Seal Posté(e) le 2 septembre 2016 Share Posté(e) le 2 septembre 2016 Bonjour, Un casse à près de 3 milliards de francs. L’équivalent de 400 millions d’euros ! Ces cinq tonnes de billets de banque ne sont pas tombées dans les poches de voyous. Mais dans celles des FFI, ou Forces françaises de l’Intérieur, au lendemain du débarquement des Alliés en Normandie. Mais à quoi est destiné ce butin volé en gare de Neuvic-sur-l’Isle dans le train Périgueux-Bordeaux ? A aider les maquis dans leur lutte pour récupérer le reste des territoires occupés. Dès le 14 juin 1940, date du début de l’occupation de Paris par les Allemands, l’argent devient le nerf de la bataille de libération de la France. Et pour s’en procurer, tous les moyens seront bons. Parvenu à Londres le 16 juin, Charles de Gaulle doit se contenter, pour sa logistique, des 100 000 francs en liquide que lui a fait remettre sur ses fonds secrets, en pleine débâcle, le président du Conseil Paul Reynaud. C’est peu. Aux premiers hommes qui le rejoignent après l’appel du 18 juin, le Général dira : « Je n’ai ni fonds ni troupes » ! Le soutien du Premier ministre britannique, Winston Churchill, apporte à de Gaulle, alors inconnu, une reconnaissance politique. Mais il ne remplit pas les caisses. Le Général se veut le chef d’un Etat en exil. Il faut tout construire et cela coûte cher. Par solidarité, les Anglais lui accordent quelques subsides. A peine suffisants pour nourrir les centaines de volontaires qui ont rallié les rangs des Forces françaises libres. Une situation intenable qui aboutira à un accord, le 7 juillet 1940, entre Churchill et de Gaulle stipulant que l’entretien des Français est pris en charge par la Grande-Bretagne. Mais au titre d’avances remboursables à la fin des hostilités. Problème : le Général a ainsi pieds et poings liés. A tout moment, Churchill peut lui couper les vivres. Pour échapper à sa tutelle, la générosité des amis de la France est sollicitée. Des collectes organisées dans le monde entier rapportent de précieux fonds. A Paris, et hors l’autorité du Général, les premiers mouvements de résistance se forment. Les plus connus se nomment : Combat, dirigé par Henri Frenay, Libération-Sud, dont le chef est Emmanuel d’Astier de La Vigerie, ou Franc-Tireur, avec à sa tête Jean-Pierre Lévy. Tous fabriquent des tracts ronéotypés qui deviendront ensuite des journaux clandestins. Le peu d’argent disponible passe dans le papier, l’encre, les machines, la distribution. Astier écrira : « Pendant un an et demi, l’organisation a vécu de mendicité, ce qui lui a donné une existence très misérable. » Des particuliers et quelques industriels sympathisants apportent leur obole. Mais les mécènes restent rares. Or les rangs de la résistance intérieure ne cessent de gonfler et de coûter de plus en plus. De Gaulle ignore cette situation. C’est en faisant la connaissance de Jean Moulin, un préfet dissident révoqué par Vichy, qu’il apprendra la détresse dans laquelle se trouvent les futurs FFI. Un mois plus tard, 100 000 francs parviennent aux équipes de Combat et de Franc-Tireur pour qu’elles poursuivent leurs parutions. Parachuté en janvier 1942, en Provence, Jean Moulin est chargé par de Gaulle d’unifier une Résistance très disparate. Aux chefs des principaux mouvements de la zone sud, Frenay, Astier, Lévy, il propose un million et demi de francs à partager. La condition ? Se soumettre au général de Gaulle. Frenay refuse. Cet officier, grand meneur d’hommes, ne veut pas de la tutelle gaullienne. Contre des renseignements secrets, son réseau sera un temps financé par les Américains. Car de la propagande la Résistance est passée à l’action. Il lui faut des armes, des explosifs, des voitures, des planques, des faux papiers. Jean Moulin en est l’argentier. Daniel Cordier l’assiste pour la distribution des fonds. Les mois passent et la bagarre pour l’argent continue. Plus les maquis s’étoffent, plus leurs besoins s’avèrent faramineux. Début 1943, ils intègrent de jeunes réfractaires au STO (Service du Travail obligatoire) : 50 000 au total. Les chefs de la Résistance en veulent toujours plus. Jusqu’à son arrestation, en juin, Jean Moulin ne cessera de guerroyer avec eux. L’hiver est très rude cette année-là et gêne les parachutages. Les maquisards crèvent la faim. D’où l’idée du « hold-up patriotique » par réquisitions. Soit en exigeant de la nourriture auprès de la population, soit en effectuant des braquages dans des banques ou des bureaux de poste. Tel celui des fonds de la Banque de France dans le train Périgueux-Bordeaux. A chaque fois, les FFI laissent un bon de réquisition remboursable après la guerre. A la Libération, les restitutions seront en réalité peu nombreuses. Les espèces sonnantes de l’armée des ombres vont alimenter rumeurs et soupçons. Après avoir mené la Résistance à la victoire, l’argent contribuera à la salir… 1 Lien vers le commentaire Partager sur d’autres sites More sharing options...
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