Tancrède Posté(e) le 9 juillet 2009 Share Posté(e) le 9 juillet 2009 J'introduis ce sujet vu que je n'en ai pas trouvé d'existant. Il s'agit tout connement d'un des éléments les plus cruciaux de la guerre, et sur lesquels on ne sait pas grand-chose: les Etats- Majors opérationnels, les structures de commandement d'une force militaire donnée, du petit GTIA jusqu'au corps d'armée. On ne fait plus vraiment au-dessus en projetable, ou alors il s'agit de structures ad hoc, généralement internationales, mises en place pour le commandement d'un théâtre complet, et qui recouvrent ce qu'étaient jadis les EM d'armées, de groupes d'armées ou de fronts.C'est une des branches les plus en révolution aujourd'hui, face au développement technologique, et dans l'absolu sans doute l'un des facteurs de victoire les plus curciaux depuis le premier vrai EM professionnel et permanent, celui de Napoléon. Le sujet est vaste et multiple, et se limitera donc aux structures européennes actuelles, dans tous leurs aspects: - la taille des structures et leur organisation- leur permanence et leur cohésion en tant qu'unités militaires- les formules: plug and play ou organiques- les matériels spécifiques- les problèmes- l'inévitable comparaison avec le modèle US, lui-même en révolutionPour illustrer, je commence avec ce dernier exemple: les EM de force aux USA, tant dans l'Army que chez les Marines, sont des structures infiniment plus standardisées qu'en Europe, et leurs effectifs infiniment plus développés alors même qu'ils sont aussi plus intégrés et dotés en propres de matériels économisant le personnel. En France, je vois beaucoup de faiblesses dans les EM, mais je ne connais pas assez le sujet pour pouvoir faire une vraie critique. Cependant, on notera:- que les EM de brigade semblent sous-dimensionnés, et pas qu'un peu; lors des (rares) derniers exercices à l'échelon brigade, il a fallu à chaque fois ramener beaucoup du monde d'autres structures pour compléter. Nos EM de brigades sont-ils des structures opérationnelles, ou juste des organismes de gestion au jour le jour et des réservoirs pour constituer des EM de GTIA? - que les EM de force souffrent du même problème, ce qui explique la suppression de 2 d'entre eux actuellement, dont les effectifs iront directement doubler la taille des 2 autres et de l'EM de corps européen (CFRR); bricolage? Ce changement sera t-il suffisant? Au final, quelqu'un saurait-il de quoi un EM a besoin pour commander effectivement une force déployée sur le terrain? Suivant la taille bien sûr: GTIA, brigade, division, corps. Je connais quelques faits "dimensionnants", par exemple que l'effectif nécessaire doit être augmenté d'un tiers de redondance pour fonctionner en mode continu jour-nuit (2/3 jour, 1/3 nuit), et qu'au niveau matos, les unités de soutien transbahutent le matos pour armer 2 EM, pour assurer aussi la permanence (un en mouvement, un fixe) lorsque la force est en mouvement. Bref, c'est encore moi à la recherche d'un article de DUO magazine ;). Mais aussi un peu plus, quand même, histoire de faire le point sur ce sujet, surtout pour l'AdT qui semble quand même bricoler dans ce domaine. Il n'est pas question ici de faire un billet d'humeur sur les EM, au sens des hautes sphères décisionnelles; un de ces 4, faudrait créer ce sujet qui risquerait de devenir assez vite un défouloir monumental des rancoeurs :lol:. On y apprendrait sans doute tous de nouveaux mots. Lien vers le commentaire Partager sur d’autres sites More sharing options...
Tancrède Posté(e) le 10 juillet 2009 Auteur Share Posté(e) le 10 juillet 2009 A titre d'exemples:- le CRR-FR, Etat-Major de corps d'armée européen, est le seul EMF qui soit sous contrainte de la norme OTAN, et donc astreint à garder des effectifs suffisants. Il compte "au repos", autour de 420-430 personnes, et, en temps de crise, reçoit des compléments pour atteindre son plein effectif de 750 personnes. - les 4 EMF sont trop petits, et trop centrés, sans doute par facilité, sur leur seule première réquisition qui est de mettre en place un "noyau" de PC, allant du niveau brigade interarmée (PCTIA; autour de 5000h) au niveau division lourde OTAN (20 000h). Il est emblématique de voir qu'à chaque exercice, en réel ou en simulation, ils doivent se vampiriser les uns les autres dans de larges proportions. La concentration actuelle due au LB souligne simplement qu'on n'a jamais eu 4 EMF. Avant la réforme, 1 EMF, c'est autour de 70 shelters transbahutés, 80 camions (TRM 2000 et 10 000, Berliet, VTLR et citernes), 50 VLTT, 6 VAB PC, 8 VBL, 8 VLRA et 4 engins de manutention. Il a environs 150h, dont 50 officiers, auxquels s'ajoute un bataillon de soutien d'environs 200 à 250h. - les EM de brigades arment les PC de GTIA en projection (ils doivent pouvoir en armer 2 en théorie), et doivent pouvoir opérer leur brigade au grand complet, ce pourquoi les grands exercices ont régulièrement démontré qu'ils étaient sous-staffés. EN effet, un EM brigade tourne autour de 60 à 65 personnels (donc en fait 40, selon la règle 2/3-1/3), auxquels s'ajoutent la centaine d'hommes de la Cie de Coms et Transmissions qui met en oeuvre les moyens de commandement (SIC, nodes, télécoms, satellites) et organise aussi le soutien de l'EM. Le matos, c'est environs 20 VAB-RITA, 2 VBL, 20 P4, 2 VLRA, 25-30 camions (avec entre autres 42 groupes électrogènes).Pour comparaison, et en prenant note que les EM américains sont plus automatisés: - l'EM d'une Marine Expeditionary Unit (2200h) est de 200h- l'EM d'une Marine Expeditionary Force (40 000h, apparentée à un Corps d'Armée) tourne autour des 1800h, avec environs 1200 pour les unités de commandement proprement dites- l'EM d'une division de l'Army (4 Brigade Combat Teams, plus les unités d'appuis éventuellement détachées) tourne autour des 1000h, dont 200 officiers, avec 1 PC principal, 1 mobile, des groupements de liaison, 2 PC tactiques de direction de brigades (en plus des PC propres des BCT) et 1 Cie de Transmissions- l'EM d'une Brigade Combat Team tourne autour des 200h (sans compter diverses troupes rattachées: MPs, pompiers....): l'élément PC (avec notamment 60 à 70 officiers), l'élément transmissions et l'élément soutien (très réduit, la partie log étant reportée au bataillon logistique de la BCT) Lien vers le commentaire Partager sur d’autres sites More sharing options...
CVN220 Posté(e) le 10 juillet 2009 Share Posté(e) le 10 juillet 2009 Quel est l' organisation type d' un état-major opérationnel de campagne ?Comment est organisé celui de Tsahal ? Quel est l' organisation d' un état-major Israelien de division ? de brigade blindée ? Lien vers le commentaire Partager sur d’autres sites More sharing options...
Tancrède Posté(e) le 16 juillet 2009 Auteur Share Posté(e) le 16 juillet 2009 L'organisation d'un EM (attention, j'ai créé ce sujet plus pour aller à la pêche aux infos que pour aligner les faits: je maîtrise mal) dépend avant tout de la nature de l'EM concerné (merci M. de la Palisse :lol:). Le CRR-FR, les futurs 2 EMF nouvelle donne, les 8 EM de brigade interarmes et les EM de GTIA qu'ils peuvent armer correspondent dans l'ordre aux niveaux Corps d'armée (50-60 000h), Division (15-25 000h), Brigade (4000-8000h) et Régiment interarme (jusqu'à 3000h environs). Ils sont donc de tailles et de capacités très différente, et englobent des dimensions différentes: par exemple, la capacité interarmée (coordonner l'action des forces terrestres, navales et aériennes sur un théâtre) du CRR-FR est totale, et inclue aussi totalement la dimension civile et politique, en accord direct avec la direction politique, l'EM fixe responsable (Paris ou l'OTAN suivant la mission) et les autorités politiques locales. Un PC de GTIA n'a évidemment que des capacités de simple contact dans ces domaines, de même que les EMF et les EM de brigade (mêmes s'ils ont plus de hardware et de monde, et peuvent être renforcés en ce sens, ils ne sont pas aussi entraînés à gérer un environnement "total"). EMF et EM Brigade (et donc EM GTIA) sont avant tout de pures structures de commandement d'unités opérationnelles. Bien sûr, tous peuvent armer des EM plus petits aptes à gérer des forces nettement plsu réduites: qui peut le plus peut le moins, et même le CRR-FR peut armer des EM opérationnels niveau GTIA. De ce côté, ces structures sont quand même très modulaires, bien sûr dans les matériels, mais aussi et surtout dans la formation des personnels. Et pour bien se les représenter, il faut d'abord les voir comme des unités militaires projetables comme les autres, avec:- un effectif fixe et un projetable- des unités permanentes- des matos organiques- des capacités en fonction d'un cahier des charges dimensionnant en termes de moyens (durée d'autonomie logistique donnée essentiellement) et de capacités (taille maximum des forces commandées et champ de compétences: de la simple manoeuvre opérationnelle au commandement autonome de théâtre)- un entraînement adaptéL'avantage d'avoir un corps permanent d'officiers d'EM entraînés est qu'ils s'entraînent souvent ensembles, donc si une force gabarit brigade ou même GTIA devait gérer de façon autonome un théâtre, elle serait renforcée d'éléments la rendant apte à gérer l'entièreté de l'environnement (domaines politique et civil, renforcement de l'autonomie de commandement du théâtre, aptitude interarmée), sans doute avec des éléments du CRR-FR s'ils sont disponibles, autrement en bricolant avec le volant d'officiers d'EM qualifiés dans ces domaines. Le CRR-FR un organisme unique en France en ce qu'il s'agit pour le coup d'un EM de niveau réellement stratégique, impliquant, outre une autonomie de commandement en environnement "total", une grosse capacité de planification qu'on ne retrouve, à plus petite échelle, que dans les parties fixes des EM brigade. Je ne sais pas encore ce que donneront les EMF new look, mais ils sont censés pouvoir opérer aussi un niveau de plannfication en déploiement. Quand je parle de plannfication, j'étendrais en fait le sujet pour essayer de définir ce qui différencie les EM, outre l'aspect purement quantitatif des forces qu'ils gèrent, en utilisant de façon imagée 2 des 3 critères fondamentaux de toute stratégie (le 3ème étant les hommes):- l'espace: les domaines de compétence impliquant toutes les dimensions de la guerre (politique, civil, interarmée, diplomatie, gestion des RETEX, ressources humaines....)- le temps: la gestion des temporalités de prise de décision, allant de la planification militaire longue jusqu'à la décision en temps réel, face aux imprévus (moins de 10 minutes parfois, si un renseignement rapide survient, avec une péremption rapide)Dans les 2 cas, plus l'EM est autonome et/ou plus la force qu'il commande est grande, plus ces 2 champs sont étendus, et donc plus les unités permanentes de commandement sont préparées à gérer ces niveaux par eux-mêmes. De ce côté, seul le CRR-FR dispose organiquement des capacités maximum. De base, les EM brigade sont des PC de brigade, aptes presque uniquement, sauf appoints ou renforts conséquents, à gérer la manoeuvre de leur brigade et des unités de soutien et d'appui (même pour ça, il semblerait qu'ils soient un peu sous-staffés). Les 4 EMF étaient trop réduits: faudra voir ce que leur concentration en 2 EM donnera. Pour exemple, un EMF, c'était/c'est encore en moyenne:- une grosse cinquantaine d'officiers (dont un général de division), une cinquantaine de sous-offs, une conquantaine de MDR et une vingtaine de civils plus des réservistes. Ca doit donner 150 projetables environs. - un bataillon de soutien d'environs 200 personnels projetables- 6 VAB, 8 VBL, 80 camions, 50 VLTT, 8 VLRA ou cars, des engins de manutention. Le tout pour transbahuter, monter et faire fonctionner 70 shelters et tout le matos de transmissions et de systèmes de commandement qu'on y fout (on imagine la masse de groupes électrogènes et les stocks de remplacement), soutenir les personnels (eau, vivres....) et faire marcher le tout dans le temps (soutien administratif et technique). Un exemple un peu chiffré issu d'un DSI daté de l'époque de la qualification OTAN du CRR-FR: - délai de projection, de l'alerte au déploiement total en configuration maximale: de 5 (premier élément avancé et noyau d'EM suite à une préparation logistique commencée dès l'alerte) à 90 jours (EM de théâtre pour une force multinationale de 60 000h apte à une gestion dans tous les domaines)- 400 permanents, jusqu'à 750-800 avec un complément de crise. 6 généraux. A préciser que ce chiffre est l'unité proprement dite: en cas de grand déploiement, il y aurait bien plus de monde (unités de soutien, éléments des EM des grandes unités commandées, turn-over, personnels civils, politiques, locaux....), sans doute jusqu'à 3000 personnes et plus- 30 jours d'autonomie logistique complète- unités organiques de soutien: 6ème RCS, une partie du 43ème RI, plus un élément permanent de la Brigade Trans. - le déploiement permanent des shelters de l'EM à Lille (configuration "idéale" en terrain plat) a la taille d'un terrain de football. - en déploiement pour un exercice de simulation à grande échelle: 3 grands PC déployés, plus de 400 shelters, plus de 360 tentes modulaires, 900 mètres carrés de tentes gonflables, 1600 ordis, 40 km de câblages....Bref, un EM de ce niveau, c'est une petite ville en mouvement.Mes interrogations concernent surtout, en fait, ce qu'on met dans les 70 shelters d'un EMF ou les plus ou moins nombreux du CRR-FR, des EM brigades et des PC de GTIA, quelles capacités ça représente en qualité (éventail des compétences, réactivité....) et en quantité (capacité de traitement de données, effectifs réellement nécessaires pour telle force donnée....), de quelle capacité de transport il faut disposer pour projeter un EM donné sur un théâtre.... Lien vers le commentaire Partager sur d’autres sites More sharing options...
Ramses Posté(e) le 3 août 2009 Share Posté(e) le 3 août 2009 Je trouve dommage la suppression des RCS, je trouve qu'ils auraient leur utilité !1 RCS par brigade comportant :1 EM : 150 hommes1 Cie EM : 200-250 hommes (pour le soutien "vie" de l'EM)1 Cie de trans : 150 hommes1 cie rens : 100 hommes (CIMIC + Rens + Psyops, 50% de reservistes)+1 pôle matériel - 300-350 hommes: 1 Cie matériel lourd 1 Cie matériel légers1 pôle train - 300 hommes 2 Cie Train1 pôle Santé - 250 hommes 1 antenne chirugicale 1 Cie sanitaireEn gros 1500 hommes pour une meilleure autonomie des brigades et idéale pour le soutien des GTIA ou SGTIA Lien vers le commentaire Partager sur d’autres sites More sharing options...
Tancrède Posté(e) le 4 août 2009 Auteur Share Posté(e) le 4 août 2009 Ca c'est très révélateur du fait que les EM brigade ne sont plus que des organismes de gestion et d'entraînement des réservoirs que sont les brigades. Leur seul intérêt, désormais, est de constituer aussi un vivier et un terrain d'entraînement pour des effectifs d'EM qui peuvent faire de la planification, tourner dans les GTIA et fournir des effectifs d'appoint pour les EMF et le CRR-FR qui sont nos seuls EM opérationnels désormais (mais dont l'avantage est d'être modulaires et donc de pouvoir alimenter plus que 3 structures de commandement à la fois). De même, la concentration des moyens log en brigades spécialisées (une désormais) relève de cette tendance: à l'heure où beaucoup de pays, USA en tête, retournent vers des grandes unités redimensionnées mais organiques (les BCT), je trouve dommage cette obsession très comptable pour l'absence de grandes unités en France au profit d'un pur modèle modulaire et plug and play. Lien vers le commentaire Partager sur d’autres sites More sharing options...
Messages recommandés
Créer un compte ou se connecter pour commenter
Vous devez être membre afin de pouvoir déposer un commentaire
Créer un compte
Créez un compte sur notre communauté. C’est facile !
Créer un nouveau compteSe connecter
Vous avez déjà un compte ? Connectez-vous ici.
Connectez-vous maintenant