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Prochaine étape pour l’Inde, la défense française va s’orienter vers le co-développement: l’envoyé français Emmanuel Lenain

https://news.abplive.com/news/france-ambassador-emmanuel-lenain-exclusive-interview-india-france-defence-ties-co-development-pm-modi-paris-visit-rafale-deal-india-at-2047-1614744

Interview exclusive: L’ambassadeur de France en Inde, Emmanuel Lénay, a parlé de l’importance de la visite du Premier ministre Modi à Paris et a déclaré que la flotte homogène de Rafale permettrait de plus grandes synergies pour les forces armées indiennes.

Par: Nayanima Basu | Mis à jour le : 10 juil. 2023 07:26 (IST)

Emmanuel Lenain, ambassadeur de France en Inde, s’est entretenu en exclusivité avec ABP Live avant la visite du Premier ministre Narendra Modi à Paris les 13 et 14 juillet. ( Source de l’image : Ambassade de France en Inde )

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New Delhi: L’Inde et la France partagent un partenariat de défense historique depuis que l’armée de l’air indienne a intronisé le premier avion de combat français, Ouragan, rebaptisé « Toofani », en 1953. Avec l’IAF qui exploite désormais des avions de combat Rafale, le partenariat de défense Inde-France a parcouru un long chemin. La prochaine visite du Premier ministre Narendra Modi en France devrait faire progresser encore les liens en matière de défense. Le Premier ministre Modi, qui y a été invité en tant qu’invité d’honneur aux célébrations de la fête nationale, tiendra une réunion bilatérale à format restreint le 13 juillet, suivie de discussions en format complet le 14 juillet et d’un dîner officiel.

S’adressant exclusivement à ABP Live quelques jours avant la visite, Emmanuel Lenain, ambassadeur de France en Inde, a déclaré que la « prochaine étape » pour la relation de défense entre l’Inde et la France est « d’aller au-delà de la coproduction et d’aller vers le co-développement ». Extraits édités de l’interview: Q:

Quelle est la signification de la visite du Premier ministre Narendra Modi en France à un moment aussi critique? Qu’attend la France de cette visite ?

Cette visite revêt une signification profondément symbolique car elle marque le 25e anniversaire du partenariat stratégique franco-indien. Nous voulions le célébrer de la meilleure façon possible, en invitant l’Inde en tant que « pays d’honneur » lors de notre fête nationale. Les troupes indiennes défileront avec les troupes françaises dans le défilé militaire sur l’avenue la plus emblématique de Paris, et les avions Rafale de l’IAF s’envoleront dans le défilé aérien. Cette visite sera un moment privilégié pour célébrer l’amitié franco-indienne et nos réalisations communes. Et ce sera l’occasion pour le président (Emmanuel) Macron et le Premier ministre Modi de fixer nos ambitions communes pour les années à venir. Secteur par secteur, nous lancerons de nouvelles initiatives dans le but de renforcer l’autonomie stratégique de nos pays, de relever les défis mondiaux et de contribuer à la paix et à la sécurité internationales.

Q : Le partenariat de défense est ce qui définit les relations bilatérales entre l’Inde et la France aujourd’hui. Au cours de cette visite du Premier ministre, attendons-nous des commandes de suivi pour les chasseurs Rafale ? L’accord pour le Rafale-M pour la marine indienne sera-t-il donné le signal vert maintenant? Qu’en est-il d’un éventuel accord avec SAFRAN pour les moteurs d’avion ?

Il est vrai que la coopération en matière de défense a toujours été un pilier des relations franco-indiennes. Dès les années 1950, l’un des tout premiers avions de combat de l’armée de l’air indienne était l’avion français Ouragan, appelé Toofani en Inde. Depuis, notre partenariat s’est élargi pour englober tous les secteurs qui comptent pour la souveraineté : la défense, mais aussi l’espace, la cybersécurité, l’énergie et les technologies critiques. Ce sera l’esprit des discussions du 14 juillet : comment nous pouvons unir nos efforts pour développer ensemble la prochaine génération de technologies. C’est la raison d’être des discussions avec Safran sur le co-développement de moteurs d’avion de nouvelle génération.

Quant au Rafale M destiné à la marine indienne, la société française Dassault a fait une offre. La France a démontré son engagement à répondre aux besoins des forces armées indiennes en livrant chacun des 36 avions Rafale à l’IAF absolument à temps, malgré les perturbations liées à la pandémie. Et il semble que l’IAF soit pleinement satisfaite de la performance des jets. Disposer d’une flotte homogène d’avions permettrait également des synergies en termes de formation, de maintenance, etc. Mais bien sûr, la décision appartient à l’Inde.

Q : L’Allemagne s’est dite favorable au programme de sous-marins. Le groupe naval français est-il toujours intéressé par le projet P75 (I) ?

Naval Group vient de terminer le programme Scorpène avec Mazagon Docks en Inde, avec la mise en service prochaine du sixième sous-marin. Il s’agit d’un programme de transfert de technologie réussi à 100 % dont nos deux pays peuvent être fiers. Fort de ce succès, Naval Group est prêt à poursuivre son partenariat avec la marine indienne, que ce soit sur les technologies actuelles ou nouvelles, en fonction des besoins et des spécifications de la marine indienne.

Q: Que pensent les entreprises françaises de défense de l’insistance du gouvernement indien sur le « Make in India »?

Les entreprises françaises sont depuis longtemps des pionnières du « Make in India ». La coproduction est un engagement de longue date et une réalité pour eux. Aujourd’hui, des joint-ventures franco-indiennes produisent des composants Rafale à Nagpur, des missiles à Coimbatore.

Comme je l’ai dit, la prochaine étape consiste à aller au-delà de la coproduction et à aller vers le codéveloppement. L’Inde dispose d’un énorme bassin de talents et d’installations de classe mondiale. Il est dans l’intérêt de nos deux pays de travailler ensemble sur les technologies de l’avenir. Nous avons pu nous engager dans ce type de coopération parce que nous avons construit une confiance mutuelle exceptionnelle et parce que la France comprend parfaitement la volonté d’autonomie stratégique de l’Inde.

Q : En ce qui concerne les initiatives de lutte contre le terrorisme, comment la France et l’Inde collaborent-elles l’une avec l’autre en gardant à l’esprit les récents développements ?

Nos deux pays ont tous deux été victimes du terrorisme. Chaque fois, nous nous sommes soutenus les uns les autres, solidaires. Et nous coopérons étroitement dans la lutte contre ce fléau mondial: nous partageons des informations, nous organisons des formations entre nos unités spéciales, nous travaillons ensemble dans des enceintes multilatérales, en particulier pour inscrire des terroristes sur la liste. Récemment, nous avons également intensifié nos efforts pour lutter contre le financement du terrorisme. Nous sommes heureux que l’Inde ait accueilli en novembre 2022 la troisième édition de la conférence « No Money For Terror », une initiative française. L’Inde a proposé de créer un secrétariat permanent pour cette initiative, ce que nous appuyons.

Q : Comment la France soutient-elle la présidence indienne du G20 ? Seriez-vous prêt à dialoguer avec le président Poutine s’il assiste au sommet? Les questions concernant la guerre en Ukraine seront-elles soulevées lors de la visite de Modi à Franch ?

Chaque fois que le président (Emmanuel) Macron et le Premier ministre Modi se rencontrent, ils discutent de toutes les questions internationales urgentes – y compris, bien sûr, la guerre d’agression en cours de la Russie contre l’Ukraine. La France estime que la voix de l’Inde compte beaucoup dans le monde. Nous voulons vraiment voir plus d’Inde dans la gouvernance internationale. C’est pourquoi la France soutient une réforme du Conseil de sécurité des Nations unies qui donnerait à l’Inde un siège permanent.

Et c’est aussi la raison pour laquelle nous sommes heureux de voir l’Inde aux commandes du G20 à un moment aussi crucial pour le multilatéralisme. Nous soutenons pleinement la présidence indienne du G20 afin que le G20 puisse assumer ses responsabilités et apporter des solutions aux problèmes mondiaux, tels que le changement climatique, le financement du développement ainsi que les conséquences économiques de la guerre en Russie. Le président Macron croit qu’il faut garder le monde uni pour faire face à ces défis, au lieu de le diviser en blocs tels que l’Est contre l’Ouest, le Nord contre le Sud. Cela résonne avec la vision de l’Inde de « Vasudhaiva Kutumbakam ». L’Inde a une capacité unique d’agir comme un pont et d’établir un consensus et un compromis.

En ce qui concerne l’invasion russe de l’Ukraine, nous avons des échanges très étroits et fondés sur la confiance avec l’Inde. Nous respectons les principes, les contraintes et l’autonomie de décision de chacun. Sur cette base, nous travaillons ensemble pour essayer de trouver des voies vers la paix.

Q : Sur les questions commerciales, dans quelle mesure l’industrie française envisage-t-elle avec optimisme l’accord de libre-échange Inde-UE ainsi que le pacte d’investissement ? Cela sera-t-il discuté lors de la réunion bilatérale?

La France soutient la conclusion d’un accord commercial ambitieux entre l’Union européenne et l’Inde. Cela aurait un sens économique et géopolitique. C’est évidemment une négociation complexe, mais la volonté politique est là. Nous devons viser un accord équilibré, ambitieux et mutuellement bénéfique.

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Malgré la complexité des échanges et des avancées de coopérations avec l'Inde, un tel pays continent d'un milliard d'habitants est un partenaire particulièrement stratégique pour la France. Encore plus dans le contexte géostratégique actuel avec l'échec patent de la coopération Européenne surtout nous concernant. Au vu des prévisions de développement économique de l'Inde à court terme, il semble important de continuer ce partenariat. Ca reste un pays avec lequel il faut être patient et constant pour avancer dans le long terme sans désespérer (pas évident notamment avec des changements politiques parfois brutaux). En même temps ce n'est pas forcément le seul. Espérons qu'ils amorcent une nouvelle salve de commandes qui pourraient ouvrir d'autres portes de coopérations massives.

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il y a une heure, Ronfly a dit :

Malgré la complexité des échanges et des avancées de coopérations avec l'Inde, un tel pays continent d'un milliard d'habitants est un partenaire particulièrement stratégique pour la France. Encore plus dans le contexte géostratégique actuel avec l'échec patent de la coopération Européenne surtout nous concernant. Au vu des prévisions de développement économique de l'Inde à court terme, il semble important de continuer ce partenariat. Ca reste un pays avec lequel il faut être patient et constant pour avancer dans le long terme sans désespérer (pas évident notamment avec des changements politiques parfois brutaux). En même temps ce n'est pas forcément le seul. Espérons qu'ils amorcent une nouvelle salve de commandes qui pourraient ouvrir d'autres portes de coopérations massives.

Les commandes ne sont que la manisfestation d'un partenariat et peut-être aussi de la situation stratégique de l'Inde et de la France. Si l'Inde veut exister comme non aligné elle doit trouver des points d'appui et une indépendance sur ses matériels stratégiques. C'est là qu'est l'intérêt de la coopération avec la France en plus d'une compréhension mutuelle.

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2 hours ago, Picdelamirand-oil said:

GE 414 (EDE?) versus new Safran engine — the larger strategic dynamic and calculations

Je l'aurais bien traduit mais ça fait 25000 mots, il faudrait que je m'y reprenne à 16 fois, alors je me contente du lien. Mais ce texte permet de comprendre la psychologie et les attentes des Indiens.

on peut faire bouton droit, traduire en français, sous google chrome, pour les non anglophones de ce forum

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Il y a 8 heures, mgtstrategy a dit :

euhhh ok, je le savais, mais bon... c'est qd meme une campagne tres tres active qu'on fait

Tiens, ça me refais penser que pas plus tard qu'en 2018, c'était Olaf Scholz qui proposait de partager le siège de la France au conseil de sécurité de l'ONU . . . :laugh:

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Il y a 10 heures, Picdelamirand-oil a dit :

GE 414 (EDE?) versus new Safran engine — the larger strategic dynamic and calculations

Je l'aurais bien traduit mais ça fait 25000 mots, il faudrait que je m'y reprenne à 16 fois, alors je me contente du lien. Mais ce texte permet de comprendre la psychologie et les attentes des Indiens.

Il est très énervé le monsieur et a un point de vue très "indien". Pas très amène envers les USA par contre... Je passe sur les fautes rigolotes ("McConnell Douglas"??? :huh::laugh:) et autres trucs lunaires qui m'ont fait bien rigoler.

GE 414 (EDE ?) contre le nouveau moteur Safran - la dynamique et les calculs stratégiques plus larges
Posté le 6 juillet 2023 par Bharat Karnad

[Le Premier ministre Modi et le président américain Biden dans un clin d'œil profond à Washington]

Le "jaddoo ki jhappi" de type Munnabhai du Premier ministre Narendra Modi est ce que, dans mon livre de 2018 (Staggering Forward), j'ai appelé une "innovation diplomatique". Elle a connu un succès sans commune mesure. Après des rencontres rapprochées de ce type avec le Premier ministre indien, aucun dirigeant occidental n'a manqué de se montrer chaleureux en retour, ce qui se reflète dans les succès diplomatiques remportés par Modi. De plus, pour les dirigeants étrangers, qu'est-ce qui ne plaît pas à Modi, surtout si ses visites entraînent d'énormes ventes de matériel de défense et de technologie ? C'est comme si un riche oncle en visite laissait derrière lui des cadeaux. Les dirigeants occidentaux ont donc appris à rendre la pareille à Modi en lui réservant des attentions personnalisées.

Les bonnes vibrations entre l'Inde, les États-Unis et la France se reflètent dans les contrats exceptionnels conclus avec la société Boeing de Seattle et la société française Airbus, qui ont permis aux compagnies aériennes privées indiennes de remplir leurs carnets de commandes. La compagnie Tata Air India a commandé 220 avions d'une valeur de 34 milliards de dollars - 10 gros-porteurs B777X, 20 gros-porteurs B787 et 190 avions à fuselage étroit B737MAX, avec une option pour 20 B787 et 50 B737MAX supplémentaires, et 250 autres avions à Airbus - 34 A350-1000 et six A350-900, 140 Airbus A320neo et 70 Airbus A321neo, pour un montant de 36 milliards de dollars. Ces contrats maintiendront Boeing et Airbus à flot pour les 40 prochaines années au moins. Indigo, l'entreprise privée qui représente plus de 30 % du marché indien du transport aérien, n'est pas en reste : elle a passé la plus grosse commande de l'histoire, à savoir 500 monocouloirs A320 d'Airbus, pour un montant de 50 milliards de dollars. Cette commande vient s'ajouter à une précédente commande tout aussi colossale, selon laquelle 480 avions Airbus doivent encore être livrés à Indigo ! Le ministre de l'aviation civile, Jyotiraditya Scindia, a justifié ces contrats en déclarant que "le drapeau de l'Inde doit flotter dans l'espace international". (https://www.business-standard.com/industry/news/air-india-does-pre-delivery-payment-to-boeing-for-aircraft-cfo-hejmadi-123060900782_1.html).

Personne n'a dit à ce pauvre ministre que la quasi-totalité des avions ainsi achetés par Air India et Indigo sillonneront principalement le ciel indien. Pour le jhanda ooncha rahen hamara dans l'espace international, il devra donc chercher ailleurs.

Mais l'accent mis sur le mauvais angle est caractéristique du gouvernement indien, des dirigeants politiques et industriels indiens, des fonctionnaires et des officiers militaires. Ils semblent tous incapables de voir plus loin que le bout de leur nez. Cela fait maintenant une trentaine d'années que j'insiste sur le fait que, comme la Chine, nous ne devrions conclure que des accords portant sur des avions de passagers de grande valeur afin d'acquérir non seulement certaines technologies aéronautiques, mais aussi des gabarits de fabrication, la CAO/FAO, ainsi que des aptitudes et des compétences en matière de production, telles que l'ingénierie des processus, au lieu de distribuer périodiquement 40 milliards de dollars par-ci, 50 milliards de dollars par-là, et de laisser les vendeurs d'avions nous jeter des miettes en échange - une unité à Hyderabad pour les opérations MRO (maintenance, réparation, révision), promet d'acheter des assemblages mineurs d'avions (portes, etc.) aux usines Tata en Inde, etc. Au lieu d'acquérir la capacité de produire des avions de passagers complets, New Delhi se contente de retours fractionnés sur de très gros achats à l'étranger.

Après avoir mis dix ans à négocier le premier accord, la Chine, toujours soucieuse de stratégie, a obtenu en 1985 de la société aéronautique McConnell Douglas (SIC), basée en Californie, un accord de coproduction portant sur 26 avions de transport de passagers moyen-courrier MD-80, pour un montant d'environ 800 millions de dollars. Sur cette commande, 25 devaient être assemblés en Chine par la Shanghai Aviation Corporation (SAC) et UN seul avion devait être acheté sur étagère ! Dans le cadre de cette transaction, des ingénieurs et des techniciens américains devaient être présents dans l'usine de la SAC pour former et perfectionner les chefs de projet et les ouvriers chinois, qui apprenaient ainsi sur le tas auprès d'experts. Ce contrat prévoyait que la société chinoise rachète l'ensemble de la chaîne de production du MD-80 et les moyens nécessaires si l'augmentation du trafic aérien national l'exigeait. Très vite, McConnell Douglas (re-SIC) a vendu à la Chine l'ensemble de ses activités dans le domaine des avions de transport de passagers, jusqu'à ce qu'elle produise son propre avion de transport de passagers moderne à couloir unique, le Comac C919, pour équiper ses nombreuses compagnies aériennes nationales.

En revanche, l'Inde - apna watan - a déboursé des milliards et des milliards de dollars - comme si l'argent était démodé - pour des avions entièrement produits aux États-Unis et en France qui créeront des emplois et maintiendront les industries aérospatiales de ces pays, et personne ne se demande si les compagnies aériennes indiennes du secteur privé devraient être autorisées à conclure de tels accords avec des devises fortes provenant des réserves nationales qui ne rapportent rien au pays en termes de technologie aéronautique et de technologies de fabrication.

Il n'est donc guère surprenant que M. Biden se soit montré tout sourire et plein de sollicitude lorsque M. Modi s'est rendu à la Maison-Blanche il y a quinze jours. Enthousiasmé par Boeing, M. Biden a déclaré à la presse que la commande indienne créerait un million d'emplois supplémentaires aux États-Unis. Désireux d'obtenir encore plus de contrats, cette fois dans le domaine de l'aviation militaire, et de lier la sécurité de l'Inde aux intérêts nationaux des États-Unis, le président américain a approuvé la vente du moteur d'avion GE 414, ainsi que le transfert de 80 % de ses technologies. Les 20 % non transférables constituent des technologies critiques qui ne sont apparemment pas couvertes par l'iCET (Initiative for Critical & Emerging Technologies) récemment inaugurée en grande pompe.

Quel est donc le moteur à réaction GE réellement proposé ? S'agit-il du modèle 414 classique, d'une poussée de 98 kiloNewtons avec postcombustion, qui équipait à l'origine les F-18E/F Super Hornet de l'US Navy, ou de la nouvelle variante EDE (Enhanced Durability Engine), qui peut produire 15 % de poussée en plus, mais au prix d'une durée de vie plus courte du moteur ? La poussée accrue de l'EDE avec postcombustion serait de 108,7 kN, ce qui est assez proche des 110 kN exigés par les concepteurs indiens pour l'Advanced Medium Combat Aircraft et pour le bimoteur naval Tejas destiné aux opérations sur porte-avions. L'augmentation de la poussée de l'EDE est due à la deuxième turbine basse pression du moteur, fabriquée à partir de composites céramiques, ce qui réduit le poids d'un tiers et permet d'obtenir un moteur à réaction plus robuste, capable de fonctionner sans avoir besoin d'air de refroidissement. Cette dernière qualité, à son tour, se traduit par une aérodynamique et une consommation de carburant plus efficaces pour les avions de combat. Du point de vue des compromis, l'EDE est plus logique. L'Inde peut-elle arracher l'EDE à Washington, même si les 20 % non transférables restent intacts ?

[Modi embrassant le président français Emmanuel Macron à Paris]

La France est une habituée de ce jeu. A peine le GE 414 promis par les Etats-Unis, le Quai d'Orsay, toujours agile, a immédiatement fait monter les enchères. (nb: heu, c'est très ancien les propositions d'aides de Safran en Inde...) Il a promis que son fabricant de moteurs à réaction, Safran (l'ancienne SNECMA - Société nationale d'études et de construction de moteurs d'aviation), aiderait l'Inde à concevoir et à produire un tout nouveau moteur de 110 kN dans le centre d'excellence qu'il a l'intention d'établir en Inde à cette fin. Le moteur devrait être prêt d'ici 10 ans et, en termes de projet, être compétitif en termes de temps et de coût par rapport au programme GE 414. L'avantage est que l'accord avec Safran sera dépourvu de l'épée de Damoclès qui pèse sur tout accord de défense avec les États-Unis, à savoir la menace d'activation par Washington de la loi américaine ITAR (International Trade in Arms Regulations), car Paris n'est pas soumis à de telles contraintes juridiques. Ce point est d'une importance cruciale et l'ambassadeur français Emmanuel Lenain l'a habilement évoqué dans une récente interview à la presse (Times of India, 1er juin) lorsqu'il a mentionné "la durabilité et l'autonomie" comme étant les principaux attributs que l'Inde cherche à garantir dans le cadre de ses contrats de défense à l'étranger et qui, selon Paris, sont les objectifs poursuivis par l'accord.

En réalité, entre l'activisme législatif américain et les intérêts momentanés de la Maison Blanche, aucun contrat de défense n'est à l'abri d'une annulation par le Congrès américain. Aucun contrat signé avec une entreprise américaine, ni même un accord G2G (de gouvernement à gouvernement) portant sur des biens militaires, n'est juridiquement inviolable. L'Inde en a souffert par le passé. Le président Ronald Reagan a été contraint d'annuler, par exemple, l'accord prévoyant la fourniture par les États-Unis de combustible faiblement enrichi pour la durée de vie des réacteurs à eau légère de la centrale nucléaire de Tarapur, parce que les lois américaines sur la non-prolifération, promulguées ultérieurement par le Congrès américain, l'y obligeaient. Estimant que perdre la confiance de l'Inde nuirait irrémédiablement aux relations bilatérales, l'administration Reagan a persuadé le gouvernement français de la remplacer en tant que fournisseur de combustible. Une administration différente, ayant une vision différente de l'intérêt national américain, aurait tout aussi bien pu hausser les épaules et souligner son incapacité à faire autre chose qu'appliquer la loi américaine. Cela pourrait se reproduire, à tout moment, dans le cadre du contrat GE 414. (nb: je ne connaissais pas cette histoire, qui en saurait plus à ce sujet? Nos spécialistes nuke? J'invoque @Delbareth)

Il n'y a pas d'élasticité dans le système américain si la Maison Blanche ou le Congrès américain veulent être punitifs, même lorsque des tiers sont impliqués. Ainsi, à la suite des essais nucléaires de 1998, le président Bill Clinton a sanctionné l'Inde, clouant instantanément au sol la flotte d'hélicoptères de lutte anti-sous-marine Sea King de la marine indienne, par exemple, parce que son moteur comportait des composants fabriqués aux États-Unis ! C'est cette incertitude qui pèsera toujours sur tout équipement militaire d'origine américaine utilisé par l'Inde et à laquelle l'ambassadeur Lenain a fait allusion de manière plus ou moins indirecte. Le régime Modi devrait garder ces faits à l'esprit.

Que se passerait-il si le Congrès américain décidait, après l'accord 414, de punir l'Inde pour, par exemple, ne pas avoir soutenu telle ou telle ligne politique américaine ? Le fait que l'Inde ait pu débourser des milliards de dollars pour le moteur GE 414 et pour son transfert de technologie ne signifierait rien. C'est une chose que le Pakistan, ostensiblement le partenaire régional le plus proche des États-Unis à l'époque, a appris à sa plus grande consternation. Dans les années 1980, le gouvernement de Benazir Bhutto a déboursé quelque 370 millions de dollars pour l'achat d'avions d'attaque F-16 supplémentaires, avant qu'une nouvelle mesure législative américaine ne vienne annuler ce contrat, ce qui a eu pour conséquence que les avions commandés - stationnés pendant des années sur une base du Nevada et pourrissant au soleil - n'ont pas été livrés à l'armée de l'air pakistanaise et que l'argent n'a été restitué à Islamabad que 30 ans plus tard, alors que, compte tenu du taux d'inflation, la valeur de 370 millions de dollars n'était plus qu'un montant à trois chiffres !

En théorie, la proposition de Safran se distingue également par le fait qu'il s'agira d'une conception entièrement nouvelle, impliquant éventuellement des matériaux tels que les composites céramiques, et qu'AMCA/Tejas se conformeront aux caractéristiques de furtivité de leurs conceptions. En outre, le projet sera accompagné d'une chaîne d'approvisionnement complète et d'un plan de fabrication de tous les accessoires en Inde. Safran est engagé dans la production d'un moteur à réaction pour l'avion de combat français de 6ème génération avec une poussée de postcombustion de 125 kN, et possède donc les compétences en matière de conception et de production pour aider l'Inde à répondre aux spécifications techniques de son moteur de 110 kN. Plus important encore, Paris offre 20 % de la technologie critique non incluse dans l'accord de transfert de technologie GE 414 de Washington - les aubes de turbine à cristal unique pour le moteur à réaction, et d'autres technologies.

Mais, et il y a un grand mais. GTRE avait conclu un contrat de conseil avec Snecma pour aider le moteur Kaveri à passer le cap. Selon des sources indiennes, Snecma, la société mère de Safran, a tout simplement renoncé à apporter une aide significative lorsque la situation est devenue critique. Et Snecma a pris beaucoup de temps pour le faire, gelant le Kaveri jusqu'à la décision de Modi en 2015 d'acheter des Rafale équipés du moteur Safran M-88, lorsque la question de savoir si le Kaveri fonctionnerait est devenue discutable.

(nb: ...et là on arrive dans le n'importe quoi. Ce n'est absolument pas ce qu'il s'est passé et c'est le DRDO qui a refusé d'investir dans le Kaveri)

Pour empêcher la France et Safran/Snecma de nous prendre à nouveau pour des imbéciles, (:ohmy::rolleyes::laugh: ) le contrat signé par le gouvernement indien devrait être rédigé de manière si rigoureuse par le ministère indien de la défense (MOD) - ce qu'il est en fait incapable de faire si l'on en croit les contrats précédents avec des fournisseurs étrangers, qui ont favorisé ces derniers à chaque fois qu'il s'agissait de réaliser un transfert de technologie complet - qu'il énumérera, dans les moindres détails techniques, chaque technologie, de chaque petit composant aux grands ensembles, y compris les technologies critiques, telles que les pales de turbine à cristal unique, etc. Le contrat devrait également être encadré par un calendrier inflexible de transfert de technologie à respecter, détaillant quand et à quelle agence indienne chaque technologie sera transférée dans toute son étendue, et à quelle date. Aucune disposition ou clause ne doit laisser de latitude ou de flexibilité qui permettrait à Safran de se soustraire à ses engagements contractuels. Et chaque clause et disposition de l'accord TOT, qui pourrait compter des milliers de pages, doit être juridiquement applicable en vertu du droit international que Safran devra accepter, avec l'imposition de sanctions financières sévères au cas où la société française manquerait à toute clause/proposition TOT pour quelque raison que ce soit et à tout moment, ou provoquerait des dépassements de délais et de coûts pour le projet de moteur.

(nb: ...Tout un programme... Et si c'est la partie indienne qui merde, il prévoit quoi le monsieur? :bloblaugh:)

On peut affirmer sans risque de se tromper qu'aucune agence du gouvernement indien ne possède l'expertise requise en matière de rédaction de contrats. (non bien sûr... :rolleyes:) Par conséquent, la manière de combler ce déficit institutionnel du ministère de la défense devrait sérieusement inquiéter Modi, le ministre de la défense Rajnath Singh et le pays. En effet, le manque de connaissances techniques et spécialisées, de familiarité avec les détails juridiques et de compétences en matière de rédaction, non seulement au sein du ministère de la défense, mais aussi dans l'ensemble du gouvernement indien, a fait que, par le passé, les accords de transfert de technologie en matière de défense ont coûté très, très cher à l'Inde. Mais il s'agit là d'un tout autre sujet. Il suffit de dire que le gouvernement indien devra trouver des experts en rédaction quelque part, mais où, c'est la grande question. Sans cela, l'Inde ne se fera-t-elle pas à nouveau plumer et ne se retrouvera-t-elle pas avec un contrat TOT affreux favorisant le fournisseur et renforçant la réputation de l'Inde en tant que pigeon ?

Il faut donc absolument créer une agence gouvernementale chargée de contrôler et de superviser tous les contrats passés par un ministère ou un département du gouvernement avec un vendeur ou une entreprise étrangère pour tout ce qui implique une sortie de devises fortes. (nb: oh oui! Encore plus de babus dans la machine! :laugh: Il n'y en avait pas assez! :laugh:) Le Pentagone, par exemple, dispose d'un collège chargé de former les responsables militaires des boucles d'approvisionnement aux nuances de la rédaction de contrats et d'accords commerciaux spécifiques à un pays ou à des intérêts particuliers, ainsi qu'aux méthodes de contrôle de la livraison des articles faisant l'objet d'un contrat. Lorsque les fonctionnaires du ministère de la Défense, dont les compétences sont insuffisantes, se retrouveront face à des fonctionnaires civils et militaires américains et français professionnellement formés pour négocier les contrats d'acquisition de biens et de services, quel camp, selon vous, aura l'avantage ?

Le président Emmanuel Macron fera sans doute preuve d'arrogance (nb: la famosa arrogance française, évidemment, que serait un bingo sans cela? :rolleyes:) et tentera de surpasser l'accueil de Biden à Washington pour Modi en offrant un spectacle encore meilleur, digne de l'invité principal aux célébrations de la fête de la Bastille le 13 juillet. (SIC!!! :ohmy::laugh:) Macron a de la chance que les Sans-coulottes - les classes défavorisées qui ont initié la Révolution française en 1789 et qui, jusqu'à il y a trois jours, ont pratiquement fermé Paris pour protester contre les tirs de la police sur un jeune Arabe - aient arrêté les émeutes (nb: ALERTE: NIVEAU DE GRAND N'IMPORTE-QUOI DE CLASSE INDIENNE), car l'annulation des festivités aurait été un mauvais départ, compte tenu de l'amour de Modi pour la couleur et le spectacle combinés à des gestes personnels d'intimité, et de l'importance de l'enjeu pour l'industrie française de la défense.

En effet, Macron a l'intention de conclure des accords de gouvernement à gouvernement non seulement pour le moteur Safran, mais aussi pour la technologie du sous-marin conventionnel Barracuda (nb: Scorpene...) destiné au projet 75i de la marine indienne, et pour l'achat par l'IAF d'avions de combat Rafale afin de répondre au besoin de 126 MMRCA (avions de combat multirôles moyens) du service (nb: non, pour les 26 avions de la marine indienne), quel que soit le nom qu'on lui donne aujourd'hui. Macron fera donc tout son possible pour rendre Modi heureux et le garder ! Il sera conscient du fait que la dernière fois que le Premier ministre indien s'est rendu à Paris en 2015, l'un de ses prédécesseurs, le président François Hollande, est reparti avec un accord de principe portant sur 36 avions Rafale.

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Mais quelles sont les considérations politico-stratégiques plus larges des trois parties - l'Inde, les États-Unis et la France - qui entreront en jeu lorsque New Delhi décidera précisément de l'offre de moteurs aéronautiques à accepter ?

Le gouvernement américain a finalement accepté, quarante ans après le voyage du secrétaire à la défense de Reagan, Caspar Weinberger, à New Delhi pour convaincre le gouvernement indien d'acheter du matériel militaire américain afin de supplanter la Russie en tant que principal fournisseur d'armes de l'Inde, que New Delhi ne bougerait pas si la technologie de pointe n'était pas transférée. Et même dans ce cas, l'hésitation des États-Unis à se séparer de ce qu'ils considèrent comme leurs joyaux de haute technologie militaire est mise en évidence dans l'accord sur le moteur à réaction GE 414, à l'exclusion de la technologie des aubes de turbine à cristal unique, etc. En ce qui concerne l'administration Biden, le moment est venu de mettre enfin l'Inde dans son coin, et il faut tirer parti de la situation avec un Modi favorable à l'Amérique. De nombreux experts indiens estiment qu'un tel accord, même s'il présente des lacunes, renforcera la confiance mutuelle et constituera le proverbial "sésame" permettant d'accéder à des technologies américaines plus pointues. Nombreux sont ceux qui pensent que c'est le moyen d'égaliser la situation en matière de sécurité face à une Chine en pleine effervescence technologique. Ils ne sont apparemment pas conscients du fait que même les alliés de l'OTAN ne peuvent utiliser que des équipements américains déréglés, de sorte que l'Inde ne peut raisonnablement pas s'attendre à être plus favorisée que les États membres de l'OTAN.

Néanmoins, on peut s'attendre à ce qu'une relation d'approvisionnement militaire plus complète avec les États-Unis approfondisse les relations bilatérales et apporte à l'Inde des avantages collatéraux - des investissements américains plus importants dans l'économie indienne et la construction d'infrastructures, des préférences commerciales, une avance dans le secteur de la conception et de la production de semi-conducteurs, etc. En outre, avec AUKUS qui boite et les aspects militaires du quadrilatère Inde-USA-Japon-Australie qui sont bloqués par la lenteur de l'Inde sur la question, les perspectives de sécurité pour contenir la Chine dans la région indo-pacifique sont peu encourageantes. Washington espère que le véritable avantage pour les États-Unis, suite à l'ouverture dans le domaine des technologies de la défense, résultera du fait que New Delhi jouera le jeu. Le calcul est le suivant : une coopération substantielle, en particulier dans les domaines de l'espace et des semi-conducteurs, qui n'ont été que nominalement mis en avant par l'accord 414, donnera à Washington ce qu'il désire depuis longtemps - un levier solide pour influencer les politiques étrangères et de sécurité de l'Inde, un moyen que Moscou, avec son pipeline d'armes vers l'Inde, a utilisé pour influencer les actions de l'Inde, en particulier pendant la guerre froide.

La France souhaite ardemment que l'Inde s'intéresse à l'industrie de défense française pour deux raisons. D'une part, parce que cela aidera la France à rester stratégiquement pertinente dans la région indo-pacifique. Deuxièmement, parce qu'elle espère qu'une plus grande proximité en matière de technologie militaire permettra à l'avenir à l'armée indienne d'utiliser plus largement ses bases à Djibouti, dans la Corne de l'Afrique, et dans ses territoires insulaires de l'océan Indien, à Saint-Pierre (???) et à l'île de la Réunion, ce qui, en retour, contribuera à couvrir les coûts élevés du maintien d'une présence militaire à l'est de Suez pour Paris.

(nb: alors heu, non, la France n'a pas l'intention d'utiliser l'armée indienne comme supplétifs pour sa propre sécurité, même s'il serait éventuellement possible que certaines installations de maintenance en Inde puissent participer à la maintenance de certains matériels français, mais encore une fois ce ne serait pas nouveau à proprement parler, les flottes américaines se servent de certains ports étrangers pour certaines opérations de maintenance depuis des décennies sans que cela ne pose problème)

La France dispose de la technologie et de plates-formes d'armes ergonomiques que les services armés indiens apprécient et dont ils sont friands. Selon les rumeurs, Paris serait également prêt à transmettre la technologie des centrales nucléaires sous-marines, etc. - le genre de technologie qui ne sera tout simplement pas disponible auprès des États-Unis, que ce soit pour l'amour ou pour l'argent. (nb: ça ce n'est pas encore pour tout de suite, une vente ce sera déjà bien, du ToT à ce propos c'est bien moins probable, sauf ce qui a trait à la sécurité) C'est cette technologie que Modi devrait obtenir de Macron. En outre, la "durabilité et l'autonomie" des forces seront moins préoccupantes avec des armements d'origine française. Mais, pour être juste, les C-17, les C-130 et les avions de reconnaissance maritime armés P-8I n'ont jusqu'à présent pas rencontré de difficultés en ce qui concerne l'entretien et le soutien des pièces détachées. (nb: ...sauf en ce qui concerne justement le ToT demandé à Boeing sur les P-8I? :rolleyes:) En revanche, les avions de combat de première ligne sont une toute autre affaire. Et, en tout état de cause, l'Inde a besoin de l'assurance, qu'aucune administration américaine en place à Washington ne peut lui donner, que les biens militaires qu'elle achète ne seront pas soumis à l'ITAR. Il s'agit donc d'un problème insurmontable. (nb: spécieux: si tel était le cas les américains ne seraient pas invités à faire des RFP)

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Un gouvernement indien véritablement nationaliste adopterait toutefois une approche différente. Au lieu du choix binaire auquel son gouvernement est confronté, Modi devrait se rappeler pourquoi la position non impliquée de l'Inde dans le conflit ukrainien a rehaussé la position politique de l'Inde, lui a assuré un effet de levier auprès des États-Unis, de l'Occident et de la Russie, et pourquoi tous les grands pays veulent la courtiser et la cultiver. (nb: heu pour le moment ça a surtout fait passer l'Inde pour une opportuniste en plus d'être une non alignée, et ça a entraîné des ponctions de matériels destinés à l'Inde par la Russie (chars T-90) donc pas certain que ce soit si intéressant que ça) Ne pas se précipiter dans un seul enclos technologique est la voie à suivre. L'achat du système de défense aérienne S-400 et le contrat portant sur l'acquisition de deux frégates furtives de classe Grigoryvich et la production de deux autres dans le chantier naval de Goa ont rassuré Moscou. La partie russe tient donc le coup.

Il faut espérer que Modi exploitera au maximum le fait que l'Inde se trouve dans une position unique pour prendre les décisions et choisir soigneusement entre les technologies américaines et françaises et leurs retombées industrielles directes, de manière à combler rapidement les lacunes technologiques du pays, c'est-à-dire les éléments manquants qui sont nécessaires pour développer les capacités déjà présentes dans le pays et qui, à leur tour, permettront de progresser vers la réalisation de l'atmnirbharta. Comme je l'ai souligné au fil des ans, la signature de contrats d'un coût prohibitif pour des systèmes entiers est un gaspillage et n'a de sens ni sur le plan économique ni sur le plan de la sécurité nationale. (nb: sauf que le débat là tout de suite c'est comment remplacer les avions qui tombent comme des mouches alors que ça fait 16 ans que le MMRCA a été lancé et qu'il n'a abouti pour le moment qu'à des achats de Mig-29 et de 36 Rafale... pendant ce temps les chinois ont produit des centaines d'avions très modernes, dont des centaines de J-10 et des dizaines de J-20)

L'Inde devrait plutôt manifester son intérêt pour la conception du sous-marin français Barracuda, puis opposer la société française DCNS qui le produit à la société allemande ThyseenKruppMarine qui vend son sous-marin HDW 214, et sélectionner des technologies non disponibles en Inde, comme le mât optronique, par exemple, de la principale société américaine, L3Harris. On pourrait demander à Biden d'apporter son aide en supprimant les restrictions sur le niveau des questions techniques, ce qu'il fera pour conserver la bonne volonté de l'Inde. (nb: alerte: chanvre de type Katmandou détecté) Les déficits technologiques étant ainsi comblés, il n'y aura pas de vide technologique et la capacité de production de sous-marins existante, qui commence par la conversion d'une conception de base en dessins techniques, pourra prendre le relais. Si Larsen & Toubro peut fabriquer des plates-formes stratégiques telles que des sous-marins nucléaires équipés de missiles balistiques, il ne devrait pas être difficile de construire des sous-marins conventionnels moins exigeants sur le plan technique. (nb: illustration parfaite d'un énorme biais souvent observé dans les élucubrations de commentateurs indiens) De même, la technologie française des aubes de turbine à cristal unique peut être achetée en vue d'une indigénisation complète pour faire progresser le moteur à réaction indigène Kaveri, car le GTRE (Gas Turbine Research Establishment), Bangaluru, devrait être noté par Modi/PMO, a déjà testé et développé avec succès des aubes à cristal unique pour les hélicoptères. Le moteur à réaction Kaveri est l'avenir de l'aviation de combat indienne, et non un nouveau moteur Safran destiné à l'Inde. (nb: là j'espère franchement que des gens de Safran au courant de l'affaire vont lire ce passage pour rire un bon coup... :laugh:)

C'est ainsi qu'il faut procéder. Mais cette méthodologie consistant à acheter des morceaux de technologie et à les intégrer à la conception, au développement et aux capacités et processus industriels du pays se heurtera, bien entendu, à l'opposition des trois services. (nb: et avec raison, premièrement parce que ce n'est PAS une méthodologie, justement...) Ils avanceront des centaines de (nb: bonnes) raisons pour expliquer pourquoi une telle approche est risquée et produit des systèmes d'armement peu fiables, et pourquoi l'achat de l'ensemble des sous-marins Barracuda, de l'ensemble des Rafale, de l'ensemble des avions porte-avions F-18/Rafale-M, et de cet ensemble et de cet autre est dans l'intérêt national du pays. (nb: et ils ont raison. C'est soit ça, soit une vraie coopération, soit une conception entièrement indienne de A à Z) 60 ans d'un tel raisonnement ont réduit l'Inde à une pitoyable dépendance en matière de technologie et d'armement. (nb: essentiellement du fait des ventes de matériel russe que le monsieur célèbre pourtant plus haut!) Le nœud du problème est la réticence de l'armée indienne à faire confiance à la technologie indigène et aux systèmes d'armes entièrement fabriqués dans le pays. (nb: et on se demande bien pourquoi dites-donc :rolleyes: Arjun, Dhruv, Tejas...) Il existe une solution simple pour éliminer cette résistance : licencier les hauts responsables militaires qui n'acceptent pas cette nouvelle méthode d'acquisition d'armements et de technologies militaires. Le reste des cadres comprendra le message et s'alignera. (LOL!!! :laugh::laugh::laugh:)

Il faut souhaiter que le sarkar Modi fasse preuve de courage et de sagesse et, en gardant fermement à l'esprit l'atmnirbharta, fasse les bons choix. Cela signifie qu'il faudra aller à l'encontre de la pensée importée de l'establishment politique et militaire indien myope. Il y a un prix à payer pour l'atmnirbharta, bien sûr, et la nation est prête à le payer. Il faut que les dirigeants indiens passent de la rhétorique à la pratique et mettent en œuvre l'atmnirbharta sur le pied de guerre, au lieu de se contenter d'en parler.

Le fait que l'Inde n'accepte pas l'accord 414 ne sera pas fatal et n'affectera pas l'accord fab/semiconductor américain, pas plus que le fait de ne pas acheter tout ce que Macron a à offrir sous une forme agrégée, si le gouvernement Modi rehausse simultanément son niveau de jeu sur le front économique : cesse de parler de réformes administratives et simplifie rapidement le désordre réglementaire relatif à l'acquisition de terres et au droit du travail qui continue de décourager les investissements directs étrangers et les entreprises occidentales et asiatiques de délocaliser massivement leurs unités de production de la Chine vers l'Inde. Une telle réforme indienne finira par libérer l'Inde, les États-Unis, l'Europe et le reste du monde de l'emprise de la chaîne d'approvisionnement chinoise et permettra même à Modi de gagner la gratitude du monde entier.

Sur le front de l'armement, il convient d'expliquer clairement aux États-Unis et à la France que l'Inde propose de s'engager dans cette nouvelle voie en achetant des technologies spécifiques, et plus jamais des systèmes entiers ou des plateformes d'armes, et que plus vite ils accepteront cette nouvelle façon pour l'Inde de mener ses activités d'approvisionnement, meilleures seront leurs chances de vendre ce que l'Inde veut. (nb: sauf si le jeu n'en vaut plus la chandelle, ce qui a été le cas avec les P-75i dernièrement quand Naval Group s'est retiré du marché https://www.opex360.com/2022/05/02/le-francais-naval-group-se-retire-de-lappel-doffres-lance-par-linde-pour-six-sous-marins-supplementaires/ au profit de TKMS, sauf qu'en fait apparemment non si Modi doit annoncer un nouvel achat de Scorpene? :laugh:) L'Inde a réussi avec cette approche - "le mode de mission technologique" - dans les systèmes spatiaux, les missiles, les armes nucléaires, alors qu'aucune technologie étrangère ne pouvait être obtenue d'où qu'elle vienne. Il n'est pas nécessaire de prouver davantage que cette approche fonctionnera tout aussi bien pour tous les systèmes militaires conventionnels. (nb: et bien si justement)

 

 

Pfou, voilà, c'était long et souvent un peu n'importe quoi. Mais c'est un point de vue intéressant et révélateur.

Du coup @Picdelamirand-oil tu as eu raison de ne pas t'ennuyer à traduire ce papier.

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Il y a 2 heures, Patrick a dit :

L'Inde en a souffert par le passé. Le président Ronald Reagan a été contraint d'annuler, par exemple, l'accord prévoyant la fourniture par les États-Unis de combustible faiblement enrichi pour la durée de vie des réacteurs à eau légère de la centrale nucléaire de Tarapur, parce que les lois américaines sur la non-prolifération, promulguées ultérieurement par le Congrès américain, l'y obligeaient. Estimant que perdre la confiance de l'Inde nuirait irrémédiablement aux relations bilatérales, l'administration Reagan a persuadé le gouvernement français de la remplacer en tant que fournisseur de combustible. Une administration différente, ayant une vision différente de l'intérêt national américain, aurait tout aussi bien pu hausser les épaules et souligner son incapacité à faire autre chose qu'appliquer la loi américaine. Cela pourrait se reproduire, à tout moment, dans le cadre du contrat GE 414. (nb: je ne connaissais pas cette histoire, qui en saurait plus à ce sujet? Nos spécialistes nuke? J'invoque @Delbareth)

Désolé je n'ai pas connaissance de ça (chuis jeune moi, dans les années 80 j'étais ptit !)

J'ai trouvé des articles du monde sur des bisbilles avec la France pour la fourniture de combustible mais rien de très concret ou de précis sur les américains.

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Il y a 5 heures, Patrick a dit :

Safran est engagé dans la production d'un moteur à réaction pour l'avion de combat français de 6ème génération avec une poussée de postcombustion de 125 kN,

Je note que c'est la première fois à ma connaissance que l'on apprend la poussée envisagée par Safran pour le NEFE. Il serait intéressant de connaître ses sources parce que les approximations de son article laissent songeur.

Ca validerait plutôt la version 1 du NGF (NEFE à 12800 kN PC et 8533 kN à sec) telle que je l'avais envisagée en 2020. Donc malgré les doutes, la valeur donnée dans l'article parait cohérente.

Modifié par johnsteed
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Il y a 1 heure, R force a dit :

Et ?   

… et je ne sais pas ce que Modi et MBZ vont échanger, mais je pense que la station du pm indien aux émirats ne peut pas être un hasard étant donné l’axe Paris - Abou Dabi - Delhi.

Par ailleurs je ne m’attends pas (du moins pas trop) à une annonce de contrats lors de la visite du 14/07.

Modifié par fraisedesbois
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Il y a 6 heures, Patrick a dit :

Il est très énervé le monsieur et a un point de vue très "indien". Pas très amène envers les USA par contre... Je passe sur les fautes rigolotes ("McConnell Douglas"??? :huh::laugh:) et autres trucs lunaires qui m'ont fait bien rigoler.

GE 414 (EDE ?) contre le nouveau moteur Safran - la dynamique et les calculs stratégiques plus larges
Posté le 6 juillet 2023 par Bharat Karnad

[Le Premier ministre Modi et le président américain Biden dans un clin d'œil profond à Washington]

Le "jaddoo ki jhappi" de type Munnabhai du Premier ministre Narendra Modi est ce que, dans mon livre de 2018 (Staggering Forward), j'ai appelé une "innovation diplomatique". Elle a connu un succès sans commune mesure. Après des rencontres rapprochées de ce type avec le Premier ministre indien, aucun dirigeant occidental n'a manqué de se montrer chaleureux en retour, ce qui se reflète dans les succès diplomatiques remportés par Modi. De plus, pour les dirigeants étrangers, qu'est-ce qui ne plaît pas à Modi, surtout si ses visites entraînent d'énormes ventes de matériel de défense et de technologie ? C'est comme si un riche oncle en visite laissait derrière lui des cadeaux. Les dirigeants occidentaux ont donc appris à rendre la pareille à Modi en lui réservant des attentions personnalisées.

Les bonnes vibrations entre l'Inde, les États-Unis et la France se reflètent dans les contrats exceptionnels conclus avec la société Boeing de Seattle et la société française Airbus, qui ont permis aux compagnies aériennes privées indiennes de remplir leurs carnets de commandes. La compagnie Tata Air India a commandé 220 avions d'une valeur de 34 milliards de dollars - 10 gros-porteurs B777X, 20 gros-porteurs B787 et 190 avions à fuselage étroit B737MAX, avec une option pour 20 B787 et 50 B737MAX supplémentaires, et 250 autres avions à Airbus - 34 A350-1000 et six A350-900, 140 Airbus A320neo et 70 Airbus A321neo, pour un montant de 36 milliards de dollars. Ces contrats maintiendront Boeing et Airbus à flot pour les 40 prochaines années au moins. Indigo, l'entreprise privée qui représente plus de 30 % du marché indien du transport aérien, n'est pas en reste : elle a passé la plus grosse commande de l'histoire, à savoir 500 monocouloirs A320 d'Airbus, pour un montant de 50 milliards de dollars. Cette commande vient s'ajouter à une précédente commande tout aussi colossale, selon laquelle 480 avions Airbus doivent encore être livrés à Indigo ! Le ministre de l'aviation civile, Jyotiraditya Scindia, a justifié ces contrats en déclarant que "le drapeau de l'Inde doit flotter dans l'espace international". (https://www.business-standard.com/industry/news/air-india-does-pre-delivery-payment-to-boeing-for-aircraft-cfo-hejmadi-123060900782_1.html).

Personne n'a dit à ce pauvre ministre que la quasi-totalité des avions ainsi achetés par Air India et Indigo sillonneront principalement le ciel indien. Pour le jhanda ooncha rahen hamara dans l'espace international, il devra donc chercher ailleurs.

Mais l'accent mis sur le mauvais angle est caractéristique du gouvernement indien, des dirigeants politiques et industriels indiens, des fonctionnaires et des officiers militaires. Ils semblent tous incapables de voir plus loin que le bout de leur nez. Cela fait maintenant une trentaine d'années que j'insiste sur le fait que, comme la Chine, nous ne devrions conclure que des accords portant sur des avions de passagers de grande valeur afin d'acquérir non seulement certaines technologies aéronautiques, mais aussi des gabarits de fabrication, la CAO/FAO, ainsi que des aptitudes et des compétences en matière de production, telles que l'ingénierie des processus, au lieu de distribuer périodiquement 40 milliards de dollars par-ci, 50 milliards de dollars par-là, et de laisser les vendeurs d'avions nous jeter des miettes en échange - une unité à Hyderabad pour les opérations MRO (maintenance, réparation, révision), promet d'acheter des assemblages mineurs d'avions (portes, etc.) aux usines Tata en Inde, etc. Au lieu d'acquérir la capacité de produire des avions de passagers complets, New Delhi se contente de retours fractionnés sur de très gros achats à l'étranger.

Après avoir mis dix ans à négocier le premier accord, la Chine, toujours soucieuse de stratégie, a obtenu en 1985 de la société aéronautique McConnell Douglas (SIC), basée en Californie, un accord de coproduction portant sur 26 avions de transport de passagers moyen-courrier MD-80, pour un montant d'environ 800 millions de dollars. Sur cette commande, 25 devaient être assemblés en Chine par la Shanghai Aviation Corporation (SAC) et UN seul avion devait être acheté sur étagère ! Dans le cadre de cette transaction, des ingénieurs et des techniciens américains devaient être présents dans l'usine de la SAC pour former et perfectionner les chefs de projet et les ouvriers chinois, qui apprenaient ainsi sur le tas auprès d'experts. Ce contrat prévoyait que la société chinoise rachète l'ensemble de la chaîne de production du MD-80 et les moyens nécessaires si l'augmentation du trafic aérien national l'exigeait. Très vite, McConnell Douglas (re-SIC) a vendu à la Chine l'ensemble de ses activités dans le domaine des avions de transport de passagers, jusqu'à ce qu'elle produise son propre avion de transport de passagers moderne à couloir unique, le Comac C919, pour équiper ses nombreuses compagnies aériennes nationales.

En revanche, l'Inde - apna watan - a déboursé des milliards et des milliards de dollars - comme si l'argent était démodé - pour des avions entièrement produits aux États-Unis et en France qui créeront des emplois et maintiendront les industries aérospatiales de ces pays, et personne ne se demande si les compagnies aériennes indiennes du secteur privé devraient être autorisées à conclure de tels accords avec des devises fortes provenant des réserves nationales qui ne rapportent rien au pays en termes de technologie aéronautique et de technologies de fabrication.

Il n'est donc guère surprenant que M. Biden se soit montré tout sourire et plein de sollicitude lorsque M. Modi s'est rendu à la Maison-Blanche il y a quinze jours. Enthousiasmé par Boeing, M. Biden a déclaré à la presse que la commande indienne créerait un million d'emplois supplémentaires aux États-Unis. Désireux d'obtenir encore plus de contrats, cette fois dans le domaine de l'aviation militaire, et de lier la sécurité de l'Inde aux intérêts nationaux des États-Unis, le président américain a approuvé la vente du moteur d'avion GE 414, ainsi que le transfert de 80 % de ses technologies. Les 20 % non transférables constituent des technologies critiques qui ne sont apparemment pas couvertes par l'iCET (Initiative for Critical & Emerging Technologies) récemment inaugurée en grande pompe.

Quel est donc le moteur à réaction GE réellement proposé ? S'agit-il du modèle 414 classique, d'une poussée de 98 kiloNewtons avec postcombustion, qui équipait à l'origine les F-18E/F Super Hornet de l'US Navy, ou de la nouvelle variante EDE (Enhanced Durability Engine), qui peut produire 15 % de poussée en plus, mais au prix d'une durée de vie plus courte du moteur ? La poussée accrue de l'EDE avec postcombustion serait de 108,7 kN, ce qui est assez proche des 110 kN exigés par les concepteurs indiens pour l'Advanced Medium Combat Aircraft et pour le bimoteur naval Tejas destiné aux opérations sur porte-avions. L'augmentation de la poussée de l'EDE est due à la deuxième turbine basse pression du moteur, fabriquée à partir de composites céramiques, ce qui réduit le poids d'un tiers et permet d'obtenir un moteur à réaction plus robuste, capable de fonctionner sans avoir besoin d'air de refroidissement. Cette dernière qualité, à son tour, se traduit par une aérodynamique et une consommation de carburant plus efficaces pour les avions de combat. Du point de vue des compromis, l'EDE est plus logique. L'Inde peut-elle arracher l'EDE à Washington, même si les 20 % non transférables restent intacts ?

[Modi embrassant le président français Emmanuel Macron à Paris]

La France est une habituée de ce jeu. A peine le GE 414 promis par les Etats-Unis, le Quai d'Orsay, toujours agile, a immédiatement fait monter les enchères. (nb: heu, c'est très ancien les propositions d'aides de Safran en Inde...) Il a promis que son fabricant de moteurs à réaction, Safran (l'ancienne SNECMA - Société nationale d'études et de construction de moteurs d'aviation), aiderait l'Inde à concevoir et à produire un tout nouveau moteur de 110 kN dans le centre d'excellence qu'il a l'intention d'établir en Inde à cette fin. Le moteur devrait être prêt d'ici 10 ans et, en termes de projet, être compétitif en termes de temps et de coût par rapport au programme GE 414. L'avantage est que l'accord avec Safran sera dépourvu de l'épée de Damoclès qui pèse sur tout accord de défense avec les États-Unis, à savoir la menace d'activation par Washington de la loi américaine ITAR (International Trade in Arms Regulations), car Paris n'est pas soumis à de telles contraintes juridiques. Ce point est d'une importance cruciale et l'ambassadeur français Emmanuel Lenain l'a habilement évoqué dans une récente interview à la presse (Times of India, 1er juin) lorsqu'il a mentionné "la durabilité et l'autonomie" comme étant les principaux attributs que l'Inde cherche à garantir dans le cadre de ses contrats de défense à l'étranger et qui, selon Paris, sont les objectifs poursuivis par l'accord.

En réalité, entre l'activisme législatif américain et les intérêts momentanés de la Maison Blanche, aucun contrat de défense n'est à l'abri d'une annulation par le Congrès américain. Aucun contrat signé avec une entreprise américaine, ni même un accord G2G (de gouvernement à gouvernement) portant sur des biens militaires, n'est juridiquement inviolable. L'Inde en a souffert par le passé. Le président Ronald Reagan a été contraint d'annuler, par exemple, l'accord prévoyant la fourniture par les États-Unis de combustible faiblement enrichi pour la durée de vie des réacteurs à eau légère de la centrale nucléaire de Tarapur, parce que les lois américaines sur la non-prolifération, promulguées ultérieurement par le Congrès américain, l'y obligeaient. Estimant que perdre la confiance de l'Inde nuirait irrémédiablement aux relations bilatérales, l'administration Reagan a persuadé le gouvernement français de la remplacer en tant que fournisseur de combustible. Une administration différente, ayant une vision différente de l'intérêt national américain, aurait tout aussi bien pu hausser les épaules et souligner son incapacité à faire autre chose qu'appliquer la loi américaine. Cela pourrait se reproduire, à tout moment, dans le cadre du contrat GE 414. (nb: je ne connaissais pas cette histoire, qui en saurait plus à ce sujet? Nos spécialistes nuke? J'invoque @Delbareth)

Il n'y a pas d'élasticité dans le système américain si la Maison Blanche ou le Congrès américain veulent être punitifs, même lorsque des tiers sont impliqués. Ainsi, à la suite des essais nucléaires de 1998, le président Bill Clinton a sanctionné l'Inde, clouant instantanément au sol la flotte d'hélicoptères de lutte anti-sous-marine Sea King de la marine indienne, par exemple, parce que son moteur comportait des composants fabriqués aux États-Unis ! C'est cette incertitude qui pèsera toujours sur tout équipement militaire d'origine américaine utilisé par l'Inde et à laquelle l'ambassadeur Lenain a fait allusion de manière plus ou moins indirecte. Le régime Modi devrait garder ces faits à l'esprit.

Que se passerait-il si le Congrès américain décidait, après l'accord 414, de punir l'Inde pour, par exemple, ne pas avoir soutenu telle ou telle ligne politique américaine ? Le fait que l'Inde ait pu débourser des milliards de dollars pour le moteur GE 414 et pour son transfert de technologie ne signifierait rien. C'est une chose que le Pakistan, ostensiblement le partenaire régional le plus proche des États-Unis à l'époque, a appris à sa plus grande consternation. Dans les années 1980, le gouvernement de Benazir Bhutto a déboursé quelque 370 millions de dollars pour l'achat d'avions d'attaque F-16 supplémentaires, avant qu'une nouvelle mesure législative américaine ne vienne annuler ce contrat, ce qui a eu pour conséquence que les avions commandés - stationnés pendant des années sur une base du Nevada et pourrissant au soleil - n'ont pas été livrés à l'armée de l'air pakistanaise et que l'argent n'a été restitué à Islamabad que 30 ans plus tard, alors que, compte tenu du taux d'inflation, la valeur de 370 millions de dollars n'était plus qu'un montant à trois chiffres !

En théorie, la proposition de Safran se distingue également par le fait qu'il s'agira d'une conception entièrement nouvelle, impliquant éventuellement des matériaux tels que les composites céramiques, et qu'AMCA/Tejas se conformeront aux caractéristiques de furtivité de leurs conceptions. En outre, le projet sera accompagné d'une chaîne d'approvisionnement complète et d'un plan de fabrication de tous les accessoires en Inde. Safran est engagé dans la production d'un moteur à réaction pour l'avion de combat français de 6ème génération avec une poussée de postcombustion de 125 kN, et possède donc les compétences en matière de conception et de production pour aider l'Inde à répondre aux spécifications techniques de son moteur de 110 kN. Plus important encore, Paris offre 20 % de la technologie critique non incluse dans l'accord de transfert de technologie GE 414 de Washington - les aubes de turbine à cristal unique pour le moteur à réaction, et d'autres technologies.

Mais, et il y a un grand mais. GTRE avait conclu un contrat de conseil avec Snecma pour aider le moteur Kaveri à passer le cap. Selon des sources indiennes, Snecma, la société mère de Safran, a tout simplement renoncé à apporter une aide significative lorsque la situation est devenue critique. Et Snecma a pris beaucoup de temps pour le faire, gelant le Kaveri jusqu'à la décision de Modi en 2015 d'acheter des Rafale équipés du moteur Safran M-88, lorsque la question de savoir si le Kaveri fonctionnerait est devenue discutable.

(nb: ...et là on arrive dans le n'importe quoi. Ce n'est absolument pas ce qu'il s'est passé et c'est le DRDO qui a refusé d'investir dans le Kaveri)

Pour empêcher la France et Safran/Snecma de nous prendre à nouveau pour des imbéciles, (:ohmy::rolleyes::laugh: ) le contrat signé par le gouvernement indien devrait être rédigé de manière si rigoureuse par le ministère indien de la défense (MOD) - ce qu'il est en fait incapable de faire si l'on en croit les contrats précédents avec des fournisseurs étrangers, qui ont favorisé ces derniers à chaque fois qu'il s'agissait de réaliser un transfert de technologie complet - qu'il énumérera, dans les moindres détails techniques, chaque technologie, de chaque petit composant aux grands ensembles, y compris les technologies critiques, telles que les pales de turbine à cristal unique, etc. Le contrat devrait également être encadré par un calendrier inflexible de transfert de technologie à respecter, détaillant quand et à quelle agence indienne chaque technologie sera transférée dans toute son étendue, et à quelle date. Aucune disposition ou clause ne doit laisser de latitude ou de flexibilité qui permettrait à Safran de se soustraire à ses engagements contractuels. Et chaque clause et disposition de l'accord TOT, qui pourrait compter des milliers de pages, doit être juridiquement applicable en vertu du droit international que Safran devra accepter, avec l'imposition de sanctions financières sévères au cas où la société française manquerait à toute clause/proposition TOT pour quelque raison que ce soit et à tout moment, ou provoquerait des dépassements de délais et de coûts pour le projet de moteur.

(nb: ...Tout un programme... Et si c'est la partie indienne qui merde, il prévoit quoi le monsieur? :bloblaugh:)

On peut affirmer sans risque de se tromper qu'aucune agence du gouvernement indien ne possède l'expertise requise en matière de rédaction de contrats. (non bien sûr... :rolleyes:) Par conséquent, la manière de combler ce déficit institutionnel du ministère de la défense devrait sérieusement inquiéter Modi, le ministre de la défense Rajnath Singh et le pays. En effet, le manque de connaissances techniques et spécialisées, de familiarité avec les détails juridiques et de compétences en matière de rédaction, non seulement au sein du ministère de la défense, mais aussi dans l'ensemble du gouvernement indien, a fait que, par le passé, les accords de transfert de technologie en matière de défense ont coûté très, très cher à l'Inde. Mais il s'agit là d'un tout autre sujet. Il suffit de dire que le gouvernement indien devra trouver des experts en rédaction quelque part, mais où, c'est la grande question. Sans cela, l'Inde ne se fera-t-elle pas à nouveau plumer et ne se retrouvera-t-elle pas avec un contrat TOT affreux favorisant le fournisseur et renforçant la réputation de l'Inde en tant que pigeon ?

Il faut donc absolument créer une agence gouvernementale chargée de contrôler et de superviser tous les contrats passés par un ministère ou un département du gouvernement avec un vendeur ou une entreprise étrangère pour tout ce qui implique une sortie de devises fortes. (nb: oh oui! Encore plus de babus dans la machine! :laugh: Il n'y en avait pas assez! :laugh:) Le Pentagone, par exemple, dispose d'un collège chargé de former les responsables militaires des boucles d'approvisionnement aux nuances de la rédaction de contrats et d'accords commerciaux spécifiques à un pays ou à des intérêts particuliers, ainsi qu'aux méthodes de contrôle de la livraison des articles faisant l'objet d'un contrat. Lorsque les fonctionnaires du ministère de la Défense, dont les compétences sont insuffisantes, se retrouveront face à des fonctionnaires civils et militaires américains et français professionnellement formés pour négocier les contrats d'acquisition de biens et de services, quel camp, selon vous, aura l'avantage ?

Le président Emmanuel Macron fera sans doute preuve d'arrogance (nb: la famosa arrogance française, évidemment, que serait un bingo sans cela? :rolleyes:) et tentera de surpasser l'accueil de Biden à Washington pour Modi en offrant un spectacle encore meilleur, digne de l'invité principal aux célébrations de la fête de la Bastille le 13 juillet. (SIC!!! :ohmy::laugh:) Macron a de la chance que les Sans-coulottes - les classes défavorisées qui ont initié la Révolution française en 1789 et qui, jusqu'à il y a trois jours, ont pratiquement fermé Paris pour protester contre les tirs de la police sur un jeune Arabe - aient arrêté les émeutes (nb: ALERTE: NIVEAU DE GRAND N'IMPORTE-QUOI DE CLASSE INDIENNE), car l'annulation des festivités aurait été un mauvais départ, compte tenu de l'amour de Modi pour la couleur et le spectacle combinés à des gestes personnels d'intimité, et de l'importance de l'enjeu pour l'industrie française de la défense.

En effet, Macron a l'intention de conclure des accords de gouvernement à gouvernement non seulement pour le moteur Safran, mais aussi pour la technologie du sous-marin conventionnel Barracuda (nb: Scorpene...) destiné au projet 75i de la marine indienne, et pour l'achat par l'IAF d'avions de combat Rafale afin de répondre au besoin de 126 MMRCA (avions de combat multirôles moyens) du service (nb: non, pour les 26 avions de la marine indienne), quel que soit le nom qu'on lui donne aujourd'hui. Macron fera donc tout son possible pour rendre Modi heureux et le garder ! Il sera conscient du fait que la dernière fois que le Premier ministre indien s'est rendu à Paris en 2015, l'un de ses prédécesseurs, le président François Hollande, est reparti avec un accord de principe portant sur 36 avions Rafale.

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Mais quelles sont les considérations politico-stratégiques plus larges des trois parties - l'Inde, les États-Unis et la France - qui entreront en jeu lorsque New Delhi décidera précisément de l'offre de moteurs aéronautiques à accepter ?

Le gouvernement américain a finalement accepté, quarante ans après le voyage du secrétaire à la défense de Reagan, Caspar Weinberger, à New Delhi pour convaincre le gouvernement indien d'acheter du matériel militaire américain afin de supplanter la Russie en tant que principal fournisseur d'armes de l'Inde, que New Delhi ne bougerait pas si la technologie de pointe n'était pas transférée. Et même dans ce cas, l'hésitation des États-Unis à se séparer de ce qu'ils considèrent comme leurs joyaux de haute technologie militaire est mise en évidence dans l'accord sur le moteur à réaction GE 414, à l'exclusion de la technologie des aubes de turbine à cristal unique, etc. En ce qui concerne l'administration Biden, le moment est venu de mettre enfin l'Inde dans son coin, et il faut tirer parti de la situation avec un Modi favorable à l'Amérique. De nombreux experts indiens estiment qu'un tel accord, même s'il présente des lacunes, renforcera la confiance mutuelle et constituera le proverbial "sésame" permettant d'accéder à des technologies américaines plus pointues. Nombreux sont ceux qui pensent que c'est le moyen d'égaliser la situation en matière de sécurité face à une Chine en pleine effervescence technologique. Ils ne sont apparemment pas conscients du fait que même les alliés de l'OTAN ne peuvent utiliser que des équipements américains déréglés, de sorte que l'Inde ne peut raisonnablement pas s'attendre à être plus favorisée que les États membres de l'OTAN.

Néanmoins, on peut s'attendre à ce qu'une relation d'approvisionnement militaire plus complète avec les États-Unis approfondisse les relations bilatérales et apporte à l'Inde des avantages collatéraux - des investissements américains plus importants dans l'économie indienne et la construction d'infrastructures, des préférences commerciales, une avance dans le secteur de la conception et de la production de semi-conducteurs, etc. En outre, avec AUKUS qui boite et les aspects militaires du quadrilatère Inde-USA-Japon-Australie qui sont bloqués par la lenteur de l'Inde sur la question, les perspectives de sécurité pour contenir la Chine dans la région indo-pacifique sont peu encourageantes. Washington espère que le véritable avantage pour les États-Unis, suite à l'ouverture dans le domaine des technologies de la défense, résultera du fait que New Delhi jouera le jeu. Le calcul est le suivant : une coopération substantielle, en particulier dans les domaines de l'espace et des semi-conducteurs, qui n'ont été que nominalement mis en avant par l'accord 414, donnera à Washington ce qu'il désire depuis longtemps - un levier solide pour influencer les politiques étrangères et de sécurité de l'Inde, un moyen que Moscou, avec son pipeline d'armes vers l'Inde, a utilisé pour influencer les actions de l'Inde, en particulier pendant la guerre froide.

La France souhaite ardemment que l'Inde s'intéresse à l'industrie de défense française pour deux raisons. D'une part, parce que cela aidera la France à rester stratégiquement pertinente dans la région indo-pacifique. Deuxièmement, parce qu'elle espère qu'une plus grande proximité en matière de technologie militaire permettra à l'avenir à l'armée indienne d'utiliser plus largement ses bases à Djibouti, dans la Corne de l'Afrique, et dans ses territoires insulaires de l'océan Indien, à Saint-Pierre (???) et à l'île de la Réunion, ce qui, en retour, contribuera à couvrir les coûts élevés du maintien d'une présence militaire à l'est de Suez pour Paris.

(nb: alors heu, non, la France n'a pas l'intention d'utiliser l'armée indienne comme supplétifs pour sa propre sécurité, même s'il serait éventuellement possible que certaines installations de maintenance en Inde puissent participer à la maintenance de certains matériels français, mais encore une fois ce ne serait pas nouveau à proprement parler, les flottes américaines se servent de certains ports étrangers pour certaines opérations de maintenance depuis des décennies sans que cela ne pose problème)

La France dispose de la technologie et de plates-formes d'armes ergonomiques que les services armés indiens apprécient et dont ils sont friands. Selon les rumeurs, Paris serait également prêt à transmettre la technologie des centrales nucléaires sous-marines, etc. - le genre de technologie qui ne sera tout simplement pas disponible auprès des États-Unis, que ce soit pour l'amour ou pour l'argent. (nb: ça ce n'est pas encore pour tout de suite, une vente ce sera déjà bien, du ToT à ce propos c'est bien moins probable, sauf ce qui a trait à la sécurité) C'est cette technologie que Modi devrait obtenir de Macron. En outre, la "durabilité et l'autonomie" des forces seront moins préoccupantes avec des armements d'origine française. Mais, pour être juste, les C-17, les C-130 et les avions de reconnaissance maritime armés P-8I n'ont jusqu'à présent pas rencontré de difficultés en ce qui concerne l'entretien et le soutien des pièces détachées. (nb: ...sauf en ce qui concerne justement le ToT demandé à Boeing sur les P-8I? :rolleyes:) En revanche, les avions de combat de première ligne sont une toute autre affaire. Et, en tout état de cause, l'Inde a besoin de l'assurance, qu'aucune administration américaine en place à Washington ne peut lui donner, que les biens militaires qu'elle achète ne seront pas soumis à l'ITAR. Il s'agit donc d'un problème insurmontable. (nb: spécieux: si tel était le cas les américains ne seraient pas invités à faire des RFP)

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Un gouvernement indien véritablement nationaliste adopterait toutefois une approche différente. Au lieu du choix binaire auquel son gouvernement est confronté, Modi devrait se rappeler pourquoi la position non impliquée de l'Inde dans le conflit ukrainien a rehaussé la position politique de l'Inde, lui a assuré un effet de levier auprès des États-Unis, de l'Occident et de la Russie, et pourquoi tous les grands pays veulent la courtiser et la cultiver. (nb: heu pour le moment ça a surtout fait passer l'Inde pour une opportuniste en plus d'être une non alignée, et ça a entraîné des ponctions de matériels destinés à l'Inde par la Russie (chars T-90) donc pas certain que ce soit si intéressant que ça) Ne pas se précipiter dans un seul enclos technologique est la voie à suivre. L'achat du système de défense aérienne S-400 et le contrat portant sur l'acquisition de deux frégates furtives de classe Grigoryvich et la production de deux autres dans le chantier naval de Goa ont rassuré Moscou. La partie russe tient donc le coup.

Il faut espérer que Modi exploitera au maximum le fait que l'Inde se trouve dans une position unique pour prendre les décisions et choisir soigneusement entre les technologies américaines et françaises et leurs retombées industrielles directes, de manière à combler rapidement les lacunes technologiques du pays, c'est-à-dire les éléments manquants qui sont nécessaires pour développer les capacités déjà présentes dans le pays et qui, à leur tour, permettront de progresser vers la réalisation de l'atmnirbharta. Comme je l'ai souligné au fil des ans, la signature de contrats d'un coût prohibitif pour des systèmes entiers est un gaspillage et n'a de sens ni sur le plan économique ni sur le plan de la sécurité nationale. (nb: sauf que le débat là tout de suite c'est comment remplacer les avions qui tombent comme des mouches alors que ça fait 16 ans que le MMRCA a été lancé et qu'il n'a abouti pour le moment qu'à des achats de Mig-29 et de 36 Rafale... pendant ce temps les chinois ont produit des centaines d'avions très modernes, dont des centaines de J-10 et des dizaines de J-20)

L'Inde devrait plutôt manifester son intérêt pour la conception du sous-marin français Barracuda, puis opposer la société française DCNS qui le produit à la société allemande ThyseenKruppMarine qui vend son sous-marin HDW 214, et sélectionner des technologies non disponibles en Inde, comme le mât optronique, par exemple, de la principale société américaine, L3Harris. On pourrait demander à Biden d'apporter son aide en supprimant les restrictions sur le niveau des questions techniques, ce qu'il fera pour conserver la bonne volonté de l'Inde. (nb: alerte: chanvre de type Katmandou détecté) Les déficits technologiques étant ainsi comblés, il n'y aura pas de vide technologique et la capacité de production de sous-marins existante, qui commence par la conversion d'une conception de base en dessins techniques, pourra prendre le relais. Si Larsen & Toubro peut fabriquer des plates-formes stratégiques telles que des sous-marins nucléaires équipés de missiles balistiques, il ne devrait pas être difficile de construire des sous-marins conventionnels moins exigeants sur le plan technique. (nb: illustration parfaite d'un énorme biais souvent observé dans les élucubrations de commentateurs indiens) De même, la technologie française des aubes de turbine à cristal unique peut être achetée en vue d'une indigénisation complète pour faire progresser le moteur à réaction indigène Kaveri, car le GTRE (Gas Turbine Research Establishment), Bangaluru, devrait être noté par Modi/PMO, a déjà testé et développé avec succès des aubes à cristal unique pour les hélicoptères. Le moteur à réaction Kaveri est l'avenir de l'aviation de combat indienne, et non un nouveau moteur Safran destiné à l'Inde. (nb: là j'espère franchement que des gens de Safran au courant de l'affaire vont lire ce passage pour rire un bon coup... :laugh:)

C'est ainsi qu'il faut procéder. Mais cette méthodologie consistant à acheter des morceaux de technologie et à les intégrer à la conception, au développement et aux capacités et processus industriels du pays se heurtera, bien entendu, à l'opposition des trois services. (nb: et avec raison, premièrement parce que ce n'est PAS une méthodologie, justement...) Ils avanceront des centaines de (nb: bonnes) raisons pour expliquer pourquoi une telle approche est risquée et produit des systèmes d'armement peu fiables, et pourquoi l'achat de l'ensemble des sous-marins Barracuda, de l'ensemble des Rafale, de l'ensemble des avions porte-avions F-18/Rafale-M, et de cet ensemble et de cet autre est dans l'intérêt national du pays. (nb: et ils ont raison. C'est soit ça, soit une vraie coopération, soit une conception entièrement indienne de A à Z) 60 ans d'un tel raisonnement ont réduit l'Inde à une pitoyable dépendance en matière de technologie et d'armement. (nb: essentiellement du fait des ventes de matériel russe que le monsieur célèbre pourtant plus haut!) Le nœud du problème est la réticence de l'armée indienne à faire confiance à la technologie indigène et aux systèmes d'armes entièrement fabriqués dans le pays. (nb: et on se demande bien pourquoi dites-donc :rolleyes: Arjun, Dhruv, Tejas...) Il existe une solution simple pour éliminer cette résistance : licencier les hauts responsables militaires qui n'acceptent pas cette nouvelle méthode d'acquisition d'armements et de technologies militaires. Le reste des cadres comprendra le message et s'alignera. (LOL!!! :laugh::laugh::laugh:)

Il faut souhaiter que le sarkar Modi fasse preuve de courage et de sagesse et, en gardant fermement à l'esprit l'atmnirbharta, fasse les bons choix. Cela signifie qu'il faudra aller à l'encontre de la pensée importée de l'establishment politique et militaire indien myope. Il y a un prix à payer pour l'atmnirbharta, bien sûr, et la nation est prête à le payer. Il faut que les dirigeants indiens passent de la rhétorique à la pratique et mettent en œuvre l'atmnirbharta sur le pied de guerre, au lieu de se contenter d'en parler.

Le fait que l'Inde n'accepte pas l'accord 414 ne sera pas fatal et n'affectera pas l'accord fab/semiconductor américain, pas plus que le fait de ne pas acheter tout ce que Macron a à offrir sous une forme agrégée, si le gouvernement Modi rehausse simultanément son niveau de jeu sur le front économique : cesse de parler de réformes administratives et simplifie rapidement le désordre réglementaire relatif à l'acquisition de terres et au droit du travail qui continue de décourager les investissements directs étrangers et les entreprises occidentales et asiatiques de délocaliser massivement leurs unités de production de la Chine vers l'Inde. Une telle réforme indienne finira par libérer l'Inde, les États-Unis, l'Europe et le reste du monde de l'emprise de la chaîne d'approvisionnement chinoise et permettra même à Modi de gagner la gratitude du monde entier.

Sur le front de l'armement, il convient d'expliquer clairement aux États-Unis et à la France que l'Inde propose de s'engager dans cette nouvelle voie en achetant des technologies spécifiques, et plus jamais des systèmes entiers ou des plateformes d'armes, et que plus vite ils accepteront cette nouvelle façon pour l'Inde de mener ses activités d'approvisionnement, meilleures seront leurs chances de vendre ce que l'Inde veut. (nb: sauf si le jeu n'en vaut plus la chandelle, ce qui a été le cas avec les P-75i dernièrement quand Naval Group s'est retiré du marché https://www.opex360.com/2022/05/02/le-francais-naval-group-se-retire-de-lappel-doffres-lance-par-linde-pour-six-sous-marins-supplementaires/ au profit de TKMS, sauf qu'en fait apparemment non si Modi doit annoncer un nouvel achat de Scorpene? :laugh:) L'Inde a réussi avec cette approche - "le mode de mission technologique" - dans les systèmes spatiaux, les missiles, les armes nucléaires, alors qu'aucune technologie étrangère ne pouvait être obtenue d'où qu'elle vienne. Il n'est pas nécessaire de prouver davantage que cette approche fonctionnera tout aussi bien pour tous les systèmes militaires conventionnels. (nb: et bien si justement)

 

 

Pfou, voilà, c'était long et souvent un peu n'importe quoi. Mais c'est un point de vue intéressant et révélateur.

Du coup @Picdelamirand-oil tu as eu raison de ne pas t'ennuyer à traduire ce papier.

Je comprends pas. Docteur, quand je fais ça avec mon doigt (scroll, scroll...) ça me fait mal à la tête

 

Aller, j'attaque !

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