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[livre]la Vérité sur notre guerre en Libye


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J’ai lu récemment La vérité sur notre guerre en Libye, de Jean Christophe Notin, et je me suis dit que je pourrais poster ici un résumé rapide avec quelques points intéressant qu’on n’a pas beaucoup vu ailleurs. C’est un gros livre (600 pages), avec le mérite de présenter une carte (plus aurait été bienvenu) et des photos couleurs. Il est basé sur des entretiens faits par l’auteur avec à peu près tous les principaux intervenants militaires et diplomatiques dans l’affaire du côté français (il n’y a pas d’entretiens avec des politiques cités dans les sources, mais ça va de Jean-David Levitte, conseiller diplomatique de Sarkozy, à quasiment tous les commandants de bâtiments et de détachement Alat, etc). Ca livre donc une représentation très détaillée du conflit tel que vu par les armées françaises, la diplomatie et l’échelon politique.

Quelques notes sur les aspects diplomatiques (le tactique/opérationnel viendra plus tard):

-Les britanniques parlent  d’opérations coordonnées avec les français depuis 2005, mais quand il s’agit d’agir, ils prennent leurs ordres aux USA sans prévenir les français.

-L’Allemagne avait promis de voter la résolution 1973 et a annoncé son abstention au dernier moment

-Tous les pays européens voulaient intervenir uniquement sous le commandement OTAN

-Le commandement OTAN vaut son pesant de cacahouètes : l’autorité politique en charge des opérations est le groupe de contact, qui réunit les pays participant et se réunit toutes les quelques semaines pour fixer un cap. Le cap n’est pas suivi par les militaires qui se contentent au début de faire des frappes au jour le jour sans chercher à planifier quoi que ce soit à long terme. Du coup, l’influence dans la conduite des opérations est en fait directement liée au nombre de personnels dans les structures de commandement OTAN (qui sont en sous-effectif d’ailleurs) et à leur capacité à convaincre leurs collègues. A ce jeu-là, les français se rendent compte qu’ils ont des grosses lacunes (pas énormément de personnels, les dossiers d’objectifs soumis par le renseignement français ne sont pas traduits en anglais, il faut du personnel parlant anglais, les procédures du commandement intégré ne sont pas très bien connues). Ils finissent par s’inviter aux briefings ou ils ne sont pas censé être pour surveiller leur déroulement, et à proposer du personnel non requis pour combler les postes vides.  Le passage de relai entre la coordination US et l’OTAN a été particulièrement laborieux. Au final, Il faut 2 jours au commandement entre la détection d’une cible et la frappe. Du coup, même à la fin de la campagne, il reste encore des automoteurs et des radars libyens opérationnels. Les Français essayent de contourner la chaine de commandement en se concentrant sur les missions de dynamic targeting ou ils volent et repèrent les objectifs eux-mêmes sans passer par la chaine OTAN . Du coup, les missions de reconnaissance françaises servent en fait autant à nourrir le renseignement OTAN qu’à fournir directement des cibles aux pilotes sans passer  par l’OTAN. De la même manière, les vols français se concentrent là où le COS est capable  de fournir des renseignements. A la fin de la campagne, l’OTAN autorisera les avions à descendre plus bas après avoir entendu le secrétaire général (qui n’est pas vraiment sensé intervenir là-dedans) leur dire qu’ils pouvaient prendre plus de risques, et réduit son temps de traitement de l’information en déléguant le contrôle des tirs à un ATL2 sur place et en envoyant des missions sur les cibles avec le renseignement le plus frais. La Royale et l’ALAT agiront complètement indépendamment de l’OTAN (les avions décollant du CdG sont quand même sous contrôle OTAN), qui sera prévenue de l’envoi d’hélicoptère une fois leur chargement débuté.

A noter que les USA ne partagent leur renseignement EM et satellitaire qu’avec les anglo-saxons.

-L’ATO de l’OTAN (planning de opérations aériennes) est connu des Kadhafistes.

-L’USAF assure 80-90% des ravitaillements, 25% des tirs, et met à disposition une vingtaine de tankers (vs 8 pour la France et 2 pour le RU), 1 global hawk, deux predators, 1 JSTARS,  2 RC 135, 2 EC 130, 2 E 3, 5 growlers et 6 F-16 SEAD

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  • 2 weeks later...

Suite et fin:

-L’ORBAT Libyen établi par la France datait avant la crise de la fin des années 80. Le 7 Mars, le CPCO (centre de planification et de conduite des opérations) estime qu’il lui faut 15 jours pour en connaitre 90%, ce qu’il fera dans les temps sans utiliser de chasseurs au début(comme le F1 CR, ou le Rafale avec Spectra et Reco-NG) de peur de provoquer un incident si pris la main dans le sac. Ca suscite des tensions avec les aviateurs du CDAOA.

-Les batteries AA Libyennes s’allumaient par intermittence et très peu

-Il faut 30h entre l’autorisation de faire sortir les bombes des entrepôts et le décollage d’un avion chargé. Comme la France insistait en public sur la No-Fly Zone, l’ordre n’a pu être donné qu’au dernier moment de peur de faire perdre la face à la diplomatie. De plus, pour changer un avion de configuration (Scalp->GBU par exemple), il faut aussi quelques heures. Ça pose un gros problème de réactivité et d’adaptation à la situation pour les forces françaises, qui se retrouvent à envoyer seulement  un rafale sur deux avec des bombes le 19 Mars faute d’avoir eu le temps de les monter aussi sur l’autre. (conclusion : l’aasm laser est très importante pour avoir de la réactivité et ne pas avoir à changer de config selon qu’on veut tirer à distance de sécurité ou sur des cibles d’opportunité ou mobiles)

-Une attaque à l’Apache a été sérieusement envisagée même si certains doutaient de la capcité à opérer un matériel si vieux.

-Pendant qu’on est dans les munitions, il y a bien eu des tir à la BGL en résine en opération, mais le guidage n’était pas assez précis pour obtenir régulièrement des coups au but, donc ça a été abandonné.

-Il ne faut pas espérer pouvoir utiliser plus de 25% de la flotte de 2000 D en opération pour des raisons de maintenance, et le nombre engageable sur court préavis  (48h)est la moitié de ça.

-Il y avait 7 tankers français opérationnels au début

-Pendant le début des opérations, les chasseurs volent haut (20kft) pour échapper aux SAM (le 19 Mars les 2000D se font tirer dessus 4 fois par des SA 8) .A cette altitude, le pod Damoclès rend difficile l’identification des cibles (il nécessite plusieurs passages à la verticale de l’objectif pour identifier des automoteurs, il ne permet pas de reconnaitre les marquages sur les toits des véhicules des rebelles). Vu les règles d’engagement qui sont adoptées, et particulièrement dans le cadre de l’OTAN, ça pose de gros problèmes (on répond souvent aux critiques qui disent qu’il est difficile de savoir si quelqu’un est armé sur une image de damoclès en disant qu’il a été conçu pour identifier des véhicules, mais même pour ça il a du mal à haute altitude). Les pilotes se voient fournir des jumelles, des appareils photos et des tablettes pour y remédier. Damoclès NG répond donc à un vrai besoin.

-Astac est bien capable de transférer les données à une station sol

-Les SNA ont passé 90% de leur temps en immersion périscopique, et ont failli se prendre des tirs d’artillerie (à priori ils n’étaient pas visés, mais c’est pas passé loin), ils ont aussi vu des mines à quelques dizaine de mètres.

- Les frégates française feront du tir contre terre, mais se feront régulièrement tirer dessus pas l’artillerie Kadhafiste, de manière assez précise (parfois à une centaine de mètres) et même la nuit, sans pouvoir faire de contre-batterie à tous les coups (il faut localiser les tirs et vérifier qu’il n’y a pas de civils dans la zone)(les Horizon ont apparemment une capacité de radar de contre batterie)

-Après le départ  US, il y avait en permanence entre 3 et 5 patrouille dans le ciel libyen (l’OTAN avait environ 50 appareils pour faire les frappes à sa disposition, dont certains avec des caveat importants).

-L’USAF assure 80-90% des ravitaillements, 25% des tirs, et met à disposition une vingtaine de tankers (vs 8 pour la France et 2 pour le RU), 1 global hawk, deux predators, 1 JSTARS,  2 RC 135, 2 EC 130, 2 E 3, 5 growlers et 6 F-16 SEAD. (au début il y avait 15 F 15, 12 F16, une dizaine d’A 10, des harriers et des AC 130 en plus, qui on mis un gros coup d’arrêt aux kadhafistes la première nuit, en plus des frappes de B2 et de tomahawk)

-Tous les navires Français ont un traducteur parlant arabe à bord, permettant d’intercepter les communications kadhafistes, qui utilisent beaucoup de radios (et non cryptées). Il y avaut en permanence 1 SNA sur zone (2 pour de courtes périodes)

-La boucle OODA courte (franco-française, une patrouille de rafale avec Reco NG fournit des objectifs à son atterrissage sur le CdG à une deuxième patrouille de frappe) est de 2h-2h30

-L’Alat n’hésite pas à envoyer des hélicos en appat pour inciter la DCA à de déployer (à la stupeur des britanniques qui n’imaginent même pas risquer une perte) et reconnait les emplacements des unité d’élite kadhafistes à leur discipline de feu (seul endroit de la zone d’où des tirs ne partent pas)

-La France finira par déployer 1 harfang le 25 aout

-Il y a aussi des détails sur le rôle de la DGSE et du COS

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