Wallaby Posté(e) le 2 octobre Share Posté(e) le 2 octobre Ou encore quelle histoire étudier ? sur toutes ces questions je voudrais renvoyer à ce post, peut-être aussi pour éviter de le perdre, qui explique pourquoi il ne faut pas se contenter de l'histoire récente ou contemporaine ou moderne, car suivant l'auteur, c'est l'étrangeté du passé, son dépaysement qui le rend précieux en nous préparant aux surprises du futur : Le 01/04/2024 à 20:03, Wallaby a dit : https://warontherocks.com/2024/02/learning-lessons-from-the-prussian-past/ (12 février 2024) Le passé est un pays étranger (The past is a foreign country) dit la célèbre citation. Malheureusement, il semble souvent que les "guerres étrangères" menées avant 1900 soient trop lointaines pour trouver leur place dans notre analyse politique. Et si nous ne comprenons pas la guerre de Sept Ans, nous ne pouvons pas comprendre pleinement les avantages possibles de la patience stratégique en Ukraine aujourd'hui. Comme l'a récemment fait remarquer Paul Lockhart, historien militaire de renom, l'écrasante majorité des historiens militaires aux États-Unis se concentrent sur des sujets postérieurs à 1900. Ils sont encore moins nombreux, environ 20 %, à étudier l'histoire militaire avant 1815. Un article récent de War on the Rocks affirmait à juste titre que l'une des principales valeurs de la pensée historique était "la capacité de penser en dehors des paramètres du présent", plutôt que de tirer des leçons concrètes. Mais en même temps, les exemples spécifiques cités dans cet article ne remontaient pas plus loin dans le temps que 1938 - toujours de mémoire d'homme. Prenons le cas de la fin des guerres, une question urgente qui préoccupe les États-Unis en Ukraine. How Wars End de Dan Reiter, la principale étude universitaire sur le sujet, ne remonte qu'à la guerre de Sécession. L'ouvrage de Gideon Rose, intitulé de la même manière How Wars End : Why We Always Fight the Last Battle (Pourquoi nous livrons toujours la dernière bataille) de Gideon Rose examine une période encore plus courte, uniquement les guerres depuis la Première Guerre mondiale. Même des institutions telles que l'Académie militaire des États-Unis à West Point réduisent l'enseignement obligatoire de l'histoire militaire avant 1900 pour les élèves officiers. L'académie a supprimé ce contenu obligatoire en 2018, bien qu'il soit toujours possible de le suivre en tant qu'option. Il s'agit d'un problème non seulement dans l'enseignement militaire professionnel, mais aussi dans la profession d'historien au sens large. Entre 2004 et 2017, environ 80 % des historiens diplômés ont étudié des sujets postérieurs à 1800, le nombre de doctorants étudiant l'époque antérieure à 1800 ayant chuté précipitamment. Compte tenu de la formation spécialisée en langues et en paléographie nécessaire pour accéder à cette partie du passé humain, il n'est pas exagéré de dire que nous perdons la capacité de former les futures générations d'historiens qui souhaitent se spécialiser dans les sujets antérieurs à 1800. On ne peut pas très bien penser en dehors des paramètres du présent si tout le monde étudie le 20e siècle. 1 Lien vers le commentaire Partager sur d’autres sites More sharing options...
Wallaby Posté(e) le 2 octobre Auteur Share Posté(e) le 2 octobre Et pour continuer, voici une intervention du général Mattis à la Hoover Institution de Stanford : 24 septembre 2024. 3:28 J'ai envie de vous dire que quelle que soit votre spécialisation, que ce soit les mathématiques, ou l'intelligence artificielle, le numérique, quoi que ce soit, assurez vous d'étudier suffisamment d'histoire pour pouvoir l'appliquer. 3:52 Si c'était à refaire, si j'avais su tout que j'aurais à affronter dans ce monde, quand j'avais votre âge, croyez moi si vous voulez, c'était au millénaire précédent, j'aurais fait une licence d'histoire. Parce que lorsque vous savez ce que les hommes et les femmes ont fait dans une situation similaire, soit avec succès, soit en échouant, vous apprenez des deux et vous pouvez mieux vous guider. Si vous n'en êtes pas capable, si vous ne pouvez faire d'histoire appliquée, c'est comme si vous alliez chez le fleuriste, achetiez des fleurs coupées, les plantiez dans la terre en leur disant : "maintenant poussez !". Elles n'ont pas de racines. Elles vont mourir. Vos politiques vont mourir si vous ne pouvez pas appliquer l'histoire. 1 Lien vers le commentaire Partager sur d’autres sites More sharing options...
Wallaby Posté(e) le 5 octobre Auteur Share Posté(e) le 5 octobre Et deux citations que j'aime bien : Tocqueville : « le passé n’éclairant plus l’avenir, l’esprit marche dans les ténèbres ». Faulkner : « The past is not dead, it is not even past » (le passé n'est pas mort, il n'est pas même passé) Cette dernière version de l'histoire, romanesque, c'est la mémoire, qui est si on n'y prend garde, un mythe, et face auquel il convient d'adopter un esprit critique. Mais il faut en même temps soupçonner que c'est cette version mémorielle et mythique de l'histoire, cette version sauvage de l'histoire qui va motiver les hommes du présent, insuffisamment informés qu'ils sont des critiques des historiens, à agir. 1 Lien vers le commentaire Partager sur d’autres sites More sharing options...
Wallaby Posté(e) samedi à 17:14 Auteur Share Posté(e) samedi à 17:14 6 novembre 2024 30:08 Victor Davis Hanson : Je pense aussi que chaque historien, qu'il l'exprime ouvertement ou non, présuppose que la nature humaine reste constante dans l'espace et le temps. Et on a un affrontement entre la vision thérapeutique de l'histoire et la version tragique de l'histoire. Autrement dit, dans notre époque moderne nous croyons que si vous donnez aux gens assez de pouvoir, de technologie, d'amélioration des conditions matérielles, ils peuvent changer, constituer un "homme nouveau" comme l'Union Soviétique. Donc l'histoire n'est pas nécessaire puisque l'homme nouveau réagit si différemment de l'homme ancien, que ce serait vain. Mais je pense que tous les historiens remontent au puissant texte de Thucydide, quand il dit que cette histoire sera utile dans l'avenir, non pas parce que les guerres seront les mêmes, mais la nature humaine est immuable, et les mêmes principes et les mêmes idées et agendas réapparaîtront dans des contextes différents. (...) Nous sommes toujours les mêmes hommes que les Grecs ou les Romains, et nos appétits sont ce qui nous motive. Donc si vous pouvez saisir une guerre ou une crise diplomatique du passé, ou une présidence, ou comme Andrew, une grande biographie, (...) nous allons aider les gens à comprendre le présent en élucidant le passé parce que nous sommes les mêmes gens. Lien vers le commentaire Partager sur d’autres sites More sharing options...
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