Mani Posté(e) le 4 août 2008 Share Posté(e) le 4 août 2008 LE PÈRE DE LA BOMBE ATOMIQUE PAKISTANAISE REVIENT SUR SES AVEUX. ABDUL QADEER KHAN réfute désormais l'image de « proliférateur » majeur : tout était connu en Europe et au Pakistan, dit-il. ENTRETIEN ISLAMABAD DE NOTRE ENVOYÉE SPÉCIALE CELIA MERCIER Depuis deux mois, Abdul Qadeer Khan, 72 ans, père de la bombe atomique pakistanaise, n'accepte plus d'être le bouc émissaire commode, le « savant isolé » par lequel se serait produite la prolifération nucléaire à l'échelle du globe. Il affirme désormais que le pouvoir pakistanais était impliqué. Rappelez-vous : en janvier 2004, cet ingénieur métallurgiste né à Bophal confessait son rôle dans un réseau de prolifération nucléaire du Pakistan vers la Libye, l'Iran, la Corée du Nord. Étonnamment, dès février 2004, le président du Pakistan Pervez Musharraf pardonnait officiellement ce héros national. En fait, il semble qu'A.Q. Khan avait lu des aveux taillés sur mesure, préparés pour lui par le régime. Aujourd'hui, A.Q. Khan nie avoir jamais voyagé en Iran ou en Libye, et dit que le programme nord-coréen était bien avancé avant même qu'il ne visite ce pays. Depuis ce 21 juillet, la Haute Cour d'Islamabad lui interdit tout contact avec les médias parce que ses interviews ne cadrent plus avec les « intérêts supérieurs » du Pakistan. Le Soir a obtenu son interview juste avant que tombe ce couperet. Lors de votre confession publique en 2004, vous avez assuré que le gouvernement pakistanais n'était pas au courant de vos activités… Oui, mais je ne dis plus cela à présent. Le gouvernement savait ? Bien sûr, beaucoup de gens étaient au courant, tout le monde savait. Donc il y avait un feu vert de l'establishment pour autoriser la prolifération ? Oui. Et selon vous, on a fait de vous un bouc émissaire pour protéger les personnes au pouvoir ? Oui, c'est cela. Dans les documents qui ont circulé dans le monde, y avait-il les plans d'équipement pakistanais ? D'armes pakistanaises ? Il n'y avait pas d'équipements « pakistanais ». Vous voyez, toute cette technologie est la même, qu'elle soit française, britannique, américaine, quiconque met en place une usine d'enrichissement… C'est comme une voiture, vous pouvez changer la couleur, mais la technologie reste la même. Le moteur, les roues seront pareils. Vous voyez, nous sommes un pays du Tiers-monde, nous n'avions pas toute cette technologie. Puis quand nous avons démarré, nous avons dû acheter à l'Europe et aux Etats-Unis. Nous avons acheté la plupart des choses aux Européens et aux Américains. À la France, l'Allemagne, la Suisse, la Hollande, l'Angleterre, les Etats-Unis… Puis ensuite vous avez vendu ces technologies à l'Iran et à la Corée du Nord, et à la Libye ? Non, je n'avais pas besoin de les vendre, toutes les informations étaient détenues par les fournisseurs européens. Celui qui voulait bien payer pouvait leur acheter. Nous n'avons rien inventé, ces informations étaient détenues par les Européens. Alors quel était votre rôle ? J'ai juste donné des conseils, parce qu'on était entre amis. Je leur ai juste dit : « Voici les fournisseurs, ce sont de très bons amis, ils sont dignes de confiance, vous pouvez vous adresser à eux et leur acheter ». Je parle des fournisseurs européens. Et vous n'avez jamais gagné d'argent grâce à cela ? Personne n'a pu le prouver. Les gens qui m'accusaient au début n'ont pas réussi à trouver une seule propriété, ni un seul dollar sur un compte en banque, partout dans le monde. Nous ne sommes pas des voleurs nous sommes des gens respectables. Donc vous n'avez pas peur de parler aux inspecteurs de l'Agence Internationale de l'Énergie Atomique (AIEA) ? Innocent ou pas, pourquoi est-ce que je leur parlerais ? Ce n'est pas un tribunal international que je sache. Nous [le Pakistan] n'avons pas signé le traité de non-prolifération. Nous n'avons aucune obligation, ni des Nations Unies, ni du Conseil de sécurité. Donc selon vous la prolifération nucléaire est légale ? Oui, si vous n'avez pas signé le traité de non-prolifération, vous n'avez pas à vous plier à cette exigence. Si mon gouvernement l'avait signé, j'accepterais de parler à l'AIEA. Pouvez-vous nous parler de la filière nucléaire nord-coréenne en Syrie ? Ce ne sont que des mensonges. Gardez à l'esprit que Rice, Bush, Blair, tous ces gens sont des menteurs compulsifs. Ils apparaissent à la télévision et mentent au monde entier. Où sont les armes de destruction massive [attribuées à l'Irak] ? Mais vous avez vous-même menti quand vous avez confessé que le Pakistan était impliqué dans la prolifération nucléaire ? Non, le Pakistan a juste donné des conseils à ces gens : « Vous devriez vous adresser ici ou là », nous les avons juste conseillés. On leur a juste dit : « Allez voir ces personnes, ce sont des amis, ce sont de bons fournisseurs, ils font ces équipements ». Le nucléaire en Afrique du Sud, est ce que cela venait du Pakistan ? Non, les Sud Africains l'ont fait et l'ont commercialisé. Maintenant, qui a fourni toutes les informations à l'Afrique du Sud pour faire la bombe ?… La France a été le premier « proliférateur » dans le monde parce qu'elle a fourni Israël sans demander aucune garantie, sans en informer l'AIEA, sans en informer personne. Et les Américains ? Ils ont donné les informations à l'Afrique du Sud, à l'Angleterre. Les Russes ont donné les informations aux Chinois et à la Corée du Nord. Peut-être que l'Iran a aussi eu accès [à vos documents] ? Non, je ne pense pas. Mais c'est possible ? Vous voyez, les Suisses, les Allemands, les Français, tout le monde faisait beaucoup de business avec l'Iran. Quand je suis rentré au Pakistan (dans les années 70), les Allemands et les Suisses venaient à Islamabad et de là ils allaient à Téhéran. C'était un business officiel. Le gouvernement allemand savait, le gouvernement français savait, le gouvernement suisse savait, tout cela était fait ouvertement. Toutes ces choses étaient vendues par les Européens. La documentation sur cette technologie est disponible depuis cinquante ans. La chose la plus importante est de se procurer le matériel pour la fission. L'arme, ce n'est rien. Vous pouvez vous-même télécharger sur Internet et récupérer les plans d'une arme nucléaire. C'est vieux de 50 ans. Or au début il n'y avait pas tant de restrictions et beaucoup d'informations très précises étaient disponibles. Le problème principal est en fait : « comment se procurer le matériel pour la fission ? » C'est le plus important. Fabriquer une arme nucléaire ce n'est rien. Cela veut-il dire que c'est facile pour des terroristes d'obtenir l'arme nucléaire ? Non, tout cela c'est de la propagande américaine pour faire peur. Aucune organisation terroriste ne peut obtenir l'arme nucléaire. Ce n'est pas si facile, on ne peut pas la garder longtemps. Les explosifs doivent être changés régulièrement, le système de détonation doit être remplacé. On ne peut le garder longtemps. Tout cela ce sont des mensonges de gens comme Bush. Lien vers le commentaire Partager sur d’autres sites More sharing options...
Messages recommandés
Créer un compte ou se connecter pour commenter
Vous devez être membre afin de pouvoir déposer un commentaire
Créer un compte
Créez un compte sur notre communauté. C’est facile !
Créer un nouveau compteSe connecter
Vous avez déjà un compte ? Connectez-vous ici.
Connectez-vous maintenant