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Hannibal et le siège de Rome


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les délices de Capoue ??

peut être que justement il n'en avait plus les moyens en fait

Rome etait plus peuplé et avait donc une capacité de régénération de ces légions supérieure à celle de l'armée d'Hannibal essentiellement constituée de mercenaires

hannibal pouvait donc vaincre localement mais pas durer dans la durée

d'autant plus qu'il y avait à craindre un durcissement de la resistance romaine à l'approche de la ville aux septs collines

la technique d'Hannibal n'etait pas mauvaise en soit

isoler Rome de son environnement en créant un glacis de terre pillée, brulée....et attendre de voir la ville tomber par elle même

cela dis le calcul a pas été poussé à son terme (Hannibal s'est effectivement oublié à Capoue) mais surtout il aurait fallu pouvoir compter sur une armée fiable ce qui n'etait pas le cas des mercenaires locaux ou regionaux

et il aurait aussi fallu pouvoir compter sur des lignes logistiques solides : or Hannibal est isolé en Italie, loin de lignes logistiques majeures et il commence à faire peur au conseil carthaginois du point de vue politique

sans soutien politique et donc logistique (il me semble d'ailleurs que seulement une faible fraction des nevires de ravitaillement lui arrivent) ca technique de transformer Rome en ile dans un océan hostile, technique qui prend du temps, est vouée à l'echec

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Un des problèmes est qu'on manque de beaucoup de données, notamment sur le côté carthaginois (archives envolées et transmission en général disparue avec la disparition de la ville et de la civilisation carthaginoises), et que le peu qu'on a, très partiel et très "standardisé" (les récits de ce type ont des codes particuliers), ne vient vraiment que du côté romain.

Ceci dit on a une meilleure connaissance des armées carthaginoises depuis quelques temps: il n'y a pas que des mercenaires, loin de là. il y a avant tout des unités d'élite  (la "Bande Sacrée" surtout) et une infanterie lourde de type hoplitique évolué ombreuse et proprement carthaginoises, des infanteries médiane et légère africaines et espagnoles efficaces liée par d'autres moyens que seulement le mercenariat (en fait, le gros des effectifs non carthaginois est fait de contingents féodaux, certes payés, mais plus motivés que de simples mercenaires). De même on trouve une cavalerie lourde et un corps des éléphants (même si celui-ci a mal vécu les Alpes, comme on sait) carthaginois, ainsi qu'une cavalerie espagnole particulière (2 hommes par chevaux: 1 cavalier et 1 fantassin médian monté avec lui). Ajoutons les mercenaires stricto sensu: fantassins gaulois, frondeurs baléares et cavalerie légère numide.

Les hypothèses sur le non-siège de Rome (le coup des délices de Capoue étant plutôt de la propagande romaine sur les "orientaux décadents", par rapport à la virtu romaine) tournent effectivement plus autour de savoir pourquoi il n'en avait plus les moyens. La nécessité du siège est évidente, et on a rarement vu quelqu'un d'aussi clairvoyant qu'Hannibal, et surtout d'aussi décidé dans sa lutte contre Rome (sa famille, les Barca, a quand même un sacré historique en ce sens), se gourer et rater un objectif aussi conséquent.

Absence de moyens de siège? Réserves logistiques trop limitées? une chose est sûre, son armée a perdu du monde et ne reçoit pas de renforrts en effectifs suffisants, alors même que les finances de la Cité punique se portent plutôt bien et que son commerce maritime va encore bien, mieux que celui de Rome qui n'a alors pas encore établi de prééminence maritime.

La vérité est plutôt, comme très souvent, surtout dans l'Antiquité, à trouver dans Carthage elle-même et les querelles de pouvoir et d'opinion au sein des instances de décision de la Cité:

- on craint le général ambitieux aux succès trop éclatants, surtout s'il est le chef du plus puissant clan de Carthage

- la nécessité, surtout vue depuis Carthage, semble être surtout de protéger le commerce maritime et les possessions espagnoles et africaines

N'oublions pas que Carthage est une oligarchie aristocratique, donc un lieu d'affrontement des potentats. Et plus encore, lle ne se conçoit pas comme un Empire, moins encore comme un Etat, mais comme une Cité Etat, qui plus est une Cité Etat commerçante. Ses aristocrates sont des princes marchands, pas des seigneurs féodaux et encore moins des chefs d'Etats. Pour eux, seule la ville et le commerce compte en définitive. hannibal voit plus grand, pour sa ville et surtout pour lui-même et les siens (lui semble déjà penser en terme d'Empire; et l'exemple d'Alexandre, si différent de la conception grecque de l'Etat, est présent dans tous les esprits hellénisés, même s'il ne fait rêver que quelques-uns).

Et c'est sans doute ce dernier aspect qui doit vraiment empêcher son renforcement en Italie: l'assemblée carthaginoise se méfie de l'étoile montante d'une part, et elle ne comprend pas la nécessité d'aller si loin, d'autre part. Elle ne semble pas en outre avoir pris la mesure de la détermination et de l'ambition romaine qui ne conçoit la guerre qu'en termes de victoire absolue et définitive, et cette guerre comme une lutte à mort, et ce encore plus depuis l'incursion d'Hannibal qui motive toutes les peurs, et donc toute la haine et toutes les énergies des Romains.

or Hannibal est isolé en Italie, loin de lignes logistiques majeures

Il me semble justement qu'il ne l'est pas tant que ça: les lignes maritimes restent ouvertes, et le Sud de l'italie est rapidement soutenable depuis Carthage.

Il me semble plutôt que c'est justement la division politique qui retient sciemment le gros du soutien dont il a besoin, n'envoyant que ce qyui est juste nécessaire pour pouvoir dire publiquement que le Conseil soutient son enfant chéri victorieux et ne pas avoir l'air de le torpiller (ce qu'ils font pourant dans les faits). Cette opération de relations publiques est d'autant plus plausible que le gros des renforts envoyés cette année va en Espagne, sous le commandement du frère d'hannibal (ce qui doit leur permettre de dire "vous voyez? On n'a rien contre les Barca").

Différence de perception des enjeux, de l'ambition, de l'intérêt et de l'adversaire d'une part, affrontements politiques internes de l'autre. Moi ça me semble être le fond de l'affaire. Parce que question moyens, Carthage est plutôt plus riche que Rome à ce moment.

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Il me semble justement qu'il ne l'est pas tant que ça: les lignes maritimes restent ouvertes, et le Sud de l'italie est rapidement soutenable depuis Carthage.

oui et non (enfin pour moi)

stratégiquement le sud de l'Italie est bien placé (en terme de distances et d'accès par rapport à Carthage) mais le gros hic est la forteresse Sicile qui est une base avancée romaine solide et qui coupe l'accès à la point de la botte italienne

de plus c'est au Nord que se trouvent une partie essentielle des positions carthaginoises simplement parceque c'est * un endroit de recrutement privilégié de troupes fraiches (notamment d'auxiliaires gaulois hostiles aux romains que Hannibal utilise en masse)

* des lignes de ravitaillement plus proches de l'Espagne (gros centre cathaginois de l'époque)

cela dis quand je dis isolé c'est aussi qu'une parie non négligeable des renforts et de la logistique vont comme tu l'as precisé en Espagne ..... pour y rester

il y a sur place suffisemment de légions romaines pour poser problème (ce qui sera le cas par la suite) et les carthaginois ne peuvent pas se permettrent de perdre leur tete de pont sur le continent

peut etre que ces renforts devaient securiser l'Espagne puis ensuite rejoindre l'Italie et que la situation se deteriorant ils sont resté dans la peninsule ibérique manquant d'autant pour la campgne italienne

cela dis ca reste du detail. Comme toi je reste persuadé que le problème majeur ici ont été les intrigues de palais à Carthage qui pouvaient etre pires qu'au sénat romain (ca rejoins un peu le sujet sur la FM d'ailleurs, avec tous les clans, sous clans et sphères d'influences des familles de nobles qui preferaient assurer leur avenir politique quitte à ce que soit au détriment du succès de la campagne militaire notamment en affaiblissant un général un peu trop populaire qui aurait pu devenir ambitieux et donc un César à la sauce Numide.... d'ailleurs ce type d'exemples ne manquent pas pendan toute l'antiquité, le premier me venant étant Bélissaire ....)

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ca rejoins un peu le sujet sur la FM d'ailleurs, avec tous les clans, sous clans et sphères d'influences des familles de nobles qui preferaient assurer leur avenir politique quitte à ce que soit au détriment du succès de la campagne militaire notamment en affaiblissant un général un peu trop populaire qui aurait pu devenir ambitieux et donc un César à la sauce Numide

Y'a beaucoup de ça; et à mon avis aussi, une question culturelle qui handicape la conception stratégique du gros des familles aristocratiques carthaginoises. Comme je l'ai évoqué, ils se conçoivent avant tout comme des princes marchands, et voient Carthage comme Athènes pouvait se voir, à savoir comme une cité avec un micro domaine agricole propre (les environs immédiats de la ville) et surtout des dépendances commerciales tributaires plus ou moins intégrées (mais en moyenne pas des masses) tournant autour de points d'appuis que sont quelques villes comptoirs, elle réellement développées et intégrées, la plus connue et la plus importante étant Carthagène (la "nouvelle Carthage").

Elle ne se voit pas comme un empire (sauf commercial) et encore moins un Etat territorial; en conséquence, les préoccupations sont celles, immédiates, des carthaginois au sens le plus strict, à savoir les citoyens (et surtout ceux "qui comptent") de la ville elle-même et de ses quelques colonies urbaines de peuplement ultra-marines.

De ce point de vue, Rome est plus avancée, avec une conception de sa citoyenneté et de sa cohérence moins restrictives (même si on est encore très loin de l'Edit de Caracalla évidemment), et une vision plus large. En tout cas au moins pour ses dépendances immédiates dans le centre de l'Italie qui offre une base déjà pré-patriotique plus large que la seule Cité romaine. Le sud grec de l'italie, la Sicile et le nord gaulois ont lâché Rome, mais le centre tient, du pô au sud du Latium.

Sans doute aussi Rome a t-elle une vision différente de l'urgence et de l'instinct de la lutte absolue, à mort et sans compromission. Apparemment, côté carthaginois, le clan des Barca (Hamilcar dans la 1ère Guerre Punique, Hannibal dans la seconde) et ses soutiens a été le seul a concevoir le danger romain et à rechercher en conséquence la guerre totale et d'anéantissement, que ce soit par clairvoyance stratégique et/ou par ambition personnelle.

D'ailleurs, la victoire romaine, si absolue, aurait-elle été possible sans l'incursion d'Hannibal? Les Romains auraient-ils conçu une guerre en termes si absolus et réussi une pareille union nationale, une pareille mobilisation, sans le danger total et immédiat? Sans doute que non, et la guerre aurait été cantonnée à des affrontements dans les colonies.

Ceci dit, quand Hannibal est en position d'assiéger Rome, il n'y a pas encore beaucoup de troupes romaines en Hispanie: c'est après que Scipion peut faire valoir sa stratégie et obtient les moyens d'une expédition sur les possessions carthaginoises. La première expédition d'Espagne a quand même été largement jugulée par les frères d'Hannibal, et la position romaine avec ses alliés du nord de l'Espagne très compromise.

Mais sur le patriotisme et le messianisme (divinisation de la Cité mère, projection et vision d'un grand avenir, blablabla), les 2 cités n'ont rien à s'envier côté nombrilisme et cohésion. Et question moyens, Carthage, à cette époque, est vraiment plus riche que Rome: les moyens n'auraient pas manqué si la conception stratégique et la volonté avaient été communes. L'opposition aux Barcacides, qu'elle soit purement celle d'un affrontement clanique d'aristos ou corresponde aussi à une vision et à une conception différentes de la Cité, de ses intérêts et donc de la guerre, a au global été trop conservatrice, petit bras et sur la défensive tous azimuths, ce qui, vu la taille du théâtre des opérations, était quand même bien plus illusoire que la volonté d'Hannibal de frapper à la tête et au coeur de la volonté adverse.

Mon avis est donc que, pour des raisons culturelles/mentales autant que pour des questions d'ambition et de querelles de pouvoir, le commandement carthaginois a loupé le momentum qu'Hannibal avait réussi à créer; les querelles de pouvoir et la mentalité aristocratique restrictive des élites d'une Cité Etat contre la vision impériale des Barca, deux conceptions qui se sont affrontées au mauvais moment. Mais les Romains n'étaient pas moins corrompus ou moins aristocratiques; eux ont eu l'urgence du couteau sous la gorge pour se coaliser. Sans doute aussi l'avantage de la loyauté pré-patriotique d'une base territoriale plus large (l'équivalent du centre de l'Italie pour les Carthaginois, c'était le sud de l'Espagne, soit un territoire séparé du leur par la mer).

J'exagère peut-être aussi ces facteurs: la diplomatie romaine a été efficace, notamment en ouvrant un front en Afrique (bien avant l'expédition de Scipion) via l'alliance avec les Numides. Il y avait, à ce stade, des conditions objectives à la retenue de renforts. Mais c'est quand même une direction politique coupable qui a rendu possible le ressaisissement romain et qui a rendu efficace la stratégie de terre brûlée en italie. L'action d'Hannibal ne pouvait se faire sans vitesse et suivi constants. Faire cet effort aurait permis une chute de Rome dans l'année et donc une occupation très momentanée des dites ressources en Italie. Plus que tout, c'est l'utilisation du temps qui a été le facteur dominant, et là, les élites carthaginoises, pour de bonnes et beaucoup de mauvaises raisons, ont trop atermoyé. Et ce temps, après des incompétences crasses et des querelles comparables, les élites romaines ont pu en bénéficier, puis le prolonger via la terre brûlée et la multiplication des fronts.

Mais s'il est une chose qui est certaine, c'est qu'il faut oublier toutes les conceptions traditionnelles et manichéennes qu'on a de ce conflit:

- vertu romaine contre corruptioon carthaginoise

- civilisation romaine jeune et "montante" contre vieille puissance installée et décadente

- armée de mercenaires peu motivés contre armée de citoyens patriotiques

- un génie omnipotent qui décide des batailles (parce que autrement, évidemment, ces décadents tueurs d'enfants nauraient jamais rien pu faire) contre un peuple dont les vertus finissent par l'emporter

bref, tout ça, ce sont des stéréotypes que nous ont transmis les romains, seuls dont les chroniques (pas vraiment des analyses historiques scientifiques) ont traversé le temps.

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