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Quelle organisation opérationnelle?


Tancrède

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Voilà que je repars dans mes grands sujets théoriques....

Je me posais quelques questions en matière d'organisation des forces terrestres, en raisonnant en termes de ressources limitées, c'est-à-dire à format égal ou relativement équivalent. Mais cette réflexion porte un impact sur l'organisation des grandes unités, sur l'échelle des grades, le nombre d'officiers et leurs affectations....

Nos brigades réservoirs sont lourdes. Très lourdes. Trop lourdes. Le ministère continue à évoquer leur "densification", surtout au niveau des EM, afin de les rendre opérationnelles en tant que telles, mais hors quelques grands exercices où leurs EM doivent être renforcés par des éléments d'EMF voire par des éléments alliés, on voit pas vraiment si ça aboutira, les transferts d'effectifs venants des dissolutions de régiments étant encore à venir.

Du coup, je me suis intéressé à l'architecture des Brigade Combat Teams américaines et des MEU de l'USMC: ces dernières sont limitées à 2200h, avec un élément forces terrestres d'environs 1000h, avant tout en raison de contraintes de moyens de transport aériens et maritimes. Si les jarheads pouvaient renforcer cet effectif terrestre de manière organique, systématique, ils le feraient. Donc la BCT, pour la guerre, me semble un format opérationnel très pertinent. Des bataillons comoposites, des appuis, du soutien pour une période donnée, le tout pour la taille d’un gros régiment renforcé, allant de 3300 à 3900h, avec un dosage hommes/artillerie variable (2x8 pour les Infantry et Heavy, 3x6 pour les Stryker) et une composante reco professionnelle et organique pour chaque formation.

La France pourrait, selon ce modèle, par exemple, mettre en place sans problème 8 Heavy BCT à 26 chars, 26 VCI, 13 VCI Reco, 3700h et 16  canons chacune, avec en plus une réserve générale de 32 chars (2 escadrons et un peloton). Ces 8 BCT représenteraient moins de 30 000h et constitueraient un poing blindé efficace, et surtout nettement plus dispatchable que les 4 actuelles brigades lourdes (entre 28 et 29 000h) aux rgts de chars en sous-effectifs et aux EM de facto incapables de les manier sans renforts. C'est une meilleure allocation des ressources. Ces BCT pourraient avantageusement être commandées par des colonels plutôt que des généraux. En outre, il suffirait de 2x400-500h pour faire 2 EM de divisions blindées, tout en structurant mieux les formations d'appui et de soutien (ce qui semble en revanche être en train de se faire).

Au global, je parle avant tout d'une allocation plus optimale des ressources existantes, l'avantage étant que les postes d'officiers ne seraient pas réduits, ce qui limiterait les résistances au changement de la part des chapelles.

Une formation plus légère et plus opérationnelle, existant de façon organique, répond plus aux questions qu'on se pose actuellement et à tout ce que même nombre d'officiers réclament publiquement. La tendance historique est à la réduction de la taille des unités élémentaires et à leur autonomisation à mesure que les moyens de contrôle et de transmissions progressent. Il serait temps d'en prendre acte y compris en matière de grandes unités dont la permanence eet la cohérence sont aujourd'hui une nécessité que personne ne nie et dont même le Mindef a pris acte comme en témoigne la mini polémique sur le report de l'envoi des chasseurs alpins en Afghanistan.

Au total, le but est d'obtenir un quasi doublement du nombre de brigades, devenues des unités opérationnelles permanentes, formant un dispositif plus souple et surtout plus maniable. Le GTIA a eu sa pertinence, mais il est un format trop variable, plus ou moins cohérent, dont l'efficacité diminue à mesure que les exigences du théâtre s'accroissent tant il repose sur le postulat que les unités sont parfaitement interchangeables et agrégables comme s'il s'agissait d'un pur lego. L'autre avantage serait de pouvoir rediriger un nombre conséquent d'officiers sur des postes opérationnels.

La brigade serait donc une formation s'apparentant à un gros régiment interarme de 3300 à 3900h, commandée par un colonel, avec un bon niveau de puissance et d'autonomie, et la possibilité de s'organiser en divisions conséquentes.

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Les grandes unites ont des "Peace Establishments" et des "Crisis Establishments"; parler de sous-effectif est un peu exagere; il n'y aurait pas de travail pour tout le monde si les EM etaient en permanence a 100% de leurs effectifs.

De plus, les demandes des EM internationaux vont devenir de plus en plus importantes avec le retour de la France dans l'OTAN. Lorsque la PE review en cours sera terminee, on verra bien la facture, mais les armees seront bien contentes de trouver quelques dizaines de LCL/CF a mettre en place a Brunssum, Heidelberg, Naples, Mons et j'en passe. Sans parler des autres grades que la France n'a pas trop l'habitude d'envoyer en postes OTAN mais que nous serons bien obliges de fournir si nous pretendons toujours aux postes "flag".

Je crois qu'un general insere a l'OTAN impose quelque chose comme 160 "petites mains" du grade de COL a CCH derriere lui....belle revolution culturelle en perspective.

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il n'y aurait pas de travail pour tout le monde si les EM etaient en permanence a 100% de leurs effectifs.

Ben, le principe d'une unité organique disponible est précisément qu'il y a du travail pour tout le monde. Les exercices à l'échelon brigade (le dernier grand en date étant celui de la 7ème BB) ont prouvé que les EM brigade sont faiblards et manquent de monde et de moyens. A tout le moins, si on leur donne une organisation peacetime et wartime, ces mêmes EM devraient avoir tout en place pour recevoir le renfort (aussi bien en termes de matériels, de place, de véhicules qu'en termes de process, dynamiques et modes de travail) sans temps de transition et sans avoir à improviser dans la confusion. J'ai peur de l'application à l'échelon corps d'armée ou même seulement division.

Quelle révolution culturelle avec la pleine réintégration dans l'OTAN? Chaque officier orientera son plan de carrière pour aller vers ces places administratives et ces EM internationaux chicos.... Attends.... C'est déjà le cas. Y'aura juste plus de place. Et l'opérationnel sera juste encore plus un marchepied transitoire où il faut absolument ne pas faire de vague et bien s'appliquer selon les critères nécessaires à la progression hiérarchique.

Pour le sous-dimensionnement, je pensais en fait surtout aux régiments de chars (qui ne peuvent de facto, au mieux, que mobiliser un RC52, peut-être un RC60, sur un total de 80 chars: il manque environs 100 postes, sans compter des besoins plus prosaïques comme plus de véhicules de dépannge et de porteurs lourds) et aux problèmes de dispo des personnels en général.

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Je vois mal comment occuper certaines fonctions (J2, J3, J5, J9 par exemple) a plein temps lorsqu'une grande unite est en France en phase de preparation ou de REMEC. A moins de faire des postes mixtes ou un J3 devient J7 en dehors des Ops par exemple.

De plus,beaucoup des postes manquants en exercices ou operations sont specifiques aux periodes "de plein emploi"; POLAD, LEGAD, PIO, ACM, "assessments" de tous poils, "Gender issues" et autres nombreux "subject matter experts" qu'il serait impossible d'occuper a Chalons en Champagne ou Orleans durant les "periodes creuses"; des renforts  sous forme d'"augmentees" sont indispensables et a mon avis normaux. Evidemment, la planif, la conduite, la log ou le rens doivent etre renforce en Ops mais la situation en EM de brigade serait intenable de desoeuvrement si tous les bureaux etaient a 100% en permanence.

Pour ce qui est des postes OTAN, detrompes toi, ils sont loin d'etre tous occupes et les demandes de candidature passent et repassent. La frilosite devant l'inconnu touche toutes les classes et convaincre certaines categories (surtout les sous-officiers) de franchir le pas demeure difficile.

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Il y a suffisamment de postes ailleurs, précisément dans les EM et administrations internationales, qui peuvent devenir des positions plus provisoires, des stages ou affectations, de même que des formations complémentaires, programmes spécifiques ou déploiements divers (ambassades, bases extérieures, échanges, missions ONU mineures....). Il y a tout ce qui faut pour évacuer le (petit) trop plein qui peut exister sur des tâches spécifiques. C'est juste une question de ventilation, mais mon point est que le principal critère d'évaluation, ce autour de quoi la carrière d'un officier devrait s'organiser, doit être l'opérationnel et non la progression individuelle.

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A voir le nombre de militaires divorces, je ne pense vraiment pas que remplacer des postes permanents a l'etranger par un regime d'OPEX soit une bonne idee.

Les officiers qui occupent ce genre de postes sortent en general d'une longue periode de corps de troupe avec de multiples OPEX suivie du DEM puis des preparations de concours (CID ou diplomes techniques selon les niveaux). Ils en sont a 7 annees de corps de troupe suivies de trois a cinq annees de bachotage divers puis un passage en EM avant de partir a l'etranger.

Les forcer a partir selon un regime d'OPEX serait vexatoire et contre productif; qui voudrait, une nouvelle fois, abandonner conjoint et enfants pour partir six mois a Izmir, Stavanger ou Valence ? Pourquoi un cooperant de l'education nationale partirait-il en famille et un militaire en celibataire geographique, condamne aux chambres de passage a pres de 40 ans et charge de famille ?

De plus, les postes a l'international exigent au moins six mois pour "faire son trou" et acquerir competence et confiance des allies. D'ou la duree de trois ans des postes permanents a l'etranger.

L'economie a realiser se trouve a mon avis sur la fonction territoriale. Fermer les multiples etablissements, directions et centres qui servent a rapprocher des vieux LCL et ADC de leurs lieux de retraite serait une bonne chose meme si le fameux lien "armees nation" en souffrirait. Il y aurait moins de clairons aux monuments aux morts et moins de tentes modele 56 pretees aux societes de chasse mais l'Ops y gagnerait....

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Mais on s'éloigne de la discussion, le sujet concerne les organisations opérationnelles, en l'occurrence les grandes unités de combat, ce qui concerne:

- les brigades de combat

- les formations de soutien et d'appui

- les Etats-Majors de grosses formations, niveau division ou corps d'armée

Pour les brigades, j'utilise à dessein les BCT américaines en référence, pour illustrer la taille qu'une grande formation peut viser maintenant. La contrainte de gros effectifs pour des unités autonomes a historiquement été liée aux technologies de communication et de contrôle ainsi qu'au niveau de précision, de protection et de puissance des armes. L'état actuel des technologies permet d'aligner une puissance de feu conséquente pour un effectif moindre. Par exemple, l'artillerie d'une division des années 50 aurait du mal, en un temps donné, à aligner le même effet sur un ensemble de cibles donné que 2 batteries actuelles: ce qu'on faisait avec beaucoup, on peut le faire avec moins. Chaque fois que ce genre de progrès a été possible dans l'histoire, le mouvement a tendu vers la subdivision et l'autonomisation de l'échelon tactique.

En bref, il n'y a aucune raison pour garder des brigades mastodontes. Multiplier les formations et les autonomiser semble dans la logique des choses pour récupérer des marges d'action à effectif quasiment égal. Rien que pour les unités blindées, je parle là de 7 à 8 formations autonomes. Pour les 2 BLB, on aurait environs 4 équivalents de Stryker Brigades (3 si on en fait une plus grosse destinée à devenir une grosse formation amphibie baptisée "Fusilier's wet dream"  :lol:). Et nos 2 grosses BI donneraient facilement 4 à 5 "Infantry BCT".

On raisonne sur 4 Brigades lourdes à 6600h en moyenne, soient 26 400h: une Heavy BCT ricaine en compte 3700. Je crois pas que ce soit hors de portée de l'AdT de faire 8 formations, soient 29 600h (et là, contrairement aux nôtres, cet effectif est un effectif plein, apte à gérer l'unité de façon autonome). Nos 2 BLB à 7000h en moyenne, soient 14 000h, peuvent donner sans trop d'effort, avec un peu d'ajouts, 4 formations analogues aux Stryker Brigades (3900h), soit un total de 15 600h. Mettons 2 formations (7 800h), plus une de 6000h (plus des fuscos, des tringlots du 519 et une formation de génie spécialité portuaire Pour un total de 7 à 7500h) dédiée à l'amphibie; total d'environs 14 000h (plus les fuscos et autres).

Enfin nos 2 grosses brigades d'infanterie à près de 8000h pièce (8800 pour la 11, environs 7400 pour la 27) peuvent avantageusement se diviser en 5 formations d'infanterie légère (une Infantry BCT compte 3300h): une para, une assaut aérien, 2 montagne et une plus polyvalente.

Total, 16 formations autonomes, soient des moyens d'actions démultipliés.

Bref, c'est pas la mer à boire: l'investissement C4ISR doit de toute façon être consenti, et le supplément de hardware que ça suppose n'est pas vraiment gigantesquement supérieur. On a l'essentiel des véhicules, l'effectif global en officiers (il faudrait faire de la formation sans doute) et en sous-offs (qui devraient devenir plus autonomes). Le petit besoin global en effectifs de soldats est négligeable et peut être trouvé facilement dans nos formations actuelles.

Ajoutons que les formations d'appui et de soutien peuvent être rationalisées de la même façon: Fire brigades, Support Brigades....

Autre avantage pour Fusilier et moi, multiplier les unités (chaque brigade a en moyenne, sous une forme ou une autre, 2 bataillons de combat et un de reco, en plus des formations d'appui et de soutien) permet de recréer des drapeaux d'unités défuntes  :lol:.

Et pour faire plaisir à Roland, ça permettrait de créer une brigade uniquement faite de légion, à qui on filerait une réputation sanglante....

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Et pour faire plaisir à Roland, ça permettrait de créer une brigade uniquement faite de légion, à qui on filerait une réputation sanglante....

donc tu vois une utilité potentielle a ma bande de sauvage ? je suis flatté et ému ;)

faudrait prévoir un bataillon pour faire dégager les journalistes et ce qu'il faut de propagande pour mettre les atrocités sur le dos de la rebellion  >:(

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Je dis pas que c'est inutile, juste que fonder une stratégie sur la terreur est contre productif, et surtout hors de portée. En revanche, avoir quelques unités prêtes à aller plus loin que la limite à l'abri des caméras sera toujours nécessaire. Et s'il leur faut une unité cadre, une BI de 3300 légionnaires sans trop d'éthique (je garantis pas leur popularité dans l'armée, mais bon)....

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L'idee d'une brigade Legion a souvent circule depuis la creation de la LE mais elle a toujours ete refusee par les EM pour diverses raisons (cohesion, difficulte de former des legionnaires aux armes les plus techniques, risque de "perte de controle", creation d'une sorte d'armee privee au sein de l'AdT....

Pour le reste, les brigades d'appuis, on en sort...la B.ART, la B.GEN etc ne se sont pas revele un concept si judicieux que cela et personne ne regrette leur disparition; la modularite qui est ici pronee se retrouve en effet dans le concept des Unit of Action des IBCT US du debut des annees 2000.

Il est amusant de noter que ce concept des UA a ete remanie a la sauce SOF par le 1er RPIMa si j'en crois un article de Raids paru en 2006...

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En revanche, avoir quelques unités prêtes à aller plus loin que la limite à l'abri des caméras sera toujours nécessaire. Et s'il leur faut une unité cadre, une BI de 3300 légionnaires sans trop d'éthique (je garantis pas leur popularité dans l'armée, mais bon)....

Une unité de torture ? :rolleyes:

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faut lire le contexte de la discussion, d'autant que c'est moitié serieux.

Il faut reconnaitre que le terrorisme est une forme de guerre psychologique qu'il serait idiot de ne pas étudier, non seulement en défensif mais aussi en offensif.

Pas très propre, gratifiant ni moral, mais se préparer a la guerre c'est se préparer a tout.

Comme j'ai dit ailleurs, la modération n'est pas forcément utiliser une arme "modérée", ça peut etre utiliser une arme extrème avec modération.

Enfin, la terreur si elle est crade et spectaculaire, n'est pas forcément très mortelle. Il n'y a pas besoin de beaucoup pour terroriser une population. Plus mortel que le maintient de l'ordre mais moins que la guerre classique.

Espérant que ces quelques explications suffirons, je ne veux ni dévier du sujet, ni laisser penser que je suis un sadique et qui se délecte de ce genre d'arme.

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Il est vrai que les unites de contre-terreur obtiennent en general des resultats mais ils ne peuvent fructifier que dans des dictatures ou l'information est hyper-controlee.

Dans nos societes ouvertes et connectees, aucune chance....voir le programme Phoenix au Vietnam qui selon le cote ou l'on se place fut un succes spectaculaire qui detruisit une bonne partie de l'infrastructure Vietcong ou au contraire une immonde boucherie durant laquelle 25000 personnes plus ou moins connectees avec les communistes furent tues de maniere "extra-judiciaires"....

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Tout de suite, on exagère: je parle pas d'en faire une unité de torture ni la version brigade de la division Totenkopf, juste des gars un peu plus rudes qui sauraient faire l'histoire Firmin Mahé dans la discrétion.

Mais bon, dans l'absolu, c'était surtout pour déconner avec Roland avec qui j'avais été un peu rude précédemment (désolé); c'est fou comme tout le monde a tendance à se ruer sur l'arbre pour éviter la forêt.

Le but ici est de parler de l'organisation des grandes unités interarmes dans l'AdT: comme Fusilier l'a bien remarqué à propos des capacités amphibies, il faut des unités opérationnelles dédiées. Ce qui vaut pour une brigade amphibie vaut pour les autres savoirs-faires: combat blindé, infanterie légère, combat en montagne.... Et surtout il faut des unités organiques cohérentes travaillant toujours ensembles et non dispatchées sur base de réflexions théoriques et d'excuses de com pour cacher la désorganisation et le bricolage, et non plus les agrégats de legos soit disant omni compatibles qui sont la règle depuis trop longtemps.

L'idée de la polyvalence a un peu trop montré ses limites, tout au moins avec des budgets si contraints. Si on avait les moyens d'assurer la formation, l'encadrement, le commandement et l'équipement nécessaires à une polyvalence vraiment importante de la majorité des brigades, le débat serait autre, mais c'est hors de portée. Je note à cet effet, pour aller dans le sens de Fusilier et juste pour illustrer les proportions en jeu, que le budget consacré par l'AdT à la capacité amphibie minimum des 2 BLB et d'autres formations est équivalent à celui focalisé par les British sur les capacités amphibie de la 3 Cdo Brigade, pour une capacité réelle bien moindre. Dispersion des moyens en somme; je cite l'étude, signalée en son temps par Fusilier, par un groupe de travail de l'AdT.

Mais à côté de cette nouvelle approche de la répartition des moyens déjà existants, je m'appuie aussi sur l'évolution historique des armées qui ont tendance, et encore plus en temps de guerre, à accélérer l'autonomisation des plus petites unités comme des grandes, à mieux les encadrer.... Pendant la Grande Guerre, l'échelon brigade a disparu, du moins pour les divisions de manoeuvre, au profit de divisions plus complètes et autonomes (aussi, il est vrai, en raison du passage des régiments de 3 à 2 bataillons, compensé par l'augmentation de la puissance de feu). L'autonomie des petites unités a été accélérée afin de mieux répartir le dispositif et de ventiler les grandes formations sur le terrain et ce, malgré le faible progrès des technologies de contrôle et de transmissions mobiles. On voit le contraste de façon particulièrement cruelle au début de la bataille de la Somme, quand la New Army anglaise de conscription, faite de recrues enthousiastes mais inexpérimentée est contrainte de garder la formation en grands paquets d'infanterie denses par impossibilité de fonctionner autrement. A côté, l'armée française réussit mieux sa percée grâce à une bonne coordoination avec l'artillerie, mais surtout grâce à une meilleure ventilation de ses troupes en petits groupes autonomes sachant opérer ensembles.

Le fait est est que tant l'entraînement et l'instruction que les technologies et le taux d'encadrement poussent à réduire la taille des grandes unités sans leur enlever leur efficacité.

Et le format actuel des grosses brigades-pool, dont seul le CEMA semble penser qu'elles sont capables d'opérer comme des unités organiques si le besoin s'en fait sentir, est tout simplement inadapté, de même que la prétention que les EMF peuvent diriger n'imorte quelle force qui leur est attribuée. Leur compétence universelle est un mythe hypocrite. Quoiqu'on en dise, les unités organiques et entièrement opérationnelles sont nécessaires, de même que la réduction de leur format, gage de meilleure efficacité opérationnelle et de meilleure allocation des ressources.

La différence des Brigade Combat Teams avec un régiment interarmes réside dans leur autonomie et leur aptitude à une capacité de manoeuvre complexe grâce à l'existence d'au moins 2 unités élémentaires de manoeuvre en leur sein: chaque BCT a de 2 à 3 bataillons de manoeuvre, donnant une vraie aptitude de grande tactique à son commandant (un colonel et non un général). Plus encore, elles ont une capacité propre d'appui conséquent (génie, transmissions et artillerie), et surtout une logistique dédiée garantissant leur autonomie pour une période donnée (30 jours je crois, comme pour une MEU des Marines).

A côté de ces brigades peuvent ainsi exister des EM permanents de divisions spécialisés dans l'emploi de leur arme: 2 divisions blindées à 4 BCT, 1 petite division d'infanterie motorisée à 2 BCT, 1 division d'infanterie et une grosse brigade amphibie vraiment spécialisée. Mettons 2 EMF en plus d'échelon corps d'armée (dont un international), et ça donne à mon sens un système cohérent.

Par ailleurs, si l'histoire de la French Brigade en Afghanistan se vérifie, avec une organisation des forces françaises en 3 ou 4 régiments interarmes, ce pourrait être un laboratoire de ce principe, ou en tout cas un indicateur d'une évolution en cours, tendant à suivre le principe qui a présidé à l'organisation des BCT, à savoir s'organisaer comme on combat.

Mais ce n'est que mon opinion: critiquez là ou non, mais évitons de nous perdre sur la question de la torture et d'unités de salauds.

Pour mémoire, Service de Semaine, les réflexions que tu évoques sur la Légion sont les mêmes qui ont été soulevées quand la Légion a fait passer le REC sur véhicules motorisés, quand on a formé des unités légions de Génie et plus encore quand on a créé les bataillons parachutistes de légion, objections brandies le plus souvent par des officiers de légion qui ne voyaient nos légionnaires que comme des fantassins de choc et rien d'autre.

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A mon avis, le "tout operationnel" est un mythe qui ne peut etre atteint que tres ponctuellement et qui surtout ne peut pas etre maintenu longtemps, temps de guerre exclu.

Les canadiens ont deja essaye le "tout operationnel" depuis le debut des annees 90 avec leur systeme de "groupe brigade" installe sur le meme site (ex Valcartier pour le  5e Groupe-brigade mécanisé du Canada). En concentrant tous les moyens au meme endroit, il etait espere que les armes travailleraient ensemble et que le niveau d'integration s'ameliorerait.

Pour la legion et l'integration des armes "savantes", les versions abondent. Le GCA Favreau en parle dans "LTN au 1er REP" sorti en 2007 chez Italiques.

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Entre le "tout opérationnel" et la répartition de l'armée en unités réservoirs pour faire des legos trop théoriques, il y a plusieurs compromis efficaces qui peuvent être trouvés. Je comprends bien que le tout opérationnel exige un effort matériel élevé, mais imaginons un peu ce que j'ai décrit en termes de gros matos:

8 BCT lourdes exigent 208 chars (soit pas vraiment un effort supplémentaire), 272 VBCI, 104 VCI version reco (AMX-10 ou VBCI avec missiles) et 128 AuF-1 (un petit effort, là, ou on met des Caesar). Elles requièrent en outre 16 Cies de Génie combat blindé soit l'effectif actuel moins les 4 Cies d'appui, 32 Cies d'infanterie méca (soit pas un effort vu que l'effectif final sur VBCI est plus que largement suffisant) et 16 escadrons Leclerc. Il y a un effort net à faire sur la reco et l'autonomisation de Cies complètes de transmissions et de reco par drones.

L'essentiel de l'effort matériel repose sur la disponibilité des unités et sur l'équipement d'un plus grand nombre de PC aptes à opérer de façon indépendante; là, il y aura clairement de l'investissement. Ajoutons un effort de formation et d'encadrement, le nombre d'officiers requis s'accroissant. Et quoiqu'il arrive, il y a plus de chances que des unités fonctionnant ensemble à l'année soient plus opérationnelles que des agrégats considérés compagnie par compagnie et agencés suivant le besoin: le service à la carte est tout aussi théorique que le tout opérationnel. Des BCT organiques reposent sur les habitudes de travail et le temps, c'est-à-dire sur l'humain, le modèle lego repose sur des procédures en théorie appliquées par tous de la même façon quoiqu'il arrive. Les deux ont leurs défauts et leurs risques, mais je crois plus aux avantages du premier modèle.

Bien sûr que les objectifs ne sont jamais totalement atteints et les slogans des grandes réformes sont toujours des mythes, mais c'est pas comme si, à l'heure actuelle, l'AdT fonctionnait bien. On n'a pas vraiment de grandes unités opérationnelles et rôdées, ça c'est un fait certain. Et les bricolages d'OPEX tendent à devenir bancals, l'idée du "tout modulaire" semblant dépassée face à certaines réalités.

Il est bien certain que de toute façon, une telle armée faite de 16 formations plus une grosse amphibie ne peut être entièrement disponible ou opérationnelle à tout moment, ne serait-ce que parce que certains matériels ne sont pas assez nombreux pour tous les appuyer ou les soutenir: les hélicos de manoeuvre particulièrement, mais aussi les moyens de projection ou l'aviation de transport. L'ALAT ne peut appuyer tout le monde, surtout dans son état actuel. Et les EM de divisions ne pourraient tous rassembler des moyens organiques en nombre suffisants au même moment; par exemple, si on ne garde effectivement que 24 MLRS, ça fait juste de quoi appuyer une division à 4 BCT (12 pour chaque, ça fait léger).

Mais dans l'ensemble, l'idée est d'avoir des unités plus cohérentes et surtout plus rôdées, surtout au niveau du commandement et de l'encadrement.

Entre le modulaire/universel et l'organique/opérationnel, quel juste milieu selon vous?

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Je pense que les efforts devraient porter sur:

-la MCO (cela ne sert a rien d'aligner 300 Leclerc quand certains rgt disposent de moins d'un escadron effectivement operationnel)

-les credits d'instruction (frais de dep', munitions, carburants, location des camps, sauts en parachute, sorties montagne, etc)

-un retour a la realite dans les ecoles de formation (sabrer dans les cours sur l'egalite des sexes, le droit humanitaire, les vertus de la difference et autres conneries)

-la destruction de l'esprit de caste qui fait que l'on prefere encore former a la va-vite un peloton du RHP ou du 4°Chasseurs sur 10RC plutot que d'envoyer en A-stan des unites dont c'est la monture de dotation depuis des decennies car ils n'ont pas la bonne couleur (ou forme) de beret

Apres, le reste, le materiel, ce n'est pas le plus important. Le principe du Lego peut encore jouer durant un moment, de toutes les facons, tout le monde le fait car aucune unite ne pourra jamais se deployer de maniere organique (maladies, stages, reconversions, punis, deserteurs, objecteurs divers....) a l'echelle de la brigade, cela fait des sections en moins qu'il faut ensuite aller piocher a l'exterieur.

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Le principe du Lego peut encore jouer durant un moment, de toutes les facons, tout le monde le fait car aucune unite ne pourra jamais se deployer de maniere organique (maladies, stages, reconversions, punis, deserteurs, objecteurs divers....) a l'echelle de la brigade, cela fait des sections en moins qu'il faut ensuite aller piocher a l'exterieur.

A ce moment là, autant ne pas avoir d'armée du tout! Comment on faisait avant? Comment font d'autres armées à budgets moindres ou équivalents? Désolé, mais là y'a un vrai problème qui doit, d'une façon ou d'une autre être résolu, ou au moins attaqué de front.

la destruction de l'esprit de caste qui fait que l'on prefere encore former a la va-vite un peloton du RHP ou du 4°Chasseurs sur 10RC plutot que d'envoyer en A-stan des unites dont c'est la monture de dotation depuis des decennies car ils n'ont pas la bonne couleur (ou forme) de beret

On fait comment  ;)? Bon, y'aura toujours des esprits de caste dans toutes les armées, conséquence inévitable de l'esprit de corps; tout est question d'installer de le limiter, mais comment?

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Pour l'instant je n'ai pas trop de temps disponible. Mais, je trouve le sujet très intéressant.  Juste une remarque,  les formations prises en réfèrence /modèle (BCT , MEU) ne sont pas vraiment des unités «autonomes» mais des «détachements» d'unités plus importantes. Je suis convaincu que leur efficacité, en tant qu'unités autonomes est aussi liée à leur rattachement organique à des plus vastes ensembles.

Si je prends l'exemple des MEU, celles-ci ne sont en fait que des sortes de «GTIA» stabilisés sur une période donnée. Avec une phase d'entrainement / cohèrence (et y compris avec les navires affectés, qui devienent «organiques» pour la durée de la MEU)  suivie d'une phase de déploiement.

Quand le cycle de la MEU1a se termine la MEU1b prend la relève, etc... Ainsi, la «III Marine Expéditionarie Force» (Okinawa) est en charge de mettre en ligne 31st MEU à partir de ses composantes (3eme Division des Marines, Air Wing, Brigade Logistique, etc..)  D'autres MEF organisent davantage de MEU (3 ou 4) en fonction de leur rattachement à diffèrentes flottes ou bésoins de théatre. La différence avec les GTIA est que, par exemple, la 31st MEU sera toujours issue d'un régiment de la 3 Division US Marines et des autres unités de la III MEF...

Notons qu'une MEF organise (ou peut organiser) au même temps une MEU (ou plusieurs) et une Brigade Expeditionnaire, voir intervenir avec un ensemble plus vaste. La logique du systéme étant que la MEU est la force de réation rapide -entrée de théatre-opérations ponctuelles (évacuations etc..) ; détachée dans la flotte / zone d'opérations. Normalement, la Brigade Expéditionnaire de la même MEF  la renforce si nécessaire. Viennent ensuite d'autres unités Marines ou Army...

Il me semble que le dispositif Stryke Brigade  est plus ou moins la transposition de ce principe organisationnel dans l'Army. 

Il y a bien un principe modulaire qui préside à l'organisation des US Marines, mais cela n'a rien à voir avec la «polyvalence» ou jeu de lego...

Que la forme MEU puisse être utilisée en déhors de sa vocation initiale (déploiement amphibie) pour apporter un renfort en Afghanistan par exemple, ne change reine à l'affaire...

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Je ne comprends pas ta surprise; regarde, meme les brits, pro depuis des decennies, sont obliges, et depuis longtemps, cela ne date pas d'OIF/OEF, de panacher leurs unites et d'injecter des sections voire des compagnies de renfort dans toutes leurs brigades partant en Ops. Tant que les armees seront composees d'etres humains, cela se passera comme cela, c'est inevitable.

Cela a toujours ete comme cela en France; l'organisation des rgts "vieux pro" le permettait avec des sur-effectifs toleres et des regiments a rallonges (genre la CAC du 8°RPIMa lorsque le "grand 8" alignait 1500 hommes sur les rangs....ou le 2°REI a 5 cies de combat). En tapant un peu partout dans le regiment, il etait possible de former des bataillons a 3 cies + CCS/CCAS (terminologie d'epoque) pratiquement organiques. Aujourd'hui avec des rgt a 4 Cies de cbt et une CEA croupion, toutes ces "mamailles" sont impossibles et imposent le recours aux "exterieurs" (ex: le CCH Penon du 2°REP tue au combat au sein d'une section du 8°RPIMa).

Pour les castes, il n'y a pas 36 solutions: faire tourner toutes les unites d'une meme arme sur les memes missions en evitant les "chasses gardees", "osmoser" regulierement les cadres pour s'assurer qu'ils ne chopent pas la grosse tete, faire confiance aux "jeunes pros" en arretant de toujours faire partir le trinome RPIMa/RHP/RAP sur toutes les ouvertures de theatre, faire varier les couleurs de beret dans les tetes de chaine et cesser la valorisation a outrance de la rangers et du FAMAS au detriment de l'infanterie blindee moderne toujours percue comme une relique inutile de la Guerre Froide.

Pourquoi chez les brits les gars se battent-ils pour etre dans les rgt mecas sur Warrior alors qu'en France on est reste bloque sur le meca-caca ? Le culte de l'Indo et du Djebel n'y serait-il pas pour beaucoup ?

Alors osmosons a tour de bras, comme chez les US par exemple, et nous cesserons d'avoir une armee a deux vitesses.

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Pour les castes, il n'y a pas 36 solutions: faire tourner toutes les unites d'une meme arme sur les memes missions en evitant les "chasses gardees", "osmoser" regulierement les cadres pour s'assurer qu'ils ne chopent pas la grosse tete, faire confiance aux "jeunes pros" en arretant de toujours faire partir le trinome RPIMa/RHP/RAP sur toutes les ouvertures de theatre, faire varier les couleurs de beret dans les tetes de chaine et cesser la valorisation a outrance de la rangers et du FAMAS au detriment de l'infanterie blindee moderne toujours percue comme une relique inutile de la Guerre Froide.

On est d'accord, mais quand les brigades sont des panachages, c'est déjà plus dur, ça complique le débat. Et le problème se pose vraiment au niveau des grands EM qui décident des envois; là est toute la question. Il faudrait pour cela quelques grands généraux vraiment dépassionnés (ça existe en suffisamment grande quantités?) et/ou un Pdt, un premier ministre et/ou un mindef qui connaisse vraiment le problème.

Je ne comprends pas ta surprise; regarde, meme les brits, pro depuis des decennies, sont obliges, et depuis longtemps, cela ne date pas d'OIF/OEF, de panacher leurs unites et d'injecter des sections voire des compagnies de renfort dans toutes leurs brigades partant en Ops. Tant que les armees seront composees d'etres humains, cela se passera comme cela, c'est inevitable.

Parce qu'ils ont trop trucidé certaines unités depuis la fin de la guerre froide, notamment dans les appuis et soutiens, en se fondant sur un rythme opérationnel très bas espéré par les gouvernements successifs qui se sont sucrés sur les crédits dans les années 90. Regarde la 3 Cdo Brigade, qui a la chance de bénéficier d'une attention plus soutenue: que fait-on pour elle? On remplace ses 2 Cies de Génie par un bataillon complet en bonne et due forme, on fait de ses 2 batteries légères de 105 un bataillon d'artillerie à part entière avec une batterie d'observateurs reco/éclairage/FAC rassemblant tous les métiers en effectifs suffisants.... Qui plus est, on a récemment renforcé ses capacités d'EM de façon organique, de même que son soutien et ses capacités de transport. Et, pour compléter le tout, on lui adjoint un bataillon d'infanterie légère de façon organique, avec pour but de l'amalgamer totalement à l'esprit de corps Cdo (on verra si et comment ça marche, mais à terme, ils y arriveront; nul doute que ce sera un vrai 4ème Cdo dans 5 ou 6 ans, quand plusieurs fournées de soldats s'y seront succédées). Bref, on en fait quoi sinon une mini division totalement autonome?

Le problème des brits est le même que le nôtre (en moins cruel cependant): la transition d'une armée fondée sur le rythme opérationnel des années 90 à une fondée sur un rythme infiniment plus intense en quantité, mais aussi en qualité (conflits durcis, plus exigeants, nécessitant plus de matériels), le tout sur fond de ressources très contraintes, conjoncturellement (lot éternel des armées) mais aussi structurellement (bosses budgétaires des années 90, glissements des coûts de matériels, allongements et explosion financière des grands programmes, financements mal planifiés et mal estimés au niveau politique, valses-hésitations politiques des financements....). Bref, le besoin a explosé de façon disproportionnée par rapport aux capacités. Mais chez les brits, le problème est moins aigu, notamment parce que leurs budgets de MCO, d'entretien et d'entraînement en général sont bien supérieurs.

Mais là on s'égarerai à décrire ces phénomènes qu'on évoque déjà beaucoup par ailleurs. Le point est que l'AdT a été calibrée pour ne pouvoir déployer qu'une faible part de son effectif (sur tous les plans: entraînement, MCO....), qu'elle n'a pas à dispo de quoi appuyer et soutenir l'essentiel de ses forces. Et c'est pas ma proposition d'organisation qui changera quoi que ce soit: pour cela, il faudrait maîtriser les coûts des programmes, les coûts de structure (et putain que la paperasse, les doublons, les règlements.... sont générateurs d'inefficacité), voire augmenter en net les budgets d'entraînement, MCO, préparation, munitions.... Soit en fait consulter Patriote Inquiet/Stratège.

Mon point dans ce topic concerne l'organisation opérationnelle en elle-même, pas la disponibilité des forces qui, elle, dépend des budgets et de la manière de gérer le fric (et il y aurait de quoi avoir une dispo optimale à budget équivalent, mais c'est une autre question). Là où les sujets peuvent se rejoindre et où il faut faire le distinguo, c'est pour montrer que en cas de mobilisation maximale des unités de combat (qui est le seul échelon de mesure qui vaille, et on table mettons sur une dispo de 70 à 75% -je basant sur l'USMC), l'AdT n'a pas de quoi les appuyer, les encadrer, les armer et les soutenir. Pour les indispos, je signale au passage que d'autres armées arrivent à déployer leurs bataillons et à afficher une meilleure dispo. En général, il est sain de s'aviser qu'un problème d'efficacité doit être résolu en 2 temps: d'abord voir où merde l'organisation en interne, ensuite voir les besoins en budgets et effectifs supplémentaires (bref, y'a toujours de la graisse à convertir en muscles avant d'avcheter du muscle en plus).

Bref, on n'a pas de grandes unités organisées dignes de ce nom (au nom de "l'EMF universel" et du lego permanent qui empêche toute dynamique d'habitudes de travail en commun), et nos brigades ne sont que des réservoirs pouvant à peine armer un GTIA à l'année sauf exceptions (les alpins et paras arrivent à faire plus), en aucun cas des unités. Ca me rappellerait presque les armées européennes de 1805, avec un entraînement annuel en grandes unités au mieux du mieux, face à une armée du camp de Boulogne qui en avait 3 par mois et avait inventé le corps d'armée permanent.

Qu'une unité interarme en OPEX ait presque toujours besoin de quelques appuis supplémentaires n'a rien de choquant, mais de là à considérer que le modèle dans son entier soit le lego, y'a quand même de la marge. Mais le fait est que notre corps de bataille n'en est pas vraiment un, et qu'il n'est pas si nombreux que ça. Donc le sujet ici est de voir comment l'optimiser pour un effet maximum sur beaucoupde théâtres ou quelques-uns ou un seul, ce qui suppose de revoir l'organisation des grandes unités.

Fusilier, je te corrige: la BCT n'est pas l'équivalent de la MEU dans l'Army. Le modèle de l'USMC est fondé sur la MEF qui a l'obligation de pouvoir armer 3 MEU simultanément à l'année (le facteur limitant étant celui des hélicos, des avions et des navires de transport et d'escorte), ou une MEB et un MEU, ou alors de se déplacer dans son entier en une fois (soient 40 000h dont une division terrestre à 19 000h). Seule la 3ème MEF n'arme qu'une MEU parce qu'elle a à peine la moitié de l'effectif des 2 autres, mais l'actuelle augmentation la portera à effectifs complets en 2012.

Ce sont les moyens de transports (aériens surtout) qui limitent le plus ses possibilités d'armer plus de MEU (c'est l'unité qui a le plus fort ratio de soutien aérien et naval par homme déployé).

L'US Army est fondée sur la BCT autour de laquelle tout s'organise: c'est une unité complète avec ses transmissions (y compris interveptions, guerre électronique....), son soutien, sa défense AA, son artillerie, sa reco, son renseignement. Une vraie mini-division autonome. Ca ne veut pas dire qu'elle n'ait pas besoin, suivant la mission, de compléments et d'appuis éventuels (si les lignes de ravitaillement s'allongent, si l'aviation ennemie est trop importante ou agressive....), mais elle a le minimum syndical (à l'américaine  :lol:) pour toute situation, avec une autonomie de 30 jours. Comme je l'ai dit, 3 facteurs en font vraiment une grande unité: l'autonomie, le panel complet des capacités (et la puissance de feu subséquente) et la capacité de manoeuvre complexe assurée par la présence de 2 ou 3 bataillons de mêlée (on peut donc réfléchir et agir en termes de grande tactique).

L'Army est donc calibrée autour de la BCT: les EM de division sont assez nombreux et permanents pour les encadrer presque toutes (quelques-unes seulement ne sont pas endivisionnées pour raisons particulières), les brigades de soutien et d'appui (fire brigades, support brigades, aviation brigades....) sont en nombre suffisant pour épauler la quasi totalité de l'effectif de combat déployé en divisions.

On notera que l'USMC a gardé l'aptitude à des unités plus souples grâce à l'importance de ses unités de commandement, à leur souplesse, à leur rôdage et à leurs dotations: les EM des régiments de marines, si aucune MEU n'est dispo, peuvent puiser dans les effectifs de leur division (afin de garder les MEU disponibles: 3 MEU font 6600h, et il en reste donc 12 400 dispo dans les forces terrestres d'une MEF) afin de constituer des unités interarmes pour le combat (non le débarquement), les Regimental Combat Teams, soit des GTIA parfaitement complets, mais eux fondés sur un modèle modulaire (chaque MEF a ainsi 3 PC de régiments pour ses 3 Rgts organiques, et ces PC, comme ils le font en Irak, dirigent des RCT). C'est pas incompatible. Pourquoi? Les PC de bataillons et de régiments sont tout aussi aptes à gérer leurs unités dans le cadre de leur division que dans celui d'un déploiement autonome, aussi aptes à l'exécution qu'au commandement indépendant, aussi aptes au temps de paix qu'au temps de guerre, à la gestion d'un pool qu'à l'opérationnel pur et dur.

Nous à côté, c'est comme si on avait organisé une AdT de 90 000h autour de 6 ou 7 GTIA théoriques (et encore, mal appuyés) et pas plus, avec en plus des structurezs lourdes. Alors les places opérationnelles sont de fait peu nombreuses et une grosse part des officiers mal employés, donc c'est la foire d'empoigne qui règne et les esprits de chapelle s'expriment plus.

Qui plus est, ce modèle nie aussi bien l'importance de grandes unités organiques aussi bien que l'importance des spécificités à cette échelle (combat blindé, montagne, amphibie....). On peut encadrer de petites forces spécifiques, mais pas de vraies grandes unités.

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Tiens, ça me démangeait depuis un moment et je vais pas créer un topic pour ça, alors le faire ici ou sur un autre topic ne change rien. Oyez, oyez, gentes dames et beaux messieurs, moi, Tancrède, adresse ici par la présente, défi au dit sieur Fusilier, de proposer un blason valable pour la brigade amphibie à laquelle ses nuits semblent consacrées. Blason, logo, tout est accepté; ça fait longtemps qu'y m'a bourré avec au point de m'y convertir  :rolleyes:, alors maintenant il va assumer  :lol:. J'aime bien le logo de sa chouchoute, la 3 Cdo brigade; il est donc en charge de ramener le monde à l'équilibre afin qu'il ne soit pas dit qu'Anglois ait fait mieux que François.

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Trop local :lol: ; c'est pas pour copier les Rosbifs, mais sur le leur, il y a un globe traduisant un poil le principe, ou à tout le moins la prétention, du champ d'action de la brigade. Là, symboliquement, ça renvoie à une capacité d'action centrée sur le nord du Cotentin, ce qui, avouons, le, manque autant de panache que d'intérêt géopolitique.

Voyons, il faudrait un globe ou un autre symbole suggérant une amplitude mondiale, un peu d'héraldique, une devise ultra prétentieuse, une arme, un éclair ou un aigle (un pélican fait plus amphibie, mais vachement moins militaire et menaçant; et pareil pour une otarie ou un phoque  ;)).... Et faut pas trop surempiler les trucs: plus un logo est simple, plus il reste dans les mémoires.

Compliqué tout ça....

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