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Le révolution militaire de la fin du XIXème siècle


aqva

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Ce sujet couvre la période 1870 (on peut remonter un peu avant) jusque 1918, voire un peu après (guerre russo polonaise par exemple) où le tableau est ensuite à peu près complet pour arriver directement en 1940, avec les chars en plus.

Cette période est un de mes sujets préférés car c'est un moment où le matériel évolue très vite et où la guerre rompt totalement avec les habitudes précédentes, ce dans tous les domaines, c'est la révolution la plus importante depuis l'invention de la baionette qui a mis fin à la distinction mousquetaire/piquier.

Jamais la doctrine et les organisations n'auront du s'adapter aussi rapidement: les fonctionnement des armées actuelles a été en essentiellement mis au point pendant la première guerre mondiale. Les différents choix faits par chaque camp impacteront de manière radicale la seconde dont on peut pas expliquer le déroulement si on ne tient pas compte de cet historique.

C'est aussi un période où les décideurs militaires sont parfois très décriés, étant engoncés dans leur immobilisme, refusant aveuglement de tenir compte de l'évolution technologique voire ayant voulu rejouer une guerre d'un autre temps. D'autres considèrent que l'évolution technologique était prise en compte, mais que le conflit de 1914 était trop différent de ses prédécesseurs pour anticiper quel serait le résultat de l'interaction des doctrines et de l'évolution technologique au sens large: c'est plutot mon avis, la réflexion militaire était très loin d'être absente ou délirante pendant la période (voir la suite). Le point est qu'il est difficile de savoir à l'avance ce qu'il va se produire, tant il y'a d'éléments totalement nouveaux qui entrent en jeu: il est bien plus simple d'avoir raison après coup.

Je vais faire un résumé rapide de l'évolution 1870-1914, basé sur la série de bruce gudmundsson ("on infantry"/"on artillery"). Ensuite à vous la parole pour commenter et ajouter vos avis.

La conflit de référence de la période est la guerre franco-allemande de 1870, et ce pour tous les pays.

Passons rapidement sur les autres conflits:

- La guerre de sécéssion est particulière car se produisant dans un pays très vaste, un cadre éloigné du conflit européen classique, de ce fait il y'a un mélange entre méthodes modernes et primitives qui ne permet pas d'établir des conclusions définitives pour les européens.

- La guerre de crimée est centrée sur un siège, avec les spécificités de la guerre de siège qui sont connues.

- Les guerres d'unification de l'Italie sont très proches des guerres napoléoniennes (avec un commandement médiocre dans les deux camps).

Infanterie

Dans tous ces cas, l'infanterie est divisée en deux parties comme à l'époque de napoléon:

- L'infanterie de ligne classique qui marche en "ordre serré" (close order en anglais) avec les fantassins épaule contre épaule et tirant de manière groupée au mousquet, sans aucune précision. La seule chose qu'on demande à ces fantassins est d'obéir aveuglement aux ordres, les officiers de niveau inférieur jouant le role de porte voix humain et de courroie de transmission des ordres.

- Les francs tireurs ("open order") qui battent de manière dispersée et harcèlent l'ennemi, surtout ses officiers, depuis un couvert. Ce sont des spécialistes (jaeger en Allemagne, chasseurs en France, croates en Autriche), d'une part car on leur demande beaucoup plus de compétences et de prise d'initiative qu'au fantassin de ligne, d'autre part car les fusils sont fragiles et très longs à charger (1 minute au mieux) à l'époque de Napoléon.

Cette distinction n'est pas absolue: l'infanterie de ligne francaise pendant les guerres napoléoniennes pouvait être déployée en "open order" (avec une efficacité sans doute moindre qu'un fantassin spécialisé), dans des effectifs importants puisqu'elle pouvait atteindre le tiers du total.

La première innovation qui va affaiblir cette dichotomie est l'invention de la balle Minié (1849) et ses successeurs, plus précis et rapides à charger, qui rendent le "close order" de plus en plus dangereux et renforce l'école "open order". Le "close order" n'est plus la formation principale mais sert de réservoir d'hommes à déployer en "open order" ensuite et de garantie contre une attaque de cavalerie (contre laquelle l"open order" est vulnérable).

Première difficulté: le "close order" n'était pas seulement un moyen de maximiser le feu à une époque où les mousquets étaient imprécis et de faible portée, mais avait aussi comme but de maintenir la discipline et de mener un groupe d'hommes à l'attaque à découvert sans que ne se produise de panique. En "open order", il n'était pas rare que de bons soldats habitués au "close order" se content de tirer à l'aveuglette depuis une position de complète sureté voire refusent de sortir d'un couvert.

La solution proposée par Ardant du Picq (qui a beaucoup étudie le facteur moral) et d'autres consiste au retour au "close order", non plus pour des raisons matérielles mais pour des raisons psychologiques. A noter que ce "close order" est déja très différent de l'ancien: l'unité de base n'est plus le bataillon mais le peleton ou la compagnie. La marche au pas cadencé a disparu, les déplacement se font en marchant ou en courant. Autre changement, les deux lignes de fantassins ne sont plus compactes, il peut y avoir une distance importante entre elles. Cette formation est beaucoup plus dispersée mais conserve néanmoins l'avantage de maintenir la culture d'ordre du XIXème siècle tout en s'adaptant à la technologie nouvelle.

Après 1870, deux innovations majeures sur les fusils. La poudre sans fumée rend le tir beaucoup plus précis: les fantassins ne sont plus noyés dans la fumée après une salve comme à l'époque napoléonienne. Les fusils acquièrent un magasin, la possibilité de tirer plusieurs coups renforce considérablement la puissance de feu.

Les observations des conflits suivants sont contradictoires. La guerre anglo-boer renforce l'"open order" (on parlera de "tactiques boer"). Dans que le conflit russo-japonais de 1905, plus proche du cas européen, les japonais pratiquent accès succès le "close order".

Dans chaque armée il y'a un point d'équilibre différent entre les deux extrêmes:

- Dans le cas allemand, la pratique varie beaucoup d'un corps à un autre du fait de la tradition de décentralisation du commandement.

- Les britanniques sont plutot "open order": conséquence de la guerre anglo boer.

Il n'y en avait pas moins un consensus sur l'importance du feu: l'école "close order" y voyant un moyen de l'augmenter en un point et l'école "open order" s'inquiétant de la vulnérabilité d'une formation dense.

Autre innovation majeure la mitrailleuse, qui a été déja employée en 1870 avec un impact presque nul (mauvaise doctrine d'emploi qui considérait la mitrailleuse comme un "canon à balles" et fragilité mécanique).

Cette arme était peu populaire, quelque soit l'armée considérée: seulement 6 ou 8 par régiment en 1914 dans les armées francaises et allemande. Contrairement à l'imagerie, elles ne sont pas la cause des pertes énormes de 1914, trop rares pour avoir un impact décisif. Les stocks étaient faibles donc les pièces détruites n'étaient pas remplacées.

En fait, elles étaient considérées comme un substitut mécanique à un peleton, dans une version beaucoup plus fragile mécaniquement et bien moins mobile (70 kgs pour la maxim allemande) avec une consommation astronomique de munitions. A une époque où le tir rapide entrainait déja des inquiétudes sur l'approvisionnement en minutions.

Les seuls qui s'y sont intéressés sont les unités d'élite, spécialisées dans l'"open order", chargées de défendre des passes en montagne ou de couvrir la mobilisation de l'armée à peu contre beaucoup auquel cas elle fournissait un complément de puissance de feu bienvenu.

Deuxième consensus, l'unité tactique de base devient le peleton, sans être clairement officialisée.

Troisième point, l'infanterie est toujours vue comme l'arme décisive: ce n'est pas encore "l'artillerie conquiert, l'infanterie occupe".

(je ferai la suite plus tard)

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Attention à ne pas vouloir tout expliquer par l'évolution technique: l'évolution de la pensée, de l'organisation (politique, militaire en général, tactique en particulier) a sans doute encore plus d'importance même à ce moment, avant tout parce que le facteur humain détermine ce qu'est une armée. En 1914, même l'artillerie lourde allemande n'a pas obtenu la décision alors que les Alliés n'en avaient pour ainsi dire pas du tout, et le front a été stabilisé et établi en guerre de position alors que l'essentiel de l'artillerie lourde, sur le papier le truc le plus déterminant, était concentrée dans un seul camp.

Le fait est, et c'est à la décharge partielle des chefs militaires de la 2ème moitié du XIXème siècle, que ce qui a évolué le plus et le plus vite à cette époque n'est pas tant la technologie (il y a effectivement une "révolution technologique" dans le domaine militaire, c'est un fait) que la taille des dispositifs militaires: par rapport à l'époque napoléonienne, les armées de campagne moyennes ont vu leurs effectifs exploser, et le total de la masse humaine sous les drapeaux n'est tout simplement pas dans la même catégorie. A l'inverse, les moyens de "command and control" n'ont pour ainsi dire PAS EVOLUE D'UN PET!

Certes les généraux de Napoléon III étaient loin d'être des flèches, et tout le corps des officiers baignait dans une mystique idolâtrant l'épopée napoléonienne, et pas ses vrais aspects importants.... Mais c'était le cas de beaucoup d'autres armées européennes, et des officiers US de la guerre de sécession. Mais ces généraux ont du, par rapport à l'époque napoléonienne, "manier" 1 fois plus d'hommes sur des superficies plus grandes et des axes plus profonds, avec les mêmes moyens de reconnaissance et renseignement, les mêmes moyens de commandement et planification, et pire encore, les mêmes moyens de communication.

Or, dire que c'est "la même chose, en plus grand" est faux: des superficies qui se multiplient n'entraînent pas de modification biologique de l'estafette qui parcourt les mêmes distances, de l'officier qui ne voit pas plus loin ou dont la voix ne porte pas plus loin, ne changent pas la nature d'un cerveau qui, face à des chiffres plus grands pour tous les domaines, ne devient pas un superordinateur pour autant.... Même le fait d'augmenter en net les effectifs d'EM ne suffit pas et ne cre pas de "systèmes cllectifs" capables de gérer tout ça, et surtout pas dans des délais satisfaisants.

Bref, les armées de ce temps deviennent des géants aux muscles démesurés.... Mais avec un cerveau inchangé, des sens atrophiés, et une coordination entre le cerveau et les muscles proche du lamentable. L'observation aérienne sera le premier nouveau "sens" moderne adapté a champ de bataille. Le téléphone ne sera qu'un pis aller qui remplit déjà mal son rôle dans le cadre du front fixe de la guerre de tranchées, et il faudra attendre la radio et les premiers calculateurs pour pouvoir mettre en coordination les muscles et le cerveau. Le radar complètera le tout.

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Patience, je ne fais que décrire l'évolution de la pensée, qui apportait en effet peu de bonnes solutions dans l'immédiat à l'augmentation de la taille des armées.  ;)

Il y'a un croisement de deux phénomènes qui vont dans la même direction:

- L'augmentation des effectifs.

- L'unité de base à qui peut être attribuée une mission indépendante descend du bataillon au peleton (plus tard ca sera le squad voire encore plus petit), du fait de l'augmentation de la puissance de feu qui oblige à mettre en place une dispersion beaucoup plus importante. Ce qui mécaniquement augmente considérablement le nombre d'unités de manoeuvre qui sont de plus en plus dispersées.

En somme comment coopérer dans un but commun quand les unités ne peuvent pas communiquer et que le téléphone filaire a ses limites? Même aujourd'hui on est limité par les capacités de traitement de l'information qui font que le "network-centric" n'est pas la martingale absolue qu'elle devrait être.

Ce qui va obliger à revoir de fond en comble l'organisation humaine sur le terrain avec des réponses assez différentes de part de d'autre (j'y viendrai en temps voulu).

L'autre conséquence de cette augmentation est que le front peut être entièrement défendu dans son intégralité, faisant du conflit un immense siège.

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Pas de problèmes, mais ça me semble le premier aspect car généralement le facteur quantité, par sa simplicité apparente et le jeu des abstractions dans les discussions (par essence non "visuelles"), est souvent négligé. Or la quantité change la nature d'un procédé, d'une organisation.... Surtout quand il s'agit de telles proportions: organisation politique, planification, intendance, budget, économie, logisique, organisation terriotiale, mentalités, acceptation (pertes, mobilisation, psychologie d'une vision "de masse"....), productions, pensée.... Tout change, et pas seulement parce que les chiffres sont plus vastes: chaque tranche de quelques dizaines de milliers d'hommes en plus impose d'augmenter le nombre de divisions, chaque paire (ou plus) de divisions augmente le nombre de corps d'armées, chaque paire de corps d'armée augmente le nombre d'armées de campagne.... Et cela impose un nouveau niveau hiérarchique qui doit pouvoir penser, approvisionner, voir, planifier.... Avec les moyens de l'époque qui plus est, donc à chaque fois un nouveau goulet d'étranglement pour l'information, partielle et circulant lentement, et sujette à un niveau de tri et de subjectivité et d'erreur de plus. Mais chacun de ces niveaux de commandement de plus est une chapelle de plus qui a ses besoins, doit penser avant tout à rameuter le plus de ressources pour elle en concurrence avec les autres, avec une structure nationale centrale qui doit arbitrer et doit donc aussi s'alourdir pour pouvoir faire face.

Et la taille d'un tel dispositif impose en plus, pour être possible, une répartition géographique nationale qui complexifie encore plus l'organisation administrative, la geston et la planification de l'armée en tant que force potentielle (comme l'arme nucléaire en elle-même), mais aussi de son "vecteur d'utilisation" (comme le missile et le systme de commandement et détection de la dissuasion), à savoir l'immensément complexe processus de mobilisation des armées européennes et le système de renseignement et de décision politique qui va avec et qui symbolise à lui seul la qualité et le problème de ces armées. Le fait même de la mobilisation, inarrêtable une fois lancé, devient en lui-même une déclaration de guerre (si le voisin le lance, tu es obligé de le lancer aussi et vite pour ne pas risquer d'être pris le futaille sur ls genoux), et ne se décide donc pas à la légère, car une fois les armées aux frontières, il était sans doute impossible à ce stade de ne pas se jeter dessus, vu la paranboiaambiante et la menace directe que repréentaient non quelques corps d'armée mais des millions d'hommes d'un coup.

Et à basse échelle, la quantité aussi présente les mêmes problèmes, et encore plus dans le contexte des armements "industriels": visibilité nulle, bruit empêchant tout commandement à la voix au-delà de la section, coordination au sein d'une simple compagnie problématique (donc un régiment n'est plus une unité, et même un bataillon, c'est douteux), densité du feu, lourdeur de l'intendance des unités en guerre de mouvement (consommation de la guerre industrielle)....

La mobilisation est le seul moment où le "command and control" est encore efficace, via une planification d'une rigueur extrême. Après, rien ne peut plus être fait dans un espace-temps suffisant, ce qui contraste avec la volonté centralisatrice des officiers généraux.... Alors que même un général de division a du mal à "manier" son unité.

Résultat, le conservatisme pour l'ordre serré et l'infanterie de ligne n'est pas tant du à un refus obtus de comprendre l'impact de l'artillerie moderne (quoique cela ait joué) qu'à un besoin de pouvoir un tant soit peu contrôler le dispositif. Avec en plus le problème de la tension internationale permanente entre 1870 et 1914: réentraîner une armée en la fondant sur un modèle d'infanterie légère, cela suppose:

- d'avoir et de pouvoir former assez d'officiers de bonnes qualité capables d'autonomie parfois complète. Aucune armée en format 1914 ne le peut, et il faudra toute la guerre  pour parvenir à former une pareille infanterie, mais elle ne représentera plus que 40%  des orbat au lieu de près de 85%. Cela veut dire une sélection drastique en qualité

- impossible de prendre facilement la décision de mettre des pans entiers de l'armée d'active en réentraînement complet alors que les tensions sont permanentes. D'une manière ou d'une autre, cela signifierait un processus de plusieurs annés où les toupes de 1ère ligne seraient en effectifs trop faibles pour être nimmédiatement disponibles, et où l'armée n'aurait pas de doctrine global et pas de possibilité d'emploi à plein effectif, alors que les puissances européennes sont prêtes à se jeter l'une sur l'autre en quelques jours. De ce côté, peur et prudence ont joué de concert pour arriver à une similarité de stagnation en la matière. Même la petite British Army, expéditionnaire et pas prévue pour intervenir face aux armées continentales, a refusé l'évolution, et n'a inclu que quelques dispositifs "légers" pour la Guerre des Boers. De fat, il y a paralysie

Parce que l'organisation et la doctrine de l'ordre serré, contrairement aux caricatures, c'est pas un entraînement simplet et rapide: c'est dur, lourd, long de former des individus et des unités de chaque échelon à cette discipline, à charger et combattre comme un seul homme, à opérer des marches et des mouvements rapides pour se mettre en ordre de bataille ou en sortir (agencer des bataillons, régiments, brigades et divisions.... Le plus vite possible). Et passer à un modèle d'infanterie légère, outre une ultiplication par 5 à 10 de la surface couverte sans moyens de coordination adaptés (y'en a déjà pas pour l'orbat serré de millions d'hommes), cela implique un changement de culture des officiers, sous-officiers, des individus et des unités de chaque type. Opérer cela en contexte de paix armée, c'est plus qu'un pari.

Malgré toute la pertinence des "visionnaires" de la guerre à venir (dont Jaurès qui, dans L'armée nouvelle, montre une gran de clairvoyance sur la guerre et ses besoins), faut pas caricaturer ni les politiques ni les militaires qui ont décidé de ne pas s'adapter à ces évolutions perçues. Et encore plus en France, où le déficit démographique par rapport à l'Allemagne est tel que prendre la décision de ce changement, c'est mettre de coté pour plusieurs années une part importante d'une armée de terre déjà largement moins nombreuse que celle de l'Allemagne.

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