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Services secrets, forces spéciales et action clandestine du temps jadis


Tancrède

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Petit décrochage avant de retourner à l'époque des caligae.... Quelqu'un connaît-il la façon dont fonctionnait le renseignement et l'action clandestine sous la IIIème République, par le plus grand des hasards? Le 2ème Bureau a l'air d'un truc assez limité au renseignement militaire d'une part et stratégique -mais juste contre l'Allemagne- d'autre part.

J'ai trouvé deux références sur le sujet mais je ne les ai pas lues :

- Henri Navarre, Le Service de renseignements 1871-1944, Plon, 1978, ISBN 2-259-00416-4 (attention ISBN conflictuel avec un autre livre sur l'art baroque)

- Pascal Krop, Les secrets de l'espionnage français de 1870 à nos jours, JC Lattès, 1993 ISBN 2-7096-1315-8 : pour l'avoir rapidement feuilleté, c'est un gros pavé avec de nombreuses "vignettes" de quelques pages sur un sujet ou une opération. M'a laissé sur ma faim car je cherche toujours à aller en profondeur, et que je suis assez monomaniaque sur la décennie des années 80.

Les deux se trouvent à prix raisonnable sur le web

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J'en remets une couche après Max, moi aussi je suis baba (mais pas cool quand même...)  ;) devant l'érudition encyclopédique du sieur Tancrède. Cela doit représenter des fiches cartonnées couvrant 20 ou 30 ans ça... Hallucinant. Mais faut du temps pour lire tout ça, et j'avoue que je ne l'ai pas toujours. Donc un grand merci à toi, Tancrède, de nous faire partager ces connaissances, dont la profondeur semble sans fin!  =D

Sinon, y aussi nos services spéciaux de l'époque Richelieu, avec le Petit Père Joseph! Quelqu'un peut-il en parler de ce personnage étonnant qui avait couvert l'Europe d'espions?

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J'en remets une couche après Max, moi aussi je suis baba (mais pas cool quand même...)  ;) devant l'érudition encyclopédique du sieur Tancrède. Cela doit représenter des fiches cartonnées couvrant 20 ou 30 ans ça... Hallucinant. Mais faut du temps pour lire tout ça, et j'avoue que je ne l'ai pas toujours. Donc un grand merci à toi, Tancrède, de nous faire partager ces connaissances, dont la profondeur semble sans fin!  =D

...

Ne soit pas aveugle Jojo ! Ne te laisse pas si facilement embobiner !!

En fait, si on réfléchit bien, on en revient à ma théorie du début : Tancrède n’existe pas ! C’est des triplets qui se partagent le même avatar. :O

Et je continuerais à le croire tant qu’on ne m’aura pas apporté la preuve de contraire, nan !

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Des preuves ! Des preuves ! Des preuves ! Des preuves ! Des preuves ! Des preuves ! Des preuves ! :-\

Par contre, tu soufre au minimum de trouble obsessionnel ! Mais ne t’inquiète pas : c’est peu ou prou le cas de presque tout le monde ici. :lol: ;)

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Il est en grande forme, le Shorr kan... :lol:

Mais effectivement, un tel Pic de la Mirandole c'est pô possible de nos jours, c'est pas humain, il est possible "qu'ils" soient plusieurs. Un qui rédige, là c'est le même manifestement, car le style des interventions ne change pas, avec des phrases aux multiples incidentes qui font qu'arrivé à la fin tu ne te souviens plus du début!  :lol: Et puis derrière ce rédacteur, un multitude de petits Chinois zélés qui travaillent la documentation... Mais voilà, ça vient de là son tropisme anti-chinois en économie, y en a partout autour de lui alors il pète les plombs!  :lol:

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avec des phrases aux multiples incidentes qui font qu'arrivé à la fin tu ne te souviens plus du début!

Désolé: je relis jamais rarement sur le moment, étant donné la vitesse de frappe :-[ :-X et le temps à accorder à la chose (faut pas que ça me prenne des heures non plus; 15 minutes le pavé très dense, 20 pour les grands jours, c'est le maximum de chez maximum, mayonnaise en option à (l'éventuelle) relecture quelques jours après.

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Quatre pages en 15 minutes. Ce mec est comme Cush, il est né pour son propre compte  :lol:

Ya un truc qu'on apprend pas à Scipol/ENA/Polytechnique voir les trois en même temps ?

Amha, Tancrède, c'est l'Enarque du Forum, t'y poses une question, quand il a fini de répondre, tu sais plus quelle question tu lui a posé.  :lol:

Bon bon ça va, poussez pas ....

-------------------------------->[]

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Dans ce même topic cher monsieur

Ces pages ont pas été écrites en 15 minutes; les posts-pavés, oui (quand ça sort bien, ça sort bien, et à côté des cadences, pour le taf, c'est de la détente, ça :-[).

Sinon, y aussi nos services spéciaux de l'époque Richelieu, avec le Petit Père Joseph! Quelqu'un peut-il en parler de ce personnage étonnant qui avait couvert l'Europe d'espions

En fait, le Père Joseph a surtout profité de plusieurs facteurs liés à son ordre des Capucins. Ordre itinérant et éminemment politique, il est à ce moment en Europe à la fois terriblement actif politiquement comme agent de la Contre-Réforme, les Jésuites connaissant des problèmes dans de nombreux pays pour leur trop grande implication dans les guerres de religion, leur passif politique et les ardoises problématiques que cette implication leur a causé. Ils sont en outre plus versés désormais dans leur oeuvre missionnaire hors d'Europe et leur mission éducative, même s'ils restent un puissant réseau. Les Capucins ont eux le vent en poupe, plus "profil bas", sans grand passif derrière eux, ils reçoivent beaucoup de donations et ont la faveur des aristocraties, sont respectés pour leur zèle missionnaire toutefois non extrêmiste radical (pour l'époque) et argumentatif, sont acceptés pour discourir en terre protestante, et sont surtout extrêmement actifs dans la Contre-Réforme qui bat alors son plein.

Et surtout, en tant que branche des Franciscains, ils viennent en fait de prendre leur indépendance et ont reçu, au moment de la naissance du Père Joseph, le droit de s'étendre et s'implanter hors d'Italie. Le moment où le Père Joseph entre en scène dans l'ordre au niveau politique, est celui où cette organisation fraîchement implantée et ayant le crédit des ordres qui n'ont pas baigné dans la politique (bref, ils ont pas les "dossiers" que les Jésuites ont constitué sur tout le monde), est constituée de visages nouveaux et d'esprits militants. Ils gagnent les faveurs de Marie de Médicis et surtout par là celles de Richelieu qui saura voir et utiliser le zèle religieux du Père Joseph et l'aider à développer un réseau de correspondant capucin déjà très conséquent.

Et tout est là pour le personnage: il a su convertir ce réseau tout nouveau en instrument de conquête avec un seul but, et s'entendre suffisamment avec Richelieu pour que ce réseau serve une France qui pourtant s'opposait au camp catholique avant et pendant la Guerre de Trente Ans.... Comment Richelieu l'a convaincu, ça c'est sujet à toutes les conjectures. Si le réalisme politique du personnage était certain, son zèle ne l'était pas moins.

Mais comme souvent à cette époque, l'espionnage est affaire de qui a le réseau le plus maousse, avec surtout des agents pouvant entrer dans les lieux de pouvoirs. Les réseaux des Grands du royaume sont très importants en France et variables à l'étranger. Les réseaux du royaume varient selon les moments, l'Etat étant encore peu structuré et dépendant de ceux qui le dirigent. Mais les réseaux religieux sont les grandes structures internationales, avec sans doute ceux des compagnies financières/commerciales qui ont cependant pas mal perdu par rapport au Moyen Age et l'époque de la Ligue Hanséatique, des banques/compagnies lombardes et des associations de "métiers" (les "chambres de commerce et d'industrie" de grandes cités, unissant les financiers et grands métiers de production, textile en tête, la grande machine à cash du Moyen Age et de la Renaissance: la "Arte di Calimala" de Florence était de loin la plus puissante, une vraie maffia et le principal soutien financier des Guelfes contre les Guibelins pro impériaux).

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  • 2 months later...

Petit remontage pour parler des "unités spéciales" et du "service action" de l'époque classique (XVIème-XVIIIème), surtout en France en fait. Il n'y alors pas d'unités dédiées à cet usage qui, sous une forme ou sous une autre, a néanmoins toujours constitué une nécessité constante pour les Etats. Comme toujours aussi, le facteur premier de choix de personnels pour des missions de ce type repose avant tout sur la confiance en la loyauté, la discrétion et la compétence des dits personnels, avec en plus la nécessité d'en avoir un vivier conséquent en permanence, considérant qu'il doit y en avoir à tout moment beaucoup dehors, plus un volant certain dans lequel puiser en permanence. Doivent-ils être payés pour être en attente plus ou moins longue, donc être des "unités" permanentes? Pas en tant que tels; de fait, leur assurer un certain niveau de vie est une nécessité, la loyauté, même élevée, ne nourrit pas son homme, et tous ne sont pas de grands seigneurs ayant leurs propres revenus ou pouvant se faire rémunérer par tel marché octroyé, telle patente, telle facilité. D'ailleurs de telles personnes sont plus chères, et un roi préfère avoir des gens dépendant de lui plus que ça.

Donc des grades, des offices, des charges sont le mode de rémunération le plus fréquent, ou plus connement un poste, le plus souvent dans des unités militaires. Et ce d'autant plus que la permanence de l'armée grandit, qu'une noblesse déclassée a besoin d'envoyer ses cadets "au roi", comme "investissement". Donc il n'y a pas d'unités réellement dédiées, quoique la montée d'unités légères et polyvalentes (dragons, chevau-légers, mousquetaires....) et surtout la surqualification d'unités de la Maison du Roi (beaucoup de ses unités de cavalerie sont faites d'aristocrates éduqués en guerriers complets et s'entraînant à l'année) et du corps des officiers permanents, offre le volant requis.

Cependant un autre facteur existe: la vénalité des charges, le clientélisme qui va avec, et la montée du "pôle royal". La montée de l'Etat central en France sous les Bourbons, c'est tout connement "l'OPA" hostile (parfois violemment) sur les réseaux de clientèles nobiliaires dans les provinces, qui constitueront l'administration. L'Etat devient graduellement le "premier patron" de ce système social, politique et administratif pyramidal. Mais c'est une oeuvre de longue haleine, et pour disposer de personnels aptes à la violence et à l'action "spéciale", commando et/ou "discrète", il faut recruter dans les clientèles dont on est sûr de pleinement disposer, ce qui limite le recrutement de fait même au sein de la Maison du Roi où beaucoup de places s'obtiennent selon les équilibres politiques, et beaucoup d'unités sont de fait propriété vénale de Grands du Royaume.

C'est pourquoi le Duc d'Epernon recruta dans sa propre clientèle gasconne les "Quarante Cinq" pour servir de gardes du corps sûr et efficaces à un Henri III alors très contesté et même pas maître de son entourage immédiat. C'est pourquoi beaucoup d'unités sont sans cesse créées et dissoutes, parfois au cours d'un même règne. Henri IV constitua ainsi la "Cornette Blanche", faite de l'élite des gentilhommes de sa clientèle personnelle comme Roi de Navarre et seigneur du Béarn. La compagnie des Cadets de Gascogne (rattachée aux Gardes Françaises, mais c'est pas sûr) exista aussi pendant une brève période à ce moment peut-être même un régiment pendant un temps). Il créa aussi, à partir de sa clientèle gasconne, la compagnie des carabins qui remplaça l'ancienne unité des "gentilshommes à bec de corbin" (ainsi nommé en raison de leur arme d'apparat, une hallebarde un peu particulière); cette compagnie sera refondée par son fils en 1622 sous le nom de compagnie des mousquetaires du roi. Elle sera suivie d'une autre compagnie de mousquetaires recrutés dans la clientèle de Richelieu, transférée à Mazarin, qui sera plus connue comme celle des "Gardes du Cardinal". Les 2 seront jumelées à la mort de Mazarin dans un "régiment des mousquetaires à 2 compagnies (les Gris et les Noirs).

Les unités où de fait le vivier de "spéciaux" était le plus conséquent étaient dans la Maison du Roi, et semble s'être plus structurées autour de la transition Louis XIII-Louis XIV, c'et-à-dire au moment où l'Etat s'affirme et les unités deviennent plus permanentes, témoin de la mainmise royale accrue sur des clientèles nobiliaires. Les mousquetaires offraient un vivier de choix, fait d'aristos sans fortune et de ce fait très dépendants du roi, et qui plus est ayant un nombre énorme de candidats par poste en raison du faible coût d'accès à cette unité, contrairement à d'autres de la Maison du Roi dont l'accès était très cher.

Mais les chevau-légers de la Garde étaient aussi un vivier de choix, de même que la "Grande gendarmerie", groupe de compagnies (Ecossaise, anglaise, bourguignone, Flamande), héritières des premiers éléments de la Maison du Roi et des Compagnies d'ordonnance. Les compagnies de la "Petite Gendarmerie" étaient attachées à des princes du sang et aux membres de la famille royale et, même s'il est sûr que des éléments aient pu servir comme "spéciaux", leur recrutement obéissait aussi à d'autres logiques étrangères au "service".

Les officiers des régiments de Gardes Françaises et Gardes Suisses pouvaient concourir de ce vivier, mais ces postes étaient plus souvent offerts à des cadets s'y formant comme officiers, ou comme rétribution à des "spéciaux" issus d'autres formations: d'Artagnan recçut ainsi une commission de colonel (puis maréchal de camp, son grade à sa mort) des Gardes Françaises comme complément de revenu alors qu'il était déjà capitaine (et propriétaire) d'une compagnie de mousquetaire.

En complément, il faut souligner le service diplomatique, lui encore plus fondé sur une base personnelle: ministre/conseillers d'Etat et ambassadeurs sont des aristos amenant dans le deal de leur nomination leur clientèle personnelle (qui fonde aussi leur intérêt politique) autant que leurs relations en général. Qu'il le fassent eux-mêmes ou non (parce qu'ils ont l'éducation, même s'il est rare qu'ils se salissent), ils sont aussi une autre composante de l'action spéciale, violente ou non/ Outre quelques éléments et unités royales qui peuvent leur être affectés (ou dont ils sont propriétaires, pouvant eux aussi avoir leurs compagnies ou régiments), ils ont des clients, donc des aristos (et roturiers), qui les suivent, donc un vivier propre d'hommes de confiance dont beaucoup doivent être capables d'action, même si c'est pas la capacité la plus recherchée. Le roi doit en plus leur adjoindre des hommes à lui, autant pour faire la navette de la correspondance diplomatique que pour les surveiller, voire faire une diplomatie parallèle face à un ambassadeur trop nul, prenant trop de décisions par lui-même....

C'est d'ailleurs de ce système que naîtra le premier service de renseignement moderne, le "secret du roi", un réseau de diplomatie parallèle et d'action spéciale (y compris violente) passant par des envoyés extraordinaires, ou des agents dans la suite des ambassadeurs officiels, et entretenant une "correspondance secrète" émanant directement du roi et centralisée à Versailles dans quelques discrets cabinets.

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Et la secte des ashishin, un truc avec un nom comme ça....

Hashishins (fumeurs de haschisch). Mais c'est un surnom générique pour la secte des musulmans ismaéliens.

Ouais, au sens où ils utilisaient l'assassinat "stratégique" pour multiplier leur capacité militaire limitée à la défense de leur petit réseau de forteresse. La secte en elle-même n'était pas une espèce de centre secret pour super-assassins aux pouvoirs étranges. C'était une communauté, pas vraiment un peuple. Il n'y avait qu'un micro-noyau sélectionné qui était formé, préparé et envoyé sur des missions d'assassinats, avec parfois des années des mise en place et de progression pour atteindre l'entourage de la cible (et ne frapper qu'au moment voulu). Dans ce sens, les Ismaéliens ont eu, oui, une "force spéciale" puisqu'il s'agissait d'individus chargés de frapper un centre de décision stratégique (général, grand seigneur, décideur en général). Hassan Ibn Sabah, dit "le Vieux de la Montagne" (fondateur de ce petit Etat ismaélien), a apparemment pensé que c'était le seul moyen de garder leur domaine et leur foi indépendants.

Non, car il agissait en son nom propre et était un groupe de ''mercenaires''

Gné? Des mercenaires? Ca sort d'où, ça? Ils ont à l'occasion loué cette capacité, mais il s'agissait généralement de clauses diplomatiques d'un traité.
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  • 6 months later...

Je me permets de remonter ceci.

Ayat achevé le Secret du Roi de Gilles Perrault. Je cherche des informations en plus de wikipédia sur une unité au sein de laquelle Kalb aurait servi. Les chasseurs du colonel Johann Christian Fischer.

Quelqu'un pourrait donner quelques détails ou informations complémentaires ? ça ressemble furieusement à des FS comme unité.

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Aïe, difficile de définir le périmètre de ce qu'étaient les unités dites "légères" des XVIIème-XVIIIème siècle, et les Chasseurs de Fischer furent l'une des plus efficaces et célèbres, avec un chef exceptionnel à leur tête.

Déjà symboliquement, les chasseurs de Fischer sont la première unité de "chasseurs" à pied: ce sont eux qui introduisent le nom, car comme toutes ces unités légères, leur nom était choisi en interne. il s'agissaient en effet d'unités dites "franches", c'est-à-dire levées par leur chef qui recevait une commission spécialement à cet effet (Fischer sera anobli par cette commission), et chargées de former les troupes légères de l'armée royale, essentiellement formée de troupes de ligne avec même peu de cavalerie légère restant permanente, vu "l'alourdissement" progressif des dragons au XVIIIème siècle, qui deviennent en fait de la cavalerie standard peu à peu. La "location" de plus en plus permanente de régiments de hussards hongrois est un des moyens de compenser, mais sinon, ce sont les unités franches qui font l'essentiel, leur effectif de temps de paix étant quasiment inexistant (des compagnies théoriques où ne restent, au mieux, que les officiers et quelques sous-offs, voire juste le propriétaire de l'unité), et étant en temps de guerre boosté jusqu'à parfois peser 15% de l'effectif de l'armée (voire plus si on compte nombre d'unités de milice de frontière) qui sont ainsi employées en défense locale. D'autres unités de ce type étaient faites de formations ad hoc assemblées dans une armée avec des surnuméraires, des domestiques, quelques effectifs pompés ici et là dans les unités (des "disciplinaires" aussi, parfois), et des officiers volontaires ou y servant par roulement (c'était à la base pas glorieux). Légalement, on peut les assimiler à des corsaires.

La plupart d'entre elles sont faites de frontaliers, et seront d'ailleurs employées dans leur zone de recrutement, en défense de leur province, mais graduellement, face aux besoins anciens et nouveaux (dragons de moins en moins rompus à ces tâches, nouveaux concepts d'emploi, besoins plus grands vu la taille des armées) en troupes légères, la pratique se développe.

Au XVIIème siècle déjà, cette pratique était constante: les compagnies franches et leurs multiples dénominations (miquelets, francs-tireurs, volontaires, arquebusiers, fusillers....) n'ont rien de nouveau. Au XVIIIème, leur effectif global explose, mais aussi la taille des unités, qui deviennent de véritables corps francs et "s'interarmisent", comptant tout le temps désormais des cavaliers et des fantassins (ils essaient le plus souvent d'avoir 2 fantassins pour un cavalier), mais aussi du génie (saboteurs, experts, sapeurs) et parfois de l'artillerie, comme ce fut le cas notamment pour la "Légion de Lauzun" envoyée aider les insurgents américains au sein du corps de Rochambeau.

Bref, ces corps grandissent et s'institutionalisent en même temps que leur capacité s'étend et qu'une doctrine se forme; et Fischer fut sans doute le plus innovant dans ce domaine, et l'un des principaux lobbyistes qui aidera à faire institutionnaliser l'arme des troupes légères, donnant à la France une avance énorme en la matière (unités existantes, doctrine, savoirs-faires) dont la Révolution profitera beaucoup. Après les guerre de 7 ans, les "légers" deviennent permanents et sont formés d'abord en "légions" mixtes (dragons, grenadiers, fusiliers), puis en compagnies rattachées à chaque RI de ligne, puis ensuite en bataillons interarmes avec les nouveaux Chasseurs à Cheval, moment où l'appellation "chasseur" devient générale et permanente. A la veille de la Révolution, une dernière réforme sépare les Chasseurs à pieds et à cheval, constituant des bataillons de chaque.

Mais à l'époque que tu mentionnes, celle de Fischer, il s'agit d'unités encore assez diverses (même si un modèle s'affirme pour l'emploi), opérant très majoritairement en dehors du champ de bataille (mais on se pose aussi la question des troupes légères comme "écran" de tirailleurs en batailles rangée) pour faire la "petite guerre" pendant les mouvements d'armée: reco, escarmouches, battage d'estrade, embuscadres, accrochages, fourrageage, escorte de convois, renseignement, saisie d'objectifs, éclairage et repérage d'itinéraire, étapiers.... Certaines, on imagine que cela dépend du général commandant une armée (plus ou moins agressif, cherchant le mouvement) et de la qualité des unités à sa dispo (qui grandit avec la longueur des conflits), voire de la nature de l'adversaire (un qui s'évade et temporise ou un agressif ne se traite pas de la même façon), sont employées plus indépendamment. La taille des armées de l'époque de toute façon amène à apprendre à décentraliser un peu la décision pour assouplir la conduite de dispositifs croissants et rigides, développant une culture d'EM, un accent plus grand sur le renseignement, une allocation plus fine des ressources. Le développement des routes, la densification démographique et la plus grande disponibilité de stocks de vivres favorise cette évolution vers le mouvement.

Et c'est là que des chefs comme Fischer émergent, montant des opérations de plus longue portée, visant des objectifs plus ambitieux et ayant plus de moyens à leur disposition et plus d'autonomie: ils nomadisent, foutent le dawa sur les arrières ennemis, détruisent ou saisissent des points de passage, font du rens dans la profondeur, entretiennent l'insécurité dans des zones ciblées (pour avoir un effet matériel ou tromper l'ennemi sur les intentions du général français).... Très mobiles, ayant un grand rayon d'action, ils frappent loin et avec plus de force que les compagnies franches de jadis: Fischer a eu jusqu'à un bon millier d'hommes dans son corps franc.

Pour l'historique particulier du corps de Fischer: il a commencé comme groupement de volontaires partisans (ou francs tireurs) dans une des tâches subalternes des armées, surtout des unités de cavalerie.... Aller récupérer les chevaux piqués par la cavalerie légère adverse (les hussards autrichiens faisaient ça souvent, ayant une culture de peuple nomade qui restait marquante). Ses premiers volontaires sont des domestiques et des palefreniers (comme Fischer lui-même à la base), des armées ou non (des locaux, des serviteurs d'officiers aristos....). Fischer, déjà remarqué pour sa bravoure (alors qu'il n'est pas soldat) se voit confié cette mission régulièrement. Sa première commission est délivrée en 1743, en tant que capitaine, l'unité étant reconnue comme compagnie franche (un statut existant) de chasseurs (première apparition du nom), et comme d'autres unités franches, c'est un mix cavaliers-fantassins. Elle va rapidement croître pour devenir un "corps" d'une taille équivalente à un bataillon, dès 1747, Fischer est lieutenant colonel (exceptionnel pour un roturier, étranger de surcroît). A son summum, l'unité doit avoisiner les 2000h (1100-1200 seulement étant des réguliers toutefois), et Fischer utilise ainsi un vrai détachement pouvant porter des coups durs. Surtout vu le rôdage de l'unité: aguerris, depuis longtemps sous les drapeaux (surtout un groupe de cadres de longue durée), bien financés et entraînés, les chasseurs attirent en plus du monde et peuvent se permettre de faire de la sélection (contrairement à beaucoup d'unités de ligne), y compris pour les officiers. Fischer est alors brigadier (= général de brigade), une distinction et une fonction temporaire, pas un grade.

Il est à noter que cette arme des "légers" à cette époque est très diverse, et le rôle qu'a joué Fischer était du à l'unité exceptionnelle qu'il avait formé et à sa qualité personnelle. Il y en avait d'autres, mais au global, ils ne représentaient pas toute "l'arme".

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Merci pour ces précisions. Mais tout en étant FS, cela ressemble fort à du mercenariat ou à tout le moins une micro ferme générale subventionnée. Les quelques recherches que j'ai pu effectuer ont souvent renvoyées vers une qualificatif qui m'apparaît comme étant assez vague de "corsaire terrestre" (qualification leur évitant au passage d'être pendus comme de vulgaires bandits).

J'ai aussi lu que plusieurs opérations consistèrent en du vol de chevaux pris à l'ennemi. Agissait-on donc avec eux comme avec des corsaires sur mer et donc par un rachat des équidés à leur valeur réelle voir un peu surévaluée ?

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J'ai modifié le texte plusieurs fois, les réponses à tes questions sont dedans.

Pour les canassons (c'est dans les modifs), ils ont surtout fait de la récupe de chevaux volés par l'ennemi, surtout autrichien dont les hussards hongrois avaient une tendance plus prononcée que d'autres à viser les montures, par culture. Mais voler, disperser, mutiler ou tuer les chevaux de l'adversaire, à l'époque, ça fait partie du business.

Comme il s'agit souvent de récupe, il n'y a pas de rachat comme pour un navire, sauf peut-être des récompenses personnelles ou primes pour le groupe. Mais il s'agit d'une fonction militaire qui a toujours existé du temps de la cavalerie, confiée à des domestiques ou des fantassins légers, et qui est un peu subalterne. Elle est permanente: c'est un boulot de tous les jours, quasiment, en opération vu qu'il y a toujours quelqu'un pour essayer de piquer ou abîmer les canassons, comme on essaye de saboter des essieux, de faire péter des réserves de poudres, plus encore de piquer de la bouffe.... Ceci dit, les chevaux pris à l'ennemi, surtout par les légers, sont le plus souvent réemployés immédiatement pour monter plus de monde, ou fournir des chevaux de remonte, vu l'espérance de vie d'un cheval en campagne. Il y a une vraie concurrence interne dans les armées de cette époque pour les chevaux, surtout de qualité: la ressource (le cheval en général et entraîné en particulier) est rare et chère par rapport à la taille croissante des armées, elle s'épuise vite (blessures, morts, maladies/indisponibilité), et il en faut plusieurs pour chaque cavalier pour garantir qu'une unité est opérationnelle. La remonte est essentielle. Bref, au sein d'une même armée, ça joue des coudes, de l'influence, des poings et du fric pour radiner le plus possible de bourrins. Et les armées entre elles essaient beaucoup de se les piquer pour ça.

Dans une région où se déroulent des opérations, être un éleveur peut poser problème: il arrive, surtout à partir du XVIIIème, que les chevaux soient achetés (du moins par l'armée du pays de l'éleveur), mais c'est souvent à vil prix, quand ils ne sont pas simplement réquisitionnés.

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  • 2 months later...

Petit décrochage avant de retourner à l'époque des caligae.... Quelqu'un connaît-il la façon dont fonctionnait le renseignement et l'action clandestine sous la IIIème République, par le plus grand des hasards? Le 2ème Bureau a l'air d'un truc assez limité au renseignement militaire d'une part et stratégique -mais juste contre l'Allemagne- d'autre part.

- déterrage -

J'ai récemment parcouru La République secrète. Histoire des services spéciaux français de 1918 à 1939 d'Olivier Forcade, qui est un sacré pavé sur le sujet (+ de 600 pages, basé sur beaucoup d'archives du SR), mais au style difficilement lisible, en tout cas par moi *.

Le 2ème bureau (créé en 1871, attaché à l'état-major) est chargé d'exploiter le renseignement pour l'EMA. Il a sous ses ordres une section de statistique (également créée en 1871), chargée de la collecte. La collecte est largement orientée par l'exploitation (contre-exemple de la CIA où la direction des opérations est sur le même pied que la direction du renseignement, et passe pour une "élite" de l'agence). En 1899 la section de statistique est renommée section de renseignement ou de recherche (SR). A partir des années 20, on parle à la fois de "la SR" et "du SR", tout en confondant allégrement 2e bureau, SR et espionnage en général.

Outre la SR, le 2e bureau reçoit des informations d'attachés militaires, de missions militaires à l'étranger, de la presse étrangère et occasionnellement d'autre ministères (affaires étrangères, marine, intérieur, préfecture de police). Il contrôle aussi la section de centralisation du renseignement (SCR), service de contre-espionnage militaire qui surveille les activités de services étrangers (en coopération avec la police).

Pour répondre vraiment à ta question, le SR est évidemment largement focalisé sur le renseignement militaire vis à vis de l'Allemagne, mais est aussi très actif dans la surveillance du Komintern et des services soviétiques (Tchéka puis OGPU), reçoit également les rapports de ses antennes dans la colonies et de la Légion étrangère (qui semblent plus surveiller les Anglais qu'autre chose), a une section d'étude des armées étrangères (Allemagne, Italie, "anglo-méditerranée", Europe Centrale-Balkans-Russie). Quant à l'Allemagne, le 2e bureau inclut dans ses objectifs l'économie allemande et l'espionnage industriel de Siemens.

* : Les premières phrase de l'introduction sont : "Avant d'être une affaire d'Etat, le renseignement est en premier lieu une affaire de l'Etat. La distinction résume implicitement l'ambition d'une histoire politique du secret dans la société et l'Etat, à l'épreuve des relations internationales." Heing ?  :O Pour un début de lecture, c'est douloureux. Si on ajoute la quasi-absence de schémas, l'index qui ne comprend que les noms propres (défaut courant des livres français), on a vite fait de se perdre - malgré la table des matières conséquente.

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  • 4 weeks later...
  • 10 months later...

Je déterre ce sujet afin d'y poster ce lien qui me semble raccord.

http://www.slate.fr/story/73105/journalistes-agents-secrets-renseignement

Un journaliste français sort un livre dans lequel il relate son expérience au sein des services secrets français.

Son statut de journaliste lui a permis de donner du grain à moudre aux agents de la Piscine.

Je n'ai pas lu le livre.

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