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Guéguerres des services et redondances


Tancrède

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Bon, le trip ici est de lancer un sujet de longue haleine de plus pour poser une question somme toute assez simple, mais qui se complique, comme toutes les autres, dès lors qu'il s'agit d'y penser un peu plus fort, donc d'y trouver le diable qui, comme d'habitude, se niche dans les détails. Historiquement, beaucoup de forces armées, sinon toutes, ont eu à développer des corps séparés en leur sein, dont les capacités étaient souvent en grande partie redondantes avec d'autres, pour diverses raisons:

- besoin d'autonomie en interne pour plus de latitude d'action, de marge de manoeuvre opérationnelle et/ou à niveau plus "élevé" (doctrine, équipement)

- autonomie forcée de facto par un aspect expéditionnaire et une permanence importante, voire dominante, outre-mer, où les moyens de communication d'avant l'ère moderne rendaient l'autonomie obligatoire (parfois un "corps" ou service par zone de déploiement), ou plus simplement imposaient de facto la spécialisation totale (troupes de marines embarquées, forces coloniales semi-indigènes, armée d'Afrique....). Traditionnellement, cette division fut très importante à une époque où certains pays avaient besoin d'une armée de défense, généralement en grande partie conscrite, et d'une armée expéditionnaire, voire une distinction supplémentaire entre une force expéditionnaire et une force d'occupation/défense coloniale.

- raisons politiques: séparation des pouvoirs qui veulent chacun disposer de forces armées (Répartition des légions dans la république romaine finissante....), lobbying efficace en interne qui conduit un commandement opérationnel à devenir une institution (VDV russes), caractère particulier de certaines forces (les commandements de missiles sont ainsi parfois à part, mais certaines forces expéditionnaires ou spéciales disposent de pareilles marges), rivalités de branches du pouvoir dans certains systèmes plus "féodaux" dans leur mode de fonctionnement (URSS, Allemagne Nazie pour les extrêmes, Arabie Saoudite dans d'autres modalités), organisation où l'Etat central compte moins au profit de pouvoirs régionaux/féodaux (France féodale).... L'importance de certaines gardes nationales dans certains pays, constituée en marge/opposition à des forces régulières en est un autre exemple

- tradition/habitude d'organisation qui se perpétue au-delà de la nécessité qui a présidé à la séparation initiale

De facto, ces séparations internes sont rarement remis en cause "à froid" , que leur utilité en tant qu'entités séparées ait été réelle ou non, et le demeure ou non.

Le cas qui me semble le plus intéressant actuellement est celui des forces US, avec un USMC qui "pèse" plus de 200 000h (dont environs 120 à 140 000 déployables/utilisables dans le nouveau format) face à une Army dont les forces de combat d'active dépassent difficilement les 240 000, mais aussi avec l'USSOCOM, devenu un lobby et un "corps" en soi pesant 60 000h et drainant un budget proportionnellement nettement plus élevé (par tête de pioche). Robert Gates a récemment évoqué le fait que l'USMC devenait une "2ème armée", et à l'heure d'armées professionnelles entièrement projetables, il devient légitime de poser la question de savoir si ce genre de distinction a encore suffisamment de pertinence pour justifier les redondances en matière de coûts, de structure....

Selon la loi de toute organisation humaine, une fois qu'un corps séparé est créé, il a tendance à prendre sa vie propre, pour le meilleur et pour le pire (c'est le syndrôme de l'administration coloniale anglaise qui, 10 ans après la fin de l'essentiel de la décolonisation, n'avait pas diminué pour l'essentiel ses effectifs, ou encore du service de la vignette automobile), à faire son lobbying, à vouloir augmenter ses budgets et ses programmes, à développer sa propre logique au détriment de la logique d'ensemble.... Bref, à développer son propre agenda (qui n'existait pas avant) et à prendre toute la place qu'il peut.

Evidemment, le focus proposé porte avant tout sur les forces terrestres, mais d'autres services ne sont pas exclus: Dieu sait que l'Aéronavale est un cas d'école en soi.

Jusqu'où la spécialisation/autonomisation de services est-elle utile et souhaitable? Est-il possible de définir uns euil en deçà duquel une réorganisation plus globale serait souhaitable?

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L'USMC a un avantage dans le cas US qui est qu'ils ont une doctrine un peu différente de l'US army et ont un peu moins versé dans les travers de la RMA (ou des autres dérivés douhetistes qui ressortent régulièrement sous un nom différent) - sans que la situation soit bonne non plus.

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En l'occurrence, c'est vrai que la séparation et la dominante "infanterie légère/infantry first/action rapide/création de tête de pont" ont permis de garder une pensée à part.... A noter toutefois que l'idéologie douhettiste se serait quand même mangé la réalité des conflits irakiens et afghans dans la gueule pour rappeler certaines réalités de base.

Mais cela vaut-il l'organisation en forces séparées? Pour les USA la question est moins pressante, étant donné qu'ils en ont encore les moyens (quoique la réflexion de R. Gates dénote qu'ils y pensent) et que l'USMC en lui-même n'est somme toute pas si cher que ça à l'échelle de leur budget (une vingtaine de milliards). La question reste cependant de la pertinence de l'organisation indépendante vs un organisme central unique des forces terrestres (supprimant un échelon lourd en log, structures et effectifs) avec les Marines réduits en effectifs propres, plus spécialisés dans l'amphibie (comme unités de tête) et plus "fusionnés" dans un service général de l'infanterie (aux côtés des infantry BCT, soit des formations aéromobiles, de montagne et d'infanterie "standard"), le reste des unités étant défalqués vers leurs proches homologues de l'Army (chars avec les heavy BCT, cavalerie légère aec les Strykers brigades....). Avec pour corollaire une répartition des forces au sol US plus axées sur les spécialités (une arme méca, une arme "médiane" et une arme "infantry" pour ce qui concerne les forces de mêlée) qui n'exclue en rien des BCT spécialisées "amphibie" vu que l'interarme organique est la donne actuelle de l'Army.

De même, la dimension prise par l'USSOCOM, désormais un service permanent, un "corps constitué" en lui-même a quelque chose d'étrange, surtout quand se recrée à l'intérieur une séparation pour former une élite "tier one" au sein du JSOC, dont la redondance avec le SAD de la CIA peut même laisser penser à une absence de définition des spectres de missions concernés, malgré les prétentions de "parfaite entente" entre les 2 entités. Evidemment, tant que les problèmes posés en termes de coûts ne sont pas d'une extrême urgence, personne ne va se poser trop de questions et chaque entité se développe dans son coin.

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Dans Cobra II, j'ai lu que pendant l'offensive en Irak en 2003, la gestion de l'aérien était séparée selon les corps d'armées concernés (le V Corps de l'US Army et une MEF des Marines). Chacun faisait à sa manière, et ca se passait assez bien (tant qu'il ne fallait pas passer d'un corps à l'autre). Si on décidait de fusionner Army/Marines, une des armées devrait apprendre à gérer ses affaires d'une manière différente. Ce qui demanderait un délai (10 ans ? 20 ans ?) avant d'atteindre un niveau optimal d'efficacité.

Pour l'USSOCOM, avant que Rumsfeld fasse son overdose de Chuck Norris, ce n'était qu'un commandement préparant les forces, mais pas responsables de leur emploi. Budgets, grands programmes (les AC-130U, les MH-47E, c'est eux...), doctrine, entraînement. Mais l'emploi sur le terrain se fait par un staff spécialisé, le "commandement des opérations spéciales local", sous l'autorité du commandement de théâtre. Vu la situation avant sa création en 1987 (budgets "reprogrammés" vers d'autres projets, laissant les SOF sans aéronefs d'infiltration spécialisés, mauvais emploi des SOF par les états-majors), c'était sans doute une bonne idée. Mais je pense que l'USSOCOM aurait dû être dissout au milieu des années 90, son rôle accompli, les SOF n'avaient pas besoin d'un tel "piston" pour conserver leur niveau. Donc j'admets cela comme un cas de "corps séparé" pérennisé au-delà du raisonnable.

Pour le JSOC, je ne pense pas qu'il soit si double-emploi avec la CIA, on confond le fait que le JSOC est clandestin (non reconnu) avec ses opérations, qui, elles, sont généralement assumables par le gouvernement US : Eagle Claw, la Somalie, les "Task Force" liquidant des terroristes...

J'ai l'impression que l'USMC a été créé comme une sorte d'armée expéditionnaire (on n'est pas sensés dire "coloniale" pour les USA), alors que l'Army était plutôt "guerre à l'Européenne" (défense du territoire). Ca a viré idem en deux armées, avec le temps. L'USMC chercherait justement à se recentrer autour de la force projetée, resserrer les liens avec la Navy (et distendre ceux avec l'Army ?), et imagine les Company Landing Team...

En fait, le problème fondamental, c'est le poids de l'Histoire, non ? On créé un "machin" (comme dirait le Général) qui semble logique, et il perdure même si la logique derrière a disparu, parce que personne n'ose remettre le système en question de manière aussi radicale.

Ca me fait penser à la réflexion assez originale que j'ai lue dans le livre de Pete Blaber, qui, dans le cas du bazar des services en Afghanistan, donnait en gros l'exemple suivant : imaginez qu'un désastre naturel bloque toute communication entre l'Afghanistan et les USA. Que feraient les troupes déployées ? Après un moment d'incertitude, elles reprendraient leur mission mais inconsciemment, elles s'adapteraient au mieux pour exécuter la mission, en fonction des besoins et des capacités des différents services/unités, et non en fonction des armes/services/agences auxquels elles appartiennent. La CIA arrêterait de faire transiter ses infos par Langley avant de les communiquer aux militaires, le chef de station local irait à 50 m de son bureau dans celui du chef militaire en Afgha pour les lui porter.

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En fait, le problème fondamental, c'est le poids de l'Histoire, non ? On créé un "machin" (comme dirait le Général) qui semble logique, et il perdure même si la logique derrière a disparu, parce que personne n'ose remettre le système en question de manière aussi radicale.

Disons que c'est plus élaboré encore, et un domaine qui me fascine: l'histoire des organisations humaines, des institutions.... Et la logique qui les articule. Il y a sans doute un effet psychologique (inquantifiable) de non remise en cause, mais il y a aussi et surtout des logiques bien concrètes d'auto-préservation d'organismes bien en place, de routines et d'habitudes de travail, d'intérêts à tous les niveaux (des micro-implantations de base jusqu'aux organismes du plus haut niveau), des logiques de chapelle et une répartition du travail établie, du lobbying varié, des traditions.... Michel Crozier a beaucoup travaillé sur cette "vie propre" des organisations dans l'administration.

Après, évidemment, toute subdivision de ce type n'est pas sans arguments, et le seul délai d'adaptation suite à une refonte globale du système peut en soi en être un, surtout dans des organismes aussi vastes que les forces armées US. Mais les grandes organisations ont leurs problèmes et leurs forces internes d'inertie qui sont aussi bien des blocages et des carcans mentaux que des atouts et une forme de logique qui n'est pas sans au moins un minimum de pertinence et d'efficacité.

Donc la question, encore une fois, serait de savoir comment voir à quel point les avantages dépassent les inconvénients, et inversement; est-il possible de dire à quel moment l'organisation pèse plus sur la mission qu'elle ne lui apporte d'avantages?

Dans le cas de l'USMC, il y a effectivement la longue tradition non interventionniste et hostile à l'armée permanente très présente dans l'histoire US, l'Army en tant que continuité étant réellement née en 1917-1918 après des périodes alternant développement et quasi disparition, alors que la Navy et l'USMC existaient en parallèle dans un mouvement de développement plus continu, même si le rythme en a fortement varié.

La professionalisation de l'armée US, puis la fin de la guerre froide et de l'aspect "mono-mission" de la même Army ont porté un coup à cette vision des choses. Surtout qu'en bons services concurrents, l'Army a développé sa propre composante de "force de réaction rapide" qui bouffe une partie de l'espace traditionnellement réservé aux Marines. L'USMC s'est certes spécialisé dans une mission, une vision techniquement spécifique (amphibie surtout), mais cette "division du travail" est-elle encore si pertinente qu'elle justifie un corps expéditionnaire de 3 forces autonomes (les 3 MEF) représentant 120 000h plus diverses formations spéciales (la récente composante FS des Marines entre autre)?

inconsciemment, elles s'adapteraient au mieux pour exécuter la mission, en fonction des besoins et des capacités des différents services/unités, et non en fonction des armes/services/agences auxquels elles appartiennent. La CIA arrêterait de faire transiter ses infos par Langley avant de les communiquer aux militaires, le chef de station local irait à 50 m de son bureau dans celui du chef militaire en Afgha pour les lui porter.

Si cette séparation durait un moment, la logique des organisations humaines ferait, pour caricaturer un peu, que tu te retrouverais bientôt avec une "American Army in Afghanistan" formant un corps autonome et intégré (avec toutes les composantes fusionnées dans une nouvelle division du travail) d'un côté, et le reste des forces US, sans sa division traditionnelle, de l'autre  :lol:. Le jour où le contact serait rétabli, ce nouveau "corps" interne aux forces US réclamerait ses propres matériels et budgets d'une façon unifiée et adaptée à sa mission....

Lorque celle-ci se terminerait, un lobbying efficace pourrait le faire survivre en tant que force "complète" capable de mener des guerres contre insurrectionnelles à grande échelle dans un cadre interallié, élément qui serait validé dans le lobbying, à tort ET à raison, avec des composantes "combat lourd", "FS/rens/encadrement", "sécurisation de zone" (protection, police, déminage), "nomadisation" et "win hearts and minds" pour les éléments terrestres, une composante "CAS en milieu urbain et semi urbain" :lol: et une appui-sol plus traditionnelle pour l'aérien.... Sans compter la capacité spécifique des EM projetés à établir des plans complexes ayant une forte dimension politique, donc de stratégie (au sens plein) de théâtre réellement pertinente.

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Est-ce qu'il n'y avait pas aussi conflit entre la SS et l'armée régulière allemande ? Les SS étaient devenus une sorte d'armée à part, rivale de l'armée régulière avec sa propre administration, ses grades, ses insignes,... Est-ce que cela a pénalisé l'Allemagne nazie dans ses guerres ?

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La structure de l'Allemagne nazie et son évolution pendant la guerre étaient telles que la SS et la Luftwaffe étaient des Etats dans l'Etat, avec leurs régions-bastions géographiques, leurs consortiums d'entreprises, leurs forces armées propres (la Luftwaffe avait ses propres forces au sol, plus l'administration des stalags, la SS avait son infanterie et son PzKorps).... De vraies féodalités.

Mais des armées "Etat dans l'Etat", ça se retrouve ailleurs: en Chine, en Turquie.... Et le KGB "grande époque" était-il autre chose?

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Et je crois que ca n'a pas beaucoup changé en Russie, à côté de la militsiya (police classique), il y a toujours un corps de gardes-frontières pléthorique sous l'autorité du FSB, et des "forces armées de l'intérieur" (VV), du MVD (ministère de l'intérieur), parfois équipées comme l'armée, par exemple la fameuse division Dzerjinski. Et, les forces spéciales, étant à la mode, sont un bon indicateur des ambitions d'un groupe ou d'un autre, on notera que chacun a ses "spetsnaz" ou "osnaz" : Alpha & Vympel pour le FSB, Vitiaz et d'autres Osnaz décentralisés - Rosich, Rous, Skif - pour le MVD, la police est un peu le parent pauvre mais a ses OMON et OMSN (ex-SOBR)...

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initialement les séparations de corps (quelle que soit la taille d'ailleurs) est toujours liée à "l'excuse" d'un besoin doctrinal différent qu'il soit d'origine militaire (doctrine d'application au champ de bataille) ou politico social (élitisme d'une frange de l'armée)

ca se voit depuis la nuit des temps avec des entités à dénomination et réputation particulière comme les Immortels, les Compagnons d'Alexandre mais aussi les brigades autonomes de chars soviétique pendant la IIe GM ou le syndrome brigade FS à tout faire de nos jours

C'est avantageux dans un premier temps :cela draine de meilleurs candidats/combattants dans des corps dit d'elite

cela dit à terme ca devient souvent désavantageux en drainant des ressources et en desequilibrant la qualité et l'infrastructure d'une armée

En gros on mise souvent tous les oeufs dans le même panier avec à terme des conséquences catastrophique puisque :

* on déshabille Paul pour habiller Jacques au niveau budget/equipement augmentant ainsi l'écart qualitatif

* on risque des pertes peu compensables rapidement si le dit corps "d'élite" est etrillé (ce qui fini quasi toujours par arriver)

* on focalise la propagande sur ce dit corps d'élite ce qui est à double tranchant une fois que celui ci se fera ramasser sur un champ de bataille quelconque (voir au dessus)

* on génère de la jalousie, donc de l'inertie ou de l'immobilisme

* on sur-use le corps d'élite qui est de tous les combats

alors que faire : soit on nivelle par le bas en equilibrant l'armée dans son ensemble au risque d'avoir un corps de bataille bon à rien moyen en tout

soit on fait le choix de procéder par élitisme avec les risques inhérents cités au dessus

très peu d'armée ont su s'équilibrer totalement : j'en voit deux

l'armée romaine (à l'exception de l'armée romaine tardive qui a lancé l'élitisme des cavaliers lourds) et l'armée napoléonienne (la garde n'etant engagée qu'au compte goutte car la grande armée etait suffisemment equilibrée pour faire la majorité du boulot toute seule)

pour les autres, à moins d'avoir des reformes structurelles profondes et casser certains mythes associés à l'historique des corps ("la légion c'est mieux que les paras qui sont mieux que les TDM qui sont mieux que les biffins" ou "la vraie armée c'est les marines, les autres sont seulement des bouffe poussière") on aura toujours cet effet de corps à part/troupes d'élites

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La Waffen SS a eu la même "blague" : engagés massivement sur tous les fronts et devant compenser les pertes, ces unités ont du vite recruter du supplétif en tout genre (roumains, hongrois, ukrainiens,...) ce qui a tiré le niveau militaire vers le bas vu le peu d'entraînement de ces recrues d'urgence. Ces systèmes de sélections élitistes aussi technique que quasi-mystique dans certains cas font que, à mon sens, ce type d'unités ne peut qu'avoir un taux de recrutement très faible. En cas de pertes massives il devient presque impossible de compenser en gardant le niveau de l'unité.

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Attention quand même: sans avoir défini le sujet ultra précisément, la moindre subdivision d'une armée en spécialités est-elle assimilable à une séparation en véritables corps autonomes? La moindre création d'une unité spéciale/d'élite est-elle la même chose? Disons que je pensais plus à la création de groupements plus vastes, voire de pans entiers d'une armée, qui imposent de fait d'avoir une structure (soutien, bases, administration....) et une pensée séparée?

L'armée d'Ancien Régime, par exemple, multipliait les statuts de régiments avec paie différenciée (régiments permanents, semi-permanents et non permanents, régiments français et étrangers, régiments appartenant à un corps/arme ou non....) et ça n'a pas vraiment nuit aux qualités de l'ensemble: ils ne constituaient pas vraiment des "corps" tels que peuvent l'être les Marines, ou plutôt la gestion était unique mais le statut spécifique n'avait que des aléas sur la solde et quelques menus privilèges (place dans l'orbat....) qui étaient négociés globalement avec le patron du régiment. Le seul "corps à part" était à ce niveau la Maison militaire du Roi, et surtout sa cavalerie.  

L'USMC, c'est environs 1/3 de la puissance projetable professionnelle au sol des USA, pour un panel de capacités qui sont en grande partie les mêmes....

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En l'occurrence, c'est vrai que la séparation et la dominante "infanterie légère/infantry first/action rapide/création de tête de pont" ont permis de garder une pensée à part.... A noter toutefois que l'idéologie douhettiste se serait quand même mangé la réalité des conflits irakiens et afghans dans la gueule pour rappeler certaines réalités de base.

Il en faut beauoup plus pour changer une perception culturelle.

Les fanas de l'air power et de la technologie toute puissante existaient à l'époque de la guerre du viet nam, qui a été un démenti cinglant, pourtant cela ne les a pas empêchés de revenir plus tard avec les mêmes arguments mis à la technologie du jour.

Les guerres en Afghanistan et en Irak ont aussi un effet limité car une défaite ne serait pas dramatique et que ces guerres intéressent peu l'opinion.

Comme service il faut ajouter les institutions non militaires comme le complexe militaro industriel qui fonctionne dans le seul but de justifier des budgets, sans se soucier de l'utilité réelle du produit fini. C'est particulièrement visible aux USA où cela va de pair avec la vision de la technologie toute puissante, ce qui joue un role parasitaire et empêche une évolution de la doctrine.

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En même temps cela rend toute intervention, même face à un adversaire très limité, si chère que ça doit faire réfléchir à 2 fois avant de décider une intervention :lol:....

Bon ceci dit, le sujet concerne pas tellement le lobby militaro industriel, mais les forces opérationnelles et la tendance qu'il peut y avoir, pour X ou Y raisons, à les séparer en entités différentes dont la tendance naturelle, une fois créée comme "institution" quasi à part, est d'accroître leur autonomie, accroître leurs budgets, leurs capacités et leur importance, de développer leur propre concept d'emploi (vu sous l'angle du spécialiste, parfois à l'extrême ou juste pour se rendre "incompatible" avec d'autres forces aux capacités trop proches) et de durer alors que la nécessité qui a présidé à leur naissance peut ne plus exister, ne plus exister avec la même urgence ou la même importance, ne plus requérir du tout la même taille (ou alors ce "corps" a grandi au-delà de l'importance requise, par simple logique particulière au-delà d'une vision d'ensemble)....

Les Corps d'infanterie de marine en sont un exemple, de même que les unités "indigènes" de quelque pays que ce soit (depuis les auxiliaires romains), les corps d'élite formant des armées dans l'armée aussi (Gardes ou autres), mais il y a aussi les épineux problèmes de certaines spécialités: l'aviation d'assaut/aviation légère a t-elle sa pertinence dans les armées de l'air ou de terre (débat sans fin), l'aéronavale est un cas en soi, les commandements de forces de missiles.... Que le motif soit technique/opérationnel, politique, de recrutement, de besoin d'une élite ou d'une troupe qualifiée mais surtout corvéable et sacrifiable à merci (légion initialement, ou une troupe pro/mercenaire) et/ou pour un moindre coût (unités "indigènes", francs-tireurs, mercenaires dans leur rentabilité de court terme).... Quand une telle institution est créée et survit à la mission initiale lors d'un retour à la paix, elle aura tendance à suivre la loi des organisations permanentes et à devenir son propre objectif, à suivre sa propre logique en tant qu'entité séparée.

Ce fait est souvent utile, mais jusqu'à un certain point: jusqu'à une certaine taille, jusqu'à un certain niveau "d'expertise" ou d'un quelconque avantage comparatif (spécialité technique, qualité plus ou moins supérieure, employabilité plus élevée, surtout politiquement, plus aisément sacrifiable....), jusqu'à un certain coût.... Quand voit-on ce "seuil de redondance/surcoût" atteint? Est-il possible de voir, à travers l'histoire, quand ce point a été dépassé au point d'en tirer la leçon?

Pour l'exemple des Immortels de l'Empire Achéménide, il faut noter qu'il ne s'agit pas seulement d'une force d'élite au plan opérationnel, mais pour ainsi dire de l'essentiel de l'armée permanente impériale. L'entité achéménide est une structure réellement "impériale" au sens plein, c'est--à-dire une entité politique féodale/fédérale dont le centre à lui seul n'est pas assez puissant pour s'imposer à la majorité de ses parties. Le chef d'Etat est vraiment le "roi des rois", ce qui peut être vu comme une formule traduisant la grandeur.... Mais aussi la faiblesse: c'est le "primus inter pares", un roi avec rang supérieur, mais qui a pour vassaux d'autres rois, les satrapes. Bien qu'à l'époque des guerres médiques, il ne s'agisse plus de rois/chefs de clans, mais de fonctionnaires désignés, les distances immenses, le niveau de délégation de pouvoir.... Font qu'ils sont de véritables chefs d'Etat. Toute l'histoire de la dynastie achéménide a été de renforcer le centre et d'unifier l'empire, mais même pour les souverains les plus autoritaire, les systèmes de contrôle (le chef des forces impériales dans chaque satrape est indépendant du satrape par exemple) ont une fiabilité limitée (notamment parce que les satrapes, outre le contrôle effectif des finances, ont leurs propres forces armées).

Dans ce contexte, l'armée permanente du roi des rois est sa seule vraie marge de manoeuvre, celle par laquelle il peut s'imposer, à la condition qu'il ait mis AUSSI une bonne partie des satrapes dans sa poche.

L'armée permanente est avant tout une force propre au roi des rois en tant que chef de sa propre "satrapie" centrale, sa base de pouvoir: il peut l'entraîner nettement plus et avoir des effectifs permanents plus vastes (mais pas gigantesques non plus) via l'addition des finances impériales, mais elle ne peut réellement peser politiquement QUE si elle est employée contre un nombre d'adversaire limité et dans une fenêtre de temps la plus courte possible. Et ces finances étant quand même limitées (les "services impériaux" tels que l'inspection générale, les routes et les postes bouffent beaucoup), il ne peut garder en permanence une immense armée; d'où l'obligation de conserver un vaste trésor pour accumuler tous les surplus possibles, qui sont la base du maintien de la dynastie.

Du coup, les Immortels sont la seule vraie armée impériale permanente (en quantité un peu significative), avec l'emploi en continu, à quantités variables, de mercenaires pour l'essentiel grec, et de la "location" de tribus perses nomades cavalières. Ils sont à la fois la "base de pouvoir" impériale, et la garde du roi, recrutée dans les provinces centrales.

Ils ne sont pas un "corps" dans l'armée, ils sont l'armée (donc hors du sujet  :lol:). L'essentiel du reste est levé en temps de guerre parmi des effectifs à degrés de conscription/entraînement variable, des mercenaires et des cavaliers nomades lié par devoir féodal plus ou moins direct selon les régions.

Les Immortels sont très bons, mais il s'agit d'une infanterie lourde d'assaut, faite pour le corps à corps (lances courtes, épées, armes de contact); le soldat universel n'existe pas, et face à des phalangites armés de longues lances, voire de sarisses, y'a comme qui dirait problème dans le système d'armes.

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La pesanteur administrative existe de temps, j'ai lu qu'il y a fallu attendre 1748 et la fin de la guerre de succession d'Autriche pour voir disparaître le corps des galères en France et en Espagne alors que celui ci disposait en moyenne d'un budget de 1,6 millions de livres sur les 10 qu'avaient la Marine Royale Française...  :P

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En même temps à cette époque, il faut préciser que le Corps des Galères n'avait guère plus de galères, et qu'il s'agissait en fait plus d'une administration pénitentiaire (la "chaîne"), les quelques galères restantes fournissant un appoint utile pour faire la police des mers en Méditerranée, alors encore sous le harcèlement permanent des Barbaresques que les chevaliers de Malte ne pouvaient contrer que très partiellement vu leur faible nombre. Les grandes expéditions punitives occasionnelles (bombardement d'Alger....) avec la flotte de haute mer ne calmaient en rien cette multitude de petits potentats locaux dont l'activité corsaire/pirate était la base de leur économie et leur mode de vie (la "paix" relative obtenue avec le Dey d'Alger ne représentait.... Qu'Alger). Totalement inadaptées pour les eaux non méditerranéennes et tout autre type de conflit, les galères n'étaient pas non plus la somme d'inutilité trop facilement présentées.

Mais effectivement, au regard des missions passé le temps de Louis XIV, le Corps des Galères coûte effectivement bien trop cher pour le service rendu, et surtout au point de vampiriser authentiquement les budgets de la Marine de Guerre. Il faut dire qu'il a aussi l'avantage politique d'être une planque pour nombre d'officiers, en ce sens qu'il est un moyen d'attribuer un revenu à des officiers méritants (des terriens :lol:) pour qui il n'y a pas de place ailleurs en temps de paix (donc pour les garder sous le coude), mais aussi à des "amitiés" politiques. C'est donc un levier de pouvoir et de clientèle politique très utile pour le roi et pour la coterie qui "tient" le budget de la Marine.....

L'ironie cruelle étant que PARCE QUE le budget de la Marine dispose d'un tel levier, il reste un ministère écouté, dont le titulaire a l'oreille du roi, qui peut marchander/grapiller des budgets et des faveurs auprès des autres, négocier des compromis avec le tout puissant ministère de la Guerre (qui a toujours trop d'officiers à recaser pendant la paix).... Ce budget "inutile" lui procure de la puissance, du capital politique diraient les ricains: les "puissants soutiens" dont il bénéficie sont moins intéressés à la "haute tradition" des galères qu'au partage de cette manne de fric, d'offices vénales et de positions officielles.

En ce sens, le budget des Galères est sans doute l'un des principaux atouts politiques du Ministère pour "rester dans la course", exister politiquement, être un poste puissant et donc courtisé, maintenir sa mission au premier niveau de l'agenda politique malgré les intérêts variables du Roi (surtout Louis XV, focalisé sur "la paix à tout prix"). Le maintien du budget des colonies dans son giron concourt de la même logique, les revenus fiscaux du lobby sucrier et du grand commerce ajoutant du poids au Ministre de la marine.

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Sinon au niveau des problèmes de coopérations entre les services ont peut aussi voir ça avec les États-Unis et la multiplication des agences en tous genres et il n'est pas toujours facile de savoir à qui attribuer tel ou tel dossier ou affaire car plusieurs entités peuvent y prétendre. Certaines agences peuvent alors parfois saboter plus ou moins volontairement l'action de l'autre pour le discréditer.

Sinon pour reprendre l'exemple de la S.S. ce qu'il y a de particulier avec cette unité c'est qu'elle faisait sa sélection sur des critères militaires mais aussi sur des critères quasi-mystique (aryanité, notion de pureté raciale,...). Est-ce qu'il y a d'autres exemples contemporains de ce type ?

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Un vrai bordel, il paraît. Le livre de Richard Clarke, Contre tous les ennemis, explique bien cela (entre autres), il finit d'ailleurs par ses propositions "alternatives" au département de la sécurité intérieure (DHS). En gros :

- il a fallu plusieurs décennies au conseil national de sécurité pour devenir efficace, et ca dépend des personnes qu'on y nomme. AVec le DHS, on a créé un truc pratiquement à partir de zéro et son premier chef n'avait jamais travaillé avec des agences fédérales...

- réaménager les agences existantes est peu efficace, créer un nouveau département était la dernière chose à faire

- les dirigeants plus choisis pour leur appartenance politique que pour leurs compétences

- bazar conséquent : décisions par des responsables mal informée qui deviennent des ordres absurdes (les fonds de la sécurité des transport ont été diminués et à un moment, il était question de dissoudre le service des Air Marshalls !)

- la proposition que le DHS soit capable de donner une contre-expertise aux politiques a été coulée par le FBI et la CIA, pour une fois réunis autour d'un but commun

- améliorer le renseignement en général : sortir les analystes de la CIA et en faire un service indépendant, qui aurait accès identique aux infos collectés par les différentes agences. Mettre en place un véritable service de renseignement intérieur type MI5 (le FBI a trop une culture d'agir après qu'un crime ait été commis seulement). Ne pas faire une agences à part pour ca, car elle essuirait l'opposition de tous les côtés (NRA, ACLU...) et du FBI, mais en faire une division interne du FBI.

Même en interne, il peut y avoir des tensions, il y a eu une certaine engueulade à propos de la gestion d'une affaire entre la division renseignement du NYPD et la section antiterrorisme.

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Sale habitude de toute organisation humaine, et travers d'un pays qui a trop les moyens :lol:: chaque fois qu'il y a un problème ou un nouvel aspect d'un problème, ou une crise, tu crées un service ad hoc, qu'il s'agisse d'une task force interne à un service, d'une joint task force inter service, ou d'un service entier tout neuf. Vu que le politique s'en mêle, des moyens sont divertis de manière plus ou moins caricaturale pour le dit service et quelqu'un y est placé quie st surtout là pour donner un résultat politiquement vendable.... Seulement, l'autonomie, c'est bon, un poste permanent, c'est agréable, le pouvoir qui va avec, c'est cool, le moyen qu'il offre à quelqu'un de plus haut dans la chaîne alimentaire, c'est encore mieux, recaser les personnels et les moyens après la crise, c'est chiant (les vides occasionnés par ce pompage ponctuel ont été comblés entretemps), et puis c'est toujours marrant d'avoir ce service pour faire chier les autres et en jouer contre eux (la guerre des services, ça sert pas que les ambitions de ceux qui y servent).

Et il y a la tendance naturelle de toute organisation à tout faire pour se pérenniser et grandir.... Résultat, quand c'est dans un pays pas trop regardant sur les moyens mis en place et qui a en plus un "moment" politique comme l'après 11 septembre et son tout sécuritaire.... Ben tu as la soi-disant "intelligence community" qui est un vaste monstre tentaculaire et absolument incompréhensible qui concerne, de près ou de loin, plus de 800 000 personnes.... Secret?

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Sinon pour reprendre l'exemple de la S.S. ce qu'il y a de particulier avec cette unité c'est qu'elle faisait sa sélection sur des critères militaires mais aussi sur des critères quasi-mystique (aryanité, notion de pureté raciale,...). Est-ce qu'il y a d'autres exemples contemporains de ce type ?

c'est vrai jusqu'en 1942 mais à partir de 1943, tout le monde peut rejoindre une unité SS "nationale" quelque soit sa race ou sa religion : il faut trouver de la chair à canon !!

le niveau sera généralement faible car ces unités créées ex-nihilo n'auront pas l'expérience "institutionnelle" traditionelle de l'armée allemande ( ce qui arrivera aussi aux unités d'infanterie de la luftwaffe ) et pas l'expérience accumulée des premières divisions SS ( qui au départ étaient trés médiocres )

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