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DGSE et Services de Renseignement Européen.


AkarSaren

Messages recommandés

il y a 27 minutes, mgtstrategy a dit :

Oui, le SA peut par définition passer à l'action sur simple ordre. Ca c'est sur.

Mais à nouveau, et pour la derniere fois, je t'invite à dissocier les missions entre SA et 'cellule alpha'. Cf. discussion ci dessus.

Ben non. Justement j'explique pourquoi selon moi il n'y a pas dissociation.

On a de la source douteuse, un fonctionnement a priori unique au monde (à part au cinéma), pas le besoin d'un tel outil (le SA remplit toutes les conditions), un passif qui nous dit que ça marche pas du tout/mal.

 

J'ajoute encore un argument : si on parle d'exposer un citoyen français non-membre du service et qui plus est volontaire, ça me parait encore plus casse-gueule légalement et médiatiquement (il peut parler). En revanche, s'il s'agit de manipuler quelqu'un qui ne sait ce qu'il fait, là y a pas besoin de prendre un français (et vaut mieux si ça tourne mal). C'est même encore plus débile, au sens où le SA lui bénéficie de l'appui de tout un service, y compris pour la clandestinité (faux-papiers etc.). Là on aurait un mec issu de nul part, sans soutien du Service etc. ? Ou alors si, mais du coup pas tant...ça n'a aucun sens !

Or y a l'affaire avec une certaine voyante qui a du guérir les derniers qui pensaient voir un intérêt à ces façons de faire. Si y a pas d'ordre et que t'es pas de l'unité, y a un loup ! Je me demande si les deux couillons de la garde ne se sont pas fait avoir avec cette légende des Alphas tiens ?! Si oui, je pense que certains feraient bien d'arrêter de colporter ce genre de rumeur à la con (hypothèse où c'est un running-gag/diversion pour pas qu'on regarde du côté du SA).

il y a 33 minutes, mgtstrategy a dit :

1er lien sur google

https://www.radiofrance.fr/franceinter/podcasts/rendez-vous-avec-x/les-cellules-alpha-9348240

 

j'ai pas été voir plus loin, mais tu as de la docu. Je suis en vacances, je peux pas faire plus.

C'est la vidéo de Beryl 614 que je te demande...je ne me souviens pas l'avoir entendu évoqué ça.

Il revendique en tout cas n'avoir jamais fait parti du SA.

De même, je ne me souviens pas l'avoir jamais entendu évoquer un truc genre Alpha.

 

Rendez-Vous Avec X n'est pas une source (et c'est notoirement assez fumeux souvent). C'est juste du décorum pour mettre à la radio des bouquins. Ici en l’occurrence :

- Les tueurs de la République de Vincent Nouzille, Fayard (2015)

- Histoire politique des services secrets français de Jean Guisnel, Rémi Kauffer et Roger Faligot, La Découverte (2012) 

- Renseigner les démocraties, renseigner en démocratie de Philippe Hayez et Jean-Claude Cousseran, Odile Jacob (2015)

J'ai déjà dit ce que je pensais de la première source, et à quel point il faut s'en méfier. Pour les autres, je ne sais pas.

J'ajoute que Vincent Nouzille, vu ses publications, connait le milieu où les barbouzes ont eu cour. Est-ce là qu'il a entendu parler des modes de fonctionnement de l'époque algérienne ? Je me le demande.

 

 

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il y a 41 minutes, Gallium a dit :

Rappel

Déjà beaucoup plus intéressant.

Mais...y a un gros mais...

On passe de Cellules Alphas ou d'Alphas en tant que statut à un...exercice, voir peut-être à un type de mission. Or là on a deux hypothèses qui commencent à s'exclure.

Le reste, le lien entre les deux, ça tient de la supposition.

Je note par contre la notion que le personnel de la DGSE ne savait visiblement pas qu'il était en exercice...

 

Or, pour rappel :

https://www.leprogres.fr/faits-divers-justice/2022/01/11/munitions-volees-cameras-desactivees-la-gestion-du-stock-d-explosifs-du-gign-fait-polemique

https://www.droitdesmilitaires.fr/7610

Et oui, parce que de hypothèses, je peux vous en faire d'autres moi. Et il est parfois commode de faire croire à autre chose. Je sais pas, avec un épouvantail par exemple.

On a l'Espagne, des militaires français qui trafiquent des armes etc.

Je serai bien prudent sur Rondot. ^^

Modifié par Polybe
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il y a 4 minutes, mgtstrategy a dit :

Pour talk with a spy je t'invite a regarder toutes les vidéos!

Tu m'excuseras mais là je peux pas aller fouiller ses 39 vidéos rien que pr te citer le passage....

C'est à celui qui avance quelque chose de le démontrer.

 

Là via une réécoute rapide, je peux déjà te dire qu'Olivier Mas revendique n'avoir JAMAIS fait parti du SA. Tu affirmais le contraire plus haut.

Dans sa vidéo sur le SA, il explique que le SA conduit les opérations ARMA. Sur l'HOMO :

- il souligne la sensibilité du sujet (je traduis qu'il ne dira pas ce qu'il sait) ;

- il renvoi aux confidences de Hollande (ce que j'ai fait également) ;

- il dit avoir rencontré à la DGSE un ancien d'une Cellule Alpha. Cette personne était une ancienne du SA (ce qui tend à confirmer ce que je dis en terme de profil et de domiciliation de la capacité). Il précise qu'il ne sait même pas si la Cellule Alpha a existé.

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il y a 51 minutes, Gallium a dit :

Rappel

J'ajoute que deux Welrods (je ne reconnais pas le fusil de précision) pour du deniable, avec des gens qui ont des passeports français, bon...y a au contraire tout qui crie DGSE.

Quitte à avoir des tueurs sur-clandestins, même avec un passeport français, y a quand même du matériel moins marquant.

 

 @g4lly nous avait partagé ça à l'époque. Là déjà la notion d'exercice devient plus parlante, mais on part sur tout autre chose il me semble.

Parce que l'épouvantail de l'assassinat ok, mais on dirait surtout un exercice logistique avec déplacement clandestin de matériels d'un point A à un point B. Juste sur cette base là, je verrai bien un exercice en effet, mais ou un agent s'entraine à en commander un autre, en conditions réelles.  Y avait-il plus derrière ? On peut le supposer, mais ça devient très spéculatif.

Modifié par Polybe
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Pour donner de la source sur ce dont parle @Gallium :

https://www.pressreader.com/spain/el-pais-valencia-1244/20131020/282303907870356

Il me perturbe ce fusil... ^^

 

Rapport : OPÉRATION SECRÈTE EN ESPAGNE
La mission secrète du « Chacal » français
Le général Rondot, un super espion français, a organisé la disparition de deux de ses agents, arrêtés avec des armes de guerre à Manresa, pour éviter leur capture et leur procès en Espagne

    * Notes du carnet du général Rondot

JESÚS DUVA ET JOSÉ MARÍA IRUJO 15 NOV. 2009

En avril 2002, les Mossos d'Esquadra ont arrêté à Barcelone un homme de Marseille avec un fusil télescopique et un pistolet. Quelques heures plus tard, un autre homme lié à lui a été arrêté. Tous deux travaillaient pour les services de renseignement français. Son chef était le général Philippe Rondot, célèbre pour avoir capturé le terroriste Chacal en 1994. Rondot et le gouvernement ont trompé le parquet pour obtenir la libération des agents, tandis qu'un général français a profité du défilé des forces armées le 12 octobre 2002 à Madrid pour parler avec des membres du gouvernement espagnol et intercéder en faveur des détenus. Six jours plus tard, à la suite de ces pressions, tous deux ont été libérés de prison et n’ont jamais comparu devant le tribunal.

Les détenus ont été libérés quelques heures après que le général Rondot ait rencontré le procureur général de Barcelone.

Les agents secrets portaient un fusil à un coup avec une lunette laser, ainsi qu'un pistolet Ruger.

Pourquoi la justice espagnole n'a-t-elle pas demandé d'explications au général Rondot, qui à l'époque soutenait les deux fugitifs ?

Les juges ont émis un mandat d'arrêt et d'emprisonnement contre les deux espions, car ils ne s'étaient pas présentés à leur procès.

« Piazzole m'a semblé être un homme froid au regard glacial. Quand je l'ai vu, l'image du Chacal m'est venue à l'esprit. »
Plus d'informations

    * La fuite des « chacals »

Le cerveau de l'espionnage français, qui se vante dans son journal secret de ses bonnes relations avec le Cesid (aujourd'hui le CNI) et la Garde civile, a fourni aux deux espions de nouvelles fausses identités et a également fait en sorte d'empêcher la diffusion du mandat d'arrêt espagnol en France. Rondot a effacé toute trace des agents Christian Piazzole et Rachid Chaouati, leur localisation a donc été un fiasco. Le général, actuellement au centre d'une polémique en France pour son implication dans l'affaire Clearstream, n'a pas été convoqué par la justice espagnole pour répondre du sort des agents qu'il a lui-même soutenus. Un pacte secret entre les deux gouvernements, basé sur la lutte contre l'ETA, semble protéger les fugitifs d'un manteau d'immunité.

Sept ans après les faits, on ne sait toujours pas ce que faisaient les deux agents en Espagne, même si diverses sources s'accordent à dire qu'ils étaient venus pour tuer. Qui? Personne ne le sait, même si les experts pensent que la cible était un terroriste corse ou un islamiste basé en Catalogne. EL PAÍS reconstitue cette sombre histoire à partir du dossier, des déclarations des protagonistes et des notes cachées du général Rondot.

Le Marseillais conduisait une Audi 80 vers 00h30 le 18 avril près de Manresa. J'essayais d'aller à Barcelone. J'étais perdu car je ne connaissais pas la région. Il a fait une manœuvre étrange lorsqu'il a repéré une patrouille des Mossos d'Esquadra, essayant d'éviter les officiers. Mais ils l’ont intercepté sans difficulté.

-Bonne nuit. Pouvez-vous nous laisser votre documentation ?

Le conducteur a présenté un passeport et un permis de conduire au nom de Richard Perez, 40 ans, de nationalité française.

-Pourriez-vous ouvrir le coffre, s'il vous plaît ?

Perez est sorti du véhicule et a soulevé le couvercle du coffre. Ce faisant, un tuyau en PVC est apparu à l'intérieur duquel se trouvaient un fusil à un coup artisanal, avec un silencieux et une lunette de visée laser, ainsi qu'un pistolet Ruger .22 Long Rifle dont le numéro de série avait été effacé. Mais ce n’était pas la seule chose. Il possédait également un émetteur radio portable, deux téléavertisseurs, un GPS, une boussole, un téléphone portable Nokia et un appareil photo Kodak qui dissimulait un dispositif de radiobalise électronique à l'intérieur. Une équipe complète de l'espion parfait. Ou le tueur à gages parfait.

Perez a été arrêté. Quelques heures plus tard, il avouera que sa véritable identité est Rachid Chaouati, né à El Biar (Algérie) en 1963, et résidant à Marseille. Il prétendait être étudiant en arts martiaux et avoir travaillé comme garde du corps pour une agence de protection d'entreprise, après avoir suivi une formation à l'académie Vips Securité de Marseille.

Le jour des faits, un homme nommé Antoine (en réalité un espion identifié comme Christian Piazzole) lui a ordonné de se rendre dans une forêt d'El Perelló, en suivant les coordonnées enregistrées sur un appareil GPS. Il trouverait quelques arbres et trois pierres qui indiquaient qu'un tube en plastique avait été enterré là, dont il devait s'occuper.

Après avoir récupéré le tube, Chaouati et l'autre espion se sont retrouvés à l'office de tourisme de la Plaza Cataluña de Barcelone, d'où ils se dirigeraient vers un bar voisin. Là, il lui remit une carte de la région de l'Anoia (Barcelone) et lui donna des indications précises pour trouver la cachette où il pourrait dissimuler les armes, près de Sant Père de Sallavinera.

Incapable de localiser les pierres qui marquaient l'endroit où il devait déposer le fusil et le pistolet, Chaouati a parlé au téléphone avec Piazzole, qui lui a dit de retourner à l'endroit qu'il avait marqué. Il parcourut le chemin une deuxième fois, mais il ne le trouva pas non plus. A neuf heures du soir, Rachid, qui était accompagné de sa femme, Karima, a décidé d'aller dormir à l'Hôtel Père III à Manresa. Cependant, à 23h30 le téléphone sonna : c'était Piazzolle, qui, "très en colère", lui ordonna de venir immédiatement à Barcelone pour le rencontrer. En route vers ce rendez-vous, il a été intercepté par la patrouille de police.

Chaouati a avoué avoir placé trois ans plus tôt une annonce dans Securé Mag proposant de devenir garde du corps ou chauffeur de sécurité. Quelques mois plus tard, il reçoit un appel d'un homme nommé Antoine, qui lui propose un salaire de 8 500 francs français par mois et lui donne une fausse carte d'identité au nom de Richard Perez. Son travail consisterait à « acheter des téléphones portables et à voyager à l’étranger pour photographier des restaurants et des bâtiments ». Un garçon de courses particulier. Avant d'être arrêté, le Marseillais avait déjà effectué plusieurs voyages à Saragosse - « pour acheter un téléphone portable » -, ainsi qu'à Barcelone et Valence. Ce n’était donc pas la première fois qu’il se trouvait en Espagne et qu’il utilisait ce pays comme base d’opérations.

Pendant que la police interrogeait Rachid Chaouati, son téléphone portable n'arrêtait pas de sonner. Quelqu'un l'appelait nerveusement et compulsivement. Les Mossos d'Esquadra ont confirmé que les appels provenaient de cabines téléphoniques publiques du centre de Barcelone. Le détenu a déclaré qu'il s'agissait peut-être de son chef Piazzole et a fourni sa description (un homme entre 40 et 50 ans, mesurant 1,70 mètre, avec des cheveux gris et une barbiche). Une chasse à l’homme a été rapidement lancée. Et une patrouille a localisé un homme qui répondait à cette description alors qu'il se trouvait dans un stand sur les Ramblas de Santa Monica, à côté du Musée de Cire. Il a été arrêté rue Portaferrissa.

Piazzolle transportait des cartes, ainsi qu'un roman français intitulé Le nécrophage, de Bretin et Bonzon, qui se déroule pendant la guerre d'Indochine et qui raconte l'histoire d'un meurtrier expert en torture chinoise. Dans un sac, il transportait un talkie-walkie, un GPS, une caméra vidéo, une montre avec GPS, de nombreuses cartes de cabines téléphoniques espagnoles et un billet Paris-Barcelone.

Piazzole, né à Frenda (Algérie) de parents corses, ainsi que Chaouati et son épouse ont été traduits devant la justice. « Ce Piazzolle m'a semblé être un homme froid, au regard glacial, comme indifférent à tout. J'avais lu récemment le livre Le Jour du Chacal, et je ne sais pas pourquoi il m'est venu à l'esprit que ce type pouvait être quelqu'un comme Le Jour du Chacal, le tueur à gages qui tentait d'assassiner le général de Gaulle », se souvient un magistrat.

Les Mossos d'Esquadra (police catalane) ont demandé à la France sa collaboration pour identifier tous les appels téléphoniques passés par les deux espions au cours de l'année écoulée, notamment celui passé peu avant leur capture à une certaine Madame Petit. Qui était cette femme mystérieuse ? "Les Français ne nous ont jamais répondu à ce sujet, ni sur les questions liées aux armes confisquées, ni sur d'autres points qui auraient été très utiles pour éclaircir l'affaire", a déclaré un policier.

Malgré le peu d'aide française, on sut bientôt que Piazzole était un agent des services de renseignements de la Direction générale de la sécurité extérieure (DGSE) et que Chaouati était une sorte de messager travaillant pour lui. Au moment de l'incident, le général Philippe Rondot, 73 ans, chef espion et confident du président de l'époque Jacques Chirac, pensait avoir perdu deux de ses agents. Plus tard, après avoir appris qu'ils avaient été interceptés par la police espagnole, il a imaginé un stratagème pour la presse : la version officielle serait qu'ils effectuaient un exercice d'entraînement, ce qui expliquerait la présence des armes. Il s’agissait d’un écran de fumée pour cacher le fait que les personnes arrêtées en Catalogne effectuaient une mission Alpha, nom de code en France pour les équipes formées aux assassinats ciblés.

L'espion en chef n'était autre que Rondot, l'homme qui a traqué Ilich Ramírez Sánchez, alias le Chacal, au Soudan en 1994. Il était alors l'homme le plus recherché au monde et purge actuellement une peine à la prison de Clairvaux. Le nom de Rondot a été révélé lorsque les juges français enquêtant sur l'affaire dite Clearstream ont saisi les journaux du général dans lesquels il avait consigné ses opérations.

Ces derniers mois, Rondot a témoigné au procès de l'ancien Premier ministre Dominique de Villepin, accusé d'avoir tenté d'impliquer l'actuel président Nicolas Sarkozy dans un scandale de paiements illégaux via la société luxembourgeoise Clearstream. Avec cela, Villepin aurait voulu étouffer dans l'œuf les aspirations de Sarkozy à la présidence.

Rondot a une longue carrière dans les égouts de l'État. En 1997, il est nommé conseiller de défense pour le renseignement et les opérations spéciales dans le gouvernement du socialiste Lionel Jospin, puis continue de conseiller le gouvernement de droite de Jean-Pierre Raffarin. Il a à son actif des épisodes troubles comme la tentative de libération de son ami Tarik Aziz, ministre des Affaires étrangères de feu Saddam Hussein, et l'aide qu'il a apportée au général croate Ante Gotovina, criminel de guerre capturé par la police espagnole fin 2005.

Deux mois après la chute des deux espions à Barcelone, un commissaire de police français qui s'est présenté comme Bernat Chardonye s'est présenté aux Mossos d'Esquadra accompagné du lieutenant-colonel de la Garde civile Ángel Gozalo Martín, alors chef du Service de renseignement en Catalogne. L'émissaire français voulait transmettre trois idées aux Mossos d'Esquadra : premièrement, que Piazzole était un fonctionnaire de l'État, que ses supérieurs voulaient qu'il soit libéré et qu'ils garantiraient qu'il comparaîtrait devant la justice chaque fois qu'il serait appelé ; deuxièmement, que Piazzole avait collaboré, dans le cadre des accords interétatiques pertinents, avec les autorités policières espagnoles ; et trois, que Piazzole et Chaouati « pratiquaient le transfert d'armes du sud de Barcelone vers le territoire français » lorsqu'ils ont été arrêtés.

Le juge d'instruction n° 5 de Manresa, Ramón Landa Mena, a maintenu les agents français en prison parce que le ministère public estimait que s'ils étaient libérés, ils risquaient de ne plus jamais être revus. Mais, en coulisses, des ficelles étaient tirées pour tenter de résoudre le grave conflit franco-espagnol que représentait l'affaire Piazzolle et Chaouati.

Le procureur général de l'État de l'époque, Jesús Cardenal, a appelé José María Mena, procureur en chef de la Cour territoriale de Catalogne. « Cardenal m'a appelé pour me poser des questions et savoir si les deux Français pouvaient être libérés. Je lui ai répondu que non, car ils étaient accusés de possession d'armes de guerre et qu'il y avait un risque qu'ils s'enfuient », se souvient Mena.

Jesús Cardenal, 80 ans, qui travaille aujourd'hui dans un cabinet d'avocats, déclare : « Quelque chose me semble familier, mais la mémoire s'affaiblit avec l'âge. Je ne me souviens plus de mes actions. Mena était responsable des affaires de Barcelone, et moi de celles de toute l'Espagne. Cette affaire a probablement été tenue secrète en raison de l'importance des événements. Si Mena dit que je l'ai appelé pour m'enquérir de l'affaire, c'est certainement vrai. D'après ce que vous me dites, il semble que le résultat final de sa libération ait été assez obscène. »

Que sait Cándido Conde-Pumpido, l’actuel procureur général de l’État, de cette obscure affaire ? Lors de la passation de fonctions, Cardenal ne m'a rien dit de cette histoire. Mena m'a alerté, mais je ne dispose que d'informations générales. Les services secrets français ont affirmé qu'en réalité, les détenus n'avaient pas tenté d'utiliser l'arme. Ils ont affirmé qu'ils étaient au service de l'État français et qu'ils participaient à un exercice. Ils ont affirmé que l'entraînement des services secrets incluait des simulations d'opérations. En réalité, cette version était peu crédible.

Conde-Pumpido poursuit : « Les services secrets français ont fait valoir qu'il convenait d'apprécier l'ampleur de leur collaboration avec le gouvernement espagnol. Ils estimaient que la justice espagnole devait se montrer compréhensive, compte tenu de l'étroite collaboration avec l'Espagne dans la lutte contre le terrorisme. Il semble que l'un d'eux (Piazzole) ait été une figure importante des services secrets français. »

Le ministre de l'Intérieur de l'époque, Mariano Rajoy, a également discuté du cas français avec le ministre catalan de l'Intérieur, Xavier Pomés. L'actuel président du Parti populaire (PP) affirme ne pas se souvenir de l'affaire, même s'il admet que Pomés lui a récemment rappelé qu'ils avaient discuté de la question à l'époque. De son côté, Pomés se souvient d'une « conversation informelle » avec Rajoy qui a eu lieu alors qu'ils discutaient du déploiement des Mossos d'Esquadra en Catalogne, et qui s'est déroulée ainsi :

Pomés : Mariano, deux Français très étranges ont été arrêtés à un poste de contrôle. Tu sais quelque chose ?

Rajoy : Je n'en ai aucune idée, Xavier.

Pomés : Eh bien, ils vont le découvrir...

L'ancien ministre catalan affirme qu'il a « ignoré l'affaire », pensant qu'il s'agissait d'une action non officielle d'un service français. « Personne ne m'a appelé par la suite pour intercéder en faveur des deux détenus », affirme-t-il.

Le manque de mémoire et le manque apparent d’intérêt de nombreuses personnes impliquées d’une manière ou d’une autre dans ce sombre incident sont surprenants.

Cependant, le 12 octobre 2002, un général français a profité de la commémoration du défilé des forces armées à Madrid pour s'approcher des autorités espagnoles et discuter de l'épineux sujet qui pourrait assombrir les relations entre les deux pays et leur collaboration en cours dans la lutte contre l'ETA, selon une source judiciaire qui a requis l'anonymat. Ce mystérieux général a une fois de plus insisté pour demander la libération des deux agents emprisonnés.

Quatre jours plus tard, le 16 octobre 2002, le chef de cabinet de la ministre de la Défense, Michèle Alliot-Marie, envoie Rondot en Espagne. « Général, je pense qu'il est nécessaire que vous rencontriez personnellement le procureur général du Tribunal supérieur de justice de Catalogne

pour connaître l'état d'avancement de l'affaire. Il serait souhaitable que vous veniez dès que possible, c'est-à-dire demain. »

Rondot s'est présenté devant Mena accompagné d'un lieutenant-colonel de la Garde civile. Il s'est identifié par son nom et a exigé la libération de Piazzole, donnant sa parole d'honneur qu'il comparaîtrait devant les tribunaux espagnols lorsque cela serait requis. « Je ne me souviens pas du nom du général. Je sais seulement que c'était un homme aux cheveux gris et vêtu d'un costume à rayures », explique l'ancien procureur général de Catalogne.

« Le général m'a fait une déclaration officielle affirmant que le détenu était un fonctionnaire français qui effectuait un exercice de simulation sous ses ordres. Fort de cette garantie institutionnelle, j'ai changé d'avis et déposé une lettre auprès du tribunal en faveur de sa libération », se souvient Mena. Il se souvient avoir été surpris que le général ne parle que de Piazzolle et que, lorsqu'il lui ait fait remarquer ce détail, Rondot se soit exclamé : « Ah ! Il y a un deuxième prisonnier ? Je le croyais mort... »

L'avocat Fernando Rodríguez, 42 ans, a assisté l'épouse de Chaouati, Karima, et a ensuite pris en charge sa défense. « Le général Rondot est venu s'entretenir avec le procureur Mena, et ce dernier a ordonné à la Cour provinciale de les libérer. La section V de la Cour a pris cette décision sur la base d'une lettre de Mena. La lettre du procureur, longue de trois lignes, disait quelque chose comme : « Le général Rondot, un général français, a comparu devant moi et m'a informé que Christian Piazzole travaille pour la police française… et que, par conséquent, sa mise en liberté provisoire est demandée… » La lettre ne mentionnait que Piazzole ; elle ne mentionnait pas le nom de mon client » (Chaouati).

Les juges Elena Guindulain, Augusto Morales et José María Assalit, en réponse à la « demande fondée » de Mena, ont ordonné la libération de Piazzole et Chaouati le 18 octobre. Tous deux ont été libérés quelques heures après la rencontre du général Rondot avec Mena. Me Rodríguez s'en souvient parfaitement, malgré le temps écoulé : « On m'a appelé du tribunal pour me dire qu'ils allaient libérer mon client, et je me suis rendu à la prison de Modelo. Le greffier s'est d'abord rendu à la prison où Piazzole était détenu, puis chez mon client. Je me souviens de cette fonctionnaire assise là, attendant que mon client soit amené pour l'informer de sa libération. La scène m'a semblé très étrange. Je n'avais jamais vu un greffier donner un avis de libération. » Le tribunal a suspendu le procès pour obtenir la libération des deux hommes, selon des sources judiciaires.

« J'ai eu connaissance de la lettre de Mena et de la médiation de Rondot après la libération de mon client et après avoir examiné l'ensemble du dossier. Jusque-là, l'avocat de Piazzole et moi-même n'avions connaissance que de la visite d'un garde civil et d'un commissaire français aux Mossos d'Esquadra, mais c'était au début. La visite du général est arrivée à la fin », ajoute l'avocat.

« Xavier, l'avocat de Piazzole, m'a dit : "Faites passer un mauvais quart d'heure à ce type", en parlant de son client. Ils partent en France, et demain, ils seront différents », poursuit l'avocat. Mon client était ravi et enthousiaste lorsqu'il a appris sa libération. Pendant les mois où il était en prison, je lui rendais visite presque tous les vendredis et je ne comprenais pas pourquoi il était incarcéré. Il affirmait travailler pour le gouvernement français. À sa sortie, il m'a fait un cadeau avec l'argent qu'il avait. Je ne lui ai rien demandé.

L'avocat a récupéré Chaouati et l'a conduit au domicile d'un parent, un Algérien comme lui, portant une moustache. Ils se sont embrassés deux fois. On s'est dit au revoir, et c'est la dernière fois que je l'ai vu. Cet homme n'était pas un terroriste. Il n'avait ni l'allure ni l'attitude d'un criminel ou d'un tueur à gages. Il m'a dit qu'il était agent stagiaire et travaillait pour une société de sécurité. C'était juste un simple garçon de courses qui faisait toutes sortes de courses. Il ignorait ce qu'il y avait dans le tube qu'il était censé déposer.

Chaouati a avoué à son avocat qu'il aimait son travail et surtout les voyages car c'était « presque comme du tourisme ». Il priait tous les jours en prison, mais lui et sa femme étaient occidentalisés et habillés comme tels.

« J'ai défendu l'innocence de mon client et soutenu que le fusil n'était pas une arme de guerre, qu'il pouvait être utilisé avec d'autres calibres. Et qu'il agissait sur ordre. Je pensais qu'il comparaîtrait devant le tribunal car le dossier montre qu'il a reçu et signé la convocation. Son adresse à Marseille devait être correcte. Or, Piazzole n'a jamais reçu la convocation », souligne l'avocat.

Piazzole et Chaouati ont été libérés, mais les autorités françaises se sont battues tout au long de l'année 2003 pour clore le dossier ouvert à Manresa (Barcelone).

« Le ministre de la Défense peut parler à son homologue espagnol. Faire pression. Procureur à Barcelone. Ministre espagnol de la Justice ? » Rondot a écrit dans son carnet. Il a ajouté : « N'exercez pas trop de pression, car cela pourrait donner l'impression qu'il y a quelque chose de caché dans cette affaire. » Le ministre de la Justice de l'époque, José María Michavila (PP), a déclaré à EL PAÍS : « Cette histoire ne me dit rien. Je ne me souviens pas avoir pris de dispositions pour ces détenus. C'est certainement une affaire assez choquante et étrange. »

En septembre 2003, Rondot s'est entretenu avec Laurent Le Mesle, conseiller à la justice du président français Jacques Chirac, pour en savoir plus sur les intentions des juges espagnols, selon le journal français Libération. Le Mesle a déclaré au même journal qu'il n'avait rien fait de plus que de parler avec le magistrat de liaison à Madrid pour « entrer en contact avec les juges espagnols ».

Les mois passèrent et le procès mené par le juge de Manresa Ramón Landa continua sans relâche. Les officiers n'étant pas censés se présenter à l'audience qui devait avoir lieu prochainement, la DGSE craignait que l'absence de Piazzole et Chaouati ne force les autorités espagnoles à émettre un mandat d'arrêt international à leur encontre. L’un des deux détenus avait besoin d’une nouvelle identité. Le général Rondot écrit donc dans son carnet : « Qu'on lui fournisse un IF (DGSE) ».

Début 2004, l'imminence du procès a donné lieu à de nouvelles réunions, Rondot craignant que l'absence de l'espion et de son messager ne provoque un scandale dans la presse. « Selon le chef d'état-major, la justice espagnole ne croit pas à notre version : les armes étaient authentiques et l'agent ne savait pas qu'il s'agissait d'un exercice. »

L'audience orale a été fixée au 28 janvier 2004, dans la Section V du Tribunal de Barcelone, et le procureur a requis sept ans de prison pour chacun des accusés accusés de stockage d'armes de guerre. La cour attendit en vain l'arrivée de Piazzolle et Chaouati. Le même jour, le général Rondot notait : « Opération Alpha : probable médiatisation avec l'audience d'aujourd'hui à Barcelone. » En ne se présentant pas à l'audience,Le tribunal a émis un mandat d'arrêt à son encontre, qui n'a pas abouti jusqu'à présent.

« Je n'ai jamais rien entendu à ce sujet. Il semble évident que ces deux hommes avaient des intentions malveillantes », commente un officier supérieur des services antiterroristes de la Garde civile. « Les armes qu'ils portaient étaient conçues pour tuer. Personne ne porte une arme mortelle si elle n'est pas conçue pour tuer. Je ne crois pas que ces hommes participaient à un exercice. Comment des agents français ont-ils pu venir en Espagne pour mener un simple exercice ? » Le procureur Mena s'interroge aujourd'hui, ne cachant pas son malaise d'avoir été trompé et « trompé ».

La Garde civile et la Police nationale (CNI) affirment ne pas connaître Piazzole et n'avoir jamais travaillé avec lui. Et ce, malgré le fait que le général Rondot se vante dans son journal d’être ami avec ces services espagnols.

Quelle était la véritable mission des espions ? Des sources policières considèrent que l'hypothèse la plus probable est celle d'une attaque terroriste menée contre un terroriste corse, précisément au moment où l'offensive des indépendantistes corses s'intensifiait.

D'autres sources spéculent que la cible était un islamiste lié aux attentats du 11 septembre aux États-Unis. Ce n’est pas pour rien que la Catalogne est l’un des territoires où Al-Qaïda et ses groupes associés ont pris racine. Des mois avant l'arrestation des deux Français, la police madrilène avait démantelé le réseau d'Imad Eddin Barakat, dit Abu Dahdah, un ressortissant syrien devenu citoyen espagnol qui recrutait des moudjahidines pour la Bosnie et l'Afghanistan et collectait de l'argent pour le djihad mondial. Abou Dahdah avait des collaborateurs en Catalogne dont l’identité n’a jamais été révélée. Mohamed Atta, le chef de l'escadron suicide, et Said Bahaji ont conservé le téléphone d'Abu Dahdah dans leur appartement à Hambourg, en Allemagne. Deux mois avant l'attentat contre les Twin Towers de New York, Atta avait rencontré à Salou (Tarragone) Ramzi Binalshib, un de ses hommes en Allemagne, pour lui communiquer les noms des kamikazes, leurs cibles et la date de l'attentat.

Corses ou islamistes, Christian Piazzolle, le Chacal français, avait une cible dans son viseur. Les notes manuscrites du
général Rondot

dans son journal personnel montrent les démarches entreprises pour libérer les deux détenus et comment ses supérieurs politiques étaient tenus informés de l'évolution des procédures policières et judiciaires ouvertes en Espagne.

» 4 octobre 2002

8h15. Entretien avec Philippe Marland : Mon entretien avec Dominique de Villepin :

-Il est d'accord avec mon déploiement en Irak.

-Sujet Alpha noté (ma note numéro 314) : Aucune objection.

» 16 octobre 2002,

11h00

Allez à Barcelone sans perdre de temps pour voir le procureur en chef.

Si cela ne fonctionne pas, le médecin pourrait-il se rendre à Madrid vendredi ? Téléphone D.Champtiaux : allez.

À côté de ces notes, il y a une carte du chef d'état-major du ministre de la Défense, sur laquelle on peut lire :

Mon général : Je confirme que je crois qu'il est nécessaire que vous rencontriez personnellement le procureur général de Barcelone pour vous assurer de l'état de santé de l'accusé.

Il est souhaitable que cette prise en charge soit effectuée dans les meilleurs délais. C'est-à-dire à partir de demain.

15h00

- Au cabinet du directeur de cabinet

- Situation (téléphone de M. Champtiaux)

- Décision de Philippe Marland [directeur de cabinet de la ministre Michèlle Alliot-Marie] :

- négocier un entretien en deux parties :

mon départ + explications. (Coopération antiterroriste franco-espagnole).

Je maintiens qu'il s'agit d'un exercice

Retour du M [ministre]

Expulsion de l'

agent PV en mon nom : personnel en charge Rens et OS au Ministère de la Défense. Cesid me connaît.

Accompagné de : Général Champtiaux et M. Fourré (mais ils n'assistèrent pas à l'entrevue).

Prévenir le Cesid et la Garde Civile.

Le ministre de la Défense sera informé, feu vert

Voir Général Champtiaux

18h00

Sujet Alpha.

Feu vert du ministre de la Défense et du général Bentegeat (transmis par téléphone au général Champtiaux).

» 3 décembre 2002

16h15

Rencontre avec Philipe Marland.

Déjeuner de la DGST et de la DGSE sur les difficultés rencontrées pour les faire coopérer dans la lutte contre le terrorisme.

État des opérations du CDG dans les Balkans.

Sujet Alpha. Il faut obtenir la clôture de l'affaire auprès du procureur général de Barcelone. Je vous envoie mes salutations pour vous remercier.

N'exercez pas trop de pression, car cela donnerait l'impression qu'il y a quelque chose à cacher.

» Édition espagnole du 14 novembre 2003

(Alpha).

L'avis de Laurent Le Mesle :

-Ne rien faire.

-Voyez quel écho (médiatique) a le public barcelonais ?

H 1 : Pas d'écho

H2 : Parle, ne bouge pas

Possibilité de déménager en France ? Risqué : n'acceptez pas cette solution.

Laissez cette affaire pourrir.

Réparer le cas de l'agent sans IR - Lui donner un IF [fausse identité] de la DGSE.

Selon le chef d'état-major : la justice espagnole ne croit pas notre version : les armes étaient réelles et l'agent ne savait pas qu'il s'agissait d'un exercice.

-Parlez à P. Brochand (directeur de la Direction générale de la sécurité extérieure).

» 6 janvier 2004

8h15

Rencontre avec Ph. Marland. Matière espagnole (Alpha).

*Dernière note DGSE numéro 1552 du 31-12-03 sur la procédure

- Solution pour transférer le dossier en France ? Acceptable si l’Espagne le résout lors d’une audience du cabinet et non en public (risque médiatique).

Assurer côté espagnol : ordonnance du magistrat de Madrid + avocat.

-Laisser pourrir la question espagnole ? Consultez le juge Fourret ce jour-là.

-Je l'expliquerai moi-même au procureur général de Barcelone.

-Que fait la DGSE pour protéger l'OT et l'agent ? (Priorité)

- Si on le transfère en France, c'est comme admettre qu'il se passe quelque chose de louche.

-Voir P. Brochand demain à neuf heures.

» 21 janvier 2004

15h-16h30

Rencontre avec Ph. Marland

- La DGSE est très agitée : notes... - Un titre exécutoire européen (dans les deux mois) en France.

-Risque de médiatisation.

Suivre la propagation d'une commande en France ?

-Éviter l'inscription aux archives françaises

-Le sort de l'agent : le relocaliser ? Paris

» 28 janvier 2004

14h45

Chez Philipe Marland.

Opération Alpha : Probable couverture médiatique auprès du public d'aujourd'hui à Barcelone.


http://elpais.com/m/diario/2009/11/15/domingo/1258260753_850215.html

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50 minutes ago, Polybe said:

C'est à celui qui avance quelque chose de le démontrer.

 

Là via une réécoute rapide, je peux déjà te dire qu'Olivier Mas revendique n'avoir JAMAIS fait parti du SA. Tu affirmais le contraire plus haut.

Alors non, décidément... Je t'ai dit qu'il était agent. C'est qq1 d'autre qui t'as dit que il était au SA . 

Il est arrivé à la DGSE via la filière militaire

Pour le reste non j'ai rien démontré et d'autres chats à fouetter...

Tous les liens que tu déterres, je les ai déjà lu et relu, en marge d'autres lectures. 

Je te laisse en faire la documentation si tu le souhaites et si tu veux rester arquer sur ta position, grand te fasse...

Modifié par mgtstrategy
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il y a une heure, mgtstrategy a dit :

Alors non, décidément... Je t'ai dit qu'il était agent. C'est qq1 d'autre qui t'as dit que il était au SA . 

Il est arrivé à la DGSE via la filière militaire

Pour le reste non j'ai rien démontré et d'autres chats à fouetter...

Tous les liens que tu déterres, je les ai déjà lu et relu, en marge d'autres lectures. 

Je te laisse en faire la documentation si tu le souhaites et si tu veux rester arquer sur ta position, grand te fasse...

Ah désolé pour l'erreur.

Ben j'ai des arguments. Des illustrations. Tu as des rumeurs et des interprétations.

Il y a 1 heure, Polybe a dit :

Pour donner de la source sur ce dont parle @Gallium :

https://www.pressreader.com/spain/el-pais-valencia-1244/20131020/282303907870356

Il me perturbe ce fusil... ^^

 

Rapport : OPÉRATION SECRÈTE EN ESPAGNE
La mission secrète du « Chacal » français
Le général Rondot, un super espion français, a organisé la disparition de deux de ses agents, arrêtés avec des armes de guerre à Manresa, pour éviter leur capture et leur procès en Espagne

    * Notes du carnet du général Rondot

JESÚS DUVA ET JOSÉ MARÍA IRUJO 15 NOV. 2009

En avril 2002, les Mossos d'Esquadra ont arrêté à Barcelone un homme de Marseille avec un fusil télescopique et un pistolet. Quelques heures plus tard, un autre homme lié à lui a été arrêté. Tous deux travaillaient pour les services de renseignement français. Son chef était le général Philippe Rondot, célèbre pour avoir capturé le terroriste Chacal en 1994. Rondot et le gouvernement ont trompé le parquet pour obtenir la libération des agents, tandis qu'un général français a profité du défilé des forces armées le 12 octobre 2002 à Madrid pour parler avec des membres du gouvernement espagnol et intercéder en faveur des détenus. Six jours plus tard, à la suite de ces pressions, tous deux ont été libérés de prison et n’ont jamais comparu devant le tribunal.

Les détenus ont été libérés quelques heures après que le général Rondot ait rencontré le procureur général de Barcelone.

Les agents secrets portaient un fusil à un coup avec une lunette laser, ainsi qu'un pistolet Ruger.

Pourquoi la justice espagnole n'a-t-elle pas demandé d'explications au général Rondot, qui à l'époque soutenait les deux fugitifs ?

Les juges ont émis un mandat d'arrêt et d'emprisonnement contre les deux espions, car ils ne s'étaient pas présentés à leur procès.

« Piazzole m'a semblé être un homme froid au regard glacial. Quand je l'ai vu, l'image du Chacal m'est venue à l'esprit. »
Plus d'informations

    * La fuite des « chacals »

Le cerveau de l'espionnage français, qui se vante dans son journal secret de ses bonnes relations avec le Cesid (aujourd'hui le CNI) et la Garde civile, a fourni aux deux espions de nouvelles fausses identités et a également fait en sorte d'empêcher la diffusion du mandat d'arrêt espagnol en France. Rondot a effacé toute trace des agents Christian Piazzole et Rachid Chaouati, leur localisation a donc été un fiasco. Le général, actuellement au centre d'une polémique en France pour son implication dans l'affaire Clearstream, n'a pas été convoqué par la justice espagnole pour répondre du sort des agents qu'il a lui-même soutenus. Un pacte secret entre les deux gouvernements, basé sur la lutte contre l'ETA, semble protéger les fugitifs d'un manteau d'immunité.

Sept ans après les faits, on ne sait toujours pas ce que faisaient les deux agents en Espagne, même si diverses sources s'accordent à dire qu'ils étaient venus pour tuer. Qui? Personne ne le sait, même si les experts pensent que la cible était un terroriste corse ou un islamiste basé en Catalogne. EL PAÍS reconstitue cette sombre histoire à partir du dossier, des déclarations des protagonistes et des notes cachées du général Rondot.

Le Marseillais conduisait une Audi 80 vers 00h30 le 18 avril près de Manresa. J'essayais d'aller à Barcelone. J'étais perdu car je ne connaissais pas la région. Il a fait une manœuvre étrange lorsqu'il a repéré une patrouille des Mossos d'Esquadra, essayant d'éviter les officiers. Mais ils l’ont intercepté sans difficulté.

-Bonne nuit. Pouvez-vous nous laisser votre documentation ?

Le conducteur a présenté un passeport et un permis de conduire au nom de Richard Perez, 40 ans, de nationalité française.

-Pourriez-vous ouvrir le coffre, s'il vous plaît ?

Perez est sorti du véhicule et a soulevé le couvercle du coffre. Ce faisant, un tuyau en PVC est apparu à l'intérieur duquel se trouvaient un fusil à un coup artisanal, avec un silencieux et une lunette de visée laser, ainsi qu'un pistolet Ruger .22 Long Rifle dont le numéro de série avait été effacé. Mais ce n’était pas la seule chose. Il possédait également un émetteur radio portable, deux téléavertisseurs, un GPS, une boussole, un téléphone portable Nokia et un appareil photo Kodak qui dissimulait un dispositif de radiobalise électronique à l'intérieur. Une équipe complète de l'espion parfait. Ou le tueur à gages parfait.

Perez a été arrêté. Quelques heures plus tard, il avouera que sa véritable identité est Rachid Chaouati, né à El Biar (Algérie) en 1963, et résidant à Marseille. Il prétendait être étudiant en arts martiaux et avoir travaillé comme garde du corps pour une agence de protection d'entreprise, après avoir suivi une formation à l'académie Vips Securité de Marseille.

Le jour des faits, un homme nommé Antoine (en réalité un espion identifié comme Christian Piazzole) lui a ordonné de se rendre dans une forêt d'El Perelló, en suivant les coordonnées enregistrées sur un appareil GPS. Il trouverait quelques arbres et trois pierres qui indiquaient qu'un tube en plastique avait été enterré là, dont il devait s'occuper.

Après avoir récupéré le tube, Chaouati et l'autre espion se sont retrouvés à l'office de tourisme de la Plaza Cataluña de Barcelone, d'où ils se dirigeraient vers un bar voisin. Là, il lui remit une carte de la région de l'Anoia (Barcelone) et lui donna des indications précises pour trouver la cachette où il pourrait dissimuler les armes, près de Sant Père de Sallavinera.

Incapable de localiser les pierres qui marquaient l'endroit où il devait déposer le fusil et le pistolet, Chaouati a parlé au téléphone avec Piazzole, qui lui a dit de retourner à l'endroit qu'il avait marqué. Il parcourut le chemin une deuxième fois, mais il ne le trouva pas non plus. A neuf heures du soir, Rachid, qui était accompagné de sa femme, Karima, a décidé d'aller dormir à l'Hôtel Père III à Manresa. Cependant, à 23h30 le téléphone sonna : c'était Piazzolle, qui, "très en colère", lui ordonna de venir immédiatement à Barcelone pour le rencontrer. En route vers ce rendez-vous, il a été intercepté par la patrouille de police.

Chaouati a avoué avoir placé trois ans plus tôt une annonce dans Securé Mag proposant de devenir garde du corps ou chauffeur de sécurité. Quelques mois plus tard, il reçoit un appel d'un homme nommé Antoine, qui lui propose un salaire de 8 500 francs français par mois et lui donne une fausse carte d'identité au nom de Richard Perez. Son travail consisterait à « acheter des téléphones portables et à voyager à l’étranger pour photographier des restaurants et des bâtiments ». Un garçon de courses particulier. Avant d'être arrêté, le Marseillais avait déjà effectué plusieurs voyages à Saragosse - « pour acheter un téléphone portable » -, ainsi qu'à Barcelone et Valence. Ce n’était donc pas la première fois qu’il se trouvait en Espagne et qu’il utilisait ce pays comme base d’opérations.

Pendant que la police interrogeait Rachid Chaouati, son téléphone portable n'arrêtait pas de sonner. Quelqu'un l'appelait nerveusement et compulsivement. Les Mossos d'Esquadra ont confirmé que les appels provenaient de cabines téléphoniques publiques du centre de Barcelone. Le détenu a déclaré qu'il s'agissait peut-être de son chef Piazzole et a fourni sa description (un homme entre 40 et 50 ans, mesurant 1,70 mètre, avec des cheveux gris et une barbiche). Une chasse à l’homme a été rapidement lancée. Et une patrouille a localisé un homme qui répondait à cette description alors qu'il se trouvait dans un stand sur les Ramblas de Santa Monica, à côté du Musée de Cire. Il a été arrêté rue Portaferrissa.

Piazzolle transportait des cartes, ainsi qu'un roman français intitulé Le nécrophage, de Bretin et Bonzon, qui se déroule pendant la guerre d'Indochine et qui raconte l'histoire d'un meurtrier expert en torture chinoise. Dans un sac, il transportait un talkie-walkie, un GPS, une caméra vidéo, une montre avec GPS, de nombreuses cartes de cabines téléphoniques espagnoles et un billet Paris-Barcelone.

Piazzole, né à Frenda (Algérie) de parents corses, ainsi que Chaouati et son épouse ont été traduits devant la justice. « Ce Piazzolle m'a semblé être un homme froid, au regard glacial, comme indifférent à tout. J'avais lu récemment le livre Le Jour du Chacal, et je ne sais pas pourquoi il m'est venu à l'esprit que ce type pouvait être quelqu'un comme Le Jour du Chacal, le tueur à gages qui tentait d'assassiner le général de Gaulle », se souvient un magistrat.

Les Mossos d'Esquadra (police catalane) ont demandé à la France sa collaboration pour identifier tous les appels téléphoniques passés par les deux espions au cours de l'année écoulée, notamment celui passé peu avant leur capture à une certaine Madame Petit. Qui était cette femme mystérieuse ? "Les Français ne nous ont jamais répondu à ce sujet, ni sur les questions liées aux armes confisquées, ni sur d'autres points qui auraient été très utiles pour éclaircir l'affaire", a déclaré un policier.

Malgré le peu d'aide française, on sut bientôt que Piazzole était un agent des services de renseignements de la Direction générale de la sécurité extérieure (DGSE) et que Chaouati était une sorte de messager travaillant pour lui. Au moment de l'incident, le général Philippe Rondot, 73 ans, chef espion et confident du président de l'époque Jacques Chirac, pensait avoir perdu deux de ses agents. Plus tard, après avoir appris qu'ils avaient été interceptés par la police espagnole, il a imaginé un stratagème pour la presse : la version officielle serait qu'ils effectuaient un exercice d'entraînement, ce qui expliquerait la présence des armes. Il s’agissait d’un écran de fumée pour cacher le fait que les personnes arrêtées en Catalogne effectuaient une mission Alpha, nom de code en France pour les équipes formées aux assassinats ciblés.

L'espion en chef n'était autre que Rondot, l'homme qui a traqué Ilich Ramírez Sánchez, alias le Chacal, au Soudan en 1994. Il était alors l'homme le plus recherché au monde et purge actuellement une peine à la prison de Clairvaux. Le nom de Rondot a été révélé lorsque les juges français enquêtant sur l'affaire dite Clearstream ont saisi les journaux du général dans lesquels il avait consigné ses opérations.

Ces derniers mois, Rondot a témoigné au procès de l'ancien Premier ministre Dominique de Villepin, accusé d'avoir tenté d'impliquer l'actuel président Nicolas Sarkozy dans un scandale de paiements illégaux via la société luxembourgeoise Clearstream. Avec cela, Villepin aurait voulu étouffer dans l'œuf les aspirations de Sarkozy à la présidence.

Rondot a une longue carrière dans les égouts de l'État. En 1997, il est nommé conseiller de défense pour le renseignement et les opérations spéciales dans le gouvernement du socialiste Lionel Jospin, puis continue de conseiller le gouvernement de droite de Jean-Pierre Raffarin. Il a à son actif des épisodes troubles comme la tentative de libération de son ami Tarik Aziz, ministre des Affaires étrangères de feu Saddam Hussein, et l'aide qu'il a apportée au général croate Ante Gotovina, criminel de guerre capturé par la police espagnole fin 2005.

Deux mois après la chute des deux espions à Barcelone, un commissaire de police français qui s'est présenté comme Bernat Chardonye s'est présenté aux Mossos d'Esquadra accompagné du lieutenant-colonel de la Garde civile Ángel Gozalo Martín, alors chef du Service de renseignement en Catalogne. L'émissaire français voulait transmettre trois idées aux Mossos d'Esquadra : premièrement, que Piazzole était un fonctionnaire de l'État, que ses supérieurs voulaient qu'il soit libéré et qu'ils garantiraient qu'il comparaîtrait devant la justice chaque fois qu'il serait appelé ; deuxièmement, que Piazzole avait collaboré, dans le cadre des accords interétatiques pertinents, avec les autorités policières espagnoles ; et trois, que Piazzole et Chaouati « pratiquaient le transfert d'armes du sud de Barcelone vers le territoire français » lorsqu'ils ont été arrêtés.

Le juge d'instruction n° 5 de Manresa, Ramón Landa Mena, a maintenu les agents français en prison parce que le ministère public estimait que s'ils étaient libérés, ils risquaient de ne plus jamais être revus. Mais, en coulisses, des ficelles étaient tirées pour tenter de résoudre le grave conflit franco-espagnol que représentait l'affaire Piazzolle et Chaouati.

Le procureur général de l'État de l'époque, Jesús Cardenal, a appelé José María Mena, procureur en chef de la Cour territoriale de Catalogne. « Cardenal m'a appelé pour me poser des questions et savoir si les deux Français pouvaient être libérés. Je lui ai répondu que non, car ils étaient accusés de possession d'armes de guerre et qu'il y avait un risque qu'ils s'enfuient », se souvient Mena.

Jesús Cardenal, 80 ans, qui travaille aujourd'hui dans un cabinet d'avocats, déclare : « Quelque chose me semble familier, mais la mémoire s'affaiblit avec l'âge. Je ne me souviens plus de mes actions. Mena était responsable des affaires de Barcelone, et moi de celles de toute l'Espagne. Cette affaire a probablement été tenue secrète en raison de l'importance des événements. Si Mena dit que je l'ai appelé pour m'enquérir de l'affaire, c'est certainement vrai. D'après ce que vous me dites, il semble que le résultat final de sa libération ait été assez obscène. »

Que sait Cándido Conde-Pumpido, l’actuel procureur général de l’État, de cette obscure affaire ? Lors de la passation de fonctions, Cardenal ne m'a rien dit de cette histoire. Mena m'a alerté, mais je ne dispose que d'informations générales. Les services secrets français ont affirmé qu'en réalité, les détenus n'avaient pas tenté d'utiliser l'arme. Ils ont affirmé qu'ils étaient au service de l'État français et qu'ils participaient à un exercice. Ils ont affirmé que l'entraînement des services secrets incluait des simulations d'opérations. En réalité, cette version était peu crédible.

Conde-Pumpido poursuit : « Les services secrets français ont fait valoir qu'il convenait d'apprécier l'ampleur de leur collaboration avec le gouvernement espagnol. Ils estimaient que la justice espagnole devait se montrer compréhensive, compte tenu de l'étroite collaboration avec l'Espagne dans la lutte contre le terrorisme. Il semble que l'un d'eux (Piazzole) ait été une figure importante des services secrets français. »

Le ministre de l'Intérieur de l'époque, Mariano Rajoy, a également discuté du cas français avec le ministre catalan de l'Intérieur, Xavier Pomés. L'actuel président du Parti populaire (PP) affirme ne pas se souvenir de l'affaire, même s'il admet que Pomés lui a récemment rappelé qu'ils avaient discuté de la question à l'époque. De son côté, Pomés se souvient d'une « conversation informelle » avec Rajoy qui a eu lieu alors qu'ils discutaient du déploiement des Mossos d'Esquadra en Catalogne, et qui s'est déroulée ainsi :

Pomés : Mariano, deux Français très étranges ont été arrêtés à un poste de contrôle. Tu sais quelque chose ?

Rajoy : Je n'en ai aucune idée, Xavier.

Pomés : Eh bien, ils vont le découvrir...

L'ancien ministre catalan affirme qu'il a « ignoré l'affaire », pensant qu'il s'agissait d'une action non officielle d'un service français. « Personne ne m'a appelé par la suite pour intercéder en faveur des deux détenus », affirme-t-il.

Le manque de mémoire et le manque apparent d’intérêt de nombreuses personnes impliquées d’une manière ou d’une autre dans ce sombre incident sont surprenants.

Cependant, le 12 octobre 2002, un général français a profité de la commémoration du défilé des forces armées à Madrid pour s'approcher des autorités espagnoles et discuter de l'épineux sujet qui pourrait assombrir les relations entre les deux pays et leur collaboration en cours dans la lutte contre l'ETA, selon une source judiciaire qui a requis l'anonymat. Ce mystérieux général a une fois de plus insisté pour demander la libération des deux agents emprisonnés.

Quatre jours plus tard, le 16 octobre 2002, le chef de cabinet de la ministre de la Défense, Michèle Alliot-Marie, envoie Rondot en Espagne. « Général, je pense qu'il est nécessaire que vous rencontriez personnellement le procureur général du Tribunal supérieur de justice de Catalogne

pour connaître l'état d'avancement de l'affaire. Il serait souhaitable que vous veniez dès que possible, c'est-à-dire demain. »

Rondot s'est présenté devant Mena accompagné d'un lieutenant-colonel de la Garde civile. Il s'est identifié par son nom et a exigé la libération de Piazzole, donnant sa parole d'honneur qu'il comparaîtrait devant les tribunaux espagnols lorsque cela serait requis. « Je ne me souviens pas du nom du général. Je sais seulement que c'était un homme aux cheveux gris et vêtu d'un costume à rayures », explique l'ancien procureur général de Catalogne.

« Le général m'a fait une déclaration officielle affirmant que le détenu était un fonctionnaire français qui effectuait un exercice de simulation sous ses ordres. Fort de cette garantie institutionnelle, j'ai changé d'avis et déposé une lettre auprès du tribunal en faveur de sa libération », se souvient Mena. Il se souvient avoir été surpris que le général ne parle que de Piazzolle et que, lorsqu'il lui ait fait remarquer ce détail, Rondot se soit exclamé : « Ah ! Il y a un deuxième prisonnier ? Je le croyais mort... »

L'avocat Fernando Rodríguez, 42 ans, a assisté l'épouse de Chaouati, Karima, et a ensuite pris en charge sa défense. « Le général Rondot est venu s'entretenir avec le procureur Mena, et ce dernier a ordonné à la Cour provinciale de les libérer. La section V de la Cour a pris cette décision sur la base d'une lettre de Mena. La lettre du procureur, longue de trois lignes, disait quelque chose comme : « Le général Rondot, un général français, a comparu devant moi et m'a informé que Christian Piazzole travaille pour la police française… et que, par conséquent, sa mise en liberté provisoire est demandée… » La lettre ne mentionnait que Piazzole ; elle ne mentionnait pas le nom de mon client » (Chaouati).

Les juges Elena Guindulain, Augusto Morales et José María Assalit, en réponse à la « demande fondée » de Mena, ont ordonné la libération de Piazzole et Chaouati le 18 octobre. Tous deux ont été libérés quelques heures après la rencontre du général Rondot avec Mena. Me Rodríguez s'en souvient parfaitement, malgré le temps écoulé : « On m'a appelé du tribunal pour me dire qu'ils allaient libérer mon client, et je me suis rendu à la prison de Modelo. Le greffier s'est d'abord rendu à la prison où Piazzole était détenu, puis chez mon client. Je me souviens de cette fonctionnaire assise là, attendant que mon client soit amené pour l'informer de sa libération. La scène m'a semblé très étrange. Je n'avais jamais vu un greffier donner un avis de libération. » Le tribunal a suspendu le procès pour obtenir la libération des deux hommes, selon des sources judiciaires.

« J'ai eu connaissance de la lettre de Mena et de la médiation de Rondot après la libération de mon client et après avoir examiné l'ensemble du dossier. Jusque-là, l'avocat de Piazzole et moi-même n'avions connaissance que de la visite d'un garde civil et d'un commissaire français aux Mossos d'Esquadra, mais c'était au début. La visite du général est arrivée à la fin », ajoute l'avocat.

« Xavier, l'avocat de Piazzole, m'a dit : "Faites passer un mauvais quart d'heure à ce type", en parlant de son client. Ils partent en France, et demain, ils seront différents », poursuit l'avocat. Mon client était ravi et enthousiaste lorsqu'il a appris sa libération. Pendant les mois où il était en prison, je lui rendais visite presque tous les vendredis et je ne comprenais pas pourquoi il était incarcéré. Il affirmait travailler pour le gouvernement français. À sa sortie, il m'a fait un cadeau avec l'argent qu'il avait. Je ne lui ai rien demandé.

L'avocat a récupéré Chaouati et l'a conduit au domicile d'un parent, un Algérien comme lui, portant une moustache. Ils se sont embrassés deux fois. On s'est dit au revoir, et c'est la dernière fois que je l'ai vu. Cet homme n'était pas un terroriste. Il n'avait ni l'allure ni l'attitude d'un criminel ou d'un tueur à gages. Il m'a dit qu'il était agent stagiaire et travaillait pour une société de sécurité. C'était juste un simple garçon de courses qui faisait toutes sortes de courses. Il ignorait ce qu'il y avait dans le tube qu'il était censé déposer.

Chaouati a avoué à son avocat qu'il aimait son travail et surtout les voyages car c'était « presque comme du tourisme ». Il priait tous les jours en prison, mais lui et sa femme étaient occidentalisés et habillés comme tels.

« J'ai défendu l'innocence de mon client et soutenu que le fusil n'était pas une arme de guerre, qu'il pouvait être utilisé avec d'autres calibres. Et qu'il agissait sur ordre. Je pensais qu'il comparaîtrait devant le tribunal car le dossier montre qu'il a reçu et signé la convocation. Son adresse à Marseille devait être correcte. Or, Piazzole n'a jamais reçu la convocation », souligne l'avocat.

Piazzole et Chaouati ont été libérés, mais les autorités françaises se sont battues tout au long de l'année 2003 pour clore le dossier ouvert à Manresa (Barcelone).

« Le ministre de la Défense peut parler à son homologue espagnol. Faire pression. Procureur à Barcelone. Ministre espagnol de la Justice ? » Rondot a écrit dans son carnet. Il a ajouté : « N'exercez pas trop de pression, car cela pourrait donner l'impression qu'il y a quelque chose de caché dans cette affaire. » Le ministre de la Justice de l'époque, José María Michavila (PP), a déclaré à EL PAÍS : « Cette histoire ne me dit rien. Je ne me souviens pas avoir pris de dispositions pour ces détenus. C'est certainement une affaire assez choquante et étrange. »

En septembre 2003, Rondot s'est entretenu avec Laurent Le Mesle, conseiller à la justice du président français Jacques Chirac, pour en savoir plus sur les intentions des juges espagnols, selon le journal français Libération. Le Mesle a déclaré au même journal qu'il n'avait rien fait de plus que de parler avec le magistrat de liaison à Madrid pour « entrer en contact avec les juges espagnols ».

Les mois passèrent et le procès mené par le juge de Manresa Ramón Landa continua sans relâche. Les officiers n'étant pas censés se présenter à l'audience qui devait avoir lieu prochainement, la DGSE craignait que l'absence de Piazzole et Chaouati ne force les autorités espagnoles à émettre un mandat d'arrêt international à leur encontre. L’un des deux détenus avait besoin d’une nouvelle identité. Le général Rondot écrit donc dans son carnet : « Qu'on lui fournisse un IF (DGSE) ».

Début 2004, l'imminence du procès a donné lieu à de nouvelles réunions, Rondot craignant que l'absence de l'espion et de son messager ne provoque un scandale dans la presse. « Selon le chef d'état-major, la justice espagnole ne croit pas à notre version : les armes étaient authentiques et l'agent ne savait pas qu'il s'agissait d'un exercice. »

L'audience orale a été fixée au 28 janvier 2004, dans la Section V du Tribunal de Barcelone, et le procureur a requis sept ans de prison pour chacun des accusés accusés de stockage d'armes de guerre. La cour attendit en vain l'arrivée de Piazzolle et Chaouati. Le même jour, le général Rondot notait : « Opération Alpha : probable médiatisation avec l'audience d'aujourd'hui à Barcelone. » En ne se présentant pas à l'audience,Le tribunal a émis un mandat d'arrêt à son encontre, qui n'a pas abouti jusqu'à présent.

« Je n'ai jamais rien entendu à ce sujet. Il semble évident que ces deux hommes avaient des intentions malveillantes », commente un officier supérieur des services antiterroristes de la Garde civile. « Les armes qu'ils portaient étaient conçues pour tuer. Personne ne porte une arme mortelle si elle n'est pas conçue pour tuer. Je ne crois pas que ces hommes participaient à un exercice. Comment des agents français ont-ils pu venir en Espagne pour mener un simple exercice ? » Le procureur Mena s'interroge aujourd'hui, ne cachant pas son malaise d'avoir été trompé et « trompé ».

La Garde civile et la Police nationale (CNI) affirment ne pas connaître Piazzole et n'avoir jamais travaillé avec lui. Et ce, malgré le fait que le général Rondot se vante dans son journal d’être ami avec ces services espagnols.

Quelle était la véritable mission des espions ? Des sources policières considèrent que l'hypothèse la plus probable est celle d'une attaque terroriste menée contre un terroriste corse, précisément au moment où l'offensive des indépendantistes corses s'intensifiait.

D'autres sources spéculent que la cible était un islamiste lié aux attentats du 11 septembre aux États-Unis. Ce n’est pas pour rien que la Catalogne est l’un des territoires où Al-Qaïda et ses groupes associés ont pris racine. Des mois avant l'arrestation des deux Français, la police madrilène avait démantelé le réseau d'Imad Eddin Barakat, dit Abu Dahdah, un ressortissant syrien devenu citoyen espagnol qui recrutait des moudjahidines pour la Bosnie et l'Afghanistan et collectait de l'argent pour le djihad mondial. Abou Dahdah avait des collaborateurs en Catalogne dont l’identité n’a jamais été révélée. Mohamed Atta, le chef de l'escadron suicide, et Said Bahaji ont conservé le téléphone d'Abu Dahdah dans leur appartement à Hambourg, en Allemagne. Deux mois avant l'attentat contre les Twin Towers de New York, Atta avait rencontré à Salou (Tarragone) Ramzi Binalshib, un de ses hommes en Allemagne, pour lui communiquer les noms des kamikazes, leurs cibles et la date de l'attentat.

Corses ou islamistes, Christian Piazzolle, le Chacal français, avait une cible dans son viseur. Les notes manuscrites du
général Rondot

dans son journal personnel montrent les démarches entreprises pour libérer les deux détenus et comment ses supérieurs politiques étaient tenus informés de l'évolution des procédures policières et judiciaires ouvertes en Espagne.

» 4 octobre 2002

8h15. Entretien avec Philippe Marland : Mon entretien avec Dominique de Villepin :

-Il est d'accord avec mon déploiement en Irak.

-Sujet Alpha noté (ma note numéro 314) : Aucune objection.

» 16 octobre 2002,

11h00

Allez à Barcelone sans perdre de temps pour voir le procureur en chef.

Si cela ne fonctionne pas, le médecin pourrait-il se rendre à Madrid vendredi ? Téléphone D.Champtiaux : allez.

À côté de ces notes, il y a une carte du chef d'état-major du ministre de la Défense, sur laquelle on peut lire :

Mon général : Je confirme que je crois qu'il est nécessaire que vous rencontriez personnellement le procureur général de Barcelone pour vous assurer de l'état de santé de l'accusé.

Il est souhaitable que cette prise en charge soit effectuée dans les meilleurs délais. C'est-à-dire à partir de demain.

15h00

- Au cabinet du directeur de cabinet

- Situation (téléphone de M. Champtiaux)

- Décision de Philippe Marland [directeur de cabinet de la ministre Michèlle Alliot-Marie] :

- négocier un entretien en deux parties :

mon départ + explications. (Coopération antiterroriste franco-espagnole).

Je maintiens qu'il s'agit d'un exercice

Retour du M [ministre]

Expulsion de l'

agent PV en mon nom : personnel en charge Rens et OS au Ministère de la Défense. Cesid me connaît.

Accompagné de : Général Champtiaux et M. Fourré (mais ils n'assistèrent pas à l'entrevue).

Prévenir le Cesid et la Garde Civile.

Le ministre de la Défense sera informé, feu vert

Voir Général Champtiaux

18h00

Sujet Alpha.

Feu vert du ministre de la Défense et du général Bentegeat (transmis par téléphone au général Champtiaux).

» 3 décembre 2002

16h15

Rencontre avec Philipe Marland.

Déjeuner de la DGST et de la DGSE sur les difficultés rencontrées pour les faire coopérer dans la lutte contre le terrorisme.

État des opérations du CDG dans les Balkans.

Sujet Alpha. Il faut obtenir la clôture de l'affaire auprès du procureur général de Barcelone. Je vous envoie mes salutations pour vous remercier.

N'exercez pas trop de pression, car cela donnerait l'impression qu'il y a quelque chose à cacher.

» Édition espagnole du 14 novembre 2003

(Alpha).

L'avis de Laurent Le Mesle :

-Ne rien faire.

-Voyez quel écho (médiatique) a le public barcelonais ?

H 1 : Pas d'écho

H2 : Parle, ne bouge pas

Possibilité de déménager en France ? Risqué : n'acceptez pas cette solution.

Laissez cette affaire pourrir.

Réparer le cas de l'agent sans IR - Lui donner un IF [fausse identité] de la DGSE.

Selon le chef d'état-major : la justice espagnole ne croit pas notre version : les armes étaient réelles et l'agent ne savait pas qu'il s'agissait d'un exercice.

-Parlez à P. Brochand (directeur de la Direction générale de la sécurité extérieure).

» 6 janvier 2004

8h15

Rencontre avec Ph. Marland. Matière espagnole (Alpha).

*Dernière note DGSE numéro 1552 du 31-12-03 sur la procédure

- Solution pour transférer le dossier en France ? Acceptable si l’Espagne le résout lors d’une audience du cabinet et non en public (risque médiatique).

Assurer côté espagnol : ordonnance du magistrat de Madrid + avocat.

-Laisser pourrir la question espagnole ? Consultez le juge Fourret ce jour-là.

-Je l'expliquerai moi-même au procureur général de Barcelone.

-Que fait la DGSE pour protéger l'OT et l'agent ? (Priorité)

- Si on le transfère en France, c'est comme admettre qu'il se passe quelque chose de louche.

-Voir P. Brochand demain à neuf heures.

» 21 janvier 2004

15h-16h30

Rencontre avec Ph. Marland

- La DGSE est très agitée : notes... - Un titre exécutoire européen (dans les deux mois) en France.

-Risque de médiatisation.

Suivre la propagation d'une commande en France ?

-Éviter l'inscription aux archives françaises

-Le sort de l'agent : le relocaliser ? Paris

» 28 janvier 2004

14h45

Chez Philipe Marland.

Opération Alpha : Probable couverture médiatique auprès du public d'aujourd'hui à Barcelone.


http://elpais.com/m/diario/2009/11/15/domingo/1258260753_850215.html

Je m'autocite, mais ça suggère quand même vachement un agent français à qui l'on demande de recruter un quidam, et de lui faire faire des trucs. Comme une répétition ou une évaluation pour le faire faire un jour dans un pays X, mais dans un environnement plus malveillant.

Et ça recolle très bien avec ce qu'écrit Pierre Martinet par exemple sur l'environnement d'une telle opération.

En effet, à choisir, je préfère faire déplacer du matos par un local qui sera un fusible, et réserver les risques de compromissions pour mon tireur au plus limité. Genre à pied de la cache d'arme au site de tir et inversement.

 

Ce qui ne colle pas avec ma théorie, ou qui serait possiblement une erreur déontologique, c'est que le couillon de l'histoire semble être un citoyen français... :huh: Parce que vu comme le mec balance tout de suite, je me dis qu'on est pas vraiment face à un agent entrainé. Ou alors...c'est un exercice, et on leur dit de parler vite pour pas rajouter de la merde sur la merde, mais ça fait pas très sérieux. Vu comment le couillon est recruté, je doute que ça soit ce cas là.

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il y a 9 minutes, Nec temere a dit :

C'est bibi qui disait qu'il avait fait parti du SA après être passé chez les mili mais c'est un souvenir d'une émission où il se présentait sur autre chaîne mais je ne saurais dire où... 

Yep désolé, et mes excuses à @mgtstrategy !

Du coup non c'est pas le cas.

Modifié par Polybe
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1 hour ago, Polybe said:

Ben j'ai des arguments. Des illustrations. Tu as des rumeurs et des interprétations.

J'ai pas le tps de développer ! 20 ans sur le sujet.

Mais j'ai bien conscience que ça implique pas une vérité absolue sur le sujet.... 

Vu qu'on est sur un forum et pas une note d'analyste, je fais au plus simple 

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il y a 35 minutes, mgtstrategy a dit :

Si ça peut t'aider dans tes recherches, tu as aussi l'élimination par les SR espagnols des terroristes basques...en France.

Autre époque. Si on se base sur les années 80, effectivement là beaucoup de choses deviennent possibles.

Quelques affaires plus tard, il n'aura échappé à personne que les mœurs ont légèrement évolué...

On a eu ici même des articles qui montrent qu'à chaque président, ça évolue.

il y a une heure, mgtstrategy a dit :

J'ai pas le tps de développer ! 20 ans sur le sujet.

Mais j'ai bien conscience que ça implique pas une vérité absolue sur le sujet.... 

Vu qu'on est sur un forum et pas une note d'analyste, je fais au plus simple 

Ouais enfin...j'entends ton manque de temps, ça n'est pas un reproche.

Mais là y a le choix entre mes arguments (tout ces dernières années tend à montrer que ça ne marche pas comme ça), et...te croire, ça fait 20 ans que je lis sur le sujet, t'inquiète.

Après effectivement, j'entends bien que de toute façon, on aura pas de vérité absolu. Mais y a déjà des éléments factuels qui valident ou invalident certaines théories.

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oui, c'est que je disais, ça fait 20 ans que je suis sur le topic DGSE, mais ça fait pas de moi une verité absolue. La j'ai un peu la flemme / d'autres priorités pour te sourcer les infos, d'autant que c'est bien galère à retrouver parfois. (exp: extrait de livres, de blogs désormais fermés etc..). Bref, il reste ma mémoire :) Et imagine que quand j'ai commencé en 99, il y avait tout simplement pas de site DGSE! C'est un ami qui avait crée un site non officiel, ce qui a pas été sans soucis...

Modifié par mgtstrategy
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Je te donne un exp: le rainbow warrior. Ca fait allez...10 ans qu'on sait que le frere de Segolene royale faisait partie de l'opé. Mais seulement qqs années qu'il y avait plusieurs autres nageurs / equipe au large.

Et que l'opé a été surtout la résultante d'une enorme guerre interne au service, qui a bien faillit le faire couler (sans jeu de mot) pour de bon.

Bref, tout ça, ça aurait pris enooooormément de temps et que les langues se délient.

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