Kiriyama Posté(e) le 31 mai 2020 Share Posté(e) le 31 mai 2020 (modifié) Bonjour, J'ai lu un article très intéressant sur le destin après-guerre de l'Armée polonaise de l'Ouest, cette armée polonaise libre qui a combattu aux côtés des Alliés. A l'été 1945, l'APO compte 225.000 hommes très bien entraînés et équipés, disposant d'une armée de terre, de parachutistes, de chars et même d'une marine. Malheureusement pour ces hommes, le territoire polonais passe sous contrôle soviétique et dès février 1945, les Alliés reconnaissent le gouvernement polonais instauré par les Soviétiques et le gouvernement en exil de Londres perd sa légitimité. A ce stade, l'APO est le dernier élément de légitimité restant au gouvernement polonais de Londres. Même si officiellement le gouvernement britannique fait passer l'APO sous le commandement de l'armée britannique, il est déjà clair que Londres ne va pas conserver ces hommes dans son armée. De leurs côtés, les Soviétiques aimeraient bien récupérer cette armée aguerrie et en faire un élément de la reconstruction de la nouvelle Pologne communiste. Le gouvernement britannique est entre deux chaises, partagé entre la "dette" envers ces Polonais qui ont combattu à leurs côtés, mais aussi pressé de se débarrasser de cette armée coûteuse à entretenir. Quant aux soldats polonais, beaucoup aimeraient retrouver leur patrie, mais ne veulent pas du nouveau régime mis en place par Moscou. Seuls 20% de ces hommes désirent réellement retourner au pays. En septembre 1945, le nouveau gouvernement de Varsovie charge Londres de mettre en place un programme de rapatriement tandis que le régime communiste se lance dans une intense campagne de propagande pour vanter les mérites du nouveau pouvoir. Londres voit toutefois d'un mauvais œil la future inféodation de l'APO au régime communiste, mais commence à rapatrier les soldats polonais qui veulent rentrer au pays. Mais d'une façon générale, les négociations patinent et en février 1946, Varsovie annonce que l'Armée polonaise de l'Ouest cesse d'être considérée comme polonaise et demande que ses hommes soient interdits de porter l'uniforme de l'armée polonaise. A ce stade, le sort de l'APO est entièrement à la charge de Londres qui va mettre en place un programme de démobilisation générale. Chaque soldat à la choix : le retour en Pologne, l'émigration dans un pays de leur choix (dans la limite des quotas migratoires fixé par les pays concernés), l'incorporation dans l'armée britannique (mais seules une poignée de postes sont à pourvoir) et l'installation en Grande-Bretagne. Le gouvernement britannique met sur pied le Corps polonais de réhabilitation (CPR) destiné à accompagner les soldats polonais dans leur retour à la vie civile. Engagés pour deux ans, les Polonais y reçoivent des cours d'anglais, apprennent un nouveau métier et touchent une solde et reçoivent une couverture médicale. Les premières incorporations ont lieu en août 1946, ce qui déclenche la fureur du gouvernement communiste de Varsovie. Pour lui, le CPR est une armée étrangère et les Polonais qui s'y engageraient se verront déchus de leur nationalité polonaise. Le 10 juillet 1947, les forces armées polonaises sont officiellement dissoutes. Le PCR fonctionnera jusqu'en septembre 1949 et permettra l'intégration de 110.000 hommes à la société britannique et les formera à un métier ou les encouragera à reprendre des études. Toutefois, le retour à la vie civile est particulièrement difficile pour les officiers qui n'ont connu que l'armée et se reconvertissent plus difficilement que les soldats et sous-officiers, plus jeunes. Le général Sosabowski (1re Brigade indépendante de parachutistes) devient ouvrier dans une usine, le général Maczek sera barman dans un hôtel, le lieutenant-colonel Gutowski (1re Division blindée) lavera des voitures au Canada durant les premières semaines suivant son arrivée. Plusieurs milliers de ces Polonais s'expatrieront (France, Italie…) et d'autres connaîtront un parcours tourmenté : Jan Zumach deviendra mercenaire au Katanga et au Biafra. Des aviateurs iront au Pakistan former l'armée de l'air nationale. Moins de la moitié des Polonais retourneront au pays, et leurs espoirs d'intégrer la nouvelle armée communiste seront rapidement douchés. Le pouvoir communiste se méfie d'eux et les démobilise. Plusieurs hauts-gradés auront également affaire à la justice et à la police locale, et seront pour certains condamnés à la prison. Malgré les difficultés du retour à la vie civile, les anciens combattants vont s'organiser et défendre la mémoire de leur engagement. Certains joueront même un rôle dans l'apparition des premiers mouvements pro-démocratie et pro-indépendance. Malheureusement, peu d'officiers supérieurs de l'APO vivront assez longtemps pour voir la Pologne redevenir indépendante. Seul le général Maczek, qui mourra en 1996 à 102 ans, verra la Pologne redevenir indépendante. Modifié le 31 mai 2020 par Kiriyama 3 1 Lien vers le commentaire Partager sur d’autres sites More sharing options...
LunchTime Posté(e) le 21 juin 2020 Share Posté(e) le 21 juin 2020 Le 31/05/2020 à 12:50, Kiriyama a dit : Jan Zumach deviendra mercenaire au Katanga et au Biafra Jan Zumbach https://fr.wikipedia.org/wiki/Jean_Zumbach Et le plus étrange caporal d'artillerie, qui ait servi dans l'armée polonaise: https://www.youtube.com/watch?v=KqTIAEwfeh0 3 Lien vers le commentaire Partager sur d’autres sites More sharing options...
FoxZz° Posté(e) le 21 juin 2020 Share Posté(e) le 21 juin 2020 Le 31/05/2020 à 12:50, Kiriyama a dit : Bonjour, J'ai lu un article très intéressant sur le destin après-guerre de l'Armée polonaise de l'Ouest, cette armée polonaise libre qui a combattu aux côtés des Alliés. A l'été 1945, l'APO compte 225.000 hommes très bien entraînés et équipés, disposant d'une armée de terre, de parachutistes, de chars et même d'une marine. Malheureusement pour ces hommes, le territoire polonais passe sous contrôle soviétique et dès février 1945, les Alliés reconnaissent le gouvernement polonais instauré par les Soviétiques et le gouvernement en exil de Londres perd sa légitimité. A ce stade, l'APO est le dernier élément de légitimité restant au gouvernement polonais de Londres. Même si officiellement le gouvernement britannique fait passer l'APO sous le commandement de l'armée britannique, il est déjà clair que Londres ne va pas conserver ces hommes dans son armée. De leurs côtés, les Soviétiques aimeraient bien récupérer cette armée aguerrie et en faire un élément de la reconstruction de la nouvelle Pologne communiste. Le gouvernement britannique est entre deux chaises, partagé entre la "dette" envers ces Polonais qui ont combattu à leurs côtés, mais aussi pressé de se débarrasser de cette armée coûteuse à entretenir. Quant aux soldats polonais, beaucoup aimeraient retrouver leur patrie, mais ne veulent pas du nouveau régime mis en place par Moscou. Seuls 20% de ces hommes désirent réellement retourner au pays. En septembre 1945, le nouveau gouvernement de Varsovie charge Londres de mettre en place un programme de rapatriement tandis que le régime communiste se lance dans une intense campagne de propagande pour vanter les mérites du nouveau pouvoir. Londres voit toutefois d'un mauvais œil la future inféodation de l'APO au régime communiste, mais commence à rapatrier les soldats polonais qui veulent rentrer au pays. Mais d'une façon générale, les négociations patinent et en février 1946, Varsovie annonce que l'Armée polonaise de l'Ouest cesse d'être considérée comme polonaise et demande que ses hommes soient interdits de porter l'uniforme de l'armée polonaise. A ce stade, le sort de l'APO est entièrement à la charge de Londres qui va mettre en place un programme de démobilisation générale. Chaque soldat à la choix : le retour en Pologne, l'émigration dans un pays de leur choix (dans la limite des quotas migratoires fixé par les pays concernés), l'incorporation dans l'armée britannique (mais seules une poignée de postes sont à pourvoir) et l'installation en Grande-Bretagne. Le gouvernement britannique met sur pied le Corps polonais de réhabilitation (CPR) destiné à accompagner les soldats polonais dans leur retour à la vie civile. Engagés pour deux ans, les Polonais y reçoivent des cours d'anglais, apprennent un nouveau métier et touchent une solde et reçoivent une couverture médicale. Les premières incorporations ont lieu en août 1946, ce qui déclenche la fureur du gouvernement communiste de Varsovie. Pour lui, le CPR est une armée étrangère et les Polonais qui s'y engageraient se verront déchus de leur nationalité polonaise. Le 10 juillet 1947, les forces armées polonaises sont officiellement dissoutes. Le PCR fonctionnera jusqu'en septembre 1949 et permettra l'intégration de 110.000 hommes à la société britannique et les formera à un métier ou les encouragera à reprendre des études. Toutefois, le retour à la vie civile est particulièrement difficile pour les officiers qui n'ont connu que l'armée et se reconvertissent plus difficilement que les soldats et sous-officiers, plus jeunes. Le général Sosabowski (1re Brigade indépendante de parachutistes) devient ouvrier dans une usine, le général Maczek sera barman dans un hôtel, le lieutenant-colonel Gutowski (1re Division blindée) lavera des voitures au Canada durant les premières semaines suivant son arrivée. Plusieurs milliers de ces Polonais s'expatrieront (France, Italie…) et d'autres connaîtront un parcours tourmenté : Jan Zumach deviendra mercenaire au Katanga et au Biafra. Des aviateurs iront au Pakistan former l'armée de l'air nationale. Moins de la moitié des Polonais retourneront au pays, et leurs espoirs d'intégrer la nouvelle armée communiste seront rapidement douchés. Le pouvoir communiste se méfie d'eux et les démobilise. Plusieurs hauts-gradés auront également affaire à la justice et à la police locale, et seront pour certains condamnés à la prison. Malgré les difficultés du retour à la vie civile, les anciens combattants vont s'organiser et défendre la mémoire de leur engagement. Certains joueront même un rôle dans l'apparition des premiers mouvements pro-démocratie et pro-indépendance. Malheureusement, peu d'officiers supérieurs de l'APO vivront assez longtemps pour voir la Pologne redevenir indépendante. Seul le général Maczek, qui mourra en 1996 à 102 ans, verra la Pologne redevenir indépendante. Est-ce que certains ont rejoint la légion étrangère ? Lien vers le commentaire Partager sur d’autres sites More sharing options...
Kiriyama Posté(e) le 21 juin 2020 Auteur Share Posté(e) le 21 juin 2020 Il y a 2 heures, FoxZz° a dit : Est-ce que certains ont rejoint la légion étrangère ? Aucune idée, l'article n'en fait pas mention. Lien vers le commentaire Partager sur d’autres sites More sharing options...
LunchTime Posté(e) le 21 juin 2020 Share Posté(e) le 21 juin 2020 Il y a 6 heures, FoxZz° a dit : Est-ce que certains ont rejoint la légion étrangère ? Environ 500 000 Polonais vivaient en France avant la guerre. Ils étaient la deuxième minorité nationale (les Italiens étaient les premiers). Beaucoup ont commencé leur service dans la Légion pendant la guerre, pour combattre l'Allemagne. Après la guerre, la motivation était la lutte contre le communisme en Asie et en Afrique. https://www.legionetrangere.fr/index.php/la-fsale/histoire-de-la-fsale/79-infos-fsale/1005-aale-pologne-legion-d-honneur-pour-zygmunt-jatczak Lieutenant Zygmunt Jatczak (né le 1er janvier 1924 à Varsovie), soldat de Kedyw, puis des bataillons "Miotła" et "Czata" dans le soulèvement de Varsovie. Après avoir rejoint la Légion étrangère en 1948, il est devenu légionnaire de la 13e demi-brigade de la Légion étrangère, le même qui, avec la Brigade indépendante polonaise de Podhale Riflemen, s'est illustré dans les batailles de Narvik en 1940. Il a combattu dans les rangs de la brigade au sud de l'Indochine. Décerné à plusieurs reprises pour sa participation au soulèvement et à la lutte en Indochine, y compris Croix de la vaillance et de la médaille militaire. Le 9 juillet 2017, Zygmunt Jatczak a reçu l'ordre français le plus élevé - la Légion d'honneur. Zygmunt Jatczak parle de son service en Indochine: http://polska-zbrojna.pl/home/articleshow/24203?t=-Z-ruin-Warszawy-do-piekla-Indochin# 3 Lien vers le commentaire Partager sur d’autres sites More sharing options...
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