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Les archives déclassifiées et révélations historiques


alexandreVBCI

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Réunification de l'allemagne : Mitterrand et Tatcher craignait une nouvelle guerre.

LeMonde.fr : Certains ont dit que ce féru d'histoire était passé totalement à côté de l'un des événements majeurs du XXe siècle en Europe. D'autres ont assuré que François Mitterrand avait au contraire accompagné et encouragé la réunification allemande. Vendredi 11 septembre, le Foreign Office britannique a rendu publiques des archives relatives à cette période. Elles montrent un président français à la fois très méfiant, pour ne pas dire brutal, à l'égard des Allemands et pourtant convaincu que la République démocratique allemande (RDA) et la République fédérale d'Allemagne (RFA) seraient bientôt unies.

A l'approche du vingtième anniversaire de la chute du mur de Berlin, le 9 novembre 1989, le ministère des affaires étrangères de Sa Majesté a décidé de "déclassifier" quelque 600 pages de correspondances et comptes rendus de réunions relatifs à cette période. Plutôt que d'attendre trente ans que ces documents tombent dans le domaine public, l'équivalent britannique du Quai d'Orsay a voulu profiter de l'occasion pour montrer au monde entier que ses diplomates avaient compris l'importance du phénomène. Et lutté, autant que leur place le leur permettait, contre une Margaret Thatcher, alors premier ministre, résolument opposée au processus de réunification. Une sorte de revanche de ces hommes de l'ombre contre le 10 Downing Street.

Le Financial Times, qui a révélé jeudi l'existence de ces archives, a permis au Monde de les consulter. On y trouve deux lettres de Charles Powell, le secrétaire privé de la "Dame de fer", qui relatent des rencontres entre sa patronne et François Mitterrand. Dans la première d'entre elles, en date du 8 décembre 1989, Lord Powell décrit un président français obsédé par la répétition de l'histoire. "L'Allemagne n'a jamais trouvé ses frontières, fait-il dire à M. Mitterrand, le peuple allemand a constamment été en mouvement. Et il l'est aujourd'hui."

Dans ce contexte, poursuit le conseiller diplomatique de Mme Thatcher, Mitterrand "craignait que la France et la Grande-Bretagne ne se retrouvent dans la situation de leurs prédécesseurs dans les années 1930, qui n'avaient pas su réagir" au désir d'hégémonie allemande.

Jacques Attali, qui se souvient que le président français et le premier ministre britannique se sont vus ce 8 décembre 1989 en marge d'un sommet réuni à Strasbourg, a livré sa version du même épisode dans le troisième tome de Verbatim (Fayard, 1995), recueil des notes prises en tant que conseiller spécial. "On se trouve dans la situation des dirigeants de la France et de l'Angleterre avant la guerre, qui n'ont réagi devant rien. Il ne faut pas se retrouver dans la situation de Munich !", aurait lancé, selon lui, François Mitterrand.

Juste avant, toujours selon M. Attali, la "Dame de fer" avait ouvert son sac à main, en avait sorti deux cartes d'Europe un peu froissées, découpées dans un journal britannique, l'une de l'avant-guerre, l'autre de l'après-guerre, et avait dit, d'un geste vers l'est de l'Allemagne : "Ils prendront tout ça, et la Tchécoslovaquie."

Dans la seconde lettre de M. Powell, qui relate un déjeuner entre les deux protagonistes le 20 janvier 1990, François Mitterrand serait allé encore plus loin. "La perspective de la réunification a provoqué un choc mental chez les Allemands", lui fait dire le conseiller de Mme Thatcher. Et celui-ci a eu pour effet de "les faire redevenir ces "mauvais" Allemand qu'ils étaient", l'adjectif "mauvais" étant présenté comme sortant directement de la bouche du président. "L'Allemagne peut se réunifier (...) et même reprendre des territoires qu'elle a perdus pendant la guerre", aurait ajouté François Mitterrand. "Elle peut même être plus étendue que sous Hitler."

Ces mots, Hubert Védrine, alors porte-parole de l'Elysée, assure ne les avoir jamais entendus. La comparaison avec la période hitlérienne est pour lui "grotesque", même s'il affirme dans ses Mémoires, Les Mondes de François Mitterrand (Fayard,1996), à propos du président : "On dirait qu'il passe par toutes les appréhensions, tous les fantasmes français avoués ou inavoués." M. Attali, lui, se souvient d'une Margaret Thatcher "déchaînée contre Helmut Kohl", lors de ce déjeuner à l'Elysée. Et d'un François Mitterrand acquiesçant : "Vous avez raison. Et il oublie que le régime soviétique est toujours là. Si Kohl continue à vouloir violer tout le monde, ils feront à Dresde ce qu'ils ont fait à Prague."

Pour l'historien Frédéric Bozo, professeur à Paris-III, les dirigeants français et britannique avaient une relation "assez étrange" :"Thatcher exerçait sur Mitterrand une sorte de charme, il avait une fascination pour elle, il n'osait pas la contredire." Peut-être le président socialiste ne s'opposait-il pas franchement aux "propos germanophobes" du premier ministre libéral, suggère l'auteur de Mitterrand, la fin de la guerre froide et l'unification allemande, De Yalta à Maastricht (Odile Jacob, 2005).

"Il ne faut pas oublier que, en 1945, 6 millions d'Allemands qui étaient là depuis plus de six cents ans ont été chassés de Poméranie, de Silésie et de Prusse-Orientale par les Soviétiques. Ils sont partis en Allemagne de l'Ouest", tient à préciser Maurice Gourdault-Montagne, conseiller politique à l'ambassade française à Bonn il y a vingt ans et aujourd'hui ambassadeur à Londres. Pour eux, la question des frontières allemandes était légitime et "ils représentaient une frange importante de l'aile droite de la CDU et de la CSU en Bavière, que M. Kohl ne voulait pas perdre". Le chancelier allemand, sous la pression de ses voisins européens, a fini par reconnaître la ligne Oder-Neisse comme frontière d'une Allemagne unifiée, mettant ainsi fin à toute polémique sur le sujet.

François Mitterrand, à lire M. Powell, n'a jamais cru, contrairement à Mme Thatcher, qu'il était possible d'empêcher la réunification qui sera entérinée le 3 octobre 1990. Reste que son incompréhension initiale de la situation et sa visite à Berlin-Est fin 1989 - le mur de Berlin est déjà tombé -, au cours de laquelle il signe un accord bilatéral de cinq ans avec la RDA, ont pu brouiller le discours. Les réticences du président français, à certains moments du processus et si légitimes aient-elles été, juge M. Gourdault-Montagne, ont donné l'impression aux Allemands d'une "France qui ne parlait pas le langage du coeur".

"Le doute s'est installé à ce moment-là" entre l'Allemagne et la France, juge Pierre Lellouche, le secrétaire d'Etat chargé des affaires européennes, "et il est indispensable aujourd'hui de le surmonter. Il faut rebâtir cette confiance-là". Dans ce but, le gouvernement "réfléchit aux gestes qu'il faut faire en direction de l'Allemagne" à l'occasion de la commémoration de la chute du rideau de fer : "Je voudrais que ce soit l'occasion de réussir le rendez-vous franco-allemand qui a été raté il y a vingt ans.".

C'était vraiement la peur que la réunification entraine chez les allemands une volonté de conquête militaire ou simplement la colère de constater que désormais l'allemagne était le géant de l'europe ?

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Une absence totale de compréhension envers l'URSS plutôt, ils croyaient que c'était encore comme sous Staline à l'époque de Gorbatchev, et qu'une ambition allemande trop forte sur l'europe de l'Est causerait une réaction russe potentiellement désastreuse.

Ces gens ont vécu toute leur vie pendant la guerre froide ou avant même, imaginer que c'était bien fini était au delà de leur imagination, leur monde s'effondrait, ils avaient perdu leurs repères.

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Le Monde.fr : En 1975, la Grande-Bretagne avait offert 14 millions de livres - l'équivalent aujourd'hui de 500 millions de livres (543 millions d'euros) - au colonel Kadhafi pour que Tripoli cesse de fournir des armes à l'Armée républicaine irlandaise (IRA), et resserre ses liens économiques avec Londres.

Selon des documents déclassifiés par les Archives nationales et révélés par The Independent, lundi 5 octobre, Harold Wilson, le premier ministre entre 1974 et 1976, avait écrit un "message personnel" en 1975 au numéro un libyen pour aborder le sujet. "Je ne souhaite pas anticiper sur les résultats des négociations à venir, mais il me semble utile de mentionner deux sujets capitaux pour nous, écrivait-il. Le premier concerne l'Irlande du Nord. Le second est relatif, évidemment, aux questions financières non réglées entre la Libye et la Grande-Bretagne."

Ainsi, Londres réclamait des compensations pour les expropriations que la Grande-Bretagne avait subies après la prise de pouvoir de Kadhafi en 1969. De son côté, Tripoli exigeait que le Royaume-Uni indemnise les Libyens qui avaient été victimes des mines laissées par la 8e armée britannique sur le sol libyen alors qu'elle combattait durant la seconde guerre mondiale les Italiens et les Allemands. Selon les Nations unies, entre 1940 et 1975, 5 670 Libyens ont été tués et 4 935 blessés par ces mines.

"J'espère que ces questions pourront être réglées au plus vite", poursuivait M. Wilson dans son courrier. Le gouvernement britannique a ensuite rédigé un protocole d'accord où il détaillait les conditions auxquelles les 14 millions de livres seraient payés. "Le gouvernement libyen, conscient que la majorité des (Irlandais du Nord) ont choisi de rester au sein du Royaume-Uni, s'engagera à n'offrir aucun soutien politique, moral ou matériel à l'IRA ou à toute autre organisation commettant des violences en Irlande du Nord", y était-il stipulé.

Fin 1976, Harold Wilson avait cédé la place à James Callaghan. Mais l'offre de Londres restait valable. D'autant que, comme le signale un mémorandum du ministère des affaires étrangères de cette époque, "notre part de marché en Libye a été réduite de moitié depuis cinq ans". Tripoli a refusé, jugeant que ce n'était pas 14 millions de livres qu'il lui fallait mais 51 millions. La Libye a donc continué à fournir des armes au principal groupe armé catholique en Irlande du Nord.

Depuis 2005, l'IRA a abandonné la lutte armée. Et ce sont désormais les victimes des attentats de l'ancienne organisation terroriste qui réclament des indemnisations à la Libye tandis que Tripoli poursuit son combat pour les victimes libyennes des mines posées par les Britanniques.

Le 20 août, Edimbourg a libéré Abdelbaset al-Megrahi, atteint d'un cancer en phase terminale. Le seul condamné à ce jour pour l'attentat de Lockerbie, qui avait fait 270 morts en 1988, est rentré en héros à Tripoli. Les affaires, elles, ont repris.

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Une étude sur le côté irakien de la guerre du Golfe : http://www.dtic.mil/cgi-bin/GetTRDoc?AD=ADA484530&Location=U2&doc=GetTRDoc.pdf.

Avec notamment les mémoires du commandant des unités de missiles Scuds.

J'ai fait un survol rapide du document, à la recherche d'infos sur les Scuds car la "chasse au Scuds" de 91 est un point sur lequel on n'a jamais fait de bilan potable.

Je remarque :

p.204-206 : présentation du corps des missiles de l'armée irakienne. Mais il ne donne que les noms de quatre brigades, il manque la 5e ? La plan de riposte de Saddam, qui ordonne de n'utiliser que des ogives conventionnelles.

p.240 (17 janvier) : Le général al-Ayyubi, commandant du corps des missiles, met en alerte ses unités.

p.242-244 : explication du cycle de mise en oeuvre des TEL. Les TEL ont donc fait continuellement des balades entre Bagdad/Ramadi et les zones de lancement dans l'ouest et le sud-est de l'Irak. (On ne peut pas dire qu'ils soient restés planqués.) Saddam fait renforcer l'escorte des lanceurs pour les protéger. Premiers rapports d'hélicos et de FS le matin du 20 janvier (les SAS ont franchit la frontière dans la nuit)

p.254 : quelques mots sur les tactiques des TEL irakiens.

p.257-259 (27 janvier) : la brigade 224 signale des prisonniers. (Ce sont certainement les gars de la patrouille SAS Bravo Two Zero, mais ils ont été initalement capturés par des policiers et des civils, et n'ont vu aucun Scud pendant leur mission.) Rapports d'activité de FS près de ar-Rutbah (crédible) et de al-Qaim (nettement moins crédible, les SAS ont raconté comment c'était galère de traverser l'autoroute 10, et ne sont guère allé plus au nord).

p.263-264 (2 février) : bilan des tirs et de l'arsenal irakien à cette date. Aucun lanceur perdu (la coalition en revendique alors plus d'une dizaine). Saddam décide de réduire la cadence des tirs (Sir de la Billière dira que la réduction des tirs de Scuds est dû à l'action des SAS, l'USSOCOM dira que c'est grâce à l'engagement des FS américaines...)

p.266 : le renseignement militaire irakien reçoit de l'OLP une évaluation des effets des tirs en Israël.

p.271 (9 février) : rapport d'une attaque sur le centre spatial d'al-Anbar. Un Britannique fait prisonnier. (C'est sans doute le Squadron Sergeant Major "Barry" du SAS, capturé après que sa jeep soit entrée sans s'en appercevoir dans un périmètre irakien. Les récits SAS n'en parlent que comme une reconnaissance, sans connaissance d'un objectif précis et encore moins un plan d'attaque dessus. Les Irakiens ont dû prendre un peu trop leurs désirs pour des réalités.)

p.273-274 (13-14 février) : tir groupé de Scuds à la demande de Saddam qui veut "venger" le bunker d'al-Firdos.

p.276 : encore un "BDA" de l'OLP.

p.311 (25 fév) : notes du général al-Ayyubi sur la frappe à Dhahran qui a tué 28 soldats américains (seul "gros coup" des Scuds pendant la guerre).

Remarques : il n'y a aucune mention des quelques raids de FS sur des objectifs supposés importants (Victor Two, ou le raid américain vers le 26 janvier sur un relai de coms). Aucune mention des 20 à 24 Scuds soit-disant détruits à T-1 près de al-Qaim les 26-27 février (soit deux fois tout l'arsenal de TEL irakiens... :lol:).

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Benito Mussolini fut un moment un agent rétribué des services secrets britanniques MI5, à en croire des documents officiels publiés à Londres.

Pendant la Première Guerre mondiale, le futur Duce, alors journaliste de gauche, dirigeait à Milan le journal populaire Il Populo d'Italia. L'Italie avait à l'époque basculé dans le camp français et britannique pour combattre les Allemands.

Les services secrets de Sa Majesté avaient désespérément besoin de Mussolini pour imprimer de la propagande belliciste afin que l'Italie ne change pas de camp, explique Peter Martland, professeur d'histoire à l'université de Cambridge.

Il s'appuie sur les reçus de versements hebdomadaires de 100 livres sterling effectués en 1917 par le MI5 au futur dirigeant fasciste. "Les services britanniques subventionnaient son journal, pour pas très cher. Mais cela s'inscrivait dans une vaste campagne visant à contrôler les choses afin de garder l'Italie dans notre camp", dit-il.

Bien que 100 livres correspondaient à l'époque à une somme rondelette, ce n'était rien par rapport au coût astronomique de l'effort de guerre britannique.

L'historien croit aussi que l'argent versé par Londres à son "agent" italien n'a pas uniquement servi à faire campagne en faveur de la guerre.

"Certes, une fraction de ses émoluments a permis de financer son journal mais Mussolini étant un coureur de jupons et un 'étalon' notoire, il n'est pas déraisonnable de penser qu'une bonne part de cet argent a arrosé ses maîtresses", avance le spécialiste de Cambridge.

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ça ne fait que reprendre la vision que Moscou avait de l'évènement depuis 1938, je ne pense pas qu'on puisse parler d'un changement profond de l'historiographie de la période ( même si certains historiens ont repris à l'occasion cette vision )

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pas spécialement : elles confirment surtout et seulement quelle était la vision des dirigeants soviétiques à l'époque, rien de plus

pour être franc, cette théorie que les dirigeants occidentaux souhaitaient détourner hitler vers l'Est à un gros défaut : on se demande pourquoi alors que cette politique avait réussi en 1939 ( hitler envahit la Pologne et devient frontalier de l'URSS ) on a eu la stupidité ( si on accepte le point de vue sociétique ) de lui déclarer la guerre plutôt que d'attendre que l'Allemagne et l'URSS entrent en conflit...........

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En parlant de souvenirs:

http://www.lemonde.fr/ameriques/article/2009/10/26/la-s-ur-de-fidel-castro-a-collabore-avec-la-cia_1259029_3222.html#xtor=RSS-3208

Une petite question à Zamo: qui avait le plus de sang sur ses mains en 39 à la veille du conflit?

Un Staline fana des purges à souhaits et promettant le grand soir au monde entier ou un Hitler qui veut juste son Lebensraum, qui "interne" les juifs/opposants et exécute les handicapés (choses que faisait d'autres pays considéré comme démocratique à l'époque) ?

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Un point Godwin, je veux bien le sortir quand on est dans une discussion parlant de tout sauf de la seconde guerre mondiale mais ici on est en plein cœur du sujet.

J'essaie juste de remettre le contexte de l'époque avec des dirigeants ayant une partie de la population soutenant un parti rattaché à Moscou et promettant explicitement de mettre à bas l'impérialisme et le capitalisme Occidentale.

Bien sur on peut tancer nos politiques avec nos gros livres d'Histoire et connaissant la fin mais à l'époque, je dois avouer que j'aurais douté tout autant et que j'aurai choisi la même option.

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Les archives c'est aussi bien des enregistrements audio, vidéo, mail..  que des documents (rapport, compte rendus, etc...), signés ou authentifiés par des sources fiables. Les informations sensibles ne sont rendues publiques qu'au bout d'un certain délai, c'est notamment le cas des archives diplomatiques.

http://fr.wikipedia.org/wiki/Archives

Du courrier au vitriol signé par de très lisses ambassadeurs britanniques, c'est ce que la Grande-Bretagne a découvert la semaine dernière avec la publication par la BBC de morceaux choisis de ces perfidies diplomatiques.

Tout commence avec la déclassification des archives diplomatiques du ministère des Affaires étrangères britannique. Matthew Parris, journaliste, se plonge dans la correspondance des ambassadeurs et y déniche des perles.

Jusqu'en 2006, les représentants de la Couronne à l'étranger étaient autorisés, dans leur dernier télégramme, à sortir de leur devoir de réserve pour coucher sur papier toutes leurs impressions. Et en quarante années de lettres d'adieux, il est manifeste que l'exercice a servi d'exutoire.

Roger Pinsent, Nicaragua, 1967

« Je crains qu'il ne fait aucune doute que le Nicaraguayen de base est l'un des Sud-Américains les plus malhonnêtes, violents et alcooliques.

Le Nicaragua est un pays de contrastes. Les abords de la ville sont sordides, à un degré qui choque le visiteur en provenance d'Europe. A notre arrivée nous avons involontairement causé une sorte d'incident diplomatique recherchant le nom du village que nous traversions en quittant l'aéroport. Lequel s'avérait être Managua, la capitale. »

Sir Anthony Rumbold, Bangkok, 1967

« Il faudrait être vraiment indélicat ou puritain pour croire que les Thais n'ont rien à offrir. Il est vrai qu'ils n'ont aucune littérature, aucun art pictural, et une musique très bizarre. Ils ont emprunté aux autres leurs sculptures, leurs céramiques et leur danse. Leur architecture est monotone et leur décoration intérieure est affreuse. Personne ne peut nier que le jeu et le golf sont les principaux loisirs des riches et que la débauche est le plus grand plaisir de tous. »

Sir David Gore-Booth, Inde, 1999

Certains d'être lus par un auditoire aussi large que prestigieux - l'ensemble du gouvernement - les ambassadeurs prenaient également soin de délivrer leurs critiques sur le fonctionnement de la diplomatie :

« Un des plus grands échecs de la fonction diplomatique a été son incapacité à s'extraire de sa caricature à chapeau melon, coincée, cuistre, avec un penchant pour le champagne… Si les cocktails pouvaient disparaître, je suis sûr que 99% des diplomates approuveraient. Celui qui suggèrera un traité international bannissant les réceptions pour les fêtes nationales sera canonisé. »

Sir Andrew Green, Arabie saoudite

Les débats autour du rayonnement de la Grande-Bretagne dans le monde sont omniprésents dans ces courriers, plus politiques que ne l'autorise la traditionnelle langue de bois diplomatique :

« La plus grande partie de la population saoudienne rejette en bloc nos concepts pour des raisons à la fois religieuses et sociales. Ils sont au courant des taux de divorce, d'avortement, d'enfants orphelins, de toxicomanie et de criminalité dans les sociétés occidentales.

Ils n'acceptent pas de nous voir donner des leçons sur la manière d'organiser une société. Mais le plus important pour eux, c'est qu'ils nous voient comme une société sans Dieu. Le fait est que la conception occidentale laïque de la vie les heurte profondément. »

Dame Glynne-Evans, Portugal, 2004

A l'approche des bruits de bottes en Irak, plusieurs diplomates ont fait part de leur réserves et de l'hostilité croissante contre les Etats-Unis et la Grande-Bretagne dans les pays où ils officaient :

« Les Américains détestent notre légalisme, mais cela ne veut pas dire qu'ils ont raison et que nous avons tort. Je crois qu'il faut se battre pour nos principes. »

Sir Ivor Roberts, Italie, 2006

Par peur des fuites dans la presse et de l'usage de plus en plus répandu de l'e-mail, le ministère des Affaires étrangères pensait déjà à renoncer à cette traditionnelle lettre de départ. Il en a définitivement interdit l'usage après avoir reçu ce courrier :

« Est-il possible qu'en pataugeant dans pléthore de business plans, de bilans de compétences de budgets prévisionnels et autres déferlements du management, nous ayons perdu le sens de la diplomatie ? »

L'article de la BBC est complété par un documentaire radio dans lequel s'expriment les ambassadeurs dont les télégrammes si peu diplomates ont été publiés.

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