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Les mercenaires étrangers dans l'armée française.


Charles XII

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L'armée française a depuis toujours eu des troupes étrangères en son sein, sous l'ancien régime il s'agissait de mercenaires, leurs nombre fut très importants au cours du 16ème siècle en particulier pendant des guerres d'Italie, il s'agissait essentiellement des suisses et des Lansquenets allemands, les rois recrutaient des étrangers parce que l'infanterie en France était de faible valeur, les français possédaient en revanche la meilleure cavalerie et la meilleure artillerie d'Europe.

Vers quelle époque les rois de France ont cessé le recrutement massif de mercenaires étrangers pour constituer leur infanterie ? Je crois qu'à Rocroi l'infanterie est déjà massivement française.

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L'infanterie française au XVIème s'était affaiblie depuis l'époque de Louis XI parce que les rois ne l'entretenaient plus, hors quelques unités (les 4 "vieilles bandes" qui deviendront les "4 vieux" régiments de l'infanterie française). C'est autant une répugnance naturelle des régimes monarchiques à l'idée de répandre un entraînement militaire dans la population qu'une préférence court-termiste pour l'engagement d'armées juste avant de partir en campagne. Des problèmes de fonds publics sont aussi intervenus au XVIème siècle, avec la déliquescence de l'appareil administratif légué par Charles VII et Louis XI.

L'histoire de l'infanterie en France a ses hauts et ses bas, il n'y a pas une date, mais une série de périodes où il y a une infanterie française et d'autres où il n'y en a pas de valable. François Ier, par exemple, a essayé de remédier à la disparition de la formidable armée de Louis XI sous la gestion lamentable de Charles VIII et Louis XII, en créant les Légions, tentative de création d'une grande infanterie pique-arquebuse. Mais il n'a pas débloqué les fonds nécessaires et le résultat fut mauvais.

Discrètement, une importante infanterie française commence son développement sous Henri II et ses enfants (premières chartes de régiments qui donne un nouveau statut aux "vieilles bandes", déjà des formations permanentes), et l'effort se poursuit sous Henri IV (formations des régiments dits "petits vieux", qui deviennent rapidement permanents). La permanence de la guerre à partir du Siège de la Rochelle confirme de fait ce développement sous Louis XIII avant de recevoir une application systématique sous Louis XIV et Louvois qui fixent une nouvelle échelle de taille à l'infanterie permanente (on atteint les 70 à 80 000h permanents dans l'infanterie).

La cavalerie n'a jamais eu ces problèmes vu la nature aristocratique de l'arme, et toutes les guerres d'Italie se font avec l'organisation des Compagnies d'Ordonnance édictée sous Charles VII et entretenue en permanence depuis, à grands frais: c'est effectivement la meilleure cavalerie d'Europe pendant le XVème et le XVIème siècle.

L'artillerie, de même, organisée en parcs (ancêtres de nos batteries), est issue de l'organisation par les frères Bureau sous Charles VII.

La proportion d'étrangers devient anecdotique à partir de Louis XIV, mais elle l'était aussi sous Louis XI qui payait en sous-main, cependant, les Suisses (mais comme entité nationale) pour faire la guerre à la Bourgogne à sa place.

Mais l'évolution Louis quatorzienne est déjà amorcée sous Louis XIII, symboliquement quand l'Etat opère une véritable OPA sur l'armée mercenaire de Bernard de Saxe Weimar à la fin des années 1630, jusqu'ici engagée sous le régime de la condotta: quand il meurt, c'est un maréchal français (d'Humières je crois) qui prend sa place et introduit des effectifs français dans les unités, mouvement déjà engagé sous Saxe-Weimar. les unités de cette armée son rentrés dans la filiation normale de l'armée en étant francisés (je crois qu'il y a encore un régiment actif qui en descend).

Mais déjà pendant la guerre de Trente Ans, la majorité des effectifs est française; en fait depuis Henri II, c'est une constante. Mais c'est sous Louis XIV, quand Louvois invente les armées modernes, que les effectifs mercenaires deviennent anecdotiques, de l'ordre de 10% des effectifs. Cavaliers légers hongrois et croates (les "Houzards", francisés en "hussards", et les croates dont le foulard recevra leur nom francisé de "cravate", et fer aune longue carrière), mais aussi fantassins suisses, écossais, allemands et surtout irlandais.

Ces unités sont organisées comme unités "ethniques" mais royales ("royal écossais", "royal suisse", "royal allemand", "régiment des Deux Ponts"....), et les Irlandais, très nombreux avec la fin des affrontements jacobites-orange après la Boyne (entre 300 et 400 000 immigrés entre 1692 et la Révolution), auront même leur propre brigade faite de plusieurs régiments. Notre 92ème RI si gaulois est le descendant des régiments irlandais de la Brigade de Dillon.

Enfin, il y a les traditions de la Maison militaire du Roi, dont la plus vieille unité permanente est la Garde des Archers Ecossais (c'est la première unité "fixe", même si le roi a toujours eu des gardes français, bien avant, mais pas organisés en unités fixes). On trouve aussi, en unités étrangères, les Gardes Suisses (régiment d'infanterie) et les Cent-Suisses.

On verra d'autres unités particulières comme la Légion de Lauzun pendant la Guerre d'Indépendance américaine. mais dans l'absolu, à partir de Louis XIV, les unités mercenaires ne pèsent plus beaucoup dans l'orbat français. Il s'agit cependant d'une tradition monarchique d'avoir des unités étrangères, et ce ne sont plus exactement des mercenaires dans la mesure où il s'agit d'unités permanentes avec les mêmes droits et la même discipline que le reste de l'armée. Ce ne sont plus des unités de condottiere.

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Bon, ben pas l'air de faire florès ce topic....

Pour envisager le sujet sous un autre angle, on pourrait poser la question de la définition du mercenariat en posant cette problématique simple et qui vaut d'ailleurs pour toutes les époques: un étranger servant militairement la France sans nécessairement le faire pour des raisons d'immigration et d'acquisition de la nationalité est-il pour autant toujours un mercenaire? Il existe, il a existé, différentes formes d'engagement pour des raisons parfois autres qu'une solde ou un régime de fonctionnement de typer mercenaire:

- l'engagement mercenarial type d'unités constituées: le régime de la condotta, du contrat d'engagement, en est la forme juridique la plus aboutie (l'armée suédo-germano-française de Bernard de Saxe-Weimar est l'exemple le plus frappant puisqu'il s'agit d'une armée complète), mais avant cela, on a déjà des unités de spécialistes dont les plus célèbres sont les arbalétriers gênois

- l'engagement plus régulé d'unités constituées mises en ligne au sein de l'armée régulière: cavaliers croates et hongrois

- la constitution d'unités régulières faites d'étrangers (Irlandais, Ecossais, Allemands, Suisses, Italiens). Mais dans les faits pas uniquement; parfois, ces unités n'ont même plus d'étrangers comme, au XVIIIème siècle, certains régiments "allemands" ou "écossais".

- la constitution d'unités régulières mais à statut particulier, incluant des formations faites d'étrangers, parfois exclusivement: les légions franches et unités de chasseurs du XVIIIème sont une particularité difficilement classables

- la levée ponctuelle de troupes étrangères dans des unités créées pour l'occasion, à titre privé, mixte ou national: la Légion de Lauzun en est l'archétype

- le maintien permanent ad vitam d'unités particulières étrangères, sous statut merenarial, mais issues d'un traité d'Etat à Etat: les Gardes Suisses et les Cent Suisses de la Maison du Roi sont ainsi une particularité

- un statut analogue au précédent, mais encore plus institutionnel et ancré dans la tradition, incluant de ce fait une domination absolue des facteurs politiques et symboliques: la Garde Ecossaise est en ce sens un exemple vraiment atypique

- les organisations de troupes indigènes: Indiens d'Amérique et des Indes sous la monarchie, mamelouks, spahis, zouaves et turcopoles après la Révolution

- la Légion Etrangère: un statut à part ou non?

Comment faire la différence? Le statut, la discipline, les règlements, le mode de paiement, les motifs, le processus d'engagement, la nature des unités, le processus d'organisation, le facteur politique, la place dans l'ordre de bataille.... Il faudrait une définition précise: le terme mercenariat ne suffit pas à tout.

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je pense que le mercenariat à ses époques étaient considéré comme faisant partie intégrante de l'art de la guerre ,on employé des professionnels pour leur qualité comme on a utilisé les étrangers dans l'art de la construction ,de la verrerie ,ou de la peinture .

lorsque certaines unités se sont retrouvé composé uniquement de français ,ne portant plus que le nom d'écossais par exemple ,s'était peut-être là une autre maniére de garder une possibilité de garder une possibilité d'attirer les écossais ,ou simplement la longueur administrative de modifier le nom .

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La définition précise qui sera retenue pour définir un mercenaire aura une influence critique sur la suite possible des débats.

Pour ma part, j'aurai tendance à définir le mercenaire comme, non pas un soldat étranger se battant sous un pavillon qui n'est pas le sien pour l'appat du gain, de la récompense ... mais en fait comme un soldat dont l'employeur n'est pas un état.

Ainsi, si les ordres opérationnels du mercenaire proviennent bien d'un état qui fait appel à ses services, ces ordres ne sont obéis que s'ils restent dans le cadre du contrat d'emploi négocié en préalable à la mise à disposition de la troupe. La formation, l'entrainement, l'équipement du mercenaire sont aussi de la responsabilité de l'employeur, pas de l'état utilisateur - sauf accord particulier.

J'admets que cette définition est excessivement binaire, mais elle a l'avantage de pouvoir déterminer une partition franche entre troupes régulières (même étrangères) et mercenaires (même nationaux).

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A bien y réfléchir, une telle définition viendrait même classer les groupes claniques et les armées féodales comme des mercenaires, là où les troupes tribales (donc du même sang) seraient des armées régulières ...

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lors de la 2éme guerre de cent ans, il me semble que le roi avait loué des arbaletriers genois en grand nombre ( 30 000 ?)

quant à la notion de mercenaire, elle a évolué au fil des siècles, la notion d'états est récente d'un point de vue historique

ex au moyen age on raissonne en terme de familles, d'alliances et de liens féodaux

on pourrait partir de la définition la plus minimaliste

mercenaire: homme qui se bat pour de l'argent

on part des " barbares " enrolés par les cités grecques et on finit par les contractors ...

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mercenaire: homme qui se bat pour de l'argent

Définition fausse. Une comparaison? Soldat = étymologiquement, un homme qui se bat pour une solde, soit de l'argent. J'ai pas posé cette histoire de définition par hasard: ce n'est pas une question si simple qu'il y paraît.

lors de la 2éme guerre de cent ans, il me semble que le roi avait loué des arbaletriers genois en grand nombre ( 30 000 ?)

Aux XIVème-XVème siècles, Gênes ne devait pas compter plus de 50 000 habitants, et surtout après le refroidissement de la 2ème moitié du XIVème siècle et les ravages de la grande peste noire. Sachant qu'ils ont aussi à faire tourner leur ville et sa grande activité navale (c'est juste la 2ème puissance navale du Moyen Age après Venise, sa grande rivale), ça laisse pas tant d'hommes que ça. L'expression "arbalétrier gênois" est sans doute un sens large incluant la Ligurie avec (mais là aussi, le gros de la population sert à l'agriculture, au recutement naval et à la défense du territoire), ainsi que probablement des recrues d'autres horizons enrôlées dans les compagnies. Mais vu la base démographique dispo et plus encore le coût très élevé de ces mercenaires au grand savoir-faire (on parle d'arbalétriers d'élite lourds, soit des mecs très entraînés, protégés d'une cuirasse et doublés d'un binôme portant un pavois de protection pour les positions de tir), je doute sérieusement que le roi de France ait pu avoir, même à Crécy (où les plus gros effectifs français de la Guerre de Cent Ans ont été réunis, avec une estimation vraissemblable tournant autour de 25-30 000h), plus de 5000 arbalétriers pour une campagne. Faut arrêter avec les effectifs délirants issus des chroniques officielles du Moyen Age, plus fantasmagoriques encore qu'un programme de parti politique.

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je crois que les gens se sont trop focalisé sur l'image du mercenariat lors des guerres dans les anciennes colonies africaines devenu indépendante ,la presse occidentale trouvé que les mercenaires étaient l'une des causes de l'instabillité dans ses pays ,des coups d'états etc ...

et que l'appat du gain était la seul raison .

mais quand on y regarde bien ,en majorité ses mercenaires étaient d'ancien militaire ayant connu de nombreuses guerres ,et leur véritable motivation n'était pas l'argent mais le fait de soit continuer un combat contre une idéologie (le communisme )pour certains ,ou simplement pour le goût du métier des armes (donc une difficulté à trouver sa place dans le monde civil ).

il y a eu aussi beaucoup d'anciens colons belges qui sont devenu mercenaires au congo (donc dans le but de défendre un intérêt personnel ).se qui a eu pour effet au travers de  la presse occidentale (surtout en europe ) d'y voir un retour du colonialisme .

bien entendu ses mercenaires étaient payé ,mais pas tous avec rubis sur ongle (loin  de là ).

le sujet dérange beaucoup en france ,d'ou ses lois contre le mercenariat .la france a employé beaucoups de mercenaires étrangers par le passé mais toujours dans un cadre disons réglementé ,et quand on y regarde ,la création de la légion étrangère ,s'etait une maniére de continuer le principe de recrutement des étrangers mais avec une instruction à la française  et une forte proportion d'officier français (et ainsi d'avoir un contrôle ,d'ou aussi à un moment le mélange au sein des unités qui au départ était constitué par nationalité et de l'emploi de la langue française  ).

   

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Il faut vraiment faire des différences, et la plus cruciale réside dans la séparation des 2 concepts principaux de mercenaire et d'étranger au service de la France, le point le plus aigu de la différence résisant dans le fait de la place dans l'ordre de bataille et du type d'unités: les mercenaires ne sont pas des unoités régulières, les étrangers au service de la France sont dans des unités régulières. Depuis que la Guerre a un code, des usages, des coutumes et des lois (même si elles ne sont que théoriques), cela permet de faire une différence. De la même façon, je différencierais l'armée régulière des hosts de la chevalerie féodale capétienne qui sont encore quelque chose d'autre (un chevalier n'est pas un soldat).

Le fait qu'il y ait une paie n'entre pas tant que ça en ligne de compte:

- un soldat est par définition payé, qu'il s'agisse d'un pro ou d'un conscrit (quel que soit le type de conscription)

- un chevalier est dédommagé de ses jours au service du roi

- un mercenaire est payé puisqu'il s'agit de sa raison d'être

Donc il faut pouvoir faire la différence entre une unité française faite d'étranger et une unité mercenaire engagée par la France, et cette différence est dans l'énoncé; mais on la voit aussi dans la soumission à certains règlements et disciplines, à la place dans l'ordre de bataille, au port d'un uniforme ou non (surtout à partir de Louis XIV), à la place dans la chaîne de commandement....

Les nombreuses catégories que j'ai évoqué dans mon post plus haut, à mon avis, se résument à ces 2 grandes familles: mercenaires et unités françaises faites d'étrangers. Et cette deuxième catégorie ne peut être en aucun cas définie comme mercenaire. Une troisième catégorie pourrait être considérée, faisant appel au domaine de la motivation politique: corps écossais rejoignant la France pendant la guerre de Cent Ans (ils sont dédommagés, mais la motivation n'et pas pécuniaire), volontaires étrangers dans la Légion pendant la 1ère Guerre Mondiale, Irlandais jacobites sous Louis XIV (avant de devenir des unités françaises faites d'Irlandais).

D'ailleurs, les rois de France ont aussi eu recours à des mercenaires français signant des condotta ou autres formes de contrat de ce type: les Gascons, des Bretons ou des Poitevins se louant en unités constituées d'hommes d'armes ou de cavaliers, mais aussi des Provençaux, des Bourguignons.... Tous étaient pourtant sujets du Roi de France (même si le lien pouvait être très lointain), mais ils étaient aussi mercenaires.

Il faudrait aussi considérer une autre catégorie d'étrangers combattant pour la France: les chefs de guerre. Condottiere apportant une armée, une unité ou juste leur savoir-faire, chefs indépendants se vendant à la France, officiers de pays alliés "prêtés" et faisant souche ne France ou non, officiers changeant de pays pour un engagement quasi définitif.... Les cas sont multiples.

Bernard de Saxe-Weimar, Maurice de Saxe, Antoine-Henri de Jomini, le Comte de Douglas, nombres de nobles écossais (y compris beaucoup de membres des diverses familles royales) et irlandais (notamment la famille Dillon), l'amiral Doria (famille prolifique en amiraux  ;); devinez lequel c'est), Johann de Kalb, la famille de Broglie....

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mercenaire: homme qui se bat uniquement pour de l'argent

quant aux mercenaires génois, évidemment qu'ils n'étaient pas tous génois de pure souche, c'étaient eux-meme des mercenaires au service de la république de genes qui les louaient à l'occasion , quant aux chiffres c'est vrai qu'il est dure d'avoir une idée juste des effectifs au moyen age 

par ailleurs les provencaux tout comme les bourguignons de franche comte ne sont pas sujet du roi de france au moyen age ,ce sont des terres d'empire , c'est pourquoi ils sont considérés comme des mercenaires , idem pour les lorrains

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Précisions Brenus:

- la Lorraine comte nombre d'enclaves proprement françaises, dont un certain village nommé Domrémy, sujet qui a fait couler de l'encre. Ces territoires appartiennent en propre à la France et ne ressortent pas du statut de terre d'empire, le roi de France n'ayant jamais été vassal impérial

- les Provençaux sont sujets du roi de France après le leg du Roi René

- les Bourguignons de Franche Comté sont certes sujets impériaux jusqu'au XVIIème siècle, mais il y a aussi les Bourguignons du Duché de Bourgogne, apanage des Valois Bourgogne et base de leur quête pour rebâtir le mythique royaume de Bourgogne en le mâtinant de délire lotharingien

- et il y en a d'autres

Le fait est que nombre de mercenaires étaient aussi français et que ça ne choquait pas la mentalité féodale.

c'est vrai qu'il est dure d'avoir une idée juste des effectifs au moyen age 

On peut quand même estimer au vu des ressources budgétaires du royaume, des prix des mercenaires, du coût de dédommagement des chevaliers pour l'Host.... Le grand problème du Moyen Age et de la reconstruction de l'Etat en France (et dans le reste de l'Europe) est celui de la ressource fiscale: il n'y a aucun impôt permanent avant Charles VII, et les seules ressources régulières de la couronne sont les revenus féodaux du domaine royal. Entre l'Empire Romain et la réaffirmation de la monarchie à partir de la Guerre de Cent Ans, il y a un grand vide de l'Etat qui n'a pas de vraies ressources au sens où nous l'entendons.

Des ressources minces, voire squelettiques, ne permettent pas de vraie armée permanente, par essence ennemie de la féodalité; cela veut dire pas de gros budget permanent, mais encore et surtout, pas de visibilité à moyen et long terme, pas de projection de l'Etat dans le futur hors de la personne (et de la famille) du roi, incarnation symbolique terriblement puissante et traduisible en termes réels, mais aux possibilités en général limitées.

Les grosses possibilités financières ne viennent qu'en des circonstances exceptionnelles: croisade, invasion directe, grand projet (généralement une cathédrale, des fortifications ou des trucs de ce genre).... Pour ce faire, le roi peut pour ainsi dire forcer la contribution de certains acteurs (municipalités, clergé, corporations et, dans une moindre mesure, noblesse, celle-ci ne soumettant vraiment que l'impôt du sang): le don gratuit du clergé (et les aides du pape pour des croisades) est en fait la seule vraie grosse ressource dont dispose le roi en temps de guerre.

Mais ce n'est pas une grosse ressource à l'échelle temporelle de la constitution et du maintien d'une armée; elle est faite pour la logique féodale, faite pour lever un host de chevaliers ayant de leur côté charge et obligation d'être entraînés et équipés pour le combat, ainsi que de financer, dans la mesure de leurs moyens, des effectifs plus ou moins grands d'hommes en armes.

Mais ce système, s'il était rôdé sous Charlemagne et jusqu'à St Louis, s'est détérioré, notamment avec la montée de la féodalité nobiliaire à partir du XIIème siècle. C'est là la principale cause des défaites de la Guerre de Cent Ans.

Mais du coup, des masses de fric qu'on n'a qu'en temps de guerre, une noblesse rebelle, de moins en moins adaptée à la guerre qui change et qui monnaie cher son service et plus encore sa fidélité, et un domaine royal dont la taille et les revenus varient au gré des générations de la famille royale (problème des apanages).... En temps d'urgence, le roi n'a pas la tentation des mercenaires: il n'a pas tant de choix que ça.

mercenaire: homme qui se bat uniquement pour de l'argent

Si on le limite à cela, on ne prend à mon avis en compte que l'individu mercenaire, et non les unités constituées qui sont l'essentiel du mercenariat depuis l'Antiquité grecque (l'Anabase reste au fond la meilleure description d'une unité mercenaire grecque). Parce que le mercenaire vend ses services contre de l'argent certes, mais il les vend aussi dans un certain cadre: il n'est pas astreint à la discipline des troupes régulières, obéit à ses propres chefs dans des unités constituées, selon certains modes opératoires et une autre conception de la discipline, en fait plusieurs conceptions puisque ces unités sont souvent des aventures individuelles et commerciales.

Le mercenaire au Moyen Age et jusqu'à la 2ème moitié de la Guerre de Cent Ans est en fait le type dominant du soldat de métier, lié en permanence à une unité; peu d'unités sont vraiment permanentes hors quelques troupes particulières (spécialisées ou gardes royales).

Mais le sujet doit en fait être mieux cerné: si on se fie au titre stricto censu, on doit exclure toutes les catégories d'étrangers dans l'armée française que j'ai mentionnées, sauf celles des mercenaires purs et durs, engagés le temps d'un contrat. Légion, hussards, croates, turcos, spahis, zouaves, unités écossaises, irlandaises, allemandes et suisses, gardes écossais et suisses.... Toutes ces unités sont exclues du sujet.

L'armée de Saxe Weimar est en ce sens la dernière grande unité constituée de mercenaires purs et durs que la France ait engagé, précisément pendant la Guerre de Trente Ans qui fut le chant du cygne des grands condottiere: il n'y en avait déjà plus beaucoup, et surtout plus tellement de petites unités à ce moment, mais de grosses unités et des armées quasi-complètes au service de grands généraux mercenaires, aboutissement du phénomène de concentration de ce secteur après 2 à 3 siècles de grande activité. Wallenstein, Saxe-Weimar et Montecuccoli furent les derniers grands condottiere.

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  • 2 weeks later...

Je fais un post pour nuancer mon propos initial sur la proportion d'étrangers et d'unités étrangères dans l'ordre de bataille français au XVIIIème siècle. J'ai des chiffres précis pour ce faire.

La "francisation" massive de l'armée sous Louis XIII et surtout Louis XIV, à commencer par l'infanterie, fut une réalité extrêmement puissante. Sous Henri IV, elle l'était aussi, mais le nombre d'unités permanentes était si faible que je ne vais pas considérer ça come un échantillon statistique valable: 11 régiments et environs 20 000h d'infanterie, plus un maximum de 4000 cavaliers permanents dont 2000 dans l'unité cadre phare d'Henri IV, appelée la "cornette blanche", le reste dans quelques unités du niveau de la compagnie, comme la compagnie de Condé, ancêtre de notre 2ème Dragon NBC.

Dans la dernière partie du règne de Louis XIV et surtout sous Louis XV, la proportion d'étrangers remonte, comme dans toutes les armées européennes: la Guerre de 7 ans est en cela un apogée puisqu'en moyenne, les armées d'Europe sont faites à 50% d'étrangers. Cela correspond au mouvement de professionalisation massive des armées monarchiques, qui ne peuvent, en temps de guerre lorsqu'il faut lever un grand nombre d'autres unités et booster les effectifs dans un rapport de 75 à 100%, assurer un recrutement suffisant à la fois en quantité et en qualité.

Le cas français est spécifique, d'abord par sa dimension: l'armée de Louis XIV a reposé sur une militarisation massive, selon les critères de l'époque, de la société française, et sur un sentiment national qui, contrairement à l'imagerie républicaine, fut rarement aussi puissant. Les guerres de la Ligue d'Augsbourg et de la Succession d'Espagne virent 2 levées en masser qui n'eurent rien à envier à celle des volontaires de l'An II et réunirent même plus de monde, malgré une population française d'1/3 inférieure!

Louis XIV réunit ainsi plus de 500 000h sous les drapeaux, hors Marine et infanterie de marine et des colonies.

Les grandes mobilisations type Guerre de 7 Ans virent les effectifs français atteindre autour de 400 000h hors marine. Dans ce total, on compte non seulement les armées en campagne, mais aussi les garnisons professionnelles de places fortes et les diverses milices (milice bourgeoise en désuétude, milices gardes-côtes -15 000h-, milice royale -environs 60 000 à 80 000h-, milices coloniales -12 000h).

Mais pour les troupes réglées, le patriotisme connut une baisse relative au XVIIIème siècle en raison de l'enrichissement du pays, et plus encore de l'absence de menace directe sur le territoire qui ne connut aucune invasion réelle: seules les régions exposées dépassaient leurs objectifs de recrutement, de même que les populations des viles de garnisons.

Les troupes étrangères en vinrent ainsi à représenter autour de 25% de l'effectif des troupes réglées, Choiseul affirmant même ce principe qu'engager un étranger valait 3h: celui qu'on achète, celui qu'on prend à l'ennemi et celui qu'on garde pour l'agriculture ou l'atelier. La remontée du sentiment national réengagea une décrue des étrangers à partir des années 1750-1760, parallèlement à une montée de la professionalisation de l'armée.

Mais on constate surtout un net changement de la nature de l'engagement des étrangers pendant tout le XVIIIème siècle en France, par rapport aux autres pays: les statistiques nous montrent que la très grosse majorité des étrangers sont engagés sur base individuelle et non en unités constituées sous régime apparenté au mercenariat. Ils le sont dans le cadre d'unités étrangères permanentes ayant une place dans l'ordre de bataille, intégrées dans la hiérarchie normale, à ceci près que le gros de leurs officiers sont des étrangers.

Mais surtout, près des 2/3 des étrangers engagés, et la quasi totalité de leurs officiers, font souche en France (ils amènent leurs familles ou se marient sur place): il s'agit d'engagements définitifs et non plus de mercenaires allant d'un employeur à l'autre. On constate en fait que ces unités sont des cadres d'intégration d'un vaste mouvement d'immigration militaire.

Les motifs sont de plus divers: la paie en est un, mais ces soldatss sont très marginalement mieux payés que les soldats français. Certaines unités viennent par idéologie politique: les Irlandais (après les Wild Geese suivant la bataille de la Boyne en 1692, ils viennent en masse jusqu'à la Révolution) et les Hongrois (après la prise de contrôle autrichienne de leur pays), de même que des Ecossais jacobites, en sont l'exemple le plus frappant.

Les 2 gros contingents d'unités sont les Suisses et les Allemands, avec respectivement 40 et 35% des troupes étrangères. Sur l'ordre de bataille de 1775 (avec une armée amaigrie mais infiniment plus professionnelle suivant les réformes Choiseul et St Germain) où l'infanterie compte 115 350h, les régiments français représentent 88 750 soldats, les régiments suisses 13 800, les Allemands 8500, les Irlandais et les Italiens autour de 2000-2200 chacun. Sur environs 80 régiments d'infanterie, 11 sont suisses, 8 allemands, 3 irlandais et 1 Italien. On ajoute 3 régiments de cavalerie allemands.

Mais il faut nuancer aussi ces chiffres: en fait, une bonne part des régiments étrangers était faite de Français, de même qu'on trouvait des étrangers dans nombre d'unités françaises. Par exemple, les régiments allemands comptaient, à partir des années 1750, une majorité de Lorrains et d'Alsaciens. Les officiers, en revanche, étaient souvent des cadres très compétents d'origine bourgeoise venant en France parce qu'aucun Etat allemand important n'autorisait les roturiers à progresser au-delà des bas rangs. Les régiments de hussards hongrois, après les années 1740, sont à 95% faites de français, même s'ils gardent les ordres, les jurons et les traditions hongroises  :lol: (c'est chic).

La seule exception est celle des Suisses en ce qu'ils sont recrutés dans le cadre d'unités et non sur base individuelle; ces unités organisent le recrutement avec les autorités des cantons suisses.

En fait, aucune des unités étrangères dans l'armée française ne répond réellement à la définition de "mercenaire" au XVIIIème siècle: ni mode opératoire différent, ni autonomie dans l'ordre de bataille, ni paie spécifiquement meilleure, ni privilège spécial, ni équipement différent. Elles ont des drapeuax spécifiques mais donés par le roi et ce sont des unités permanentes astreintes à la discipline et bénéficiant des mêmes statuts juridiques au regard du droit de la guerre (avant tout pour les prisonniers et les obligations de tenue en territoire étranger ou en garnison sur le sol français). Leur uniforme est reconnu comme un uniforme français et ils sont donc traités, quand ils sont faits prisonniers, comme des prisonniers français, et le roi  recherche leur libération (échanges de prisonniers ou règlement lors des traités de paix) comme pour toute autre unité française. Des mercenaires, on s'en laverait les mains.

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