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Chirac d'Arabie, les mirages d'une politique française


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J'ai trouvé ce petit billet sur un blog traitant d'un bouquin dont je n'avais pas entendu parler, écrit par des journalistes de Libé (!) :

Encore un ouvrage (1) qui critique la politique pro-arabe de la France. Son originalité réside dans le fait que les auteurs sont des journalistes du quotidien Libération, journal qui n’est pas habituellement un laudateur d’Israël ni un adepte du sionisme. Leur analyse de la politique de M. Chirac n’en est que plus objective.

En bref, ces auteurs résument son bilan « à une pléthore d’enterrements : Rafic Hariri, l’ami libanais assassiné ; Hassan II, le confident et intime marocain ; Hafez-el-Assad, le rude partenaire syrien ; cheikh Zayed, le patron respecté des émirats, mais aussi le roi Fahd d’Arabie, le roi Hussein de Jordanie… », pour « un immobilisme qui va entraîner une série d’échecs : le traité d’amitié avec l’Algérie…le processus de paix au Moyen-Orient… »

Et de conclure : « Une nouvelle page de la diplomatie française reste à écrire, moins tonitruante, plus efficace ». En effet, depuis 10 ans notre diplomatie est inopérante, inconséquente, et dangereuse pour nous comme pour les autres :

* INEFFICACE, parce que les pourparlers tenus pendant plus de 4 ans avec l’Iran se sont terminés par une fin de non-recevoir humiliante ; parce qu’aucun succès n’est venu couronner notre implication dans le conflit israélo-palestinien ; parce que notre « amicale » (2) pression n’a pas permis d’obtenir la coopération de Saddam Hussein et d’éviter la guerre ; parce que nos efforts pour mettre nos ressortissants à l’abri des rapts ont été vains ; parce que même nos contingents militaires n’empêchent pas les tueries « entre tribus arabes et non arabes » au Tchad (3) ; parce que le multilatéralisme, pierre angulaire de notre politique étrangère, est un échec absolu au Darfour et au Soudan où, les exactions des « miliciens de tribus arabes» (4) ont déjà abouti à des centaines de milliers de morts et deux millions de personnes déplacées.

* DANGEREUSE pour le monde occidental pour trois raisons :

1°) Elle risque de provoquer l’isolement des Etats-Unis.

« L’homme qui n’aimait pas l’occident » (5), mettrait en danger la civilisation occidentale en cas d’isolement définitif du peuple américain. « Après l'engagement brutal de George Bush dans le monde, l'Amérique pourrait vouloir se désengager rapidement. Et ceux qui dénoncent son impérialisme risquent de regretter bientôt son indifférence » (6).

2°) Elle rend possible la dissémination des armes nucléaires dans des états belliqueux.

Des états belliqueux se livrent à la provocation, assurés que nos démocraties sont trop faibles pour réagir, en raison de leur opinion publique, de leurs intérêts contradictoires, enfin de l’absence de dirigeants résolus. Proposer des sanctions économiques est illusoire, d’autant que, comme par le passé, elles seront détournées pour permettre l’enrichissement de quelques diplomates (7, 8), ceux qui justement élaboraient et faisaient voter à l’ONU la fameuse résolution « pétrole contre nourriture en Irak ».

Le multilatéralisme, prôné par la France, est une conduite inappropriée tant la paralysie des Nations-Unis est évidente. Seuls, des alliés unis et résolus, peuvent obtenir l’adhésion à la fermeté de la part de la Chine et de la Russie, car ces deux pays, actuellement en plein développement, n’ont aucun intérêt à voir débuter une conflagration.

3°) L’existence de l’Etat d’Israël.

La France s’est efforcée de mettre fin au conflit Israélo-Libanais. Nous ne pourrions que nous en féliciter, si les différents points de la résolution 1701, élaborée par la France et votée par le conseil de sécurité de l’ONU, étaient appliqués, voire applicables. Mais, aucun des points portant sur le contrôle et l’arrêt des trafics d’armes, sur le désarmement du Hetzbollah, ainsi que sur la libération sans condition des soldats israéliens ne connaît pas le moindre début de commencement. Le secrétaire général de l’ONU a pourtant rappelé que « la résolution était un menu et non une carte dans laquelle on choisirait les plats ». La France ne paraît pas de cet avis.

En effet, le général français, commandant de la FINUL, considère que les survols du territoire libanais par des chasseurs israéliens ( rendus nécessaires en raison de la persistance des approvisionnements en armes du Hetzbollah) sont la « principale préoccupation de la FINUL ». La ministre des armées dramatise cette affaire. Mais qui, sérieusement, pourrait imaginer qu’un « petit pays de m… », ainsi désigné en 2001 par notre ambassadeur à Londres, pourrait s’attaquer militairement à la France et lui infliger un Pearl-Harbour ? Dans quel intérêt le fait-elle sinon pour appliquer la politique pro-arabe de M. Chirac (9)?

Avant le début de la guerre du Liban, la France disposait d’un contingent à la frontière israélo-libanaise et deux résolutions du Conseil de Sécurité prévoyaient le désarment du Hetzbollah. A cette époque, nos forces regardaient-elles déjà les avions passer et négligeaient-elles de regarder sous leurs pieds les tunnels qui étaient creusés ? Des casemates de béton, des transports de milliers de missiles n’ont pu être réalisés dans le silence et hors de la vue des « observateurs » es-qualité. Si tel était le cas, ce serait mal augurer du succès de l’actuelle force d’interposition.

Si notre pays n’est pas dupe, alors il devient complice. Cinquante ans après avoir porté Israël sur les fonts baptismaux, compte-t-il assister serein à sa disparition ?

Admettons qu’un jour les nations se désintéressent de son sort, comme elles l’avaient fait en 1938 de celui de la Tchécoslovaquie, alors de nouveau nous aurons perdu l’honneur sans empêcher la guerre. Car nos diplomates peuvent-ils écarter le fait que ce pays dispose des moyens de « faire chèrement payer sa peau » ? Or, par une politique plus équilibrée, ils auraient réussi à dissiper chez les jusqu’au-boutistes le fantasme de sa disparition.

En définitive, « tout Chirac est là : une grande clairvoyance sur les transformations profondes en cours, mais aussi une incapacité à en déduire autre chose qu’un immobilisme théorisé » (10). Admettons la clairvoyance, mais alors pourquoi l’immobilisme ? « Il y a toujours deux individus en chacun, et le vrai, c’est l’autre » (11).

1- Eric Aeschlmann et Christophe Boltanski : Chirac d’Arabie, les mirages d’une politique française, 2006, Grasset, 430 pages.

2- « Vous êtes mon ami personnel. Vous êtes assuré de mon estime, de ma considération et de mon affection » (5 septembre 1974). In : Chirac d’Arabie, les mirages d’une politique française, op cité, page 64

3- Le Monde du 15 novembre 2006

4- La Provence du 14 novembre 2006.

5- « L’homme qui n’aimait pas l’Occident ». In : Chirac d’Arabie, les mirages d’une politique française op cité, page 31

6- Nicole Bacharan, auteur de « Faut-il avoir peur de l’Amérique ? » (Seuil). Le Figaro du 11 novembre 2006.

7- “Scandale au Quai d’Orsay”. Le Figaro 15 octobre 2005 .

8- L’express du 20 octobre 2005 : « celui qui est à l'origine de l'opération «Pétrole contre nourriture», votée par le Conseil de sécurité n'est autre que… Jean-Bernard Mérimée. C'est lui qui a négocié son contenu avec le ministre des Affaires étrangères irakien Tarek Aziz ».

9- « La prochaine fois, on tire ». Le Canard Enchaîné du 15 novembre 2006, page 2

10- Chirac d’Arabie, les mirages d’une politique française, op cité, page 148

11- Jorge Luis Borges. Ecrivain argentin. (1899-1986).

Image IPB

Le quatrième :

Voici venu le temps du bilan pour Jacques Chirac. Pour beaucoup de Français, il reste l'homme qui a dit non à la guerre en Irak. L'homme du dialogue et de la main tendue. L'ami des Arabes, en somme. La réalité est moins simple, moins flatteuse aussi. Les auteurs de Chirac d'Arabie, après une enquête fouillée, établissent ici le portrait d'un chef d'Etat en homme qui n'aime pas l'Occident et que l'Orient captive. Depuis son service militaire en Algérie jusqu'à sa prise de position sur le Liban, le président louvoie entre la prudence stratégique, le courage de façade, et le prisme colonial. Ce livre sans concessions ouvre l'inventaire de notre politique étrangère : contrats d'armement et conseils paternalistes, relations personnelles et intermédiaires. Chirac a-t-il sciemment vendu la technologie nucléaire à Saddam Hussein ? A-t-il fait retarder la libération des otages français au Liban ? Pourquoi s'est-il montré si complaisant envers les leaders autocrates, d'Hafez el-Assad à la famille royale saoudienne, de Mohammed VI à Bouteflika ? A-t-il pris le parti d'Arafat contre Israël ? Comment expliquer son soutien indéfectible au clan Hariri ? la politique arabe de la France, emblème national, est-elle simplement en voie de disparition ?

Inutile de préciser que devant tant de lucidité, je suis fou de joie.

J'irai acheter Libé demain en guise d'aumône (je ne le lierai pas).

J'aurai pu mettre ce topic dans l'insoutenable agonie de la diplomatie française...

Quand de Politique Internationale à Libération on est d'accord c'est qu'il y a un gros hic.

Jacques Chiwââââc disait la chanson.

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lol Fenrir, j'aime bien me caricaturer et figures-toi qu'il m'arrivait de lire cette daube.

Mais là depuis la fatwa contre Sarko digne des plus belles heures de l'Huma qui recevait ses scriptes de Moscou et le parachutage de Plenel par Galouzeau (vraiment à gerber, on se croirait sous l'Empire) illustrant à merveille la maxime "les ennemis de mes ennemis sont mes amis", c'est au-delà de mes capacités.

Et puis je n'aime pas Sartre cf le feuilleton, enfin la 2ème série de notre service public impartial, sur Sartre qui a quand même la particularité avec plusieurs auteurs (style Planiol en droit, Jean-Jacques Servan-Schreiber qu'on a acclamé alors qu'il puait l'opportunisme et s'est tjs planté dans ses choix) d'avoir tjs eu tort, de se faire constamment désavoué par l'Histoire : sur la Résistance, sur la décolonolisation et DG, sur le marxisme et la liberté... etc C'est au moins l'intérêt de ces feuilletons, ça montre qu'il avait tout faux sur toute la ligne quand ses ennemis, DG et Aron ont eu tout bon. J'adore ces pseudo-génies style Sartre (qui n'a pas eu à le lire?) qui en réalité ont eu tout faux.

Sinon, pour Libé, ce n'est pas un mythe que son électorat est 100%bobo-commerce équitable-j'aime beaucoup l'art moderne-parisiano-parisien-je suis pour la carte scolaire, même si je mets mes enfants dans le privé.

Pour le bouquin, avouons que c'est surprenant venant de Libé.

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N'est-ce pas trop tôt pour établir un jugement sur un président encore en activité Samson? Certes je suis également circonspect quant à ses décisions en matière de politique étrangère mais connaissons-nous tous les éléments pour pouvoir le critiquer? Il est vrai que cette politique pro-arabe de la France ne nous a jamais vraiment démontré son efficacité et n'est peut-être plus d'actualité. Cependant, un peu de recul ne serait pas de trop...

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