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Tout le monde est au courant de l'existence des propagandes, mais on ne sait pas forcément comment ça marche ni l'efficacité terrible de la chose. Voici quelques bouquins qui apportent des éléments de réponse, je les recommande spécialement à tous ceux qui croient avoir compris quelque chose à la propagande politique ou militaire et à ceux qui supportent des pays lointains ou des guerres comme si c'était du foot. [50]

"L'homme est bâti de manière que les fictions font beaucoup plus d'impression sur lui que la vérité"

Erasme.

Le livre à avoir, c'est celui-ci : "Le viol des foules par la propagande politique" par Serge Tchakhotine. 1952. édition gallimard (tel), environ 600 pages (écrit petit), une douzaine d'euros (alors là c'est vraiment donné, vu le contenu!!!)

Indispensable pour comprendre la base de l'action de propagande, d'un point de vue stratégique, salutaire en cas de guerre, de campagne électorale et au quotidien.

les principes et techniques révélés par l'auteur sont utilisés aujourd'hui à tout va, repris par les gouvernements, les armées, les politiciens, selon les riches enseignements de Freud, Pavlov, Jung,... mais aussi, et plus concrètement de Lénine, Goebbels et des autres petits malins de l'avant et après guerre 40-45.

Vu la date de parution, l'ouvrage n'est pas encore pollué du très réducteur "politiquement correct", j'en profite pour recopier ce petit tableau que je trouve plutôt comique et qui donne un aperçu d'une technique formidable (employée aujourd'hui pour contrer "l'extrême-droite"), le réflexe conditionné (de Pavlov ) :

Image IPB

L'auteur : Serge Tchakhotine, docteur ès sciences, professeur d'université, a consacré sa vie à la psychologie sociale, à la biologie, sociologie et pédagogie.

Il fut responsable de la propagande du eiserne front et de l'introduction du communisme en Allemagne des années 30. Un bon gros gaucho. (il en profite d'ailleurs pour nous fourguer sa propre vision du marxisme mais on s'en fout, ça reste limité à un ou deux chapitres.)

Extrait du quatrième de couverture :

"Censuré en 1939 par le ministère français des affaires étrangères, détruit en 1940 par les allemands, ce livre a été finalement réédité au début des années 1950 dans sa version actuelle augmentée et actualisée. C'est un traité classique de psychologie sociale qui cherche à démonter comme à comprendre les mécanismes auxquels obéissent les foules, les masse et plus généralement, la formation de la volonté politique et l'action politique. Quatre impulsions affectives primaires sont mises en oeuvre par la manipulation propagandiste et idéologique : l'agressivité, l'intérêt matériel immédiat, l'attirance sexuelle au sens large, la recherche de la sécurité et de la norme. [...]

C'est bien évidemment sur le terrain historique de l'affrontement entre propagande nazie et résistance social-démocrate que l'auteur se situe dans un premier temps pour analyser les raisons du fulgurant succès de Hitler et celle de l'échec de la démocratie.[...] traite aussi de la propagande soviétique, de l'affrontement idéologique de la guerre froide, du pacifisme, bref, des formes générales de la propagande [...]"

Forts de la lecture du livre précédent, on peut voir celui-ci avec le bon oeil : "Principes élémentaires de propagande de guerre" par Anne Morelli, ed.Labor (Quartier libre), environ 180 pages (écrit gros), une douzaine d'euros.

L'auteur : Anne Morelli est professeure à l'université libre de Bruxelles où elle enseigne, notamment, la critique historique appliquée aux médias modernes.

Extrait du quatrième de couverture :

"Arthur Ponsonby, hostile à l'entrée en guerre de la Grande-Bretagne en 1914 et représentant pour le parti travailliste à la chambre des communes puis à la chambre des lords, a décrit quelques mécanismes essentiels de la propagande de guerre, qu'il est possible de résumer en dix "commandements". J'ai systématisé ceux-ci en dix chapitres, qui forment la trame de cet ouvrage. Pour chacun de ces principes élémentaires de la propagande de guerre, je me suis attachée à démontrer qu'ils n'étaient évidemment pas à l'oeuvre dans la seule première guerre mondiale et que, depuis, ils ont également été utilisés régulièrement par les parties en présence, lors de conflits, même parmis les plus récents."AM.

Voici les 10 mécanismes en question, auxquels j'ai ajouté trois exemples concrets (a, b et c) de propagande actuelle, de bonne qualité et réussie, qu'il convient de prendre séparément. (De manière bien incomplète [10] , dans le seul et unique but de laisser entrevoir l'étendue de la farce et ses différentes applications.)

a. lors de la gulf war2, made in usa

b. la réponse islamiste

c. le "soutien psychologique" aux politiques d'intégration, probablement plus valable pour la Belgique que pour la France (mais proche)

N.B.

-Je n'y apporte aucun jugement, c'est vu?

-On insiste souvent plus sur certains aspects que sur d'autres, c'est selon.

-Nous ne voulons pas la guerre

a.nous sommes pacifistes et civilisés, grand défenseurs des droits de l'homme.

b.nous sommes les pauvres opprimés, notre religion est la paix,...

c.nous sommes tolérants

-Le camp adverse est seul responsable de la guerre

a.Ils ont des armes de destruction massive et sont dangereux, soutiennent les terroristes

b.Ils agressent les musulmans partout sur la terre

c.ils incitent à la haine raciale

-L'ennemi a le visage du diable (ou " L'affreux de service ")

a.ce sont des terroristes (ou un affreux dictateur qui tue son peuple)

b.le "grand satan"

c.des neo nazis, fasciste, assassins, Hitler

-C'est une cause noble que nous défendons et non des intérêts particuliers

a.démocratie

b.lutte contre les croisés, contre la colonisation

c.valeurs sociales universelles, intégration

-L'ennemi provoque sciemment des atrocités ; si nous commettons des bavures, c'est involontairement

a.tortures, rafles, terreur, massacres, purges,... ; Dommages collatéraux, sans plus.

b.regardez mon bébé mort crie-t-il en agitant son fils mort et couvert de sang, etc...(on trouve plus de journalistes à l'entrée des hôpitaux que sur le terrain). ; bavures? on ne fait que se défendre avec les armes du faible

c.rejets et discriminations, agressions raciales graves,... ; nous sommes contre l'injustice d'une manière générale

-L'ennemi utilise des armes non autorisées

a.Gaz, bombes humaines, missiles français ;)

b.clusters, phosphore blanc, uranium A,...

c.propagandes, peur, racisme, xénophobie, amalgames

-Nous subissons très peu de pertes, les pertes de l'ennemi sont énormes

a.zero mort ou presque...

b.on détruit des centaines de chars, on snipe, on filme nos exploits...

c.nous sommes les partis traditionnels, ce sont des marginaux, ils n'existent pas.

-Les artistes et intellectuels soutiennent notre cause

a.y compris Britney Spears (voir farenheit 9/11 de M. Moore)

b.remplacé ici par des figure religieuses, dû à la pénurie d'artistes et intellectuels chez certains.

c.au choix.

-Notre cause a un caractère sacré

a.démocratie et bonheur universel, "liberté"

b.guerre sainte contre l'oppresseur occidental

c.plus jamais ça, la lutte finale

Ceux qui mettent en doute la propagande sont des traîtres

a.contre la guerre ? tu n'es pas un vrai américain, pas patriote, un gauchiste et un traître.

b.pas d'accord? infidèle -> mort

c.une opinion contraire ? un avis pertinent sur l'immigration ? -> affreux nazi, te taire!

A la rigueur, pas besoin d'acheter le livre, si on lui fait confiance, on a tout compris avec ça. Le contenu des chapitres porte sur les fait historiques qui prouvent le bien fondé de ces 10 points (à considérer comme des symptômes ou des indices pour reconnaître une bonne propagande), un point de vue d'historienne, les explications sont courtes mais les faits sont là.

Coming soon : La désinformation.

C'est encore pire. [44]

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merci pour ce post très instructif........ très bon post Taka Takatak pour ajouter dans le topic, je conseillerais à tout le monde de lire les 2 ouvrages suivants qui traitent des techniques de manipulations individuelles et des foules.... l'objectif décrit n'est pas specialement militaire ou politique (plutot commercial d'ailleurs) mais certaines de ces techniques ont été appliquées à de très haut niveau (Baie des cohons, Water Gates....) : Influence et Manipulation de R. Cialdini et Petit traité de manipulation à l'usage des honnêtes gens (moins generaliste) de RV Joule et JL Beauvois

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Pour la désinformation, lire Vladimir Volkoff; c'est le must. Ceci dit, en matière de propagande, les très grandes entreprises (surtout dans le pétrole, les pharmaceutiques, les assurances, la grande distribution et la banque) ont développé l'art de la propagande à un niveau inégalé: la pub n'en est qu'une petite partie.

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Science & Vie Junior c'est une revue sérieuse. Peut être pas le niveau d'une grosse publication US mais les thèmes sont intéressants et bien expliqués. Si des "adultes" se donnaient la peine de le lire ce serait déjà bien. Je ne te vise pas Taka takatak, rassure toi. [61]

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De Volkoff, j'ai lu:

- la désinformation, arme de guerre

- Désinformation, flagrant délit

- Petite histoire de la désinformation

- Manuel du politiquement correct

- Désinformation par l'image

- Pourquoi je suis moyennement démocrate

Plus quelques uns de ses cyniques et savoureux romans: l'enlèvement, le complot, le contrat, opération barbarie, une histoire surannée quelque peu, les hommes du tsar (3 tomes) et Alexandra (je déconseille ce dernier).

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Bin mon vieux! Je ne te demande même pas si tu as apprécié. Moi, je n'ai lu que "Petite histoire de la désinformation", pour le moment. C'est vrai qu'il est pas mal mais je chercherais quelque chose de plus technique. Tu n'as pas un manuel ou un traité sur le sujet précis de la désinformation sous la main par hasard? Ou un des livres que tu as cité aborde-t-il le thème de manière scientifique?

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La petite histoire de la désinformation est plus une introduction à ses autres bouquins, mais il a surtout étudié le sujet de manière "scientifique" au sens des sciences humaines; si tu veux un manuel technique, il faut aller chercher dans le registre des bouquins sur l'intelligence économique et le renseignement en général. Ceci dit, le côté "technique" de la chose reposera plus sur des aspects de facto économique ou militaire: d'un côté, tu auras la partie renseignement traditionnelle (écoutes, satellites, surveillance des infos ouvertes, moyens de contrôle électroniques, renseignement humain, espionnage industriel, banques de données, organisation et classification, modes de recherches...), et de l'autre, la part "active" de l'intelligence économique et politique (propagande, intoxication, campagnes de publicité et/ou de communication, communiqués scientifiques bidons, agents d'influence, parasitage des réseaux de collecte adverse, prasitage des chaînes d'informations et des strctures hiérarchiques, unités psy-ops, occupation du terrain médiatique, saturation de l'espace médiatique, opérations d'intox à court ou long terme sur un ou l'ensemble des médias...).

Le vrai point des bouquins de Volkoff est de décomposer l'essence de la désinformation, à savoir, où et quand l'utiliser, et quoi dire, suggérer ou cacher. L'homme avait (paix à son âme) une affinité naturelle avec le monde du renseignement humain et nombre de relations dans ce domaine. Ce n'est pas pour autant qu'il méconnaissait l'importance des médias et de l'ensemble des canaux d'informations qui sont autant de champs de bataille pour cette activité où les terrains sont comme les acteurs: en nombre infini. Banques, compagnies d'assurances, industries, milieux politiques, finance, renseignement, scientifiques, ingénierie électronique, armées, polices... Tous en sont des acteurs. Et depuis quelques décennies, des acteurs privés sont apparus dans ce domaine comme agences spécialisées et disposant de moyens désormais énormes: banques, compagnies d'assurances (grands assureurs maritimes historiques, mais aussi multinationales ayant de véritables services d'enquête), certaines industries (pétrole notamment) ont toujours disposé de telles structures. Désormais, certaines ONG, mais surtout nombre de compagnies de sécurité privées regroupant plusieurs métiers (du mercenariat au renseignement) ont atteint une grande taille et se sont souvent adossées à de grandes structures financières (assurances principalement) se sont accouplées à des entreprises d'intelligence économique pure dont les compétences et les structures n'ont cessé de s'étendre (Kroll par exemple, est désormais la plus grande base de données privée au monde).

Ces structures, parfois en accord avec des Etats (USA en tête), parfois sur commandes des Etats, ou souvent pour des opérateurs privés, ont recours à toutes les activités du renseignement, de la collecte à la désinformation, pour se joindre au mouvement des affaires du monde: économie, finance, politique, diplomatie... Les affaires des bébés koweitiens ou du saumon européen, par exemple, sont de pures émanations d'entreprises privées, de même que la campagne anti-française de 2003 a été une commande étatique exécutée par des acteurs militaires et privés.

Ces entreprises privées ont de moins en moins tendance à être de simples sous-traitants spécialisés: il y a toujours des agences de communications, certaines célèbres, certaines discrètes et n'ayant pas pignon sur rue, tout juste inscrite aux registres du commerce, mais brassant curieusement des sommes considérables. Ces agences sont spécialisées dans le volet médiatique de la désinformation, et elles ont tendance à être englobées de façon de plus en plus structurelles dans les grands ensembles de sécurité et d'intelligence économique, soit que ceux-ci en développent les compétences en interne, soit qu'ils s'associent avec les dites agences, soit qu'ils les rachètent purement et simplement.

La qualité du travail de Volkoff est précisément de démontrer que, de façon organisée ou éparse, la désinformation a toujours existé, y compris chez des acteurs non étatiques, et que ceux-ci ont eu plus ou moins d'indépendance selon les périodes: les Compagnies anglaise, française et hollandaise des Indes Orientales, la Ligue Hanséatique, les princes marchands vénitiens, les guildes de métiers et banques lombardes telles que Calimala, les grandes compagnies pétrolières depuis Achnacarry, les grandes banques européennes et américaines depuis les XVIIIème-XIXème siècles, les grandes familles de sénateurs romains...

Et le point de Volkoff est précisément de démontrer l'importance de cette activité et ses méthodes, surtout sous l'angle du message ou de l'absence de message à un ou plusieurs endroits donnés, et à un moment précis.

Qu'est-ce que le côté scientifique de la chose? Il n'y a pas une science impliquée là-dedans: toutes les sciences humaines et exactes y sont présentes. Mais l'activité elle-même n'est pas une science: c'est une extension continue des métiers du renseignement par tous les moyens possibles.

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Pour illustrer ce qu'a parfaitement explicité Tancrède, un petit aperçu des cas pratiques de l'EGE.

Tu constateras que des méthodes sont récurrentes et donc identifiables au sein de chaque affaire, ce qui a permis et motivé, entre autres, les travaux de Volkoff et ce qui permet plus généralement d'en faire un science avec ses lois.

Image IPB

Mais ce n'est pas spécifique au business, bien entendu. Il y aurait bien évidemment beaucoup à dire au sujet de la politique par exemple avec cette campagne qui est un vrai vivier...

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