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  1. https://www.courrierinternational.com/une/une-du-jour-usine-a-mensonges-l-autriche-secouee-par-une-nouvelle-affaire-d-espionnage-russe_229131 Sur la une de Kurier, le maître du Kremlin est représenté de profil, le visage dans l’ombre. “L’usine à mensonges de Poutine”, titre le quotidien viennois, au lendemain de révélations portant sur une nouvelle affaire d’espionnage russe en Autriche. Le 24 mars, la république des Alpes a appris qu’une Bulgare, espionne présumée pour le compte de Moscou, avait été arrêtée en décembre dernier. Et cette information a relancé les débats sur l’attitude à adopter vis-à-vis de la Russie. “Malgré son apparence de cas isolé, cette affaire trahit un conflit bien plus large – une guerre hybride qui a depuis longtemps franchi la frontière autrichienne”, explique le journal centriste dans une longue analyse. Une vaste campagne de désinformation a notamment été lancée dans les pays germanophones par les Russes. Et l’Autriche – un pays neutre, où sont implantées d’importantes institutions internationales – apparaît comme une cible privilégiée de ses instigateurs. Lire aussi : Espionnage. La Russie engage des agents secrets “jetables” pour déstabiliser l’Europe La femme arrêtée en décembre est soupçonnée d’avoir espionné Anna Thalhammer, rédactrice en chef du magazine d’investigation autrichien Profil. Mais surtout, elle aurait participé à des opérations visant à influencer l’opinion publique autrichienne pour le compte de Moscou. “La tactique était des plus pernicieuses : en ligne, répandre des fausses informations ; dans la rue, des stickers et des graffitis qui arborent le slogan ‘Gloire à l’Ukraine’ en caractères runiques, connus pour leur utilisation par le régime nazi. Le message ? Être pro-ukrainien, c’est être d’extrême droite, voire nazi.” Un vaste réseau d’espionnage D’après Kurier, cette espionne bulgare n’est pas la seule agente à avoir travaillé pour la Russie en Autriche. Le journal évoque un “réseau d’espions plus important”, au sein duquel a notamment œuvré l’ancien entrepreneur en cavale Jan Marsalek, soupçonné d’être actuellement en Russie. Trois Bulgares de ce réseau sont accusés d’avoir mené à Vienne une campagne d’intimidation contre le journaliste d’investigation Christo Grozev, qui s’est depuis réfugié au Royaume-Uni. D’autres membres de ce réseau auraient eu des contacts avec d’anciens agents de renseignement autrichiens, Egisto Ott et Martin Weiss, également soupçonnés d’espionnage. Lire aussi : Une du jour. La vie d’agent double de Jan Marsalek, entrepreneur déchu au service de Moscou À Vienne, la Mission permanente de la Russie auprès des organisations internationales est quant à elle dans le viseur des autorités locales, qui l’accusent d’avoir installé sur son toit “un espace avec des paraboles immenses, qui sert de centre de renseignement russe”. Cette “‘Russencity’ [ville des Russes]” n’a pour l’instant pas été démantelée. Pour Kurier, cela n’a rien d’étonnant. “Les affaires d’espionnage et de désinformation à Vienne prouvent que le pays n’est pas seulement une victime [des services de renseignements russes], mais qu’il est aussi considéré par Moscou comme une porte d’entrée [vers l’Union européenne], en raison de sa position accueillante vis-à-vis des diplomates et de sa centralité géographique.”
  2. Article du Grand Continent totalement dans le theme du fil : https://legrandcontinent.eu/fr/2025/03/20/mercantilisme-et-capitalisme-de-la-finitude-aux-origines-de-lempire-trump/ De nombreux commentateurs occidentaux s’intéressent depuis quelques années au capitalisme autoritaire ou à ce que l’on appelle encore l’illibéralisme — autrement dit : un système politique faiblement démocratique qui irait de pair avec une économie de marché de type capitaliste. Le problème majeur de ces analyses réside dans un postulat de départ qui assimile capitalisme et libéralisme économique. Or cet amalgame produit des effets déformants assez dommageables. Ce que ces études autour du capitalisme autoritaire masquent, c’est la progressive disparition de la scène mondiale du libéralisme économique. Il y a là un phénomène historique majeur et jusqu’ici mal identifié, qui révèle une forme de cyclicité du capitalisme depuis sa naissance au XVIe siècle. La remise en cause du libre-échange, des mécanismes concurrentiels et le retour d’une conception autarcique de l’économie, la croissance décuplée de monopoles privés devenus des Compagnies-États, une liberté des mers mise à mal, un réarmement général, une nouvelle course à l’accaparement des terres, des minerais et des espèces vivantes sont autant de phénomènes qui traduisent une mutation du capitalisme mondial vers un ensemble cohérent, tout à la fois nouveau et très ancien. On peut en effet faire l’hypothèse que le capitalisme connaît deux types différents qui se succèdent l’un à l’autre. Le plus célèbre peut être qualifié de « libéral ». Il s’est d’abord déployé sur une période allant environ de 1815 à la fin du XIXe siècle, avec un pic vers 1860-1870. Après une interruption de plusieurs décennies, il reprend ensuite vie en 1945 sous une forme tempérée par l’intervention publique dans le bloc occidental. Cette intervention reflue plus tard et ce capitalisme est connu enfin à partir des années 1980 sous le nom de « néolibéralisme ». L’autre type a longtemps été qualifié de « mercantilisme ». Cette notion a souvent été réduite à un aspect de la question — le protectionnisme — et surtout a été confinée, à tort, à la période antérieure au XIXe siècle. On peut lui préférer celle de « capitalisme de la finitude » et voir son déploiement sur trois périodes : XVIe-XVIIIe siècles ; 1880-1945 ; 2010 à nos jours. J’en propose la définition suivante : le capitalisme de la finitude est une vaste entreprise navale et territoriale de monopolisation d’actifs — terres, mines, zones maritimes, personnes esclavagisées, entrepôts, câbles sous-marins, satellites, données numériques — menée par des États-nations et des compagnies publiques ou privées afin de générer un revenu rentier hors du principe concurrentiel. Julie Mehretu, « Empirical Construction : Istanbul » (2003) Il a trois caractéristiques. La première est la fermeture et la privatisation des mers, phénomène qui appelle une articulation forte, et même un brouillage des lignes, entre marines de guerre et marines marchandes. La deuxième est la relégation au second plan des mécanismes du marché. Le commerce multilatéral et la concurrence sont tenus à l’écart au profit des zones impériales d’échanges, des monopoles, des ententes et de la coercition violente. La troisième est la constitution d’empires, formels ou informels, par la prise de contrôle de firmes publiques et privées sur de larges espaces (physiques et cybers). Généralement pourvues d’attributs souverains, ces entreprises génèrent les rythmes du capitalisme de la finitude par leurs entrepôts, leurs chaînes logistiques et leur gigantisme. Ces trois caractéristiques existent dans toute l’histoire du capitalisme mais le type libéral ou néolibéral a toujours tenté de les contrecarrer. Le capitalisme de la finitude est une vaste entreprise navale et territoriale de monopolisation d’actifs par des États-nations et des compagnies publiques ou privées afin de générer un revenu rentier hors du principe concurrentiel. Arnaud Orain Ainsi le capitalisme prend-t-il deux formes qui, sans être identiques — l’histoire ne se répète jamais — sont similaires. D’un côté, les libéralismes. Ils entendent réguler la prédation par un système idéologique puissant — et séduisant —, celui de l’avènement d’un bien-être matériel universel issu du marché libre. L’économie y est pensée comme un jeu à somme non-nulle pour les individus, les firmes et les États : toutes et tous peuvent croître sans (trop) gêner leur voisin en s’adaptant constamment à un environnement concurrentiel. L’horizon eschatologique de l’idéologie libérale est celui de la croissance économique et de la paix mondiale. De l’autre, le capitalisme de la finitude. Il ne promet en aucun cas la croissance universelle des richesses car il pense l’économie comme un jeu à somme nulle. Son état normal est une situation qui n’est ni la guerre, ni la paix. Il se trouve toujours entre les deux puisqu’il est ouvertement prédateur, violent et rentier. Son moteur, depuis cinq siècles, est un sentiment angoissant suscité par des élites mais largement diffusé dans les opinions publiques : celui d’un monde « fini », autrement dit borné, limité, qu’il faut s’accaparer dans la précipitation. Cette prétendue « finitude » du monde est une construction sociale qui a pris des formes différentes selon les périodes. Mais elle porte sur les mêmes objets : les ressources et les marchés. Lors de la première période du capitalisme de la finitude, entre le XVIe et le XVIIIe siècle, les Européens se sont battus sur terre et sur mer pour s’approprier avant les autres des espaces transformés en colonies avec leurs mines, leurs comptoirs, leurs ports et leurs plantations. Ils ont utilisé la violence brute, les restrictions commerciales et les procédés monopolistiques pour accaparer les premiers les marchés asiatiques, textiles et esclavagistes, dans un univers où l’idée d’une croissance globale des richesses ne faisait pas sens. Cette logique de la finitude a été mise en pause au début du XIXe siècle avec la concentration des forces productives sur l’accumulation du capital domestique, la pax britannica et l’avènement du libéralisme classique. Le monde s’ouvrait à un horizon infini. Mais dès la fin du XIXe siècle, l’angoisse de la limite a pris de nouveau des proportions gigantesques dans le monde occidental. Ayant partie liée avec des projections démographiques effrayantes, mais aussi avec les besoins croissants en « ressources » et en « débouchés » de la seconde révolution industrielle, un nouveau monde « fini » est mis sous les yeux des Occidentaux par des économistes, des géographes, des militaires et des hommes politiques. Dans la préface à un recueil des œuvres de l’officier de la marine américaine Alfred Thayer Mahan (1840-1914) publié en 1906, le professeur de philosophie sociale au Collège de France Jean Izoulet (1854-1929) résume bien ce sentiment de l’époque : « En effet, la terre est ronde ; c’est une sphère, c’est une île dans l’espace […]. Or sur ce territoire borné les humains vont en augmentant. C’est donc une offre limitée, pour une demande illimitée. En vertu de la loi de l’offre et de la demande, voici donc que, sur ce petit astre que nous habitons, si j’ose dire, le prix du mètre de terrain monte à vue d’œil. » 1 Il n’y a pas assez de « ressources » et pas assez de marchés pour tout le monde du fait de l’émergence de nouvelles puissances industrielles sur la scène mondiale — l’Allemagne, cauchemar de l’Angleterre, mais aussi le Japon et les États-Unis. Le capitalisme de la finitude contemporain n’a pas attendu le second mandat de Donald Trump pour s’épanouir. Arnaud Orain La situation se détend à nouveau après 1945 à la faveur d’une formidable croissance des richesses matérielles irriguant des pans jusqu’alors négligés du grand rêve occidental. Avec les années 1990 le monde est plein de promesses d’expansion matérielle grâce à une pleine et entière liberté des mers couplée à l’affirmation d’un empire manufacturier, la Chine, et d’une dimension nouvelle de l’espace, née de l’informatique et du numérique. Voilà venu le temps de la soi-disant « Terre plate », sans frontières et sans entraves, pour reprendre l’expression de l’américain Thomas Friedman. Cette construction théorique et pratique est venue cependant se fracasser sur les limites écologiques de la planète. La raréfaction du vivant, des minéraux et des métaux, ainsi que les difficultés du recyclage, n’appellent aujourd’hui qu’une conclusion : se lancer dans une compétition débridée à l’accaparement des dernières terres et plateaux océaniques disponibles. C’est le « retour de la rareté ». Et ce d’autant plus que cette limite renaissante auto-alimente un processus de finitude : les « ressources » se raréfient, mais la politique de « transition énergétique », qui devrait empêcher un changement climatique trop important, nécessite une quantité de ces mêmes « ressources » à un niveau jamais atteint jusqu’alors 2. Enfin, la montée en gamme de la Chine dans l’industrie mondiale ramène de nouveau le jeu des marchés à somme nulle : les Occidentaux, autrefois dominants, considèrent désormais qu’il y a « trop » de capacités de production dans le monde par rapport à la demande, et qu’il faut se protéger des producteurs étrangers. Le capitalisme de la finitude contemporain n’a pas attendu le second mandat de Donald Trump pour s’épanouir, et il n’est d’ailleurs pas seulement issu de la compétition entre la Chine et les États-Unis. Il semble cependant connaître une accélération depuis quelques mois et il convient d’examiner successivement ses trois caractéristiques majeures — fermeture et privatisation des mers, remise en cause des mécanismes du marché, constitution d’empires territoriaux par des firmes à attributs souverains — au prisme de quelques évolutions récentes. Julie Mehretu, « Dispersion », 2022 Julie Mehretu, « Free Range » Privatiser les mers et les océans La présence d’une puissance maritime hégémonique sur le globe assure lors des périodes libérales la « liberté des mers », autrement dit le fait que les flux de marchandises ne trouvent pas ou peu d’obstacles sur les océans. La Grande-Bretagne a joué ce rôle à partir de 1815 jusqu’à ce que la course aux armements navals des grandes puissances occidentales et asiatiques ne vienne perturber cette liberté, autour de 1900. Les États-Unis d’Amérique ont rempli cette fonction à partir de 1945, et plus encore avec la chute du bloc soviétique après 1990. Pour un État commerçant quelconque, posséder une puissante marine de guerre ou une marine marchande militarisée n’avait durant ces périodes qu’un intérêt très limité. Or entre le début du XVIe siècle et 1815 d’abord, la fin du XIXe siècle et la Seconde Guerre mondiale ensuite et, de plus en plus, depuis une dizaine d’années enfin, il se produit exactement l’inverse : la liberté des mers est absente ou s’affaiblit. Aujourd’hui, des juristes brésiliens et chinois souhaiteraient limiter la circulation des navires étrangers dans les zones économiques exclusives ; un proto-État comme celui des Houtis empêche la traversée de la mer Rouge aux navires occidentaux ; des « pêcheurs » et gardes-côtes chinois détournent les navires dans la mer de Chine méridionale ou près de Taiwan ; des « pirates » de Somalie ou du Golfe de Guinée fragilisent certaines routes. Mais c’est surtout le double mouvement de bascule maritime à l’œuvre depuis une vingtaine d’années qui importe. D’un côté, la montée en puissance de la marine marchande et de la flotte militaire chinoise, désormais la première mondiale en termes d’unités, le tout accompagné par le plan « grande puissance maritime » qui vise à développer une véritable culture de la mer en Chine à travers des festivals, des films, des jeux vidéo. De l’autre, des États-Unis qui restent une puissance navale en ayant cessé d’être une puissance maritime : le pays n’a pas d’armateurs de taille mondiale, peu de navires sous son pavillon, ses pêcheurs sont en nombre négligeable et sa construction navale est en forte diminution depuis les années 1990. Or sur des mers de moins en moins sûres qui appellent le retour du convoyage des flottes civiles par les bâtiments militaires et/ou l’armement en guerre des navires civils — ce que des officiers occidentaux appellent de leurs vœux —, et face à un rival systémique trop puissant sur les océans — il ne peut y avoir deux hegemons navals en même temps –, les États-Unis se souviennent des leçons d’Alfred Mahan : il est difficile de rester une puissance navale sans être en même temps une puissance maritime de tout premier plan. La volonté du président Trump de « récupérer » le canal de Panama s’inscrit dans ce contexte. Les terminaux et concessions portuaires qui appartenaient jusqu’ici au hongkongais Hutchison vont être rachetés par une coentreprise de l’un des grands armateurs mondiaux, l’italo-suisse MSC et le gestionnaire américain d’actifs BlackRock sur le canal de Panama (notamment les ports de Balboa et de Cristobal) et ailleurs dans le monde. Diminuer les intérêts apparentés à la Chine dans le domaine maritime à l’intérieur du pré carré américain sera une tâche de longue haleine. Nous verrons, par exemple, comment les États-Unis vont réagir à la montée en charge du port de Chancay au Pérou de la firme publique chinoise de transport maritime Cosco, un armateur blacklisté comme « compagnie militaire » par l’administration américaine depuis janvier dernier. Car un mois plus tard, le bureau du représentant américain au commerce lançait une « proposition d’action » visant à taxer les navires fabriqués en Chine faisant escale aux États-Unis, quel que soit leur pavillon, et plus lourdement encore ceux battant pavillon chinois, avec Cosco en ligne de mire. Cette proposition entend encore faire passer de 1 % actuellement à 15 % dans quelques années l’exportation de biens américains par des armateurs étatsuniens, avec si possible des navires fabriqués sur le sol des États-Unis. Donald Trump a donné une portée générale à cette politique lors de son discours du 5 mars devant le Congrès : « Pour stimuler notre base industrielle de défense, nous allons également ressusciter l’industrie américaine de la construction navale, à la fois commerciale et militaire. […] Nous avions l’habitude de construire beaucoup de navires. Nous n’en fabriquons presque plus, mais nous allons en fabriquer très rapidement 3 ». Le président manie comme toujours le bâton — la menace de taxes nouvelles — et la carotte, en proposant des incitations fiscales. Les États-Unis restent une puissance navale mais on cessé d’être une puissance maritime : le pays n’a pas d’armateurs de taille mondiale, peu de navires sous son pavillon, ses pêcheurs sont en nombre négligeable et sa construction navale est en forte diminution depuis les années 1990. Arnaud Orain MSC et le géant danois Maersk seraient beaucoup moins touchés que le français CMA CGM par la proposition protectionniste (40 % des navires de l’entreprise marseillaise ont été fabriqués en Chine contre environ 25 % pour les deux autres). On comprend dès lors mieux le plan quadriennal de 20 milliards de dollars d’investissement aux États-Unis annoncé par son PDG Rodolphe Saadé le 6 mars 2025 (entrepôts logistiques, accroissement de navires battant pavillon étatsunien, probables commandes à des chantiers navals du pays). L’administration Trump n’a peut-être plus la volonté de rester le gendarme mondial des mers car c’est très coûteux et c’est de moins en moins utile pour les États-Unis, qui ont seulement besoin de sécuriser leur propre « silo impérial » d’approvisionnements et de débouchés. Mais dans un monde fragmenté, elle pourrait en revanche vouloir relocaliser une partie de la production de navires sur son sol en utilisant un régime de subventions et un ersatz d’actes de navigation comme dans l’Angleterre du XVIIe siècle — qui n’autorisaient que les navires anglais à débarquer et embarquer sur son sol et dans ses colonies. Surtout, cette administration a tout intérêt à nouer des partenariats avec les grandes compagnies de transport occidentales comme MSC, Maersk et la CMA CGM — dont il n’est pas certain que la « Ocean alliance » nouée avec Cosco survive aux changements en cours). Julie Mehretu, « Stadia II » (2004) La remise en cause du marché La deuxième caractéristique du capitalisme de la finitude concerne le rejet du principe concurrentiel et de son corollaire le libre-échange multilatéral fondé sur les avantages comparatifs. Ces derniers ont été élevés au rang de dogmes lors des deux périodes libérales. Le pic de la première (1850-1870) voit ainsi les États européens autoriser progressivement n’importe qui à commercer librement dans leurs colonies. Leurs grandes compagnies à monopoles semblent appartenir au passé, tandis que l’économie politique classique, puis néoclassique, ne jure plus que par les prix et les salaires libres, la fin des ententes et des coalitions. Le néolibéralisme, quant à lui, a voulu aller encore plus loin avec la mise en concurrence généralisée et la quasi-disparition des droits de douane. Or contrairement à une vision canonique mais désuète, ce sont les soutiens du capitalisme qui s’opposent le plus souvent au libéralisme économique. Des économistes du XVIIe siècle aux milliardaires de la Silicon Valley d’aujourd’hui, en passant par les impérialistes des années 1900, la concurrence est toujours envisagée comme le problème du capitalisme. Les monopoles sont au contraire parés de toutes les vertus par les tenants du capitalisme de la finitude et en deviennent les instruments privilégiés. Se plaçant du côté des producteurs et non des consommateurs, tous militent pour la puissance, non pour l’abondance, pour l’autarcie, non pour le libre-échange car leur point de départ est une maxime simple : « Il n’y en aura pas pour tout le monde ». En lieu et place du multilatéralisme et des faibles droits de douane, il serait nécessaire de rendre très coûteux les échanges hors des silos impériaux, autrement dit : il faudrait pour chaque puissance favoriser le commerce avec ses colonies, ses vassaux ou ses « amis » et ainsi renforcer son indépendance. Le Secrétaire américain au Trésor, Scott Bessent, a déclaré le 6 mars 2025 que « l’accès à des biens bon marché n’est pas l’essence du rêve américain », ce que les concepteurs des anciens accords commerciaux auraient selon lui « perdu de vue ». Des économistes du XVIIe siècle aux milliardaires de la Silicon Valley d’aujourd’hui, en passant par les impérialistes des années 1900, la concurrence est toujours envisagée comme le problème du capitalisme. Arnaud Orain Cette position est proche de celle de l’administration précédente, qui entendait relocaliser des pans de l’industrie par un subventionnement public massif et quelques droits de douane. L’administration Trump entend privilégier ces derniers — le président a déclaré à propos des fabricants de puces : « nous ne sommes pas obligés de leur donner de l’argent » 4 — ou tout au moins un mélange de menaces et de politiques protectionnistes bien réelles. Mais l’idée est la même — en plus agressive. Les droits de douane de 25 % qui devaient s’appliquer au Mexique et au Canada sont presque entièrement suspendus pour le moment. Il est difficile de savoir ce qui se trame en coulisse, mais plusieurs indices laissent penser que le point majeur est la renégociation, dans les mois qui viennent, de l’accord commercial USMCA (États-Unis/Mexique/Canada). Et de ce point de vue, Jamieson Greer, l’ancien bras droit de Bob Lightizer lors du mandat Trump I et nouveau représentant au commerce, a parlé des firmes chinoises comme de « passagers clandestins » 5 de l’accord USMCA, autrement dit des entreprises qui s’implantent au Mexique et au Canada dans le but d’inonder de produits le marché étatsunien. C’est certainement cette porte d’entrée que l’administration Trump II veut chercher à partiellement refermer. Car les seuls droits de douane vraiment effectifs aujourd’hui sont les deux fois 10 % appliqués à la Chine par les États-Unis. Pékin a répliqué le 4 mars en imposant des restrictions à un vaste spectre d’importations agricoles américaines. Au 12 mars, des droits de douane de 25 % sur l’acier et l’aluminium sont entrés en vigueur, et d’autres menacent les produits agricoles, les automobiles, les puces électroniques et les marchandises de l’Union. À court terme, cette politique protectionniste permet des rentrées fiscales pour l’État fédéral mais elle a tendance à désorganiser les chaînes de valeur. À moyen et long terme, elle pourrait engendrer des investissements et des relocalisations. Des entreprises comme Arcelor Mittal, Stellantis ou le taïwanais TSMC et son plan d’investissement à 100 milliards dans les semi-conducteurs aux États-Unis, ou encore la volonté d’Apple de recentrer sa production sur son pays d’origine, sont sans doute les prolégomènes d’un mouvement plus large qui a de quoi inquiéter les économies européennes — ce seront des investissements en moins pour elles. Bien entendu, tout cela devrait avoir un effet inflationniste, mais si l’administration Trump parvenait à réindustrialiser les États-Unis de manière conséquente tout en faisant baisser le dollar pour rendre très coûteuses les importations et faciliter les exportations, le raisonnement en termes de « puissance contre abondance » pourrait être soutenu. C’est d’ailleurs le sens qu’a donné Donald Trump à sa politique après les récentes baisses survenues à Wall Street, accusant « des pays et des entreprises mondialistes qui ne se porteront pas aussi bien parce que nous reprenons des choses qui nous ont été confisquées il y a de nombreuses années » 6. Dans un jeu à somme nulle, il s’agit de blâmer les prétendues « surcapacités » chinoises, qui sont en fait une construction d’avantages comparatifs, certes en partie avec de l’argent public, mais comme l’ont si souvent pratiqué les Occidentaux. De fait, la doctrine ricardienne des avantages comparatifs n’arrange plus les États-Unis, qui veulent désormais rejeter le principe concurrentiel dans le commerce mondial. Au niveau intérieur, la situation n’est pas très différente. Le mentor du vice-président américain J.D. Vance, l’entrepreneur de la tech Peter Thiel, défendait, dans son livre De zéro à un, l’idée selon laquelle « le capitalisme et la concurrence sont opposés » 7. Or la volonté de mener des coupes drastiques dans l’appareil d’État fédéral et d’abandonner un certain nombre de réglementations ne s’accompagne pas d’un discours sur les bienfaits du marché libre et de la concurrence. Et pour cause : ce sont les monopoles de la Tech qui vont s’accaparer des pans entiers de ce qui sera enlevé à la puissance publique, dans un vaste remplacement de l’État par des Compagnies-États privés — fusées, satellites, câbles sous-marins, renseignement, intelligence artificielle. La doctrine ricardienne des avantages comparatifs n’arrange plus les États-Unis, qui veulent désormais rejeter le principe concurrentiel dans le commerce mondial. Arnaud Orain L’impérialisme territorial Ce dernier élément, les Compagnies-États, entretient un lien étroit avec la troisième et dernière caractéristique du capitalisme de la finitude : l’impérialisme territorial et souverain. Son visage le plus visible — la colonisation formelle — ne disparaît pas mais stagne, voire reflue, lors des deux périodes libérales. Si on laisse de côté la conquête de l’Algérie et l’approfondissement de la domination britannique en Inde, les puissances européennes se lancent peu dans de grandes entreprises expansionnistes avant la fin du XIXe siècle. L’après-1945 voit lui le reflux des empires formels. Les décolonisations n’empêchent pas le maintien des liens de dépendance mais, petit à petit, des relations différentes se mettent en place : l’industrialisation de l’agriculture rend l’Europe autosuffisante en matière alimentaire — puis exportatrice nette —, la croissance économique des pays développés offre des débouchés nombreux aux nouveaux produits et services, les pays asiatiques et ceux du Golfe persique n’ont pas encore atteint le niveau de vie de l’Occident, l’informatique et le numérique ne sont pas arrivés à maturité, la « transition énergétique » n’est pour le moment pas à l’agenda. Autant d’éléments qui invitaient peu à reconstituer des empires territoriaux pour en capter directement les ressources et les émailler de comptoirs. À l’inverse, le capitalisme de la finitude ne se contente pas de cette petite gestion des « ressources » lointaines par interventions militaires ponctuelles et accords inégaux. Il s’agit d’occuper le monde beaucoup plus directement. Julie Mehretu, « Stadia I » (2004) D’abord par le « système des entrepôts ». Le pillage et la rente de monopole sur les terres colonisées ont fonctionné par une logique spatiale : les empires étaient organisés par un réseau d’entrepôts qui canalisait les marchandises et qui organisait l’exportation. Contrairement à ce que pensait Karl Marx, ce « système des entrepôts » n’a pas été définitivement remplacé par le capitalisme industriel à la fin du XIXe siècle et c’est certainement lors de la phase actuelle du capitalisme de la finitude que cette forme d’occupation du monde devient la plus prégnante. Aujourd’hui, outre la construction, l’achat ou la location de terminaux portuaires et de réseaux ferroviaires par les grandes compagnies maritimes, les distributeurs (Amazon) occupent le territoire par leurs réseaux et « font » le marché car leur pouvoir de monopole est tel qu’ils dirigent la production dans de nombreux secteurs. Les Compagnies-États sont une autre forme d’occupation du monde. Lors des deux premières époques du capitalisme de la finitude, les compagnies des Indes puis les compagnies à charte de colonisation ont ainsi exercé des droits régaliens (justice, police, paix et guerre) sur de vastes territoires outremer. Aujourd’hui, les grandes entreprises de nouvelles technologies sont assez similaires sous cet aspect. Elles sont souvent en situation monopolistique et exercent de nombreuses prérogatives souveraines (armement, câbles sous-marins, satellites, manipulation de l’information). Plus elles occupent le monde, plus ces Compagnies-États peuvent s’approprier des revenus, comme leurs devancières du XVIIe siècle. Mais le capitalisme de la finitude veut aussi gérer directement les terres arables, les sous-sols et les océans, sans passer par des intermédiaires locaux et des prix de marché. Cette occupation marque la primarisation et re-primarisation de vastes territoires : leur spécialisation en subsistances et en matières premières, celle des premières colonies à compter du XVIe siècle, puis des secondes sur la période 1890-1945 et, de nos jours, après des échecs partiels ou complets d’industrialisation, un retour vers ce même secteur primaire dans bien des pays d’Amérique latine et d’Afrique. Le capitalisme de la finitude ne se contente pas de cette petite gestion des « ressources » lointaines par interventions militaires ponctuelles et accords inégaux. Il s’agit d’occuper le monde beaucoup plus directement. Arnaud Orain Les déclarations du président Trump qui affirme vouloir faire du Canada le 51e État américain en qualifiant son premier ministre de « gouverneur », ou encore l’idée fixe qui consiste à vouloir annexer le Groenland sont symptomatiques de cet impérialisme d’un genre nouveau. Concernant le Canada, la nouvelle administration américaine voudrait mettre fin à un certain nombre de traités pour pouvoir renégocier la frontière décidée en 1908, et ce naturellement au profit des États-Unis. Les retombées en termes de sol et de sous-sol sont moins évidentes que pour le Groenland qui possède, comme l’a déclaré J.D. Vance, « des ressources naturelles incroyables ». Bill Gates et Jeff Bezos, mais aussi le Secrétaire au Commerce de Donald Trump, Howard Lutnick, ont des intérêts dans des entreprises de prospection au Groenland, territoire qui regorge de métaux critiques (lithium, cobalt, titane, graphite) et de terres rares. Avant les élections législatives du 11 mars dernier dans ce qui est aujourd’hui une île sous l’autorité du Danemark, le président Trump s’est adressé directement aux Groenlandais : « Nous soutenons fermement votre droit à déterminer votre propre avenir » 8. L’indépendance de l’île serait en effet une bénédiction pour les États-Unis, qui pourraient alors lui offrir une protection militaire plus étendue et ensuite y favoriser leurs entreprises, même si, bien entendu, l’exploitation minière du Groenland pose de très nombreux défis. Enfin, l’accord pour le moment avorté sur les métaux ukrainiens — l’Ukraine est en effet un pays riche en terres arables, mais aussi en ressources minérales (qui représentent 30 % de ses exportations) — n’est pas très lisible car beaucoup de gisements se trouvent dans des zones occupées par la Russie. Ce qui l’est au contraire, c’est cette plongée dans un nouvel âge expansionniste. Il ne s’agit plus de liquéfier les produits de la terre comme dans un modèle de marché « OMC-centré », mais de revenir vers des politiques coercitives et bellicistes pour accéder aux « ressources » et aux débouchés. De fait, le président Trump voudrait pouvoir transformer les États-Unis en une puissance qui agirait comme la Chine et surtout comme la Russie, sans plus dépendre d’aucune règle et en pratiquant un impérialisme territorial débridé. Couplé à un autoritarisme grandissant à l’intérieur du pays, on verrait alors bel et bien disparaître à la fois le libéralisme politique et le libéralisme économique.
  3. Oui du délire cette histoire, la pire ennemie du nucléaire elle ne s en ache pas en plus
  4. Nouveua film d'Alex Garland apres Civil War, co écrit avec un veteran de la guerre en Irak :
  5. Cela aurait été fait via des drones FPV lancés via des drones navals Very impressive video of attacks by Ukrainian FPV drones launched from sea drones deep in the Russian rear. By the Main Directorate of Intelligence of Ukraine. The video shows strikes on a number of very valuable Russian equipment, including many radars. Radars: ● 2x 48Ya6-K1 “Podlyot”; ● 2x 1L125 “Niobium-SV”; ● 3x 39N6 “Kasta 2E2”; ● 9S19 “Imbir”; ● “Niobi-SV”; ● S-300VM; ● “Niobi-M”; ● 59N6-E “Protivnik-GE”; ● “Mys” radar. Other targets: ● S-300SV air defence system launcher; ● ST-68 radar command posts; ● 3x Pantsir-S1 air defence systems; ● Project S4236 transport and tug vessel; ● Fyodor Uryupin universal tug; ● Mi-8 helicopter.
  6. Ils étaient en cheville avec Wagner en RDC, donc oui ça a bossé avec des russes
  7. Enfin pour le moment ce serait arrêt des frappes longue portée et sur le naval Pas de cessez le feu sur ligne de front
  8. Rumeur de tentative d incursion ukr dans la région de Belgorod
  9. Lindsey Graham qui avait bien taclé Zelensky et L'Ukr apres l'affaire du Bureau Ovale, reviens vers sa position plus habituel (pour combien de temps par contre ??) anti Rus et pro ukr : https://x.com/LindseyGrahamSC/status/1899552973665026082 Je suis très encouragé d'apprendre que l'Ukraine a accepté la proposition des États-Unis d'un cessez-le-feu de 30 jours. Bravo à l'équipe Trump. J'espère que la Russie suivra. Si elle refuse, nous devrons la sanctionner sévèrement. J'introduirai des sanctions imposées par le Congrès qui auront non seulement un impact sur la Russie, mais imposeront également des sanctions et des droits de douane aux pays qui achètent des produits russes, notamment du pétrole, du gaz et de l'uranium. Il est grand temps que la Russie subisse d'énormes souffrances économiques suite à son invasion brutale de l'Ukraine. Je salue les efforts du président @realDonaldTrump pour mettre fin à cette guerre barbare au plus vite.
  10. Ouais enfin ok ils se réveillent les Australiens, ils n'auront surement pas de SNA via Aukus. Mais ils sont dans le déni dans tous les cas, ils sont des problemes RH pour leurs Collins et la ils veulent plus de sous marins avec des équipages plus nombreux et des métiers (ingé et techniciens atomiques) qu'ils n'ont pas. Ils feraient mieux de partir sur 8 SSK ce serait peut etre plus dans leur corde et encore si le RH pause soucis, ils en revendraient 2 sur le marché occasion ...
  11. Le probleme serait le radar du M2000, pas assez de portée il me semble pour fournir une solution de tir au Meteor, d'autant plus qu'il faudrait pour avoir le max de portée que le M2000 vole haut donc reperable de loin par le A50 qui enverrait son escorte de SUXX vers le M2000 qui serait surement engagé avant de lui meme pouvoir lancer son Meteor
  12. En tout cas les négos entre US et Ukr ont commencé en Arabie Saoudite : https://twitter.com/NOELreports/status/1899403694187151682
  13. Apres le chiffre de 1.5 M de soldats Russes, ça de vient de la Russie elle meme : https://www.lefigaro.fr/international/la-russie-va-porter-les-effectifs-de-ses-armees-a-1-5-million-pour-contrer-les-menaces-a-ses-frontieres-occidentales-20240917
  14. La commission electoral roumaine a refusé la nouvelle candidature de Georgescu pour les prochaines elections, il a 48h pour faire appel.
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