Mannix Posté(e) le 2 février 2007 Share Posté(e) le 2 février 2007 Depuis que je vois des posts sur le nucléaire,... y-at-il des personnes qui connaissent cette "Bible": AFFAIRES ATOMIQUES de Dominique Lorentz? Voici quelques passages importants du livre (le plus interressant étant celui sur l'Iran...) Résume à partir d’extraits du livre compilés Un livre monument sur l’histoire du nucleaire et des relations internationales. L’auteur à partir de sources "ouvertes" (journaux, revues specialisees, rapports officiels,depeches d’agence ...) reconstitue l’histoire du nucléaire dans le monde et les verités généralement passées sous silence. Et montre comment les Etats-Unis ont joué un rôle clé dans la dissémination de la bombe atomique, utilisant le transfert de technologies nucléaires comme un puissant outil de politique étrangère pour combattre l’Union Sovietique. Officiellement, les Etats-Unis sont opposés à la dissémination de "la bombe". Mais au sortir de la deuxieme guerre mondiale, ils considéraient que l’Europe était vulnérable à une invasion soviétique. En cas d’attaque soviétique il ne pouvaient rien faire sinon déclencher une guerre atomique. La "meilleure" solution consista donc à armer les pays exposés pour leur permettre de se protéger eux-memes. En cas d’attaque, les soviétiques s’exposaient à une riposte nucléaire, sans que les Etats-Unis soient en première ligne. Les américains ont ainsi, armé leurs alliés, avançant leurs pions sur l’échiquier géopolitique mondial, pour endiguer toute avancée communiste. Plus tard, le transfert des technologies atomiques fut un élément clés de la politique extérieure américaine pour retourner des pays alliés de l’union sovietique (comme l’Egypte) et les attirer vers le camp occidental ou pour consolider les alliances existantes. C’est ainsi que l’Inde et le Pakistan, pourtant ennemis mortels ont été equipés l’un et l’autre par les occidentaux, sous contrôle discret de la Maison Blanche. Les Etats-Unis ont donc eu intérêt à organiser la dissémination. Toutefois la législation américaine interdisait l’exportation du savoir-faire nucléaire. Et la revelation publique de ces transferts n’etait pas envisageable. Pour contourner ce problème et éviter de débattre leur strategie au Congres et en public, les différents présidents américains ont donc adopté une méthode de dissémination indirecte et transitant par d’autres acteurs. Les debuts de la prolifération Il fut d’abord décidé d’armer la France pour qu’elle puisse protéger l’Allemagne de l’ouest et plus largement l’Europe de la menace soviétique. Mais il fallait pour cela trouver un moyen de contourner la législation américaine. Or, d’un autre côté, de nombreux experts nucléaires ayant participé au programme américain étant juifs, Israël possédait le savoir faire de la bombe avant même sa création. N’ayant que des ennemis dans la région, il était l’allié idéal pour les américains. Lui donner la bombe permettrait d’assurer sa survie face aux pays arabes. Dans les années 50 la stratégie américaine a donc consisté a coupler les programmes nucléaires israéliens et français. Israël apportant le savoir faire et les technologies, tandis que la France apportait la puissance industrielle (en très grosse partie grâce a une aide militaire américaine et a l’argent du plan Marschall). Ils ont ainsi pu développer en parallèle leur bombe atomique. Contrairement a la légende, c’est Israël qui a fourni la bombe a la France et non l’inverse. Un petit mensonge vaut mieux qu’un grand débat Plus tard et pour d’autres raisons de politique étrangère, les américains ont decidé d’initier d’autres alliés à la technologie nucléaire. Mais tout ça ne pouvait pas se faire au grand jour. C’est la que Dominique Lorentz démonte le mécanisme de la prolifération caché sous les cooperations. De façon constante, les accords de coopération sont présentés comme des projets d’ "applications civiles" de l’énergie nucléaire. Peu importe que les contrats soient abérants au regard des richesses énergétiques des pays acheteurs.Un petit mensonge vaut mieux qu’un grand débat. Les pays pétroliers tels l’Irak, L’Egypte, l’Arabie Saoudite ou l’Iran ont ainsi été dotes d’installations nucléaires qu’aucun projet de production d’électricité ne peut justifier. Peu importe aussi que l’énergie nucléaire soit une option très onéreuse pour les pays en développement, tous ceux qui ont pu se sont jeté dessus. Officiellement, les matériels livrés aux pays acheteurs appartiennent à la catégorie des équipements a vocation civile. Mais les dirigeants des pays exportateurs oublient de préciser que ces installations pourraient aussi bien rentrer dans le classement des fournitures à usage militaire. Toute l’astuce est là. La quasi totalité des technologies utilisées dans l’industrie nucléaire est "duale". Les experts entendent par là qu’elles peuvent servir indiféremment à des applications civiles ou militaires, cette réalité étant connu depuis les origines de la bombe atomique. C’est ainsi que l’Inde equipée de reacteurs fournis par le Canada et aidée par des physisiciens francais a developpé son programme nucleaire. La proliferation s’organise A partir de 1955, le Canada signa un accord avec les Etats-Unis : il renoncait à detenir la bombe atomique, mais il lui était possible, sous reserve d’un agrément de la Maison Blanche, d’exporter des technologies américaines. Les Etats-unis eurent donc recours à lui dès les premiers temps de la prolifération. Ils durent cesser d’utiliser ce pays, suite à la révélation de son implication dans la nucléarisation de l’Inde, après que celle-ci eu réalise son premier essai atomique. Dans les annees 70, le commerce nucléaire passa brutalement de la petite industrie à l’industrie lourde. Les réacteurs de recherche laissèrent place à de véritables centrales nucléaires, tandis que le traitements des combustibles devint une activité organisée à l’échelle planétaire. Les américains, inventeurs et propriétaires de ces technologies, en déléguerent la commercialisation à trois partenaires : le Canada, la France et l’Allemagne féderale. On apprends ainsi que toutes les centrales nucléaires construites en France ou vendues par les francais sous la marque Framatome furent des equipement Westinghouse (compagnie US). De même, tous les réacteurs implantés par les societes allemandes AEG, KWU et Siemens étaient estampillées General Electric (US) ou Westinghouse. Les accords de license garantissaient aux américains un contrôle absolu sur ces matériels. Aucune vente à l’étranger ne pouvaient se décider sans leur consentement. Ainsi les competitions qui donnaient l’impression d’opposer les societes Westinghouse, Siemens et Framatome ne furent que des faux combats, illusion brouillant les pistes. Dans tous les cas les contrats furent passés sous l’autorite des Etats-Unis, ceux-ci ayant toujours conservé le monopole du commerce nucléaire, mais de facon moins voyante. Par exemple, la part de matériel vendu par les Etats-Unis étaient de tombée de 85% en 1972 a 40% en 1976, le couple franco-allemand assurant 45% la part du marché. Cela ne changeait rien sur le fond, mais donnait l’impression que les Etats-Unis disséminaient moins de technologies qu’avant. Ainsi, usant habilemement de ce stratagème, les américains sous-traitèrent la dissémination nucléaire à leur alliés, France en tête, qui engagèrent à leur place les coopérations nucléaires qui étaient décidées à Washington, pour poursuivre cette politique d’endiguement du communisme. Quand une coopération devenait trop voyante, elle était déléguée a un autre pays. Une petite opération étant moins visible qu’une grosse, la méthode a ensuite consisté à répartir les ventes d’équipements nucleaires entre différents fournisseurs. La multiplication des intervenants brouillant les pistes et la découverte éventuelle d’une simple fourniture n’entraînant pas la révélation du programme nucléaire du pays acheteur. Hypocrisie diplomatique On trouve dans le livre des perles d’hypocrisie, comme cet extrait d’une conversation entre Henry Kissinger et Zhou Enlai dans les années 70. Au premier ministre chinois qui s’enquit de l’aide que les américains pourraient apporter au programme nucléaire militaire de la Chine, Kissinger repondit : " Vous avez notre accord. Comme souvent, nous passerons par les Francais. Nous émettrons des protestations, mais n’en tenez bien entendu aucun compte." Les deux hommes rirent alors de leur bonne blague. Quant aux mesures de contrôle, censées prévenir la prolifération, tout laisse à penser qu’elles n’avaient pour but que de rassurer l’opinion publique , comme les "protestations" qui faisaient rire Kissinger. Le traité de non-proliferation signé en 1968 s’il interdisait la posséssion d’armes nucléaires, n’empêchait pas de parcourir le chemin qui y parvenait, jusqu’aux 5 dernières minutes. En encourageant la coopération entre ses membres, il s’agissait plutôt d’un traité organisant la prolifération. Quant à l’Agence internationale de l’énergie Atomique (AIEA) chargée de contrôler les installations nucléaires de ses 118 adhérents et de garantir la nature pacifique des travaux , elle effectue des inspections annoncées à l’avance, dans les installations declarées par les Etats membres et n’a pas le droit de s’assurer par elle-même qu’un Etat ne dispose pas d’installations clandestines. L’agence ne dispose de toute façon d’aucun pouvoir de sanction contre les pays contrevenants. Enfin les pays inspectés ont le droit de choisir la nationalité des experts qui viennent les visiter. Or, lors des contrôles, les experts peuvent apprendre des rudiments de la fabrication d’armes. L’agence fonctionne alors à rebours comme un centre d’apprentissage de la prolifération. Ainsi, lors qu’une bombe atomique surgit sur le devant de la scène, il leur suffit de prétendre que cet arme est née du detournement de la technologie civile opérée à leur insu par le pays acheteur. Depuis 50 ans, les présidents américains se font ainsi passer pour de doux ingénus, dépassés par la duplicité de leurs homologues. Cette strategie occulte fait qu’aujourd’hui dans le monde 44 pays disposent des capacites techniques pour développer un armement atomique (selon un rapport de l’ONU préparé pour la rédaction du traite d’interdiction totale des essais nucléaires, le CTBT [3], cite par Dominique Lorentz). Les 44 pays disposant des capacites techniques pour developper un armement atomique L’Irangate [4] " partie émergee d’un iceberg nucléaire" Dominique Lorentz revient aussi sur le terrorisme iranien dans les annees 80, et son côté officieux (développé dans son premier livre Une Guerre, ainsi que dans son dernier livre Secret Atomique) . A savoir le chantage terroriste exerce par l’Iran islamique pour obtenir ce qui avait été promis au Chah, c’est a dire le transfert des technologies nécessaires à la bombe, la reconnaissance de l’actionnariat de l’Iran dans le consortium européen Eurodif (usine d’enrichissement d’uranium) et la part d’uranium enrichi qui allait avec (10% de la production annuelle de l’usine !). Toujours selon Dominique Lorentz, l’Irangate n’etait que "la partie émergée d’un iceberg nucléaire" ! Empêtré dans l’affaire des otages, et en pleine campagne presidentielle, Ronald Reagan savait que l’ayatollah Khomeiny avait l’avantage. Il avait plus que tout autre en memoire la prise de l’ambassade americaine à Téhéran, laquelle avait, avec sa complicité, provoqué la chute de Jimmy Carter (certains conseillers de Reagan avaient pris contact avec des responsables iraniens pendant la campagne contre Carter pour empêcher la libération des otages avant le résultat du scrutin,).Il s’empressa donc d’accéder aux exigences de l’Iran. Pour prendre la relève de l’Allemagne trop exposée dans le développement du programme iranien, la Maison Blanche organisa dans l’ombre une coopération nucléaire du duo Iran-Pakistan avec différents fournisseurs : Allemagne, Chine, Japon, Argentine. Au printemps 1985, l’Allemagne féderale,qui construisait la centrale iranienne de Busher, avait signé un accord de coopération avec la Chine. La Chine qui vendait déjà des armes à Téhéran, venait de parapher un accord de cooperation nucléaire avec les Etats-Unis. Elle en avait signé un autre avec le Japon, l’un des plus proches alliés de l’Amerique mais aussi l’un des principaux partenaires economiques de l’Iran. Le président Reagan confia donc a la Chine la poursuite de la coopération nucléaire de l’Iran, en liaison avec le Japon et parallèlement aux travaux de l’Allemagne sur le site de Busher. Le Washington Post révéla plus tard que la Chine transférai des technologies nucléaires à l’Iran et au Pakistan. A partir de 1987, quand elle fut trop exposée par ses ventes d’armes et de technologies nucléaires, Ronald Reagan fit intervenir d’autres acteurs. L’exportation d’équipement et de savoir-faire américain en Iran se fit via une sociéte argentine dont l’Allemagne detenait 25% du capital. Ainsi les Etats-Unis s’abritaient derriere leur licencie allemand, lequel se cachait derrière l’Argentine. Une plus large coopération nucléaire fut ensuite signée entre l’Argentine et l’Iran au printemps 1987. L’Argentine etait liée par une coopération nucléaire avec la Chine. Le Pakistan, dont le programme nucléaire était développé par la Chine, signa un accord de coopération avec l’Iran. Dans le même temps, la France signa elle aussi une accord de coopération avec le Pakistan, en liaison avec la Chine... Vous avez du mal a suivre ? C’est normal c’est le but. Ronald Reagan avait donc mis en place un double dispositif en direction de la république islamique d’Iran. Il lui vendait des armes et lui faisait transférer des technologies nucléaires par alliés interposés. Conclusion Le decryptage de l’histoire nucléaire par Dominique Lorentz permet de comprendre des revirements politiques, des alliances surprenantes et contre nature. Et aussi comment l’Irak était arrive si près d’avoir sa bombe et comme il est hypocrite de la part des gouvernants américains de l’accuser aujourd’hui de posséder des armes de destruction massive apres avoir été, pendant 40 ans, les maîtres d’oeuvre de la prolifération nucléaire dans le monde en général et de la nucléarisation de l’Iran en particulier. Dans le cas de l’Irak, il semble que son programme était couplé au programme égyptien. L’auteur démonte aussi des mythes comme l’indépendance de la France apres la guerre et son accès à la bombe, et montre les mensonges et les bluffs de De Gaulle. On comprend enfin au passage la raison de la puissance du lobby nucléaire en France et pourquoi il y a autant de centrales nucleaires dans le pays, reflet direct de l’activisme officieux du pays en matière de dissémination. Bref, un livre essentiel pour comprendre les rapports géopolitiques actuels, mais aussi une démonstration magistrale de décryptage de l’histoire officieuse grace a des sources ouvertes. Lien vers le commentaire Partager sur d’autres sites More sharing options...
phexo Posté(e) le 3 février 2007 Share Posté(e) le 3 février 2007 trés intéressant, peut tu nous en dire un peu plus ? Edition, nb de pages, prix ? Lien vers le commentaire Partager sur d’autres sites More sharing options...
Davout Posté(e) le 3 février 2007 Share Posté(e) le 3 février 2007 J'ai le livre, les éditions c'est "les arènes"... Intéressant du point de vue historique en effet. Le problème c'est que la chronologie se termine dans les années 1990 en parlant de l'Iran qui disposerait déjà de l'arme nucléaire... En tout cas je vous le conseille également. [27] Lien vers le commentaire Partager sur d’autres sites More sharing options...
Mannix Posté(e) le 3 février 2007 Auteur Share Posté(e) le 3 février 2007 Elle en a sortit 2 autres après dont en janvier 2007. Ces 4 livres ne parle que de çà: la nucléarisation de l'Iran grace aux américains et aux européens. Vu les menaces qu'elle subit a chaque sortie de livre et les démentis de l'élysée qui suivnt elle doit ETRE TRES PRET DE LA VERITE!!!! Il est en vente partout tu tapes Dominique Lorentz sur chapitre.com par exemple n'hésite à prendre sont premier livre car d'un point de vue chronologie des évènement c'est important Lien vers le commentaire Partager sur d’autres sites More sharing options...
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