivre le matériaux de base. Bref pour cette usage je n'en vois pas l’intérêt face à de bonnes vieilles tentes.

 

Le gros plus du béton "imprimé" d'un point de vue physique, c'est sa très très forte résistance aux effets de souffle, de cisaillement, et de déformation. Ce qui en fait une solution de choix pour les régions à forte activité sismique, mais aussi éventuellement pour la construction de modules de fortification.

 

Je pense que cette technologie a au contraire toute sa place dans les opérations militaires modernes.

 

Je m'explique :

 

Toutes les grandes opérations que nous avons connues depuis 20 ans, balkans, Afgha, Irak, Afrique, ont dévoilé un besoin immense de soutient aux populations. Qu'elles soient déplacées volontairement pour fuir des combats, ou victimes collatérales des actions armées, l'une des manières qu'ont désormais nos armées de "gagner les coeurs et les esprits" est d'aider, de soutenir et d'apporter une expertise à l'effort de reconstruction d'un habitat pour ces personnes déplacées. En Europe comme aux US, ce sont des actions civilo-militaires, soit aux côtés d'ONG, soit en utilisant les moyens à disposition au sein des forces déployées (génie, médecins de campagne...).

 

Quand un besoin de relogement (qu'on espère temporaire) se fait jour, effectivement on a recours, sous les auspices de l'ONU généralement, aux bonnes vieilles tentes. Sauf que les camps de réfugiés faits de tentes, ça ne dure pas. Il faut loger, certes, mais il faut aussi fournir un environnement, un espace, de vie. Qu'il faut pouvoir approvisionner en eau et nourriture, en médicaments. Dont il faut conserver la salubrité. Apporter aussi, particulièrement aux enfants, un accès à l'éducation.

 

Que le relogement de ces populations déplacées pose question quand des dissensions ethniques sont de la partie, c'est un fait. Que ces solutions de campings géants soient pratiques car elles peuvent être déplacées et étendues facilement, c'est tout aussi exact. Mais lorsqu'une génération entière est née ou a grandi dans un camp de tentes, la maison, c'est "ici". Souvenons-nous de Gaza, qui a commencé comme un camp de réfugiés. C'est aujourd'hui une vraie ville.

 

Voilà pourquoi développer des solutions de transport et déploiement rapide de ces moyens de production de logements "basiques" par impression 3D de béton, surtout si cela suppose faire appel à des acteurs locaux pour partie afin de disposer de moyens de production et de déploiement adaptés, me semble une bonne idée.

 

Une bonne idée car elle contraint les acteurs civilo-militaires à aller au bout de la logique d'intervention : que veut-on pour les populations déplacées par les combats ? Tout acteur impliqué et de bonne volonté vous répondra : "le retour au calme et à la paix". Cela suppose de la garantir par une présence militaire, mais aussi de lui offrir un cadre ! Des populations mal nourries, mal logées, sont par définition plus enclines à la violence ou au ressentiment.

 

Exemple type : la Syrie. Ce conflit va bien se finir un jour. Avec qui, comment, quand, grande question. Mais si à ce moment des puissances extérieures, occidentales ou non, sont impliquées dans sa résolution, avec notamment l'envoi de missions de maintient de la paix, il va bien falloir que les millions de syriens exilés, qui pour partie rentreront dans leur pays d'origine, et que ceux qui vivent sur place dans des caves et des batiments à moitié détruits, puissent être relogés.

 

Or tout le monde a vu l'état de Homs, d'Alep, et d'autres villes ravagées par les combats, les bombardements, les charges enfouies, et les combats de rue. C'est du niveau de Dunkerke en 1940 ou de Dresde en 1945. Comment déblayer et reconstruire rapidement et solidement avec des méthodes classiques, alors qu'une génération entière a péri ou se retrouve infirme, et qu'il faudra des années pour que le peuple (ou "les" peuples ?) de Syrie s'en remettent ?

 

Dans ces conditions, qu'une armée arrive avec dans ses bagages, au sein de régiments de génie, ces solutions, transportées par bateau pour partie, construites sur place pour le reste, qui permettent, pour un coût modique, de reconstruires des villes et villages en un temps record, me semble être un prérequis indispensable. En tout cas bien plus pertinent que laisser l'ONU et les ONG se démerder avec des villages de tentes.

 

Au demeurant, si l'on regarde Bagdad, on constate la présence dans la plupart des quartiers, de murs anti explosions, séparant maisons, rues, grands et petits axes, et destinés à stopper les effets de souffle et les schrapnnels en cas d'attentat terroriste. Pour les habitants de cette ville, qui malgré tout continuent de vivre en société, ces structures font désormais partie de leur vie.

 

Le gros intérêt des FoBs n'était-il par ailleurs pas la capacité à les créer et les fortifier rapidement à l'aide des fameux "Hesco Bastions" ?

 

https://en.wikipedia.org/wiki/Hesco_bastion

 

Une technologie toute simple qui a influencé dramatiquement la notion de déploiement et d'installation de bases pour surveiller des secteurs entiers.

 

Je pense que l'impression 3D, même s'il ne s'agit que d'éléments destinés à être assemblés au cas par cas, sera un aspect technique déterminant dans la phase de reconstruction des conflits à venir.

 

***

 

Fin du HS :)

Modifié le 14 juillet 2015 par Patrick