Gibbs le Cajun Posté(e) le 7 août 2015 Share Posté(e) le 7 août 2015 Bon ben j'ouvre ce file car j'ai suivi avec intérêt le voyage de l'Hermione et du lien qui unit la France et l'Amérique avec cette guerre d'Indépendance . Lafayette ,s'est le nom que tout le monde connait ,mais que connaît t'on des soldats qui composé cette armée venue à l'aide des américains ? Quel était l'effectif de cet armée (marine et force terrestre ) ? Quel niveau avait ces unités ? expérience , discipline ,rusticité etc ... idem pour les marins . L'armement ? les officiers en dessous de Lafayette ? L'âge moyen des soldats ? Et comment ce sont déroulés les relations avec les insurgés américains ? A tout les niveaux ,soldats officiers . La barrière de la langue fut elle aisé à géré ou plutôt compliqué ? Quel logistique ? Quel furent les pertes ? Ces régiments ,équipages des navires ,d'ou venaient-ils ? en fait de quel coin de France était issu les personnels (il me semble que l'on faisait du recrutement régional ) . Enfin voilà un tas de question sur une Armée qu'au final on ne connait presque pas au final . Merci d'avance à vous . Le Cajun =) 2 Lien vers le commentaire Partager sur d’autres sites More sharing options...
Tancrède Posté(e) le 7 août 2015 Share Posté(e) le 7 août 2015 L'effectif de ce qui a été nommé "l'expédition particulière" est difficile à établir. On trouve aisément le corps expéditionnaire principal de Rochambeau, qui compte autour de 5500-6000h, et reposant sur 6 bataillons d'infanterie (issus d'une sélection qualitative dans leurs régiments), un fort élément de commandement, des éléments d'artillerie (éléments des régiments d'Auxonne et Metz) et de génie (capacités précieuses parce que pas ou peu disponibles chez les ricains, surtout en ce qui concerne l'artillerie lourde et les travaux de siège) et la légion de Lauzun, une unité interarme (infanterie de ligne et légère, cavalerie légère, artillerie légère et du génie) d'environs 500-600h. Un renfort de 3000h ou plus était censé arriver dans une seconde vague, mais ne put jamais partir. Plus de flou existe quand aux renforts amenés par la suite: quelque part entre un minimum de 3000h et un maximum de 5000 ont été amenés par DeGrasse sans qu'on puisse totalement en avoir une composition exacte. Le régiment de Port au Prince (ancêtre du 110ème RI, mais alors un régiment dédié "Marine") et le régiment d'Agenois (déjà aux siège de Savannah en 1779 et de Pensacola, et repassé aux Antilles ensuite) sont les seules grandes unités dont on soit sûr qu'elles appartenaient à ces renforts, le reste étant débarqué de la flotte elle-même plutôt que transporté des Antilles. Il s'agissait donc d'infanterie de marine embarquée sur la flotte, soient les Compagnies Ordinaires de la Mer (appartenant toutes au corps formé par le Régiment de la Marine et dites "ordinaires" par opposition aux "compagnies franches de la marine", unités non enrégimentées en garnison dans les colonies et dissoutes une dizaine d'années auparavant). Leur effectif est dur à évaluer; un navire de premier rang (les vaisseaux amiraux, portant autour de 100 canons) en emportaient autour de 250h, les 2ème (80 canons) et 3ème rangs (74 canons, le cheval de bataille des marines d'alors représentant l'essentiel de la ligne) devant en charger autour de 150h. Je ne sais pas quelle était la base d'organisation tactique de ces unités, si elle différait beaucoup de celle des unités terrestres; les compagnies franches étaient un peu plus nombreuses (une centaine d'hommes contre autour de 80-90h dans les compagnies des régiments terrestres), mais je ne sais pas si c'était la même chose pour les compagnies ordinaires. Pareil pour leurs subdivisions; je ne sais pas si elles s'alignaient sur le modèle "terrestre" ou un modèle spécifique. Une compagnie se divisait généralement en 4 "escouades" ou "escadres" (d'où le terme de caporal = "cap" -cad "chef"- d'escadre), avec un sergent à sa tête, assisté de 2 caporaux, pour encadrer une vingtaine d'hommes. Difficile donc de savoir quel effectif a pu fournir DeGrasse hors des bataillons amenés depuis les Antilles: en théorie, il aurait pu fournir jusqu'autour de 3600h, étant donné qu'il avait 24 vaisseaux de 2ème ou 3ème rang à la Chesapeake, et on s'accorde ainsi généralement sur le chiffre de 3000h sans précision sur leur nature. 3 Lien vers le commentaire Partager sur d’autres sites More sharing options...
Fusilier Posté(e) le 8 août 2015 Share Posté(e) le 8 août 2015 (modifié) A cet époque, Révolution Américaine, on est sur la base de l'organisation de 1774 dite "Corps Royal d’Infanterie de Marine" à effectif théorique de 12000 hommes / 100 compagnies reparties sur les trois ports, Brest, Toulon, Rochefort. Les compagnies sont organisées sur la base d'escouades de 18 hommes. Une compagnie est commandée par un Lieutenant de Vaisseau et deux Enseignes de Vaisseau. En principe chaque port dispose d'un "Major d’Infanterie" rôle ténu par un Capitaine de Vaisseau (sorte de Capitaine d'Armes) et de quelques Capitaines, Lieutenants et Enseignes faisant office d'Etat Major Un détachement de compagnie, sur un vaisseau, c'est 4 escouades (sais pas trop sur les plus petits, une escouade, deux...) sans doute sur des courtes périodes ça peut être renforcé , mais dans les limites de l'autonomie des bateaux... Ces hommes participent à la manœuvre des voiles basses, mettent en oeuvre la petite artillerie et fournissent le "corps de débarquement" L'équipage peut évidemment les renforcer si besoin. Données issues du "Manuel du Fusilier Marin" édition 1970 Modifié le 8 août 2015 par Fusilier 1 Lien vers le commentaire Partager sur d’autres sites More sharing options...
Gibbs le Cajun Posté(e) le 8 août 2015 Auteur Share Posté(e) le 8 août 2015 Merci à vous deux pour ces précisions =) . Je ne pensais pas que le Corps Royal d'Infanterie de Marine donc les compagnies ordinaire de la mer avait un effectif aussi gros ,je le voyais plus petit . Un petit complément sur ce Corps Royal d'Infanterie de Marine . http://www.troupesdemarine.org/traditions/uniforme/pgs/un000001.htm Corps Royal d'Infanterie de la Marine. (1774-1782) [26/12/1774 : Ordonnance portant création de cent compagnies de fusiliers, en un seul corps sous la dénomination de corps royal d'infanterie de la marine.]> Art. 35 : L'UNIFORME du Corps-royal d'Infanterie de la Marine sera composé d'un habit, veste, culotte de drap bleu-de-roi, doublure de serge bleue, paremens, revers & collet rouges, les pattes de l'habit en travers garnies de trois boutons, manches en bottes garnies de trois boutons, sept au revers, & trois au-dessous, boutons jaunes timbrés d'une ancre, chapeau bordé d'un galon jaune, guêtres de toile blanche en été, & de toile noire en hiver. Art. 36 : Les Fourriers, Sergens, Caporaux & Appointés, auront les mêmes distinctions sur leurs habits, que ceux des autres Troupes de Sa Majesté. Art. 37 : L'HABILLEMENT des Tambours-majors, Tambours, Fifres ou Clarinettes, sera à la livrée du Roi & du même modèle que celui des Régimens ou Brigades supprimés. Art. 38 : Les Officiers de vaisseau, attachés à l'Etat-major & aux Troupes de la Marine, porteront l'uniforme du Corps-royal d'Infanterie de la Marine, avec les épaulettes distinctives de leur grade, pareilles à celles des Brigades supprimées, toutes les fois qu'ils seront en service avec lesdites Troupes : ils auront en outre le hausse-col & des guêtres pareilles pour la couleur à celles desdites Troupes. Dans tous les autres temps, lesdits Officiers porteront sur leur uniformes de Marine, les mêmes épaulettes que sur celui du Corps royal d'Infanterie de la Marine. Art. 39 : L'ARMEMENT dudit Corps sera conforme à celui des Brigades supprimées. Art. 40 : Les Officiers des Troupes n'auront d'autres arme que leur épée, qu'ils mettront à la main toutes les fois qu'ils seront à la tête de leur Compagnie. Art. 42 : Tout bas Officier, Fusilier ou Tambour, qui, ayant rempli un premier engagement de huit ans dans le Corps royal d'Infanterie de la Marine, ou dans les Troupes ci-devant attachées à la Marine, voudra contracter un second engagement, preillement de huit ans, [...] portera pour marque distinctive de son service, un chevron de ruban de laine jaune, appliqué sur le bras gauche, comme il est établi pour l'Infanterie Françoise. Art. 44 : Ceux qui contracteront volontairement un troisième engagement de huit ans, [...] porteront deux chevrons de ruban de laine jaune sur le bras gauche. Art. 45 : Ceux qui auront rempli le temps de trois engagemens consécutifs de huit ans chacun dans les Troupes de la Marine, pourront se retirer chez eux, pour y jouir de la demi-solde du grade qu'ils auront à l'expiration du troisième engagement; & si à ce terme de vingt-quatre années, ils se trouvoient dans l'impossibilité absolue de continuer leur services, ce qui sera constaté & certifié par l'Officier général chargé de l'inspection, ils jouiront chez eux de la solde entière du grade qu'ils avoient au terme des vingt-quatre ans. Dans les deux cas, ils auront acquis la Vétérance : & l'intention de Sa Majesté est qu'ils soient distingués par une Plaque ornée d'une ancre, surmontée de deux épées en sautoir, brodées en laine jaune, sur un fond d'écarlate, & appliquée sur le côté gauche de l'habit; & que lorsqu'ils se retireront chez eux, pour y jouir de leur solde ou demi-solde, conformément aux conditions ci-dessus énoncées, ils continueront de porter toute leur vie cette marque distinctive, & qu'ils emportent avec eux leur habit uniforme complet, ainsi que l'épée ou le sabre qu'ils portoient dans les Troupes de la Marine. Intéressant car on peut observé le cursus de carrière de l'époque des soldats de Marine . Mais est-ce que ce type de cursus de carrière est le même pour les régiments n'appartenant pas à la Marine ? Même nombre d'années pour un contrat d'engagement ? Je m'éloigne un peu du sujet quoi que non puisqu'il répond un peu à la question que je me posais concernant le profil des soldats ayant combattu dans la guerre d'indépendance des USA . Lien vers le commentaire Partager sur d’autres sites More sharing options...
Tancrède Posté(e) le 8 août 2015 Share Posté(e) le 8 août 2015 (modifié) Oups, my bad pour le Régiment de la Marine: c'est une autre unité, sans rapport à cette date avec les compagnies de la mer. La période 1763-1789 est très compliquée à suivre pour l'organisation des armées, avec les réformes continuelles et pas toujours heureuses qui suivent la grande réforme de Choiseul de 1761-1762 (principalement celles de 1772, 1776 et 1788). Pour résumer les unités françaises qui participent au conflit sur le continent américain: - les 4 RI du corps expéditionnaire de Rochambeau (bataillons): Saintonge, Royal Deux Ponts (régiment étranger), Bourbonnais et Soissonnais. Normalement, les régiments d'Anhalt (étranger) et de Neustrie auraient du se joindre, mais n'ont pu partir par manque de transports. Ils auraient du suivre dans la 2ème vague qui n'est finalement pas partie. A noter qu'un fort écrémage des bataillons a été fait pour la constitution des unités expéditionnaires. - les éléments d'appuis, avec principalement des éléments de 2 RA: Auxonne et Metz. L'artillerie est alors organisée en grandes formations régimentaires centrées chacune autour d'une ville où se trouve une école d'artillerie et un vaste dépôt, détachant des compagnies à la carte. L'effectif d'artillerie parti en Amérique avec ces formations tourne autour de 400h; deux compagnies supplémentaires auraient du partir, mais ont été laissées par manque de transports. S'y ajoutent autour de 50 "mineurs" et "ouvriers" qui forment l'expertise de Génie "combat". - la légion de Lauzun, environs 600h (au départ): elle a du s'alléger de ses 2 compagnies de fusiliers (toujours le manque de transports), mais a aussi recruté sur place (comme d'autres régiments, surtout le Royal Deux Ponts), essentiellement des mercenaires Hessois ayant déserté les rangs anglais. Elle comporte une compagnie de grenadiers, une de chasseurs, deux de hussards (dont des lanciers, souvent appelés Uhlans par les Anglais), et une d'artificiers (artillerie légère/d'appui, armuriers, ouvriers). Pour la note, les chevaux de l'unité, comme ceux du corps expéditionnaire, sont restés en France par manque de place à bord, et il a fallu se servir sur place. - les unités d'infanterie de renforts amenées par DeGrasse: les régiments de Gâtinais et d'Agenais, et sans doute celui de Port au Prince ou celui d'Angoumois, sont les seuls à avoir été amenés en unités constituées d'échelon bataillon, même si le fait qu'elles étaient en campagne outre mer depuis un moment (les deux premiers ont déjà servi en Amérique continentale, à Savannah et en Floride, en plus des Antilles) devait en faire de petits bataillons. C'est pourquoi on trouve aussi la mention d'éléments de Touraine, Dillon (régiment étranger), Champagne, Foix, Armagnac, Hainault (étranger) et Walsh (étranger). - une centaine de dragons amenés par DeGrasse, ceux-ci avec leurs chevaux. - l'infanterie de Marine débarquée par DeGrasse: en campagne (qui plus est navale) depuis un moment, celles-là aussi ont du souffrir d'une attrition conséquente, très partiellement compensable par le recrutement local dans les colonies et les rangs des déserteurs adverses. Les 24 navires de l'escadre pouvaient contribuer un total théorique d'environs 3600h (autour de 150h par navire en principe), mais en pratique cela a du être beaucoup moins, vu le total moyen qu'on attribue à ce renfort, avec le chiffre plus ou moins consensuel de 3300h (tout confondu: infanterie de marine et infanterie) qui est plus une moyenne artificielle qu'autre chose. - on évoque aussi une unité d'esclaves affranchis, de noirs libres et de métis venus de St Domingue, sans que l'historicité de la chose soit totalement certaine: peut-être s'agissait-il de renforts pour combler les effectifs des unités, d'un groupement sur base raciale au sein d'une unité formée ou d'un groupe indépendante, rien n'est certain. Pour ce qui est de la qualité de la troupe envoyée, on parle là du top niveau de l'époque: c'est l'armée post grande réforme, grandement réduite en taille, homogénéisée et concentrée en moyens (on dirait aujourd'hui qu'il y avait nettement plus de fric par tête de soldat), avec un accent fort porté sur un entraînement plus homogène et important qu'auparavant, où la disparité était devenue plus grande au cours du XVIIIème siècle. Les manoeuvres sont fréquentes, l'exercice est une constante, et le "dressage" (terme français pour le drill) a été généralisé après avoir été initialement introduit par Maurice de Saxe dans les années 1740 et avoir rencontré un succès mitigé (lui-même n'était d'ailleurs pas unilatéralement fan de la chose, considérant les résultats prussiens très inégaux, notamment dans un feu de salve peu efficace). La grande oeuvre de la réforme, qui permet beaucoup de ces progrès, c'est la quasi disparition des prérogatives traditionnelles de la vénalité des charges d'officiers (la propriété privée des unités par des individus) quand à la gestion des régiments, donnant une plus grande force aux règlements et ordonnances, pour lesquels les moyens d'inspection et de contrôle sont multipliés. La proportion des régiments "royaux" (cad dont le roi est le propriétaire) augmente beaucoup (même si les compagnies sont toujours à vendre ou à distribuer aux favoris), celles des régiments de gentilshommes diminue, mais l'exigence de qualification et l'homogénéité de cette qualification, pour les officiers comme les bas officiers, sont fermement affirmées et vérifiées. Par ailleurs, chose qui a aussi ses défauts, les effets de la vénalité sont encore relativisés par la plus grande propension à bouger les officiers passé un certain temps en garnison: ils ne peuvent donc plus constituer des clientèles dans leurs unités, ou recruter leurs unités dans leurs clientèles, ce qui provoque des émois réguliers (avec les "antis" disant que ça casse l'esprit de corps "clanique" de l'aristo ou notable local recrutant "ses" gens), mais se trouve compensé par la plus grande permanence des unités, l'accroissement de l'ancienneté moyenne (contrats de 8 ans, fidélisation, notamment des bas officiers, diversifications des chemins de carrière, emploi des invalides dans les dépôts et la formation....), l'amélioration des conditions de vie et d'emploi et l'effort sur l'entraînement et les manoeuvres. N'en déplaise aux Prussiens et à leurs thuriféraires, l'armée française post guerre de 7 ans est la meilleure et la mieux réglée, ce qui sauvera les braillards révolutionnaires vantards à Valmy. Pour le fusil, c'est la première campagne du mousquet Charleville modèle 1777, la bête de somme de la période Révolution-Empire. Et évidemment, l'artillerie est celle de Gribeauval dont l'essentiel de la réforme a alors été fait.... 'nough said. les officiers en dessous de Lafayette Lafayette n'a pas de place dans le corps expéditionnaire français: il est à ce moment un Major General dans l'armée continentale américaine où il combat depuis quelques années comme engagé volontaire, chargé de la "Light Division", un mix d'infanterie de ligne et légère. Côté corps expéditionnaire français, à part Rochambeau, D'Aboville (qui commande l'artillerie), St Simon (qui commande le corps de renforts des Antilles) et Lauzun, pas de gens très notables aux postes de commandes, et pas de célébrités (D'Aboville n'étant réellement connu que parce que son descendant, le rameur, est connu), ce qui était d'ailleurs l'intention, pour ne pas froisser les ricains et amoindrir l'autorité de Washington: Rochambeau a été choisi entre autres parce qu'il était un très bon professionnel, de bon rang, mais modeste et sans caractère de prima dona. On notera plutôt aux rangs subalternes des futures célébrités, comme, parmi beaucoup d'autres Berthier à terre, ou Barras en mer. Suite plus tard Modifié le 8 août 2015 par Tancrède 3 Lien vers le commentaire Partager sur d’autres sites More sharing options...
Conan le Barbare Posté(e) le 8 août 2015 Share Posté(e) le 8 août 2015 Ils Vinrent, ils Virent, ils Vainquirent, et surtout, ils Burent... Lien vers le commentaire Partager sur d’autres sites More sharing options...
Gibbs le Cajun Posté(e) le 8 août 2015 Auteur Share Posté(e) le 8 août 2015 Oups, my bad pour le Régiment de la Marine: c'est une autre unité, sans rapport à cette date avec les compagnies de la mer. La période 1763-1789 est très compliquée à suivre pour l'organisation des armées, avec les réformes continuelles et pas toujours heureuses qui suivent la grande réforme de Choiseul de 1761-1762 (principalement celles de 1772, 1776 et 1788). Pour résumer les unités françaises qui participent au conflit sur le continent américain: - les 4 RI du corps expéditionnaire de Rochambeau (bataillons): Saintonge, Royal Deux Ponts (régiment étranger), Bourbonnais et Soissonnais. Normalement, les régiments d'Anhalt (étranger) et de Neustrie auraient du se joindre, mais n'ont pu partir par manque de transports. Ils auraient du suivre dans la 2ème vague qui n'est finalement pas partie. A noter qu'un fort écrémage des bataillons a été fait pour la constitution des unités expéditionnaires. - les éléments d'appuis, avec principalement des éléments de 2 RA: Auxonne et Metz. L'artillerie est alors organisée en grandes formations régimentaires centrées chacune autour d'une ville où se trouve une école d'artillerie et un vaste dépôt, détachant des compagnies à la carte. L'effectif d'artillerie parti en Amérique avec ces formations tourne autour de 400h; deux compagnies supplémentaires auraient du partir, mais ont été laissées par manque de transports. S'y ajoutent autour de 50 "mineurs" et "ouvriers" qui forment l'expertise de Génie "combat". - la légion de Lauzun, environs 600h (au départ): elle a du s'alléger de ses 2 compagnies de fusiliers (toujours le manque de transports), mais a aussi recruté sur place (comme d'autres régiments, surtout le Royal Deux Ponts), essentiellement des mercenaires Hessois ayant déserté les rangs anglais. Elle comporte une compagnie de grenadiers, une de chasseurs, deux de hussards (dont des lanciers, souvent appelés Uhlans par les Anglais), et une d'artificiers (artillerie légère/d'appui, armuriers, ouvriers). Pour la note, les chevaux de l'unité, comme ceux du corps expéditionnaire, sont restés en France par manque de place à bord, et il a fallu se servir sur place. - les unités d'infanterie de renforts amenées par DeGrasse: les régiments de Gâtinais et d'Agenais, et sans doute celui de Port au Prince, sont les seuls à avoir été amenés en unités constituées d'échelon bataillon, même si le fait qu'elles étaient en campagne outre mer depuis un moment (les deux premiers ont déjà servi en Amérique continentale, à Savannah et en Floride, en plus des Antilles) devait en faire de petits bataillons. C'est pourquoi on trouve aussi la mention d'éléments de Touraine, Dillon (régiment étranger), Champagne, Foix, Armagnac, Hainault (étranger) et Walsh (étranger). - l'infanterie de Marine débarquée par DeGrasse: en campagne (qui plus est navale) depuis un moment, celles-là aussi ont du souffrir d'une attrition conséquente, très partiellement compensable par le recrutement local dans les colonies et les rangs des déserteurs adverses. Les 24 navires de l'escadre pouvaient contribuer un total théorique d'environs 3600h (autour de 150h par navire en principe), mais en pratique cela a du être beaucoup moins, vu le total moyen qu'on attribue à ce renfort, avec le chiffre plus ou moins consensuel de 3300h (tout confondu: infanterie de marine et infanterie) qui est plus une moyenne artificielle qu'autre chose. - on évoque aussi une unité d'esclaves affranchis, de noirs libres et de métis venus de St Domingue, sans que l'historicité de la chose soit totalement certaine: peut-être s'agissait-il de renforts pour combler les effectifs des unités, d'un groupement sur base raciale au sein d'une unité formée ou d'un groupe indépendante, rien n'est certain. Pour ce qui est de la qualité de la troupe envoyée, on parle là du top niveau de l'époque: c'est l'armée post grande réforme, grandement réduite en taille, homogénéisée et concentrée en moyens (on dirait aujourd'hui qu'il y avait nettement plus de fric par tête de soldat), avec un accent fort porté sur un entraînement plus homogène et important qu'auparavant, où la disparité était devenue plus grande au cours du XVIIIème siècle. Les manoeuvres sont fréquentes, l'exercice est une constante, et le "dressage" (terme français pour le drill) a été généralisé après avoir été initialement introduit par Maurice de Saxe dans les années 1740 et avoir rencontré un succès mitigé (lui-même n'était d'ailleurs pas unilatéralement fan de la chose, considérant les résultats prussiens très inégaux, notamment dans un feu de salve peu efficace). La grande oeuvre de la réforme, qui permet beaucoup de ces progrès, c'est la quasi disparition des prérogatives traditionnelles de la vénalité des charges d'officiers (la propriété privée des unités par des individus) quand à la gestion des régiments, donnant une plus grande force aux règlements et ordonnances, pour lesquels les moyens d'inspection et de contrôle sont multipliés. La proportion des régiments "royaux" (cad dont le roi est le propriétaire) augmente beaucoup (même si les compagnies sont toujours à vendre ou à distribuer aux favoris), celles des régiments de gentilshommes diminue, mais l'exigence de qualification et l'homogénéité de cette qualification, pour les officiers comme les bas officiers, sont fermement affirmées et vérifiées. Par ailleurs, chose qui a aussi ses défauts, les effets de la vénalité sont encore relativisés par la plus grande propension à bouger les officiers passé un certain temps en garnison: ils ne peuvent donc plus constituer des clientèles dans leurs unités, ou recruter leurs unités dans leurs clientèles, ce qui provoque des émois réguliers (avec les "antis" disant que ça casse l'esprit de corps "clanique" de l'aristo ou notable local recrutant "ses" gens), mais se trouve compensé par la plus grande permanence des unités, l'accroissement de l'ancienneté moyenne (contrats de 8 ans, fidélisation, notamment des bas officiers, diversifications des chemins de carrière, emploi des invalides dans les dépôts et la formation....), l'amélioration des conditions de vie et d'emploi et l'effort sur l'entraînement et les manoeuvres. N'en déplaise aux Prussiens et à leurs thuriféraires, l'armée française post guerre de 7 ans est la meilleure et la mieux réglée, ce qui sauvera les braillards révolutionnaires vantards à Valmy. Pour le fusil, c'est la première campagne du mousquet Charleville modèle 1777, la bête de somme de la période Révolution-Empire. Et évidemment, l'artillerie est celle de Gribeauval dont l'essentiel de la réforme a alors été fait.... 'nough said. Lafayette n'a pas de place dans le corps expéditionnaire français: il est à ce moment un Major General dans l'armée continentale américaine où il combat depuis quelques années comme engagé volontaire, chargé de la "Light Division", un mix d'infanterie de ligne et légère. Côté corps expéditionnaire français, à part Rochambeau, D'Aboville (qui commande l'artillerie) et Lauzun, pas de gens très notables aux postes de commandes, et pas de célébrités (D'Aboville n'étant réellement connu que parce que son descendant, le rameur, est connu), ce qui était d'ailleurs l'intention, pour ne pas froisser les ricains et amoindrir l'autorité de Washington: Rochambeau a été choisi entre autres parce qu'il était un très bon professionnel, de bon rang, mais modeste et sans caractère de prima dona. On notera plutôt aux rangs subalternes des futures célébrités, comme, parmi beaucoup d'autres Berthier à terre, ou Barras en mer. Suite plus tard Super intéressant =D Une chose m'interpelle en fait et que l'on pourrait transposer sur l'armée actuelle : - les 4 RI du corps expéditionnaire de Rochambeau (bataillons): Saintonge, Royal Deux Ponts (régiment étranger), Bourbonnais et Soissonnais. Normalement, les régiments d'Anhalt (étranger) et de Neustrie auraient du se joindre, mais n'ont pu partir par manque de transports. Ils auraient du suivre dans la 2ème vague qui n'est finalement pas partie. A noter qu'un fort écrémage des bataillons a été fait pour la constitution des unités expéditionnaires. On a fait du tri pour monter des unités qui tiennent la route pour cette expédition ,chose qui ce fait aussi actuellement avec la monté de GTIA et qui voit des mouvements de personnels entre cie pour faire en mode retaillé et comblé les mecs qui ne partent pas pour x raison . On doit-être dans le même ordre d'idée sur le seuil de capacité et de niveau d'une armée ,même si elle est en mode pointure par rapport à d'autres armées non ? J'attend la suite avec impatience =D Lien vers le commentaire Partager sur d’autres sites More sharing options...
Tancrède Posté(e) le 8 août 2015 Share Posté(e) le 8 août 2015 On a fait du tri pour monter des unités qui tiennent la route pour cette expédition ,chose qui ce fait aussi actuellement avec la monté de GTIA et qui voit des mouvements de personnels entre cie pour faire en mode retaillé et comblé les mecs qui ne partent pas pour x raison . On doit-être dans le même ordre d'idée sur le seuil de capacité et de niveau d'une armée ,même si elle est en mode pointure par rapport à d'autres armées non ? L'écrémage avait aussi beaucoup à voir avec la santé et la fiabilité, plus que la compétence: on est dans les armées d'Ancien Régime, qui ont, entre autres, deux problèmes absolument permanents et dominants concernant l'attrition: - la désertion: en moyenne 10% des effectifs désertent chaque année en temps de paix, et jusqu'à 20% en temps de guerre. Beaucoup de progrès ont été faits dans l'Armée Française avec les réformes post guerre de 7 ans, y compris dans la qualité du recrutement et la fidélisation, mais ça ne change pas à ce point les données du problème. On verra d'ailleurs pendant les guerres napoléoniennes la différence entre les armées "modernes" (française, puis prussienne), à recrutement plus volontaire et national (impliquant des changements politiques plus ou moins profonds) qui ont un taux de désertion faible (moins de 5%), et les armées d'Ancien Régime qui conservent un taux de désertion très important (armée anglaise notamment). - la maladie et les infections: c'est encore le XVIIIème siècle! Le soutien médical est souvent à peine plus que symbolique, en qualité et/ou en quantité, l'hygiène est en progrès mais globalement pas bonne, l'intendance est moyenne, souvent aléatoire, et en proie aux problèmes du temps (méthodes de conservation médiocres, contrôle sanitaire faible.... La bouffe et l'eau sont donc souvent une cause de problèmes permanents), la vaccination n'existe pas (elle est à cette époque un truc expérimental), les maladies vénériennes prennent un tribut inévitable, l'environnement d'une campagne est violent pour les organismes (vêtements peu isolants, insuffisamment remplaçables....), et les épidémies se répandent comme des traînées de foutre. Comparées à ces deux causes majeures, les pertes en bataille, surtout si on restreint leurs causes à un différentiel de compétences entre les "corrects" et les "bons", sont un détail très très anecdotique (même dans l'absolu, les pertes en bataille, à moins d'une grande conflagration avec d'énormes affrontements dans un court laps de temps, sont une part réduite des pertes totales). L'écrémage mentionné pour le corps expéditionnaire a consisté, si je me souviens bien, à prélever les 500 meilleurs hommes hors officiers ("meilleurs" étant défini par des critères de robustesse, de santé et de fiabilité) de chaque bataillon d'un régiment donné, le bataillon comptant à l'époque environs 650h tout compris. Si on enlève ceux qui devaient déjà être malades ou indisponibles au moment de la sélection (un volant naturel), plus les places vides (une unité n'étant jamais complète), ça a pas non plus du être une impitoyable sélection de ceux qui pouvaient faire 1000 pompes d'affilée le ventre au-dessus d'un grill avec une vache sur le dos. On a surtout du vouloir s'assurer de prendre ceux qui avaient de meilleures chances de résister à une traversée (en fait 2: aller et retour) de un à deux mois (sur les navires de l'époque, aux conditions dégueulasses), au climat nord américain (l'Amérique des 13 colonies était peu développée et très insalubre) et aux tentations de désertion. On peut aussi imaginer (là, je conjecture) que le maintien d'un volant d'effectif minimum (avec notamment des cadres) en métropole permettait d'incorporer les nouvelles recrues sortant de l'entraînement dans le bataillon de dépôt du régiment (il faut bien qu'ils aillent quelque part, et former des compagnies ex nihilo est plus long qu'assurer une continuité), sans quoi le régiment cessait de fait d'exister (comme unité continuant à former des individus et sous-unités) pour le temps de l'expédition (indéterminable à l'avance), alors même que le pays était en guerre. Parce qu'évidemment, il faut se rappeler que le théâtre américain n'est qu'une partie de l'effort de guerre d'ampleur mondiale de ce conflit; au même moment, il y a 4 autres déploiements navalo-terrestres importants (et une quantité de plus mineurs): en Méditerranée, dans l'Océan Indien, dans les Antilles, et surtout, en zone Manche/Atlantique (près de 100 000h sur les côtes de la Manche, et un grand effort naval). 1 Lien vers le commentaire Partager sur d’autres sites More sharing options...
Fusilier Posté(e) le 8 août 2015 Share Posté(e) le 8 août 2015 Je ne pensais pas que le Corps Royal d'Infanterie de Marine donc les compagnies ordinaire de la mer avait un effectif aussi gros ,je le voyais plus petit . A ma connaissance, ça n'a plus rien a voir avec le compagnies ordinaires ou pas directement. Quelques années avant, vers 1765, on est, semble-t-il, plutôt autour de 5000 / 6000 hommes. Comme le signale Tancrède, c'est une période difficile à suivre, avec des réorganisations, dissolutions, permanentes. On dissout les compagnies et l'on verse la troupe dans les régiments terre, avec retour des officiers dans leur truc d'origine. Pour recommencer un an après avec un autre nom, une autre organisation, un coup Marine, un coup plus ou moins Terre ; un coup on organise les escadres autour des régiments, la fois d'après à l'inverse.... Une mère ne retrouverait pas ses petits :lol: 1 Lien vers le commentaire Partager sur d’autres sites More sharing options...
Tancrède Posté(e) le 8 août 2015 Share Posté(e) le 8 août 2015 Vu de haut, non, mais vu du sol, ça devait être plus commode: rappelons-nous qu'il s'agit de l'Ancien Régime, du XVIIIème siècle. La mobilité y reste limitée. On peut balader une unité pour une OPEX, on va pas lui faire faire la valse permanente d'une ville de garnison à un port, et vice versa, à chaque caprice de réorganisation "politique": dans les faits, hors opérations et manoeuvres (et des grands camps de manoeuvre réunissant beaucoup d'unités, y'en a un par an à tout péter), les unités étaient assez sédentaires, les infrastructures limitées (donc en construire de nouvelles ailleurs se faisait pas aussi facilement: trop cher) et la plupart des besoins qu'elles pouvaient remplir hors combat ne disparaissaient pas. Donc le service à bord des navires tout comme la protection des arsenaux, et évidemment la garnison des fortifications coloniales (et l'encadrement des milices), ont du à eux seuls garantir la continuité de fait des unités évoquées pour des échelons comme l'escouade ou la compagnie. Beaucoup de changements évoqués sont souvent des changements administratifs, des "traits de plume" sur un papier à Paris; ils ont des conséquences bien souvent, comme la réorganisation interne de l'unité, l'accroissement ou la décrue d'effectifs (de l'unité, de ses composantes), l'arrivée ou la promotion de cadres (ou des départs), une ponction brutale pour former une nouvelle compagnie, un nouveau bataillon, voire un nouveau régiment, un jumelage avec une autre unité, voire une unité d'une autre arme (ou l'adjonction d'autres métiers).... Mais on bouge dans l'ensemble le moins possible le gros de l'effectif. Pour l'infanterie de Marine, les ports et fortifications ne bougent pas, et c'est là qu'est l'essentiel du besoin en temps de paix. Qui plus est, la mobilité est encore réduite par le facteur régional et linguistique: on reste généralement pas trop loin de ses pénates dans la majorité des unités. 2 Lien vers le commentaire Partager sur d’autres sites More sharing options...
Tancrède Posté(e) le 10 août 2015 Share Posté(e) le 10 août 2015 Ces régiments ,équipages des navires ,d'ou venaient-ils ? en fait de quel coin de France était issu les personnels (il me semble que l'on faisait du recrutement régional ) . Les équipages de navires viennent essentiellement du système des classes initialement mis en place par Colbert, sorte de conscription des "gens de mer" (habitants des littoraux dont le métier est lié à la mer), avec un complément de "presse", c'est-à-dire du recrutement forcé de gens d'un peu partout, avec qui on comble les trous, plus l'infanterie de marine et les artilleurs de marine (corps des canonniers matelots notamment), sous leurs différentes itérations en termes d'organisation (corps à part.... Ca change assez vite à ce moment). Donc en termes de proportion, les équipages d'un navire, d'une escadre donnés, ont tendance à venir en grande majorité de la région où les unités sont basées. Les officiers sont mobiles, de même que certains personnels qualifiés (et les personnels recrutés de force, plus souvent que les autres), mais la grande majorité des équipages est locale. Côté armée, le recrutement est tout aussi local pour sa plus grande part, et on constate en fait l'évolution à travers le temps des implantations régimentaires pour expliquer les déséquilibres géographiques du recrutement: plus une frontière est "chaude", plus les implantations militaires permanentes y sont nombreuses (unités, forteresses, dépôts et magasins), et plus leur "niveau d'alerte", donc l'importance de leurs effectifs de temps de paix (pas au complet, mais pas réduits au minimum), est élevé. De même pour les effectifs exigés des diverses milices: cet effort est plus grand dans les provinces frontières et sur les côtes, surtout du nord ouest et du sud est. Ainsi, dans les années 1770-1780, le nord-est, l'est, le sud-est et le nord sont de loin les plus importants contributeurs de l'armée de terre, et le sud ouest, le centre et l'ouest sont de très faibles contributeurs (compensé en partie par la contribution à l'effort naval: équipages et milices gardes côtes). Dans les zones éloignées des frontières chaudes, on chiffre souvent moins de 300 soldats pour 100 000 habitants (ouest, sud ouest, centre: autour de 200 en moyenne). Dans l'est, le nord et le nord est, on est en général à plus de 800 soldats pour 100 000 habitants (en moyenne autour de 1000 pour l'ensemble Alsace, Lorraine, Franche Comté, Champagne, Ardennes, Picardie, Flandres françaises). Du Bassin Parisien à la côte méditerranéenne, en passant par la Bourgogne, les Alpes et la vallée du Rhône, on est entre 500 et 800 soldats pour 100 000 habitants (plus un effort naval conséquent sur la côte sud). Un siècle avant, l'effort était plus équilibré, quand l'Espagne était un ennemi quasi permanent et relativement plus puissant. expérience , discipline ,rusticité L'armement ? Comme dit plus haut, le Charleville 1777 est ici employé pour la première fois et fera ses preuves, appuyé par la première mise en oeuvre réelle du système Gribeauval qui les fera aussi, des pièces d'appui (pièces de 4 livres) à l'infanterie (présentes dans chaque régiment) aux lourdes pièces de siège (canons de 12 et 8 longs, canons de 16 et 24, mortiers de 8, 10 et 12 pouces et mortiers longs de 10), en passant évidemment par les pièces de campagne (12 et 8 livres, obusiers de 6 pouces). Le standard d'entraînement au tir pour l'infanterie de ligne, essentiellement, est de pouvoir lâcher 3 salves par minute par soldat (diffère selon la formation: adopter un feu roulant où les 3 lignes roulent sans cesse reste une option, même si ce n'est plus en vogue), avec une distance optimale de combat autour de 70m (75% de tirs au but individuellement): plus loin, la précision individuelle se dégrade vite. Pour le feu de salve, cette distance peut aller en théorie jusqu'à 150m (et 250m de portée maxi), même si à cette distance, la précision collective sera mauvaise et donc l'impact limité (sans compter la dégradation rapide de puissance des armes de l'époque). Un bataillon préfère donc tirer à partir de 90-100m, et un bon officier sûr de son unité préfère retenir son feu pour le lâcher à partir de 60-70m, pour un effet de choc plus prononcé (les Anglais adopteront ce mode de tir comme standard, aidés par la plus grande puissance et le plus gros calibre du Brown Bess). Pour les unités, il est difficile d'évaluer un âge moyen, mais dans l'ensemble, ça devait être plutôt jeune: les efforts d'après 1763 ont porté leurs fruits et accru l'âge moyen de la troupe, et surtout des bas-officiers, favorisant l'ancienneté et les réinscriptions, entre autres par l'institution du contrat de 8 ans, par l'amélioration des conditions de vie et d'emploi (et de la régularité de la solde) et par un effort pour faire reconsidérer la condition et l'image du militaire, mais c'est pas non plus une révolution. Entre la désertion et les problèmes persistants d'attrait de la carrière militaire (variable selon les régions), il y a un fort facteur limitatif qu'on retrouve partout. De même, dans le monde de l'époque, à mobilité géographique et sociale réduite, le pool de recrutement volontaire est limité par les structures et moyens du temps: les volontaires sont donc le plus souvent les cadets de familles (surtout celles sans beaucoup de biens) et le "bas" de la société (domestiques -ils sont considérés comme "dépendants"-, chômeurs, vagabonds....), même s'il y a eu un effort pour limiter l'incorporation de criminels et renforcer les critères physiques minimums. Mais question âge, du coup, il y a un fort renouvellement (ralenti par le contrat de 8 ans), quoique l'on fasse: la réinscription ne s'est qu'améliorée (dans de bonnes proportions), elle n'est pas devenue la norme absolue. C'est de toute façon le cas partout ailleurs: la proportion de troupes ayant l'expérience de la guerre progresse pas mal, mais une grande partie des effectifs, au début de chaque guerre, reste "vierge" en la matière. L'une des nouveautés est qu'on compte à cette époque mener les guerres avec avant tout les unités permanentes, et non une grande part d'unités levées pour l'occasion (les milices servent à la garde des places, et de réservoir pour combler les unités usées), ce qui solidifie et homogénéise les unités en campagne. Les unités permanentes, depuis la moitié du XVIIIème siècle, sont donc plus nombreuses. Ce fait est cependant tempéré par la variation des effectifs des dites unités: au sein des régiments, les compagnies tombent souvent à 30h, voire moins, en temps de paix, tout au long du siècle. Bon pour l'esprit de corps des cadres et vétérans, et leurs liens avec des officiers (surtout tant que la vénalité des charges faisait que les dits officiers s'entouraient de "leurs" gens pour ces postes, donnant un fort caractère clanique aux unités), moins bon pour l'expérience moyenne de l'unité (à moins d'un bon temps de montée en puissance) en début de conflit, surtout dans le mode de combat principal de l'époque, qui impose un type de courage très peu naturel aux soldats de ligne (le combat en ligne "chosifie" le troufion, exigeant qu'il soit un automate); même entraînée, la recrue a besoin de beaucoup d'expérience pour acquérir l'impassibilité fataliste nécessaire pour éviter de paniquer, rester en rythme avec l'unité.... 1 Lien vers le commentaire Partager sur d’autres sites More sharing options...
Gibbs le Cajun Posté(e) le 10 août 2015 Auteur Share Posté(e) le 10 août 2015 Merci Tancrède =) . En fait l'optique "cohésion" vient d'un recrutement plutôt régional , on ce connait les uns les autres plus ou moins et donc pas un système disons très travaillé pour cultivé l'Esprit de Corps . Mais cela passe aussi par une discipline plus stricte ( les punitions corporelles ,etc ... ) car on a peut-être du mal à gérer l'esprit "on est entre gars du coin " qui peut-être pratique au feu mais aussi fluctuant face à une situation ou l'ennemi est en force . Mais connait-on des unités ou l'Esprit de Corps ,la fierté de servir au sein d'un régiment est très forte ? En fait est-ce que le fait de connaître un colonel (je ne sais pas ce grade existait déjà ) ayant une réputation de chef excellent , aimant sa troupe existe ,dur mais juste ? Lien vers le commentaire Partager sur d’autres sites More sharing options...
Tancrède Posté(e) le 10 août 2015 Share Posté(e) le 10 août 2015 (modifié) Mais connait-on des unités ou l'Esprit de Corps ,la fierté de servir au sein d'un régiment est très forte ? En fait est-ce que le fait de connaître un colonel (je ne sais pas ce grade existait déjà ) ayant une réputation de chef excellent , aimant sa troupe existe ,dur mais juste ? Bien sûr, de la même façon qu'aujourd'hui ou à toute époque: c'est un pur système régimentaire, comme ceux qui envient le "système anglais" actuel en rêvent, avec ses avantages et ses inconvénients: ce sont pas des extra-terrestres. Il s'agit d'une armée professionnelle comme on recommence depuis peu à en avoir une en France (ou qui existait de façon plus informelle, ou partielle, dans l'armée de conscription). Il y a évidemment des différences entre régiments (qualité, popularité, attractivité), qui dépendent de nombreux facteurs dont beaucoup varient avec le temps (bon ou mauvais proprio, bon ou mauvais chef -pas toujours la même personne-, état des financements, conditions d'emploi....), et généralement, hors quelques cas, les régiments royaux sont mieux pour un soldat, ou en tout cas ceux qui sont hauts dans l'organigramme, ou plus permanents, ou à statut spécial (entre autres les régiments étrangers). L'esprit de corps y est fort, le prestige important, les conditions meilleures. Les "vieux corps" (ou les "6 Vieux") sont la crème de l'infanterie: Picardie (le 1er RI est le dernier d'entre eux), les Gardes Françaises, Piémont, Navarre, Champagne et Normandie. On y ajoute aussi les "petits vieux" (liés à l'épopée d'Henri IV; levés par lui ou initialement régiments de gentilshommes liés à lui, ils portent tous dans leur couleur un carré violet pour porter son deuil): Bourbonnais, Béarn, Auvergne, Flandres, Guyenne, Artois. D'autres s'y ajoutent avec le temps: le régiment "colonel général", les régiments liés à une personnalité ou une position importante (famille royale, princes du sang, grands du Royaume....) qui garantit leur financement, leur permanence en temps de réforme, et leur besoin de briller (régiments de la Reine, du Dauphin, de Monsieur, du Prince de Condé, du Roi....). Pour les régiments étrangers, le fonctionnement est analogue, surtout avec les Suisses (où le système de recrutement est le plus permanent et le mieux organisé), les Allemands et les Irlandais: le service en France attire les bons, et les organisations sont soignées. Gardes Suisses, Royal Allemand.... Sont d'excellentes unités. Le grade de colonel existe depuis le début du XVIème siècle, pour la note: de l'italien "colonna", une colonne désignant alors un groupement de compagnies (la compagnie d'alors étant un petit bataillon en termes de taille), soit une subdivision ou une articulation autonome d'une armée de campagne. Par extension, le chef de colonne, jusqu'alors un capitaine (au sens médiéval, cad le chef d'une compagnie, soit l'aristocrate qui a le plus haut rang dans ce groupement de féodaux) est devenu "colonel", sous entendu "capitaine de colonne". Le procédé sera similaire plus tard pour le brigadier, ou général de brigade (à l'échelon au-dessus). Rapidement, au XVIème siècle, les groupements de compagnies ou de "bandes" (ou encore "enseignes"; terme lié à l'infanterie initialement et représentant un groupement de base de 400-500h) deviennent permanents et deviennent les régiments, à la tête desquels les colonels deviennent aussi permanents. Le procédé a été analogue chez les Espagnols, via les groupements d'unités que furent les premiers tercios (effectif total divisé en 3 groupements régionaux en Italie, d'où le nom de tercios -"tiers"); des groupements de bandes (capitanias) qui deviennent permanents, sous le nom, là aussi, de colonne (coronelia), et dont le leader, le capitaine ayant le plus haut rang, le plus d'autorité ou la nomination par le chef de l'armée ou le souverain, devient donc "colonel". Le terme, le grade et la fonction de colonel sont donc éminemment liés à l'apparition et l'entrée dans les moeurs d'unités permanentes d'échelon régimentaire, là où le Bas Moyen Age avait plus pour référence la compagnie (même si les compagnies du MA variaient beaucoup en taille et pesaient généralement plus l'équivalent d'un petit bataillon), et son chef, le capitaine (tout autre groupement de plus grande importance étant temporaire). C'est l'inscription de telles unités dans le fonctionnement militaire qui implique l'émergence du poste représentant son commandement et, pendant longtemps, son propriétaire (le roi n'étant souvent "qu'un" colonel parmi d'autres, même s'il a souvent, et de plus en plus, beaucoup plus de régiments dont il est colonel). Transition du système hiérarchique féodal, le système régimentaire naît comme une forme encadrée de féodalité: un seigneur est le capitaine en chef d'un groupe de capitaines, établissant ses normes, ses règles.... Avec un certain nombre de droits et d'obligations (à commencer par le fait d'avoir le droit de lever ou non un régiment, qui, en théorie, vient du roi). Et c'est ce système qui, de plus en plus amendé (surtout sous Louis XIV), est en grande partie achevé par Choiseul et les réformes qui le suivent (avant d'être définitivement enterré par la Révolution), au profit d'un système plus national unifiant les régiments dans un système unique non influencé par des propriétaires privés: le colonel devient un officier employé par l'armée, plus un "contractor", car le roi, puis l'Etat, est le propriétaire unique des armées. Modifié le 11 août 2015 par Tancrède 2 Lien vers le commentaire Partager sur d’autres sites More sharing options...
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