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[LPM] Loi Programmation Militaire


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Effectivement et malgré le COVID, ils ont gardé le cap. Mais cette crise a laissé des traces et surtout des déficits énorme (+500 mds) qui limite largement les marges de manœuvre. Il n'est pas dit que les armées ne participera pas aux réductions. Mais où les trouver... Situation complexe à prévoir.

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il y a une heure, herciv a dit :

Parly était une grande spécialiste des finances et çà lui permettait de contourner tous les pièges de Bercy. Pas sûr que le suivant sera aussi bon.

C'est Attal qui est au Budget, c'est l’œil et la main du Président. Crois-tu que ce soit un hasard... :rolleyes:  Comme expliqué plus haut, la difficulté principale était interne aux personnels du Ministère qui ne croyaient pas à un financement pérenne. La trajectoire de la LPM est tracée et à priori la volonté de la maintenir aussi, et c'est pas Bercy qui commande et tranche là-dessus.  

Pour l'expertise finances,  il suffit de flanquer le ministre au niveau du cabinet... 

 

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Il y a 9 heures, herciv a dit :

Lecornu plaide pour une grande alliance avec les italiens dans le naval. 

A voir pour l'apres BRF de toute facon on semble bien partie pour une construction des EPC en commun. A voir pour la suite mais des Croiseurs Franco italiens avec des beaux canons . 

Ca plairait bien à notre amie @Fusilier  

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Il y a 9 heures, Scarabé a dit :

Patricia Mirallès, députée de la première circonscription et vice-présidente de la commission de la défense a rendu un rapport ad hoc sur la nouvelle donne en matière d‘engagement militaire.

En direct :  https://www.assemblee-nationale.fr/dyn/15/rapports/cion_def/l15b5054_rapport-information

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Intéressant ce rapport. Je connaissais pas le terme de bonzaï français. En gros on a un peu de tout (voir très peu...) mais au besoin on peut remonter en capa sur l'ensemble des capacités grâce aux compétences conservée. Reste que notre armée est échantillonnaire et n'a pas de masse importante pour supporter longtemps des conflits durs. On est passé de 1350 chars à 200, 145 navires à 80 et de 680 chasseurs à 215... Une sacrée dégringolade tout de même qui n'est pas totalement compensé par la polyvalence des nouveaux moyens . A cela se rajoute une faiblesse inquiétante au niveau de l'entraînement malgré la généralisation des simulateurs et autres moyens annexes. L'effritement massif du budget à créé une situation plutôt complexe de laquelle il est difficile de sortir. Le mal à été fait et pendant de nombreuses années. Et ce malgré l'investissement très important en cours et à venir. Le "quoi qu'il en coûte" pour les armées est un espoir mais pas encore une certitude. Espérons que la prise de conscience soit durable et factuellement mise en oeuvre sans rupture ni renoncements.

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Il y a 3 heures, Fusilier a dit :

C’est anecdotique mais il y a un passage où l’on apprend que faire évoluer le RBE2 PESA en AESA coûte 5 millions par unité. Je crois me souvenir qu’il y avait eu des discussions sur ce point sur le forum. 

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il y a une heure, Ronfly a dit :

Une sacrée dégringolade

Je ne sais pas si le terme de dégringolade est le bon...  On est passé d'une armée de conscription à une armée professionnelle et d'une armée à vocation "défensive"  (défense des frontières / ultime rempart avant nuk)  à une armée à vocation expéditionnaire; pas beaucoup de voix contre à l'époque...

L'armée a certes réussi à préserver des compétences et aussi des pré-carrés (pré-positionnements en Afrique...) Les milis n'ont pas décidé de tout;  mais ils ne sont pas innocents non plus... 

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il y a 20 minutes, Fusilier a dit :

Je ne sais pas si le terme de dégringolade est le bon...  On est passé d'une armée de conscription à une armée professionnelle et d'une armée à vocation "défensive"  (défense des frontières / ultime rempart avant nuk)  à une armée à vocation expéditionnaire; pas beaucoup de voix contre à l'époque...

L'armée a certes réussi à préserver des compétences et aussi des pré-carrés (pré-positionnements en Afrique...) Les milis n'ont pas décidé de tout;  mais ils ne sont pas innocents non plus... 

C'est vrai aussi. Le nombre ne fait pas tout effectivement et n'est pas le seul facteur. Mai 40 nous a prouvé cela. Malgre tout il y a eu une érosion marqué qui c'est inscrite finalement dans la continuité de l'évolution géo-stratégique. Fini l'armée de masse pour faire face au pacte de Varsovie. On voit aujourdui un certain nombre de pays modifier leur architecture de défense pour revenir a une masse plus importante. L'histoire est un éternel recommencement. L'important c'est d'etre réactif et de conserver un modèle cohérent.

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Ronfly, ne compare pas une grande armée souvent de papier (conscription) et une petite performante (pro).

Que nos armées sont trop petites avec des "manques", oui, qu'il faudrait rectifier cela, oui.

Mais bon on ne va pas se prendre la Russie ou autre équivalent sur la tronche seul.

Donc on ne retrouvera pas de si tôt le format des armes durant l'époque du service militaire, on va rester avec une armée de métier peut être un peu plus grosse.

Ce qui pourrait être fait c'est avoir en plus une réserve d'hommes et femmes préformés pour en cas de gros coup dure pouvoir rapidement renforcer la protection du territoire national, mais sans tout le savoir faire et l'expérience d'un soldat de métier.

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il y a 5 minutes, gargouille a dit :

ne compare pas une grande armée souvent de papier (conscription)

Je m'insurge contre ce mantra, :biggrin:  la qualité des conscrits dépendait des unités et de la qualité des cadres, pas de leur statut de conscrits.  

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il y a 21 minutes, Fusilier a dit :

Je m'insurge contre ce mantra, :biggrin:  la qualité des conscrits dépendait des unités et de la qualité des cadres, pas de leur statut de conscrits.  

Certes.

 

Je pense que pour la France il vaut mieux aujourd’hui des armées de professionnelles.

La France étant ce qu'elle est, on ne peut pas avec l’équivalant des US.

Modifié par gargouille
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il y a 7 minutes, Conan le Barbare a dit :

L’un n’annule pas l’autre… la France doit avoir une armée de métier oui, mais elle doit surtout s’appuyer sur une réserve performante qui est la seule à même de pouvoir nous donner de la résilience.

On est assez d'accord.

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Il y a 5 heures, Fusilier a dit :

Je m'insurge contre ce mantra, :biggrin:  la qualité des conscrits dépendait des unités et de la qualité des cadres, pas de leur statut de conscrits.  

En fait j'ai eu un bon chef, mais il est parti faire un stage à Berlin quasiment tout le temps de mon service !

Alors pendant son absence on a tout refait le local des transmissions, je suis donc devenu un pro du démontage des caisses d'explosif assemblées avec des clous torsadés...  .

J'ai du même réparer une porte.:smile:

Pas sur que ça me serve tant que cela au combat. :unsure:

 

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On va voir si Macron tient ses promesses en 2023 , c’est la que le budget augmente vraiment . Je pense que au vu des prétentions françaises dans le monde et de la géopolitique actuelle , le budget mériterait  d’être augmenter comme certains candidats le proposaient ( 70 mds en 2030 ) mais bon a cause du covid et de la guerre, il serait peut être raboter

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il y a 3 minutes, youbdu29 a dit :

On va voir si Macron tient ses promesses en 2023 , c’est la que le budget augmente vraiment . Je pense que au vu des prétentions françaises dans le monde et de la géopolitique actuelle , le budget mériterait  d’être augmenter comme certains candidats le proposaient ( 70 mds en 2030 ) mais bon a cause du covid et de la guerre, il serait peut être raboter

Ça va dépendre du premier ministre. :tongue:

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L'audition complète du DGA au sénat:

http://www.senat.fr/compte-rendu-commissions/20220502/etr.html

Citation

Audition de M. Joël Barre, délégué général pour l'armement

M. Christian Cambon, président. - Monsieur le délégué général, merci de vous être rendu disponible pour cette audition, qui vise plus particulièrement à faire le point sur le domaine capacitaire. Depuis votre dernière audition ici, le 27 octobre dernier, le contexte sécuritaire européen a basculé du fait de la guerre lancée par la Russie en Ukraine le 24 février. Cette guerre s'inscrit maintenant dans la durée. L'assistance militaire occidentale à l'Ukraine s'accroît, tandis que les buts de guerre russes demeurent assez flous.

Face à ces événements, de nombreuses questions nous interpellent. Tout d'abord, alors que les États-Unis ont promis 20 milliards de dollars supplémentaires d'aide militaire à l'Ukraine, l'assistance française monte, elle aussi, en puissance. Selon les nouvelles qui nous ont été transmises, la France fournit notamment à l'Ukraine des missiles d'infanterie légers antichars (Milan), des missiles transportables antiaériens légers (Mistral) et des camions équipés d'un système d'artillerie (Caesar), ce dont le Président de la République a fait état. Il a par ailleurs indiqué que cet appui serait appelé à se renforcer.

Il vous sera sans doute difficile de nous dire dans quelle direction cela se fera, mais peut-être pourrez-vous néanmoins nous apporter des précisions sur les amputations générées par ces livraisons dans les dotations de nos armées. Nous ne pouvons en effet donner que des armes dont nous disposons dans nos stocks, et il est important de voir comment les lacunes ainsi engendrées seront comblées, sachant que la commission des affaires étrangères, de la défense et des forces armées a régulièrement mis en avant les difficultés qui se présentaient dans ce domaine, difficultés bien antérieures au début de la guerre en Ukraine. Quel impact ces livraisons d'armes importantes risquent-elles donc d'avoir sur nos propres capacités et nos propres réserves ?

Cette guerre entraîne par ailleurs des augmentations conséquentes des prix et des délais d'approvisionnement pour certaines ressources. Quelle est exactement la situation et quels en sont les impacts sur les programmes d'armement ? Faut-il s'attendre à des augmentations de coût ou à des retards significatifs dans tel ou tel programme et, le cas échéant, quels seraient les programmes concernés ? Quelles sont les actions menées par la Direction générale de l'armement (DGA) pour aider les entreprises les plus affectées par cette situation ? Plusieurs entreprises, notamment petites et moyennes, font en effet état de difficultés en la matière dans nos territoires.

Au-delà de ces perspectives inquiétantes de court terme, la guerre en Ukraine constitue une rupture dans le monde post-guerre froide. Dans ce contexte, « l'ambition 2030 », définie par la loi de programmation militaire (LPM) en cours, s'avérera-t-elle suffisante ? Le risque de conflit de haute intensité, désormais bien réel, n'aura-t-il pas des conséquences que nous devons d'ores et déjà mettre en perspective ?

Ce risque était anticipé depuis déjà quelques années, mais certainement pas à un horizon aussi proche. Il nous apparaît, de manière assez consensuelle, que la remontée en puissance de nos armées doit, dès lors, s'accélérer. Quelles actions préconisez-vous, en particulier s'agissant des stocks de munitions, qui sont un enjeu de première importance ?

Enfin, des questions se posent également concernant les coopérations européennes. Plusieurs pays européens ont annoncé des augmentations de leurs budgets de défense, à commencer par l'Allemagne qui mobilise la coquette somme de 100 milliards d'euros pour moderniser ses armées. Toutefois, cet effort ne semble pas entraîner mécaniquement une relance des programmes que nous menons en coopération. C'est même le contraire qui pourrait se produire, du fait de la relance de l'Organisation du traité de l'Atlantique Nord (OTAN) et du resserrement des liens avec les États-Unis.

Pourriez-vous faire un point sur les programmes de coopération, en particulier sur le système de combat aérien du futur (SCAF), qui nous inquiète toujours ? D'après les informations que nous avons recueillies, le blocage demeure entre la France et l'Allemagne. Airbus ne lâche rien sur les commandes de vol qu'il veut codévelopper avec Dassault Aviation, en contradiction avec les équilibres initiaux. Je rappelle qu'Airbus, c'est-à-dire l'Allemagne, a le leadership sur cinq des sept piliers du programme. L'Allemagne apparaît aussi comme leader sur l'Eurodrone et le Main Ground Combat System (MGCS) ou « char du futur ». Ceci nécessite de notre part - particulièrement de la part du Président de la République qui se rendra sans doute à Berlin après sa prise de fonctions - un langage de clarté. La question est de savoir si les choix qui ont été posés pourront être mis en application. Ce sujet, occulté par la guerre en Ukraine et la campagne présidentielle, suscite donc incertitude et inquiétude.

M. Joël Barre, délégué général pour l'armement. - S'agissant tout d'abord de la crise en Ukraine, nous contribuons, par l'intermédiaire de nos armées, à des cessions de matériels dont certains font l'objet de commandes. Ainsi, dès le mois de mars, nous avons commandé des systèmes optroniques, notamment des jumelles de détection nocturne, auprès de Thales et de Safran. Ces matériels ont été livrés fin mars ou début avril. Nous contribuons également à la livraison, annoncée par le Président de la République, de canons CAESAR qu'il a fallu adapter pour les rendre compatibles des systèmes de commandement ukrainiens, par le biais d'un contrat passé avec Nexter.

Nous participons aussi au déploiement des matériels nécessaires au groupement tactique interarmés (GTIA) mis en oeuvre en Roumanie.

Il nous faut par ailleurs répondre à ce que nous appelons des « urgences opérations », afin de doter nos armées des capacités dont elles ont besoin pour faire face au conflit en Ukraine. Le système « adaptation réactive pour la lutte anti-drones » (Arlad) en fait partie. L'enjeu est de doter les véhicules de l'avant blindés (VAB) d'un radar de détection anti-drones et d'un effecteur capable de détruire les drones - une mitrailleuse de 12,7 millimètres - qu'il est prévu de doter également d'une capacité de lancement de grenades.

Nous avons aussi procédé au profit de nos forces à des actions d'accélération dans le domaine du renseignement, en particulier concernant le déploiement des avions légers de surveillance et de renseignement (ALSR). Les deux premiers avions ont fait l'objet d'une mise en service opérationnelle en mars dernier. Nous avons aussi accéléré la recette en vol de la capacité de renseignement électromagnétique spatiale (Ceres), lancée fin 2021, en cours de première utilisation. Nos services de renseignement ont pu déjà profiter des premières capacités de ces satellites.

Nous avons en outre renforcé notre capacité d'expertise. Les modes d'emploi des matériels doivent en effet être adaptés et élargis au fur et à mesure de leur utilisation, à l'aune d'avis techniques fournis aux armées. Un processus dit d'urgence technique a été créé en ce but, qui a déjà concerné notamment des obus, ainsi que les domaines d'emport des missiles Meteor et des missiles d'interception, de combat et d'autodéfense (MICA).

Nous avons également pris en compte la nécessité de renforcer la surveillance de notre base industrielle et technologique de défense (BITD), dans la ligne de ce que nous avions mis en place au cours de la crise du covid-19.

J'en viens à présent aux enjeux capacitaires relatifs aux conflits de haute intensité.

À mi-parcours, le bilan de la mise en oeuvre de la LPM 2019-2025 apparaît comme relativement satisfaisant s'agissant de la livraison aux armées de matériels de modernisation et du renforcement de leurs capacités. La mise en oeuvre du programme Scorpion, concrétisée par la mise en service de Griffons dans le cadre de l'opération Barkhane, en témoigne. La livraison des premiers Jaguar et des premiers Serval est également intervenue. Leur évaluation technico-opérationnelle par l'armée de terre est en cours, l'objectif étant de les exploiter dès 2023.

S'agissant de notre armée de l'air et de l'espace, nous avons déployé le standard F3-R du Rafale, qui peut emporter les nouveaux missiles air-air à longue portée Meteor, particulièrement performants lorsqu'associés à un radar à antenne active.

Dans le domaine naval, le sous-marin nucléaire d'attaque (SNA) Suffren, issu du programme Barracuda, dispose d'une capacité de lancement de missiles de croisière navals (MDCN).

Dans le domaine des avions de transport, nous avons également démontré l'efficacité de l'A400 M et du Multi Role Tanker Transport (MRTT) dans le cadre de l'évacuation de Kaboul en août 2021. Nous avons renouvelé nos capacités satellitaires en orbite au moyen du lancement des deux premiers satellites à composante spatiale optique (CSO), pour ce qui concerne l'observation et l'imagerie, et du lancement du premier satellite de nouvelle génération des télécommunications, Syracuse 4A. Les satellites Ceres ont aussi été lancés dans le cadre de leur première utilisation sur le front de l'est.

Sur le plan de la dissuasion, cinq essais ont été réalisés depuis 2017, portant à la fois sur notre composante nucléaire océanique et sur notre composante nucléaire aéroportée, qui se sont tous traduits par des succès, démontrant ainsi la crédibilité de notre force.

Enfin, nous avons élargi notre activité dans l'ensemble des champs de conflictualité : l'espace, la cyberdéfense, la cybersécurité, et le champ informationnel. Nous venons en outre de lancer une opération de capacité exploratoire de maîtrise des fonds marins.

Il reste deux points de difficulté sur lesquels il faut continuer à progresser, à la lumière des perspectives de conflits de haute intensité. Il s'agit du maintien en condition opérationnelle de nos équipements, de la performance des disponibilités, en particulier pour les aéronefs, et de la mise à niveau des stocks de munitions et de rechanges.

Au total, 1 150 aéronefs sont en service dans nos armées, de 41 types. Il conviendra de simplifier le nombre de types d'aéronefs utilisés, dans la ligne du déploiement de l'hélicoptère interarmées léger (HIL) Guépard. Cependant, depuis 2018, nous avons gagné cinq à dix points de disponibilité sur l'ensemble des matériels aéronautiques, notamment sur les Rafale, - sur lesquels nous atteignons une disponibilité de 60 % -, les A400 M, - disponibles à 40 %, via une augmentation du nombre d'heures de vol annuelles de 400 à 620 heures - et les Tigre - par l'ajout de dix appareils disponibles supplémentaires entre 2019 et 2022, soit une disponibilité de 35 %.

Ce n'est pas suffisant. Je rappelle néanmoins que nous avons lancé l'exercice de renforcement du maintien en condition opérationnelle de nos aéronefs via la mise en oeuvre de la verticalisation des marchés de soutien en 2018. Les armées ont remis à plat quant à elle leurs organisations et leurs moyens en matière de soutien opérationnel en 2019 et 2020.

Ces efforts sont toutefois pénalisés par les chantiers capacitaires induits par les améliorations successives apportées à nos avions et à nos hélicoptères. Le standard F5 du Rafale devrait également être en préparation à partir de 2023.

J'en viens ensuite à la question des stocks de munitions. La LPM prévoit une allocation de 7 milliards d'euros pour la régénération des munitions. Cet effort a été accéléré lors de l'actualisation de 2021, au moyen de la programmation de 110 millions d'euros supplémentaires. Plusieurs catégories de munitions ont été complétées de nouveau, en particulier dans le domaine de l'armement air-sol et des obus de 155 millimètres. Nous avons également sécurisé un certain nombre de filières de production de bombes et de corps de bombes. Les programmes de rénovation à mi-vie des munitions complexes de type missile comme le système de croisière conventionnel autonome à longue portée (SCALP), l'Aster ou le MICA sont par ailleurs en cours. S'y ajoute le développement des missiles de nouvelle génération que sont le missile d'interception de combat et d'autodéfense de nouvelle génération (MICA-NG) ou l'Aster 30 Block 1 « nouvelle technologie » (B1NT). De plus, des stocks de nouveaux missiles comme le MDCN et le missile moyenne portée (MMP) sont en cours de constitution.

Ces différentes actions permettent une remontée en puissance progressive de nos stocks de munitions, qui s'apprécie à l'aune de nos besoins. Il apparaît nécessaire d'accélérer ce processus. Un comité directeur du domaine capacitaire des munitions s'est tenu le 7 avril dernier avec nos armées, à l'occasion duquel plusieurs actions ont été décidées.

Nous avions reconnu en 2017 que les rechanges avaient constitué le parent pauvre des arbitrages budgétaires intervenus dans le cadre des lois de programmation militaire antérieures. Ceci a rendu la disponibilité de ces rechanges insuffisante et trop incertaine. Cette situation est en cours de révision.

Nous devons également veiller à nos capacités industrielles. Il faut qu'elles puissent réaliser ces munitions, ces rechanges et monter en cadence lorsque cela est nécessaire en particulier en cas de crise. Nous avons donc besoin d'une BITD robuste. Je rappelle qu'elle repose sur un modèle économique doté de trois piliers. Le premier est la commande publique, largement à la hausse du fait de la mise en oeuvre de la LPM 2019-2025. Ainsi, les crédits de paiement annuels du programme 146 s'élèvent à environ 15 milliards d'euros, contre 10 milliards d'euros en 2017, soit une hausse de 50 % en cinq ans. Le deuxième pilier est l'exportation. À ce titre, les succès remportés par le Rafale et les frégates de défense et d'intervention (FDI) sont à saluer. Le montant de commandes devrait s'élever à plus de 60 milliards d'euros sur 2017-2022, soit une moyenne annuelle de plus de 10 milliards d'euros. Enfin, le troisième pilier de la BITD est sa nature duale. Elle doit avoir une activité civile partout où cela est possible, pour garantir la durabilité de son activité.

Nous menons trois types d'action à l'égard de notre BITD. Nous continuons tout d'abord à surveiller la santé financière de nos industries, en particulier pour les chaînes d'approvisionnement des petites et moyennes entreprises (PME) sous-traitantes de grands maîtres d'oeuvre. Nous devons améliorer la sécurisation de nos approvisionnements en matières critiques - composants, matières premières. Nous devons surveiller aussi le contexte normatif. Nous voyons en effet se propager un certain nombre de règles environnementales, sociales et de gouvernance (ESG) qui ont tendance parfois à ostraciser l'industrie de défense. Des rapports d'organismes rattachés à l'Union européenne proposaient ainsi d'exclure de la labellisation ESG toute entreprise qui aurait un chiffre d'affaires supérieur à 5 % dans le domaine de la défense, ce qui est évidemment inacceptable à nos yeux. La vigilance est de mise sur ce point, en espérant que ces exercices de taxonomie qui se déroulent à Bruxelles ne conduisent pas à des conclusions trop négatives pour notre industrie.

Nous y veillons aussi en sensibilisant nos banques, qui se trouvent en première ligne du financement de notre industrie de défense et qui sont également soumises à des pressions, notamment d'organisations non gouvernementales (ONG), concernant ces labellisations environnementales.

En mars dernier, dans le cadre du conflit ukrainien, nous avons engagé avec nos industriels un exercice d'identification des capacités d'accélération de production industrielle. Il s'agissait de voir avec Safran, Thales, Nexter, ou encore MBDA comment nous pourrions préparer une éventuelle montée en cadence de nos capacités de production, et d'identifier les éventuels goulets d'étranglement susceptibles de se trouver dans les chaînes d'approvisionnement ainsi que les dépendances à des fournitures étrangères susceptibles de poser des problèmes critiques en cas de crise. Nous étudions les possibilités de constituer des stocks de composants à longs délais d'approvisionnement. En moyenne, la moitié du cycle de production de nos commandes correspond à de l'approvisionnement long, ce qui est très significatif.

Constituer ainsi un stock de composants à longs délais d'approvisionnement ne représente pas, à proprement parler, un surcoût, mais une avance de trésorerie qu'il importe d'assumer financièrement. Cela nécessite donc une étude précise.

Nous réfléchissons également aux moyens d'augmenter nos capacités de production, sachant qu'une telle augmentation représente un investissement significatif pour les industriels, et générera ensuite des besoins d'entretien des nouvelles lignes de production.

Nous avons aussi à étudier la possibilité d'accélérer nos développements, à condition de réduire le cadre normatif, s'agissant notamment de la certification de nos matériels - singulièrement les drones. Il faut travailler également sur la désensibilisation de nos liens à des fournisseurs étrangers. Certains approvisionnements sont en effet critiques, notamment pour les intrants transverses que sont les composants électroniques. Ce dernier problème est d'ailleurs général, toute notre industrie se heurtant aux difficultés d'approvisionnement en semi-conducteurs.

Nous rencontrons par ailleurs depuis quelques semaines, s'agissant des composants électroniques, des difficultés avec nos partenaires américains dont les industriels ont reçu pour consigne d'accorder la priorité aux besoins des matériels américains. Cela concerne par exemple l'industriel Microchip, fournisseur de Thales pour l'électronique aéroportée. Un accord de coopération réciproque, consistant à s'accorder des droits de priorité réciproques sur nos chaînes de production, est en cours de discussion avec eux et devrait permettre de dialoguer sur ce type de difficultés de manière plus globale.

Des difficultés se présentent également dans le domaine des matériaux, notamment pour le titane. Nous suivons de près les initiatives qui pourraient être prises dans ce domaine, ce sujet débordant largement le cadre des utilisations de défense. Une mission a été confiée à Philippe Varin, qui a donné lieu à la publication d'un rapport sur les suites duquel Bercy travaille actuellement, dans lequel il préconisait notamment de créer un stock stratégique d'État sur certains métaux rares et stratégiques. Nous sommes favorables à cette idée, de même que nos industriels, notamment Dassault, Naval Group, Airbus et Safran.

Je terminerai enfin en évoquant les coopérations. Lors du sommet de Versailles des 10 et 11 mars, le Conseil européen a invité la Commission européenne, en liaison avec l'Agence européenne de défense (AED), à analyser les déficits capacitaires existants au sein de l'Union européenne et à proposer des actions pour renforcer la base industrielle et technologique communautaire. Ce travail, auquel nous contribuons, est en cours. Une réunion est prévue le 6 mai à Bruxelles sur ce sujet.

Trois axes nous paraissent essentiels à prendre en compte. Tout d'abord, l'idée est, à très court terme, de mettre en place des outils et des moyens permettant aux États de l'Union européenne de renforcer leurs capacités, en privilégiant les armements européens. L'enjeu est ensuite, à court terme, de développer l'acquisition en commun d'armements européens, dans la suite du programme européen de développement industriel dans le domaine de la défense (Pedid) et du fonds européen de défense (FED). Enfin, à moyen terme, nous pensons que l'Europe doit se doter de dispositifs financiers - incitations, facilités - visant à permettre l'achat en commun de capacités et leur mise en service. Parmi les facilités que nous pourrions imaginer, le fait que la banque européenne d'investissement (BEI) soit exclue, par ses statuts, des financements de défense, mérite d'être questionné.

Nous essaierons également de promouvoir l'Organisation conjointe de coopération en matière d'armement (Occar) - il s'agit d'une agence intergouvernementale et non communautaire -, car elle est capable d'effectuer des acquisitions de programmes d'armement.

S'agissant de la coopération avec l'Allemagne, la situation du SCAF est toujours bloquée en raison de différences de vues entre Airbus et Dassault sur le pilier 1 du projet, concernant l'avion de combat. Sur ce point, je défends la position suivante : il existe un accord entre les deux industriels concernant la phase 1B - qui devait être engagée en 2021 et que nous pouvons espérer engager d'ici fin 2022 si nous parvenons à conclure les discussions -, portant sur la période 2022-2025. Il faut qu'Airbus signe le contrat que Dassault lui a proposé sur ce point. La France, l'Allemagne et l'Espagne doivent de leur côté souligner qu'un processus d'engagement de la suite du programme a été prévu dans leur accord de coopération signé le 30 août 2021. Je propose donc que les trois États rédigent une déclaration d'intention indiquant qu'ils saluent la signature des contrats de la phase 1B, et qu'ils appliqueront les dispositions de passage de la phase 1B à la suite - dispositions qui sont prévues dans l'accord de coopération. J'ai fait une proposition à mes homologues en ce sens et j'attends leur retour dans les jours à venir.

J'ai rendez-vous avec mon homologue allemand le 10 mai prochain. Un entretien doit également avoir lieu à la même période entre le Président de la République et le chancelier Olaf Scholz. Espérons que nous arriverons à sortir de ce point de blocage.

Je suis d'accord avec vous, monsieur le Président, pour dire que nous devons être fermes à l'égard de la partie allemande concernant les engagements qui ont déjà été pris - en particulier l'organisation industrielle prévoyant une responsabilité claire par pilier. Il faut un maître d'oeuvre et un architecte pour l'avion. Le meilleur du domaine doit être en l'occurrence désigné, soit Dassault France et non Airbus Allemagne. Enfin il faut que l'équilibre entre les deux pays soit apprécié à l'aune de l'ensemble des programmes en coopération.

M. Christian Cambon, président. - Que se passera-t-il si aucune solution n'est trouvée ?

M. Joël Barre. - Je veux croire à notre capacité à trouver une solution avec nos partenaires industriels et étatiques allemands et espagnols. En tout état de cause, je vous rappelle que nous poursuivons les développements du Rafale, notamment le standard F5 prévu à l'horizon 2035.

M. Cédric Perrin, rapporteur pour avis pour le programme 146 « Équipement des forces ». - Les entreprises de la BITD estiment que les formules de révision de prix ne sont pas adaptées à la situation actuelle de forte hausse des prix des matières premières. Au-delà, ce sont d'ailleurs tous les prix des produits, services, notamment des transports, qui augmentent, entraînant des pertes de marge. L'impact de ces augmentations se fait sentir sur les marchés en cours, mais aussi sur ceux qui sont en négociation, pour lesquels la remise d'offres devient un exercice périlleux. Comment cette hausse des coûts est-elle prise en compte dans les formules d'actualisation des prix des contrats en cours ? Ces formules permettent-elles de répercuter l'intégralité ou seulement une partie de cette hausse ? Envisagez-vous d'adapter les formules d'actualisation ?

Enfin, du point de vue des finances publiques, quel sera l'impact des évolutions des prix sur le programme 146 ? Disposez-vous de premières évaluations financières ? Quels grands programmes risqueraient d'être les plus affectés par cette situation ?

La guerre en Ukraine met en évidence les lacunes de nos armées, après trente ans au cours desquels nous avons cru pouvoir profiter des dividendes de la paix. L'agression russe nous confronte brutalement à une réalité oubliée. Certains journalistes estiment que la France est « totalement déconnectée » des besoins d'une telle guerre et évoquent le spectre de 1939.

Sans aller jusque-là, on peut néanmoins s'interroger sur l'opportunité, mais aussi sur la possibilité d'une remontée en puissance plus rapide que celle qui est envisagée dans l'actuelle LPM. Il s'agit de se concentrer sur la constitution de stocks de « consommables », existants ou à acquérir. La commission n'a de cesse de rappeler depuis 2017 l'importance de constituer des stocks de munitions. Je pense ici notamment aux drones, sur l'importance desquels la commission a rédigé plusieurs rapports, sans être entendue malheureusement. Je pense également aux défenses sol-air, aux défenses de proximité du combattant de type Man-Portable Air-Defense Systems (Manpads), ou encore aux véhicules blindés légers (VBL) et même simplement aux camions, dont l'importance dans la logistique n'est plus à démontrer.

Quand les budgets sont limités, la question de l'arbitrage entre masse et technologie se pose nécessairement. Le MMP coûte par exemple environ 200 000 euros - hors poste de tir -, quand son prédécesseur, le Milan, ne coûte qu'une dizaine de milliers d'euros. Certes, ce n'est pas le même produit mais le curseur entre technologie et masse est-il vraiment bien placé ? C'est une question que nous posons depuis longtemps mais qui devient flagrante, notamment au vu de l'actualité en Ukraine.

Par ailleurs, relancer une chaîne de production arrêtée est long et coûteux. Ne faudrait-il pas travailler au long cours sur des cadences permettant de maintenir la pérennité des chaînes de production pour certains équipements particulièrement cruciaux ?

Je pose à présent les questions d'Hélène Conway-Mouret, co-rapportrice du programme 146, qui n'a pu être présente ce jour.

Alors que nous devons accélérer la remontée en puissance face au risque de guerre de haute intensité, des moyens sont prélevés sur nos armées pour satisfaire les contrats export. Pour mémoire, douze Rafale d'occasion sont actuellement prélevés au profit de la Grèce, puis douze autres le seront au cours des prochaines années, au bénéfice de la Croatie. Ces prélèvements correspondent pratiquement à un escadron opérationnel complet. Ces opérations doivent être compensées par l'achat d'appareils neufs. Or, s'agissant du prélèvement croate, la commande annoncée l'an dernier est reportée à 2023. Pour quelles raisons ? Quand seront livrés ces appareils, dont la chaîne de production est très sollicitée par les succès de Dassault Aviation à l'export ?

Certes les appareils neufs seront d'un standard supérieur et les produits de cession doivent permettre une modernisation de la flotte existante. Ces éléments ont déjà été portés à notre connaissance. Toutefois, en attendant, cela ne permet pas de combler le trou capacitaire.

On en revient au dilemme entre la quantité et la qualité. Faut-il, dès lors, prolonger des appareils anciens tels que les Mirage 2000C qui doivent être bientôt retirés du service ? Quelles sont les pistes que vous privilégiez ?

Le contexte actuel ne doit-il pas conduire, sur le plan européen, à une réflexion approfondie sur nos dépendances stratégiques ? La crise du covid-19 avait déjà soulevé ce problème qui n'est donc pas nouveau - mais je ne suis pas certain que nous en ayons tiré des leçons. Où en est-on ? Qu'attendez-vous, dans ce domaine, de la boussole stratégique récemment adoptée au niveau européen ?

Enfin, l'Allemagne a ouvert une enveloppe de 100 milliards d'euros d'achat d'équipements militaires. Nous avons vu dans la presse qu'elle serait largement consacrée à l'acquisition de produits américains. De quelles informations disposez-vous sur l'utilisation de cette enveloppe ? Bénéficiera-t-elle aussi aux programmes européens ?

M. Pascal Allizard, rapporteur pour avis pour le programme 144 « Environnement et prospective de la politique de défense ». - En matière de recherche et innovation, l'engagement de porter en 2022 à 1 milliard d'euros les crédits d'études amont nous semble respecté. Cette trajectoire est conforme à celle de la LPM. Nous avions cependant mis en avant trois points de vigilance concernant le budget 2022.

Le premier point a trait au projet de baisse de la dotation de l'Office national d'études et de recherches aérospatiales (Onera). Au vu du maintien de cette dotation à 110 millions d'euros, nous estimons avoir été entendus. Cependant, compte tenu des circonstances et de l'accroissement prévisible de l'activité de défense, ce montant nous semble constituer davantage une base de départ qu'un plafond.

Le deuxième point concerne la mobilisation effective des crédits d'études amont supplémentaires. Quelles sont les priorités à donner par la DGA au regard des enseignements de la guerre en Ukraine et des défis nouveaux que pose, par exemple, la menace de missiles hypersoniques russes ou chinois ? Alors que l'entrée en service de l'Eurodrone n'est prévue que pour 2029 pour un coût unitaire de près de 120 millions d'euros, le drone turc Bayraktar est déjà produit en masse, au prix de 5 millions d'euros. Ces écarts de chiffres doivent se retrouver dans le contenu technologique et opérationnel du produit. Pourriez-vous nous donner un éclairage sur ce point ? Quelle actualisation de la politique d'armement devons-nous mener ?

Enfin, nous craignons, comme vous, que le projet de taxonomie européenne visant à exclure les investissements dans la défense du classement des investissements durables ne tarisse le financement de notre BITD. Avec l'augmentation généralisée des budgets de défense de nos voisins européens - Allemagne, Pays-Bas, Pologne, etc. -, peut-on envisager un changement de position de nos partenaires européens sur ce sujet ? Comment peut-on contribuer à vous y aider ?

M. Yannick Vaugrenard, rapporteur pour avis pour le programme 144 « Environnement et prospective de la politique de défense ». - Nous ne pouvons raisonner aujourd'hui comme nous le faisions il y a six ou neuf mois. La situation a complètement évolué. Nous l'avons d'ailleurs perçu à travers le changement de position, que nous pouvons juger positif, de nos amis européens quant aux efforts à réaliser dans le domaine militaire.

Comme vous le souligniez tout à l'heure, une mutation de point de vue devra s'opérer s'agissant du financement de l'armement européen. Nous pouvons espérer que les évolutions politiques constatées à la suite de l'invasion en Ukraine suivront cette ligne.

N'est-il pas indispensable, en France, d'envisager un effort financier plus important que celui qui est prévu dans le cadre de la LPM ? Compte tenu du contexte, de ce qu'il se passe en Ukraine et des perspectives de conflits de haute intensité qui se présentent, un « big bang » financier n'est-il pas indispensable pour nos armements et le financement de nos armées, sachant que des difficultés en matière de disponibilité sont à prendre en considération ? Un effort financier considérable est à fournir, dans le cadre de la présente LPM et de celle qui la suivra.

Par ailleurs, le renseignement français a été peu évoqué depuis le début de la guerre en Ukraine, contrairement aux renseignements américain et britannique. Est-ce par discrétion ou pour d'autres raisons ?

Nous nous étions inquiétés lors de votre précédente audition d'un risque de trou capacitaire sur les missions stratégiques du renseignement électronique d'ici la mise en oeuvre du nouveau programme Falcon. Pourriez-vous nous fournir des informations à ce sujet ? Ne risquons-nous pas d'avoir du retard dans ce domaine ? Quels problèmes rencontrez-vous dans le domaine du renseignement aérien, particulièrement du renseignement spatial ?

M. Joël Barre. - Les conséquences immédiates, sur les contrats, des crises constatées dans l'approvisionnement des intrants seront traitées au cas par cas, entreprise par entreprise et contrat par contrat, comme nous l'avons fait pendant la crise du covid-19.

La plupart des formules de révision utilisées rendent correctement compte de l'évolution des prix, à l'exception de certains indices matière extrêmement volatils. La modification des formules de révision pour les marchés en cours d'exécution n'est règlementairement pas possible si le marché ne prévoit pas expressément une telle modification. Pour les marchés à venir, une attention particulière sera portée sur le choix des indices et leur poids respectif dans la formule de révision.

La hausse budgétaire de 3 milliards d'euros prévue est confirmée pour 2023.

Sur les drones, je trouve les analyses présentées sévères. Il y aura plus de 1 000 drones en service dans nos armées d'ici deux ou trois ans, contre quelques dizaines en 2017. Il est donc faux de dire que rien n'a été fait.

M. Cédric Perrin, rapporteur pour avis pour le programme 146 « Équipement des forces ». - Parmi ces drones, combien compte-t-on de mini-drones ?

M. Joël Barre. - Nous comptons plus d'une dizaine de mini-drones du système de mini-drones de reconnaissance (SMDR), avec un retour satisfaisant de leur déploiement sur le théâtre opérationnel depuis 2019.

Nous avons aussi comme drones de contact - les mini-drones aériens embarqués pour la marine (SMDM), par exemple.

M. Cédric Perrin, rapporteur pour avis pour le programme 146 « Équipement des forces ». - Les drones de contact forment l'essentiel de la flotte.

M. Joël Barre. - Ils ont leur utilité. Il faut avoir toute la gamme : drones de contact, drones tactiques, etc. Le drone turc Bayraktar TB2 est l'équivalent de notre Patroller.

M. Cédric Perrin, rapporteur pour avis pour le programme 146 « Équipement des forces ». - Et la commission plaide depuis 2017 pour l'armement de ce dernier.

M. Joël Barre. - Nous y travaillons. La livraison des premiers drones Patroller constitue l'un de nos retards majeurs, mais devrait être effectuée en 2022.

Le coût du Patroller est de 6 millions d'euros. Il s'agit d'un drone de surveillance, non d'un drone d'attaque au sol comme le TB2.

Les besoins de nos programmes d'armement sont élaborés à partir d'un document unique de besoins établi en lien avec les armées et l'industrie. J'espère donc que les systèmes que nous réalisons correspondent aux besoins des armées ! L'Eurodrone répond ainsi à un besoin exprimé par nos armées.

M. Cédric Perrin, rapporteur pour avis pour le programme 146 « Équipement des forces ». - Certes mais ce besoin a été exprimé en 2015 ou 2016. Or la mise en service est prévue en 2030.

M. Joël Barre. - L'Eurodrone est un drone utilisé pour faire du renseignement, qu'il est prévu d'armer à l'avenir. On me dit qu'il n'est pas compatible avec la haute intensité. Il n'est évidemment pas capable de pénétrer un contexte aérien contesté. Dans un tel contexte, deux possibilités se présentent : produire un drone « consommable », en acceptant le risque qu'il soit détruit par une défense aérienne, ou mettre en service un drone maintenu à une distance de sécurité, à des fins de renseignement. C'est cette seconde option qui a été retenue à travers l'Eurodrone. Un appel à projets pourra toutefois être lancé pour la production d'un drone « consommable ». Il faut s'efforcer de disposer d'une pluralité de moyens, dans la mesure de nos capacités financières.

M. Cédric Perrin, rapporteur pour avis pour le programme 146 « Équipement des forces ». - Le drone Moyenne Altitude Longue Endurance (MALE) a été conçu dans le cadre d'opérations extérieures (OPEX) déployées dans des environnements permissifs, c'est-à-dire sans couverture aérienne hostile. Or, compte tenu de l'évolution du contexte géostratégique, l'usage de drones « consommables » apparaît comme une nécessité.

M. Joël Barre. - Il faut revoir cela, ce sera l'objet de la LPM 2024-2030. Il reste néanmoins que l'Eurodrone peut être utilisé à distance de sécurité d'un environnement non permissif.

De manière générale, les questions d'équilibre entre technologie et masse doivent se poser dans le cadre de la LPM 2024-2030. Les matériels que nous construisons aujourd'hui répondent tout de même à des besoins et présentent une performance satisfaisante. Il a fallu cinq ans pour lancer le programme Eurodrone, et le contexte géostratégique a changé. Nous pouvons néanmoins continuer à l'utiliser.

Nous avons compensé la cession des Rafale d'occasion croates, dans un premier temps, par l'acquisition d'équipements additionnels, grâce aux recettes extra budgétaires obtenues de ces cessions. Une augmentation de la quatrième tranche de commande (4T+) a été prévue pour compenser les cessions à la Grèce. La commande de la 5ème tranche de production Rafale, augmentée des avions de recomplétement à l'issue de l'export croate est prévue en 2023 avec des livraisons à compter de 2027. Ce calendrier constitue un optimum entre les contraintes budgétaires et les capacités industrielles.

M. Christian Cambon, président. - Faire disparaître un escadron, ce n'est pas rien !

M. Joël Barre. - Oui, mais je rappelle qu'une hypothèque pesait sur notre tête dans le cadre de la loi de programmation, et que le succès à l'export était la seule façon de la lever.

Dassault Aviation a augmenté sa production à une cadence de trois avions par mois. Si nous demandions une augmentation à hauteur d'un avion supplémentaire par mois, cela aurait un coût important. De plus, cette ligne de production supplémentaire devrait ensuite être entretenue.

S'agissant des chaînes de production, nous devons arriver à concilier la constitution de stocks et la montée en puissance de la production, en lien avec les industriels. Cet exercice est en cours.

La loi portant sur la création du fonds spécial de 100 milliards d'euros annoncé par l'Allemagne n'est pas encore votée compte tenu des règles constitutionnelles allemandes de limitation de l'endettement public. Or, alors qu'elle ne peut, dans ce contexte, engager de programme en coopération européenne, cela ne l'empêche pas de contracter des Foreign Military Sales (FMS) avec les Américains. Espérons donc que nous arriverons à trouver un accord sur le SCAF.

M. Christian Cambon, président. - Il faudra avoir le courage de tirer les conclusions de cette situation.

M. Joël Barre. - Ce point devra être tranché d'ici l'été.

Par ailleurs, le contrat d'objectifs et de performance 2022-2026 de l'Onera vient d'être signé. C'est donc cette trajectoire qui prévaut. Des révisions pourront toutefois survenir dans le cadre de la LPM 2024-2030.

S'agissant des moyens de renseignement, les satellites Ceres sont en train d'être mis en service, avec des premiers résultats opérationnels. Il s'agit du premier système satellitaire de renseignement d'origine électromagnétique (ROEM).

Dans le domaine du ROEM aéroporté, un problème se pose compte tenu du retrait du Gabriel annoncé pour 2022. Le déploiement, en remplacement, de l'Archange prendra un certain temps. Nous sommes en train d'assurer le démarrage de la réalisation de cet avion. Nous avons par ailleurs accéléré le déploiement des ALSR.

M. Guillaume Gontard. - Quelles conséquences les difficultés d'approvisionnement en composants électroniques et en titane rencontrées par les entreprises auront-elles sur les futures commandes ? Quelles actions la DGA mène-t-elle auprès des industriels, notamment des entreprises sous-traitantes, pour garantir leurs capacités de production ?

M. Jacques Le Nay. - Combien de canons Caesar sont-ils en service sur les théâtres d'opérations et de combien d'entre eux disposons-nous en stock ? Combien pourrons-nous envoyer en Ukraine et sous quel délai, sachant qu'il faut tenir compte de leur adaptation, de la formation nécessaire pour leur utilisation, de leur livraison et de leur mise en opération ? A-t-on les capacités financières de renouveler le stock que nous n'avons plus ?

M. Bruno Sido. - Les services de renseignement français n'ont pas annoncé, contrairement à leurs homologues américains, l'attaque russe en Ukraine. Le général placé à la tête de la Direction du renseignement militaire français (DRM) a récemment été remplacé. Il était notamment chargé de la surveillance à partir de l'espace. Y-a-t-il eu une défaillance matérielle ou humaine ?

Les Ukrainiens ont-ils été formés ou sont-ils formés à l'utilisation des matériels sophistiqués qui leur sont livrés par les pays membres de l'OTAN ?

Enfin, quelles sont les pistes envisagées pour relancer le programme MGCS ? De nouveaux acteurs industriels sont-ils attendus pour rééquilibrer le projet ? Un plan B est-il envisagé, avec les partenaires du programme Scorpion, par exemple ?

M. Philippe Paul. - Pour le programme 178, le niveau de stock correspondait en 2021 aux trois quarts des besoins. Des tensions étaient constatées notamment sur les mortiers et les bombes. Les stocks de munitions complexes correspondaient à 40 % des besoins. La prochaine LPM sera cruciale pour reconstituer nos stocks de munitions : 6 à 7 milliards de munitions devront être acquis d'ici 2030, pour un stock évalué aujourd'hui à 8 milliards.

Il faudra veiller à placer les bons curseurs sur le niveau de technicité des munitions, la durée de leur fabrication et leur lieu de stockage. Il faut réfléchir à la réhabilitation du dépôt des Bouches-du-Rhône situé à Fontvieille et, de manière générale, à notre autonomie stratégique. Nous n'avons plus de fabricant français de poudre, celle-ci étant produite en Pologne. Toutes ces questions sont-elles prises en compte dans le nouveau contexte géostratégique ?

M. Philippe Folliot. - Des analyses ont-elles été conduites par la DGA, conjointement avec nos forces armées, pour adapter nos moyens aux combats du futur, au vu de ce qu'il se passe en Ukraine ? Un retour d'expérience sera-t-il établi sur ce point ?

Le groupe Thales a racheté la branche « simulation » de l'entreprise Ruag. Comment analysez-vous ce dossier ?

Enfin, la disponibilité à 40 % des A400 M paraît faible. Ceci peut avoir des conséquences tactiques, ainsi que sur la préparation opérationnelle des forces, notamment parachutistes. Quels moyens pourraient être mis en oeuvre pour faire remonter le taux de disponibilité de ces matériels ?

M. Olivier Cadic. - Je reviens sur l'acquisition annoncée de la Compagnie industrielle des lasers (Cilas) par Safran et MBDA. La société Lumibird souhaitait également présenter une proposition d'achat. Cette entreprise de taille intermédiaire (ETI) bretonne, leader européen des technologies lasers, est actuellement actionnaire de Cilas à hauteur de 37,5 % et enregistre de nombreux progrès, notamment en matière de lutte anti-drones. Il ne me paraît pas souhaitable de bloquer cette acquisition. La DGA est-elle prête à accompagner Lumibird pour que cette société puisse servir les besoins de tous les intégrateurs de défense français et européens ?

M. Joël Barre. - L'analyse des capacités qui pourraient être engagées au vu des difficultés d'approvisionnement de la BITD est en cours, avec l'ensemble de nos maîtres d'oeuvre. Il s'agira d'un chantier fondamental pour la LPM 2024-2030.

Un programme de rénovation et d'évolution du Caesar dit « Caesar de nouvelle génération » est en cours. Au total, 76 Caesar sont en service. Le programme de modernisation porte à la fois sur la mobilité du véhicule et la protection de la cabine. Les six Caesar qui ont été livrés aux Ukrainiens ont été prélevés sur nos stocks.

Une première analyse a été conduite sur le stock de munitions, avec nos armées, dans le cadre du comité directeur du domaine capacitaire munitions (Capamun). Ce sera l'une des entrées de la mise à jour de la LPM.

Je ne me prononcerai pas sur l'organisation des services de renseignement, cette question ne relevant pas de mon champ de responsabilités.

Le programme MGCS est en phase d'étude d'architecture initiale jusqu'au printemps 2023. Les discussions se poursuivent avec l'Allemagne concernant l'organisation industrielle des développements technologiques que nous voulons lancer, en particulier sur le partage des responsabilités du canon et des munitions entre Nexter et Rheinmetall. Nous discutons également de la possibilité de nous doter d'un maître d'oeuvre architecte franco-allemand unique, pour la suite, incluant Krauss-Maffei Wegmann-Nexter Defense Systems (KNDS), Rheinmetall, et Thales.

La reprise de la participation d'ArianeGroup dans Cilas par Safran et MBDA est en cours de concrétisation. Dans un deuxième temps il faudra traiter le problème de l'organisation industrielle à mettre en oeuvre entre Safran, MBDA et Lumibird. Nous interviendrons autant que nécessaire à ce moment-là. La reprise de Cilas par Safran et MBDA apparaît néanmoins comme une bonne chose. Les technologies d'armes à effet laser sont en effet en plein développement, notamment pour la destruction de drones. Il ne s'agit donc pas seulement de technologie laser. Cela doit être englobé dans un système d'ensemble de lutte anti-drones.

Nous disposons d'une flotte de dix-huit avions A400 M, dont six sont en chantier de rattrapage de performance. En effet, la mise en service des A400 M dotés de leurs pleines capacités n'est pas encore achevée compte tenu du retard accumulé sur ce programme. La livraison de l'ensemble des avions de la flotte, dotés de leurs pleines capacités, ne sera finalisée qu'en 2024. Les avions passent donc en chantier de rétrofit au fur et à mesure de leur livraison, ce qui pénalise leur disponibilité. Ce handicap se résorbera au fur et à mesure de la livraison des nouvelles capacités.

L'accord de rachat de la branche « simulation » de Ruag par Thales est à saluer. Nous l'avons d'ailleurs soutenu depuis le début.

Enfin, s'agissant de la production de poudre, je vous répondrai par écrit, monsieur le sénateur, car je n'ai pas ces éléments en tête.

M. Christian Cambon, président. - Merci pour cet échange riche, dont nous avions besoin dans un contexte particulièrement bouleversé. Nous resterons attentifs à l'adaptation de notre appareil de défense aux nouvelles circonstances. La suggestion que vous avez faite de lancement d'une nouvelle LPM relève du bon sens.

Le sujet de la défense aérienne n'a pas été abordé au cours de cette audition, alors même que plusieurs questions se posent à la lumière des drames qui surviennent en Ukraine. L'Allemagne a annoncé son intention de se doter d'un bouclier antimissile semblable au « dôme de fer » israélien. La question se pose donc de savoir si les Européens ne pourraient pas travailler ensemble sur la défense anti-aérienne.

 

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On voit très bien dans cette intéressante audition que la LPM prochaine aura du pain sur la planche. Les nombreuses coopérations prévues pour équipements majeurs, dont la majorité d'entre elles sont en difficultés voire dans l'impasse, vont la rendre particulièrement importante pour le futur des capacités de nos forces armées. Les Européens on commencé à augmenter leurs prévisions de budget avec l'Allemagne en tête qui en profite pour briser un tabou. La guerre en Ukraine ouvre une ère d'incertitude qui pourrait changer beaucoup de choses dans la place des armées dans notre nation et en impliquant plus la population.

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Il y a 1 heure, gargouille a dit :

Je le mets ici car ça pourrait influencer les choix.

Après la Pologne, la Belgique plaide pour exclure les dépenses militaires des règles budgétaires de l’UE

http://www.opex360.com/2022/05/31/apres-la-pologne-la-belgique-plaide-pour-exclure-les-depenses-militaires-des-regles-budgetaires-de-lue/

Bien vu cette info. Il aura fallut une guerre aux portes de l'Europe pour que certains commencent à s'interesser à sanctuariser la défense. C'est vrai que l'Europe c'est d'abord une zone économique et financière dérégulée... Avec peu de moyens dans la défense et investit de façon désuni, l'Europe est bien loin de la réalité du monde depuis 20 ans. Mieux vaut tard que jamais dit-on... pas certain mais espérons.

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