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Le fantôme de Munich


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Présentation de l'éditeur

Eté 1968. Une jeune journaliste américaine veut percer l'énigme des accords de Munich. Elle obtient, presque par miracle, de rencontrer le dernier survivant du 29 septembre 1938, Edouard Daladier. L'ancien président du Conseil, que l'on croyait mort, vit reclus dans une cabane de pêcheur, au bord du Rhône. Il est un fantôme, le fantôme de Munich. Il se laisse convaincre par la jeune fille. Il va ouvrir son âme et ses archives. Et grâce à lui, on vit, en temps réel et les nerfs à vif, ce "traquenard métaphysique" où la France a donné en pâture la République tchèque, pour avoir la paix, si illusoirement. Le fantôme de Munich est une plongée dans l'Histoire, un voyage singulier qui donne au lecteur la sensation vertigineuse d'être lui-même témoin de cette journée où l'Europe se précipita dans la Seconde Guerre mondiale.

La tragédie de Munich

22/03/2007 - Jacques-Pierre Amette - © Le Point

Avec « Le fantôme de Munich », Georges-Marc Benamou dévoile la terrible peur de Daladier lors de la capitulation devant Hitler à propos des minorités allemandes des Sudètes. Fascinant.

L es 29 et 30 septembre 1938, ciel bleu sur Munich. Les rues de la ville étaient emplies par une foule qui tourbillonnait, buvait, chantait en ces débuts de la Fête de la bière . Mais, du côté de l'austère Königsplatz, derrière les portes de la bâtisse néo-classique du Führerbau, ce coffre de pierre immense avec ses galeries, ses bronzes, ses salles immenses et ses colonnes grecques, se jouait la tragédie des accords de Munich. Les deux grandes puissances occidentales, l'Angleterre, avec le Premier ministre britannique sir Neville Chamberlain, et la France, avec le président du Conseil français Edouard Daladier, capitulaient devant Hitler à propos des minorités allemandes des Sudètes. Nos deux hommes luttaient pour résister au démantèlement de l'Etat tchécoslovaque. En vain. Winston Churchill, en mâchonnant son cigare, à Londres, a mesuré l'étendue du désastre : « Vous avez voulu éviter la guerre en vous déshonorant ; vous aurez le déshonneur et la guerre. »

Ce qui fascine dans le roman de Benamou (auteur du « Dernier Mitterrand » et scénariste du film « Le promeneur du Champ-de-Mars » ), c'est qu'il a pris au pied de la lettre le mot « tragédie ».

On découvre, dans un lieu clos et solennel, une action tragique avec une intrigue de palais particulièrement tordue, un cérémonial diplomatique, une langue surveillée. Ajoutez des personnages illustres de l'époque (Hitler, Mussolini, Chamberlain, Daladier) aux prises avec une situation dramatique. Le tout est environné de ténèbres. Le choeur, c'est l'Europe entière, des foules, des familles suspendues aux postes de radio. La guerre monte lentement comme un orage couvé. Benamou se donne une licence : il invente un personnage de jeune journaliste américaine venue questionner le vieux Daladier au fond de sa province, en 1968, pour comprendre.

Mais ce qui domine le livre, son vrai sujet, c'est sa manière de dévoiler un engrenage, d'analyser les formes concrètes de la cruauté politique, ou comment les modes rationnels sont pulvérisés. Une morale barbare agit et fait remonter des terreurs archaïques dont nous ne sommes pas à l'abri aujourd'hui. Du grand art...

Rien n'est abstrait, dans ce livre. On sent le poids des heures, la fatigue des corps, l'épanouissement obscène de Göring, les arrière-pensées des uns et des autres, les troubles, les trivialités, les provocations, les mutismes.

L'angoisse et la solitude se mettent à brûler à l'état pur. Il y a une dimension charnelle. La peur de Daladier, son regard perdu, sa fébrilité, sa révolte, sa fièvre deviennent palpables. Moment terrible : quand il descend de l'avion et doit passer en revue une garde d'honneur constituée par des SS (et non la Wehrmacht), scène glaçante. On pense à Corneille qui savait peindre le règne du crime sous un langage discipliné, voire fleuri. Le portrait de Hitler, blême, sobre, pris dans un curieux hivernage, soudain menaçant, lointain, puis précis, coupant, ou soudain amical avec Daladier devant la cheminée, bavardant entre anciens combattants de 14. Surprenant et vrai. Dans cette tragédie, l'exubérance, la faconde méridionale, la frivolité sont interprétées par Mussolini et Göring.

L'Anglais Neville Chamberlain est dessiné à la pointe sèche. Long, évasif, lointain, oxonien, diplomate à col cassé dont on ne sait s'il va à son club, à un mariage ou à un enterrement. Il snobe ce Daladier rondouillard, « les doigts accrochés à son gilet comme un bistrotier ». Le portrait du président du Conseil est formidable, avec sa tête de pomme de terre, sa voix assourdie et retenue, son costume trois pièces enveloppant sa rondeur radicale-socialiste. Avec son oeil clair, un peu vitreux, sa moue désabusée, il perd pied malgré son intelligence finaude. Il paraît à la fois retranché et désoeuvré, puis marginalisé. Trop d'uniformes et d'épaulettes le cernent. On sent physiquement sa solitude. Maigret assez bonhomme, ou Raimu roublard, l'homme du Vaucluse n'est pas prêt pour une liturgie wagnérienne.

Dîners officiels, cartes d'état-major dépliées, cérémonial des interprètes, ballet des attachés militaires, huissiers, fausses civilités, le lecteur partage ce mauvais rêve. Mais ce qui frappe le plus, c'est l'atmosphère, l'étranglement de l'intimité physique, les grâces morbides entre les rôles. Les tables, le demi-jour fantomatique, les perfides remarques, les blagues fascistes, les échanges de propos surréalistes. La scène du retour de Daladier dans la suite feutrée de son hôtel Les Quatre Saisons, au centre-ville, pour une pause, avec la Fête de la bière autour, frappe par sa justesse. Le brouhaha funèbre de ces journées-là remonte dans les pages, jusqu'à la nausée. Une sorte de nuée d'apocalypse stagne. On avait ce sentiment en lisant le roman de Sartre « Le sursis » . Le malheur public et la faiblesse des hommes ordinaires, quel beau sujet.

Le retour de Daladier à Paris, son avion touchant la piste du Bourget, prise d'assaut par la foule, les clameurs si inattendues d'un sale répit ajoutent une note terrible. Montherlant résume ces journées dans « L'équinoxe de septembre » : « La France est rendue à la belote et à Tino Rossi. » Avant son invasion...

J'ai lu de bonnes critiques, mais j'hésite (sans doute pour l'auteur).

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J'en ai entendu de bons échos également mais le style romancé d'un événement historique m'effraie toujours... [21] L'auteur bien qu'il se soit documenté, a forcément inventé des morceaux... Enfin, ça peut être un bon complément pour qui connait déjà les événements ou qui ne les connait pas mais souhaite les approcher de manière plus aisée qu'un livre d'histoire classique. Samson, tu remplaces Kédith dans la présentation des bouquins sur le forum? [61] J'espère que tu auras meilleur goût...

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