Tancrède Posté(e) le 14 octobre 2010 Share Posté(e) le 14 octobre 2010 3ème et dernier volet de ma trilogie de sujets semi-nébuleux, toujours dans la catégorie "Histoire" étant donné qu'il est plus commode de comparer avec le plus de documentation possible, et que seul le regard sur les systèmes passés est suffisamment clair pour essayer d'envisager un autre regard sur le fonctionnement des armées actuelles et les différences entre elles. Un premier sujet évoquait les modes d'organisation humaines internes aux armées, la répartition des rôles et fonctionnement, le 2ème s'attache à la qualité humaine, des troupes comme des officiers, et voici le 3ème qui évoque plus directement l'efficacité d'une organisation au niveau tactique. L'efficacité et la pertinence d'une organisation militaire se mesure principalement à son époque et à ses adversaires potentiels, et l'époque actuelle est intéressante en ce que, à la fois par une plus grande connaissance de l'ensemble du spectre des adversaires possibles et par une priorité avouée à l'action lointaine, les armées ont rarement eu à être aussi adaptables à un panel varié de menaces protéiformes et d'adversaires donnés. Tout en devant garder une aptitude à la "grande guerre" ordonnée et symétrique contre un adversaire étatique organisé et avancé (et réfléchir aux formes que prendra cette guerre à l'avenir, pas répéter une 2ème GM 2.0), les armées doivent aussi se préparer, s'organiser et s'équiper contre des menaces non-étatiques différentes, pouvant opérer dans tous types de milieux, loin de structures organisées, sur des théâtres d'opération politiquement et stratégiquement complexes et ayant rarement 2 camps bien nets aux prises l'un avec l'autre. Par ailleurs, l'avantage technologique encore pour un temps net des pays avancés ne doit pas cacher non plus ses faiblesses, à savoir que l'adversaire, même low tech, a les moyens de s'informer dessus et réagit plus vite en s'adaptant au moindre coût, voire en infiltrant en partie le dispositif (cas des grandes organisations criminelles à volet paramilitaire, ainsi que de mouvements de guérillas). Mais d'autres Etats avancés réfléchissent aussi au moyen d'organiser à grande échelle cette défensive "low tech" (techno-guérilla....). Au regard de cette menace multiple, les armées avancées peinent à sortir d'un modèle issu des guerres mondiales et de la guerre froide, et perpétuent les mêmes structures et pensées fondamentales qu'elles adaptent à la marge, mettant l'essentiel de leurs efforts dans la course en avant au "plus disant" (pas le mieux disant) technologique, souvent plus en pensant chaque matériel pour lui-même, qui devient sa propre catégorie. C'est, entre autre, la logique de plate-forme. A cet égard, les armées européennes seront, plus vite que l'armée américaine, confrontée à la réalité d'un "seuil d'inefficacité" en raison de moyens plus limités, et devront soit réapprendre à penser plus fondamentalement, soit définitivement s'en remettre au cousin d'outre-atlantique. C'est là que vient le terme de "système tactique", expression nébuleuse, sans doute pompeuse et volontairement vague. Le point est qu'à tout moment, à toute époque, il y a des unités et des échelles de référence à partir desquelles tout est pensé; ça a pu être le régiment, le bataillon, la légion, la division.... En dessous de cet écchelon et à côté de cette/ces spécialités, c'est une subdivision à capacité partielle, au-dessus, c'est un groupement de plusieurs auquel sont ajoutées des capacités complémentaires pour optimiser SON effet. Plus exactement, c'est plus souvent un couple entre une unité élémentaire et une grande unité: légion/cohorte, division/battlegroup, brigade/compagnie (guerre de trente ans), corps/bataillons-escadrons (Napoléon).... Le point est de mettre en avant que la plus grande efficacité tactique n'est pas obtenue par un matériel pris séparément, ou un type d'unité en soi, mais par le système complexe qui crée une synergie donnée. Et c'est cette synergie qui est la vraie efficacité militaire, MEME SI CHAQUE MATERIEL OU UNITE PRIS SEPAREMENT EST INFERIEUR A CEUX DE L'ADVERSAIRE. Si la synergie est meilleure, c'est elle qui l'emporte de loin. D'où la question: à l'appui de l'histoire récente et lointaine, quel pourrait être "l'effecteur" tactique, et l'association/l'échelon de référence des armées actuelles? Les armées actuelles sont-elles assez pensées en ces termes ou ne reposent-elles pas totalement sur la vision à partir de la qualité de chaque matériel, un peu comme si le chef d'orchestre perdait son autorité au profit de chaque musicien, et de chaque luthier qui fabrique leurs instruements? C'est une question fondamentale, parce que c'est à partir de cette unité/couple d'unité primaire du "terrain", du niveau opérationnel, que tout le reste est pensé: organisation tactique à grande échelle, choix, quantité et dimensionnements des matériels (surtout les plus grands pour la projection, de nos jours), entraînement principal des hommes (les autres entraînements et formations étant complémentaires, additionnels, moins prioritaires), mais aussi choix de financement, échelon diplomatique de référence ("combien de divisions?"), et même plus fondamentalement le fonctionnement concret de l'organisation humaine hiérarchique qu'est l'armée et la façon dont elle fonctionne comme micro-société et au sein de la société (voir la répartition officiers/sous-officiers, les carrières, la GRH, le statut militaire....). Un exemple parmi d'autres: l'escadron blindé est toujours le même depuis plus de 70 piges. Est-il encore seulement pertinent, tout comme la concepton du char comme cavalerie? S'ajoute à cette réflexion un fondamental de toute époque: en période de paix, la tendance est à la concentration des unités de même type en paquets-réservoirs, et la rationalisation budgétaire pousse toujours plus à cette concentration au point que les unités et grandes unités de temps de paix ne sont absolument plus des formations de combat et ne s'entraînent pas, ou pas assez souvent, comme telle, au point de ne pas avoir de vraies unités de combat organiques au-dessus de petits échelons comme la section ou la compagnie (ou leurs équivalents à travers l'histoire). L'histoire militaire est souvent faite de cette absurdité qui nie le "train as you fight": historiquement, le régiment est né d'une conception pratique pour coordonner des compagnies trop petites et variées en taille pour être un échelon de command and control suffisant pour organiser une bataille. Seulement, le temps de paix voit la concentration des régiments et tercios qui atteignent une taille telle qu'ils sont impropres au combat, ce qui conduit à l'émergence du bataillon, plus petit et "maniable". Seulement, le régiment n'est plus une formation de combat: trop grande pour être un échelon tactique utile, il est aussi trop petit et spécialisé pour former une unité médiane autonome dans une subdivision d'un ordre de bataille. Alors apparaîtra la brigade, pendant la guerre de trente ans (suédoise et hollandaise), qui ne survivra pas en tant qu'unité organique permanente, restant un groupement de circonstance. Viendra ensuite la division, pensée cette fois de 2 façons; en autonomie sur le champ de bataille (groupement de forces de même type) et en autonomie à l'échelle du théâtre (groupement composite pouvant se mouvoir de façon autonome). Napoléon l'aggrandira pour en faire le corps, ramenant la division proprement dite à un groupement d'unités spécialitées. Mais ent emps de paix, beaucoup de ces organismes subsistent et sédimentent l'organisation et la hiérarchie. La Première GM voit un retour aux réalités, mais douloureux et qui prend du temps: la brigade s'efface vite, la division change radicalement, le régiment n'est plus qu'administratif, le corps s'affirme, l'armée s'efface, le groupe d'armée se développe.... Et peu d'armées dans l'Histoire ont essayé de penser à l'avance quels échelons de référence et quelles structures étaient celles qui devaient être privilégiées et autour desquelles tout devait tourner, en temps de paix comme en temps de guerre. Les Allemands ont travaillé une bonne organisation tactique de la division avant 1939, avec le kampfgruppe. Mais ce sont les soviétiques qui ont pensé la bonne grande unité pour concrétiser leur vision de l'art opérationnel. Lien vers le commentaire Partager sur d’autres sites More sharing options...
Chronos Posté(e) le 14 octobre 2010 Share Posté(e) le 14 octobre 2010 Euh ça n'a pas déjà été développé dans les sujets précédents avec les GTIA et S-GTIA ? L'idée serait alors de les rendre permanent pour favoriser la vie et l'opération en commun ? Ou alors préserver la gestion administrative et multiplier les exercices à grande échelle (histoire de driller non pas à exécuter toujours la même opération mais plutôt forcer l'adaptation). Vu la variété de situations possibles pour de telles armées, la logique, industrielle, devrait porter sur l"adaptation à la marge des matériels (autant que possible) ce qui implique des familles d'infrastructures (comme un châssis) au service de superstructures remplaçables. La logique de plateforme serait alors au service du terrain et non l'inverse (irréalisable à moins de bâtir des collines comme Alexandre). Vu la nécessité de pouvoir bouger vite dans tous les types du conflit, notamment en raison des effectifs faibles induits par des forces professionnelles, l'on pourrait peut-être fixer la barre à un effectif de 1500-2500 hommes en tant qu'unité de base. L'on trouverait plusieurs compagnies éclatées et progressant indépendamment, disposant d'appuis leur étant rattachés (mortiers, éventuellement MBT ou chars plus légers mais avec suffisamment de puissance de feu, bref peu de blindage mais une forte mobilité alliée à un feu important) et au "centre" une forme de "comitatus intra-unité" bien plus mobile, disposant lui des appuis lourds (Pzh 2000, Caesar) et d'une plus forte puissance de feu direct. Cette unité de base serait en mesure de recevoir d'autres effectifs détachés sous son commandement en complément (hélicos, aviation). Le fait que les ordres viennent de la terre (façon de parler) permettrait aussi de dégager la vision purement aérienne et légèrement "sur carte" des opérations. Je sais pas si je suis dans le sujet. Si non, excusez-moi. Lien vers le commentaire Partager sur d’autres sites More sharing options...
Tancrède Posté(e) le 14 octobre 2010 Auteur Share Posté(e) le 14 octobre 2010 Euh ça n'a pas déjà été développé dans les sujets précédents avec les GTIA et S-GTIA ? En fait, c'est un sujet en partie commun sur les 3 (tournant autour de l'élément humain et la "GRH" des armées en tant que systèmes complexes), mais vu selon des angles d'approches différents: le premier, c'était selon l'angle du fonctionnement des systèmes hiérarchiques, de la répartition des tâches, des travails, des carrières, des rangs.... Le 2ème, c'est selon la qualité humaine à tous les échelons, le recrutement, les choix.... Et celui là c'est sous l'angle de la structure organisée des unités et l'efficacité proprement militaire qu'elle donne. Difficile de bien répartir nettement un sujet comme ça, mais tout regarder de façon indifférenciée fait une salade imbittable: la répartition en approches n'est pas nette et parfaite, mais c'est mieux que rien ;). L'idée serait alors de les rendre permanent pour favoriser la vie et l'opération en commun ? Y'a toujours un arbitrage à rendre entre l'optimisation des formations pour l'entraînement et celle pour la guerre. Chaque type de troupes dans une grande unité complexe doit à la fois s'entraîner à sa spécialité propre, et s'entraîner au combat articulé et composite en grande unité; et les 2 le plus possible. La 3ème logique est celle de la gestion, qui cherchera à toujours concentrer les unités par type de troupes pour la rationalité économique. Comme toute une armée ne peut être rassemblée en un endroit sur une grande base unique avec en plus assez de place pour les exercices de tous types, il faut arbitrer. Lien vers le commentaire Partager sur d’autres sites More sharing options...
Chronos Posté(e) le 14 octobre 2010 Share Posté(e) le 14 octobre 2010 Y'a toujours un arbitrage à rendre entre l'optimisation des formations pour l'entraînement et celle pour la guerre. Chaque type de troupes dans une grande unité complexe doit à la fois s'entraîner à sa spécialité propre, et s'entraîner au combat articulé et composite en grande unité; et les 2 le plus possible. La 3ème logique est celle de la gestion, qui cherchera à toujours concentrer les unités par type de troupes pour la rationalité économique. Comme toute une armée ne peut être rassemblée en un endroit sur une grande base unique avec en plus assez de place pour les exercices de tous types, il faut arbitrer. On bascule davantage sur l'exercice. Donc on aurait deux types d'exercices : les "individuels" pour le drill spécialisé et les collectifs (en unités/ GTIA constitués), à faire fréquemment, du genre au moins deux fois par an. Pour la structure de l'"unité tactique" qu'aurait-on ? Dans quelle mesure devrait-on systématiquement intégrer des éléments civils (réservistes) dans les unités déployées sur le terrain ? Je veux parler de traducteurs déjà habitués aux procédures ou du moins les connaissant (dans le cas du COIN), de sociologues (comprendre la hiérarchie réelle et non qu'institutionnelle - à comprendre également pour l'officier subalterne- entre acteurs locaux), économistes (chargés entre autre de l'aide au développement minimale pour s'attirer les bonnes grâces), juristes (a toutes fins utiles) etc etc ? Lien vers le commentaire Partager sur d’autres sites More sharing options...
cvs Posté(e) le 14 octobre 2010 Share Posté(e) le 14 octobre 2010 Je vais paraître neuneu mais c'est quoi exactement un système tactique ? J'ai pas trop compris. :-[ Lien vers le commentaire Partager sur d’autres sites More sharing options...
Tancrède Posté(e) le 14 octobre 2010 Auteur Share Posté(e) le 14 octobre 2010 Grosso modo les unités de combat interarme ou spécialisée, et le sujet est précisément sur celle(s) à partir de laquelle une armée est pensée, sur laquelle l'effort le plus important est à faire. Chaque époque en a eu une ou plusieurs. C'est à opposer à la tendance actuelle qui réfléchit plus selon chaque système d'arme pris indépendemment et dont il faut maximiser la performance en fonction juste de lui-même et par rapport à ses concurrents (le char, le VCI, le canon, le missile AC longue portée, le fantassin du futur, le fusil d'assaut....) au lieu de penser que la majeure partie du résultat s'obtient par la logique interarme, la façon dont coopèrent et interagissent ces systèmes d'armes entre eux pour des effets combinés, d'où l'importance de déterminer quelle est l'organisation tactique la plus utilisée sur le terrain. Dans le premier cas (logique de plate-forme), c'est la vision de l'ingénieur qui prime tout; dans le second cas, c'est le tacticien qui impose ses vues (généralement considéré comme plus sain pour parler de guerre :lol:). L'un des problèmes flagrants de la logique de l'ingénieur (ou plutôt du fabricant, celui qui se fait des pépètes) est la course aux armements matériel par matériel, l'augmentation de chaque capacité particulière dans chaque matos coûtant une fortune et des délais de fabrication trop longs pour un besoin qui n'a pas une chance sur 1000 d'arriver. Le point de parler de "système tactique" est pour montrer que la réalité de l'efficacité militaire s'obtient par la combinaison des effets des unités et non par les matos regardés comme tels, et que le vrai "système d'arme", ça reste encore l'unité militaire. A quantité d'entraînement égal, entre un groupement blindé avec des matos moyens (mais homogènes et pensés pour être et fonctionner ensemble) et pensé et organisé pour fonctionner selon ces paramètres, et celui fait de tous les matos super pointus pensés chacun dans leur catégorie et chaque unité s'entraînant au max dans sa spécialité selon les modes d'organisation actuels.... De quel côté vaut-il mieux être? Ou est la performance marginale et où est la performance absolue? Et, en parallèle avec cette unité tactique essentielle, il faut aussi la coupler avec une grande unité (brigade/division/corps....); par exemple, au niveau terrain, la division pendant la seconde guerre mondiale était devenue juste un réservoir et un QG intermédiaire pour former des Kampfgruppe/battlegroup blindé. Eux étaient les unités vraiment "maniées" par un officier supérieur, tandis que le mouvement à plus grande échelle était décidé par le corps d'armée ou l'armée (en fait celui qui décidait le mouvement général dans un certain secteur, et disposait de réserves pour appuyer tel ou tel mouvement). Le chef de division devenait plus un intermédiaire qu'un décideur. Ce sont ces groupes là, les "systèmes" tactiques, les "effecteurs", pas les véhicules ou les types d'armement. Le vrai "système d'arme", c'est l'unité militaire qui combat de façon coordonnée en coopération étroite sous les ordres réellement directs d'un chef. Dans quelle mesure devrait-on systématiquement intégrer des éléments civils (réservistes) dans les unités déployées sur le terrain ? Je veux parler de traducteurs déjà habitués aux procédures ou du moins les connaissant (dans le cas du COIN), de sociologues (comprendre la hiérarchie réelle et non qu'institutionnelle - à comprendre également pour l'officier subalterne- entre acteurs locaux), économistes (chargés entre autre de l'aide au développement minimale pour s'attirer les bonnes grâces), juristes (a toutes fins utiles) etc etc ? Pour ces aspects particuliers, il vaudrait mieux créer des unités spécialisées: civilo-militaires et/ou psy-ops (elles sont aussi offensives que potentiellement "nation building). A moins évidemment que tu puisses trouver suffisamment de traducteurs pour en avoir un contingent raisonnable dans chaque grande unité de combat. Ce qui est sans doute un peu optimiste. Quand c'est la rareté qui règne, t'es obligé de concentrer les savoirs-faires pour qu'ils se préparent au mieux et puissent être alloués comme "ressource rare" selon l'arbitrage le plus pertinent. On bascule davantage sur l'exercice. Donc on aurait deux types d'exercices : les "individuels" pour le drill spécialisé et les collectifs (en unités/ GTIA constitués), à faire fréquemment, du genre au moins deux fois par an. Ben c'est un peu le truc: s'il faut partir du principe que l'unité essentielle de l'avenir, celle dont on compte le nombre pour évaluer la force d'une armée, est le GTIA (c'est-à-dire le Kampfgruppe/battlegroup en plus autonome), il faut s'organiser en fonction de ça: - des GTIA fixes doivent être définis avec toujours les mêmes unités/sous unités qui les servent, et un mini-EM permanent et entièrement expéditionnaire - comme c'est peu économique il faut que plusieurs GTIA cohabitent dans un même endroit et partagent leurs structures d'entraînement; le bon échelon est à trouver, mais grosso modo, les actuelles brigades interarmes représentent environs 4 GTIA théoriques. Plus serait mieux, mais pour calculer à partir de ça, ça veut dire en fait qu'elles peuvent ainsi se rassembler en un nombre donné d'armes et spécialités ayant chacune un régiment administratif s'occupant de l'entraînement spécialisé/d'arme. Plus besoin de bataillons/régiments d'une même arme en plusieurs exemplaires dans une même brigade si l'usage opérationnel ne correspond en rien à ça. Chaque unité de combat individsible (compagnie d'infanterie, peloton de chars, batterie, section du génie) n'aurait ainsi qu'un régiment d'attache et un GTIA et point barre. Pour l'infanterie, plus nombreuse, l'échelon du bataillon peut rester pertinent: les 2-3 compagnies renforcées (appuis, reco....) qui sont assignées à un GTIA peuvent être un bataillon, vu qu'elles coopèrent ensemble en permanence. Ce ne sont que des exemples, les GTIA eux-mêmes devant se répartir en quelques grandes spécialités (blindés lourds/mécanisés, motorisés, aéroportés, amphibie, montagne....). - tant qu'à faire, faudrait trouver un nom à cette unité qui ne serait plus un groupementoccasionnel. Même son vrai nom, à savoir "bataillon interarme" n'est pas vraiment un nom. Donc il faut lui en assigner un. Pourquoi pas reprendre réellement le nom de brigade, apr exemple, pour cet échelon? le "brigadier", avant de disparaître de la hiérarchie (c'était celui qui n'a qu'une étoile), n'était pas réellement un général et n'était plus exactement un colonel subordonné au sein d'un régiment. Les actuelles "brigades interarmes redeviendraient des divisions, et ne seraient que des réservoirs, des unités administratives et des centres d'entraînement rationalisant et gérant l'activité métopolitaine de plusieurs GTIA, ce qui est d'ailleurs un peu le cas aujourd'hui. - en faire l'unité de référence veut dire aussi que la hiérarchie en découle: un chef de GTIA doit être un rang spécifique: décide par exemple que le colonel, ou le lieutenant-colonel est le pacha essentiel de ce truc. Ca veut dire qu'il y a un nombre donné de ces grades, en fonction de ce dimensionnement. Pareil pour les rangs supérieurs qui correspondent aux rassemblements. Ca change beaucoup la nature des grades, des profils, des carrières.... Et fore à revoir l'organisation militaire et la vision de la hiérarchie. Ca veut dire, entre autres, que le colonel doit être un décideur indépendant, apte à gérer les aspects stratégiques et politiques, les relations avec des autorités étrangères (si un déploiement se fait à l'échelon GTIA, c'est bien de ça qu'il s'agit, parce que sur un théâtre, son seul supérieur national, c'est celui qui commande le dispositif interarmée).... Et ses subordonnés, c'est qui? le capitaine doit-il encore être un officier, ou pas plutôt issu du rang (toute la hiérarchie des bas officier devenant en fait la continuité du parcours de sous-off et non le débyut du parcours d'officiers)? Vu qu'un GTIA est le machin autonome de base, ceux qui commandent ses sous-unités doivent être capables d'autonomie, de sang-froid, d'autorité et d'expérience, soit pas vraiment le profil du jeune lieutenant/capitaine frais émoulu de St Cyr ou avec juste 2/3 OPEX dans les pattes. - au-dessus, pour les grandes unités, il faut aussi déterminer quelle grande unité est pertinente aujourd'hui. Une certaine souplesse existe; elle est procurée par le panel plus ou moins grand de forces qu'un EM projetable (EMF) peut gérer. L'EMF peut donc être en lui-même cette unité, gérant de 2 à X GTIA. Pareil, faut lui trouver un nom un peu plus "fixe" :lol: et lui donner une permanence, mais aussi peut-être une spécialité dans certains cas (l'amphibie, la montagne, laéroporté, l'éventuelle guerre blindée, ont leurs exigences). Et en définitive, c'est sous leur autorité que sont placées les moyens d'appui supplémentaires nécessaires aux GTIA pour taper plus fort (MLRS, missiles....), voire plus loin (FS, unités de reco plus poussées/spécialisées/rares), bouger mieux (unités plos lourdes et spécialisées du Génie) et durer plus longtemps (moyens spécifiques ou additionnels de la log, du CAT, du Mat). A partir de ça, tu peux "compter" réellement ton armée et évaluer sa puissance, mais tu l'auras aussi, par rapport au reste, redéfinie en profondeur pour ce qui concerne l'organisation humaine. Si ce n'est fait qu'à moitié, ce seront de petits St Cyriens tous frais qui gèreront les unités essentielles (sections interarmes) correspondant à une autonomie plus grande que dans les ordres de bataille des décennies passés. pas vraiment l'idéal pour optimiser l'efficacité. Lien vers le commentaire Partager sur d’autres sites More sharing options...
Tancrède Posté(e) le 14 octobre 2010 Auteur Share Posté(e) le 14 octobre 2010 Double post volontaire pour mettre à part cette idée des GTIA. Un article de Benoît Bihan, dans DSI, évoquait cette revue nécessaire de l'organisation tactique pensée selon l'efficacité des unités et sous-unités. Il proposait une organisation fictive comme base de réflexion (plus facile de penser à partir d'un truc concret, aussi bon ou mauvais soit-il, que d'essayer de sortir direct la solution parfaite à partir de réflexions plus ou moins fumeuses), définissant ainsi des échelons de référence autour du GTIA qui semble l'idée qui s'impose lentement. le point est que l'histoire militaire montre grosso modo un mouvement général (avec souvent des retours en arrière en période de paix, qui rendent les premières phases de guerre très sanglantes et dures pour ceux qui l'ont le plus fait, voire parfois décisives) vers l'autonomisation croissante des niveaux opérationnels les plus bas (à l'arrivée, dans le futur, le fantassin tout seul sera t-il un système complet :lol:?), mais aussi à leur interarmisation croissante. En période de paix, c'est le mouvement inverse qui s'opère souvent, parce que les logiques en vigueur ne poussent pas à l'organisation en vue du combat, mais en vue de la réduction des coûts fréquemment habillée par des prétentions de "rationalisation". Par ailleurs, les progrès techniques (détection/portée de vue, communications, rapidité de déplacement et portées de tir pour un volume moyen donné), la taille et la variété des théâtres d'opération (cloisonnés ou vide, montagneux....) impliquent que l'autonomisation (en terme de décision comme en terme de moyens interarmes pour affronter une situation sans apport extérieur) doit être la plus grande possible au plus petit niveau possible. Parallèlement, la concentration des forces (principe éternel), qui doit rester une priorité, est aussi en contradiction avec ces données, sauf si le dit groupement s'adapte intelligemment. La concentration n'est nécessaire qu'à un moment précis et en un endroit précis, pour obtenir un effet précis; la dispersion des petits détachements autonome peut donc rester la norme, pour peu que le commandement puisse anticiper les besoins éventuels de concentration, les plannifie et les optimise au mieux. Ainsi, il définit, comme forces autonomes essentielles organiquement interarme en vue du combat tactique concret:- le GTIA, évalué entre 200 et 2500h- lui-même divisé en 4 ou 5 sous-groupements (dont une réserve): remplaçant le bataillon dans ses tâches, il lui attribue un volume de 300h maximum, et disposant de plusieurs fonctions opérationnelles- eux-mêmes divisés en 4 ou 5 détachements: environs de la taille d'une section renforcée (50-60h), mais autonomes et avec une "spécialité" dominante: contact/mêlée, reco/rens.... Cet échelon aurait la charge de ce qui échoit aujourd'hui à une compagnie Lien vers le commentaire Partager sur d’autres sites More sharing options...
Tancrède Posté(e) le 16 octobre 2010 Auteur Share Posté(e) le 16 octobre 2010 Un autre exemple historique d'évolution des structures avec l'armée romaine impériale et sa lente évolution entre le principiat (des débuts d'Auguste aux Antonins) et la réforme qui se fit pendant et après la grande crise pour arriver au modèle faussement dit d'armée duale. Le format sous Auguste est encore celui des Légions, coeur des savoirs-faires et de la puissance en bataille rangée. La Légion type du Haut Empire compte un peu moins de 6000h:- 9 cohortes de 3 manipules (1 manipule = 2 centuries de 80 combattants), soient 9x480 = 4320h- 1 cohorte (la 1ère) de 5 centuries doubles (vétérans), soient 5x160 = 800h- 1 groupe de cavalerie légionnaire de 120h, répartie en appui des cohortes- un nombre donné de légionnaires spécialisés dans un domaine d'expertise précieux: ingénieurs, musiciens/signaux, artisans, éclaireurs/commandos, pisteurs, frumentaires....- un nombre variable d'hommes d'intendance/soutien: en théorie, il y en a 1 pour 4 combattants, la plupart rattachés aux centuries (1 centurie = 80 combattants + 20h)Mais une garnison de légion compte en fait plus du double de cet effectif, car chaque légion est secondée par les unités d'auxiliaires qui, sous l'Empire, ont cessé d'être des mercenaires et/ou alliés d'une campagne, pour devenir des unités régulières qui vont acquérir un grand prestige au point d'être ouvertes aux citoyens. Ainsi, une garnison d'une légion représente en fait une armée de 15 000h environs. Avec la sédimentation des frontières romaines, elles s'implantent durablement, et quand un déploiement important doit être fait (guerre, expédition, défense en urgence....), l'habitude est prise de ne prélever que des unités de marche (pour éviter de vider la frontière aussi), soit des morceaux de légions et d'auxiliats, quitte à former des légions de marche sur place, voire, avec ces "morceaux" d'unités, lever une nouvelle légion complète à partir d'un corps expérimenté qui sera laissé sur la nouvelle frontière le cas échéant (pas toujours renvoyés dans leurs pénates). Sur le fond, les légions sont devenues le plus souvent des unités réservoirs dans lesquelles les empereurs puisent des task forces dont il existe plusieurs formules, inspirées des formations auxiliaires: des cohortes d'infanterie de 480 ou 800h, des ailes de cavalerie de 500 à 750h, et plus encore des contigents mixtes de 600 à 1100h. Seulement, le remplacement ne se fait pas toujours: au gré des besoins et des capacités de financement, certaines unités vidées restent amputées durablement, voire s'étiolent sous l'attrition permanente et insidieuse des guérillas sur le limès. Le système tient cependant pour l'essentiel jusqu'à la grande crise du IIIème siècle, malgré quelques passages difficiles (notamment les guerres du règne de Marc Aurèle, qui menacent jusqu'au centre de l'Italie). La crise économique et monétaire ajoutée aux invasions barbares fait constater que le dispositif a été pompé jusqu'à la trame et tient avec des bouts de ficelles à certains endroits. L'effectif légionnaire est particuièrement touché et inégal. Et la crise ne va faire que renforcer les habitudes, mais cette fois aussi parce que les besoins le demandent: les empereurs ont besoin de bouger plus vite que les légions ne le peuvent, et il leur faut plus de cavalerie, des unités plus souples.... La logique de la task force "à la carte", lentement devenue l'habitude pour composer une force de guerre à partir des effectifs fixe, cette logique devient la nouvelle base de réflexion pour la formation d'unités organiques. L'armée du Bas Empire est issue de cette adaptation au fait d'avoir les unités avec lesquelles Roma combattait, et non de perpétuer le modèle de la Légion dont personne ne se servait plus au combat. Lien vers le commentaire Partager sur d’autres sites More sharing options...
Tancrède Posté(e) le 19 octobre 2010 Auteur Share Posté(e) le 19 octobre 2010 Dernière tentative avant de laisser tomber:la Norvège actuellement a commencé à adopter la structuration autour de battlegroups interarmes permanents, plutôt que de perpétuer le modèle des unités regoupées par armes. Résultat de compression budgétaires/d'effectifs sans doute, mais les forces norvégiennes sont sans doute les mieux financées d'Europe par tête d'unité et tête de soldat, et comme toute structure réduite mais confrontée à un besoin urgent et à une volonté réelle, elles se sont adaptées plus vite qu'ailleurs, même plus vite que les forces hollandaises, connues pour leur aptitude à faire au mieux avec peu. Ainsi, leur seule grande unité de manoeuvre professionnelle, la Brigade Nord, est organisée autour de cette force de combat organique de 3 bataillons interarmes permanents. La seule autre unité de mêlée permanente, le régiment de la Garde, est elle encore un bataillon d'infanterie légère professionnelle. Même s'ils ont encore l'appellation de leur arme d'origine, ces 3 bataillons interarmes sont de fait des formations standardisées et fonctionnant ensemble pour l'entraînement comme pour le déploiement et la vie de garnison: - le Panserbataljonen- le Telemark bataljon- le 2. Bataljon Ils s'articulent autour de:- 1 escadron de "cavalerie" qui est une unité de reconnaissance composite incluant des forces antichar/reco sous blindage (CV-90), des unités d'observation d'artillerie, des snipers et de l'infanterie légère- 1 escadron de chars lourds- 2 escadrons "d'assaut", infanterie mécanisée sur CV-90- 1 escadron de soutien et appui complet dimensionné pour le bataillon: logistique, matériel, medevac, mortiers lourds, ainsi que le soutien et la protection de la base de commandement et logistique du battlegroup- 1 batterie d'artillerie de 155Nul doute que ces unités intégrées en permanence développent et développeront de nouvelles logiques d'organisation, de hiérarchie, d'esprit de corps.... De fait, un commandement d'une telle unité n'est pas du tout la même chose que dans des unités fonctionnant sur le mode réservoir-task force. Lien vers le commentaire Partager sur d’autres sites More sharing options...
Chronos Posté(e) le 19 octobre 2010 Share Posté(e) le 19 octobre 2010 Dernière tentative avant de laisser tomber: Disons que le sujet est intéressant mais nous en sommes à peu près arrivés au point où nous devrions imaginer une réorganisation complète de l'ordre de bataille, le statut des officiers et des sous officiers, le recrutement/entrainement du soldat... Bref on en est à réécrire le manuel et tout le monde n'a pas forcément le temps ou encore la documentation (encyclopédique) pour le faire. À noter que l'armée norvégienne n'a à ma connaissance pas de véritable vocation expéditionnaire et n'a donc pas à assumer les couts d'autres puissances dont le fondamental est la capacité de projection-déjà une qualité en soit- plus que la qualité/interopérabilité de la troupe projetée, je sais c'est mal mais avoir les deux est particulièrement difficile et correspond davantage à une réalité à un instant T que la norme (si l'on prend l'exemple de l'armée romaine, combien de fois a-t-elle été réellement capable, à son échelle politique et militaire, de projeter sa qualité/interopérabilité de la même façon que nous serions contraints de le faire sans crever le budget* ?) L'armée danoise ne serait-elle pas un exemple à prendre (sans préjudice des masses par rapport à d'autres armées) ? Notamment avec l'intégration plus poussée des réservistes dans l'ordre de bataille ? Mais là encore l'armée danoise, du moins dans sa dimension projetable, n'a pas pour ambition d'agir seule et donc n'assumera pas les vrais coûts de ses déploiements. * Les grandes guerres de Trajan représentaient un pont d'or (comparable à celui du Danube d'ailleurs :lol:), que cela soit en Dacie ou la catastrophe d'Orient. Qu'à couté la campagne de Justinien au trésor impérial ? L'effort aurait-il réellement pu être maintenu ? Lien vers le commentaire Partager sur d’autres sites More sharing options...
Tancrède Posté(e) le 19 octobre 2010 Auteur Share Posté(e) le 19 octobre 2010 Qu'à couté la campagne de Justinien au trésor impérial ? Laquelle? il en a fait beaucoup :lol:.... Celle d'Afrique, la plus chère? Il faut noter que sous Justinien, les finances publiques ne se sont jamais aussi bien portées. Le principe du sujet est quand même juste de se limiter au système tactique terrestre, donc les unités organiques interarmes élémentaires et la grande unité principale à laquelle elle peut être intégrée, pas de réinventer tout le dispositif interarmée d'une puissance expéditionnaire ou ajuster la chose au format d'armée à définir selon des finances données. L'exemple norvégien, justement, était là pour donner le principe de la chose, détachée du reste, soit en fonction de quel "pion" (vu du niveau stratégique) pertinent de base une armée moderne devrait être repensée. C'est plus limité que définir à quoi va ou devrait ressembler l'armée française du simple soldat jusqu'à l'orbat interarmée dans toutes les dimensions. Lien vers le commentaire Partager sur d’autres sites More sharing options...
Akhilleus Posté(e) le 19 octobre 2010 Share Posté(e) le 19 octobre 2010 L'exemple norvégien, justement, était là pour donner le principe de la chose, détachée du reste, soit en fonction de quel "pion" (vu du niveau stratégique) pertinent de base une armée moderne devrait être repensée. C'est plus limité que définir à quoi va ou devrait ressembler l'armée française du simple soldat jusqu'à l'orbat interarmée dans toutes les dimensions. on peut admettre que l'exemple norvégien est intressant s'il est mené à terme l'intégration totale d'une brigade de combat (avec ses supports) afinde créer une unité homogène avec esprit de corps et passer outre les querelles de chapelle tringlots:bifins:cavalos et crottes de Transall c'est effectivement tentant cela dis la Norvège n'a pas tant d'unités à intégrer que cela ce qui doit faciliter la chose de plus il faut m'expliquer dans ce cadre comment fonctionnent les services censés être inter-armes tout en restant indépendants (pour des raisons bassements fonctionnelles) je parle ici de tout l'aspect logistique lourd (ravito carburant, transport lourd de blindés ou d'equipement, decontamination NBC) je veux bien qu'une intégration soit souhaitable mais passé une certaine echelle ne risque-t-on pas de perdre des savoir faire qui nécessitent une sur-spécialisation (je pense notamment au NBC qui a l'echelle tactique peut et doit etre appliqué par n'importe quel biffin sur lui même et son equipement mais qui necessite un savoir faire complexe si on veut depasser le stade du pioupiou ou du VAB......) Lien vers le commentaire Partager sur d’autres sites More sharing options...
Tancrède Posté(e) le 19 octobre 2010 Auteur Share Posté(e) le 19 octobre 2010 Le point de l'exemple norvégien est justement de montrer que c'est AU SEIN de leur brigade Nord que les unités organiques sont faites: - les battlegroups interarmes sont les unités organiques permanentes et intégrées où se fait l'entraînement permanent, apparemment interarme dans sa dominante- l'entraînement de spécialité est géré par les "directions" permanentes administratives de la brigade, rassemblées en régiments/bataillons de formation- la brigade est aussi leur seule grande unité projetable, donc elle a aussi un EM projetable qui organise des manoeuvres avec les 3 battlegroups et les éléments de soutien et appui supplémentairesGéographiquement, pour la garnison et la vie de tous les jours, ce sont les battlegroups la permanence et la référence: ce sont eux les unités intégrées qui sont sur la même base. Il y a inversion de la logique: l'entraînement de base et les formations de spécialités se font au sein des bataillons spécialisés de la brigade, réserves des savoirs-faires, mais en dehors de ça, chaque formation entretient son propre savoir-faire chez elle mais s'entraîne et manoeuvre au quotidien en interarme surtout. Il n'y a plus de bataillons d'infanterie ou de chars, plus de régiment d'artillerie.... Organiques. Ils ne sont là que pour la formation initiale et les formations de spécialités avancées. A côté de ça, la brigade Nord étant aussi une grande unité opérationnelle, elle dispose de moyens propres à son échelon, notamment les super spécialités comme le NBC, une compagnie de pathfinders....Mais ce serait difficile, voire impossible, de créer une telle dynamique et un tel esprit de corps à l'échelon brigade, à moins d'avoir autre chose, comme l'homogénéité d'une identité comme celle des Chassurs alpins, de la légion, des marines....Les Norvégiens n'ont qu'une seule formation "traditionnelle", soit un bataillon d'infanterie légère normale qui fonctionne encore à cette échelle, c'est leur bataillon de Gardes. Evidemment, la Norvège n'a qu'une brigade pro et déployable, le reste de leur armée étant une formation de home defense. Mais ce qui est fait et géré à cette échelle peut être fait à l'échelon de chaque brigade en France ou en Angleterre. Sans connaître la façon dont ils gèrent leurs parcs matos lourds, la PEGP montre qu'une telle unité n'aurait pas nécessairement besoin d'avoir une base Mat complète dans chaque brigade, juste de quoi entretenir et opérer un parc d'entraînement quotidien suffisant. Vu que aujourd'hui, la règle est le combat interarme à petits échelons et non la concentration permanente en grandes formations, le "fight as you train, train as you fight" recommande plutôt cette interarmisation permanente à l'échelon le plus bas possible. Ca n'empêche en rien de maintenir une aptitude aux manoeuvres à plus grande échelle plusieurs fois par an, le but étant plus d'avoir beaucoup d'unités autonomes capables d'opérer des concentrations ponctuelles et rapides optimisées par les progrès du C4ISR que d'avoir des grandes formations entraînées avant tout à opérer comme telles et ne déployant que des détachements réduits. En OPEX de maintien de la paix, ça peut passer, mais y'a un échelon de référence auquel le chef tactique doit réfléchir en permanence, et celui actuellement n'est pas adapté. Lien vers le commentaire Partager sur d’autres sites More sharing options...
Fusilier Posté(e) le 19 octobre 2010 Share Posté(e) le 19 octobre 2010 Tu remarqueras Tancrede, que la « philosophie » des diverses unités amphibies de par le monde, relève peu ou prou de l’unité interarmes permanente. Lien vers le commentaire Partager sur d’autres sites More sharing options...
Tancrède Posté(e) le 19 octobre 2010 Auteur Share Posté(e) le 19 octobre 2010 Plutôt peu que prou: elles sont encore alignées, casernées, entraînées et agglomérées en tant qu'unités de spécialité/arme. Même tes Royal Marines chéris ;) sont encore groupés ainsi, en grands bataillons, même si leur niveau plus élevé de battle readiness implique sûrement un entraînement interarme plus poussé et un regroupement sur moins de bases qu'une unité équivalente de l'armée. Le fait est que, surtout avec une unité interarme intégrée, et encore plus à cet échelon réduit, les logiques changent radicalement. L'unité vit en spécialités/armes seulement à l'échelon compagnie/escadrons, et travaille la majorité du temps en sous-groupements (gabarit compagnie renforcée) interarmes complets, le tout constituant un petit univers de 1200h à tout péter dans le cas norvégien. En termes de hiérarchies et cursus (pour le coup réellement interarme), de relations de travail, d'équipes permanentes, de circuits et réflexes de décision.... Ca n'est en rien une chose neutre. Il n'y a pas d'unités permanentes dans une arme qui soit plus grande que la compagnie. Lien vers le commentaire Partager sur d’autres sites More sharing options...
Serge Posté(e) le 23 octobre 2010 Share Posté(e) le 23 octobre 2010 Comme déjà évoqué plus haut, un pays comme la France, ne peut pour raison budgétaire agréger en GTIA permanent ses unités rapidement.Cette spécialisation des unités trouve ses origines dans:- la réduction des coûts log (un régiment, un véhicule)- une guerre de chapelle (les tankistes n'aiment pas les biffins.....)- l'obtention d'une taille critique à l'entraînement.Sur ce dernier point, il faut savoir qu'un régiment est à 80% de son effectif au qotidien. Jamais plus. Ainsi, un GTIA organique voulant s'entrainer serait en manque de 20% de son personnel au minimum.Au CENTAC, des sections viennent parfois à 15 hommes et reçoivent les même missions. Ça change des 39 théoriques.La première étape pour un gain d'efficacité serait de fusionner les Ecoles d'Arme infanterie et cavalerie. Les chefs de section et CDU auraient alors la même formation. C'est l'inverse qui fut privilégié en envoyant l'EAI chez les artilleurs. Décision prise par ceux qui parlent d'operationnel! Lien vers le commentaire Partager sur d’autres sites More sharing options...
Tancrède Posté(e) le 23 octobre 2010 Auteur Share Posté(e) le 23 octobre 2010 Sur ce dernier point, il faut savoir qu'un régiment est à 80% de son effectif au qotidien 80% :O? Tu parles des jours de fêtes, là; j'aurais pas dit plus que 70. Comme déjà évoqué plus haut, un pays comme la France, ne peut pour raison budgétaire agréger en GTIA permanent ses unités rapidement.D'où le grand intérêt de faire du GTIA l'unité de référence permanente, comme certains pays l'ont déjà fait. 1 GTIA = 1 caserne. D'ailleurs, l'Army Transformation américaine regardée dans le détail est bourrée de défauts, mais ils ont vu que ça, c'était pas sans intérêt: même sans compter sur le rassemblement plus facile sur leurs grandes bases, les bataillons de manoeuvre de leurs brigades (pas vu pour le reste) sont désormais des unités interarmes permanentes. Par exemple, dans une Heavy BCT, chaque bataillon de manoeuvre est ainsi un regroupement organique de 2 Cies d'infanterie mécha, 2 compagnies de chars et d'1 compagnie blindée du génie. Lien vers le commentaire Partager sur d’autres sites More sharing options...
Akhilleus Posté(e) le 23 octobre 2010 Share Posté(e) le 23 octobre 2010 et on aurait de quoi au niveau logistique (bases et infrastructures suffisemment étendues) pour faire ça en France ??Parceque on a grosso modo 3-4 gros polygones de manoeuvre (Mailly, Suippes et Canjuers) pour permettre l'entrainement d'un GTIA completca fait 3 (et encore je suis pas sur qu'on puisse loger tout le monde, par contre pour manoeuvrer les vehicules ca devrait aller)il en manque entre 3 et 5 (et là les grouper autour d'une BA ne donne pas le champ de manoeuvre AdT idoine) Lien vers le commentaire Partager sur d’autres sites More sharing options...
Tancrède Posté(e) le 23 octobre 2010 Auteur Share Posté(e) le 23 octobre 2010 T'aurais LA méthode recommandée, qui simplifierait la vie de tout le monde sauf des politiciens (y compris des familles de militaires): rassembler les GTIA autour des camps capables d'autoriser l'entraînement. Mais bon, tous les GTIA ne sont pas non plus focalisés sur la manoeuvre blindée ;). L'entraînement principal en unité constituée vient, selon la nomenclature évoquée plus haut, au niveau du (petit) bataillon interarme (sous groupement) et de l'équivalent de la section renforcée (groupement élémentaire). L'entraînement au niveau GTIA peut s'offrir d'être un peu moins fréquent. Mais le problème est le même aujourd'hui, et même pire vu l'éclatement actuel du dispositif. Lien vers le commentaire Partager sur d’autres sites More sharing options...
Serge Posté(e) le 23 octobre 2010 Share Posté(e) le 23 octobre 2010 Ton idée se heurte en France à la carte des implantations militaires qui ne permet pas ce regroupement.La vie autour de camps, les chefs refusent cela. Ils n'aiment pas le modèle américain. Lien vers le commentaire Partager sur d’autres sites More sharing options...
Tancrède Posté(e) le 23 octobre 2010 Auteur Share Posté(e) le 23 octobre 2010 Ouais, ben le propre d'un changement important, c'est faire quelques trucs recommandés par les militaires et beaucoup les emmerder aussi: les routines, mauvaises habitudes (et les habitudes tout court d'ailleurs) ne concernent pas que les officiers généraux et les politiciens. Jamais entendu parler d'un changement significatif qui ne casse pas les pieds à tout le monde; si une réforme un peu sérieuse ne dérange pas, d'ailleurs, c'est qu'elle est pas sérieuse ou qu'il y a quelque chose de vraiment foiré dedans :lol:. Si la carte des implantations militaires est scellée dans le marbre, y'a pas grand avenir pour forger une armée efficace. Et quoiqu'il en soit, y'aura toujours de quoi se plaindre, de ce qui existe maintenant ou de ce qui pourrait exister :P. Lien vers le commentaire Partager sur d’autres sites More sharing options...
Tancrède Posté(e) le 27 octobre 2010 Auteur Share Posté(e) le 27 octobre 2010 La façon de repenser les systèmes tactiques ne doit pas faire abstraction d'une chose fondamentale: l'art militaire est avant tout un savoir APPLIQUE, dont l'usage pratique est censé être immédiat. Il ne doit donc pas commencer à penser qu'un modèle est en soi une solution, tendance très lourde dans l'armée française en particulier, qui accouche à l'occasion de bons concepts sans mettre les moyens derrière, ou plutôt sans permettre aux organisations opérationnelles (nommément les unités de combat) de réunir les conditions pratiques pour faire coller la pratique à la théorie. Ainsi, en allant plus loin que les brigades interarmes façon éparpillement géographique et entraînement occasionnel, les armées qui pensent à trouver l'échelon interarme de l'avenir à tous les niveaux réunissent géographiquement les sous-unités pour en faire de nouvelles, permanentes: l'armée US et l'armée norvégienne, pas dans la même mesure ni à la même échelle, le font. Il faut quand même se rendre compte que:- le gros des effectifs n'est pas militaire très longtemps (7-8 ans en moyenne) et n'est pleinement efficace que pendant une fraction de ce temps- une part significative n'est pas faite des gens les plus capables/adaptables, et une autre part bien significative n'est pas très motivée pour diverses raisons (manques de perspectives imposées par une GRH très "comptable", inadaptée et à courte vue, manque d'activité de certaines unités, surtout avec le poids des OPEX....)- ces limitations ne feront pas un "soldat universel" capable de tout faire dans n'importe quelle configuration: le rêve des grandes unités "plug and play", sortes de legos indifférenciés qui font fantasmer les EM, reste ce qu'il est, à savoir un rêve très éloigné de toute réalité opérationnelle. La "modularité" telle qu'elle est censée être mise en avant par ce modèle n'est pas la bonne forme de modularité. En principe, cette modularité est d'autant plus nécessaires aux armées qui comptent leurs effectifs de combat, comme les armées britannique et française, qui peuvent de moins en moins se permettre des grandes unités trop spécialisées et dédiées à un type de combat unique. Si les modes et milieux d'insertion peuvent imposer le maintien d'unités de combat particulièrement tournées vers la chose (montagne, amphibie, aéro), la majorité des forces devrait se repenser au regard des pistes de réflexion de l'avenir, mais aussi en fonction de réalités bien terre-à-terre, notamment que le militaire moyen n'est pas aussi modulaire que la théorie le veut (ou alors il faut sérieusement revoir le recrutement, la GRH.... Voir topic ad hoc). D'où l'importance de trouver la bonne unité interarme de référence, où la modularité peut être trouvée et entretenue, parce que cet échelon est celui qui peut être réuni sur une seule base, où les personnels vivront et s'entraîneront la majorité de leur temps, pas juste à l'occasion, donc pourront optimiser le nombre de configurations de combat (en sous-groupement et détachements interarmes) qui pourront être réellement utilisées au combat, avec un tempo et une efficacité optimales. Lien vers le commentaire Partager sur d’autres sites More sharing options...
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