Tancrède Posté(e) le 31 juillet 2010 Share Posté(e) le 31 juillet 2010 Encore un sujet large, mais qui est intimement lié à la réflexion que je conduis en ce moment et à un document que je rédige (work related, le nom du client ne sera pas cité ;)), et qui en fait fonctionne de concert avec les sujets sur lesquels je suis très présent en ce moment ("nanas au combat" et le sujet historique sur l'organisation hiérarchique et tactique). Evidemment, le présent est aussi concerné, même si j'insisterais sur l'importance de trouver des exemples avant tout historiques; cependant, l'Histoire, bien avant d'être un objet intellectuel, est avant tout un RETEX géant pour éclairer et relativiser le présent (qui n'offre pas souvent de vraie nouveauté), et s'orienter vers l'avenir. Ainsi, il est bien question de modèles militaires et de formes d'organisation sociales et militaires qui, tant pour des raisons stratégiques et tactiques (avoir l'outil militaire le mieux adapté) que pour des raisons économiques, politiques et sociales, sont intimement liées, et même profondément liées, étant donné que la notion même d'Etat et la résistance dans le temps de structures étant sont avant tout le résultat de la façon dont un Etat organise sa défense extérieure (l'autre point fondamentale étant la "paix intérieure": justice, prospérité, relations sociales, sentiment d'appartenance). En attendant la révolution robotique (qui sera en fait un nouvel avatar de la question) qui chassera l'homme du champ de bataille :P :lol:, l'histoire des armées repose et a reposé avant tout sur le recrutement: comment trouver les effectifs suffisants, comment garantir un niveau de formation adapté, une disponibilité adéquate (immédiatement, puis une capacité de montée en puissance, puis une capacité de tenir dans le temps) et comment avoir un niveau qualitatif élevé pour les troupes. Le présent voit la décrue rapide de l'avantage comparatif des armées occidentales, et ce malgré les progrès technologiques et les budgets de recherche militaire; il faut se demander si l'outil humain n'est pas négligé (certains s'offusqueront en exhibant le coût global qu'il représente) alors que précisément, la recherche d'une armée expéditionnaire "qualitative" devrait l'inclure comme un acteur majeur, sinon même le mettre au centre de tout développement militaire, dans sa formation, son organisation, l'optimisation de l'outil à tous les niveaux, ce qui commence avant tout par le recrutement. Mais recrutement, formation et cadre d'emploi dans les armées de terre se conçoivent encore, hors certaines spécialités très techniques, comme au XIXème siècle, et l'organisation tactique en témoigne. Il n'est que de constater l'efficacité militaire obtenue par les armées modernes depuis la fin de la Guerre Froide: "rentabilité tactique" assez faible. Hors, le soldat terrestre n'a jamais eu à affronter un panel de missions, de savoirs-faires et d'impératifs de tous ordres (légals...) aussi vaste. Sans s'étendre sur le modèle souhaité du soldat de l'avenir (pas viser "l'armée des Bac + 5" non plus), il n'est que de constater qu'aujourd'hui, comme à toutes les époques, il y a une tendance; affaiblissement du sentiment national, baisse des vocations et des candidatures en quantité comme en qualité, baisse des exigences (souvent liée à la raison précédente)....Ce schéma a existé à Rome, il a existé dans la France d'Ancien Régime et, en fait, partout et en tous temps hors des périodes de conscription universelle. Si la formation, la fidélisation, l'expérience et le maintien en condition peuvent élever le niveau, ils ne sont pas non plus la panacée pour toutes les recrues, et ont un potentiel plafond, surtout si une partie plus ou moins significative des effectifs n'est pas faite du "matériel humain" de la plus haute qualité.Colbert a ainsi essayé d'établir un système de conscription (le système des classes) en son temps, de même que beaucoup de ministres/chefs d'Etat ont essayé, par de multiples moyens, d'attirer les "bons candidats" aux armées, que ce soit en tant que professionnels permanents ou comme réserves (pas du tout, partiellement ou totalement entraînées) mobilisables plus ou moins rapidement. Mais peu de systèmes ont eu une efficacité significative, et encore moins une durable. Et les armées du XVIIIème siècle, surtout après la Guerre de Sept Ans, ne se distinguent pas vraiment par un recrutement de qualité, malgré, par exemple dans le cas français, la garantie de paiement de soldes correctes, de vraies casernes saines, une permancence totale des effectifs (réforme Choiseul) et un équipement top niveau. Les soldats viennent plutôt de la lie de la société. Paradoxalement, sous Louis XIV, même si c'est pas la panacée, la qualité est nettement plus élevée alors que la solde, pas élevée, est encore loin d'être systématiquement payée, que le casernement est encore balbutiant, que les charges encore vénales impactent beaucoup les unités (officiers qui trichent sur la solde, les fournitures, l'entretien, l'armement et les effectifs), que la corruption élevée pourrit la vie militaire encore plus (notamment la fourniture aux armées) et l'équipement connaît encore beaucoup de problèmes. L'armée romaine tardive avait aussi des problèmes à attirer les bonnes recrues, contrairement aux époques précédentes où, même après la réforme de Marius (professionalisation de l'armée), Rome a eu accès à un vivier de volontaires de qualité très abondant pendant plusieurs siècles. Sentiment national élevé, manque de possibilités dans la vie civile (surtout avant César, avec la massification graduelle du travail servile qui chasse la plèbe des métiers agricoles et d'une bonne partie des métiers artisanaux), rémunération stable, possibilités de butin, fierté d'appartenance (qui compense ce que la vie civile n'apporte plus), statut social, "don" de terres en fin de contrat, attachement à une grande maison sénatoriale (les vétérans retirés deviennent "clients" de leur ex-patron, et une réserve mobilisable) ou à la maison impériale (après Auguste).... Peu d'armées, sinon aucune, ont jamais pu conserver dans le temps un tel niveau de qualité.Les féodalités européennes et japonaises offrent un autre exemple: la faiblesse de l'Etat central et le coût de l'entraînement et de l'équipement du soldat professionnel ont conduit à une monopolisation de fait de la fonction et de la capacité militaire chez ceux qui en avaient les moyens, "privatisant" en fait la capacité armée d'un pays; de Charlemagne à la Guerre de Cent Ans, il y a même un resserrement graduel de cette capacité sur l'élite nobiliaire qui devient de fait une caste militaire de plus en plus fermée avant que ne réapparaissent des formes de conscription locale efficaces, mais surtout liées à l'autodéfense (Cités-Etats italiennes, milices des Flandres et Cantons suisses notamment), et une classe de soldats professionnels non nobles, plus souvent mercenaires qu'autre chose. L'Espagne offre, comme beaucoup de zones frontières (Hongrie notamment), l'exemple d'une féodalité moins exclusive par la présence d'une guerre permanente sur son sol, qui a entretenu une tradition de paysans-soldats régulièrement mobilisés, et de hobereaux (nobles mais n'ayant pas les moyens d'un équipement "chevaleresque") combattant en permanence au point de former la classe particulière de l'hidalguia qui est à l'origine de l'esprit de corps des premiers tercios. Ceux-ci, du moins pour les 7 "Tercios Viejos", garderont une grande efficacité et qualité de recrutement pendant un siècle malgré un équipement, des fournitures, des conditions de vie et de "travail" à tous égards très mauvais. Les exemples peuvent être multipliés à l'infini, mais le fait est que peu de systèmes réellement satisfaisants (encore plus s'il faut retrancher les pays en situation de guerre permaenente sur leur sol.... Et encore: voir Israël aujourd'hui) ont jamais été trouvés, et que ceux qui l'ont été ont TOUJOURS été liés à d'autres leviers que de simples variations sur la rémunération et la qualité/quantité de l'équipement. Au mode de vie particulier du soldat, il faut offrir une perspective de vie particulière (ou au moins de reconversion correcte), difficilement compatible avec la vision très comptable du troufion éjectable pour éviter d'avoir à payer une pension. L'avenir proche verra des pays comme la Chine disposer de masses humaines importantes et disponibles pour le métier des armes par défaut d'autres possibilités (quoiqu'il puisse être dit, les possibilités de développement de nombre de puissances émergentes ne concerneront jamais l'intégralité de leur population, loin s'en faut), leur offrant par là-même un niveau de choix des candidats auquel les puissances plus anciennement développées ne retrouveront pas avant longtemps. Qu'en penser? 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Chronos Posté(e) le 1 août 2010 Share Posté(e) le 1 août 2010 Bon, vais tenter d'apporter une modeste contribution. Qu'en est-il en Europe du recrutement des étrangers ? La France à un système très codifié mais il me semble qu'aux Etats-Unis pas mal d'étranger font un passage à l'armée et qu'il existe des formules de ce type, notamment pour les nationaux qui veulent obtenir plus aisément des bourses d'études. Également après service, il me semble que l'on peut plus aisément accéder à des postes publics, ce qui règlerait partiellement la question de la reconversion. A priori la question du bouche trou pourrait être réglée comme ça. L'on recrute des étrangers (et des mercenaires, y compris pour le cas de la Légion, force de contractors institutionnalisée) certes mais il y à récompense à la clef. La question de la fidélisation est plus complexe, tu pointes des leviers autres que la solde et l'équipement. On peut reprendre le manque de possibilités dans la vie civile, la rémunération stable et la fierté d'appartenance (je reprend pas le butin, ça m'a pas trop l'air d'actualité par chez nous) à laquelle se lie plus ou moins le statut social. Le manque de possibilité dans la vie civile est lié à l'état de l'économie (?), vu l'état des nôtres peut-on légitimement penser qu'il sera davantage possible pour les armées dans les années à venir d'accéder à un plus grand vivier ? La rémunération stable je dirais que ça existe déjà même s'il vaudrait penser à réhausser la paie, ça suit pas vraiment la hausse des salaires correspondant dans le secteur civil. Concernant fierté d'appartenance et statut social peut-être que l'institution devrait penser à communiquer et s'ouvrir à un plus large public, adopter une démarche active (pas simplement faire un site internet qui fonctionne à moitié) favoriser des rencontres entre civils et militaires qui pourraient sortir de leur mutisme. Permettre à des soldats de faire de la vulgarisation (afin de ne pas, dans un premier temps, imposer des ouvrages par trop techniques) de leur métier. Si on s'inspire des romains avec le don de terres il faudrait en revenir à une politique coloniale agressive et à une expansion ininterrompue, modèle qui finit nécessairement par avoir des limites, l'on pourrait imagine autre telle une garantie de logement décent (pas un palace non plus) ou une prime spéciale passé un certain temps de service et servant de capital départ une fois l'uniforme ôté. Question motivation il parait qu'un bon soldat est toujours occupé à quelque chose qu'en est-il chez nous ? EDIT : Pour ce qui est de la conscription en général peut-on considérer qu'il s'agit d'un mode tenable sur le temps long ? Mine de rien il coûte cher (surtout vu l'importance du mécanique dans les armées modernes, ça fait pas mal de matos à stocker/entretenir) et semble socialement intenable dans le temps à moins d'une menace directe quasi permanente (et encore à la fin de la guerre froide, pas mal de monde en avait marre d'après ce que je comprend). Si l'on prend l'exemple de la Chine, Jacques Gernet pointe en passant pas mal de modèles d'organisation militaires que cela soit les forces professionnelles, de conscription ou même des troupes établies par castes et réparties territorialement. Ne devrait-on pas penser à un mode alternatif encourageant une sorte de réserve volontaire qui serait "OPEX capable" à ma manière des MEU américaines (selon un mode trinitaire, pas prêt, montée en puissance, prêt). Ces gars-là ne seraient pas militaires en permanence et volontaires. Lien vers le commentaire Partager sur d’autres sites More sharing options...
ARPA Posté(e) le 1 août 2010 Share Posté(e) le 1 août 2010 Si on s'inspire des romains avec le don de terres il faudrait en revenir à une politique coloniale agressive et à une expansion ininterrompue, modèle qui finit nécessairement par avoir des limites, l'on pourrait imagine autre telle une garantie de logement décent (pas un palace non plus) ou une prime spéciale passé un certain temps de service et servant de capital départ une fois l'uniforme ôté. Le don de terres des romains (après 20 ans de service ?) ne devait pas concerner tant de monde que ça (il faut faire et survivre à une carrière aussi longue) et le montant global aurait probablement pu être financer par des impôts plutôt que par une conquête territoriale. En plus le don de terre peut aussi servir dans une politique de peuplement. Pour les Russes ça pourrait servir à repeupler la Sibérie, en France ce serrait une solution pour forcer des citoyens modèles (à priori) à occuper des zones mal famés. Enfin on n’est plus à l’époque ou tout le monde vit de ses terres et actuellement les terres offertes seraient immédiatement revendu au plus offrant, en plus le militaire a une famille qui ne peut pas forcement suivre. Je pense que la préretraite que les militaires français peuvent (pouvaient ?) recevoir après 15 ans de service en plus d’un salaire civil leur permettant d’avoir un meilleur niveau de vie que des civils à travail égale ressemblait assez dans sa philosophie au don de terre. Sinon dans certains films/romans de science fiction, il faut avoir fait un service militaire pour avoir le droit de vote ou être éligible. Question motivation il parait qu'un bon soldat est toujours occupé à quelque chose qu'en est-il chez nous ? Entre les OPEX, les OPIN et les différents exercices (nationaux ou internationaux) j’ai l’impression que nos soldats sont plutôt bien occupés. Lien vers le commentaire Partager sur d’autres sites More sharing options...
Tancrède Posté(e) le 2 août 2010 Auteur Share Posté(e) le 2 août 2010 L'exemple romain avec le don de terres n'est que cela: un exemple. A l'époque, la terre était l'un des grands signes de statut social et de revenus confortables. Recevoir ces lots, même si c'était loin d'être la fortune (loin de là), voulait dire recevoir une situation stable, une visibilité pour l'avenir, en même temps qu'un statut d'homme libre et en mesure d'être son propre patron: l'équivalent en argent de cette donation n'aurait rien donné de tel (l'argent seul file plus vite qu'une situation, et peu de gens savent bien l'investir). Donner de la terre, c'est établir un homme comme citoyen actif et respectable, avec une activité durable. Aujourd'hui, des équivalents à cette donatio peuvent être trouvés pour ceux qui ont fait carrière, et c'est d'autant plus important que, contrairement à cette époque, le monde actuel est nettement plus varié dans les métiers et carrières disponibles, et plus exigeant. A l'époque d'un monde agraire, beaucoup avaient au moins un savoir minimum du travail de la terre, tandis qu'aujourd'hui, chaque branche d'activité est spécialisée, et peu de gens naissent dedans comme ce pouvait être le cas dans un monde à dominante agricole/artisanale. Développer un secteur de contractors (non combattants) plus ou moins sous contrôle de l'Etat est une possibilité à mettre à côté d'autres: assurer la maintenace, l'entretien et la formation sur matériels vendus par la France, l'entraînement à des savois-faires spécifiques.... Est une voie de reconversion à mettre en valeur dans le marché grandissant du "suivi/SAP" sous toutes ses formes des ventes de matériel militaire, même si l'effectif concerné n'est pas en soi suffisant. Mais pour développer le côté "2ème carrière" (en partie bouché parce que les jobs administratifs/soutien sont pris par des jeunes qui en font leur première carrière), ça va avec le paysage, de même que les pensions. Autre transposition possible de cette donation, via un autre angle de vue, celui de l'Etat: les donations sont le plus souvent faites dans des terres conquises plus ou moins récemment, pas toujours même encore établies comme provinces (statut juridique, impliquant un corpus de lois donné, une force militaire et policière....), ce qui concourt de la politique de colonisation au financement aidé par l'Etat (avec les camps de légions), un acte rentable dans le temps de volontarisme économique et de mise en valeur des terres avec intégration dans de nouveaux centres économiques. Le parallèle peut être fait avec l'époque moderne en ce qu'une telle politique peut être envisagée sous un angle "dématérialisé"; en lieu et place d'une colonisation territoriale, la reconversion de militaires méritants peut s'accompagner de formations réellement au point et de financements de création d'entreprises ou de maintien d'activité "rentables mais pas trop mais surtout nécessaires" dans des zones données du pays ou des secteurs particuliers de l'économie. Autre exemple d'époque où cette question a été abordée sérieusement: sous Louvois, la qualité du recrutement observée pendant la Guerre de Trente Ans, la Guerre franco-espagnole et la Fronde a fait l'objet de vraies réflexions. Le système des classes de Colbert était une réponse, mais en soi insuffisante: essayer d'attirer une partie de la population masculine des "bonnes couches" de la population paysans ayant au moins une petite terre, artisans....), soit ceux qui mangent à leur faim, sont en meilleure forme, ont une meilleure éducation, sont plus socialisés, sont dits "gens de bonnes moeurs", sont plus susceptibles de patriotisme et d'un degré un peu moindre d"individualisme court-termiste.... Bref, attirer les "classes moyennes" de l'époque plus que le "dernier quart" de la population, était un casse tête. Le système de Colbert n'était en aucun cas une conscription universelle, et il y avait trop de moyens de le biaiser ou d'y déroger, même s'il n'a pas été sans produire quelques bons résultats. C'est pourquoi, pas seulement par simple humanité, Louvois, Vauban et Louis XIV ont cherché à développer ce que pouvait être la "carrière des armes": il y avait des travers à compenser (notamment le logement chez l'habitant, une plaie générale, et la retraite dans les monastères, que les moines évitaient par bien des façons), mais aussi une attractivité à développer. L'établissement de l'uniforme, le meilleur armement, le prestige développé autour de cela, l'ordonnancement des troupes, la lutte constante contre le système de la vénalité des charges, l'imposition de quota d'effectifs constants en dehors des périodes et saisons de guerre, l'amélioration du versement de la solde (à défaut d'être élevée, elle devenait régulière), l'encadrement des comportements des officiers (régulations sur les dotations, les quotas d'entraînement, la bouffe, la solde....), l'établissement d'une vraie fourniture aux armées (même si elle était encore loin d'être satisfaisante, elle a fait de l'armée française la première qui ne crevait pas de faim et qui n'avaient pas besoin de piller ses propres populations pour survivre) .... Furent des réponses pour la vie comme militaire d'active et de carrière (partiellement pour les recrues d'une guerre). Mais plus largement, il fallait faire des armes une carrière, au moins pour les bons éléments à tous les niveaux, et un projet de vie parce qu'il était notoire que, hors cadre de mobilisation pour une guerre importante où des paysans (surtout) pouvaient/devaient s'engager temporairement, le militaire qui n'avait réellement fait que ça avait bien peu d'espoir de reconversion dans le civil. Ce problème ne se posait pas pour la Marine, car les populations maritimes étaient limitées en France, et la reconversion dans le civil ne posait pas de problème, l'activité commerciale/de pêche reprenant à plein régime sitôt la paix revenue. Donc quelle réponse de Louvois? Outre les améliorations générale de vie et de travail dans l'exercice proprement dit de l'activité militaire, il a cherché à établir des permanences d'effectifs pour garder des cadres (soldats vétérans, sous-officiers, bas-officiers) à l'année en temps de paix, et leur offrir un vrai "projet de vie". Il a pour ce faire étendu le système des Mortes-Payes (les cadres de garnisons de places-fortes), établi des cadres de milices (gardes-frontières et gardes côtes, mais aussi gardes civiles pour compenser la faiblesse du "Guet Bourgeois", seule police dans les villes), imposé des permanences en camps de manoeuvre maintenu à l'année pour garder des structures d'entraînement adaptées (et pas tout réimproviser à chaque guerre), maximisé les effectifs permanents dans la mesure du possible (régiments pleins uniquement faits de futurs cadres avant une guerre, ou régiments à effectifs partiels, n'ayant que leurs bas-officiers, sous-officiers et quelques vétérans), réservé des postes de "fonction publique" (plutôt rattachement à de grandes maisons), imposé aux propriétaires de régiments de garder leurs soldats méritants après leur temps ou en cas de mutilation (ça se faisait, mais ce n'était pas systématique), mis à contribution plus sérieusement le clergé, surtout régulier, et, fin du fin (la mesure la plus célèbre), instauré l'institution des Invalides de Guerre, avec leur bâtiment le plus célèbre à Paris (mais ils se mirent à fleurir un peu partout dans le royaume). Beaucoup de ces mesures sont dirigistes, elles sont souvent chères, toutes sont imparfaites, beaucoup de choses restaient perfectibles, beaucopup de défauts restaient à corriger et aucune n'a fait de la vie de soldat de carrière un paradis; mais comparé à ce qui existait avant (pour ainsi dire rien), le changement dans les décennies 1660-1670-1680 fut l'une des plus grandes révolutions militaires de tous les temps, et pas la plus connue. Si l'armée de Louis XIV, considérée comme la première armée moderne, connut une telle explosion quantitative et qualitative, ce n'est pas que dû à l'amélioration de l'armement et de certaines conditions de vie: l'armée est devenue une carrière et une chance d'élévation sociale à tous les niveaux, mais aussi quelque chose de respectable au service du pays, attirant des vocations, des ambitions, des volontaires, des patriotes et non plus seulement les rejetés, els désespérés, les sujets en mauvaise santé, les recrutés de force.... Le "prestige de l'uniforme" date de ce temps là. Le système a été mal géré sous Louis XV avant d'être repris en main vers la fin du règne (Choiseul et St Germain), mais la qualité moyenne des troupes sous Louis XIV était un sujet d'admiration dans toute l'Europe; les connaisseurs de cette armée soulignent souvent que ses seuls échecs sont dus soit au haut commandement (du coup rarement des demi-échecs, quand la connerie est faite à ce niveau), peu réformable et lié au système de Cour et à ce qui restait de la féodalité, soit aux périodes de fin de conflit long, où évidemment le recrutement et l'entraînement ne suivaient plus la "consommation" des effectifs et les problèmes de financement. Avant cela, le soldat, pour une population (et pas le soldat étranger, généralement toujours mal vu), était un parasite, un tapeur, et une armée qui passait par votre région était une certitude de pillage, de ravages et d'exactions. Et personne ne voulait aller aux armées, sauf forcé ou si réellement le "pays" (et par là entendez plutôt la région) était menacé. Sous Louis XIV, petit exemple de l'efficacité de ce système et de ce qu'était devenue l'armée et par elle la conscience nationale, diffusée entre autres par l'arrivée massive de toutes les couches de la société dans ses effectifs: en 1709, suite aux déboires de l'abruti maréchal de Villeroy face au tandem Savoie-Marlborough, Louis XIV rappelle Villars et lance un appel général au royaume pour rassembler "l'armée de la dernière chance". Il ne restait à ce moment aucune armée constituée ni assez d'effectifs suffisants dans la moitié nord du royaume pour empêcher les alliés de foncer sur Paris. Les dons et les candidatures affluèrent de tout le pays, mais surtout de la moitié nord (le sud ayant ses propres fronts) en nombres tels qu'il fut impossible d'équiper le tiers des volontaires, et si leur entraînement fut hâté et la proportion de vétérans et professionnels aguerris était trop basse, tous les témoignages (y compris ennemis) montrent que cette armée avait un mordant et une qualité humaine moyenne comme l'Ancien Régime en a rarement vu. Pour la note, ce que l'historiographie républicaine ne vous dira jamais, c'est que le nombre de volontaires cette année là (plus de 400 000 volontaires) a battu de loin le record de candidatures de la soi-disant "Levée en masse" de 1793 (autour de 300 à 350 000 volontaires). Vive la nation d'accord, mais vive le roi aussi apparemment :lol:. Et cette armée là, c'est celle de Malplaquet et Denain. La levée en masse de 1793, question qualité (en fait l'essentiel des bataillons de volontaires de 1792 à 1795), c'était plutôt lamentable pour l'essentiel (gens "de mauvaise vie et moeurs dissolues" selon le terme de l'époque, braillards et émeutiers, fouteurs de merde notoires, criminels....), à tel point que la quasi totalité de ces volontaires mis en avant dans l'iconographie républicaine et les manuels d'histoire n'a pas vraiment vu l'ennemi de près, n'a réellement employée qu'en Vendée et ailleurs à l'intérieur (résultat? Situations empirées, pillages, exactions, inefficacité, conflits prolongés), n'a jamais foutu les pieds à Valmy (c'est la vieille armée de ligne qui a fait le taf) et ont fini par être durement éclusés pour être intégrés dans l'armée de ligne. Tous ces parallèles pour montrer que les armées "à succès", surtout durablement, ont souvent compris que pour avoir de la bonne main d'oeuvre, fallait éviter de considérer la recrue comme juste de la main-d'oeuvre semi-qualifiée, et lui offrir autre chose que de jolis joujoux et une solde plus ou moins correcte. L'armée anglaise pré-XIX7me siècle pourrait être le contre-exemple facile, historiquement, mais son efficacité historique, contrairement à beaucoup d'idées reçues, ne fut jamais énorme et correspond surtout aux engagements limités auxquels elle s'est livrée, dans des contextes toujours très encadrés: son recrutement a quasiment toujours été de très mauvaise qualité, les bons effectifs (cadres et soldats) allant à la Navy. Lien vers le commentaire Partager sur d’autres sites More sharing options...
S-37 Berkut Posté(e) le 3 août 2010 Share Posté(e) le 3 août 2010 Personnellement, la chose qui me frappe, ce sont les modifications importante qu'a subit le soldat depuis 10 ans, au niveau de son équipement et de la façon dont il l'emploi. Et la différence entre les USA et l'Europe est très intéressante.Je veux dire par là, que pour la première fois depuis très longtemps, le soldats est au centre d'une reflection stratégique, que ce soit au niveau de son équipement ou de son entrainement.Nous étions habitué depuis des décénies à voir les Etats investir dans de nouveaux avions de combats, des chars, des navires plus moderne. Mais le soldats restait indéfectiblement l'oublié de ses grandes révolutions technologique. L'équipement d'infanterie restant très basique et ne changeant que peu de génération en génération.D'habord, au niveau des armes d'infanterie. Alors que la France comme d'autres pays Européens avait optée depuis longtemps pour une arme unique (FAMAS) pour toute la troupe, l'infantry US elle a continuée à cultiver les différences, et a crée le terme d'Opérateur. Spécialiste dans le maniment d'une arme bien précise. Machin-gunner, Grenade-laucher, Designated Marksman, etc,...L'idée étant d'utiliser au mieux les performence du soldats en fonction de ses aptitudes. Le soldats n'étant plus juste de la chaire à canon, un troufion, mais devenant un élément stratégique de l'unité qui a son importance.Là je crois que l'on touche au coeur de ce qui a été durant très longtemps une différence entre les armées FR et US. L'armée Française a connue celà à l'époque de son américanisation poste seconde guerre mondiale. Mais l'idée du troufion en masse a vite refait son apparition avec l'idée d'une arme pour tous les soldats (le FAMAS). C'est une vision de l'infanterie remontant presque au XIXème siècle et à Napoléon.Alors que j'avais appris dans les années 90 à l'armée que tous les soldats devaient être identique les uns aux autres, on voit apparêtre maintenant des "opérateurs". Chaque homme de troupe a sa propre spécialité et l'équipement qui va avec. Le soldats devient un technicien, plus un troufion de base.Les derniers conflict récent ont démontré à l'armée française que cette conception de l'infanterie avait vécu. Aujourd'hui, nous voyons en A-stan des unité des forces spéciales enfin appliquer cette nouvelles psychologie utilisée dans l'infantry US depuis déjà près de 50 ans. Je crois que les US on fini par donner une valeur au soldat. Et celà joue dans le procéssus de célection.Aujourd'hui, l'armée FR est peut-être entrain de commencer à tourner la page de 14-18 dans sa conception de l'infanterie. Et l'utilisation que l'on en fait. 5 gus spécialisés dans une arme bien précise offrant bien plus de possibilités stratégiques que 10, tous armé du même fusil et dont le but est une charge à la soviétique.Autre point, l'équipement.Quant est arrivé l'OTV et le MICH dans l'infantry US au début des années 2000, le terme de centurion a fait son apparition pour déciri le soldats en tenue lourde. C'est là encore une vulgarisation, mais qui dénote une évolution importante. Probablement d'ailleurs la plus grande évolution de l'histoire militaire au niveau de l'infanterie de ses 50 dernières années. L'investicement se fait maintenant dans l'homme de troupe. Car son équipement coûte chère, très chère même.La vie du soldat perdu est maintenant plus médiatisée que jamais. L'homme de troupe devient de plus en plus difficilement sacrifiable à volonté.Alors il est vrai que la technologie a beaucoup évoluée ces dernières années. Le soldats est devenu professionnel, et en tant que tel, il s'équipe souvent lui même de plus en plus souvent.Des dizaines de marques ont fait leur apparition. Faisant naître une concurence féroce dans un milieu autre fois un peu oublié. (Quand on pense que certaines firmes détenaient des marché depuis plus de 50 ans sans appel d'offre, comme GSA Compliant qui fournit les gourde).Il y a une vrai révolution aujourd'hui. Le soldat devient le client de toutes ces marques, ce qui fait jouer la concurence pour le satisfaire.Actuellement, la France est devant un tournant historique. Elle continue à faire la sourde oreille, mais les résultats prouvent que son modèle a vécu. Et faire à tout jamais la guerre en n'impliquant que des FS ne sera peut-être pas toujours possible.Le recrutement.Pour revenir au sujet de départ, l'armée recrute un personnel en fonction de critères qui ne snt plus ceux d'aujourd'hui. Elle est encore une fois en retard d'une ou plusieurs générations et se demande si elle doit franchir le pas. Seulement c'est un pas qui coûte chère, très chère même.L'armée française est une armée professionnel, mais dotée de soldats n'étant pas tous des professionnels. La technique (comme dit dans un autre topique) est d'en prendre beaucoup pour ne garder que les bons. Mais celà coûte horriblement chère. Après, le recrutement de jeunes désérité dans les banlieu est aussi largement pratiqué aux US. Mais la France a t'elle les moyens de se payer le même luxe ? Lien vers le commentaire Partager sur d’autres sites More sharing options...
Tancrède Posté(e) le 3 août 2010 Auteur Share Posté(e) le 3 août 2010 Un poil hors sujet quand même (la première partie) ;). Cependant la spécialisation du fantassin même au sein du groupe de combat élémentaire date de la 1ère GM, et a précisément été, côté allié, apportée par la France (juste une note en passant), qui a la première consacré la mort de l'infanterie de ligne à partir de 1916. Pour revenir au sujet de départ, l'armée recrute un personnel en fonction de critères qui ne snt plus ceux d'aujourd'hui. Elle est encore une fois en retard d'une ou plusieurs générations et se demande si elle doit franchir le pas. Seulement c'est un pas qui coûte chère, très chère même. L'armée française est une armée professionnel, mais dotée de soldats n'étant pas tous des professionnels. La technique (comme dit dans un autre topique) est d'en prendre beaucoup pour ne garder que les bons. Mais celà coûte horriblement chère. Après, le recrutement de jeunes désérité dans les banlieu est aussi largement pratiqué aux US. Mais la France a t'elle les moyens de se payer le même luxe ? Euh, t'as pas regardé la qualité de l'infanterie américaine, anglaise ou d'ailleurs de n'importe quel autre pays développé: le recrutement se fait en majorité parmi les populations les moins favorisées, et le soldat est encore considéré comme de la main d'oeuvre semi-qualifiée jetable à merci, qui est qualifié occasionnellement de mots pompeux comme "spécialiste", ou "professionnel" (pourquoi pas "technicien de la violence" non plus? Dans le genre aphorisme politiquement correct comme "professeur des écoles, c'est aussi ridicule). C'est justement cette conception de l'infanterie qui n'a pas changé réellement depuis le XIXème (malgré les évolutions purement techniques du métier) et qui reste ancrée partout, malgré les beaux discours sur le "fantassin-système d'armes et objet d'investissements lourds", le "caporal stratégique" et autres effets d'annonce bien plus fantasmagorique que ne peut l'être la réalité. Après, pour les critères de qualité/qualifications, quelle "technique" d'en prendre beaucoup et de ne garder que les bons? Les bons ne viennent pas à l'armée, ou en trop petit nombre, c'est ce que j'essayais de souligner: le vivier est trop réduit dans les pays développé, et ça ne peut qu'empirer vu la façon dont est considérée (et traitée) l'armée, même aux USA (au-delà du patriotisme de façade qui va rarement plus loin que des commentaires élogieux et l'affichage d'un petit drapeau sur le pas de la porte): voir leurs problèmes de recrutement même en temps de crise, et surtout dans la qualité des personnels. La seule solution, comme à d'autres époques, est de changer la conception même du métier et de la carrière militaire pour élargir le vivier de recrutement, et pas de façon anecdotique; à défaut de pouvoir compter sur un haut niveau de patriotisme, il est d'autres moyens, comme l'exemple de Louvois l'a montré en son temps, non par la nature de ses méthodes, mais par la révolution qu'elles ont représenté et le changement par rapport à ce qu'était le métier des armes avant lui. L'effet a été de changer radicalement la nature et la qualité moyenne des recrues à une échelle immense. Les armées occidentales actuelles sont comparables aux armées d'Ancien Régime juste avant la Révolution: techniques (parfois au point du ridicule), ayant un sous-recrutement et ne parvenant plus à attirer les bons candidats en nombre significatifs et compensant (mal) par un cocooning accru des soldats. Autre exemple historique, qui eut son heure de gloire et d'efficacité avant de se refermer dans sa logique et de se réduire jusqu'à l'inefficience: la chevalerie. A la base, la féodalité, l'host (armée) féodale, vient du système de la levée carolingienne (elle-même une évolution du système militaire franc mis au goût du jour avec la conception romaine d'une défense organisée). Tout homme libre (par opposition aux serfs) est supposé s'entraîner et tenir en état un armement donné, et tout propriétaire d'un bien un peu significatif est censé entretenir un cheval et un équipement de cavalier, et chaque comte est censé opérer des manoeuvres d'entraînement régulières sur une échelle de mobilisation donnée; le comte est aussi celui qui entretient une garde personnelle importante de vrais guerriers professionnels qui sont les cadres de la mobilisation et une unité d'élite, et à qui il distribue des domaines (moins en tant que propriétaires et seigneurs qu'administrateurs, contre rémunération: comparable au système japonais). Celui qui combat est celui qui est un homme libre, statut valorisé en tant que tel, et celui qui combat bien est susceptible d'anoblissement, d'élévation sociale. De fait, plus le système se concentre, et plus les richesses se polarisent chez les grands propriétaires, plus la cavalerie devient l'arme décisive (moins de monde et de temps consacré à l'entraînement de l'infanterie, moins d'hommes libres pour former de grandes unités) et plus les "affaires", aiguillées par les divisions internes, se concentrent sur ceux qui sont mobilisables le plus souvent, voire en permanence (gardes surtout), qui deviennent la nouvelle aristocratie se distribuant les terres comme récompense et gage de loyauté. De fait, le guerrier féodal est un professionnel, mais jusqu'au XII-XIIIème siècle, ce système est encore ouvert à qui se distingue au combat (surtout ceux qui peuvent se payer un cheval et ainsi se distinguer dans l'arme qui compte). L'anoblissement est un système de valorisation qui fait du guerrier un statut important, et attire de ce fait les bons candidats. A partir de cette époque, le système finit de se fermer pour ne plus tourner qu'autour des cercles aristocratiques qui ont monopolisé la fonction guerrière et le statut d'homme libre au plein sens du terme (ceux qui ont leur mot à dire dans la société). Mais ce ne fut pas toujours le cas. L'évolution technique, tactique et celle de l'équipement ne sont pas neutres dans le sujet, mais elles ne sont pas ce qui valorise le soldat et rend la carrière des armes attractive pour les "bons candidats" en nombre important. Un exemple qui est aussi un contre exemple: les mercenaires suisses et allemands (lansquenets) des XVIème-XVIIème siècle. Ce sont quasiment les seuls exemples européens de mercenaires recrutant à l'échelle d'une population entière et de façon durable et même institutionalisée. Les candidats étaient bons car pour eux, le service armé était la seule façon de trouver une vie décente, voire de connaître l'élévation sociale, tout au moins d'en avoir une dans le champ des possibles. Encore une fois, c'est une perspective de vie qui attire les bons candidats. Mais l'évolution de l'exemple suisse est significative: les mercenaires du XVIème siècle ne sont plus les milces du XVème. Les mercenaires suisses des Guerres d'Italie sont encore des hommes venant plutôt du haut du panier (il y a suffisamment de candidats pour ça vu que la campagne suisse d'alors ne nourrit pas la population), mais le panel de capacités et d'esprit de corps de ces contingents est bien plus limité que celui des milices des guerres bourguignonnes: ils ne connaissent pour ainsi dire que la charge en avant, en masse compacte, et non plus le vaste panel de manoeuvres en carrés groupés ou éclatés dans un combat intelligent et maîtrisé tel que le pratiquaient les milices cantonales, infiniment plus soudées, cohérentes, savantes et efficaces parce que sélectionnant leurs candidats, les entraînant correctement et surtout, pour la dite sélection, disposant d'un vivier plus vaste que juste les ambitieux et paysans crevant de faim. Lien vers le commentaire Partager sur d’autres sites More sharing options...
S-37 Berkut Posté(e) le 3 août 2010 Share Posté(e) le 3 août 2010 Cependant la spécialisation du fantassin même au sein du groupe de combat élémentaire date de la 1ère GM, et a précisément été, côté allié, apportée par la France (juste une note en passant), qui a la première consacré la mort de l'infanterie de ligne à partir de 1916. Chose qu'elle a abandonnée par la suite pour des raisons divers.Perso j'étais dans ce que tu appelle l'infanterie de ligne, et je dois dire que l'on était tous logé à la même enseigne. En Europe, avec cette augmentation des achats perso de matériel, ça me rappelle les hoplites grèque. Leur statut et leur fonction dépendait de l'équipement qu'ils pouvaient se payer. Pour le HS, oui et non, l'image de la profession et sa spécialisation en font aussi son intéret. Perso, lors de mon passage à l'armée, j'étais jeune, et j'avais une vision très ciné US de la chose. J'ai pas mal déchanté. C'est tout un tas de petites choses qui sont lourdingue à la longue et qui donnent une vision un peu naze et ringarde du métier parfois. Par exemple, le crane razé. Pourquoi doit-on avoir le crane razé ? Bon, je ne demande pas d'avoir les cheveux long, mais une coupe en brosse ou les cheveux très court. Le crane razé donne une image de tolard un peu miteuse qui n'est pas toujours très bien assumée par tout le monde. Perso au début durant mon incorporation, ça ne m'a pas gèné. Je m'en foutait même. Mais avec le temps, ça a commencé à me souler de plus en plus. Surtout dans la vie civile. Je me rappel d'un jours où j'étais en joging et ou j'ai fais peur à un chauffeur de bus, car je courrais pour monter dans son bus. Il a dû croir que je voulais l'agresser et m'a claquer la porte au nez l'air affolé. Et quand tu sort, c'est lourding. C'est comme si on avait marqué sur le front "bidas". J'ai fini au bout d'un an à entrer en guerre avec mon adjudant chef avec ça, car je trainais les pied à chaque fois de plus en plus pour aller me faire razer la tête quand sa repoussait. D'ailleur j'ai jamais sû pourquoi seul les officiers avaient droit à la coupe en brosse ? C'est comme les short. Mais qu'ils sont moche, on dirait des mini-short de drag-queen. Quand ont sortait de la caserne pour courir dans les rues, on avait à moitié les rouflaquettes à l'air. On dit que le ridicule ne tue pas, mais là on en est pas loin. Dans l'US ARMY ils ont des short long US ARMY. L'image de l'armée elle passe aussi par tous ces petits détailles à la noix. Le soldats doit pouvoir se sentir fière d'appartenir à son armée. Pas passer pour le clodo du village. J'ai toujours eu l'impression que ces trucs servaient à humilier pour formater les individus. Mais même si au début on les accèpte, au bout d'un moment on en a ras le bole. C'est comme les caserne parfois franchement miteuse et vieillote. T'as beau passer et repasser la serpillère, quand il y a des fissures dans le sol, ça parêt toujours crad. Alors il y a ceux qui s'en foutent, mais ce n'est pas toujours le dessus du pannier. Quand j'ai fais mes classes, il y avait un gars qui avait une formation de programateur informatique (Bac+5). Il c'est lassé beaucoup plus vite que moi. Je ne dis pas que c'est mieux ailleur, mais l'image d'une armée aussi bien dedans que dehors et une question essencielle. Paradoxalement, dans une société hyper individualiste comme la notre, l'individu est noyé dans la masse, et souvent sa décision de s'engager est dû à une volonté de se distinguer. Ca je l'ai remarqué chez presque tous les candidats. Mais le principe de formation de nos armées est de faire au contraire passer le message que nous sommes de la merde, que nous sommes tous remplaçable et que nous devont tous être absolument identique. Le soldats ne jouit pas de beaucoup de respect et donc d'une image très valorisante. Ce que justement la majorité des candidats recherchent en s'engageant. Alors durant longtemps, une certaine image positive de l'armée à pu persister (l'image du héro). Mais nous vivons de plus en plus dans une époque de réalisme où la vrai vie du soldat est connue. Le rêve se fissure petit à petit. On n'a observé d'une certaine manière le même fénomène dans les légion de la fin de Rome. L'image des légions n'étant plus vraiment la même qu'à l'époque impérial la plus glorieuse. Il est possible que tout simplement, la profession de soldat au 21ème siècle ait besoin d'un coup de lifting qui pourrait passer par une responsabilisation de l'homme de troupe en lui donnant l'impression qu'il est important et que son uniforme, il l'a mérité . On inculque au soldat le fait qu'il ne doit pas réfléchir car il pourrait vouloir discuter les ordres. Mais si on avait des soldats intelligent, il pourraient comprendre l'utilité de ce qu'ils font. Mais là on touche peut-être àquelque chose qui terrorise les officiers et les politiques. Il ne faut pas aller chercher plus loin les raisons de se recrutement d'individus non qualifié. Après, comme ça avait été dit dans un autre topic, l'armée est un trou noir dans le CV. Perso j'en parle rarement dans mes entretiens d'embauche. Lien vers le commentaire Partager sur d’autres sites More sharing options...
Tancrède Posté(e) le 3 août 2010 Auteur Share Posté(e) le 3 août 2010 Ah, de ce côté (vie quotidienne, image, prestige, cadre de vie....), c'est clair que ça a son importance et que ça fait partie du tout (Lyautey, sur les casernes, le faisait remarquer avec insistance en son temps), et que l'armée, comme toujours mal gérée en interne, fait des économies de bout de chandelle là où il ne faut pas.D'où l'exemple de Louvois, Vauban et Louis XIV qui ont justement travaillé cet aspect et inventé l'armée moderne par opposition à ce qu'étaient les armées de leur temps, et attiré des populations qui n'avaient jamais été ou même envisagé la carrière, élevant brutalement le niveau qualitatif des troupes avant même l'entraînement. Aujourd'hui, quelle serait l'armée adaptée? Celle qui attirerait les vocations pouvant taper, à solde pas gigantesquement différente (quoiqu'il faille aussi avoir une autre conception à cet égard), dans l'intégralité de la société et attirer des quantités importantes de "bons profils"? L'organisation tactique est une chose, mais, et justement le surblindage des unités en témoigne, la tactique disparaît de plus en plus, alors qu'elle n'a jamais été aussi nécessaire pour réinventer le métier; une bonne tactique se fait en prenant des risques (tolérer plus de morts), mais aussi et surtout, outre un entraînement réellement revu et corrigé, avec des bonnes recrues qui constituent des 2/3 aux 3/4 des effectifs, pas des demi-volontaires (présents en masse) qui sont souvent là parce qu'ils n'ont rien d'autre chose, et sont d'autant peu motivés qu'ils n'ont guère de perspectives dans l'institution. Et surtout pas non plus la proportion importante de bras cassés (et un peu moins cassés) qui contraignent sans arrêt (histoires de "droits individuels", politiquement correct....), avec d'autres facteurs, à baisser le niveau qui se retrouvera toujours aligné sur le moins disant. Plus ça recrutera bas, plus les perspectives seront réduites, moins il faudra espérer attendre grand-chose des recrues (là pour 5 ou 6 ans dans la plupart des cas = entraînement minime car trop d'investissement pour trop peu de temps).Et ce alors même que l'exigence vis-àvis du soldat, en termes de variété et d'expertise dans les savoirs-faires et les situations à affronter n'a jamais été aussi vaste de toute l'Histoire. Encore une fois, c'est pas l'armée des Bac + 5 qu'il faut viser, mais c'est quand même un peu la direction globale plutôt que de continuer comme aujourd'hui un recrutement façon XIXème siècle.Et il faut s'adapter à la société: peu de vocations au premuier abord, peu de patriotisme, mauvais niveau moyen de forme physique et de "dureté" des candidats, esprit individualiste bien plus poussé, réticence à l'autorité bête et brutale (facteur de dégoût plus qu'autre chose).... = faut aussi faire quelque pas vers les candidats tels qu'ils sont et aps agir comme s'il y avait 10 candidats de bonne facture par poste. Surtout quand il y a besoin de profils de plus haut niveau. Les bons profils, faut les attirer, les bons potentiels (pas d'éducation mais bonne forme et pas con), faut investir pour les former. Et le tout ne se fait pas dans le cadre d'un troufion conçu comme à écluser en 1 à 6 ans. Il faut une perspective de vie, une respectabilité, un cadre tolérable, une approche adaptée à plusieurs grandes catégories de profils, une période d'adaptation à la vie militaire, désormais si radicalement différente et étrangère à la vie civile actuelle.... Qu'il faille pouvoir écluser du monde pour garder des bons profils, c'est une évidence, un taux de turnover est nécessaire, mais cette "période d'essai" ne doit pas non plus marquer à vie le CV des personnes concernées sous peine de dégoûter d'avance une part importante du vivier. Et de l'autre côté, l'armée doit être une perspective attractive, pas juste un truc de 5 à 10 ans où faire joujou avec des armes "comme dans les films". Lien vers le commentaire Partager sur d’autres sites More sharing options...
ARPA Posté(e) le 3 août 2010 Share Posté(e) le 3 août 2010 Et quand tu sort, c'est lourding. C'est comme si on avait marqué sur le front "bidas". J'ai fini au bout d'un an à entrer en guerre avec mon adjudant chef avec ça, car je trainais les pied à chaque fois de plus en plus pour aller me faire razer la tête quand sa repoussait. D'ailleur j'ai jamais sû pourquoi seul les officiers avaient droit à la coupe en brosse ?Les officiers n'ont pas plus le droit à une coupe originale que les autres. J'aurais même tendance à dire qu'au contraire vu que ce sont eux qui montrent l'exemple. Le troufion de base pourra toujours se défendre et dire qu'il a la même coupe qu'un de ses supérieurs hiérarchique. Enfin les officiers ne sont pas tous des références, il y en a beaucoup de mauvais. Lors des défilés ou cérémonies, ce sont toujours les officiers encadrants qui merdent le plus (faut dire qu’ils sont tellement au dessus des troufions de base qu’ils ne prennent pas la peine de s’entraîner) Lien vers le commentaire Partager sur d’autres sites More sharing options...
aqva Posté(e) le 4 août 2010 Share Posté(e) le 4 août 2010 L'organisation tactique est une chose, mais, et justement le surblindage des unités en témoigne, la tactique disparaît de plus en plus, alors qu'elle n'a jamais été aussi nécessaire pour réinventer le métier; une bonne tactique se fait en prenant des risques (tolérer plus de morts), mais aussi et surtout, outre un entraînement réellement revu et corrigé, avec des bonnes recrues qui constituent des 2/3 aux 3/4 des effectifs, pas des demi-volontaires (présents en masse) qui sont souvent là parce qu'ils n'ont rien d'autre chose, et sont d'autant peu motivés qu'ils n'ont guère de perspectives dans l'institution. Le baisse de qualité du recrutement est une raison du refus de prise de risque et au remplacement présent de longue date de la tactique par la technique. Mais ce n'est pas le problème de fond. Ce genre d'organisation ultra technique, technologique, ne laissant aucune marge de manoeuvre aux bas échelons et minimisant les risques encourus, est idéale pour une administration bureaucratique comptable, surtout quand celle ci n'est pas confrontée à un juge impitoyable de ses résultats. C'est aussi idéal pour qui veut couvrir son cul aux hauts échelons, quand on voit les dommages médiatiques qu'une simple embuscade peut causer et qu'il n'y a pas de vrai moyen de distinguer. C'est une situation facile à installer et très difficile à changer. L'Afghanistan par exemple est très symptomatique de cette situation, les résultats éventuels sont politiques et il n'y a aucune manière de les évaluer, surtout pour une armée auxilliaire, qui plus est il s'agit d'une guerre très lointaine à l'utilité douteuse et qui n'intéresse pas la population. On voit le bien dans un reportage où on se contente d'aller dans les villages de temps à autre en convoi, de donner des trucs au locaux pour faire de la "COIN" et de tirer de loin au mortier lors des quelques accrochages, sans espoir d'obtenir un résultat (de toute manière c'est soit zéro soit une dette de sang). Pas de risque, pas de gain. Bill Lind (un des papes de la théorie militaire aux US) pointe une autre raison, à savoir le complexe militaro industriel, qui est devenu une fin en soi et donc un problème au lieu d'être une des solutions. Le fonctionnement actuel justifie la dépense de sommes de fric importantes dont tout le monde profite, avec gros conflits d'intérêt à la clef. Ce qui contribue à maintenir l'illusion technologique et à refuser les réformes basées sur l'amélioration de entrainement et de la tactique qui ne demandent pas de budget (voir http://www.military.com/opinion/0,15202,168924,00.html). Lui aussi parle du problème de manque de stabilité dans les unités qui empêchent la formation (http://www.military.com/opinion/0,15202,185670,00.html). Il y'a juste le temps d'apprendre le strict minimum, la technique. Tout ceci est un peu brouillon, mais voilà plusieurs raisons pour lesquelles la situation actuelle de mauvaise gestion des ressources humaines perdure. Si on prend les armées d'ancien régime, les changements majeurs n'ont souvent eu lieu que quand l'Etat avait le couteau sous la gorge avec impératif de résultats. Que ce soit pendant la guerre de trente ans puis la fronde ou la mauvaise partie de la succession d'espagne ou la révolution. On remarquera à propos des guerres napoleoniennes que la dernière armée archaique d'ancien régime était l'armée anglaise, la seule à ne pas avoir d'impératif de résultat sous peine de sanction immédiate. Or notre situation me fait penser à la situation de l'Angleterre, la possiblité d'envoyer un corps expéditionnaire important sur le "continent" en moins. Lien vers le commentaire Partager sur d’autres sites More sharing options...
Tancrède Posté(e) le 4 août 2010 Auteur Share Posté(e) le 4 août 2010 Bill Lind (un des papes de la théorie militaire aux US) pointe une autre raison, à savoir le complexe militaro industriel, qui est devenu une fin en soi et donc un problème au lieu d'être une des solutions. Le fonctionnement actuel justifie la dépense de sommes de fric importantes dont tout le monde profite, avec gros conflits d'intérêt à la clef. Ce qui contribue à maintenir l'illusion technologique et à refuser les réformes basées sur l'amélioration de entrainement et de la tactique qui ne demandent pas de budget Exactement; et c'est en plus culturellement très symptomatique (l'obsession technologique) pour la mentalité américaine (et donc par ricochet celles que le USA influencent), que de s'en remettre sans arrêt à cette pensée magique de la technologie.... Toujours penser qu'il va y avoir une martingale, une balle d'argent miraculeuse (à quelques milliards de dollars) pour résoudre les petites situations comme les grandes. Résultat, automatisme de la réponse: à chaque situation un peu nouvelle, des programmes d'armement sont lancés. Même face aux guérillas afghanes, plutôt primitives et en grande majorité très peu compétentes, il faut acheter des drones, surmultiplier les équipements, lancer des programmes chers, laisser les armées de l'air dans leur délire que leurs super machines peuvent avoir un résultat depuis 2000m et à mach 1..... Toute "réflexion" devient un symposium de consultants et think tanks hors de prix. Et tout cela est un prétexte de plus pour laisser filer le temps et, pour le politique, de ne pas prendre de décision (combien d'années en Afghanistan sans que le commandement des forces soit même un peu coordonné, sans même parler de l'unifier?). Moralité: l'abondance technologique et financière rend con et frileux. Cependant, tactique et entraînement demandent des budgets, et en demanderaient même nettement plus à l'avenir, car c'est le soldat qu'il faut avant tout valoriser et "optimiser": et ça commence au recrutement, ce qui veut en fait dire toute la chaîne de la GRH des armées de terre. En somme, il faut faire, dans le cas français d'une armée pro de 80 000h ce qui pouvait être fait sans réelle finesse avec une armée de conscription de 700 000h; dans ce dernier cas, il était possible d'écluser les mauvais sur des formations de soutien ou disciplinaires et de réunir un effectif combattant de pointe des meilleurs sujets, y compris ceux issus de l'élite. Evidemment, ça ne permettait pas, dans le cas de la conscription, de les garder longtemps, mais déjà, ça permettait de les repérer et de former des unités fortes avec les cadres adéquats. Avec un corps expéditionnaire réduit à environs 30 000h en maximum théorique de déployabilité en une fois, c'est quand même aberrant de toujours recruter et former des troufions comme s'il s'agissait d'une armée de masse où il serait toujours possible de sélectionner le tiers supérieur pour avoir 2 à 300 000h "de pointe". L'armée US ne fait en fait pas mieux, et même pire: elle le fait juste en plus grand. La course à la surenchère pour le recrutement dans les années 2000 a atteint des sommets de ridicule coûteux et sans efficacité: multiplier les petits avantages (tickets et abonnements de concerts/spectacles sportifs, abonnements cinoche, petites facilités de logement et assurance....) n'a pas élevé le niveau (et pas tellement le nombre) des candidatures, mais ça a coûté des fortunes et n'a pas plus fidélisé les candidats. Ca revient à refiler des goodies en masse à des ouvriers semi-qualifiés dont on ne remet pas en cause/question l'organisation (ou même la finalité) du travail (ou même se demander si c'est toujours une seule grosse usine qui est le truc le plus pertinent), la formation, l'encadrement.... Et ils n'ont toujours aucune perspective. Résultat: pas de changement dans les profils types de soldat, pas d'augmentation significative du ratio de candidats par poste, motivation éphémère au mieux (le patriotisme hurlant n'a qu'un petit temps face à la réalité), efficacité tactique limitée et non rentable, fidélisation en berne, reconversion faible ou inexistante, drainage des bons sujets par les contractors, budgets en explosion, outil militaire terrestre à faible efficacité au regard des moyens en place (masqué en partie par le nombre, ce qui n'est pas le cas pour les Européens, qui n'ont que des US Army en petit) et dont chaque "progrès" marginal (plutôt une adaptation à la réalité) s'acquiert à un coût démesuré.... on prend les armées d'ancien régime, les changements majeurs n'ont souvent eu lieu que quand l'Etat avait le couteau sous la gorge avec impératif de résultats. Que ce soit pendant la guerre de trente ans puis la fronde ou la mauvaise partie de la succession d'espagne ou la révolution. On remarquera à propos des guerres napoleoniennes que la dernière armée archaique d'ancien régime était l'armée anglaise, la seule à ne pas avoir d'impératif de résultat sous peine de sanction immédiate. Or notre situation me fait penser à la situation de l'Angleterre, la possiblité d'envoyer un corps expéditionnaire important sur le "continent" en moins. Pendant la guerre de succession d'Espagne, l'armée française n'avait pas d'autre réel problème que l'attribution des grands commandement et la tendance tâtillonne de Louis XIV à vouloir mener la guerre (ce qui est normal), mais aussi les campagnes dans le détail (ce qui est terrible, surtout vu la temporalité des transmissions) depuis son cabinet à Versailles. Problème de recrutement? oui, mais alors uniquement celui des maréchaux :lol:. Dès lors que Vendôme, Villars et Catinat (et même le jeune Duc d'Orléans, neveu du roi) avaient une armée et la bride un peu sur le cou, le reste suivait. Pour la comparaison avec l'armée anglaise sous Napoléon, c'est vraiment ça: des impératifs limités, la possibilité de se retirer n'importe quand.... Servent de paravent à une incapacité stratégique. L'armée anglaise d'alors n'était pas une armée très utile stratégiquement. En Espagne, elle n'avait aucune contrainte, et n'a eu pour seule utilité que d'être là. Et les Anglais se leurrent souvent dans leur historiographie en se gargarisant de la seule chose qu'elle savait faire, à savoir fournir un feu de ligne dense avec des cadences correctes (rien d'exceptionnel non plus, contrairement à ce que véhiculent beaucoup de mauvais romans, films et séries anglaises): peu de tenue au feu (le syndrôme Thin Red Line a été en fait bien battu en brêche dans les faits), pas de capacité à manoeuvrer sous le feu, faible coordination des grandes unités, pas de mobilité opérationnelle ou stratégique (lenteur absolue), impératif d'une intendance surabondante sous peine de blocage total et de désertion massive.... Le recrutement des hommes ("the scum of the earth" selon Wellington) et des officiers était catastrophique, et l'abondance de drill ne compensait pas l'absence totale d'entraînement au sens réel (manoeuvres, mouvement en unités constituées....). Une armée qui offre un vaste panel de possibilités ne s'obtient pas avec de mauvais candidats, moyennement ou pas motivés, sans perspectives et qui ne sont là qu'un moment: c'est une lapalissade qui a pourtant l'air de ne jamais être comprise. Ca souligne d'autant mieux le caractère exceptionnel de la réforme de Louvois, faite en temps de paix et comme vision approfondie du sujet. Aujourd'hui, le niveau de la recrue, même de base, devrait être élevé, tant intellectuellement/psychologiquement que physiquement, ce qui veut dire taper dans le vivier le plus large possible d'une part (et développer du coup des approches, perspectives et moyens qui permettent de le faire), et former ceux qui ont le potentiel mais pas le bagage (et ça, ça veut dire les garder plus longtemps -y compris par obligation statutaire- pour "rentabiliser" l'investissement). Il y a quand même nombre de techniques, sciences et moyens pour affiner la recherche de candidats, et plus globalement, changer l'approche de la GRH des armées pour considérer le recrutement comme un marché où la recrue de choix est un enjeu, et non une disponibilité corvéable qui peut aussi bien servir à faire le coup de feu que satisfaire l'ego d'un général surnuméraire en lui fournissant un larbin. Surtout quand on voit en plus les dits généraux, authentiques descendants de ceux de 40 (excellents et décidés en théorie, dans les bouquins/articles et dans des manoeuvres pré-scénarisées, plus muets dans le monde réel), essayer de compenser leur mauvaise gestion, leurs guéguerres de chapelles et leur à-plat-ventrisme par un comportement tâtillon et conservateur sur les tenues, le gardiennage du temple et des points de détail, ainsi que par un paternalisme faux-cul en unité pour savoir si la popote est bonne. Lien vers le commentaire Partager sur d’autres sites More sharing options...
Chronos Posté(e) le 4 août 2010 Share Posté(e) le 4 août 2010 Simple question et je redeviens lecteur. Je suis d'accord avec ce que t'avances mais comment tu fidéliserais en revanche ? Parce que motiver quelqu'un à rester aux armées faut qu'il puisse au minimum faire ce pourquoi il est là (je ne dis pas qu'il faut provoquer les guerres pour entretenir le moral hein) et donc pouvoir faire son job en OPEX et surtout savoir qu'il a une réelle possibilité qui d'ascension sociale qui d'une vraie hausse de salaire calibrée sur la montée en grade/l'ancienneté ou les deux. Pour qu'un civil choisisse l'armée il faudrait qu'elle ne ressemble pas trop au couvent (je renvois à la description du vécu de S37) en plus crade et qu'on lui offre les mêmes possibilités qu'au civil à compétences égales. Enfin le niveau de compétence exigé va de facto reculer l'âge du recrutement (passer de 18 - 21 ans à 23-25) si on parle d'approcher "l'armée des BAC + 5 (ce que j'imagine être secondaire + un master universitaire, je dois avouer que le système français et ses multiples abréviations m'échappe parfois) et donc repousser le temps pendant lequel le soldat sera "utilisable" parce qu'à te lire, il faudrait que le soldat moyen s'engage pour 15 ans au moins. Il reste bien la considération/image/perception perso du rôle mais là on parle d'une perception par la société, ce qui demande de changer cette dernière. Cela est-il réellement moins couteux car le matériel de pointe sera quand même nécessaire, ne serait-ce parce qu'il doit être modulable, versatile et apte à s'adapter (tout comme son servant) à un "climat" changeant sur le champ de bataille (comme le démontraient certaines interviews dans le récent HS DSI sur les blindés), il va falloir pouvoir dégoter rapidement des solutions rustiques ou technologiques ou rustiques "technologisables" pour réagir rapidement. Bref cela sera-t-il réellement moins couteux que les solutions technologiques actuelles, inadaptées mais créant un certain emploi, faisant bien à la télé et plus facile à présenter dans notre réalité budgétaire ?Enfin relever le niveau moyen de la troupe ne va-t-il pas pousser à trop réfléchir (en bas comme en haut, si le soldat est BAC + 3/5 que dire d'un général...?) et dans le cas particulier de la France le pouvoir politique y a-t-il intérêt. La France a un exemple plutôt récent de militaires qui se sont mis à penser trop (mal ou bien selon le point de vue) pour finir par donner le quarteron Challe, Salan, Jouhaud, Zeller ? Enfin tu vises quelle classe sociale en parlant d'attirer d'autres personnes que des crades/bras cassés etc ? Je connais pas le paysage social de l'armée mais ces gars sont pas déjà des officiers sortant de St Cyr et consort ? Tu envisages donc de réaffecter ce monde là autrement ou en recruter plus ? Lien vers le commentaire Partager sur d’autres sites More sharing options...
Tancrède Posté(e) le 4 août 2010 Auteur Share Posté(e) le 4 août 2010 Simple question et je redeviens lecteur. Je suis d'accord avec ce que t'avances mais comment tu fidéliserais en revanche C'est bien la question et le but de mon sujet et de l'opinion que j'exprime dessus: la GRH doit être intégralement revue, et vraiment pas qu'un peu, et surtout pas dans le sens d'une amélioration de l'existant, mais bien comme un changement radical de système et de conception, comme (peu) d'autres armées et Etats ont su le faire en leur temps. La question est effectivement que la formation doit être longue et continue, et plus encore valorisée en général, valorisante pour l'individu et valorisable dans le civil (avec des formations de transition réelles à la sortie). Evidemment, le risque est de fixer trop d'individus pas forcément au point dans l'institution, mais ce risque peut être compensé: - en amont par une sélection affinée et intelligente (on n'est plus au Moyen Age et profiler quelqu'un, si ce n'est pas encore une science exacte, n'est plus non plus du domaine de l'empirisme total) - par des vraies portes de sorties à tous les niveaux, y compris après seulement quelques années: réinscrire des recrues ne donnant pas satisfaction dans le marché du travail par de vrais formations et stages n'est pas quelque chose d'extrêmement cher (les structures existent en dehors de l'armée), surtout à l'échelle des effectifs de turnover envisagés pour l'armée (une AdT -revue et corrigée- de 80-90 000h, c'est combien de turnover par an, et dans ce turnover, combien sont/seraient des sujets pas au niveau/dégoûtés?). Et pour obtenir l'effet recherché de ne pas faire de l'armée un point noir sur le CV, ça vaut le coup - par la jeunesse et un parcours spécifique des candidats sans bagage (mais avec du potentiel) dont l'armée fait la formation (écoles militaires/militarisées en coopération avec l'Education Nationale): dégagés plus tôt pour ceux qui ne donnent pas satisfaction, c'est une expérience moins impactante sur leur CV, donc quelque chose de moins dissuasif à tenter et de plus aisé pour bien juger de quelqu'un et le dégager vite si besoin est. Le tout avec un coût léger et partagé avec d'autres budgets - une attractivité développée du métier militaire élève le niveau des candidats et facilite d'autant la sélection à l'entrée et accroît la facilité à voir les plus mauvais. L'éclusage restant est statistiquement plus réduit (plus fin aussi) Si on attend que la société change, rien ne changera jamais: Louvois avait compris ça et n'a pas attendu une évolution des moeurs pour convaincre Louis XIV de changer l'armée. Et le changement de nature et de perception de l'armée a suivi. C'est pas l'inverse qui s'est produit. Il a pris l'initiative et a imposé son changement. Et de fait, l'armée a attiré toutes les strates de la société, ce qui n'était jamais arrivé depuis des siècles, au lieu de ne prendre que les désoeuvrés, les petits gabarits, ceux en mauvaise santé, les délinquants.... La qualité des troupes et les possibilités tactiques accrues se sont fait voir rapidement. L'entraînement, même le mieux pensé, ne compense pas tout, loiun de là. Les plafonnements de l'armée britannique pendant les guerres napoléoniennes, l'une des plus drillées et pourtant parmis les moins capables, le prouve sans arrêt. Pour ce faire, ça passe par le changement du métier et de l'approche, pas par de la comm sur l'armée. Bref cela sera-t-il réellement moins couteux que les solutions technologiques actuelles, inadaptées mais créant un certain emploi, faisant bien à la télé et plus facile à présenter dans notre réalité budgétaire ? Les solutions technologiques ne disparaîtront pas, mais le besoin et le recours systématique à l'hypothétique balle magique QUI NE MARCHE JAMAIS (voir l'absence de solution sur les théâtres en cours depuis la fin de la guerre froide) doivent être radicalement combattus; l'ingénieur ne trouve pas de solution à une guerre, faut arrêter cette dialectique stérile. Et effectivement, Desportes et quelques autres le rappellent (c'était dans le DSI HS, mais ça fait un moment que ce sujet est en cours, et le général Rupert Smith a fait un article assez cru sur le sujet il y a quelques mois): c'est la pensée tactique qui doit primer, et non celle de l'armurier, pour avoir des matériels plus nombreux, moins chers, aux capacités moins pointues, mais plus adaptées (et dans un cadre mieux pensé) aux mains de soldats plus capables et mieux employés. Cette vision tactique ne se fait pas avec du troufion "bas de gamme" (et "haut de gamme" ne veut pas dire "avec un équipement FELIN complet"), pas là pour longtemps, peu motivé et considéré comme de la main-d'oeuvre semi-qualifiée. Et pour attirer de meilleurs candidats, ou transformer des candidats moyens en bons, il faut que le métier soit attractif, q'uil soit une carrière, ou au moins une perspective, un statut, ou un marchepied pour l'ascension/intégration sociale (un grand pour ceux qui y restent, un petit pour ceux qui partent vite), pas une impasse, un handicap ou une voie de garage. Il faut s'adapter à la population telle qu'elle est. Ce sera coûteux? Peut-être bien, mais pas tant que ça au regard des gaspillages actuels et de la gestion à la petite semaine; et ça se partage avec d'autres budgets (Education, formation professionnelle, enseignement supérieur) si c'est bien fait. Et de toute façon, c'est un investissement au même titre que le matos. Un recrutement et une GRH du XIXème siècle ne feront pas un fantassin du XXIème, et une organisation/formation pour l'armée de conscription des guerres mondiales ne feront pas l'efficacité tactique des GTIA professionnels. 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S-37 Berkut Posté(e) le 4 août 2010 Share Posté(e) le 4 août 2010 Pourquoi ne pas faire une sorte de CDD renouvelable en fonction des résultats à l'entrée dans l'armée ?Pourquoi ne pas gérer le personnel de l'armée comme celui d'une entreprise civile ?On recrute le soldat en CDD de par exemple 6 mois renouvelable une fois, ce qui fait 1 an. Ca laisse le temps de le jauger. Et après il signe un CDI. Puis en fonction de ses résultats il change de statut, garde le même poste, ou fini par être renvoyé si il est trop mauvais. Plutôt que d'imposer ces 5 ans qui font pensez que l'on est qu'un militaire temporaire et que la vrai vie (civile) nous attend après.Je ne vois vraiment pas en quoi avoir un caporal de 32 ou 34 ans est un drame si il fait bien son taf.Après pour le niveau, sans aller jusqu'à Bac+5, demander le Bac serait déjà bien. J'ai croisé des individus à l'armée qui étaient à la limite de l'handicap mentale. :-[Certains ne savaient quasiment pas lire et écrire, je me rappelle de concoures plus débiles les uns que les autres et dont le but était de prouver qui était le plus stupide. (genre retenir sa respiration à devenir violet ou qui peut maintenir la main le plus longtemps au dessus d'une flamme). O0Après on se plain des bavures des armées, mais plus le niveau à la base est bas, plus les risques sont élevé.Notre armée, et plus particulièrement les armées Européennes n'ont pas besoin de pratiquer un recrutement de masse dans les basses classes sociales, nous ne sommes pas en guerre et le besoin de soldats n'est pas impératif au point de recruter n'importe qui quand même.Bon après il y a l'idée que l'armée à un but social dans notre société, celui de donner une chance aux classes défavorisées. Mais bon, le résultat en est le même que pour une banlieue chic où l'on installe des HLM mal fréquenté. Les autres classes sociales ne pensent plus qu'à partir de là pour s'installer ailleurs.Pourtant l'idée de l'armée professionnelle est en contradiction avec celle de l'armée social.Dans une armée professionnelle, le soldat est un investissement, sa formation a un coup, son expérience, ses compétences et spécifications représentent une valeur d'investissement. Ce qui est le contraire d'une armée à but social.Je ne sais pas si c'est aussi le cas pour vous, mais moi je joue à des jeux où il y a une gestion de son unité, de son entrainement et de son équipement. A la base je sélectionne ceux qui ont déjà le plus de compétences, car ça limite le coût de l'investissement de leur formation et sa durée. Former mes soldats coûte chère, et plus ils ont de l'expérience et des compétences, plus ils ont de valeur au faire et à mesur des missions et des préparation militaires qu'ils font. A la fin du jeu, leur niveau est tellement supérieur à celui des soldats noobs d'en face, que ça devient du tire aux pigeons. :PLes armée de contractor ou mercenaires sont l'une des conséquences du gaspillage de ressources et de compétences qui est réalisé en occident. On forme des homme au métier des armes, au point d'en faire de véritables spécialistes, et dès qu'ils passent les 34-35 ans, on les trouve trop vieux, on les renvoie à la vie civile pour les remplacer par des noobs. Un peu à la manière des jeunes de niveau Bac+5 ou 6 que l'on forme dans nos écoles pour devenir chômeur. Le gaspillage est une grande mode en occident.Alors ils commencent une carrière de mercenaires beaucoup plus lucrative alors qu'ils auraient pu continuer à effectuer leur métier durant encore 5 ou 6 ans et participer à la formation des nouveaux puis entrer dans l'intendance de leur unité. Plutôt que de garder des boulets pour les caser dans des fonctions de ce genre parce qu'on ne sait pas quoi en faire.Il faudrait une légère augmentation du salaire de base. (peut-être 1200€ net).Si le métier de soldat était rémunéré au dessus du SMIC, cela contribuerait à la valorisation du métier.Dernière chose, dans l'US ARMY on peut s'engager jusqu'à 34 ans. Lien vers le commentaire Partager sur d’autres sites More sharing options...
Chronos Posté(e) le 4 août 2010 Share Posté(e) le 4 août 2010 Après pour le niveau, sans aller jusqu'à Bac+5, demander le Bac serait déjà bien. J'ai croisé des individus à l'armée qui étaient à la limite de l'handicap mentale. Je crois que c'est ceux-là qu'il faut dégager le plus possible. Le problème du CDD est que déjà ça serait handicapant. Gérer l'armée comme une boite privée faut buter sur l'obstacle de la mort potentielle dans l'exercice de son métier comme une variable réellement incompressible. Un représentant n'a pas dans son contrat qu'il peut mourir sur la route, un mili oui. Donc pendant ce CDD ça serait zéro mort en impératif absolu et puis ensuite on pourrait penser à l'envoyer en OPEX. L'ennui est que la capacité à tenir sous le feu compte autant que le reste et qu'on le sait que s'il part donc ça ferait deux (ou un) CDD pour rien. Lien vers le commentaire Partager sur d’autres sites More sharing options...
Tancrède Posté(e) le 4 août 2010 Auteur Share Posté(e) le 4 août 2010 S'il vous plaît, c'est un sujet historique: même s'il a une vocation première d'envisager le présent, c'est à la lumière du passé (et des autres pays) qu'il faut l'éclairer. C'est pas un lieu de complainte uniquement sur les conditions détaillées et la composition de l'armée de terre française actuelle et les revendications qui vont avec. Si les connaissances précises historiques manquent sur le sujet, le présent fait évidemment partie du sujet, mais faut essayer de l'envisager avec un spectre large qui puisse ainsi être comparé à d'autres périodes. C'est un fait qu'actuellement, les armées occidentales sont en grande partie faite du bas de la société: ça ne veut pas dire que les recrues qui en sont issues sont forcément mauvaises, mais qu'une part énorme d'entre eux sera sous-éduquée, n'aura jamais vraiment été incitée à exceller en quoi que ce soit ni n'aura été stimulée "vers le haut", aura un esprit "patriotique" souvent sous-développé.... Mais elles y mettront souvent peu du leur vu l'absence totale de perspectives que propose l'armée: là pour 5 ou 8 ans + tricard sur le marché du travail après ça = faut pas compter sur la motivation. Effectivement aussi, le recrutement incluera trop souvent le bas du panier question intellect, soit que les critères soient pourris, soit que le manque de candidats contraigne à prendre une proportion importante de bras cassés. A l'arrivée, c'est quelque chose qui se retrouve souvent dans les armées avant la réforme de Louvois, mais qui revient aussi dans la 2ème moitié du XVIIIème siècle, et qui se voit tout du long de la même période dans la plupart des pays européens, et encore plus longtemps dans l'armée anglaise, détachée de certaines réalités impératives de défense et d'efficacité terrestre. Ce même manque de qualité dans le recrutement, pour les soldats comme pour les officiers, a un impact tout aussi grave sur les possibilités d'une armée, l'efficacité de sa formation (bien entraîner et driller un corniaud peu volontaire ne produit pas vraiment les mêmes résultats que bien entraîner et driller un volontaire intelligent; mais bien entraîner et driller 2 bataillons de chaque catégorie produit des résultats qui ne sont pas dans la même dimension), sa rentabilité tactique....Résultat, tous les dirigeants qui se sont penchés sur le dossier se sont demandés comment attirer les bons candidats en nombre; il ne suffit pas d'attirer 4, 5 ou même 6 candidats par poste si tous viennent du même vivier de base et que, pour une bonne part, ce vivier n'a pas beaucoup de bons poissons. Ca ne produit des résultats en terme de sélection que dans l'absolue perfection de la théorie statistique. Qui plus est, les conditions proposées, non seulement celles de vie, de rémunération et de travail (simple réalité du présent) impactent non seulement les candidatures, en nombre et en qualité, mais aussi le volontarisme et le bon esprit de ceux qui sont dans l'institution. C'est un fait. Mais ce fait est largement inférieurs à la perspective qu'offre le métier (réalité dans le temps et dans l'esprit des militaires ou candidats), domaine nettement moins quantifiable et intangible: il faut des perspectives d'avenir (métier, ascension sociale, possibilités d'amélioration de vie) aussi bien que des perspectives de statut, d'image de soi, d'attachement au collectif (satisfactions personnelles, chances "d'épanouissement", de réalisation de soi, sens donné à la vie et à la dévotion qui vont bien au-delà de la fiche de paie....). L'armée, de toute façon, ne pourra jamais être en compétition avec les salaires du privé pour les profils intéressants, même ceux espérés/nécessaires pour le fantassin de base. Ca ne veut pas dire qu'aucun effort ne doive être fait, mais simplement que ce qu'elle doit et peut offrir ne réside pas là. Et avoir un bon équipement, un joli uniforme, une réserve de balles infinie pour l'entraînement et des casernes rutilantes n'est pas l'élément décisif qui fera venir les bons candidats en masse, même si évidemment, ça compte aussi et c'est nécessaire, surtout aujourd'hui. Il faut offrir des perspectives réelles, point barre, et pas juste en quantités anecdotiques. Et ceux qui ont fait des réformes en ce sens ont toujours obtenu des résultats, même aux époques où le patriotisme (ou l'équivalent de l'époque) était bas, voire n'avait pas de raison d'être. Offir un cadre/idéal de vie, un avenir, pas juste une rémunération, qui n'est que le présent et certainement jamais une valorisation. Les seuls bons candidats attirés par une rémunération sont les mercenaires, mais ils posent aussi d'autres problèmes, et leur intérêt ne sera jamais celui de l'armée, l'histoire le montre oplus qu'assez. La Légion l'a compris et offre bien plus qu'une fiche de paye (pas terrible de ce côté). L'Ancien Régime l'avait compris avec ses unités étrangères qui offraient bien autre chose qu'une rémunération. Après, qu'est-ce que le "bon candidat"? A toutes les époques, ça revient toujours à faire venir ceux qui sont mieux éduqués et socialisés, "de bonnes moeurs et bon esprit" comme y disaient jadis, mieux nourris et plus en forme.... Mais surtout, ça revient à faire participer TOUTE la société au vivier, et non seulement ceux qui n'ont pas d'autre choix. Après cela, ça revient aussi à tout faire pour tirer le maximum des recrues, qu'elles soient ces "bons candidats" à la base ou qu'elles aient le potentiel mais pas le bagage (ou pas la forme physique initiale): là, ça implique plus que l'entraînement/formation tels qu'ils sont aujourd'hui.Faut plus compter sur des vagues de patriotisme débridé pour susciter des vocations en grand nombre, et sur de gros effectifs pour pouvoir écluser et classer l'armée en unités pourries/disciplinaires et unités combattantes: avec l'effectif actuel, c'est un luxe coûteux, en terme d'argent et d'efficacité tactique que de considérer les troupes ainsi (en plus d'être dégueulasse et stupide). Donc s'inspirer de Louvois/Louis XIV et de quelques autres est plus indicatif que compter surla mentalité de la levée en masse/union sacrée, mâtinée du cynisme/panurgisme fataliste du recrutement "ancien régime", qui préside encore au recrutement actuel d'une armée professionnelle, en dépit du bon sens. 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S-37 Berkut Posté(e) le 4 août 2010 Share Posté(e) le 4 août 2010 Je ne suis pas d'accord avec le comparatif de l'infanterie du XVIII siècle.La conception même des combat terrestre de l'époque rend la comparaison quasi impossible.Le soldat était vraiment de la chaire à canon et n'avait que peu de possibilité de se distinguer au combat, a part en rechargeant plus vite que son voisin d'en face. Au début de mon premier poste, j'ai dis que dans l'army, on désignait le soldat en tenue lourde "centurion". L'infanterie moderne redevient actuellement une infanterie lourde. Ca tous les experts sont d'accord sur ce sujet. Deplus, le matériel d'infanterie se complexifie. C'est quelque chose de représentatif de notre époque je crois.Je pense que l'inspiration, il faut plutôt aller la chercher dans l'antiquité que dans l'ancien régime.Comment étaient traité les soldats romain à l'époque impérial ?Et comment adapter un tel système en l'améliorant ?C'est ça la question que l'ont devrait se poser.Rome est le seul exemple connu dans notre histoire d'une armée professionnelle qui ait traversé plusieurs siècles.D'ailleurs on lui doit pas mal de points de notre organisation militaire actuelle.Le légionnaire était formé et entrainé de telle manière, que ses chances de survie augmentaient à chaque affrontement. Gagnant en expérience.Et d'ailleurs la solde y jouait un rôle.Je ne dis pas qu'il faut des mercenaires, mais le SMIC donne l'image que le soldat est au plus bas de l'échelon salarial de ce pays. Il a un statut à part et devrait avoir un salaire légèrement suppérieur, de façon à le démarquer de cette image de smicard moyen qui lui colle aux pieds.Il faut faire passer le message que le soldat n'est pas un citoyen comme les autres. Qu'il défend la démocratie. Il y a un travail de réabilitation. Et cela passe par tout un tas de petites choses que l'on a évoqué ici.Au temps de SPART, combattre pour la cité Etat était un honneur absolu qui n'était pas donné à tout le monde. L'hoplite était un exemple de courage et de sacrifice pour la population.Alors qu'aujourd'hui, on nous parle d'armée social dont le but est de donner une chance à nos jeunes désérités.Pourquoi veux-tu qu'un jeune diplômé et compétant aille à l'armée ?En plus, la progression par le rang est devenue presque impossible. On entre dans une case, on peut monter en haut de la case ou aller sur les côté, mais passer à la case du dessus, ça reste rare. Lien vers le commentaire Partager sur d’autres sites More sharing options...
Tancrède Posté(e) le 4 août 2010 Auteur Share Posté(e) le 4 août 2010 Je ne suis pas d'accord avec le comparatif de l'infanterie du XVIII siècle. La conception même des combat terrestre de l'époque rend la comparaison quasi impossible. Le soldat était vraiment de la chaire à canon et n'avait que peu de possibilité de se distinguer au combat, a part en rechargeant plus vite que son voisin d'en face. C'est justement une vision fausse et rétrospective: le soldat chair à canon pure est une vision qui ne vient que de généraux qui les voient comme tels, à toutes les époques (ça marcherait aussi bien aujourd'hui), ou à partir des guerres napoléoniennes, et plus exactement à partir du XIXème siècle, c'est-à-dire quand la guerre est devenue massive et que les armées en campagne ont commencé à se compter en centaines de milliers d'hommes et non en dizaines de milliers. Soit à partir de la généralisation de la conscription, quand le commandement de telles masses par un général pouvant embrasser du regard toute l'armée sous son commandement est devenu impossible, et que le commandement en chef d'une campagne est devenu une chose abstraite, avant tout sur carte dans un EM de campagne. De telles masses étaient devenues des abstractions à envoyer à l'abattoir et dont le général ne connaissait que les statistiques (morts, blessés, estimations des pertes pour tel mouvement....). C'est l'époque aussi où l'artillerie et les fusils massacrent à grande échelle. Avant le XIXème siècle, et encore sous Napoléon, la bataille se livre avec des dizaines de milliers d'hommes concentrés sur un faible espace (encore plus parce qu'entre 1/3 et la moitié sont en réserve), qui peuvent en grande partie être en vue du général. Mais surtout, le feu tue peu! Les mousquets à un coup et les boulets ne tuent pas par brassées de milliers d'hommes, mais par dizaines. C'est pas le paradis pour autant, mais ça laisse beaucoup de place à la manoeuvre, à l'audace, à l'initiative, à l'humain. Seuls les généraux abrutis au XVIIIème siècle, où les aristos sans conscience qui sont juste là pour se faire valoir et faire carrière se vantent du nombre d'hommes tués sous leur commandement ou les font avancer en lignes de batailles quand ce n'est pas nécessaire. Maurice de Saxe l'a assez critiqué, de même que Frédéric II, Guibert, De Broglie.... De la même façon que la technologie empêche la réflexion aujourd'hui, le XVIIIème siècle souffre de l'insistance sur la technicité absolue des formations comme solution à tous les remèdes et "solution miracle" des généraux incompétents qui a l'avantage d'être facilement comprenable par les civils et politiques (c'est rassurant, c'est maîtrisable, ça passe facilement à l'oral). 2 illustrations: - le débat absurde en France sur l'ordre long ou l'ordre profond, soit de savoir ce qui l'emporte entre la ligne de bataille à 3 ou 4 rangs, entre la colonne et la ligne. Tout militaire un peu compétent sait que c'est con d'opposer les 2, et que l'important est de pouvoir tout faire (ce pourquoi il faut des bons soldats) et se servir de la bonne formation au bon moment au service de la bonne tactique. Mais la politisation du débat à la cour a fait que ça s'est posé en ces termes, et que des manoeuvres ont été orgganisées une fois. Elles n'ont rien prouvé, sinon que l'ordre long, le jour des manoeuvres et dans les conditions de l'exercice, avait un avantage, ce dont tout le monde a tiré la conclusion erronnée que l'armée devait être organisée en entier pour l'ordre long. Ca rappelle pas les débats actuels, dans le principe? - l'armée prussienne de Frédéric II APRES sa période de victoire: organisée et surdillée jusqu'à l'absurde aux savantes manoeuvres dites "géométriques", elle perd toute utilité en tant qu'outil de combat, alors que de tout le règne de Frédéric II, elle n'a jamais été aussi bien financée ni aussi entraînée et équipée. C'est cette armée qui ne parvient pas à se distinguer face aux troupes révolutionnaires si mal organisées, et qui crève sans panache à Iéna et Auerstedt Bref, contrairement à l'idée que tu peux en avoir via certains films et autres, les armées européennes, des XVIIème-XVIIIème siècle sont des outils extrêmement techniques, nécessitant de haut degrés de formation et "d'investissement par tête de soldat". Manier et coordonner une armée de ligne, c'est extrêmement compliqué et pointu, pour lui faire avoir un ordre de marche ayant un bon rythme et assurant sa propre protection, pour pouvoir passer rapidement de l'ordre de marche (très étiré sur les routes d'alors) à l'ordre de bataille.... L'ordre de bataille, les manoeuvres coordonnées de plusieurs bataillons, voire d'une division entière.... C'est terriblement dur et long à faire opérer: imagine faire pivoter une dizaine de bataillons rangés en lignes pour "fermer" un coin du champ de bataille et prendre un adversaire à la fois de face et de flanc. Pire encore, la manoeuvre frédéricienne qui est de foncer en 3 grandes colones décalées qui pivotent à une certaine distance de l'adversaire pour soudain offrir leur flanc et donc toute leur puissance de feu après n'avoir présenté que leur tête de colonne. Et le tout sous le feu, en restant cohérent et en opérant le plus vite possible pour le faire un cran avant l'adversaire qui cherche à faire la même chose. Et la manoeuvre de cavalerie exige une technicité encore plus grande. Non, tu ne fais pas ça, et tu ne l'as jamais bien fait avec des recrues de second choix et peu entraînées, mais avec des troupes réglées qui s'entraînent constamment à tous les échelons (individuel, en compagnies, en bataillons et en grandes unités). A partir de Louvois, c'est justement la réflexion qui est menée pour disposer, en temps de paix, de l'armée permanente professionnelle la plus vaste possible, et non plus de régiments cadres qui sont éclatés la guerre venue pour encadrer des dizaines de régiments hâtivement formés. Ils restent de mise, mais seulement en partie. Et après la guerre de 7 ans, la réforme Choiseul va même jusqu'à n'avoir que des effectifs permanents et plus du tout de régiment destinés à être remplis apr des recrues hâtives de temps de guerre. Pour élever la qualité des recrues, il fallait donc attirer de nouvelles populations aux armées, donc changer d'optique que se dire que la simple solde et un meilleur équipement suffiraient à avoir assez de candidats; il fallait donner des perspectives, et pas que dans les discours, changer le statut de militaire (lui en donner un en fait) et son image, changer l'aura de l'armée et sa réputation. L'armée du Camp de Boulogne en 1805 est à cet égard la meilleure armée de l'époque classique, et elle ne s'est pas faite en considérant le troufion comme de la chair à canon. Et l'armée de Louis XIV non plus. Je pense que l'inspiration, il faut plutôt aller la chercher dans l'antiquité que dans l'ancien régime. le sujet est sur le recrutement, et je n'ai pas écarté Rome (même le copntraire, voir plus haut). mais la réforme de Louvois est justement la première qui a voulu élargir le vivier de recrutement pour avoir des recrues de qualité et de bonne motivation, parce que ces recrues offraient des possibilités tactiques bien supérieures, à entraînement égal (et mieux encore avec un entraînement radicalement amélioré). Mais pour attirer ces recrues et ne pas recruter que dans les 10% du bas de la société, Louvois avait compris qu'il fallait radicalement changer la réalité et la perception du métier des armes, son rôle et sa place dans la société, et les perspectives qu'il offrait. L'armée de Louis XIV a été le plus important facteur de promotion sociale de l'Ancien Régime: le haut du spectre de cette promotion était l'anoblissement, et il y en eut beaucoup, mais à tous les niveaux, il y avait des possibilités parce que l'armée était devenue un statut et une perspective, plus seulement une plaie ressuscitée chaque fois qu'il y avait une guerre. Pour la note, la différence entre infanterie lourde et infanterie légère dépend moins du matériel emporté que de l'emploi sur le champ de bataille (et donc souvent l'entraînement qui va avec si elles sont spécialisées): à de nombreuses époques, les 2 sont sont très peu différenciées en terme d'équipement. Aujourd'hui, il est mal venu de parler d'infanterie lourde, sinon juste pour le poids de l'équipement emporté, parce que de fait, toute infanterie actuelle (et c'est ainsi en fait depuis la mort de l'infanterie de ligne pendant la 1ère GM) opère, bouge, manoeuvre et pense comme une infanterie légère (petits groupes, manoeuvre, flanquement, déploiement très déstructuré....). C'est pas parce que l'infanterie s'alourdit au sens le plus strict du terme qu'elle redevient une infanterie lourde et protégée, concept qui n'a de réalité que dans des batailles rangées et denses où une infanterie lourde bouge peu et maintient un ordre dense et moins mobile pour constituer une ligne de bataille. Rome est le seul exemple connu dans notre histoire d'une armée professionnelle qui ait traversé plusieurs siècles. Non, y'en a eu d'autres. Beaucoup. Aussi longtemps et de façon aussi continue à une telle échelle, y'en a eu certes déjà moins, mais faut pas non plus exagérer. Le légionnaire était formé et entrainé de telle manière, que ses chances de survie augmentaient à chaque affrontement. Gagnant en expérience. Comme dans toute armée à toutes les époques. Il faut faire passer le message que le soldat n'est pas un citoyen comme les autres. Qu'il défend la démocratie. Il y a un travail de réabilitation. Et cela passe par tout un tas de petites choses que l'on a évoqué ici. Ca se fera pas par de la communication; c'est même le plus inutilement coûteux des efforts à faire parce qu'il ne change pas les idées reçues, passe vite pour de la pub, au mieux, de la propagande, au pire, ne marche pas réellement, n'attire pas beaucoup plus de recrues.... Au temps de SPART, combattre pour la cité Etat était un honneur absolu qui n'était pas donné à tout le monde. L'hoplite était un exemple de courage et de sacrifice pour la population Autre temps, autres moeurs: difficile de comparer à une Cité Etat de quelques dizaines de milliers d'habitants très concentrés et homogènes à tous les niveaux (ethnie, géographie, culture....) qui a en permanence le couteau sous la gorge. Rappelons aussi que le premier critère de choix d'un hoplite est l'argent, puisqu'il doit pouvoir se payer son équipement, et que le hoplite grec n'est pas un modèle d'efficacité absolue en soi, mais une invention pour les conflits ritualisés et quasi chorégraphiés entre Cités grecques: les guerres du Péloponèse brisent ce modèle, et il y a bien peu d'affrontements de hoplites, au profit d'un retour vers la guerre "réelle". Mais il ne faut pas non plus oublier que ce système (le système spartiate est unique dans la Grèce d'alors) avait aussi ses défauts, n'était pas invulnérable (les grands professionnels de Sparte ont été battus assez souvent, même en bataille rangée et en supériorité numérique, l'exemple le plus éclatant étant Leuctres, où ils furent défaits par une phalange de conscrits mais menée par un général intelligence, Epaminondas) et, comme tous les systèmes, a fini par devenir le problème après avoir été la solution. A l'époque de son invention par Lycurgue, il a été une solution face à un système qu'il est possible d'imaginer comme apparaissant immuable, comme le système armé actuel en occident. Le système spartiate est fondé sur une aristocratie de guerriers professionnels ou semi-professionnels, et ce qui permet aux soldats citoyens spartiates de s'entraîner en quasi permanence même à l'âge adulte (étant donné qu'à leur grande époque, ils représentent encore une part significative de la population), c'est la propriété d'esclaves n'appartenant pas à des individus, mais à la Cité en tant que collectif (les hilotes). Ce sont eux qui travaillent pendant que les citoyens en âge de servir (service permanent long à Sparte) s'entraînent. De même, une grande part de la population est de fait composée de citoyens de seconde zone: ceux qui ont pu aller à l'entraînement (comme tout homme libre à Sparte), mais qui ne peuvent pas s'offrir l'équipement de hoplite. Ceux-là doivent travailler pour vivre, et constituent une majorité. De fait, ils ne diffèrent pas des autres hoplites grecs qui sont aussi des soldats citoyens mobilisés seulement en temps de guerre, et ne sont en aucun cas des guerriers professionnels. Et avec le temps, les citoyens de "première zone", comme toute aristocratie décidante, ont concentré les richesses, ne faisant travailler les hilotes que pour leur profit (et à des prix non concurrentiels pour les hommes libres), se sont refermés sur eux-mêmes, devenant une réelle aristocratie au fur et à mesure de la concentration des richesses, si bien que l'armée permanente de Sparte n'a fait que se réduire, et devenir aussi inégale en qualité: les casernes d'entraînement, les unités, sont devenues inégales, les meilleures se refermant pour ceux qui avaient les moyens, attirant tous les meilleurs professeurs et cadres, devenant des clubs exclusifs aux droits d'entrée prohibitifs. Au moment de la fin des guerres du Péloponèse, l'armée permanente spartiate, malgré une population plus importante que jamais dans son histoire, n'a jamais pu dépasser les 8-10 000h (et pas que des hoplites) là où un siècle auparavant encore, elle pouvait en mobiliser le double sans taper dans le vivier des hilotes ou des populations rurales dépendantes de Sparte. Pourquoi veux-tu qu'un jeune diplômé et compétant aille à l'armée ? En plus, la progression par le rang est devenue presque impossible. On entre dans une case, on peut monter en haut de la case ou aller sur les côté, mais passer à la case du dessus, ça reste rare. D'où ce sujet, pour relativiser ce fatalisme; d'autres ont su changer, à d'autres époques, en faisant le même constat d'immobilisme, de limitations des capacités tactiques, de mise à l'écart de l'armée et en refusant ce fatalisme. Lien vers le commentaire Partager sur d’autres sites More sharing options...
S-37 Berkut Posté(e) le 5 août 2010 Share Posté(e) le 5 août 2010 Ton message est très intéressant, et je suis d'accords sur pas mal de points mais pas sur tous.D'habord les guerres du XVIIIème siècle.Et plus principalement la guerre de sept ans. C'est durant cette guerre et plus précisément au canada durant la bataille de Québèc que l'infanterie Britanique a gagnée sa notoriété d'infanterie de ligne. Wolfe la fit avancer face à Montcalm, sous le feu des français, perdant nombre d'hommes, afin d'atteindre la portée optimum de tire. (la portée maximum des mousquet était de 100mètres, et la portée optimum de 50 ou 60 mètres. Mais si quelqu'un peu confirmer ?) Il avait d'ailleurs balisé le champs de bataille à l'avance.C'est par ce sacrifice qu'il a emporté la fictoire.Par la suite, cette façon de faire à provoquée de grosses défaites terrestre aux indépendentistes américains, incapable d'affronter l'armée britanique en bataille rangée sans perdre.Je me rappelle d'un officier britanique dont j'avais lu qu'il avait été réprimendé parce qu'il avait donné l'ordre à ces hommes de s'allonger sur le sol à la manière des miliciens pour faire feu.Le principe même de consentir à des pertes hazardeuses pour emporter ce type de bataille, rend l'idée dont j'ai parlé plus haut, d'augmentation des chances de survie après chaque combat, caduc.Les chances de survie pour les premières lignes relevant de la chance de ne pas se faire toucher avant d'avoir pu tiré sa première salve.Durant la guerre de sept ans, on en était venu à ramasser les vagabons et à faire les prisons pour trouver des troupes fraiches. Les fameuses scènes de la guerre en dentelles montrant des officiers nobles entrain de prendre le thé sur les hauteur du champs de bataille ne relèvent pas totalement de la fiction.Ca n'a rien de comparable avec le système de combat des légion romaines en leur temps qui réussissaient à vaincre des armées entières suppérieurs en nombre en ayant souvent des pertes étonament limitées . Comme à l'Ochsenfeld où 6 légions de 30 000 hommes on vaincu 80 000 germains chargeant en tridant.Enfin, pour ce qui est des hoplites, tu oublie un peu vite les guerres médiques quand tu dis que les hoplites n'ont été qu'un système à usage interne à la grèce.Enfin, je ne suis pas d'accords quand tu sous entends que les armées n'ont passée les dizaines de milliers de soldats qu'au XIX siècle. Les légions romaines sont montée à près de 200 000 hommes durant le Haut-Empire. Les armées de l'empereur Shi ont comtées entre 300 et 500 000 hommes (la plus grande de son temps) et rappelles moi le nombre de soldats dans les phalanges d'Alexandre ?Les empires antiques ont bien eu de telles armées, répendue sur des territoires gigantesques. Lien vers le commentaire Partager sur d’autres sites More sharing options...
Tancrède Posté(e) le 5 août 2010 Auteur Share Posté(e) le 5 août 2010 Et il ne faut pas sombrer face à la mythologie autobiographique des "redcoats"; l'infanterie britannique du XVIIIème siècle n'a rien de terrible et n'a d'aptitude signalée que pour le tir en ligne, drillé et redrillé. Pour le reste, elle est incapable de manoeuvrer, elle est lente et ne peut se déplacer sans un important bagage. La défaite des Plaines d'Abraham est censée prouver quelque chose? Juste qu'une force pratiquant un tir de ligne actif a de l'effet contre une autre faite en grande partie de milice et francs-tireurs qui vient de perdre brutalement son chef. La même infanterie britannique a aussi souvent rompu que les autres, mais apparemment, l'historiographie anglaise préfère garder ce mythe là. Que l'infanterie britannique ait posé des problèmes aux indépendantistes US en bataille rangée; ouah! Quelle nouvelle! Des volontaires peu ou pas entraînés, mal équipés d'armes hétéroclites, pas appuyés par une artillerie inexistante et formés dans des unités improvisées avec des officiers de réserve nouvellement arrivés; et cette force là n'arrive pas à tenir la ligne? Re-ouah, quelle surprise! Il a fallu quelques années avant que Washington, de ses levées d'insurgents, puisse faire un embryon de quelques régiments capables de tenir une bataille rangée. Le principe même de consentir à des pertes hazardeuses pour emporter ce type de bataille, rend l'idée dont j'ai parlé plus haut, d'augmentation des chances de survie après chaque combat, caduc. Les chances de survie pour les premières lignes relevant de la chance de ne pas se faire toucher avant d'avoir pu tiré sa première salve. Le feu de mousquet tue peu; faudrait arrêter avec ces clichés qui polluent la réflexion; c'est pas le feu des mitrailleuses de 1914. Et au contraire, les professionnels savent qu'il faut retenir son feu le plus longtemps et ne jamais tirer les premiers. A toutes les époques et dans toutes les armées, les vétérans donnent plus de résultat; y compris au XVIIIème siècle. Après, évidemment qu'à toutes les époques aussi, les meilleurs soldats crèvent aussi bien d'une flèche de salve, d'un coup de couteau par derrière dans une mêlée ou d'une balle tirée par un taliban qui a touché sa première kalash une semaine avant d'entrer en action. Ou encore, et toujours, d'un officier incompétent qui prend la mauvaise décision. La guerre n'est pas le domaine des certitudes et du monde meurt toujours; il y a toujours des "pertes hasardeuses", qui pourraient s'appeler "the cost of doing business". Mais dans les guerres du XVIIIème comme avant ou après, les vétérans ont les statistiques pour eux: ils ont plus de chances de survivre parce qu'ils sont plus et mieux rôdés, connaissent la musique et savent la jouer. Même dans les boucheries indifférenciées de 14-18, cette statistique est encore vérifiée. Ca n'a rien de comparable avec le système de combat des légion romaines en leur temps qui réussissaient à vaincre des armées entières suppérieurs en nombre en ayant souvent des pertes étonament limitées . Comme à l'Ochsenfeld où 6 légions de 30 000 hommes on vaincu 80 000 germains chargeant en tridant. Et tu trouveras des chiffres de pertes étonnamment limités dans une bonne partie des guerres des XVIème-XVIIIème siècle, parce que là encore, les mêmes vérités restent: les batailles elles-mêmes font peu de morts au regard des effectifs engagés. Les hécatombes ne surviennent que quand les adversaires s'accorchent longtemps, mais surtout quand l'un des deux cède et ne parvient pas à ordonnancer sa retraite, autorisant l'adversaire à exploiter son avantage et à faire là le vrai boulot d'infliger des pertes lourdes lors d'une poursuite. Depuis l'aube des temps, la poursuite est le moment du vrai boddycount, pas la bataille. Après, il faut encore plus relativiser cette comparaison des XVIème-XVIIIème siècles avec les romains: les romains n'ont pas d'artillerie de campagne significative (et surtout pas d'artillerie à forte cadence et puissance) au-delà de balistes et scorpions en dotations limitées et possibilités réduites (hors sièges). Mais surtout, tu compares des batailles de l'histoire romaine où il y a d'un côté une armée professionnelle ordonnancée face à des hordes qui, si elles ne sont pas aussi bordéliques et massives que les images d'Epinal les présentent, sont quand même à des années lumières du niveau d'organisation et de professionnalisme des romains. Les armées européennes des XVIème-XVIIIème siècles n'affichent pas entre elles un pareil différentiel de qualité et d'organisation: les différences sont nettement plus marginales, donc les pertes de part et d'autres plu élevées. Quand les romains se fritaient avec des armées plus organisées et d'un niveau civilisationnel comparable au leur, ou pas trop loin, elles dérouillaient nettement plus. Voir contre les Parthes (jamais de victoire clean, pas mal de défaites lourdes), mais aussi, avant Marius, contres les Grecs ou dans la conquête de l'Asie Mineure, ou évidemment contre Carthage. Et plus tardivement, voir contre les peuples germano-celtes des grandes migrations, aux IIIème-IVème siècle: à ce stade, ces peuples ont évolué, appris, se sont regroupés, organisés.... Et le différentiel va décroissant (et ce n'est pas du à un "déclin" de l'armée romaine, qui n'a pas eu lieu; voir sujet sur l'armée romaine tardive). Dernière note sur les Romains: ils ne citent que les effectifs des légions, mais les légions ne sont jamais aptes à batailler seules, manquant d'infanterie légère, d'archerie et de cavalerie qui sont en unités dites auxiliaires. Un truc d'historiographie militaire romaine est qu'il faut toujours compter autant d'auxiliaire (non mentionnés) que de légionnaires jusqu'au IIIème siècle et à la révolution militaire de la grande crise. Enfin, pour ce qui est des hoplites, tu oublie un peu vite les guerres médiques quand tu dis que les hoplites n'ont été qu'un système à usage interne à la grèce. Pas dit ça: mais le hoplite à la base, ce sont des phalanges de cités rivales qui conviennent de se rencontrer en rase campagne, sans aucune force d'un autre type, qui se mettent en face à face et se foncent dessus. C'est un mode de résolution des conflits ritualisé et en fait sans grand-chose à voir avec la guerre, sinon les morts. Quand surviennent les guerres médiques, même si l'histoire écrite grecque ne retransmet évidemment que les exploits des phalanges réunies en grand et formant une ligne de bataille à forte capacité offensive, ces mêmes phalanges étaient accompagnées de vastes effectifs de cavalerie, d'infanterie légère et médiane, d'archers et frondeurs.... Toutes unités où les citoyens étaient moins présents (donc des gens dont l'histoire n'était pas à raconter) parce que la seule chose qui comptait dans la mentalité d'alors était de faire partie de la phalange (=statut social et être citoyen au sens plein du terme, soit le pinacle de l'existence pour un Grec) et de combattre en ligne en méprisant l'exploit individuel. Quand surviennent les guerres du Péloponèse, la guerre se fait réellement, et l'emploi de hoplites est rarement opportun et efficace. Insistance est aussi souvent faite sur la phalange macédonienne dans les victoires d'Alexandre le Grand; c'est oublier que l'apport militaire macédonien n'est pas cette vaste phalange professionnelle avec ses sarissas de 6m, mais bien la conception d'un combat interarme souple avec d'autres unités de tous types tout aussi importantes et bien employées par un chef d'exception secondé par des officiers brillants. La phalange dans l'armée macédonienne ne fait pas un quart des effectifs (même plutôt 20%); elle tient la ligne de bataille et peut faire une poussée, mais pas plus. Le royaume macédonien périra d'ailleurs face à Rome d'avoir perdu le sens de la révolution militaire macédonienne: à l'époque de l'affrontement avec Rome, la Phalange pèse entre 40 et 50% des effectifs, soit une armée lourde et immobile qui a perdu les bonnes quantités des autres types d'unités hautement spécialisées qui ont fait la force du modèle. Et ce au profit d'une phalange massive qui, seule, ne peut offrir un panel de capacités satisfaisantes face aux légions romaines d'infanterie médiane fonctionnant sur un modèle manipulaire plus souple et polyvalent. Si la proportion de 20% avait été gardée, avec les mêmes infanteries médianes et légères (et encore plus la cavalerie lourde macédonienne et la cavalerie médiane thessalienne), Rome aurait dégusté. Mais là encore, la conclusion souent tirée en dépit du bon sens est que "la légion a vaincu la phalange", comme il sera dit plus tard que, mystérieusement, à partir du Vème siècle, la cavalerie lourde serait tout d'un coup plus forte que l'infanterie et règnerait sur le champ de bataille. Résumés stupides d'analyses même pas superficielles. Enfin, je ne suis pas d'accords quand tu sous entends que les armées n'ont passée les dizaines de milliers de soldats qu'au XIX siècle. Les légions romaines sont montée à près de 200 000 hommes durant le Haut-Empire. Les armées de l'empereur Shi ont comtées entre 300 et 500 000 hommes (la plus grande de son temps) et rappelles moi le nombre de soldats dans les phalanges d'Alexandre ? Je parle des armées en campagne, celles qui se manient effectivement sur le champ de bataille, pas des totaux théoriques pour les armées d'un pays. L'armée de Louis XIV atteint un maximum de près de 400 000h pendant la Guerre de la Ligue d'Augsbourg s'il faut compter de cette façon. L'armée romaine plafonne à un total plus ou moins permanent de 300 000h (une moitié en légions, une moitié d'auxiliaires) d'Auguste à la crise du IIIème siècle, puis passe au dessus du demi million d'hommes entre le IIIème et le Vème siècle. Mais ce sont des troupes réparties sur toute la surface de l'empire, pas des armées de campagne. les plus vastes expéditions contre les Perses n'ont jamais dépassé les 60 000 combattants (et il y a peu de mobilisations de ce type). 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aqva Posté(e) le 5 août 2010 Share Posté(e) le 5 août 2010 D'ailleurs a propos des guerres napoleoniennes, le tiers de l'infanterie était envoyée en avant en tirailleurs et c'était de l'infanterie de ligne régulière, pas des unités spécialisées ou de l'élite. Ca demandait un tir précis (beaucoup plus létal que les tirs groupés en formation), de l'énergie et de l'initiative que seule la Grande Armée a maitrisé pendant longtemps.L'infanterie britannique était totalement incapable de mener ce combat d'infanterie légère, en dehors d'une poignée d'unités d'élite spécialisées.De même le passage ligne/colonne/ordre mixte/carré n'a rien d'évident avec de telles masses et doit être fait très vite (100 secondes de ligne au carré, le tout éventuellement sous le feu).En effet, la précision du feu est déplorable, surtout concernant le feu en formation et sous le stress. Un autre gros problème est la fumée qui rend toute visée illusoire au delà de la première salve (les tirs amis étaient courants).Les combats à l'arme blanche entre grande formations en combat régulier n'arrivent jamais, lors d'une charge une des deux formations prend toujours la fuite (en général il y'en a une plus épuisée). Encore un grosse connerie que l'on voit souvent dans les films. Comme toujours avant la première guerre mondiale, le gros du bodycount se fait pendant la poursuite.Là encore des vétérans formés sont beaucoup plus susceptibles de tenir le stress et de ne pas tirer en vain que des bleus, et c'est un apprentissage qui demande du temps. Voir les exploits de la vieille garde sans tirer un coup de feu.Ta vision comme celle de beaucoup est faussée par les films qui sont sans aucune exception des torchons dès qu'on aborde la tactique, y compris les documentaires historiques supposés être sérieux. Il y'en a qui gagneraient à lire Ardant du Picq.Tout ceci pour dire qu'on est loin de l'image de la chair à canon indifférenciée. C'est peut être vrai dans une certaine mesure pour l'infanterie de ligne britannique, mais pas pour les autres. Lien vers le commentaire Partager sur d’autres sites More sharing options...
S-37 Berkut Posté(e) le 5 août 2010 Share Posté(e) le 5 août 2010 Et le différentiel va décroissant (et ce n'est pas du à un "déclin" de l'armée romaine, qui n'a pas eu lieu Les historiens s'accordent à dire aujourd'hui que dans les derniers temps de l'empire, les légionnaires avaient rompu les formations et se battaient en individuel. Les légions n'avaient plus le même niveau de professionnalisme et l'esprit mercenaire avait fait son chemin. La dernière bataille de Pavie montre le niveau de délicaissance des légions d'alors. Des volontaires peu ou pas entraînés Beaucoup d'entre eux avaient servi dans l'armée britanique, dont Washington lui même, et avaient eu l'expérience du combat face à la France au canada durant la guerre de sept ans. PS : C'est intéressant mais on n'est largement dans le HS là. ^^ Lien vers le commentaire Partager sur d’autres sites More sharing options...
aqva Posté(e) le 5 août 2010 Share Posté(e) le 5 août 2010 Exactement; et c'est en plus culturellement très symptomatique (l'obsession technologique) pour la mentalité américaine (et donc par ricochet celles que le USA influencent), que de s'en remettre sans arrêt à cette pensée magique de la technologie.... C'est particulièrement flagrant aux USA, particulièrement à cause de l'ampleur des budgets concernés et du caractère très incestueux de la politique et des affaires là bas. Néanmoins la plupart des armées occidentales à gros budget suivent cette voie, qui plus est avec le très mauvais exemple des USA. A la fois une question de conflit d'intérêt et de plus grande facilité politique de laisser pourrir plutot que de prendre un risque. L'armée US ne fait en fait pas mieux, et même pire: elle le fait juste en plus grand. La course à la surenchère pour le recrutement dans les années 2000 a atteint des sommets de ridicule coûteux et sans efficacité: multiplier les petits avantages (tickets et abonnements de concerts/spectacles sportifs, abonnements cinoche, petites facilités de logement et assurance....) n'a pas élevé le niveau (et pas tellement le nombre) des candidatures, mais ça a coûté des fortunes et n'a pas plus fidélisé les candidats. Ca revient à refiler des goodies en masse à des ouvriers semi-qualifiés dont on ne remet pas en cause/question l'organisation (ou même la finalité) du travail (ou même se demander si c'est toujours une seule grosse usine qui est le truc le plus pertinent), la formation, l'encadrement.... Et ils n'ont toujours aucune perspective. Il y'a eu des recherches menées sur les facteurs d'efficacité des employés en entreprise qui ont fait ressortir que le salaire est un "Hygiene Factor": il fait baisser la motivation si il est trop bas, mais l'augmenter n'améliore pas la satisfaction passé certain seuil. En somme, il est complètement vain d'espérer attirer des bonnes recrues en augmentant le salaire ou en refilant des goodies. La qualité de l'équipement entre aussi dans les hygiene factors. Voir la two factor theory: http://en.wikipedia.org/wiki/Two-factor_theory Ce que tu dis recoupe ses conclusions: Leading to satisfaction * Achievement * Recognition * Work itself * Responsibility * Advancement * Growth Perspectives de carrières, responsabilisation, valorisation du métier. Comme toi je pense que la mauvaise gestion des RH n'est pas une fatalité. Il n'y néanmoins une différence avec les exemples que tu as cité, c'est qu'on est sous la très mauvaise influence de l'hégémonie US. Une réforme viendra sans doute d'abord de ce coté. B. Lind concluait que la réforme aux USA ne viendra que quand le flux d'argent investi dans la dépense se sera tari, mettant fin aux illusions technologiques qui parasitent le vrai débat et à la corruption de la défense par les intérêts privés. Lien vers le commentaire Partager sur d’autres sites More sharing options...
alexandreVBCI Posté(e) le 5 août 2010 Share Posté(e) le 5 août 2010 Pour mettre mon grain de sel :- dans le passé, la compétence militaire est une compétence supplémentaire, en plus de celles basiques (agricole, élevage, commerce). aujourd'hui c'est une compétence/expérience isolée d'où problème de reconversion, surtout qu'on embauche des jeunes sans expérience professionnelle (avant on devenait soldat au même âge mais on avait déjà une expérience professionnelle acquise depuis l'enfance). Les soldats d'aujourd'hui sortent de l'armée et sont plongés dans une vie civile qu'ils n'ont pas connus.- devenir soldat/mercenaire était pour certain la dernière solution pour ne pas mourir de faim ou un moyen de s'enfuir d'un environnement limité au village natal(aujourd'hui on a le RMI, pas besoin de risquer sa vie et quitter le village n'est plus une aventure)- C'était dans un but de conquête (gains possibles et honneur), aujourd'hui de défense (on n'a rien à gagner, on veut juste ne pas perdre).- Aujourd'hui la notion d'honneur n'est plus la même et prendre des risques ne vous fait plus passer pour téméraire mais pour un imbécile dangereux. La politique zéro défaut est anxiogène.- A part pour les commerçants nomades, c'était la seule possibilité de voyager, d'acquérir une expérience "étrangère" (on avait vu du pays et des cultures différentes, appris une langue, etc...) en revenant au village, c'était un enrichissement. aujourd'hui on allume la TV, on visite le monde comme on veut et on parle tous anglais... pas besoin de s'engager pour voir du pays. voilà, juste quelques réflexions simplistes pour participer au débat. Lien vers le commentaire Partager sur d’autres sites More sharing options...
Rochambeau Posté(e) le 5 août 2010 Share Posté(e) le 5 août 2010 - dans le passé, la compétence militaire est une compétence supplémentaire, en plus de celles basiques (agricole, élevage, commerce). aujourd'hui c'est une compétence/expérience isolée d'où problème de reconversion, surtout qu'on embauche des jeunes sans expérience professionnelle (avant on devenait soldat au même âge mais on avait déjà une expérience professionnelle acquise depuis l'enfance). Les soldats d'aujourd'hui sortent de l'armée et sont plongés dans une vie civile qu'ils n'ont pas connus. Je doute qu'on puisse parler "d'acquis compétence militaire" pour des paysans et commerçants (et un civil lambda). Je crois pas non plus, que celle-ci leur a servi à quelque dans le passé, si d'autant que nous parlons de la période de la conscription la "compétence militaire" n'était pas un atout pour une probable réinsertion ou moyen de faire carrière. De tout manière le but du topic n'est pas comment trouver des recrut car on aura toujours des gens lambda qui ne sachent pas quoi faire d'autre que s'engager, mais le problème se situe sur comment attirer des individus possédant un bon bagage intellectuel et le garder. Et c'est justement c'est cela le nœud gordien de notre armée aujourd'hui. Sinon, pourriez vous préciser un peu plus quand vous parler du "passé" ? Vous parlez de la période d'ancien régime ou celle de la conscription ? (c'est assez vague) - devenir soldat/mercenaire était pour certain la dernière solution pour ne pas mourir de faim ou un moyen de s'enfuir d'un environnement limité au village natal(aujourd'hui on a le RMI, pas besoin de risquer sa vie et quitter le village n'est plus une aventure) Là, quelque soit la période que vous désignez, vous caricaturez trop ... dans le "passé" il n'y avait pas des disettes à tout bout champs. Et il était plus facile de se déplacer et s'installer ailleurs dans l'ancien régime qu'aujourd'hui. - Aujourd'hui la notion d'honneur n'est plus la même et prendre des risques ne vous fait plus passer pour téméraire mais pour un imbécile dangereux. La politique zéro défaut est anxiogène. L'honneur est une notion guerrière pas militaire. Si il faut parler de notion militaire il faut plutôt dire discipline, devoir et esprit de corps. - A part pour les commerçants nomades, c'était la seule possibilité de voyager, d'acquérir une expérience "étrangère" (on avait vu du pays et des cultures différentes, appris une langue, etc...) en revenant au village, c'était un enrichissement. aujourd'hui on allume la TV, on visite le monde comme on veut et on parle tous anglais... pas besoin de s'engager pour voir du pays. C'est plutôt une vision romantique de la carrière militaire ? Dans l'ancien régime les campagnes militaires était plus locale et limite sur une zone géographique et donc peut de dépaysement pour les gens de la troupe. (si je trompe pas) Lien vers le commentaire Partager sur d’autres sites More sharing options...
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