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La Russie et l'Europe ne doivent pas avoir peur de leur interdépendance,

Par Vladimir Poutine, président de la Fédération de Russie. Publié le 22 novembre 2006Actualisé le 22 novembre 2006 : 08h13

(Le Figaro / S. Soriano)

(Le Figaro / S. Soriano).

De par son caractère et ses traditions historiques et culturelles, la Russie fait naturellement partie de la « famille européenne ». Nous ne nous fixons pas pour objectif d'adhérer à l'Union européenne. Mais, songeant aux perspectives à long terme de nos relations, je ne vois pas de domaines fermés à un partenariat stratégique fondé sur l'égalité en droits. Un partenariat reposant sur des aspirations et des valeurs communes.

Il est évident qu'en parlant de valeurs communes on ne saurait négliger la diversité historique de la civilisation européenne unique. Il serait profondément erroné et vain de chercher à imposer ici des matrices « moyennes » artificielles. Je tiens à le souligner : l'expérience des autres pays n'est pas négligée, mais l'État russe, qui existe depuis plus de mille ans, a lui aussi beaucoup de choses à partager avec ses partenaires européens. Notamment son expérience inédite de la coexistence entre les différentes confessions, ethnies et cultures qui s'enrichissent mutuellement.

Ces dernières années, l'Union européenne et la Russie sont devenues l'une pour l'autre des partenaires politiques et économiques de première importance. Nous nous en tenons strictement au principe selon lequel cette coopération ne doit pas être artificiellement opposée aux relations avec les autres pays et régions. Je suis persuadé que cette approche répond aux intérêts de tous, y compris de l'Union européenne.

Nos relations revêtent un caractère réellement évolué et structuré. La coopération sectorielle s'accélère. Le dialogue s'intensifie dans les domaines de la justice et des affaires intérieures. Les ­con­tacts scientifiques, culturels et humains se multiplient. Tous ces processus évoluent de façon ordonnée et méthodique dans le cadre de la création des quatre espaces communs : économie ; liberté, sécurité et justice ; sécurité extérieure ; recherche et enseignement, y compris leurs aspects culturels.

Nos approches des problèmes de la sécurité internationale sont concordantes ([50] ). La Russie et l'UE préconisent le renforcement des régimes universels, en premier lieu du régime de non-prolifération nucléaire. Malgré toutes les divergences d'ordre tactique, nous avons la même volonté de résoudre de façon équitable les problèmes internationaux les plus compliqués, qu'il s'agisse de la situation au Proche-Orient ou du « dossier nucléaire » iranien.

La Russie suit attentivement l'évolution intérieure de l'Union européenne. C'est parfaitement logique : le rythme de développement et les perspectives de nos relations dépendent à bien des égards de la transformation intérieure de l'UE, de la question de savoir si elle restera une association principalement interétatique ou si elle s'adjugera des fonctions supranationales. Nous avons intérêt à ce que notre très grand voisin soit stable et prévisible, et nous espérons que les transformations et les élargissements n'aboutiront pas à la fragmentation de son champ juridique unique. En premier lieu, en matière de garantie de droits identiques pour tous les habitants de l'Union européenne, indépendamment de leur origine, de leur appartenance nationale ou religieuse.

En édifiant notre coopération avec l'Union européenne, nous pensons à l'avenir, nous ne cherchons pas à vivre « au jour le jour ». Je suis persuadé que notre dialogue ne saurait être réduit aux seuls problèmes « sectoriels », certes importants mais tout compte fait techniques, comme les quotas, les tarifs, les mesures antidumping, les normes techniques. Je ne nie pas la nécessité d'en débattre et de les résoudre ensemble. Mais je crois qu'il nous faut songer en premier lieu à ce que nous voulons être les uns pour les autres dans quelques décennies et à ce que nous pouvons faire pour nos concitoyens.

En ce qui concerne l'avenir des processus européens, la position de la Russie est bien connue. L'essentiel est de former un espace économique commun et d'assurer la libre circulation des personnes. De tels pas qualitatifs à la rencontre de l'autre répondent aux intérêts des milieux d'affaires, culturels et scientifiques. Pour réaliser ces objectifs, nous devrons franchir un chemin plutôt long et difficile, mais les points de repère sont tout à fait réalistes. Nombre de nos partenaires dans l'Union européenne partagent cette approche.

Nous allons devoir sous peu engager ensemble le travail sur un nouveau document de base appelé à remplacer l'accord de partenariat et de coopération qui expire bientôt. Nous espérons que le coup d'envoi de ce processus de négociations sera donné au cours du sommet Russie-UE du 24 novembre. Le dialogue avec nos partenaires européens montre que nos positions sont d'ores et déjà proches sur de nombreuses dispositions du futur accord. Nous l'imaginons compact, politiquement solide, tourné vers l'avenir, fixant les buts et les mécanismes d'une coopération égale en droits entre la Russie et l'Union européenne. Ces buts doivent être formulés de la façon la plus claire qui soit.

J'espère que le travail sur le nouveau document de base rapprochera la Russie et l'UE, ne les divisera pas. Les prochaines négociations ne doivent pas se transformer en un échange de griefs. Et, naturellement, nous ne pourrons pas ouvrir une nouvelle page de notre coopération si nous avons peur de l'interdépendance grandissante. Point n'est besoin, à mon avis, de répéter une nouvelle fois que de telles craintes entrent en contradiction avec l'état réel des choses sur le continent européen.

Le problème se situe apparemment sur un tout autre plan. Ceux qui parlent d'un risque de dépendance envers la Russie voient les relations entre la Russie et l'Union européenne dans un registre édulcoré noir et blanc et voudraient les faire entrer dans le schéma suranné « ami-ennemi ». Je le répète : les clichés de ce genre sont loin de la réalité, mais, ancrés dans la mentalité et la pratique politique, ils font naître un risque d'apparition de nouvelles lignes de démarcation en Europe.

Je suis sûr et certain que le passé ne doit pas nous diviser. Nous ne pouvons pas réécrire l'histoire. L'objectif d'aujourd'hui est de construire ensemble l'avenir de la Russie et de l'Union européenne en qualité de partenaires et alliées. La Russie y est disposée. J'espère que la même approche positive l'emportera aussi dans l'Union européenne.

la froideur russe, Poutine me fascine. Ses deux premiers paragraphes, avec des phrases style "mettons les choses au clair, parlons peu, parlons bien" sjt verbe complément sont un chef d'oeuvre à la russe.
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  • 1 month later...

Quand le camarade Vladimir se penche sur un problème, il n'existe plus.

Sur l'immigration :

En Russie, la loi sur l'immigration désorganise les marchés de Moscou

LE MONDE | 18.01.07 | 14h36 • Mis à jour le 18.01.07 | 14h36

MOSCOU CORRESPONDANTE

Sur tous les marchés de Russie, la plupart des étals et des kiosques tenus habituellement par des étrangers sont fermés depuis l'entrée en vigueur, lundi 15 janvier, de nouveaux amendements de la loi sur l'immigration. Officiellement, il s'agit, pour 2007, de légaliser 6 des 10 millions d'illégaux qui séjournent et travaillent sur le territoire de la Fédération de Russie. Selon le service fédéral des migrations, les illégaux forment le gros des étrangers présents en Russie (10 millions sur 15 millions au total).

Dès lundi matin, jour de l'entrée en vigueur de la loi, le service des migrations a envoyé ses inspecteurs sur les marchés. Mais ils étaient déserts. "Les vendeurs étrangers craignaient d'avoir à payer de fortes amendes, alors ils ne sont pas venus", explique Olga, vendeuse de salaisons sur le marché Leningradski. D'origine biélorusse, Olga compte sur la clémence des services de l'immigration en tant que "représentante d'un peuple slave, frère".

Présentées comme "les premiers pas vers une politique d'immigration civilisée", selon le directeur du service des migrations, Konstantin Romodanovski, les nouvelles mesures, censées lutter contre les clandestins, ont désorganisé les marchés, désertés avant tout par les vendeurs originaires des marches sud de la Russie (Caucase, Asie centrale), traditionnellement victimes de la xénophobie ambiante.

Tadjiks, Azerbaïdjanais, Géorgiens, Ouzbeks mais aussi Moldaves et Ukrainiens sont employés "au noir" et pour des salaires de misère sur les marchés, les chantiers de construction ou par les services communaux. Désormais, ils vont devoir laisser leur place aux Russes, comme l'avait préconisé le président Vladimir Poutine à l'automne 2006, au moment du pogrom anticaucasien de Kondopoga (en Carélie, à la frontière avec la Finlande). Le numéro un russe avait alors expliqué vouloir protéger "la population de souche" contre "les spéculateurs qui se remplissent les poches".

Désormais, les employeurs des illégaux devront présenter un contrat de travail faute de quoi ils se verront infliger une amende de 280 000 à 800 000 roubles (8 200 à 23 400 euros). Pour la première fois, des quotas ont été établis pour les étrangers qui travaillent en Russie. Sur les marchés, ils pourront représenter 40 % des vendeurs mais devront avoir totalement disparu au 1er janvier 2008.

Au petit marché de la rue de l'Arbat, en plein centre-ville, les deux étals gérés habituellement par des Azerbaïdjanais ont disparu, l'assortiment s'est appauvri. Au grand marché Dorogomilovski, l'un des plus chers et des mieux achalandés de la capitale, Eldar et son frère Murat, qui gèrent un kiosque d'agrumes et de fruits exotiques, sont inquiets des nouvelles mesures. A terme, ils craignent de devoir mettre la clé sous la porte et de "rentrer à Bakou (Azerbaïdjan>", privant leurs familles d'un revenu mensuel de 250 dollars (près de 190 euros). Pour certaines républiques de l'ex-URSS, comme le Tadjikistan, ces transferts d'argent représentent 30 % du produit intérieur brut. Et puis, "il risque de ne plus y avoir sur les marchés ni mandarines, ni persil, ni brocolis, rien d'autre que des choux, des patates et des carottes", soupire Murat en montrant les étals russes autorisés, dont l'assortiment n'est guère varié.

Huseyn, vendeur sur le même marché, pense que les Russes ne sont pas intéressés à faire ce genre de travail. "Il faut se lever à 3 heures du matin, porter des caisses, refaire l'étal chaque matin, c'est un travail dur physiquement ; s'ils le font, ils refuseront d'être payés comme nous 10 000 roubles par mois (300 euros), ils réclameront le double, ce qui conduira fatalement à une augmentation des prix", explique-t-il.

Dans l'Extrême-Orient russe, la loi a eu des effets drastiques. Ainsi le marché de Vladivostok, déserté par les vendeurs chinois, a été fermé lundi matin, a indiqué la première chaîne de télévision. Les inspecteurs du service des migrations arrivés sur place pour les contrôles en étaient les premiers étonnés. A Moscou, l'optimisme est de mise : "Comme on le voit aux premiers jours de l'application de la loi, il n'y a aucun problème. Les étrangers quittent les marchés et leurs places sont prises par des Russes", s'est félicité mardi Viatcheslav Postavnine, directeur adjoint du service fédéral des migrations.

Les autorités russes envisagent de faire venir du "proche-étranger" (les anciennes républiques soeurs soviétiques) les 300 000 Russes de souche qui y sont restés depuis la chute de l'Union soviétique. Un plan pour les inciter à rentrer a été mis en place par le gouvernement. La seule ombre au tableau est que ces 300 000 personnes ne suffiront pas à compenser le déclin de la population active, chiffré par le service russe des statistiques à 18 millions de personnes sur vingt ans.

Marie Jégo

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C'est malheureux - pour aller souvent en Russie - ce sont justement les "immigrés" qui font tout les sales boulots - corvéables à merci - c'est vraiment une belle connerie - ce sont eux qui font marcher la petite économie ou plutôt l'économie quotidienne - et pour connaitre la qualité de travail russe aucun marchand ne sera remplacé convenablement. Comme d'hab en Russie ce sont toujours les mêmes qui prennent.

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