Tancrède Posté(e) le 23 août 2013 Share Posté(e) le 23 août 2013 (modifié) En farfouillant sur la rubrique Histoire, je me suis rendu compte qu'aucun sujet n'existait (en tout cas sous ce nom) sur ce thème sexy et accrocheur, qui tend à attirer disproportionnellement l'attention quand on étudie l'armée d'un endroit et d'une époque. On a pu traiter certaines gardes ici et là, voire partiellement le thème quand il se mêlait à un autre sujet, mais pas lui à proprement parler. De façon plus complète, le thème serait "Gardes et Unités d'Elite", voire "Gardes, Unités d'Elite et Unités de Prestige"..... Mais ce serait incomplet, outre le fait d'être des titres trop longs. Mentionner ceci a cependant pour effet de soulever un angle d'attaque important d'un tel sujet: même les Gardes (mot que j'emploie ici au sens large) sont des unités plus ou moins limitées en quantité (pas toujours), elles représentent toujours une somme de fonctions extrêmement variées, aussi bien militaires que politiques, voire civiles et "culturelles" (notamment les aspects de prestige et communication). Quel genre de fonctions? Inventaire non exhaustif: - assurer la protection des dirigeants (pas que le souverain ou l'exécutif: cela peut inclure des personnages importants, d'autres branches du pouvoir....), du pouvoir en général, et/ou des institutions, voire, moins directement matériellement, du processus de décision - assurer la protection personnelle du/des dirigeants, en tant qu'individus particuliers (et leurs familles): cet aspect a pu être très présent dans nombre de structures de pouvoir où existe une différenciation entre le personnage qu'est le souverain, indifféremment de l'individu qui occupe le trône. Des unités de gardes pouvaient donc participer à, voire initier, des rebellions et exécuter un souverain (jugé mauvais ou pas assez accommodant) tout en restant fidèles (au moins selon eux) au trône/siège du pouvoir/pays (samouraïs, janissaires, prétoriens, colonels, Varègues.... L'histoire ne manque pas d'exemples). - assurer la protection de la capitale, du palais/centre de décision, du centre de commandement (quand le souverain est mobile, que ce soit par nature ou simplement en campagne militaire). - cette tâche peut se trouver étendue à un rôle de police du centre de pouvoir: le "palais", son quartier, voire la ville capitale. Y assurer la sécurité est autant une tâche de protection directe du pouvoir (contrôle de l'espace) que de protection indirect: une ville calme, où règne l'ordre (et un meilleur climat d'affaires) et dont la protection est assurée, est généralement plus prospère et jalouse de ses conditions d'existence (surtout dans le monde antique ou médiéval) et moins encline à se soulever - constituer des unités d'élite: les Gardes peuvent souvent être des unités top niveau, surtout dans des armées où la professionalisation n'est pas énorme, ou la battle readiness pas gigantesque, ou des unités particulièrement travaillées, des unités "de pointe" pour certains rôles (et/ou ayant une plus grande polyvalence). Plus largement, les Gardes peuvent pousser ce trait jusqu'à être des "armées d'élite", des "armées en miniature" au coeur de l'armée (la Garde Napoléonienne....) - constituer des unités de formation (d'officiers, de cadres, d'unités professionnelles); c'est encore plus vrai dans les armées ayant cru vite (et donc avec un niveau moyen d'expérience assez bas, les "bons" y étant dilués) ou dont le modèle repose sur une large démobilisation en temps de paix, dans les armées d'époques sans transmission de savoirs centralisée dans des écoles, et/ou pour servir de stage pratique après des enseignements théoriques.... Ces unités sont donc là une "réserve" des savoirs et savoirs-faires, la mémoire de l'armée, des écoles à officiers et à sergent, mais aussi des "écoles à unités" pour les savoirs-faires au-delà de certains échelons (unités de manoeuvre plus encore que les unités élémentaires). Les corps de cadets y sont parfois rattachés, par exemple. - constituer des unités spéciales ou spécialisées, concentrer les savoirs à haute valeur ajoutée, des métiers particuliers, une capacité d'action particulière (genre des actions rapides et complexes, et/ou des actions poussées très tôt dans la guerre, quand le reste d'une armée monte encore en puissance). L'artillerie en France à partir de Charles VII en est un exemple: savoir faire cher et capacité unique, qu'aucun souverain ne peut laisser échapper à son contrôle, l'artillerie est ce qui donne, enfin, aux rois, l'ascendant sur leurs féaux. On peut se permettre d'avoir une infanterie de milices provinciale et une professionnelle très petite, mais une cavalerie de qualité en grandes unités et une artillerie efficace sont des moyens de plus longue haleine à obtenir, et cruciaux à avoir sous la main à tout instant; des capacités "dimensionnantes", tout comme d'ailleurs un noyau d'infanterie pro le devient dès Louis XI, et un grand EM le devient sous Napoléon. - constituer des unités de police politique, de renseignement et coups de mains: de telles unités sont autant des moyens d'action politique internes qu'un vivier pour sélectionner des personnels et groupes destinés à des emplois de confiance (plusieurs degrés de confiance, de confidentialité....). Plus on grimpe dans la confiance du souverain, plus on est "dans le secret", et plus on est employé à des actions discrètes, plus on reçoit des charges importantes: messages confidentiels, rôle d'observateur, de négociateur, d'envoyé spécial.... Mais aussi évidemment beaucoup de tâches parfois sordides: assassinats, compromissions, "nettoyage" de choses et d'événements, menaces, chantage, corruption.... - reflet de l'organisation du pouvoir: s'il a plusieurs centres, chacun a généralement ses unités d'élites et de protection, au besoin pour les voir s'affronter (Urbains vs Prétoriens, gardes de seigneurs dans le monde germanique/scandinave et celtique -avec des modes de liens et de serments- ou de patriciens dans le monde romain, ou encore autour des khans mongols et daïmyos japonais, des grands féodaux français -dont le roi-....). L'architecture et les équilibres de pouvoirs sont généralement extrêmement compréhensibles quand on regarde ces unités à la loupe. - sélection d'élites ou de serviteurs dévoués: moyen de promotion sociale pour des gens venus "d'en bas", ces unités peuvent ainsi servir à recruter autre chose que des combattants. Passé un temps dans des fonctions de gardes/soldats, on peut aiguiller ceux qu'on sélectionne, moyennant un éventuel investissement dans leur formation, vers d'autres fonctions. Des souverains gérant de grandes nations avaient peu de moyens de sélectionner directement des personnels, qui sinon venaient de cursus en place (donc d'organisations qu'ils ne contrôlent que partiellement), du choix d'autres personnes.... Là, c'est un vivier qu'ils peuvent contrôler directement. Sous les Mérovingiens, l'Ecole du Palais n'est pas que le lointain ancêtre de l'ENA (en mieux), c'est aussi un passage obligé pour les suivants du roi qui sont aussi fréquemment des gardes, ou d'anciens gardes. Les Janissaires avaient aussi de tels moyens de reconversion. - promotion militaire: c'est un chemin de progression de carrière, et un moyen parmi d'autres d'offrir aux soldats quelques échelons de plus à grimper (et une meilleure paie éventuellement), voire parfois une fin de carrière "plus au calme" (certaines sous-unités ou unités, quoique efficaces, n'impliquant pas les mêmes demandes que des campagnes militaires), ce qui s'inscrit dans le panel des incitations au recrutement et à la fidélisation des personnels dans les armées, en même temps qu'il peut s'agir d'un moyen de sélection des meilleurs (et de récompense des méritants/fidèles). C'est encore plus vrai dans des sociétés de classe, surtout de classes rigides (ancien régime....) avec peu de perméabilité, où ceux issus de classes sociales inférieures peuvent néanmoins, au sein du métier militaire, avoir une ascension sociale et financière (on "déplaffonne" plus ou moins la troupe où la progression peut sinon être vite limitée: quelques échelons du rang et de sous-officiers, c'est pas forcément le Pérou). - constituer un regroupement de séditieux: généralement des enfants de l'élite (ancienne pratique des otages dans les sociétés tribales et aristocratiques) qui y sont maintenus pour être "fidélisés" au souverain, tenus en laisse, tenus en joue (pour dissuader leurs parents), mis à bon usage, placés sur des cursus de prestige (fidéliser une partie de l'élite par un accès préférentiel et de meilleures perspectives).... Mais aussi on peut aussi y voir des groupes humains turbulents, voire des prisonniers - avoir des unités de prestige: élément de "soft power", de communication, de telles unités sont autant des conservatoires de tradition que des "messages" adressés à qui regarde (surtout les rivaux intérieurs et extérieurs), par divers biais (efficacité, réputation, apparence, certains "artifices" comme l'impact psychologique de la musique et de troupes disciplinées, un cri de guerre particulier.... Mais aussi le fait de les faire défiler régulièrement dans certains endroits). Plus "aimable", et conjugué à un rôle policier bien pratiqué, de telles unités peuvent aussi servir à l'aide lors de catastrophes, à l'animation de quartiers/villes (souvent vu: musique, spectacles....), à l'encadrement de la jeunesse, à divers rôles sociaux (juges de paix, garantie des transactions, protection de l'épargne de citoyens....). Les possibilités sont multiples, surtout si une part de recrutement populaire (ou de diverses classes de la population) les rend plus "représentatives", permet un "lien Garde-Nation" (trop poussé pour les Gardes Françaises en 1789), et offre des opportunités d'ascension sociale. Pour l'aspect prestige, des Gardes peuvent aussi être des vitrines des savoirs-faires et de la variété d'une armée (la Garde napoléonienne en était, mais nombre d'autres aussi: on a tous les types d'unités, toutes les traditions.... Bref, ça fait des couleurs d'uniformes pour les défilés). Dans les Etats les plus développés et stables aujourd'hui, toutes ces fonctions sont le plus souvent éclatées dans de multiples unités et services, militaires et civils, voire des concessions à des entreprises privées (ou des individus). Selon le lieu, l'époque, le type de gouvernement/d'Etat.... De nombreuses unités de gardes ont pu concentrer diverses combinaisons de ces différentes fonctions (rarement toutes, sinon jamais). Par exemple les USA: - le USSS protège le président (le personnage et l'individu et sa famille.... Mais en dernier recours, il protège le personnage et avec lui la continuité de l'Etat et de l'Exécutif; même si c'est improbable, le USSS pourrait ainsi accorder la priorité au président sur sa famille, et au vice président sur un président pris en otage), la Maison Blanche et le dollar (et quelques événements et lieux spécifiques). Ils agissent en conjonction avec les moyens de transport du président (la flotte aérienne dépendant de l'US Air Force, le parc d'hélicos présidentiels des Marines) qui eux-mêmes bénéficient de disposition de protection de leurs branches des forces US - le 3rd Infantry Regiment (3 bataillons, non rattaché à une grande unité de manoeuvre, en lignage du Ist infantry regiment, première unité levée par le National Congress en 1776) et le United States Marine Band sont les unités cérémoniales et de prestige de la Maison Blanche et du Gouvernement. Le 3rd IF est de plus une unité fournissant un apport de protection au District of Columbia et une unité d'infanterie envoyant des groupements tourner lors des OPEX - le White House Military Office est l'organisme interarmée rattaché à la maison blanche qui fournit les effectifs et expertises militaires nécessaires au service de la présidence: communications sécurisées et stratégiques, transport, garde ^des sites présidentiels (les marines qu'on voit en faction), services d'intendance, santé.... - la US Capitol Police protège le Congrès et ses membres, comme il y avait avant une White House Police Force (intégrée ensuite au USSS) - les services secrets (nombreux aux USA) sont le bras armé "discret" de la politique extérieure US et de la sécurité de ses communications, avec d'autres agences fédérales (FBI et DSS notamment) - les forces armées ont leurs propres unités d'élite et centres de conservation et développement des savoirs-faires armés - nombre de services publics (locaux, d'Etat et fédéraux) et autres, associations diverses, mais aussi des unités spécifiques des armées, reprennent la majorité des tâches "soft" jadis parfois concentrés dans nombre d'unités de garde. Ce dernier point est surtout mentionné pour montrer qu'à certaines époques, des unités de Garde étaient à peu près tout, ou une bonne partie, de de dont disposait un dirigeant (individus ou organismes) en terme d'appareil d'Etat, lui confiant de ce fait nombre de tâches et fonctions en plus d'un "métier de base" auquel on s'arrête souvent, tâches et fonctions censées rappeler l'existence du pouvoir, assurer certains services, communiquer, avantager certains individus ou groupes (pour les fidéliser) et en contraindre d'autres.... Que sont pour vous les Gardes? Pour moi il s'agit d'un concentré de l'histoire de nombreux Etats et du pouvoir en général. L'approche par fonction vous semble t-elle pertinente pour refléter le phénomène ou en voyez vous d'autres (m'étant enfoncé dedans, je ne vois plus d'autre angle d'analyse pour l'instant)? Je l'ai employée pour éviter des listes interminables d'exemples (et un lien wikipedia ou autre, et pof ça y est: sans intérêt) et sans réelle discussion. Le point est que derrière ce mot générique, il y a mille et une fonction , et plus exactement mille et une "formules" (mêlant certaines de ces fonctions) correspondant chacune à une culture et un moment, donc à une structure de pouvoir et d'Etat particulière (regardez même dans l'exemple américain comment se répartissent les appartenances des unités et services, afin d'obtenir un "équilibre", lié à la hantise démocratique contre la concentration de pouvoirs "policiers"/militaires). Que disent de différents Etats actuels l'organisation de ces fonctions et leur répartition en unités de gardes et d'élites et d'autres services? L'immense panel des fonctions m'amuse beaucoup, oscillant entre concurrence acharnée au sein d'un Etat ("guerre de services", rivalités individuelles, luttes entre féodaux/autres pouvoirs et exécutif, intrigues de palais....), confusion des genres, participation à l'organisation militaire voire au modèle d'armée (dont certaines de ces unités ont pu constituer le coeur, ou à certains moments la mémoire) Le fait est aussi que la plupart des régimes et Etats ont eu plusieurs unités de ce type, avec chacune des affectations particulières et/ou des rôles qui se chevauchaient, parfois seulement pour qu'elles se fassent concurrence et ne menacent pas le pouvoir (ou moins); comment voyez-vous le "fonctionnement" de telles unités dans les Etats passés et actuels que vous connaissez? Personnellement, je maîtrise plutôt bien le phénomène pour les diverses époques de la Rome antique (et de Byzance), un peu pour la Perse antique et la Macédoine, plutôt bien pour l'histoire de France (surtout du Moyen Age à la Révolution) et, d'une manière plus générale, certains fonctionnements dans des sociétés tribales/aristocratiques. Un peu d'histoire russe aussi (jusqu'au XIXème). L'empilement de ce type d'unités, ou de sous-unités au sein d'elles, est une tendance régulièrement constatée dans un Etat, quel qu'il soit: quand une unité "en place" commence à devenir une unité de parade, ou qu'elle tend à être gangrenée d'une façon ou d'une autre (corruption, népotisme, participation aux intrigues politiques, infiltrations, négligence, immobilisme -comme les mamelouks ou les janissaires-....), voire s'érige en arbitre du pouvoir ou en acteur parmi d'autres des jeux de pouvoirs, on en crée d'autres (parce qu'on ne peut pas toujours les faire disparaître), on leur enlève des prérogatives ou des rôles de fait pour les donner à d'autres, nouvelles ou anciennes, ou on les remplace (parfois dans un bain de sang). Ainsi, au fil du temps, s'allonge la liste de ces unités: gardes, unités et services "spéciaux" ou à statut spécial/privilégié, directement rattachés au coeur du pouvoir. Des rivalités se créent (parfois intentionnellement), le fonctionnement est compliqué et cette inflation est accrue par d'autres tendances comme un souverain ambitieux/vaniteux, un besoin accru (temps de guerre ou tensions graves, Etat en croissance, donc requérant plus de capacités, y compris dans l'entourage du pouvoir) ou des besoins d'un nouveau type (communications sécurisées et cryptologie, nouveaux moyens de transport, nouvelles armes -tels les mousquetaires). Quelques exemples de "remplacement"/licenciement? - quand Auguste forme les Prétoriens (protection du "1er citoyen, général en chef et grand pontife", pas encore César/Auguste), sans évidemment anticiper le comportement de l'institution, il connaît la musique du pouvoir, et forme parallèlement les Cohortes Urbaines (protection de Rome, du Sénat et des Institutions), qui ne parviendront jamais cependant à concurrencer leur pendant. Et il forme la Garde Batave (des étrangers, de tribus clientes de sa famille) pour sa protection personnelle et celle de sa famille. Pas con le gars.... Mais il a pas prévu de protection contre sa famille (à part sa femme peut-être, qu'était pas une commode). - Septime Sévère rapplique devant Rome avec ses 3 légions du Danube: les turbulents Prétoriens sont convoqués, désarmés, dispersés et envoyés dans des légions de frontières.... Et un contingent choisi des 3 légions forme les nouvelles cohortes prétoriennes. - années 1580: devant l'infiltration omniprésente de la sainte ligue et du clan Guise, Henri III fait lever par son "mignon" d'Epernon une petite unité qui s'ajoute à la Maison du Roi (déjà bien fournie), les "45", cadets gascons de confiance qui préserveront sa vie, particulièrement dans les moments difficiles de la terrible année 1588, où il leur donnera l'ordre désespéré d'aller, pendant les Etats Généraux (moment où il ne contrôle quasiment plus rien, pas même son étage au château de Blois), assassiner le Duc et le Cardinal de Guise - Constantin vainc son concurrent Maxence sur le Pont Milvius et y trucide les Prétoriens, qui étaient en face. Il ne reforme pas l'unité et constitue le noyau d'une nouvelle Garde - Louis XIII forme une amicale secrète sous la régence de sa mère (et de ses 2 "conseillers", Leonora Galigaï et son mari Concino Concini), pour prendre le pouvoir au sein du Louvre, en 1617; non que ses propres gardes le menaçaient, mais ils obéissaient à la régente (et leurs officiers à qui payait) et n'auraient pas bougé sur un simple commandement public. C'est donc au sein des officiers de sa garde et des personnes de son entourage que Louis XIII a pu réunir une poignée d'hommes de confiance pour organiser un "coup" contre Concino Concini, prendre le Louvre et foutre sa mère au placard. - Pierre le Grand, jeune tsar sans pouvoir et isolé dans une ville réservée aux étrangers en Russie, passe sa jeunesse à réunir de jeunes Russes (la plupart roturiers) et des étrangers (dont des experts militaires) qui sont réunis et entraînés dans deux unités formées "à l'européenne", vues par sa tante (régnante) comme des amusements de gamin.... Ces deux unités, Preobrajenski et Semionovski, s'avèrent sérieuses quand il fait sa révolution de Palais et vire sa tante en détruisant la garde des Streltsy (une institution turbulente, corrompue et militairement dépassée), elle-même formée en son temps par Ivan le Terrible pour trucider les Druzhina (garde) des Boyards (grands féodaux) qui menaçaient sans cesse le tsar. - 1789: les Gardes Françaises rallient les émeutiers et affrontent (enfin massacrent) les Gardes Suisses - en 1826, le corps des Janissaires est dissout dans le sang Que représente notre Garde Républicaine aujourd'hui, dans ce lignage méta historique? Comment la compareriez-vous à d'autres "Gardes" d'autres pays actuels? Des démocraties certes, mais aussi d'autres Etats. Certains ici sauraient-ils par exemple décrire le fonctionnement du pouvoir nazi, selon cet angle particulier de lecture de l'histoire? Plus encore, quelqu'un saurait-il, dans le même registre, comment fonctionnait le pouvoir soviétique et comment ça se traduisait dans l'organisation des gardes et unités d'élite (à qui elles rendaient des comptes, comment elles se développaient et se faisaient compétition)? Enfin un dernier aspect fondamental du sujet: comment étaient recrutées ces gardes et unités d'élite? Comment sélectionner? A quels viviers puiser? Comment s'assurer de leur fidélité ou les garder en respect? Comment garder durablement ces unités (les individus à un moment donné, mais aussi les unités elles-mêmes dans la longue durée) fidèles/calmes? Comment obtenir de l'efficacité? Là encore, il a existé (et existe) mille et une formules, la plupart imparfaites, voire certaines carrément mauvaises. Et il s'est parfois avéré difficile de changer de formule, ce qui signifiait généralement que le souverain était au moins en partie à la merci de sa Garde et élites militaires (Rome et Byzance ont connu cela, de même que les souverains mérovingiens, les tsars russes, les sultans turcs, ou encore tant de régimes, démocratiques ou non, y compris récemment -le Mali, après tout, il s'est passé quoi l'an dernier?). Qu'on amène ses ennemis près de soi pour les employer à se protéger et les encadrer, qu'on recrute de force des enfants esclaves/soldats (janissaires....) ou qu'on impose des types de recrues et d'éducation particuliers (amazones du Dahomey, aristocratie fanatisée ou zélotes religieux -cf les Ilkhans), qu'on prenne les meilleurs soldats de l'armée (à tour de rôle ou à demeure) ou qu'on recrute des gens "moyens" représentatifs de la population (cf certaines Gardes Nationales, dont la française de 1789, certaines milices....), qu'on fasse venir des étrangers (loin des intrigues de locaux, voire ne parlant pas la langue) ou qu'on profite d'une culture de serments prise au sérieux, qu'on compte sur un Etat développé aux institutions solides pour se contenter de volontaires "normaux" ou sur une culture "d'honneur" (qui pourtant n'a jamais fonctionné dès que le pouvoir est en question), sur des serments personnels et/ou une idéologie, sur du clientélisme ou des relations de familles/d'amitié, voire sur des castes (un statut héréditaire de garde, une ethnie particulière comme en Arabie Saoudite).... Y'a l'embarras du choix: mais là aussi, recrutement et formation reflètent l'Etat du pouvoir, sa façon de fonctionner, sa nature, sa structure, sa popularité, sa solidité.... Quels sont les exemples les plus et les moins efficaces selon vous, les plus démentiels? Note: par pitié, si on pouvait éviter d'aligner les liens divers ou encarts vidéos qui sont souvent l'essentiel des posts (et auxquels personne ne répond parce que c'est pas vraiment des contributions et pas vraiment "participatif"), ce serait bien. Des contributions personnelles sont plus intéressantes et permettent de parler. Un peu de chaleur humaine avec l'acier et la poudre, que diable . Modifié le 24 août 2013 par Tancrède Lien vers le commentaire Partager sur d’autres sites More sharing options...
Suchet Posté(e) le 24 août 2013 Share Posté(e) le 24 août 2013 Que sont pour vous les Gardes? Pour moi, quand j'entends le mot Garde dans le sens militaire, je vois déjà les unités d'élites ainsi que des forces que je qualifierai de seconde zone. L'approche par fonction vous semble t-elle pertinente pour refléter le phénomène ou en voyez vous d'autres ? En faites , je ne vois pas bien ce que vous voulez dire ici. Que disent de différents Etats actuels l'organisation de ces fonctions et leur répartition en unités de gardes et d'élites et d'autres services? Je sais pas trop. La garde nationale aux USA n'est pas vraiment un corps d'élite. En Irak il me semble qu'il s'agissait d'une force moyenne. Que représente notre Garde Républicaine aujourd'hui, dans ce lignage méta historique? Il me semble que se sont des gendarmes à la base. Comment la compareriez-vous à d'autres "Gardes" d'autres pays actuels? Je les comparerai peut-être aux Coldstream Guard britanniques. Quels sont les exemples les plus et les moins efficaces selon vous, les plus démentiels? La garde nationale de la Révolution de 89 a rapidement démontré ses limites il me semble MAIS cela a servi comme un exceptionnel vivier à officier et sous-officier pour les amalgames et ainsi finir par créer une redoutable armée. Par contre, l'autre type de Garde, celle comme unité d'élite ; suffit de voir sous Napoléon. Lien vers le commentaire Partager sur d’autres sites More sharing options...
Tancrède Posté(e) le 24 août 2013 Auteur Share Posté(e) le 24 août 2013 (modifié) En faites , je ne vois pas bien ce que vous voulez dire ici. Je sais pas trop. La garde nationale aux USA n'est pas vraiment un corps d'élite. En Irak il me semble qu'il s'agissait d'une force moyenne. C'est pas clair? Je résume comme je peux l'ensemble des fonctions, théoriques et effectives, qu'on pu remplir les différentes unités qu'on met très globalement sous le nom de "gardes". Le terme "garde nationale" est un thème différent, étant donné que cela recouvre généralement des forces de milice ("garde" est donc dans leur cas, le plus souvent, juste l'emploi d'un même mot pour des choses différentes) chargées de constituer la force armée d'un pays, ou une force de réserve; il n'est donc pas concerné par le sujet à moins que les statuts d'une garde nationale particulière lui assignent un rôle précis, de protection du régime/du pouvoir/du dirigeant (Garde Nationale française de 1789, Garde Nationale saoudienne....). Les "gardes" concernées ici sont l'ensemble des unités et services, qu'elles aient ou non le mot "garde" dans leur désignation, qui à travers l'histoire ont été les unités proches du pouvoir. Et le point de l'approche par fonction est que, au-delà du simple examen rapide qui nous ferait penser qu'il s'agit toujours d'un rassemblement de gardes du corps chargés de la protection de dirigeants, ces unités reflètent une réalité extrêmement diverses, qui va de simples soldats décoratifs jusqu'à des polices politiques, de différents degrés de protection (rapprochée, périmètre large, protection de l'image....) d'une ou de plusieurs composantes du pouvoir jusqu'à des unités de pointe des forces armées, en passant par beaucoup d'autres rôles différents. Et à chaque fois, une "garde" a ainsi un mix unique de fonctions qui est le reflet de la nature du pouvoir qu'elle défend et sert, de la nature de l'Etat et du régime qu'il dirige. Ainsi, la Maison militaire du Roi, au-delà des noms d'unités qui la composent, n'a pas beaucoup de points communs avec la Garde napoléonienne: recrutement, traitement, fidélité/loyauté (sur quoi elles reposent, comment elles évoluent), "idéologie", organisation, fonctionnement interne, motivation, répartition des rôles, fonctions/métiers (les deux institutions n'ont pas tant de métiers en commun que ça), rapports aux composantes du pouvoir, rôle par rapport à l'armée, "articulation" des composantes et équilibres internes (chaque unité dans ces gardes sert des buts différents dans son rapport au pouvoir, certaines sont créées pour faire contrepoids à d'autres et limiter des risques).... Parce qu'elles reflètent deux Etats différents, deux types de régimes différents. Et l'ensemble de ce qui compose les "gardes" des empereurs romains, de même que leur évolution à travers les époques (d'Auguste à la prise de Constantinople par les Croisés en 1204, il y a plusieurs phases et plusieurs "systèmes" de Gardes) a encore moins à voir avec ces deux organisations: ces différents systèmes de Gardes pour les Romains reflètent les équilibres de pouvoir interne (entre le préfet du Prêtoire, le Sénat et les familles sénatoriales, l'Empereur, l'élite militaire après le IIIIème siècle, et le Maître des Offices par exemple) et la structure de l'Etat romain (le Principiat passe par plusieurs phases, le Dominat aussi, puis Byzance devient encore une autre histoire, avec 3 ou 4 grandes phases propres, du dominat à un Etat plus "médiéval" en passant par le césaro papisme). On ne se fait pas obéir de la même façon, l'Etat fonctionne différemment, le pouvoir se répartit autrement.... Et l'organisation du système de "gardes" répond et s'adapte à ces évolutions qu'elle reflète généralement (pourquoi, par exemple, à un moment donné, les empereurs byzantins se sont mis à reposer sur l'arrivée de gardes nordiques et ont entretenu le système qui coûtait des sommes hallucinantes au regard du budget militaire? La simple survie et la vanité entrent très peu dans le cadre de ces raisons). On peut aussi trouver des exemples où des dirigeants font tout pour que de telles unités soient incompétentes, mais nombreuses et recrutent dans des viviers très particuliers (haute noblesse): cela dit quoi sur un Etat qui fait ça? Que le pouvoir est fragile, et le dirigeant forcé d'avoir la noblesse sous contrôle direct par des otages permanents (avec des apparences de faveurs socialement avantageuses). Généralement, cela voudra aussi dire qu'à côté de telles unités, on trouvera des unités de professionnels, issus de viviers plus fiables (tribus/groupes particuliers, noblesse favorable et concurrente de l'autre, élite choisie.... Et généralement sous contrôle direct du dirigeant qui a un rapport personnel avec eux: clientélisme, vraie fidélité, promotion sociale offerte, accès au pouvoir....), autant pour se charger d'un panel donné de fonctions (en plus de la simple protection) que pour surveiller ces aristocrates "gardes". Le point est que ces unités et systèmes très divers qu'on résume très génériquement sous le nom de "gardes" (ou des appellations spécifiques) sont des outils, ou plutôt des panels d'outils, et chacune est très différente des autres, comme chaque régime et pays est très différent des autres: le recrutement, la formation, l'idéologie, la motivation, les métiers et fonctions, les statuts.... Sont très différents dans chaque cas, et ne doivent rien au hasard. Quand je parle de différence, je me fous éperdument des appellations, des uniformes, des apparences (quoique parfois l'apparence soit un message particulier, ou un reflet de quelque chose: employer des eunuques, autoriser les cheveux longs dans une société où ils doivent être courts parce que cela reflète un statut.... Cela peut jouer et avoir de fait un rôle politique).... Modifié le 24 août 2013 par Tancrède Lien vers le commentaire Partager sur d’autres sites More sharing options...
Drakene Posté(e) le 24 août 2013 Share Posté(e) le 24 août 2013 Pour moi quand j'entends "Garde" je ne peux m'empêcher de penser aux "Gvardia" russes de la 2GM ou aux Armées/Divisions/Régiments "de la Garde" pendant la guerre froide. D'après ce que j'ai compris le terme de Garde semble avoir eu plusieurs significations dans le temps, mais désignait à chaque fois des unités considérées comme étant d'élites et qui se sont distinguées pendant la 2éme GM. J'imagine que pendant la guerre froide s'entendre dire que l'on était position dans le saillant que devait emprunter tel ou tel Armée/Division/Régiment blindé de la Garde ne devait pas être très rassurant. Le terme Garde évoquant pour beaucoup de monde une unité d'élite ou quelque chose s'en rapprochant. L'air de rien la psychologie c'est important pendant la guerre et le mot garde évoque des choses. Il y a quelques noms comme cela qui ne laissent sans doute pas un combattant adverse de marbre. Si on lui dit qu'il va affronter une Armée de la Garde, des Marines, la Légion Etrangère, une Panzer Division etc. le gars doit savoir que des jours (heures ?) difficiles l'attendent... Lien vers le commentaire Partager sur d’autres sites More sharing options...
Tancrède Posté(e) le 24 août 2013 Auteur Share Posté(e) le 24 août 2013 (modifié) .... Et au général adverse, ça peut vouloir dire: "l'ennemi engage une ressource rare et chère, donc soit cet endroit est important pour lui, pour X ou Y raison, soit il a plus que ça à lancer et il est aux abois"; et évidemment, on peut se servir de ça précisément pour forcer l'adversaire à penser ainsi, donc se servir du statut et de la réputation de telles unités pour masquer ses intentions (cela dépend de la situation, de la relative abondance de telles troupes -comme les Immortels de Dariius, toujours 10 000h, mais avec du volant derrière pour MAINTENIR l'effectif à 10 000h même en cours de bataille). Mais la "Garde" soviétique à laquelle tu fais référence est, comme les autres, un modèle particulier: il y a beaucoup d'unités de "Gardes" dans les forces armées (qui sont peu à "garder" le Kremlin, le politburo....) qui reflètent un statut spécial (je connais pas vraiment les critères): étaient-elles d'une valeur réellement supérieure? Etaient-elles mieux équipées ou prioritaires dans les arrivées d'équipement? Sélectionnaient-elles des recrues plus capables et/ou plus fiables (politiquement: membres du Parti....)? Les distinguer ainsi servait-il un but politique, un but militaire (unités de pointe/solides, "écoles à cadres"....), les deux? Surtout qu'il faut les envisager avec le reste de l'appareil de sécurité du Pouvoir (je distingue le Pouvoir en URSS en tant que sommet du système de gouvernement, du reste de l'appareil de sécurité servant au contrôle de population); répartition des services secrets et de leurs "troupes" et unités particulières, répartition d'unités armées/militaires/paramilitaires selon les ministères, les zones géographiques et les postes dans la pyramide du pouvoir (qui reflètent l'équilibre de la puissance au sein du régime).... Vu que le ministère de l'intérieur se retrouve de fait avec une "para armée" (troupes d'intervention très nombreuses, police conséquente, gardes frontières....) et qu'une foultitude d'unités existent, répartis entre divers pôles du pouvoir, qui toutes, de droit ou de fait, sont des "gardes" de chacun de ces pôles, on a bien ici un système d'unités de "protection" qui reflète l'organisation de fait du pouvoir, derrières des appellations spécifiques, anodines ou non. Surtout si on regarde les unités et services présents à Moscou, où tout se passe ou peut se passer. De fait, cela reflète un régime qui, derrière une apparente solidité monolithique, est en fait un jeu "féodal" au sommet, entre potentats prêts à s'égorger de façon feutrée ou pas du tout feutrée (et le dernier soubresaut en serait la tentative de coup d'Etat contre Gorbatchev). Pareil pour l'Etat nazi: Himmler et Goering se constituent des Etats dans l'Etat, avec des armées propres. Une Luftwaffe qui se constitue une énorme infanterie et des unités d'élite, une SS qui devient une para armée pompant les ressources de la vraie armée.... Avec un Hitler, théoriquement "arbitre" de ses féodaux, qui, lui, s'est constitué différents niveaux de garde rapprochée (dans sa chancellerie et son entourage immédiat, dans Berlin, dans l'Armée) parce qu'il y a là aussi un pouvoir qui, derrière des équilibres variables, n'est jamais si loin de la lutte armée intérieure (déjà passé une fois avec la constitution des SS face aux SA d'un Röhm très emmerdant). EDIT: après un check rapide, il semble que les unités soviétiques de "Gardes" aient été surtout un statut militaire d'élite, d'abord accordé à des unités s'étant spécialement distinguées contre l'Allemagne, puis à certaines spécifiques, représentant une ressource ou une capacité plus rare et chère, comme les régiments de Katiusha. Cela indique dont plus la désignation d'unités purement militaires qu'on distingue et place comme un "deuxième échelon" de ressource rare, différencié des unités standard. J'ai pas d'info sur ce qui a pu leur arriver ensuite en terme de traitement spécial (statut/privilèges matériels, meilleur matériel ou priorité d'allocation de nouveaux matos, recrutement spécial des officiers et/ou troupiers....), mais leur très grand nombre dans l'Armée Rouge semble désigner, donc, plus un caractère de "premier tiers" des forces terrestres, soit des unités "fer de lance" ou de réserve d'emploi, allouées par un niveau de commandement supérieur à ce que l'échelon de l'unité pourrait suggérer (une division de Garde, par exemple, étant allouée par un chef de front à un général d'armée ou de corps pour une opération particulière). Donc pas tellement des unités de "Gardes" au sens le plus strict, même si l'appellation est dans la continuation de l'histoire russe. A noter que quelques unités dans ces Gardes ont pu régulièrement fournir des effectifs pour la protection du Kremlin, spécialement la 2ème division dite des Gardes Tamans qui a une histoire de proximité avec le pouvoir. Mais ce ne sont pas eux qui fournissent la protection des dirigeants en général ou du chef de l'Etat en particulier, contrairement aux unités de Garde sous l'Empire Russe. Modifié le 24 août 2013 par Tancrède Lien vers le commentaire Partager sur d’autres sites More sharing options...
Drakene Posté(e) le 24 août 2013 Share Posté(e) le 24 août 2013 Pour la Garde russe/soviétique toutes ces unités ont comme point commun de s’être distinguées pendant la 2éme GM, le fameux « de la Garde » étant souvent attribué en fin de guerre, en 44 par exemple pour la 1ére Armée blindée de la Garde : « Pour des performances exemplaires des tâches de l'héroïsme et la bravoure, le courage et le courage des troupes dans les batailles contre les envahisseurs nazis ». Et aussi d’être créées à un moment où la situation demande un petit coup de pouce (Stalingrad, Koursk etc.) Ces unités regroupent souvent plusieurs divisions ou régiments remarqués, sous un commandement unique, afin d’en faire une sorte de troupe de choc. Mais pour la période de la 2GM d’autres sur le forum en savent peut-être plus que moi. Pour la période de la Guerre Froide, effectivement c’est censé être des unités capables de porter l’attaque jusque dans le camp adverse. Donc elles reçoivent du bon matériel et un entrainement meilleur qu’une « simple » Armée. Par exemple pour la 1ére Armée blindée de la Garde, une partie de ses divisions sont positionnées en Allemagne de l’est et pourvues en T-80, ce qui montre qu’elle n’était pas là pour rire, pas plus qu’elle était une unité de seconde zone. C’était le fer de lance des unités Soviétique, présente pour aller au feu dès le début de la guerre et non pour faire du control de zone ou servir de réserve. C’est ces unités de la Garde que l’on aurait vu débarquer à nos portes en cas de conflit ^_^ Lien vers le commentaire Partager sur d’autres sites More sharing options...
Tancrède Posté(e) le 24 août 2013 Auteur Share Posté(e) le 24 août 2013 (modifié) Il manque quelques détails mentionnés plus haut (j'entends plus par là après le "moment" initial de la 2ème GM qui les a vues désignées ainsi après des réussites précises et/ou un cursus exemplaire, plus pour certains systèmes d'armes à "valeur stratégique"): - recrutement, spécificité des personnels? Sont-ils plus que des soldats "normaux"? Genre sélectionnés dans le Parti, ou dans certains cercles du Parti? Les meilleurs des conscrits? Les meilleurs cadres? Y'a t-il de plus fortes proportions de cadres, un meilleur taux d'équipement (plus de puissance de feu....)? - savoir si ces unités sont contrôlées par des chaînes hiérarchiques spécifiques: il semble évidemment qu'elles soient "distribuées" par des niveaux plus élevés de commandement (normal pour la réserve d'emploi et des ressources choisies), mais savoir comment s'opère leur contrôle est intéressant, surtout pour un régime paranoïaque comme l'URSS: cela peut être aussi bien un dispositif organisationnel particulier (ne bougent pas sans ordre direct du ministre de la défense, ou carrément du secrétaire général du Parti) que quelque chose de plus informel (une chaîne hiérarchique plus ou moins normale, mais dont les hommes clés sont sélectionnés sur critères politiques: appartenance à tel ou tel "clan"....). Enfin, le rôle et la sélection des Zampolits qui y sont affectés devrait être très révélateur. Quand on voit l'organisations des forces militaires russes (outre la répartition des moyens armés mentionnée plus haut), on note cette répartition paranoïaque de la puissance qui prend le pas sur l'organisation militaire "typique": commandement des missiles et commandement des troupes aéroportées en plus des commandements traditionnels des 3 "grandes" armes. Ca sent l'équilibrage volontaire des "forces" (venu de tout en haut). Si on y ajoute, autre facteur que je ne connais pas, les lieux de garnison de telle ou telle force ou unité (surtout dans la région centrale et autour des grandes villes), on a une carte politique du pays que même le risque de conflit en centre europe ne domine pas. Dans ce tableau, beaucoup d'unités se trouvent politisées, qu'elles soient dans l'armée ou non. Quelqu'un connaît-il ce genre de détails? Ou, plus encore, comment était organisée la protection (plus stricto censu) des grands personnages de l'URSS? Je comprends mal l'histoire de ce qui est aujourd'hui le FSO ou Service de Protection Fédéral (qui a beaucoup bougé dans l'ancien organigramme du KGB, puis s'est autonomisé), son fonctionnement, la justification de son importance, et ses "rapports" au SBP (service de protection présidentielle, qui ne lui est que théoriquement rattaché) qui vient du même "lignage" mais a été séparé. Et pourquoi le Régiment du Kremlin (l'unité en charge du Kremlin et des hautes personnalités) ressort du FSO et non du SBP. Là aussi, l'organisation de ces services TRES proches du pouvoir semble refléter les rapports internes de pouvoir sous Poutine. Mais il est amusant de constater que dans ce tableau, les unités réellement appelées "gardes" (ou en tout cas la plupart d'entre elles) sont les moins impliquées dans le pouvoir parmi toutes les unités du "haut du panier", ce qui ramène dans leur cas précis leur appellation à un pur statut militaire les distinguant comme la crème des unités régulières de l'armée. Pour comparaison, la France et les puissances comparables n'ont plus réellement de "premiers tiers" comparable des forces: l'armée professionnelle (au moins en théorie), qui plus est réduite, opère peu ce genre de distinctions, et l'homogénéisation semble la donne. Peut-être la BM et la BP, mais c'est plus un statut informel qu'autre chose. Les FS sont une ressource spécialisée, soit un phénomène à part, et qu'on ne peut réellement appeler "élite de l'armée" précisément par un rôle différent et une taille de toute façon très réduite. La Garde Républicaine n'a plus grand chose de militaire et sert, elle, de garde des centres de pouvoir et d'unité de "décorum" (plus quelques devoirs anecdotiques) et, pour certains sous groupes (escadron moto), d'escorte (de prestige surtout). La protection des grands personnages de l'Etat eux-mêmes est, elle, confiée à d'autres personnels (GSPR/SPHP surtout, plus GIGN et RAID, et des adjonctions ponctuelles d'autres services). Quand à l'action discrète, ce sont les services de renseignement et de sécurité. Tout au plus pourrait on voir un reflet des équilibres de pouvoir internes dans les individus qu'on place à la tête de certains services ou sous services, aux structures plus ou moins temporaires qu'on crée (voir le rôle de Bajolet sous Sarkozy), et à cette nébuleuse informelle des "officines", souvent rattachées de fait aux partis politiques ou à certains individus dans ces partis (hein, m'sieur Pasqua), utilisant des ressources issues des services secrets (des anciens, des actifs détachés....) pour des tâches pas toutes reluisantes. C'était d'ailleurs plus vrai jusqu'aux années 80, sans doute le reflet d'une génération de politiques qui avaient connu la guerre et pour qui le recours éventuel à la violence était moins un tabou que pour ceux nés après (on oublie que la scène politique française a été assez violente, même si plus "en coulisses" jusque ces années là). Un exemple amusant et farfelu, mais aussi, évidemment, tragique: la garde des "amazones" de Khadaffi. Joujou médiatique, reflet de la folie du personnage, mais aussi élément de "bling" d'un chef de tribu revu et corrigé à la sauce moghol du rap, il s'agissait d'une "unité" de femmes dont très peu (à peine une poignée) avaient un réel entraînement (il paraît que des éléments d'uniformes permettait de reconnaître celles-là) et dont les fonctions étaient autres que la protection: certaines étaient tortionnaires ou exécutaient des prisonniers (en fait surtout sous la contrainte), la plupart servait de faire valoir et de souffres douleurs (viols et sévices en tous genres leur étaient infligés). Le "noyau" de femmes entraînées avait surtout pour fonction (outre le fait d'être des femmes "disponibles") d'être fanatisées et de toute confiance, pour servir les caprices du dictateur (notamment comme bourreaux) et s'interposer entre lui et des balles (donc la plupart étaient des "boucliers humains" sans autre qualification militaire). Il a déjà été vu, dans l'histoire, des potentats paranoïaques n'avoir plus confiance que dans des femmes ou des étrangers, craignant l'ambition des hommes tous vus comme des rivaux potentiels, même les plus improbables. Les patronnes de cette garde ont donc, chez Khadaffi, compté parmi ses plus proches et beaucoup participé à la gestion de son entourage au coeur du pouvoir. De ce fait, au sein de ses palais et de leurs environs, elle (ou en tout cas certaines) servaient comme ses "yeux et ses oreilles" parce qu'il avait confiance. Ce n'est pas entièrement absurde, vu l'extrême machisme des normes sociales arabes et la place de la femme dans la société, surtout en termes de métiers: aucune probabilité d'en voir une convoiter le pouvoir (parce que personne ne la suivrait), on se méfie moins.... La "vraie" protection (sauf peut être dans sa chambre où elles étaient le "dernier rempart") était fournie par des gardes du corps (hommes) en costard et très armés, nettement plus discrets à la caméra. Mais avoir une telle "garde", outre les motifs lubriques et la folie affichée (et la réelle) servait d'autres buts: potentat de culture arabe qui affiche sa "réussite" au nombre de nanas, élément de faste et de décorum (plus services spécifiques de cérémonies), volonté de choquer en armant des femmes et en leur donnant un rôle (va avec sa propagande "socialiste"/"fémininiste"), humilier certaines personnes devant qui il fait passer ces femmes (ou qu'il fait torturer par elles), au nom desquelles il fait des esclandres diplomatiques.... Là encore, loin d'être simplement dans le décor, l'unité sert des buts précis, dont beaucoup ont une réelle signification et utilité politique (même si ça valait sans doute pas l'investissement), en tout cas pour l'ex taré en chef de Lybie. Elles servaient aussi à faire le ménage et mille et une petites tâches que le dictateur parano n'aurait confié à personne d'autre. Et éventuellement "assister" les soldats (exécution de prisonniers, boucliers humains, repos du soldat....), notamment dans les combats de la guerre civile. Enfin, une des utilités de ces femmes, surtout la grande majorité de "non entraînées" était de servir de "récompense" et "d'expérience commune" pour lier les proches de Khadaffi: apparemment, rien de tel que le viol, individuel ou collectif, pour souder l'équipe des potes à kada (ses fils, ses hommes de confiance). Ajoutez ça à la façon dont elles étaient traitées, du recrutement de force à l'isolement permanent en passant par les sévices et la fanatisation (au moins pour certaines), et le tableau est complet: recrutement particulier, formation spécifique (ou pas de formation), ajustement "comportemental", mise à part.... La version caricaturale et extrême de comment on érige une unité de "garde" en en faisant quelque chose à part. Quand je vous dit que pour comprendre comment un Etat, un pouvoir, fonctionne, il suffit de regarder ces unités de garde, d'élite.... Modifié le 24 août 2013 par Tancrède Lien vers le commentaire Partager sur d’autres sites More sharing options...
Drakene Posté(e) le 24 août 2013 Share Posté(e) le 24 août 2013 (modifié) Je ne peux pas trop répondre car je connais mal le système soviétique, je m’y suis intéressé rapidement, notamment car il en est souvent question dans l’univers vidéo ludique qui traite de la 2GM ou de la Guerre Froide. Dès que c’est soviet et que l’on veut faire comprendre que c’est du sérieux, on appelle cela « de la Garde ». Pour la 2ème GM vu l’importance de ces unités dans l’ordre de bataille j’imagine que les spécialistes de la question sur le forum doivent pouvoir t’aider. Quant à la guerre froide c’était des unités de front, sans doute plus détachées du pouvoir politique que d’autres et avec une certaine liberté d’action. Elle devait être capable de manœuvrer en cas de problème sans attendre à chaque fois un ordre du politburo et devaient avoir des plans préétablis. De toute façon il s’agissait là d’unités lourde (à l’échelle d’une armée) d’élite, donc avec le meilleur matos, une meilleur formation et sans doute, aux échelons inférieur à l’état-major des hommes de confiance très compétents mais peu engagés politiquement, étant des militaires professionnel avant toute chose (pendant la 2éme GM le commandement était donné à des hommes de confiances, mais surtout des hommes compétents). C’était censé être des militaires et le fer de lance de l’armée soviétique, on peut donc imaginer que le pouvoir cherchait avant tout l’efficacité avant de regarder le côté politique de la chose. Seulement je n’en sais pas beaucoup plus sur le sujet Pour la garde républicaine française il me semble que cette unité est spécialement créée car les militaires ont interdiction devant la loi de pénétrer les lieux du pouvoir et donc qu’elle seule est autorisée à s’y tenir armée pour les défendre (en plus des histoires de préstige etc.). Modifié le 24 août 2013 par Drakene Lien vers le commentaire Partager sur d’autres sites More sharing options...
Tancrède Posté(e) le 24 août 2013 Auteur Share Posté(e) le 24 août 2013 Dans le fonctionnement du pouvoir soviétique, rien ne peut être aussi simple que de trouver des hommes "compétents et peu politisés" d'un côté, face à des hommes politisés (et moins compétents) de l'autre. Déjà, et c'est surtout vrai pour les officiers supérieurs, faire carrière vers le "vrai" haut, ça veut dire être politisé, et dans ce genre de structuration de pouvoir (très hiérarchisé et avec une culture hiérarchique/du chef, très compartimenté, avec un lourd fonctionnement informel clanique, dans un appareil d'Etat ultra bureaucratique et segmenté et complètement parano), ça veut dire "appartenir" à quelqu'un en haut de la chaîne alimentaire, donc de fait rejoindre un clan et un patronnage, et, à un degré ou à un autre, en acquérir les "amis" (très relatif) et les ennemis (moins relatif), en plus d'avoir ses propres rivalités avec d'autres (ceux dont on prend le poste sous le nez, sur les pieds de qui on marche....). Ajoutes-y, dans les unités, les Zampolits/politruks, et tu as un tableau. Pour la spécificité des personnels, j'ai pas d'idée: le service soviétique était de 3, puis de 2 ans, la proportion de professionnels était très faible au-delà des officiers de carrière (pas de corps de sous-offs) et les quelques sous-offs, à très bas niveau -chef de groupe maxi- étaient des conscrits avec un stage supplémentaire. Vu les effectifs des "Gardes", avoir un entraînement particulier aurait requis plus de temps sous les drapeaux pour une proportion réellement énorme de la jeunesse, pas juste pour des "happy few", et c'était de même trop pour qu'il y ait eu un nombre significatif d'unités professionnelles. Donc je vois pas. A moins que, dans la répartition de la "battle readiness", les unités de Gardes aient été la même chose que les unités dites de "catégorie A", c'est-à-dire celles d'active, avec tout leur monde sous les drapeaux, les conscrits dégagés et en réserve étant alors assignés aux unités "B" et "C" (ce qui suppose de ne pas rester attaché à la même unité pour une éventuelle mobilisation: on fait son service dans les unités A et ensuite on est assigné à une B jusqu'à un certain âge, et à une C après). Le problème est que le nombre d'unités de "Garde" dans l'orbat soviétique des années 80 est tel qu'il doit peser 40% de l'effectif, voire plus.... Et que les réserves soviétiques, il me semble, fonctionnaient différemment: j'ai pas le truc en tête, mais il semble que les unités d'active variaient, et qu'une fois leur période d'active passée, elles étaient placées en "semi sommeil" à divers degrés de battle readiness, leurs personnels étant renvoyés à la vie civile (avec de périodes de rappel variant selon la classe d'âge). Je vois pas, dans un tel système et avec une telle proportion d'unités de "garde", il était possible d'en faire des unités nettement plus "méchantes", à moins que l'appellation n'ait été que de tradition, ou qu'on y aiguille ceux jugés les meilleurs des conscrits, que les meilleurs officiers (selon un classement donné dont je ne connais pas les critères) y aient été affectés, et évidemment que ce soient les unités qui recevaient les meilleurs équipements (selon un ordre donné parce que vu leur nombre, il devait y avoir un ordre de priorité, les équipements nouveaux ne pouvant arriver assez vite pour autant d'unités), voire un taux d'équipement plus important. Mais d'une manière ou d'une autre, si leur nom était vraiment un statut différencié et en faisait une élite, ça veut dire qu'il y avait triage des conscrits pour y mettre ceux jugés "meilleurs" (à quel titre), parce qu'ils ne pouvaient pas passer plus de temps que les autres (pas en aussi grand nombre) sous les drapeaux. Entre l'infanterie, les blindés et les paras, plus des unités d'artillerie (et les "gardes" des autres armes: marine, infanterie de marine, aviation, missiles), l'URSS des années 80 avait largement plus de 100 divisions de "Garde" (sur un total compris entre 210 et 300 divisions). J'aimerais aussi savoir (ce serait indicatif) comment fonctionnaient les spetsnaz (voire aussi les gardes frontières, assez militarisés) qui reposaient aussi surtout sur la conscription et représentaient un effectif considérable (plus de 20 "brigades" -dont certaines avec le statut de "garde"- et un grand nombre de "compagnies" indépendantes). Pour un tel niveau de spécialisation, un service long devait être nécessaire. Lien vers le commentaire Partager sur d’autres sites More sharing options...
loki Posté(e) le 25 août 2013 Share Posté(e) le 25 août 2013 Je ne peux pas trop répondre car je connais mal le système soviétique, je m’y suis intéressé rapidement, notamment car il en est souvent question dans l’univers vidéo ludique qui traite de la 2GM ou de la Guerre Froide. Dès que c’est soviet et que l’on veut faire comprendre que c’est du sérieux, on appelle cela « de la Garde ». Pour la 2ème GM vu l’importance de ces unités dans l’ordre de bataille j’imagine que les spécialistes de la question sur le forum doivent pouvoir t’aider. Durant la 2ième GM, il s'agit d'unités ( divisions, corps d'armées, armées, régiments aériens ) qui ont prouvé leur valeur au combat et qui bénéficient donc d'une dénomination honorifique associée à un OOB et un matériel étoffé : les premières unités sont créées suite à la bataille de Yelnia en août/septembre 1941 Elles n'ont pas vocation à être des unités de garde du corps ni même une armée parallèle comme le sont les unités SS : ce sont des unités régulières quasi-normales à l'exception de leur OOB différent et de leur dénomination, elles combattent d'ailleurs au sein d'unités régulières De la même manière, les unités "normales" ( divisions ) servent au sein d'armées de la garde Lien vers le commentaire Partager sur d’autres sites More sharing options...
Tancrède Posté(e) le 25 août 2013 Auteur Share Posté(e) le 25 août 2013 Donc il s'agissait plus, pour les Soviétique, d'une simple distinction d'unité, avec pour bonus de les placer plus en avant sur la liste des priorités d'équipement, voire un peu plus de dotation en général. Et après la guerre? Lien vers le commentaire Partager sur d’autres sites More sharing options...
loki Posté(e) le 25 août 2013 Share Posté(e) le 25 août 2013 Après guerre, je n'en sais rien : je n'ai pas encore assez étudié le sujet pour formuler une opinion Il existe aussi la cas des gardes prétoriennes dans l'Allemagne Nazie ( je reprend le titre du magazine ligne de front n°20 ) où la possession d'unités de type garde ( même si elles n'en ont pas le titre ) est un phénomène de prestige et de puissance interne dans un régime marqué par la compétition interne Lien vers le commentaire Partager sur d’autres sites More sharing options...
Tancrède Posté(e) le 25 août 2013 Auteur Share Posté(e) le 25 août 2013 Ca c'est assez exemplaire et révélateur du système: à part Goering et Himmler, je me demande qui d'autre avait une telle "capacité armée" en interne: Raeder, puis Dönitz par exemple? Canaris? Le fait est que oui, ça révèle un Etat fondé sur une compétition interne très rude, mais surtout sur un recours à la violence physique qui n'est jamais loin, faisant de cette compétition une "paix armée" vraiment fragile et qui ne prendrait pas grand chose pour craquer. La possession d'une "garde", pour être politiquement efficace, repose sur plusieurs facteurs ceci dit: - que la dite garde soit fidèle, ce qui suppose un recrutement spécifique, un esprit partisan à un degré ou un autre (rapport clientéliste à son "patron", affection, voire fanatisme), les moyens propres de la fidélisation (et là, faut pas se cacher qu'il faut du fric) - que l'unité soit efficace: sélection des personnels, entraînement, encadrement - que l'unité soit nombreuse Ces deux derniers facteurs sont assez relatifs: ils dépendent de la tâche à accomplir. Si le but est de "peser" virtuellement dans la sauce politique interne du sommet de l'Etat, on parle plus de gardes aptes à défendre physiquement le "patron" (garantir qu'il a les moyens de rester en vie aujourd'hui, demain et à un certain horizon si les choses s'envenimaient: ça en fait un cheval crédible sur lequel parier, pour ceux qui ont un soutien à apporter) et son "QG" (un immeuble, un pâté de maison, un quartier, une banlieue, une ville de province, voire -cf Goering et Himmler- une province). Bref, en cas de lutte interne allant jusqu'aux mains (et aux armes), le dit personnage pourrait faire chier, retarder les choses, forcer à ramener des unités de l'armée, combiner ses gars avec ceux d'autres "patrons", et profiter de ce temps pour trouver des alliés et soutiens.... Nombre et qualité ont donc leur importance, même si ça peut juste vouloir dire une capacité à la protection rapprochée (d'un QG et en mouvement), au combat de rue, au combat à "l'échelon" compagnie maximum.... L'important est d'avoir la bonne force au bon endroit et potentiellement au bon moment. De ce fait, les personnages disposant d'une forte autorité régionale devaient aussi être des potentats internes (moins visibles dans l'organigramme théorique du Reich), avec leurs propres "gardes" (tels Rosenberg et Heydrich, Von Neurath et Seyss-Inquart), tout comme ceux responsables de ministères impliquant beaucoup de main d'oeuvre et une forte dépendance des autres à leur activité (Ley, Todt....). Du coup, ça me fait me demander qui contrôlait la police en Allemagne (ou qui contrôlait la police dans quelles régions, quels quartiers.... Himmler avait-il un contrôle si absolu que ça?), qui contrôlait les diverses forces paramilitaires (autres que la SS) qui pouvaient exister (milices? gardes frontières ou équivalents? Jeunesse et service d'ordre du parti nazi?). Comment Hitler a t-il compensé l'émancipation progressive des SS (la "baronisation" d'Himmler) qui avaient pourtant à la base été créés pour contrer les SA (et l'ascension de Röhm)? Et comment gardait-il les moyens de décider face à ces "féodaux" puissants? Il devait bien garder des moyens contrôlés en propre, y compris des moyens armés, pour ce faire, non? Ce fonctionnement interne était profondément instable, et il est même loisible de se demander s'il aurait duré tellement plus longtemps s'il n'y avait pas eu la guerre. Lien vers le commentaire Partager sur d’autres sites More sharing options...
Drakene Posté(e) le 25 août 2013 Share Posté(e) le 25 août 2013 Tu ne veux pas de liens mais les articles Wikipédia sur les unités de la Garde (directement tirés des articles en russe) sont très bien faits. Ces unités sont créées à partir d'unités diverses et variées pour être unifiées sous un seul commandement à qui on donne une tache plutôt difficile (beaucoup ont fait leurs "classes" à Stalingrad, Koursk etc.) et le titre honorifique est donné une fois la tâche accomplie ou la valeur au combat démontrée. Mais cela ne semble pas être qu’un titre honorifique effectivement. Car ces unités se sont souvent retrouvée pourvues en matériel de qualité aussi bien qu'en hommes de valeur. Par exemple une unité très capable pouvait souvent lui être rattachée afin qu’elle puisse jouir de ses capacités, au détriment de l’unité d’origine. Pour la guerre froide dans une Armée de la Garde on pouvait trouver des Divisions de la Garde comme des divisions sans le titre, pareil pour les régiments. Il semble que les unités de la Garde aient gardé leurs « privilèges ». Mais comme déjà dit, la signification du terme Garde à évolué dans le temps, du coup pendant la guerre froide il semble que finalement cela désignait une armée composée de de divisions et régiment de 1ére catégorie, aptes à l’offensive et pensées pour. Petit lien sympas pour mieux comprendre l’organisation de l’armée rouge pendant la guerre froide :http://www.krasnayazvezda.com/terre/presentation/organisationforcesterrestres.php Lien vers le commentaire Partager sur d’autres sites More sharing options...
Tancrède Posté(e) le 25 août 2013 Auteur Share Posté(e) le 25 août 2013 Hé, calmons-nous =) ! J'ai rien contre les liens; mon message essayait juste d'éviter que les posts se résument à des liens, afin de faire en sorte qu'il y ait surtout des apports personnels (avec des réflexions et opinions dedans) pour inciter à la discussion, pas juste de la publication balancée comme ça et qui rend les topics chiants, où personne ne répond. Mais cela ne semble pas être qu’un titre honorifique effectivement. Car ces unités se sont souvent retrouvée pourvues en matériel de qualité aussi bien qu'en hommes de valeur. Par exemple une unité très capable pouvait souvent lui être rattachée afin qu’elle puisse jouir de ses capacités, au détriment de l’unité d’origine. Bref, surtout avec une armée rouge de 41 qui est de fait une armée "neuve", en complète recomposition, c'est une désignation qui initialement est donnée aux unités qui survivent, se comportent bien et/ou réussissent un truc terrible, ce qui engage un cycle vertueux du "succès qui appelle le succès", et d'accumulation d'expérience en tant que groupe organisé: on veut aller dedans (donc du coup l'unité peut choisir ses personnels), on veut encourager sa dynamique (on lui affecte les meilleurs matos en priorité, on a plus tendance à lui donner ce qu'elle réclame). Mais avec une telle proportion de l'orbat, ça fait quand même beaucoup. Mais c'est donc plus un statut d'élite militaire distinguée qu'autre chose, donc (sous réserve d'en savoir plus sur ce qu'elles deviennent dans la Guerre Froide). Pas plus de fiabilité politique ou de rôle interne, pas des unités sur lesquelles le régime "compte plus" au cas où, pas des unités dépendant du niveau politique pour être employée, pas de rôle spécifique en plus du rôle militaire (honneurs/parades, "lien armée nation"....). La "garde" soviétique, c'est donc plus un mix des forces de sécurité interne (dont beaucoup sont des forces paramilitaires, voire très militarisées de fait), et l'organisation plus éclatée (géographiquement et par service) des forces armées afin d'éviter qu'elles puissent facilement servir de levier politique (5 commandements de services, un grand nombre de commandements géographiques dans et hors d'URSS, institution des commissaires politiques, contrôle via le KGB....). Ca renvoie du coup à une compréhension du système de sécurité interne russe qui est pour moi peu compréhensible, tant à l'époque soviétique qu'aujourd'hui: entre le KGB et ses directorats (puis le FSB et le FSO aujourd'hui), les gardes frontières (rattachés au FSO aujourd'hui), le ministère de l'intérieur et son million d'hommes (police, unités d'intervention nombreuses, plus son "armée interne") et le service présidentiel de sécurité, j'ai vraiment du mal à comprendre comment ça marche, sinon que ça reflète une répartition interne concurrentielle et paranoïaque du pouvoir, un certain degré de "féodalité". Lien vers le commentaire Partager sur d’autres sites More sharing options...
Drakene Posté(e) le 25 août 2013 Share Posté(e) le 25 août 2013 Ok ok pour les liens :oops: Il ne me semble pas que des unités para militaire portent le nom de "de la Garde", je crois que c'est purement militaire et surtout tourné vers "l'extérieur". Une bonne partie des éléments sont prépositions dans les satellites directement, pour se battre contre les unités de l'OTAN à la base mais aussi dans les faits pour maintenir une présence russe dans ces pays. Mais le but premier est quand même pour ces unités de tenir têtes à l'OTAN, après qu’elles aient servies dans diverses répressions tient surtout du fait qu’elles étaient présentes sur place et en ordre de marche à l'heure H. On peut imaginer que les pontes auraient largement préféré envoyer des régiments de secondes zone plutôt que du matos chers et pas du tout fait pour ça, mais c’est ce qu’ils avaient sous la main. Lien vers le commentaire Partager sur d’autres sites More sharing options...
loki Posté(e) le 25 août 2013 Share Posté(e) le 25 août 2013 Mais c'est donc plus un statut d'élite militaire distinguée qu'autre chose, donc (sous réserve d'en savoir plus sur ce qu'elles deviennent dans la Guerre Froide). Pas plus de fiabilité politique ou de rôle interne, pas des unités sur lesquelles le régime "compte plus" au cas où, pas des unités dépendant du niveau politique pour être employée, pas de rôle spécifique en plus du rôle militaire (honneurs/parades, "lien armée nation"....). C'est tout à fait ça : des unités militaires "d'élites" non affectées à un rôle intérieur ou de parades et en plus dissoutes à la fin de la guerre pour une partie d'entre elles La sécurité intérieure "politique" est à la charge du Nkvd à cette époque Et il y a en plus des unités de polices normales Lien vers le commentaire Partager sur d’autres sites More sharing options...
Tancrède Posté(e) le 27 août 2013 Auteur Share Posté(e) le 27 août 2013 Je ne peux m'empêcher de regarder aussi un aspect de l'organisation des systèmes de gardes, et de systèmes d'armées (ceux deux réalités étant le plus souvent dépendantes l'une de l'autre): plus un pays a des institutions solide et/ou une certaine stabilité (au moins en tant qu'institution qui, quel que soit son dirigeant/gouvernement, tient en bonne partie par elle-même), et une menace extérieure relativement éloignée ou relativisée (par le temps que l'armée régulière peut le tenir en respect, les distances à parcourir avant de menacer quelque chose de vital....), moins les "gardes" comptent et plus ses rôles peut se répartir dans des institurions dédiées, aussi nombreuses que possible. Mais ces deux facteurs fondamentaux ne sont pas nécessairement corollaires, et là, la Russie ressemble par exemple à nombre d'autres régimes à travers l'Histoire, forcée d'avoir des gardes, des gardes "contre les autres gardes", des unités servant des objectifs différents (en grand nombre), de répartir le plus possible ses forces armées et de police dans un nombre important d'institutions ne répondant pas aux mêmes chaînes de commandement ou de loyauté.... Ce qui est révélateur d'un gouvernement/régime faible, dans un pays solide. Ce genre d'organisation résulte de la concurrence interne forte et sans trop de limites au sein de l'appareil d'Etat, mais aussi sur la scène politique/intérieure (grands boyards/féodaux en leur temps, soit les potentats régionaux/économiques/militaires semi autonomes, tout comme les "clans" de pouvoir actuels, contrôlant plus ou moins des pans du pays, de l'appareil d'Etat et/ou de l'économie). La parenté de la Russie avec l'Etat qui fut historiquement son "parrains", l'Empire Byzantin (plus exactement celui de l'après réforme des VIIIème-IXème siècles), est à cet égard très importante. L'organisation des armées et des gardes, de l'appareil d'Etat.... Sont très voisins. Pour information, l'Etat byzantin d'après le VIIIème siècle est toujours l'empire romain en titre, mais un empire qui s'est en grande partie "médiévalisé", féodalisé, et "désétatisé": il est beaucoup moins stable, ses frontières sont plus réduites et mouvantes, son appareil d'Etat est bien moindre, son contrôle sur le territoire relativisé (au profit de clans de pouvoir très puissants), et son armée s'est réduite. L'armée régulière/permanente n'est plus qu'une composante parmi d'autres, qui, si elle pèse d'un poids qualitatif décisif et d'un poids quantitatif encore important, n'est plus la donne absolue du jeu politique intérieur, et n'affiche plus une supériorité écrasante sur l'ennemi extérieur. Par comparaison avec les Etats européens contemporains, cependant, c'est le seul Etat médiéval qui (hors du bref épisode de Charlemagne qui a failli mettre en place une structure comparable, et l'Empire Romain Germanique à ses touts débuts othoniens) maintient cependant durablement un Etat central plus fort que n'importe lequel de ses féodaux, avec un impôt permanent, des ressources propres importantes et, en conséquence, une "armée centrale" à la puissance décisive (contre un soulèvement intérieur (mais pas contre trop à la fois). Le "moule" initial est néanmoins l'empire romain tardif (celui "reconstruit" par Aurélien, Dioclétien et Constantin entre les années 260 et 320): - une armée des frontières, dans chaque entité administrative/militaire essentielle (aguerries, mais opérant en petites unités/sous-unités) - un supplément de milices locales - des "armées d'intervention" au niveau de quelques grandes régions de l'empire (plus mobiles et professionnelles, aptes à opérer en unités d'échelon "opératif") - deux ou trois armées "palatines"/centrales d'intervention, constituant la réserve attribuable par l'empereur/les empereurs ou les grands décideurs militaires (3 grands titres de "maîtres") - un, puis deux (avec la séparation définitive du pouvoir romain en 2 "sous empires") groupes de "scholes" (et quelques unités ou groupes ayant une autre appellation), soit des unités d'élite formant l'équivalent d'une unité de manoeuvre (entre 3 et 4000h) et qui entourent l'empereur à tout moment (et qu'il gère directement), comme garde, réserve d'élite, unités hautement spécialisées, outil politique (menace de répression immédiate, concentrer des fils de l'élite dans certaines unités, missi dominicis, exécutants des basses besognes, FS....). L'entourage de l'empereur, surtout à partir des débuts de Constantin, voit une mise en concurrence du "maître des offices" et du problématique "préfet du prétoire", cad le patron des prétoriens qui, depuis Tibère, posent beaucoup de problèmes même à des empereurs forts. Le "maître des offices", véritable "homme de l'empereur" (les "offices" qu'ils dirigent sont en fait les bureaux du palais, soit l'administration personnelle de l'empereur, du coup différenciée de l'appareil d'Etat, trop grand pour être directement maîtrisé par le chef d'Etat) se voit de plus en plus confié des prérogatives militaires, tout comme la protection directe de l'empereur, qui échappe partiellement aux Prétoriens depuis l'origine (avec la création initiale des Germanes Corpores Custodi, les gardes du corps germains -en fait Bataves- remplacés par les Equites Singulares Augusti sous Trajan; dans les deux cas une troupe directement commandée et payée par l'empereur -en tant qu'individu- et sa proche famille). Mais il faut attendre la bataille du Pont Milvius et la réunification totale de l'empire entre 312 et 320 pour que le pouvoir des prétoriens (et leur existence) cesse. Sur leurs décombres, Constantin érige l'institution des Scholae Palatinae, ou Ecoles du Palais, le nom faisant référence aux arcades devant les galeries des palais impériaux, où se trouvaient les locaux de l'administration personnelle du souverain romain (et donc les casernements et écuries de la portion militaire de cette administration). Ce sont des unités de cavalerie d'élite, surtout de cavalerie lourde, faites de combattants très expérimentés et chacune est directement, et séparément (contrairement aux prétoriens, elles n'ont pas d'autre commandement unifié), sous patronage de l'empereur (lien personnel direct, recrutement, privilèges, paie, équivalence de grade avantageuse avec l'armée....), et chacune constitue aussi bien une unité qu'un corps en soi, à l'identité forte (ethnie ou région d'origine différente, pas de transition d'une unité à l'autre....) et entretenue comme telle, renvoyant à un recrutement et des chaînes de loyauté internes spécifiques (tribu étrangère, esprit de corps d'une unité issue de l'armée, clientélisme....). Parmi eux étaient sélectionnés les 40 "candidati" qui gardaient la personne physique de l'empereur en permanence: on parle là de la protection physique rapprochée au sens le plus étroit, et on constate d'ailleurs qu'à travers l'histoire, où que ce soit, on retombe toujours sur un chiffre comparable pour cette partie précise de la "protection", malgré des effectifs de "gardes" rapprochées très variables et souvent beaucoup plus importants. D'une manière ou d'une autre, cette petite sélection de gardes proches, formalisée ou non dans une unité spécifique, se retrouve toujours. Les Scholes sont à accompagner d'autres structures: - les agente in rebus (traités ailleurs dans la rubrique histoire) soit le service secret (inspections, correspondance, assassinats, envoyés spéciaux, diplomatie secrète, renseignement) proprement impérial (cad celui rattaché à la personne de l'empereur plus qu'à l'Etat) - les protectores domestici (domestikos en orient): c'est une unité réservée à l'aristocratie, surtout haute (classe sénatoriale, quoi qu'on manque d'informations exactes), qui sert de "garde" à l'empereur, de réserve de chargés de missions et d'aides de camp, et surtout d'école à officiers d'EM (et donc de stage pour les futurs officiers généraux). En tant qu'unité faite d'aristocrates, surtout de haut rang (mais pas que, sans doute), c'est aussi un moyen d'avoir les enfants des grandes familles sous la main au cas où leurs parents auraient trop d'idées. - les excubitors: unité de combattants qui maintint très longtemps son statut d'élite, ils ont été constitués très tôt (courant du Vème siècle) pour contrebalancer l'épuisement du système des scholae (certaines d'entre elles devenaient des unités de parade, et les autres devaient être envoyées loin pour répondre aux besoins militaires), mais surtout pour contrebalancer le poids d'autres grands personnages de l'Etat (et de leurs gardes et/ou d'unités sur lesquelles ils prenaient de l'ascendant), militaires et civils, ou d'élites. Car dans l'empire romain tardif, on a assisté à une "re"-croissance des grandes familles (élites tenant la terre), au point que les élites provinciales sont redevenues des potentats (comme avant l'empire), en plus des grands personnages de l'Etat (administration civile et militaire). Les excubitors sont une unité de plus (de cavaliers, ou d'hommes pouvant monter et combattre aussi à cheval) qui donne à l'empereur des hommes (autour de 300) recrutés, fidélisés et payés personnellement, qui lui redonnent de la marge de manoeuvre, en lui servant de protecteurs, d'envoyés spéciaux, de messagers et d'exécuteurs. Par ailleurs, avec l'expansion rapide des scholae (qui passent assez vite la barre des 3-4000h) qui en font plus une réserve militaire de haut niveau qu'une garde proprement dite ou un groupement "d'hommes de l'empereur" (où il peut connaître chaque homme ou chaque chef de petit groupe, ou en tout cas avoir un rapport aisé et direct à l'unité), les excubitors sont longtemps un petit groupe plus discret, moins flashy, confiés à un proche de l'empereur (le "comte des excubitors"). Et là encore, leur recrutement est spécifique, tapant dans le réservoir de certaines ethnies (notamment les montagnards isauriens, rudes fantassins légers) et dans les réseaux de clientèles et solidarités de ces groupes. Les scholae, candidati exceptés, sont donc plus, assez vite, des unités organisées chargées de défendre l'empereur contre des menaces organisées, de nature ou ampleur militaire: ce sont des unités de cavalerie de 500h environs (donc la taille des "alae" de cavalerie standard des Romains), représentant un potentiel militaire certain (et donc décisif, surtout en cas de situation tendue en interne de l'empire), vu leur qualité et l'emphase sur la cavalerie lourde, rare et chère. Unités de prestige à l'impact psychologique et politique, unité de défense de la capitale, du trône (et généralement de l'empereur aussi) et du palais (fournissant en plus l'élément de protection rapprochée de la personne impériale), elles sont donc aussi une réserve militaire d'emploi à très haute valeur ajoutée, le "gadget" que l'empereur romain du dominat (fin IIIème siècle jusqu'à la période byzantine), dont le rôle militaire s'est accru, peut allouer directement en tant que chef du plus haut EM. La partie "centrale" de l'armée que sont les troupes palatines (cavalerie, infanterie de ligne et infanterie auxilliaire), qui représente peut-être 40% de l'armée romaine tardive, constitue aussi une telle réserve, quoique son rôle soit plus strictement militaire: une ressource à haute valeur ajoutée dont l'emploi est décidé au niveau "impérial"; les palatins sont en fait un genre d'équivalent des unités de "garde" soviétiques. Le recrutement est crucial, tout comme les statuts et privilèges, les conditions de vie et la paie, les rapports directs avec l'empereur.... Une proportion énorme des Scholae sont des étrangers ou issus de provinces frontières, ou encore des pérégrins (non citoyens vivant dans l'empire) et des citoyens amenés dans la clientèle de l'empereur ou de ses proches. On favorise chez les étrangers ceux qui ne parlent pas romain ou grec (sauf leurs officiers supérieurs) pour éviter de les voir tremper dans l'intrigue locale, on favorise le recrutement de "pyramides sociales" d'obligés (un client de l'empereur, futur officier, ramène ses clients, futurs sous-offs, qui amènent les leur, futurs troufions, pour schématiser) et de solidarités locales.... Et on compartimente: chaque unité est "hermétiquement" tenue et son responsable (même si son grade théorique est bas) a pour supérieur direct l'empereur. Comme toute institution de ce type, avec le temps, le "système" mis en place et les unités particulières qui le composent dégénère: clientélisme, vénalité, népotisme, infiltration, corruption, longues assignations loin de la guerre, faiblesses politiques temporaires (pas assez de fric, besoin du soutien de puissants -donc on cède des places, des avantages-, gardes qui réclament et obtiennent des choses....), saignée brutale lors d'un conflit.... Les causes sont multiples et conjointes. Dans le cas romain/byzantin (les gardes côté occidental ayant été dégradées conjointement avec l'empire et la dilution de son autorité et de ses ressources), tout comme d'ailleurs dans le cas romain pendant la crise du IIIème siècle, le même genre d'entropie a évidemment eu lieu, si bien qu'on voit sans arrêt des unités nouvelles se créer au gré de l'histoire byzantine, et, 2 ou 3 fois dans les presque 700 ans d'histoire de l'empire byzantin après la chute de Rome, un "système" cohérent de gardes se recréer, qui accompagne (et permet) un pouvoir central plus stable et fort (et des périodes fastes pour l'empire). Infanterie et cavalerie, organisation en "scholes", puis en "thèmes" ou non, on voit se succéder les unités, dont certaines disparaissent, perdent leur efficacité ou deviennent des organisations non armées, au gré des évolutions et situations, pratiques et politiques. Un dernier élément, apparu dès la période romaine tardive, est révélateur: les bucellarii ("bucellarius" au singulier.... Ca veut juste dire "bouffeur de biscuit", le bucellum étant depuis les origines le "biscuit" de campagne romain, équivalent du pain version longue conservation). Ce sont des gardes privés, de grands personnages et de riches particuliers, dont l'émergence témoigne de la montée en puissance des grandes fortunes provinciales et centrales, et de la moindre autorité de l'Etat qui ne peut empêcher le développement de telles armées privées qui, du coup, rendent des services en suppléant localement des forces de défense et des milices, et forment un supplément de troupes "gratuites" pour l'Etat dans une campagne, puisque les grands personnages recevant des commandements en recrutent souvent. Certaines de ces troupes peuvent être très nombreuses. Leur développement, initialement à partir de troupes de "protection" des biens et familles de l'élite (quoique dès l'origine, ça représente des unités considérables, qui servent aux rivalités politiques/économiques, à faire le coup de main pour favoriser un asservissement de fait de la paysannerie....), ne fait que s'accroître sur la période byzantine, accompagnant les luttes politiques intérieures de plus en plus dures et compliquées (les intrigues "byzantines") de l'empire, suppléant aussi l'effort militaire (en fait surtout la protection des biens des grands) face aux multiples menaces pesant sur cette entité qui a toujours été pressée de toute part (beaucoup trop de frontières et d'adversaires, jamais assez de troupes pour tout affronter à la fois, ce qui est en fait toute l'histoire de l'empire romain après le IIIème siècle). Elles concourent donc, en les incarnant et favorisant, des faiblesses internes croissantes de l'empire romain d'orient: féodalisation de fait, concurrence accrue des pouvoirs locaux avec le pouvoir central sur-sollicité par une menace extérieure omnidirectionnelle constante (et dont les ressources ont structurellement baissé avec la désagrégation de l'occident en tant qu'entité économique, fournisseur et marché.... Même si l'empire d'orient reste le pays le plus développé de cette époque). Suite aux troubles des VIIème-VIIIème siècle dont l'empire émerge changé, c'est sur la base de ces "bucellarii" que se constitueront les armées provinciales (et en fait féodales: les "thèmes") suppléées de milices qui constitueront la majorité de la nouvelle armée byzantine (avec une armée centrale professionnelle importante). De fait, ces gardes, comme d'autres avant et après elles, ont constitué l'incarnation de l'éclatement du pouvoir (et de l'Etat), en étant des noyaux d'armées. Désolé pour le long post: j'ai ici voulu présenter des évolutions sur des périodes plus longues pour montrer comment s'inscrivent les unités de "gardes" dans l'histoire de leur Etat, et, par extension, quels desseins elles servent (et fonctions elles remplissent) au sein de "systèmes" qui en rassemblent de plusieurs sortes afin de refléter le fonctionnement d'un gouvernement et d'un Etat à un moment donné, en même temps qu'un équilibre politique entre les forces qui animent le pays. C'est pourquoi, encore une fois, je pointe le caractère crucial et révélateur de la sélection, du recrutement, de l'idéologisation ou de la fidélisation, de l'entretien, de l'emplacement/garnison.... De ces unités. Tous ces éléments (et d'autres) sont des indices et des éléments donnant un caractères unique à chaque unité, ce pourquoi elle existe, ce à quoi elle sert, quel vide elle comble, ce qu'elle enlève à tel adversaire pour le donner à l'employeur de l'unité.... 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