g4lly Posté(e) le 13 février 2016 Share Posté(e) le 13 février 2016 Interview sur France culture a propos d'un livre ... a écouter et ré-écouter. Hannah Arendt s’est trompée à propos de la banalité du mal : c’est la conclusion d’Abram de Swaan, au terme d’une magistrale enquête sociologique sur les exterminations de masse au XXe siècles. D’un côté, il y a ceux qui nous expliquent qu’on ne saurait prétendre comprendre de telles atrocités, de l’autre, ceux qui nous invitent à considérer l’extraordinaire banalité de leurs auteurs. Face à ces deux écueils, Abram de Swaan a élaboré une délicate et indispensable sociologie des massacres de masse de civils désarmés, certains qualifiés de génocides, d’autres de crimes contre l’humanité. Après avoir étudié et comparé une vingtaine d’occurrences historiques d’extermination survenues au cours du XXe siècle, ce sociologue néerlandais, héritier de Norbert Elias, montre combien la situation est déterminante, le cadre mis en place par un régime politique et sans lequel de tels événements ne peuvent pas se produire. Dans de tels contextes, les bourreaux sont toujours des individus qui obéissent à un pouvoir politique. Abram de Swaan, sociologue, professeur émérite à l'université d'Amsterdam • Crédits : Sylvain Bourmeau - Radio France Intervenants : Abram de Swaan : sociologue, professeur émérite à l'Université d'Amsterdam Sylvain Bourmeau : Producteur de "La Suite dans les idées" sur France culture et professeur associé à l'EHESS http://www.franceculture.fr/emissions/la-suite-dans-les-idees/le-mal-n-est-jamais-banal-comprendre-la-violence-de-masse Lien vers le commentaire Partager sur d’autres sites More sharing options...
Tancrède Posté(e) le 13 février 2016 Share Posté(e) le 13 février 2016 (modifié) 45 minutes ago, g4lly said: Interview sur France culture a propos d'un livre ... a écouter et ré-écouter. Hannah Arendt s’est trompée à propos de la banalité du mal : c’est la conclusion d’Abram de Swaan, au terme d’une magistrale enquête sociologique sur les exterminations de masse au XXe siècles. D’un côté, il y a ceux qui nous expliquent qu’on ne saurait prétendre comprendre de telles atrocités, de l’autre, ceux qui nous invitent à considérer l’extraordinaire banalité de leurs auteurs. Face à ces deux écueils, a élaboré une délicate et indispensable sociologie des massacres de masse de civils désarmés, certains qualifiés de génocides, d’autres de crimes contre l’humanité. Après avoir étudié et comparé une vingtaine d’occurrences historiques d’extermination survenues au cours du XXe siècle, ce sociologue néerlandais, héritier de Norbert Elias, montre combien la situation est déterminante, le cadre mis en place par un régime politique et sans lequel de tels événements ne peuvent pas se produire. Dans de tels contextes, les bourreaux sont toujours des individus qui obéissent à un pouvoir politique. Abram de Swaan, sociologue, professeur émérite à l'université d'Amsterdam • Crédits : Sylvain Bourmeau - Radio France Intervenants : Abram de Swaan : sociologue, professeur émérite à l'Université d'Amsterdam Sylvain Bourmeau : Producteur de "La Suite dans les idées" sur France culture et professeur associé à l'EHESS http://www.franceculture.fr/emissions/la-suite-dans-les-idees/le-mal-n-est-jamais-banal-comprendre-la-violence-de-masse J'ai suivi le truc (pas été entièrement attentif tout du long, je l'avouerais), et je poserais au moins un bémol par rapport à la réflexion de principe, qui repose en fait plus sur les conditions matérielles de tels événements: il semble évident qu'il y a nécessité d'un pouvoir politique et du vaste cadre organisationnel et matériel d'un Etat pour simplement permettre une telle échelle et un tel systématisme dans de vastes massacres. C'est une précondition incontournable dont je ne me souviens pas qu'Hannah Arendt ait nié le besoin. De là à en faire la cause, simplement parce que c'est un élément présent dans toutes les occurrences, par sa nécessité même, je trouve que c'est un pas trop important et qu'il semble spécieux de dire que cela infirme la position d'Arendt (je suis passé par Sciences Po, donc statutairement obligé de défendre -au moins un peu- Max Weber et Hannah Arendt). Le point d'Arendt est de considérer l'emprise d'un système idéologique plus ou moins autoritaire sur une société "normale", aliénant la pensée et les actions de la plupart des humains qui constituent ses rouages et ne sont de fait que des criminels par association, peu d'entre eux étant des participants réellement "actifs" au sens où ils embrasseraient la cause et/ou s'en serviraient pour assouvir leurs bas instincts, leurs aspirations.... Rappelons pour effet que la plupart de ces critiques d'Arendt -un très vieux débat, qui continue- ne se fondent que sur une seule chose, à la base, qui est le portrait d'Eichmann (dans Eichmann à Jérusalem), et n'étendent pas tellement l'analyse au reste de son oeuvre, se concentrant sur cette seule vision pour attaquer la thèse générale. Ce n'est pas la première fois qu'Arendt est ainsi critiquée, et dans le cas présent, je ne vois en fait pas vraiment d'éléments en désaccord avec ce que dit Arendt qui est souvent mal comprise par des gens qui veulent surtout avoir quelque chose à redire sur ses écrits (parce que très connus). Modifié le 13 février 2016 par Tancrède Lien vers le commentaire Partager sur d’autres sites More sharing options...
nemo Posté(e) le 13 février 2016 Share Posté(e) le 13 février 2016 J'ai écouter jusqu'au bout et pour la plus grande partie j'ai eu un peu l'impression qu'il enfonçait des portes ouvertes. Si l'échelle et la coordination des moyens ne sont pas "banales" (et heureusement !) ce qui motive cette construction et mise en place l'est le plus souvent. On peut se poser la question de ce qui fait que les tabous qui mettent un frein à l'organisation collective du crime crapuleux que sont souvent ces massacres mais pas sur que ce ne soit pas quelque chose d'assez banal de nouveau : avec l'importance de la suggestion et des effets de contagion. Lien vers le commentaire Partager sur d’autres sites More sharing options...
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