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Les armes de l' HYPERCONFLIT


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Livre de Jacques ATTALI

" Une brève histoire de l'avenir "

Editions FAYARD , 2006 , 20 euros .

Chapitre " Les armes de l'hyperconflit "

" ..Les futures armes seront essentiellement fondées sur le concept de surveillance ; les armées développeront :

- des infrastructures numériques d' ubiquité nomade

- des systèmes de surveillance de mouvements suspects

- des moyens de protection d'installations stratégiques

- des réseaux d'intelligence économique

- des robots et des drones relaieront les données , détecteront des agents

chimiques ou biologiques ,serviront d'éclaireurs à l'avant de détachements

d'infanterie confrontés à des zones minées ou à des angles morts .

- des logiciels de simulation de combats seront en permanence réactualisés au plus proche des champs de bataille .

De nouvelles unités de combat intégreront des moyens de simulation , de surveillance et de frappe .De nouveaux réseaux et outils d'ubiquité nomade permettront aux combattants de rester connectés et de simuler toutes les situations .

Des vêtements intelligents serviront à fabriquer de nouveaux uniformes .

De nouveaux matériaux permettront de concevoir de nouveaux boucliers .

Des robots serviront de substituts aux combattants .

Des systémes électroniques ( e-bombs ) pourront détruire des réseaux de communication et rendre aveugle et sourde une armée .(dans un avenir proche , il sera possible de fabriquer une e-bombe pour seulement 400 dollars à partir d'un condensateur , d'une bobine de cuivre et d'un explosif )

Des armes chimiques viendront détruire des dirigeants sans pouvoir être détectées ; des épidémies de masse seront déclenchables à volonté ; des armes génétiques complexes seront un jour spécialement dirigées contre certains groupes ethniques .

Des nano-robots de taille d'un grain de poussière , dits " gelée grise " effectueront des missions de surveillance furtive et attaqueront les cellules du corps des ennemis . Puis , lorsque les techniques de clonage animal auront progressé , on confiera ces missions à des animaux clonés ,

à des bombes animales vivantes , à des chimères .

Et les armes de l'avenir seront aussi :

les instruments de propagande , de communication et d'intimidation ... "

à suivre ...

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Non,ça n'a aucun sens ubiquité c'est etre partout à la fois,nomade c'est un mode de vie qui consiste à se deplacer en permanence. Au mieux c'est un pleonasme au pire c'est une absurdité. D'ailleurs je ne vois rien d'"hyper" à la panoplie decrite ici,je dirais meme que c'est plutot modeste.Ou est le successeur de l'arme nucleaire?Apres tout les americains s'amuse bien à financer des recherches sur l'antimatiere.Si on parle de "gelé grise"nanotech,pourquoi pas de bombe à antimattiere.Ce bouquin m'a tout l'air foireux,la moitié des concepts cités ici sont des cliché evident,l'autre c'est de la science-fiction.

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Non,ça n'a aucun sens ( l'ubiquité nomade )

ubiquité c'est etre partout à la fois,

nomade c'est un mode de vie qui consiste à se deplacer en permanence.

Au mieux c'est un pleonasme au pire c'est une absurdité.

.

Voici la réponse de Jacques ATTALI en personne à votre réflexion

sur le concept d' " ubiquité nomade " inventé par JA.

"Le nomade peut aller partout, mais pas à la fois. L'ubiquité lui permet, grâce aux nouvelles technologies, d'agir comme si il était partout à la fois. Ce n'est donc ni un pléonasme, ni une absurdité "

Si vous voulez des explications complémentaires, écrivez-lui :

j@attali.com

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Mais le concept est bancale. Le nomadisme dans l armée est anti nomique avec la notion d efficacité Autant l on peu t concevoir le nomadisme dans certaines situations autant le mode de commandement doit rester statique. Le deplacement des troupes est une evidence sur laquelle je ne vais pas m etendre, mais le nomadisme du commandement est une aberation. En contre partie, l ubiquité du commandement est aussi une aberation. Il doit etre unique pour rester coherent et il ne doit pas tolerer de nomadisme de ses hommes pour rester efficace et dans une unité d action . Et d ailleurs la guerre du Golf III l a amplement demontrée. Les soldats sur le terrain, bardés de capteurs et d outils de transmitions, ont remontés vers le commandement une masse incroyable d info en temps réél, amennant par la, la creation de facto d une certaine ubiquité du commandement. Ou tout du moins au minimul sa dissolution. La masse d info etait trop grande, amennant a faire du micro management, la ou le besoin de vision stratgique se faisait sentir. Perte de la vision stratégique, perte de la vue d ensemble du combat, perte du combat. Et c est encore plus vrai dans ce qui a priori pourrait paraitre le terrain ideal de ce genre de combat , le combat de rue. Il en ressort que ce n est pas parce que le champ de vision du soldat est reduit que le champ du commandement doit l etre aussi . D autre part, le nomadisme des soldats dans l action, facilité par les infos temps réels qu ils recoivent, leur donne une trop grande liberté d action. Et par la meme, ils perdent de vue la vision strategique du combat, puisque ils sont au courant que les potes du paté de maisons d acoté sont pris a partie. D ou la facilité, connaissant le probleme , d aller porter mains fortes aux copains. Le nomadisme, assumé et voulu de ces soldats, souvent a l echelle d un bataillon ou d un regiment participe a l a dissolution du commandement et de son efficacité.... Bref l ubiquité nomade pour les militaires c est un non sens. Mais attali n est pas un militaire et il ne connait rien a ces problemes la , donc on ne peut pas lui en vouloir ...

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Si vous voulez des explications complémentaires, écrivez-lui :

j@attali.com

pour info, pour lui avoir déjà écrit pour un exposé, il répond. Fort aimable le Jacques (j'avais écrit à l'époque sur son mail de l'Express un midi en semaine, ayant supposé qu'il mangeait devant son PC et une h après j'avais ma réponse [27] ).

Sinon, vous êtes assez hautain avec Attali. Ce n'est pas un blaireau tout de même.

Des armes chimiques viendront détruire des dirigeants sans pouvoir être détectées ; des épidémies de masse seront déclenchables à volonté ; des armes génétiques complexes seront un jour spécialement dirigées contre certains groupes ethniques .

Des nano-robots de taille d'un grain de poussière , dits " gelée grise " effectueront des missions de surveillance furtive et attaqueront les cellules du corps des ennemis . Puis , lorsque les techniques de clonage animal auront progressé , on confiera ces missions à des animaux clonés ,

à des bombes animales vivantes , à des chimères .

si ça paraît assez poussé et assez loin, ça me semble rester hautement envisageable.

Et les armes de l'avenir seront aussi :

les instruments de propagande , de communication et d'intimidation ... "

Comment ne pas être d'accord ?!

L'élection présidentielle à venir sera l'une des dernières occasions d'orienter l'histoire de l'avenir. Beaucoup préféreront débattre de questions mineures.

Beaucoup, à gauche comme à droite, pourront encore, le temps d'un sursis, choisir consciemment de ne rien faire, de ne même pas parler de ces enjeux. Ils préféreront discourir sur la grandeur de la France, sans rien faire pour essayer de la maintenir; agiter les menaces qui pèsent sur elle, en se contentant de gérer le déclin à la petite semaine, tout en renvoyant les choix diffi­ciles à leurs successeurs.

C'est un extrait de la fin de son livre et là ça sent la haute clairvoyance, sans doute encore plus que ce qui précède dans son livre !
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L'ubiquité nomade n'est pas un nouveau concept : Cf. Deleuze... Sur le reste... Le gars s'enfonce un peu trop dans son rôle de gourou et la "gelée grise" des nanos, c'est une crainte de certains posthumanistes, pas une chance pour les missions de surveillance...

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Warning :

ATTALI a commis une petite erreur dans son livre , en situant la ville de VENISE sur la mer ... Tyrrhénienne alors qu'elle donne sur l'Adriatique !

Je le lui ai signalé par mail , il a eu l'élégance de reconnaître son erreur

et de me préciser que la 2° édition en tiendrait compte !

Par ailleurs , je rappelle qu'en 1994 , suite à une enquête approfondie ,

il avait publié un autre livre intitulé " L'économie de l' Apocalypse "

relatif à la dissémination , clandestine surtout , de l'arme nucléaire .

Les conclusions étaient absolument effarantes !

Je signale enfin que son dernier livre , celui qui fait l'objet de ce topic ,

est son QUARANTIEME bouquin , en gros il en produit un par an !

Qui sait s'il a des " nègres " ?

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  • 2 weeks later...

Autres extraits du livre d' ATTALI :

...Certains proposeront de renoncer à se défendre , de réduire les budgets militaires , de désarmer unilatéralement , de collaborer avec l'ennemi .

Naîtront alors ces Etats post-nationaux , pacifistes , dont rêve le philosophe allemand HABERMAS

( et moi aussi )

D'autres tenteront de faire preuve d'imagination diplomatique . L' ONU essaiera de mettre en oeuvre les procédures prévues par sa charte pour la négociation , la prévention des conflits , la dissuasion .

Pourque les questions en litige puissent être traitées de façon plus confidentielle , des institutions discrètes de prévention de la violence se multiplieront , sur le modèle de :

- l' OSCE ( Organisation de la Sécurité et de la Coopération en Europe )

- la communauté de Saint Egidio , organisation catholique discrète et efficace

- la fondation du président Carter qui remplit remarquablement ce rôle depuis

plus de 20 ans

- la fondation du président Clinton .

Ces entreprises relationnelles seront des facteurs essentiels de paix .

............

La faiblesse économique de la France pèse sur notre défense et notre politique étrangère .

La France n'a plus les moyens de repenser comme il le faudrait son outil militaire et sa diplomatie .

Elle avait tout misé sur la dissuasion nucléaire pour se protéger du pacte de Varsovie et sur la construction de l' Europe pour édifier une démocratie de marché continentale .

Aujourd'hui il n'y a plus d'Union soviétique et la Constitution de l' Europe est durablement enlisée .

La France n'a plus , ni projet en Europe , ni défense adaptée aux nouvelles menaces .

Elle n'a plus que le dixième budget de défense du monde .

Elle dépense l'essentiel de son budget d'équipement militaire pour un avion dépassé et dont personne à l'étranger ne veut : le RAFALE !!!

Elle n'a pas encore choisi comment se situer entre :

- des Etats de plus en plus crispés

- une Méditerranée de plus en plus dangereuse

- une Russie de plus en plus puissante

- une Chine et une Inde de plus en plus compétitives

- une Afrique de plus en plus misérable

- une économie criminelle florissante

- des entités pirates de plus en plus nombreuses et agressives

Elle n'a que le 18° budget par habitant pour l'aide au développement

Le Français n'est que la 6° langue utilisée sur Internet .

Au moment où s'annonce au loin l'éventualité d'un déclin américain , le déclin français , lui , a bel et bien commencé !

... ... ... ...

Chacun voudra disposer de services et d'accessoires de voyage pour l'ultime traversée :

la valorisation du temps s'étendra à la mise sur le marché de moyens d'atteindre l'éternité !

Au lieu de vendre des " indulgences " , comme jadis l' Eglise de Rome , la marché vendra :

- des services de suicide

- des services de mort médicalement assistée

- de la cryogénisation

- des machines permettant d'organiser des simulacres d'agonie , de semi-suicide , des expériences de presque-mort ,

des aventures extrêmes sans garantie de retour ...

... ... ... ...

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j'ai feuilleté une heure ce bouquin.

Bon, malgré tout le respect qui est du à Attali, il y a des trucs un peu folklo.

En revanche, il me semble terriblement lucide sur la situation internationale à venir.

Je soutiens totalement ses thèses sur :

-l'islamisme (marrant un mec de droite aurait écrit ce qu'il a écrit, on aurait eu le droit au procès en néo-conservatisme) qui va polariser toutes les frustrations du globe (et il y en aura !) pour fonder toutes les revendications. C'est déjà palpable au vu des relations tendancieuses des milieux gauchistes avec l'islamisme radical (Monde diplo, la lettre du sans cravate iranien qui aurait pu être une charte d'ATTAC, Chavez veut avoir une place d'observateur à la Ligue arabe etc). Plusieurs communautés d'intérêt expliquent cela : Dans le monde arabe, les milieux de gauche ont échoué et dorénavant la seule opposition n'est plus celle des progressistes (qui a échouée) mais des islamistes (cf PJD, Frères Musulmans etc les exemples sont innombrables) ; même haine tiers-mondiste de l'Occident en tant que vague concept diabolisé (capitalisme, libéralisme...)

- sur le monde multipolaire qui va être une véritable partie de plaisir : multiplication des intérêts, des revendications et des ambitions = multiplication des tensions voire +. Merci Chirac et les altermondialistes.

- sur l'UE, là ça frôle le chef d'oeuvre je trouve. Il a tellement raison. Si l'UE échoue dans son entreprise de concorde des intérêts nationaux (et non d'uniformisation ça va de soi), ce qui est en train de se passer (cf Europe de l'énergie, qui est tout de même un des fondements de l'UE à la base et que les Russes, les intérêts politiciens -le patriotisme économique- sont en train de saccager). Bref, si l'UE échoue et depuis le NON français on y va à grand pas, l'Europe va redevenir une zone de conflit au même titre que l'Asie, l'Afrique etc Une région comme l'UE, morcellée entre une 30aine de pays ne peut vivre en paix perpétuelle sans modération politique par une union. Quand je lis certains intervenants européens ici, quand je vois certains intérêts ridicules empêcher tout consensus (cf pour nous la TVA dans la restauration), on peut y voir une amorçe du phénomène avancé. Et si la Turquie entre, là, l'UE politique ne sera plus qu'un vieux rêve et ce ne sera qu'un lieu de libre échange économique fort précaire.

-l'UE impotente et en déclin va se réfugier dans les bras des USA.

Ce livre est d'un pessimisme saisissant et les rares tentatives de nuance sont annecdoctiques (Jaurès, Hugo etc ont songés à des choses qui semblaient infaisables à leur époque).

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Merci pour votre analyse , SAMSON ! Mais ATTALI précise bien ceci : s'il décrit des futurs aussi alarmants, c'est , entre autres , pour inciter les décideurs à agir au maximum , de façon éclairée , afin d'éviter la réalisation de scénario - catastrophe !

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  • 2 weeks later...

Une itw d'Attali, intéressante mais trop courte, on ne peut pas trop en demander au Monde. La dernière question est vraiment typique du Monde, new-wave-Centre-Gauche-j'aime les idées nouvelles parce qu'elles sont nouvelles- Sciences Po-I love Pascal Lamy-Démocratie participative-Nouvel Obs-J'aime bcp Clinton etc

Bref, un des rares socialistes respectables, donnons lui la parole :

Entretien avec Jacques Attali, ex-conseiller de François Mitterrand

La démocratie à l'épreuve du futur

LE MONDE | 06.01.07 | 14h20 • Mis à jour le 07.01.07 | 09h37

Face au réchauffement climatique, à la raréfaction de l'eau, à la gestion future de 9 milliards de Terriens, dont 6 milliards dans des villes, nos sociétés démocratiques n'ont-elles pas une vraie difficulté à penser l'avenir ?

Le grand problème de la démocratie, c'est qu'aujourd'hui il n'est presque plus possible à un dirigeant d'être provisoirement impopulaire. C'est pourtant ce que doit pouvoir être un homme d'Etat qui pense au long terme. [13] Cette incapacité à se projeter dans l'avenir risque de ne pas s'améliorer, alors qu'un peu partout on commet l'erreur de réduire la durée des mandats. Prenez l'exemple du financement des retraites, un énorme enjeu pour les prochaines décennies : la situation est catastrophique dans de nombreux pays, notamment en France. Chaque année, l'argent que l'on est supposé y consacrer est utilisé à autre chose. Il suffirait même de comparer les fonds de réserve créés pour la retraite pour avoir un index de la préoccupation du long terme selon les pays.

De fait, la fonction de prévisionniste connaît un discrédit quasi général. Sans doute souffre-t-elle de son utilisation par le système soviétique, qui assimilait prévision et propagande. Les entreprises, en particulier familiales, ont mieux compris que les Etats qu'il faut changer sans cesse pour durer. Paradoxalement, les nations - qui sont appelées à durer plus que les entreprises - se crispent trop souvent sur le maintien du présent et refusent de changer : l'incapacité de penser l'avenir, c'est le refus d'organiser le changement.

Quelles peuvent être les conséquences de cette incapacité ?

Les dangers à venir, notamment ceux liés à la montée générale de la précarité, n'ont pour l'instant pas de réponse. Et c'est cela qui fait peur. Cette difficulté des démocraties face à l'avenir entraînera, une fois de plus, des crispations. Les totalitarismes nationalistes ou religieux refont surface. On voit même poindre des totalitarismes involontaires. Comme dans la bouche de Nicolas Hulot, certainement un démocrate sincère, mais qui affirme qu'aucune décision ne doit être prise dans aucun domaine sans être soumise au diktat écologique. Un totalitarisme vert va-t-il apparaître ? Ce n'est pas impossible. Dans un autre domaine, je n'oublie jamais que le premier à avoir mis en application la politique des grands travaux de Keynes s'est appelé Mussolini, que le deuxième a été Hitler. Roosevelt ne fut que le troisième.

Quels sont, dans l'histoire, les moteurs de la prévision ?

Il y en a deux. Le premier est une vision mégalomaniaque du dirigeant qui veut laisser une trace : elle le pousse à réfléchir à ce qu'il est utile de faire à long terme. Comme François Mitterrand, par exemple. Il ne désirait pas seulement inscrire son nom sur un bâtiment, mais aussi savoir ce qu'on penserait de lui trente ans plus tard. Cela l'a conduit à s'entourer d'un personnel politique très jeune, car, expliquait-il, "on dira que c'est grâce à moi qu'ils sont entrés dans la carrière". Cette prémonition se vérifie aujourd'hui avec Ségolène Royal et la nouvelle génération qui est aux marches du pouvoir.

Le second moteur consiste à s'appuyer sur la peur pour justifier d'agir à long terme. Par exemple, la construction européenne - qui commence en 1947-1948 avec la guerre froide et se termine avec la chute du mur de Berlin en 1989 - se fait sur quatre peurs : celle du retour du démon allemand, celle du retour de la lâcheté française, celle de la puissance soviétique, et enfin celle du départ de l'armée américaine. Aujourd'hui, ces quatre peurs ont disparu et du coup la construction de l'Europe est en panne.

Entre les Etats-Unis, l'Asie et l'Europe, qui est le mieux armé pour penser le futur ?

Certainement les Asiatiques. Par peur et par mégalomanie, les Indiens et les Chinois jouent avec plusieurs coups d'avance. Même si, pour ces immenses nations, les paramètres à prendre en compte sont extrêmement nombreux. Aux Etats-Unis, la communauté qui pense l'avenir est infiniment plus nombreuse qu'en France et les think tanks y sont très respectés. Les mieux armés sont, selon moi, les petits Etats. Il est vrai que les équations pour penser l'avenir y sont plus simples. Singapour, 2 millions d'habitants, des ennemis à ses portes, sait qu'il lui faut une forte armée, pas trop d'étrangers, parier sur les hautes technologies et, surtout, être capable d'attirer des élites. La Corée du Sud, avant d'opter pour une stratégie concernant la Corée du Nord, a envoyé des experts en Allemagne. Ils en ont déduit qu'une réunification trop rapide serait une folie, donc ils la retardent au maximum et pensent à long terme cette transition.

En Israël, prévoir l'avenir est une question de vie ou de mort. Cela a conduit à une stratégie à long terme, secrète, très intéressante, sur les nouvelles technologies et la nature de la guerre. La Norvège, qui n'a que 4 millions d'habitants et dont la conscience environnementale est ancienne, est la seule puissance pétrolière à avoir mis en place un fonds de réserve de plus de 200 milliards de dollars pour alimenter les retraites et financer la reconversion du pays quand il n'aura plus de pétrole.

Quelles peuvent être les solutions pour les démocraties des grands pays ?

Une des réponses actuelles est le rajeunissement de la classe politique, alors que le monde vieillit. Le pouvoir est ainsi donné à des personnes qui vont en rendre compte pendant vingt ans, d'où leur intérêt à s'occuper du long terme. C'est déjà fait partout dans le monde, sauf en France. L'opinion publique va dans ce sens. Les jeunes sont mûrs plus tôt. Même s'ils ne votent pas, ils s'inquiètent du monde qu'on va leur laisser. D'autant plus qu'ils ont à leur disposition des moyens d'expressions de plus en plus efficaces : Internet, les blogs, le Web 2.0.

Les démocraties arriveront-elles assez vite à se projeter dans l'avenir ? Rien n'est moins sûr. Le retour de la dictature est possible. Ainsi, dès aujourd'hui, l'émergence des nouvelles technologies et des techniques de surveillance menace les libertés individuelles. Il faut donc les intégrer dans une nouvelle conception du droit. Si cela n'a pas lieu, le XXIe siècle sera peut-être aussi terrible que le XXe siècle, avec la même parenthèse totalitaire (1917-1989), mais avec encore plus de dommages.

Un gouvernement mondial pourrait-il nous aider à penser l'avenir ?

Les intérêts des grandes nations sont contradictoires. Et elles ne sont tombées d'accord qu'après des crises majeures : la Société des nations est née après la première guerre mondiale ; les Nations unies après la seconde. Il ne faudrait pas que nous attendions la troisième pour mettre en place un gouvernement mondial. Le projet est assez simple - fusionner le Conseil de sécurité et le G8.

Cette solution serait légitime et représentative. Les Chinois et les Indiens y ont intérêt. Encore faudrait-il que les Européens et les Américains le veuillent. Mais là, Shakespeare, et ses luttes de pouvoir, reprend ses droits.

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