Kiriyama Posté(e) le 18 avril 2011 Share Posté(e) le 18 avril 2011 http://t1.gstatic.com/images?q=tbn:ANd9GcT1FxjqSs1L6GXyDLnkp6xh0_Dh3NQTKsiQ511lIVfYxeyGyA8Q-w&t=1 Édité par Tempus (gage de qualité), ce livre incroyable retrace l'histoire de la CIA américaine avec énormément de détails. On est surtout surpris d'apprendre que la CIA n'a vraiment réussi que deux opérations majeures : installer le Shah d'Iran et une junte militaire au Guatemala. Le reste n'est qu'échec transformé en succès et "une réputation au sommet pour des résultats désolants" selon les termes d'un ancien de la CIA. A lire absolument. Lien vers le commentaire Partager sur d’autres sites More sharing options...
Tancrède Posté(e) le 18 avril 2011 Share Posté(e) le 18 avril 2011 Peut-être un peu catégorique, dans un univers où rien ne peut l'être, de parler ainsi de l'action d'un service secret: d'abord et avant tout, des opérations "actives" d'une telle ampleur, un service en conduit peu, et il ne s'agit pas de son activité principale qui est de se tenir informé de tout afin d'alimenter le processus de décision politique d'un pays. A ce titre déjà, ce qui est en cause est moins la CIA dans son ensemble que la direction des opérations en particulier. La direction du renseignement a quand même alimenté le gouvernement américain de façon plutôt conséquente depuis sa création, et pas si mal que ça au regard de l'immensité et de la complexité des enjeux pour une puissance aussi colossale et présente partout (dans tous les pays, dans toutes les activités....), avec un jeu d'intérêts en tous genres qu'aucune autre puissance n'a à gérer. Ensuite, il y a les opérations "actives" de toutes ampleurs: les immenses, bien flashy comme le giclage de Mossadegh et des intérêts anglais d'Iran d'un seul et même coup, y'en a eu combien en un demi-siècle? Pas tant que ça. Et il s'agit de choses terriblement aléatoires, même en ayant tout bien conduit, des choses où le résultat ne tient, quoiqu'il arrive, qu'à un fil ténu. Pour une opération de cette ampleur, combien de nettement plus réduites, locales, ponctuelles, cette "activité de tous les jours", en exagérant? Par ailleurs, il faut regarder "ze big picture": la CIA concourt d'un système d'action et de puissance politique mondial qui n'a pas vraiment été à la ramasse vu que la puissance se maintient pas si mal. Il faut quand même se rendre compte que dans ce monde du renseignement, aucun échec n'est définitif ni total et que si une action est foirée d'un point de ve, elle peut ne pas l'être de l'autre et ouvrir d'autres opportunités, être compensée autrement.... En bref, elle sert toujours quelqu'un, et la plupart des résultats sont exploitables, surtout pour une puissance aux intérêts vastes et souvent contradictoires. Enfin une foirade en ce domaine est souvent le résultat aussi d'un niveau politique à la direction hasardeuse et changeante, aux querelles de personnes et de partis, toutes choses qui parasitent l'action d'un service de renseignement, mais concourent aussi d'une contrainte en partie démocratique qu'il vaut mieux, en définitive, avoir. Un service libre de conduire es actions sans cette tutelle aléatoire ne serait pas forcément un bon signe: au final, la CIA n'est qu'un outil, et c'est pas forcément sa faute si celui qui le manie s'écrase le doigt avec. Lien vers le commentaire Partager sur d’autres sites More sharing options...
Rob1 Posté(e) le 19 avril 2011 Share Posté(e) le 19 avril 2011 Je crois que le problème fondamental de la CIA, c'est d'abord l'espèce de mystique du secret qui l'entoure, qui donne l'impression d'un truc omnipotent. Parallèlement, il y a énormément d'informations disponibles à son sujet, qui, quand on les connaît, égratignent sérieusement cette image, ce qui fait tomber dans un autre travers : l'image d'une CIA minable et abominable.La CIA, c'est aussi l'impulsion à des programmes technologiques remarquables comme le U-2 ou les satellites Corona, le traitement de sources importantes (Adolf Tolkatchev qui balança tous les dossiers des systèmes d'armes des MiG-23, 25, 29 et Su-27, des colonels et même un général du KGB), le soutien aux moudjahidines afghans, l'opération Yellow Bird pour exfiltrer les dissidents chinois après la répression de Tien An Men, la prise en compte du terrorisme islamique avec la création d'une station dédiée au suivi de Ben Laden dès 1996, le drone Predator (premier drone réellement fonctionnel US, dont l'USAF ne voulait pas au début)... Lien vers le commentaire Partager sur d’autres sites More sharing options...
Kiriyama Posté(e) le 19 avril 2011 Auteur Share Posté(e) le 19 avril 2011 Ce qui revient souvent c'est le manque de compétence d'une bonne partie des décideurs de l'institution et leur manque d'honnêteté : même quand tout est à la ramasse ils mentent, ne tiennent pas comptent des rapports qui ne leur plaisent pas, bidonnent des comptes rendus d'opérations,... Tous les rapports indépendants faits sur la CIA dénoncent à chaque fois un manque de personnel qualifié. Une bonne partie des réussites de la CIA tiennent plus à la chance. Lien vers le commentaire Partager sur d’autres sites More sharing options...
Marcus Posté(e) le 19 avril 2011 Share Posté(e) le 19 avril 2011 Dans le film "La Recrue", Al Paccino joue le rôle d'un instructeur de la CIA. Durant la formation, il a une réplique du genre "Quand vous entendez parler de nous, c'est que l'on a foiré!"D'où la mauvaise image...Mais il doit y avoir aussi des échecs plus discrets, des réussites inavouables... Lien vers le commentaire Partager sur d’autres sites More sharing options...
Rob1 Posté(e) le 23 avril 2011 Share Posté(e) le 23 avril 2011 La CIA n'a visiblement pas aimé le livre de Weiner dans sa revue et s'est permis un droit de réponse. En gros, selon eux, le dossier est mené uniquement à charge, ce qui forcément altère la vue d'ensemble, et plusieurs arguments sont pourris : - la phrase d'Eisenhower dont est tirée le titre du livre ne concernait pas la CIA mais les services de renseignement des forces armées. La phrase de Ike n'était pas une réponse à Dulles, la partie que Weiner attribue à Dulles a été dite lors d'une autre réunion. Aux deux réunions, Ike était satisfait de la CIA. - sa théorie que Wisner aurait incité Radio Free Europe à exhorter les Hongrois à la violence est basée sur un mémo datant d'après la fin de la révolte de Budapest - Weiner exagère la surestimation du nombre d'ICBM soviétiques en situant l'estimation des 500 ICBM en 1960 alors qu'elle datait de 1957. En 1960, l'estimation était tombée à 10 missiles, notamment grâce aux renseignements obtenus par les U-2 (programme que Weiner critique aussi), et la CIA avait largement corrigé son estimation. Bref, pour une analyse équilibrée, il va falloir chercher l'antithèse ailleurs. C'est malheureusement un peu trop souvent le cas, même le reportage de William Karel qui semble être une des principales références en français est teinté de cette vision d'une CIA minable et abominable (et il contient quelques erreurs classiques, à propos du Golfe du Tonkin ou de ben Laden) Dans le film "La Recrue", Al Paccino joue le rôle d'un instructeur de la CIA. Durant la formation, il a une réplique du genre "Quand vous entendez parler de nous, c'est que l'on a foiré!" Ah, la recrue, le film où les officiers traitants s'entraînent à tout sauf à traiter des sources, et où le jeune agent reçoit une "non-official cover" comme membre de l'administration de la CIA :lol: La phrase a un sens un peu différent : "nos échecs sont connus, nos succès ignorés". En fait cette formule assez célèbre vient d'un speech de JFK à l'agence : "Your successes are unheralded--your failures are trumpeted". Et si on pouvait considérer cela comme assez correct à l'époque (bien que certainement teinté d'une propagande à but interne), ça a radicalement changé depuis le milieu des années 70, on ne cesse de parler de la CIA dans tous les sens. Lien vers le commentaire Partager sur d’autres sites More sharing options...
Kiriyama Posté(e) le 27 avril 2011 Auteur Share Posté(e) le 27 avril 2011 Dans l'ensemble le livre de Weiner reste très précis et les trois points fautifs relevés sont finalement peu de choses comparés à la masse de bonnes informations. Le programme U2 en tant que tel n'est pas critiqué mais l'usage qui en a été fait. Pour le reste la quantité de bourdes commises par la CIA n'est pas mise en doute par l'Agence :- programme otages contre armes en Iran.- parachutages inutiles de "résistants" en Europe de l'Est en pure perte.- incapacité à prévoir quoi que ce soit : chute du Shah, première Guerre du Golfe (Irak/Koweit), guerre du Kippour, crise à Chypre,...- amateurisme d'une bonne partie de ses effectifs-... Lien vers le commentaire Partager sur d’autres sites More sharing options...
Marcus Posté(e) le 27 avril 2011 Share Posté(e) le 27 avril 2011 Tout le monde n'a pas la même définition d'une bourde.Le 'programme otages contre armes en Iran' est une décision politique venant de la Maison Blanche. Je ne voit pas pourquoi Weiner le colle à la CIA. Même si l'agence servt de bouc émissaire. A moins que la CIA ne se voit reprocher la manière dont cela a été mal géré puisque cela a été découvert... Lien vers le commentaire Partager sur d’autres sites More sharing options...
Rob1 Posté(e) le 27 avril 2011 Share Posté(e) le 27 avril 2011 Surtout que l'Irangate est une affaire montée par des membres du Conseil National de Sécurité pour contourner les commissions de supervision du Congrès qui surveillaient les actions clandestines "normales" de CIA. Ce qui explique d'ailleurs l'amateurisme de l'affaire. Je me souviens d'ailleurs de Robert Baer qui raconte comment il a faillé être mêlé à l'affaire. On lui file le dossier de Ghorbanifar et il dit spontanément qu'il est inimaginable de faire des affaires sérieuses avec ce gars. Au NSC, ils avaient choisi d'en faire le maillon-clé de l'affaire la plus sensible de l'administration Reagan.Pour ce qui est des prévisions, c'est une science rarement exacte. Il faut relativiser :- les prévisions correctes mais pas écoutées par les décideurs (intervention chinoise en Corée - bon là c'est surtout la NSA qui était dans le vrai)- il y a les prévisions qui furent inexactes mais corrigées (le "bomber gap" et le "missile gap") et en fin de compte vachement utiles au gouvernement US. - les prévisions correctes dans leur généralité mais ne pouvant pas prédire des évènements ponctuels. La CIA avait bien signalé en juillet 1989 que des évènements inédits allaient se produire en Europe de l'Est, notamment en RDA et en Hongrie. La CIA avait prévenu en juin 2001 qu'il y avait de forts risques d'un attentat d'al-Qaida à venir sous peu, et a ressorti tous ses dossiers pour essayer d'en savoir plus. Le 11/9, George Tenet disait à un sénateur qu'il était mortellement inquiet à ce sujet.Une erreur est de croire que si l'opinion de l'époque était à côté de la plaque, la CIA l'était aussi. A croire que les médias transposent sur l'agence leurs propres erreurs. :P Et bizarrement, personne ne fait de reproche aux médias pour leur incapacité à prévoir quoique ce soit :lol:- les prévisions pas correctes mais que personne n'avait prévu, typiquement l'invasion du Koweit : les Koweitiens avaient été les premiers à rassurer les Américains en leur expliquant que Saddam avait déployé son armée sur la frontière pour leur mettre la pression pour qu'ils remontent les prix du pétrole... Si ce n'est pas une réussite, peut-on le considérer comme un échec total dans un tel contexte ? Personne ne considère que c'est un échec pour le MI6 ou la DGSE... A noter que dans ces cas, le renseignement de crise (surtout fourni par la NSA) permet d'avoir quelques infos de justesse. Ainsi l'invasion du Koweit fut soudainement prévue 24 ou 48 heures à l'avance, idem pour l'invasion de l'Afghanistan en 1979.- les gros merdages type Shah d'Iran, y'en a, c'est incontestable. Pour le manque de qualité des effectifs, ben c'est un peu con qu'un livre qui tape beaucoup sur l'agence s'étonne qu'elle ait du mal à attirer et garder du personnel de qualité... Lien vers le commentaire Partager sur d’autres sites More sharing options...
Marcus Posté(e) le 27 avril 2011 Share Posté(e) le 27 avril 2011 - les prévisions pas correctes mais que personne n'avait prévu, typiquement l'invasion du Koweit : les Koweitiens avaient été les premiers à rassurer les Américains en leur expliquant que Saddam avait déployé son armée sur la frontière pour leur mettre la pression pour qu'ils remontent les prix du pétrole... S Je ne connaissait pas cet exploit. C'est vrai que cela peut réassurer la CIA sur le fait que c'était vraiment imprévisible. - les gros merdages type Shah d'Iran, y'en a, c'est incontestable. Surtout que pour le Shah d'Iran, c'est la CIA l'a créé. C'est la CIA qui l'a coaché. C'est la CIA qui l'a accompagné. C'est normal que sa chute leur soit reproché même s'ils ne sont pas probablement les seuls responsables. Lien vers le commentaire Partager sur d’autres sites More sharing options...
Rob1 Posté(e) le 27 avril 2011 Share Posté(e) le 27 avril 2011 C'est normal que sa chute leur soit reproché même s'ils ne sont pas probablement les seuls responsables. Ce qui est reproché à la CIA dans ce cadre c'est de n'avoir rien compris à la situation en Iran. En août 1978, ses rapports disaient que l'Iran n'était pas dans une situation révolutionnaire ni même pré-révolutionnaire. Grosse, grosse boulette. Accessoirement, l'agence a été d'une aide marginale aux préparatifs de l'opération Eagle Claw. Tout ce qu'elle a réussi, c'est filer des faux papiers aux diplomates qui s'étaient réfugiés dans l'ambassade du Canada, et faire une reco sur Desert One. Mais pour le reste, le département de la Défense a dû se démerder pratiquement tout seul, y compris pour infiltrer des agents à Téhéran. Lien vers le commentaire Partager sur d’autres sites More sharing options...
Kiriyama Posté(e) le 27 avril 2011 Auteur Share Posté(e) le 27 avril 2011 Pour l'Irak, Saddam massait ses troupes. Et effectivement les Koweitiens se sont aussi plantés mais c'est ce qu'on reproche justement à la CIA : ses seuls renseignements viennent de sources "publiques" : ambassades, diplomates, l'homme de la rue,... La CIA n'a jamais été un service de récolte de renseignements comme l'était le KGB ce qui explique qu'elle soit totalement dépendante de gens extérieurs pas forcément qualifiés. Pendant la Guerre du Golfe c'était la CIA qui avait été au début chargée de désigner des cibles à l'aviation et le bunker où des civils s'étaient réfugiés qui a été bombardé l'a été sur base d'indication de la CIA. Suite à ça d'ailleurs la CIA a été écartée des opérations. Au début du livre un sénateur US dit lui même que les succès de la CIA ne peuvent jamais contrebalancer ses erreurs. La Centrale a fait du bon, c'est sûr, mais ça ne pèse pas lourd face à ses bourdes. Lien vers le commentaire Partager sur d’autres sites More sharing options...
pascal Posté(e) le 27 avril 2011 Share Posté(e) le 27 avril 2011 actualitéc'est le général Petraeus qui devrait prendre la tête de la CIA (il quittera donc l'A-stan) cet été l'actuel patron de la CIA remplaçant Robert Gates comme secrétaire à la défense Lien vers le commentaire Partager sur d’autres sites More sharing options...
Kiriyama Posté(e) le 28 avril 2011 Auteur Share Posté(e) le 28 avril 2011 Il faut aussi dire que le KGB espionnait dans des pays "ouverts", alors que la CIA tentait d'opérer dans des pays ayant une sécurité omniprésente. Je n'avais jamais pensé à ça. :-X Lien vers le commentaire Partager sur d’autres sites More sharing options...
looping Posté(e) le 29 avril 2011 Share Posté(e) le 29 avril 2011 Vous avez un livre qui parle du Mossad (j'ai plus le titre sous les yeux) où l'on parle des relations CIA/Mossad et le Mossad admet que la CIA n'est pas une agence d'amateur et de rigolos et eux aussi (Le Mossad) subissent des pressions des politiques ce qui conduit à commettre des erreurs, et dans le style "tordu", le Mossad n'a rien à apprendre....il faut relativiser les choses...Il y a une partie du monde politico-médiatico-militaire US qui veut faire la peau à la CIA. Ils ont chacun leurs raisons mais comme toute institution il y a la légende dorée et la légende noire....Ne pas oublier que c'était la guerre (froide certes)....Il y a des gens qui ont oublié Lien vers le commentaire Partager sur d’autres sites More sharing options...
squale Posté(e) le 24 juin 2011 Share Posté(e) le 24 juin 2011 Moins sexy que le sigle CIA, la SAIC, est une des compagnies les plus secrètes au monde dont la mission est de prévenir les guerres ou les provoqués selon le présentateur de ce reportage. Elle a compté parmi ses administrateurs des hommes influents comme des anciens secrétaires de la défense ou des anciens directeurs de la CIA. Tout ce petit monde faisant durant leurs carrières des allées retours entre le Pentagone, la CIA et la SAIC. James Steele, journaliste d'investigation pour « Vanity Fair » qui a reçu deux prix Pulitzer et qui a enquêté durant six mois sur cette mystérieuse compagnie, explique que son nombre de salarier est supérieur aux ministères du travail, du logement et de l'éducation réunit. Troisième plus gros fournisseur du Pentagone et de la CIA, cette compagnie est une véritable administration parallèle et privé qui fonctionne depuis quarante ans en dehors de tout contrôle de l'état et qui ne rend de compte qu'à ces actionnaires. http://www.vanityfair.com/politics/features/2007/03/spyagency200703http://www.youtube.com/watch?v=MzgJesxPjfEhttp://www.dailymotion.com/video/x5zbuh_la-s-a-i-c-ou-la-cia-xxl_news Lien vers le commentaire Partager sur d’autres sites More sharing options...
Kiriyama Posté(e) le 24 juin 2011 Auteur Share Posté(e) le 24 juin 2011 Toutes ces agences et leurs dépenses, ça doit coûter une fortune à entretenir. Lien vers le commentaire Partager sur d’autres sites More sharing options...
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