Serge Posté(e) le 25 août 2011 Share Posté(e) le 25 août 2011 Voici quelques idées sur l'usage de fumigènes chez les chars: Un des grands principes du combat de chars (en blindé au sens large) porte sur la dissimulation. Ici, l'effet qui nous intéressera n'en sera pas la surprise mais la survie. En effet, ce qui n'est pas visible n'est pas ciblable donc perçable. Les munitions fumigènes/nébulogènes trouvent ici leur raison d'être première. Il y en a d'autre. L'effet fumigène chez un char se rencontre de trois façons: - l'obus fumigène. C'est un obus tiré par le canon et qui explose sur le point visé. A ce moment, il délivre un panache de fumée souvent grâce à du phosphore (je ne sais pas s'il y a d'autres moyens). L'intérêt: - placer un écran de fumée là où l'on veut entre l'ennemi et les amis (Pas forcément pour soi d'ailleurs.). Un - le marquage. On tire un obus pour indiquer quelque chose longtemp. Pour fabriquer un "mur" nébulogène, on procède de la façon suivante: Le chef de peloton annonce un tir fumigène; les "sub" se préparent. Un char tire sur l'objectif et on observe les effets du vent pour voir comment se dispersent les fumées. En fonction, le chef de peloton reparti les tirs et les "sub" tirent avec les corrections annoncées. Une foi l'écran en place, un char peut tirer là où des trous se forment si besoin. - les lance-pots fumigènes Ce sont des moyens d'auto-protection contre le tir. Une fois que l'on se fait tirer dessus, le chef de char peut déclancher un dépotage. Là, depuis des tubes permanents sur la tourelle, il y a éjection de plusieurs charges fumigènes qui déploient un écran devant le char. La réaction est presque immédiate (De l'ordre de la seconde.). Ce genre de réaction se fait parceque l'on est menacé. Ce n'est pas préventif mais réactif. Au même moment, le char doit changer de comportement. Plusieurs solutions: - Faire une violente marche arrière et se replier derrière un masque du terrain. - Rentrer dans le nuage fumigène quelques seconde pour prendre une décision. - Choisir de le franchire pour surprendre l'ennemi qui va perdre du temps à le réviser. Ce qui compte, c'est de se déplacer. En effet, si l'ennemi tire un obu en début de dépotage, alors il y aura coup au but. Ici, un Merkava Mk-3 Dor Dalet sur un pas de tir. Il applique une procédure type. Comme il vient de tirer sur l'ennemi, sa position est connu. Pour se protéger, en plus de reculer pour changer de position, il dépote pour empêcher un tir preci sur lui. L'effet nébulogène visible est parfois complété par un dépotage de paillettes pour leurrer dans l'infrarouge, les ondes radars..... Selon le système, il peut se faire sur un secteur ou être général. Leur inconvénient est leur avantage: si on est plus vu de l'ennemie, on a plus de chance de le voir soi-même. - C'est une réaction à maitriser en terme tactique. Ainsi, un Leclerc (capable de tirer en tous sens, tout terrain, à toute vitesse) n'a pas forcément intérêt à systématiquement dépoter au premier tir. Il est capable de répondre. Un ERG-90 Sagaie, beaucoup plus. - Après dépotage, il faut recharger donc sortir du blindé, donc être en zone de sûreté deux minutes au-moins. Ces moyens peuvent être automatisés sur des DAL/DOP, détecteur de départ de coups... Ils sont une partie des soft kill car ils ne détruisent pas de munition assaillante. Les Hard kill eux détruisent. - la génération de fumée. Cela consiste à créer un panache de fumée depuis le blindé. C'est obtenu en injectant du carburant dans l'échappement chaud. Les russes, israéliens et anglais emploient cette techniques. Il y a plusieurs intérêts: - le panache de fumée suit le blindé et celui-ci est difficile à viser car non entièrement visible. - il n'est pas à "coups unique". - Il est préventif comme réactif. En réactif, fumée declanchée, le char tire et recule dedans. Et il repart vers une autre position de tir. Un Challenger-2 en exercice crée un nuage pour masquer l'activité de l'infanterie derrière lui. On ne voit plus les bâtiments. En préventif, si un ennemie est connu, il passe devant les amis et tire un grand rideau de fumée. Il peut ainsi protéger des travaux d'un tir de sniper. Dans ce cadre là, il existe des blindés diffuseurs spécialisés chez les américains. Ils sont sous la responsabilité du génie (dans le cadre du programme MAC, ce serait bien qu'un module nébulogène soit prévu.). Prendre des obus fumigènes au combat? C'est intéressant mais cela signifie qu'à la place, il y a moins de charges creuses, flèches, explos, auto-défense... Donc, les chars à grande soute de munitions sont avantagés (Merkava, Olifant). En avoir, c'est bien mais un minimum est indipensable. Moins de 4, c'est limite. Je ne connais pas les dotations en Afghanistan pour les 10RCR (et même je ne les donnerai pas) mais 10 Fum, ça laisse 26 explos et charges-creuses. C'est pas mal pour le type de menace à gerer. Fumigène d'artillerie ou de chars? L'effet nébulogène de l'artillerie est très massif. Les obus sont très vite très gros donc, ca dure longtemps. Et l'artilleur a beaucoup d'obus en soute. Maintenant, trois inconveniants: - il faut du temps (message tir, préparation des obus, affichage des éléments, temps de vol) - il est moins précis car le char touche exactement ce qu'il vise. - quand on tire en artillerie, il ne peut plus rien y avoir d'ami en vol. Avec les chars, aucun problème, les trajectoires sont tendues. D'autres emplois des munitions fumigènes? Déjà évoqué, il y a le marquage. On tire là où l'on voit l'ennemi puis on envoie des corrections pour désigner. On peut aussi avoir un effet de coup de semonce même si c'est plus valable pour l'artillerie. Imaginons que l'on veuille faire fuire un population pour limiter les effets d'une offensive programmée. On tire deux obus fum sur la limite d'un village et les civiles fuient, se calfeutrent. C'est selon. Le faire avec un char, c'est gênant car il doit garder le plus grand nombre d'obus en soute (autre principe du combat de char). Les obus sont au phosphore donc, on peut obtenir un effet incendiaire et anti-personnel. Lien vers le commentaire Partager sur d’autres sites More sharing options...
bibouz Posté(e) le 25 août 2011 Share Posté(e) le 25 août 2011 Comme d'hab, ces analyses-synthèses sont toujours aussi intéressantes et bienvenues!Juste une question: pour les systèmes nébulogènes fonctionnant avec projection d'huile sur les échappements c'est de l'huile du circuit de refroidissement ou une réserve ad hoc? Lien vers le commentaire Partager sur d’autres sites More sharing options...
g4lly Posté(e) le 25 août 2011 Share Posté(e) le 25 août 2011 Comme d'hab, ces analyses-synthèses sont toujours aussi intéressantes et bienvenues! Juste une question: pour les systèmes nébulogènes fonctionnant avec projection d'huile sur les échappements c'est de l'huile du circuit de refroidissement ou une réserve ad hoc? C'est pas de l'huile c'est du gasoil. Ce sont les fumigenes des avions qui utilise de l'huile je crois. Lien vers le commentaire Partager sur d’autres sites More sharing options...
bibouz Posté(e) le 25 août 2011 Share Posté(e) le 25 août 2011 Du gasoil? Alors là j'avoue ma surprise: n'y a-t-il pas de risque d'incendie? Lien vers le commentaire Partager sur d’autres sites More sharing options...
Serge Posté(e) le 25 août 2011 Auteur Share Posté(e) le 25 août 2011 Il s'agit bien du carburant.Il n'y a pas de danger dans le sens où il n'y a pas de flamme qui puissent remonter le circuit jusqu'au réservoir. De plus, les gaz d'échappement ne sont pas riche en oxigene. Lien vers le commentaire Partager sur d’autres sites More sharing options...
bibouz Posté(e) le 25 août 2011 Share Posté(e) le 25 août 2011 ok, merci! ;) Lien vers le commentaire Partager sur d’autres sites More sharing options...
g4lly Posté(e) le 25 août 2011 Share Posté(e) le 25 août 2011 Du gasoil? Alors là j'avoue ma surprise: n'y a-t-il pas de risque d'incendie? Bah nan ca brule pas facilement le gasoil... enfin pas plus que de l'huile. Le principe est le même qu'avec de l'huile, on le chauffe ou ou le pulvérise sur un système de chauffage - ici ce sont les gaz d'échappement la source de chauffage -, et on ventile avec de l'air frais de manière a obtenir la condensation de l'eau sur les vapeur d'huile/gasoil. En modifiant les débit d'air et de huile/gasoil on peu moduler la taille des gouttelettes, de manière a avoir l'effet le plus efficace. La réfraction dépend directement de la taille des gouttelettes et de la longueur d'onde qu'on souhaite réfracter. Lien vers le commentaire Partager sur d’autres sites More sharing options...
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