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Bon, ben Bernie semble avoir réellement pris acte de la situation: 200 membres de son staff (essentiellement des stagiaires) ont été congédiés (contrairement aux autres politiciens, Sanders paie ses stagiaires, et au salaire minimum qu'il revendique, soit 15 dollars de l'heure -le salaire minimum légal est de 7 dollars actuellement), ce qui signale moins un abandon de fait cependant, qu'une volonté de concentrer ses ressources sur la Californie où il veut réaliser un beau score de sortie, et dont le marché publicitaire est absolument hors de prix, comme ceux de NY et de Floride. Son staff de campagne permanent comptera encore autour de 350 personnes, et a pu monter jusqu'à 1000 à certains moments (ces chiffres ne comptent pas les bénévoles, principalement implantés localement); une partie de ces licenciements s'explique aussi par le fait qu'il ne reste que 10 Etats en lice, ce qui réduit le besoin de travail préparatoire, et par la réduction du besoin d'encadrement (par du staff pro local ou national) de bénévoles et employés locaux (dans les Etats ayant voté). Néanmoins, la nouvelle a vite fait son chemin dans les médias qui, toujours aussi partiaux à son égard, présentent la chose quasiment comme un acte de décès en introduisant le sujet: les explications viennent après, quand l'impact a déjà été fait et le ton donné. 

Il y a des incertitudes sur le niveau de la collecte de fonds à ce stade: elle semble continuer à bon rythme, même si on n'a généralement pour toutes les campagnes que des bilans en fin de chaque mois. Après mardi, la campagne Sanders avait encore 17 millions dans en caisse et les donations continuaient à venir. En tout, Bernie Sanders a levé plus de 183 millions de dollars entre le début de sa campagne et la fin mars 2016, point auquel il est passé devant Clinton en terme de "hard money", donc sans compter les PACs et SuperPACs de Clinton (qui doivent ajouter quelque chose entre 100 et 200 millions, dont 55 pour le seul fond Priorities USA, le principal soutenant Clinton: difficile de tout évaluer, certains étant des PACs pro-candidat, d'autres l'étant en tout sauf en nom, d'autres encore favorisant des causes diverses mais plus ou moins directement et ouvertement liées au candidat). Il a fallu attendre le mois de janvier pour que la campagne Sanders commence réellement à amasser des sommes qui ont fait tourner toutes les têtes et fait flipper la campagne Clinton, la dépassant systématiquement (par un marge de 50% au moins) chacun des 3 premiers mois de l'année: ces 3 mois l'ont vu récolter autour de 130 millions (si on ajoute une estimation de 20 à 30 millions en avril à ce stade, on voit sur quoi il a opéré toute l'année dernière). Les "burn rates" de l'argent sont comparables: Clinton est à 84% de dépense, Sanders à 91%, et ils ont connu un fort pic en mars (107% pour Clinton et 99% pour Sanders), principalement en raison du coût du marché publicitaire new yorkais. 

 

 

Sinon, une étude intéressante venue des universités de Princeton et Northwestern, est partue ce mois-ci et veut démontrer à quel point l'Amérique est devenue une oligarchie plus qu'une démocratie.Son but était d'évaluer, autant que possible en termes de probabilités, l'impact des choix et préférences politiques par tranches de revenus et groupes organisés politiquement, et par là, d'identifier le "poids politique" concret dans le système politique américain. La conclusion, quoique sans grande surprise: 

Quote

Multivariate analysis indicates that economic elites and organised groups representing business interests have substantial independent impacts on US government policy, while average citizens and mass-based interest groups have little or no independent influence.

La chose est d'autant plus frappante que l'étude se concentre sur la période 1981-2002, soit avant le relâchement accéléré des règles en la matière qui menèrent à Citizens United, et avant l'essentiel de la vague politique post-11 septembre qui a aidé à démultiplier l'importance de nombreux acteurs non démocratiques et à rendre le discours médiatique et le débat en général plus caricaturaux et enclins à la segmentation d'audience, aidés en cela par l'irruption massive d'internet dans le système. L'attention s'est portée sur 1800 politiques mises en application sur la période évoquées, les comparant aux préférences et choix effectifs des différents groupes étudiés: américains "moyens" (environs 50% de la population), plus grand nombre (90%), élite (10%) et groupes d'intérêts ("business interests groups" et "mass based interest groups"). 

Quelques points que les auteurs jugent certains:

Quote

When a majority of citizens disagrees with economic elites and/or with organised interests, they generally lose. Moreover, because of the strong status quo bias built into the US political system, even when fairly large majorities of Americans favour policy change, they generally do not get it

Quote

Americans do enjoy many features central to democratic governance, such as regular elections, freedom of speech and association and a widespread (if still contested) franchise. But we believe that if policymaking is dominated by powerful business organisations and a small number of affluent Americans, then America's claims to being a democratic society are seriously threatened.

Quelques quantifications:

- si 90% des Américains refusent une politique (avancée par l'élite et/ou les groupes d'intérêts business), elle a encore 30% de chances de passer

- si 90% des Américains veulent une politique, elle a aussi 30% de chances de passer

- si les l'élite (les 10% les plus riches) refusent une politique, elle a 0% de chances de passer (le fait est appelé "le veto des riches"). Il faut préciser que ce n'est pas un absolu mathématique: le point souligne que si 100% de ces 10% les plus riches refusent la dite politique, elle a 0% de chances de passer (ce qui en soi est déjà choquant); comme une telle unanimité est impossible, la réalité est nettement plus contrastée, même si elle reste dans une fourchette de disproportion de pouvoir absolument scandaleuse

- si 100% des 10% les plus riches veut une loi, elle a 61% de chances de passer: là encore, la réalité sera donc plus contrastée, mais les probabilités restent bonnes et beaucoup trop lourdement dans le camp de l'élite. Et l'évolution depuis 2002 n'a pas été dans le sens d'une réduction de ce fait, mais bien plutôt vers une amplification accélérée de cette logique

On notera qu'il y a plus de chances de consensus du côté de l'élite: plus petit nombre, gens très connectés (entre eux, avec des institutions regroupant leurs intérêts, et avec les sources d'information), quantités de sujets sur lesquels la réflexion est informée et faite sur les mêmes bases, beaucoup d'intérêts communs. Les divergences politiques existent, et sont parfois fortes, mais il est beaucoup plus simple de réunir une masse de manoeuvre suffisante pour agir, et encore plus simple d'en réunir une pour bloquer et/ou amender une politique jugée néfaste. 

 

 

L'étude elle-même: Testing Theories of American Politics: Elites, Interest Groups, and Average Citizens

http://journals.cambridge.org/action/displayAbstract?fromPage=online&aid=9354310

 

 

 

 

Pour la note, entre 2011 (Citizens United) et aujourd'hui, les 200 plus grandes entreprises américaines ont investi 5,8 milliards de dollars directement dans le système politique américain de niveau national (donc on ne compte pas la politique dans chaque Etat), On ne peut comptabiliser une grande partie des dépenses qui vont de fait quand même dans le fonctionnement politique: on n'a à cet égard que des estimations qui vont d'un doublement à un triplement des somme évoquées qui alimentent l'écosystème washingtonien (aujourd'hui le plus haut PIB par tête de pipe aux USA). Le retour sur investissement pour ces 200 boîtes est estimé à 4,4 trillions de dollars, même si il est évidemment difficile de réellement quantifier la chose: l'évitement d'impôts et taxes, de dépenses pour le respect de certaines lois et normes, sont évaluables, de même que les subventions directes, mais les opportunités de marchés, les marchés publics, les procès et amendes qui auraient du survenir et n'ont pas eu lieu.... Ne le sont pas. 

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il y a 30 minutes, Tancrède a dit :

Néanmoins, la nouvelle a vite fait son chemin dans les médias qui, toujours aussi partiaux à son égard, présentent la chose quasiment comme un acte de décès en introduisant le sujet: les explications viennent après, quand l'impact a déjà été fait et le ton donné. 

Sans compter les commentateurs qui se gaussent de ce qu'un "socialiste" puisse licencier des gens :rolleyes: ... ou comment (faire semblant de) confondre la social-démocratie avec le régime soviétique.

 

il y a 30 minutes, Tancrède a dit :

Sinon, une étude intéressante venue des universités de Princeton et Northwestern, est partue ce mois-ci et veut démontrer à quel point l'Amérique est devenue une oligarchie plus qu'une démocratie.Son but était d'évaluer, autant que possible en termes de probabilités, l'impact des choix et préférences politiques par tranches de revenus et groupes organisés politiquement, et par là, d'identifier le "poids politique" concret dans le système politique américain.

(...)

http://journals.cambridge.org/action/displayAbstract?fromPage=online&aid=9354310

Etude très intéressante. J'en avais entendu parler - elle date en fait de 2014 - par exemple ici : Moneybag logic

Article qui contient aussi de bô graphiques - ou pas si beaux, ça dépend du point de vue :unsure: ...

GilensAndPage1.png

GilensAndPage2.png

Ces graphiques donnent, en haut la probabilité d'adoption d'une politique en fonction du soutien que lui apporte l'ensemble de la population, en bas la probabilité en fonction du soutien des élites économiques.

Ils se passent de commentaire.

 

Sinon, l'article complet peut être téléchargé ici pour un prix de 0 euro. Le lien que tu as donné propose la même chose pour 25 livres sterling ou 37,5 0 dollars, au choix.

Nan, juste pour proposer d'autres options de paiement, hein :tongue:

 

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5 minutes ago, Alexis said:

Sans compter les commentateurs qui se gaussent de ce qu'un "socialiste" puisse licencier des gens :rolleyes: ... ou comment (faire semblant de) confondre la social-démocratie avec le régime soviétique.

 

Etude très intéressante. J'en avais entendu parler - elle date en fait de 2014 - par exemple ici : Moneybag logic

Article qui contient aussi de bô graphiques - ou pas si beaux, ça dépend du point de vue :unsure: ...

 

 

Ces graphiques donnent, en haut la probabilité d'adoption d'une politique en fonction du soutien que lui apporte l'ensemble de la population, en bas la probabilité en fonction du soutien des élites économiques.

Ils se passent de commentaire.

 

Sinon, l'article complet peut être téléchargé ici pour un prix de 0 euro. Le lien que tu as donné propose la même chose pour 25 livres sterling ou 37,5 0 dollars, au choix.

Nan, juste pour proposer d'autres options de paiement, hein :tongue:

 

Oups! Pas fait attention. 

 

Mais pourquoi l'étude semble n'être parue que ce mois-ci, n'émergeant dans la conscience des journalistes, et leurs écrits, que très récemment; il faut 2 ans pour qu'elle soit "peer reviewed"? Ca fait long. 

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Il y a 2 heures, Tancrède a dit :

Mais pourquoi l'étude semble n'être parue que ce mois-ci, n'émergeant dans la conscience des journalistes, et leurs écrits, que très récemment; il faut 2 ans pour qu'elle soit "peer reviewed"? Ca fait long. 

Je pense que ça dépend quels journalistes...

A y regarder de plus près, ce n'est pas seulement dans des blogs d'un optimisme, disons, mesuré ("On va tous mourir !") comme celui que j'ai cité que nouvelle de l'étude était parue.

On en trouve aussi trace dès 2014 dans les bonnes feuilles de la BBC ou encore du Telegraph. Tous deux britanniques, certes. Eh, c'est que nul n'est parfait...

Il est vrai en revanche qu'en ce qui concerne les US of A, les journalistes semblent avoir collectivement tenu le rôle de Rantanplan, il y a deux ans. Et ils ont bien joué, il faut le leur reconnaître. On s'y tromperait.

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Faut-il en conclure que les médias britanniques sont plus libres plus divers et professionnels que leurs homologues anglophones d'outre-Atlantique ? Je n'irai pas si vite en besogne. Je me contenterai - hypocritement, vous dites ? - de poser l'hypothèse :smile:

 

 

 

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6 minutes ago, Alexis said:

Je pense que ça dépend quels journalistes...

A y regarder de plus près, ce n'est pas seulement dans des blogs d'un optimisme, disons, mesuré ("On va tous mourir !") comme celui que j'ai cité que nouvelle de l'étude était parue.

On en trouve aussi trace dès 2014 dans les bonnes feuilles de la BBC ou encore du Telegraph. Tous deux britanniques, certes. Eh, c'est que nul n'est parfait...

Il est vrai en revanche qu'en ce qui concerne les US of A, les journalistes semblent avoir collectivement tenu le rôle de Rantanplan, il y a deux ans. Et ils ont bien joué, il faut le leur reconnaître. On s'y tromperait.

 

Faut-il en conclure que les médias britanniques sont plus libres plus divers et professionnels que leurs homologues anglophones d'outre-Atlantique ? Je n'irai pas si vite en besogne. Je me contenterai - hypocritement, vous dites ? - de poser l'hypothèse :smile:

 

 

 

Non, je ne l'ai vu émerger que cette semaine sur TYT, qui est quand même ouvertement "progressive/liberal" et pro-Sanders, et dont le patron/principal animateur (un ex de MSNBC) s'est récemment fait arrêter dans une manif (contre l'argent dans le système politique) sur le Capitole (avec l'un des deux patrons de Ben & Jerry's). Si même la gauche militante américaine met 2 ans à accuser réception d'une telle étude.... 

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il y a 1 minute, Tancrède a dit :

Non, je ne l'ai vu émerger que cette semaine sur TYT, qui est quand même ouvertement "progressive/liberal" et pro-Sanders, et dont le patron/principal animateur (un ex de MSNBC) s'est récemment fait arrêter dans une manif (contre l'argent dans le système politique) sur le Capitole (avec l'un des deux patrons de Ben & Jerry's). Si même la gauche militante américaine met 2 ans à accuser réception d'une telle étude.... 

Dans ce cas précis, l'hypothèse d'une certaine prudence journalistique vis-à-vis par exemple de sponsors publicitaires et autres comme de ce qui ne se dit pas en bonne société tombe, je suis d'accord.

Reste l'hypothèse... du meilleur ami de l'homme.

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1 hour ago, Alexis said:

Reste l'hypothèse... du meilleur ami de l'homme.

 

Le char d'assaut?  Le contraceptif masculin (non, ça c'est le meilleur ami imaginaire de l'homme)? La côte de boeuf avec frites et mayonnaise? L'avocat expert en divorce qui bosse pro bono (nan, ça on n'ose même pas en rêver)? 

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@Tancrède @Alexis

Très intéressante étude, même si les résultats ne sont pas surprenants il est très important d'avoir des chiffres lorsque l'on discute de tels sujets.

On notera que pour des raisons statistiques les auteurs ont choisit de s'intéresser aux 10% les plus riches, ils ont choisit 10% comme approximation modérée du résultat qui aurait pu être obtenu en étudiant les choix des 2% les plus riches de la population (qu'ils décrivent comme "vraiment riches"). Bref si il avait été possible de n'étudier que les "vraiment riches" ils disent qu'on aurait eu des résultats probablement encore plus tranchés.

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Il y a toute une controverse à la suite de la publication d'un article du New York Times fin avril révélant une vente de 272 esclaves par l'université de Georgetown en 1838, qui ont été achetés par des plantations de cane à sucre en Louisiane où les conditions étaient a priori très dure. Et donc la question se pose de ce que doit faire maintenant l'université. Il y a des choses simples qui sont évoquées et qui coûtent pas cher comme effacer le nom du directeur qui a procédé à la vente du bâtiment qui porte ce nom, et des choses plus compliquées comme retrouver et indemniser les descendants des victimes qui seraient plusieurs milliers.

Modifié par Wallaby
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Une mise à jour sur Bernie Sanders: un bon baromètre de campagne est la levée de fonds de campagne directe (cad pas les PACs et SuperPACs, le "soft money" indirect qui peut ne dépendre que d'un nombre réduit de puissants donateurs, voire n'avoir aucun lien affiché avec un candidat tout en levant des fonds pour faire campagne contre un adversaire de ce candidat, ou pour des thèmes chers au dit candidat, avec un ton et un angle d'attaque "étrangement" voisins de ceux employés par ce même candidat), et de ce côté, le mois d'avril de Bernie a été à l'image de ses résultats..... Motivé, mais insuffisant. Au mois d'avril, la campagne Sanders a récolté 25 millions de dollars, loin du record absolu des 43 millions de mars, ou des 40 millions de février, mais encore un chiffre très impressionnant puisque reposant sur un très grand nombre de petites contributions, et ce alors même que la défaite à NY a plus ou moins signalé la fin de ses chances concrètes de l'emporter, sauf à espérer un événement de nature et d'ampleur suffisante pour changer les règles du jeu et retourner l'opinion lors de la convention démocrate. Hors de l'enquête en cours du FBI qui déboucherait soudain sur un vrai scandale authentiquement justifié, ou une révélation sur des liens prouvés et compromettants entre Clinton et des intérêts financiers majeurs, on a du mal à voir ce qui pourrait créer un tel changement. 

Mais la base de Sanders reste motivée, et son appel à la "révolution politique" garde un important soutien populaire: les résultats de l'Indiana, ce soir, pourraient peut-être procurer un boost à Sanders qui, s'il n'a désormais quasiment aucune chance d'être le candidat présidentiel, entend donner une consistance et une permanence à son mouvement, espérant coaliser les progressistes et "liberals" de façon plus unifiée et apte à peser lourd dans le débat public et dans le parti démocrate. De là, l'emporter en Californie pourrait sceller ce deal. En attendant l'Indiana est un Etat quasiment impossible à sonder: lois très strictes sur les robocalls (interdits: il faut donc beaucoup de main d'oeuvre humaine pour sonder, ce qui est très cher), pas d'inscription sur les listes électorales signalant l'appartenance politique (seul Etat à le faire, ce qui rend le ciblage par les instituts très difficile), et c'est un Etat peu peuplé et sans grandes concentrations urbaines, ce qui rend l'investissement par habitant prohibitif, d'autant plus que c'est un Etat qui est rarement décisif (pas un swing state) lors d'une élection. Clinton a tout fait pour ne pas beaucoup en parler, et sa campagne pour rabaisser les attentes et en faire un non événement, à un moment où elle a de toute façon pris le virage vers l'élection générale, faisant campagne contre Trump et renvoyant de ce fait Sanders aux oubliettes dans son discours, la primaire étant implicitement comptée comme derrière elle. Il faudra voir si ça va payer, notamment pour le ralliement de l'électorat Sanders dont une proportion importante est en mode "Bernie or Bust", affichant une grande hostilité envers Hillary Clinton, mais aussi pour le taux de participation en général, sachant qu'elle n'est pas un personnage fondamentalement apprécié. 

Aux dernières nouvelles, Sanders avait encore 17 millions en cash après NY, et avant le compte final d'avril: il doit donc avoir encore en caisse quelque chose compris entre 30 et 35 millions au maximum, alors que se profile l'élection en Californie, dont le marché audiovisuel est extrêmement cher et dont la très importante population nécessite une forte empreinte au sol, donc un très grand nombre de bénévoles et un fort effectif de cadres payés. C'est à priori très suffisant, mais il y a encore d'autres Etats où il veut faire un splash, et il doit avoir besoin de garder de la masse en réserve pour structurer son mouvement, soutenir des candidats au Congrès éventuellement, mais aussi négocier son ralliement, sachant que les candidats échouant aux primaires sont tenus de remettre leur trésor de guerre au parti pour la générale (donc il doit négocier dès maintenant pour se faire valoir et menacer de tout cramer d'ici là, tout en investissant d'emblée pour son mouvement). 

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Le 29/4/2016 à 05:22, Pseudonyme a dit :

@Tancrède @Alexis

Très intéressante étude, même si les résultats ne sont pas surprenants il est très important d'avoir des chiffres lorsque l'on discute de tels sujets.

On notera que pour des raisons statistiques les auteurs ont choisit de s'intéresser aux 10% les plus riches, ils ont choisit 10% comme approximation modérée du résultat qui aurait pu être obtenu en étudiant les choix des 2% les plus riches de la population (qu'ils décrivent comme "vraiment riches"). Bref si il avait été possible de n'étudier que les "vraiment riches" ils disent qu'on aurait eu des résultats probablement encore plus tranchés.

@Alexis @Tancrède : ça me fait quand même un peu tiquer : pas les résultats, mais le fait qu'ils surprennent. Dans les 10% de la population les plus opulents et "qui décide", si j'interprète bien, se trouvent effectivement la totalité de ceux qui détiennent les pouvoirs : ils dirigent les entreprises, les médias, les administration, les universités, mais on y trouve aussi tous les parlementaires, tous les gouverneurs, tous les juristes chargés d'établir et de transmettre les textes et leur avis sur ceux-ci, tous les responsables chargés de l'application des textes, tout un tas de gens qui se connaissent, se causent, se "tiennent" souvent, solidaires de manière amicale ou obligée, par convenance ou contraintes, avouables ou moins.

Comment s'étonner que des dispositions que tous ceux-ci rejettent soient en fait nulles et non-avenues ?

 

Je retournerais bien la question : hors référendums d'initiative populaire contraignants (ça existe ailleurs qu'en Suisse ? Californie ?), existe-t-il un pays où les élites acceptent vaillement d'implémenter des politiques qui leurs seraient défavorables sous le prétexte oiseux que les "pauvres" les souhaitent ? A noter que l'application de telles dispositions suppose en outre une abnégation et un désintéressement très fort de la part des dites élites, une probité remarquable puisqu'on passe forcément par elles pour imposer ces politiques. Autant dire que, même en Suisse, ce n'est pas gagné à tout coup.

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11 minutes ago, Boule75 said:

@Alexis @Tancrède : ça me fait quand même un peu tiquer : pas les résultats, mais le fait qu'ils surprennent. Dans les 10% de la population les plus opulents et "qui décide", si j'interprète bien, se trouvent effectivement la totalité de ceux qui détiennent les pouvoirs : ils dirigent les entreprises, les médias, les administration, les universités, mais on y trouve aussi tous les parlementaires, tous les gouverneurs, tous les juristes chargés d'établir et de transmettre les textes et leur avis sur ceux-ci, tous les responsables chargés de l'application des textes, tout un tas de gens qui se connaissent, se causent, se "tiennent" souvent, solidaires de manière amicale ou obligée, par convenance ou contraintes, avouables ou moins.

Comment s'étonner que des dispositions que tous ceux-ci rejettent soient en fait nulles et non-avenues ?

 

Je retournerais bien la question : hors référendums d'initiative populaire contraignants (ça existe ailleurs qu'en Suisse ? Californie ?), existe-t-il un pays où les élites acceptent vaillement d'implémenter des politiques qui leurs seraient défavorables sous le prétexte oiseux que les "pauvres" les souhaitent ? A noter que l'application de telles dispositions suppose en outre une abnégation et un désintéressement très fort de la part des dites élites, une probité remarquable puisqu'on passe forcément par elles pour imposer ces politiques. Autant dire que, même en Suisse, ce n'est pas gagné à tout coup.

Dans ta catégorisation des 10%, tu oublies, même si ça peut être en partie compris dans le terme "les universités", ces conduits d'opinion et de regroupements fondamentaux que sont les lobbyistes, les leaders religio-politiques et les "experts" en tous genres, généralement réunis dans des organisations spécifiques d'intérêt particulier, quelle qu'en soit la dénomination (fondations, think tanks, religions ou regroupements d'églises sur une base ou une autre -géographique, idéologique....-, cabinet d'avocat, de consultants, d'expert ou de lobbyistes....), et qui ont pris une vie propre depuis maintenant longtemps, non en petite partie en raison de la taille du "marché" (médiatique, politique, universitaire....) américain, qui permet à de telles organisations d'acquérir une autonomie propre, et à cause des dispositifs législatifs et du fonctionnement de la politique et de l'arène publique américaine qui permettent à ces organismes de profiter de la situation. La dérive des think tanks de Washington au cours des 20 dernières années est un grand exemple de l'importance de ce fait, eux qui sont devenus de fait des organismes de lobbying moins chers et plus "crédibles" que d'autres. Mais ils sont surtout les leaders ou orienteurs d'opinion, ceux qui influent sur le ton de la discussion générale dans les faits, plus encore que les grands médias qui sont leurs complices. Et entièrement à la solde de l'argent qui afflue dans le système même si ce sont eux qui permettent l'existence de plates-formes regroupant les fournisseurs d'argent (sauf les plus importantset politiquement impliqués qui eux les embauchent et donnent le ton, pouvant tout payer à eux seuls), ont les carnets d'adresse, savent faire le pitch.... Bref, une nébuleuse de "middlemen" souvent indispensables et intéressés (avec un agenda propre) dont une partie significative a acquis autonomie, visibilité et prééminence..... Et beaucoup sont d'anciens politiques, des apparatchiks de parti plus ou moins bien en cours, ou des politiques entre deux mandats. Cette nébuleuse est d'ailleurs désormais l'objectif de carrière avoué de la majorité des élus au Congrès: ça paie bien mieux et ça valorise grandement un ou deux mandats de "représentant du peuple". 

 

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il y a 1 minute, Tancrède a dit :

Dans ta catégorisation des 10%, tu oublies, même si ça peut être en partie compris dans le terme "les universités", ces conduits d'opinion et de regroupements fondamentaux que sont les lobbyistes, les leaders religio-politiques et les "experts" en tous genres, généralement réunis dans des organisations spécifiques d'intérêt particulier, quelle qu'en soit la dénomination (fondations, think tanks, religions ou regroupements d'églises sur une base ou une autre -géographique, idéologique....-, cabinet d'avocat, de consultants, d'expert ou de lobbyistes....), et qui ont pris une vie propre depuis maintenant longtemps, non en petite partie en raison de la taille du "marché" (médiatique, politique, universitaire....) américain, qui permet à de telles organisations d'acquérir une autonomie propre, et à cause des dispositifs législatifs et du fonctionnement de la politique et de l'arène publique américaine qui permettent à ces organismes de profiter de la situation. La dérive des think tanks de Washington au cours des 20 dernières années est un grand exemple de l'importance de ce fait, eux qui sont devenus de fait des organismes de lobbying moins chers et plus "crédibles" que d'autres. Mais ils sont surtout les leaders ou orienteurs d'opinion, ceux qui influent sur le ton de la discussion générale dans les faits, plus encore que les grands médias qui sont leurs complices. Et entièrement à la solde de l'argent qui afflue dans le système même si ce sont eux qui permettent l'existence de plates-formes regroupant les fournisseurs d'argent (sauf les plus importantset politiquement impliqués qui eux les embauchent et donnent le ton, pouvant tout payer à eux seuls), ont les carnets d'adresse, savent faire le pitch.... Bref, une nébuleuse de "middlemen" souvent indispensables et intéressés (avec un agenda propre) dont une partie significative a acquis autonomie, visibilité et prééminence..... Et beaucoup sont d'anciens politiques, des apparatchiks de parti plus ou moins bien en cours, ou des politiques entre deux mandats. Cette nébuleuse est d'ailleurs désormais l'objectif de carrière avoué de la majorité des élus au Congrès: ça paie bien mieux et ça valorise grandement un ou deux mandats de "représentant du peuple". 

Je ne les oublie pas tant que ça mais en eux-même ils n'ont aucune légitimité et pas de pouvoir formel. Le point que je souhaitais faire valoir c'est qu'il me semble assez impossible de faire passer "gentiment" des mesures si elles vont à l'encontre des intérêts et/ou voeux de la totalité des décideurs et des rouages du pouvoir effectif, même conçu de manière un peu étroite.

En revanche, ta réflexion sur la forme d'autonomie acquise par ces middlemen et de leurs objectifs propres est pertinente : c'est une mécanique de parasite.
Ils ne sont ni légitimes ni isolés : les administrations et les entreprises sont remplies de gens dont l'objectif quasi-unique est la préservation de leur service, de leur poste, quelque douteuse qu'en soit l'utilité. Ca explique assez bien la prolifération et le renouvellement rapide des normes ou des dispositions du droit du travail, par exemple.

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15 minutes ago, Boule75 said:

Je ne les oublie pas tant que ça mais en eux-même ils n'ont aucune légitimité et pas de pouvoir formel. Le point que je souhaitais faire valoir c'est qu'il me semble assez impossible de faire passer "gentiment" des mesures si elles vont à l'encontre des intérêts et/ou voeux de la totalité des décideurs et des rouages du pouvoir effectif, même conçu de manière un peu étroite.

En revanche, ta réflexion sur la forme d'autonomie acquise par ces middlemen et de leurs objectifs propres est pertinente : c'est une mécanique de parasite.
Ils ne sont ni légitimes ni isolés : les administrations et les entreprises sont remplies de gens dont l'objectif quasi-unique est la préservation de leur service, de leur poste, quelque douteuse qu'en soit l'utilité. Ca explique assez bien la prolifération et le renouvellement rapide des normes ou des dispositions du droit du travail, par exemple.

C'est un "demi-monde" (parce que peuplé de putes) très difficile à vraiment circonscrire et réellement définir, tant il est protéiforme et tant le turnover y est important: quasiment tous les politiciens en exercice y appartiennent ou y ont appartenu, et Mme Clinton en est un bon exemple avec son réseautage intensif et l'ONG de son mari qui, comme beaucoup d'autres organisations de ce petit univers -avec ou sans un but et une activité affichée "nobles"-, fonctionne de fait comme une plate-forme politique, un lieu de rencontre et de connexion, d'affichage et de blanchiment de réputation (et d'argent), un agent d'influence et une organisation de campagne permanente, un lobby et un accès aux médias. Toutes ces organisations et individus fonctionnent sur une gamme plus ou moins vaste d'activités offrant la possibilité d'un double ou triple (ou plus) rôle à tout instant, et plus à des moments particuliers: activité économique, activité à but non lucratif (pas forcément "noble" ou "d'intérêt général"), activité médiatico-politique (peser dans le débat, y faire avancer certaines personnes et/ou idées/intérêts), activité politique/lobbying et activité de campagne politique. Pour revenir à Mme Clinton, la fondation de son mari, les deals éditoriaux hallucinants (aujourd'hui encore, un grand mystère reste sur le CA réel de leurs bouquins.... Mais pas sur les sommes qu'ils ont tous deux touchées) et son activité très sponsorisée sur le "circuit" des conférences absurdement rémunérées sont un bon exemple de la façon dont on maintient des gens dans le système sans en avoir trop l'air. Au moins aux temps féodaux, quand les "grands" sponsorisaient des carrières d'artistes, d'inventeurs ou d'administrateurs, on savait à la solde de qui ceux-ci étaient. Ici, c'est plus trouble, et il est très difficile de déterminer quelle marge d'autonomie ont les "créatures" de ce demi monde, qu'ils soient politiciens en exercice ou entre deux mandats, conférenciers, lobbyistes, experts/pundits, manieurs de carnets d'adresse et "hommes d'influence" (ou femmes).... Ce qui complique d'autant le dur dilemme du citoyen qui aimerait pouvoir déterminer sa propre opinion: à qui faire confiance pour s'informer, à qui faire confiance pour voter? 

Et la percée de Trump et Sanders semble indiquer qu'une voie s'est ouverte pour exprimer la rage sourde de la population, répondant à ces questions de façon simple, peut-être simpliste, et potentiellement dangereuse à un terme ou un autre.... "Confiance en personne dans le système". Soit une grande tentation du "tous pourris" et un appel à la "table rase" qui semble monter. Sans s'effrayer outre mesure, il convient cependant de se rappeler où à ça peut mener, et surtout qui ça peut amener aux manettes si les "powers that be" n'acceptent pas de se remettre un minimum en question. Le conservatisme et l'attachement craintif au statu quo des Américains sont déjà gravement ébranlés. 

 

 

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Les choses semblent se compliquer pour la probable candidate démocrate:  (...) Pour la première fois depuis octobre dernier, la candidate démocrate est donnée perdante face à Donald Trump lors de l'élection présidentielle de novembre 2016, dans un sondage réalisé par l'institut américain Rasmussen, lundi 2 mai. Le magnat de l'immobilier recueillerait 41% des intentions de vote, contre 39% pour son adversaire démocrate. 15% des électeurs préférant un autre candidat, et 5% se déclarant indécis. (...)
Cette étude, (...) , confirme la dégradation des intentions de vote pour Hillary Clinton. Début mars encore, la favorite des sondages était donnée gagnante par 41% des voix contre 36% pour Trump. La semaine dernière, les deux candidats étaient donnés au coude-à-coude par Rasmussen Reports (38% chacun). (...)
http://www.challenges.fr/monde/20160502.CHA8628/etats-unis-un-sondage-donne-trump-gagnant-face-a-clinton.html

Bien sûr, il reste encore du temps et il faudrait disposer de sondages état par état, mais la dynamique ne va pas dans le sens clintonien. Je doute que ça puisse influer sur les primaires, mais sait-on jamais?

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23 minutes ago, Desty-N said:

Les choses semblent se compliquer pour la probable candidate démocrate:  (...) Pour la première fois depuis octobre dernier, la candidate démocrate est donnée perdante face à Donald Trump lors de l'élection présidentielle de novembre 2016, dans un sondage réalisé par l'institut américain Rasmussen, lundi 2 mai. Le magnat de l'immobilier recueillerait 41% des intentions de vote, contre 39% pour son adversaire démocrate. 15% des électeurs préférant un autre candidat, et 5% se déclarant indécis. (...)
Cette étude, (...) , confirme la dégradation des intentions de vote pour Hillary Clinton. Début mars encore, la favorite des sondages était donnée gagnante par 41% des voix contre 36% pour Trump. La semaine dernière, les deux candidats étaient donnés au coude-à-coude par Rasmussen Reports (38% chacun). (...)
http://www.challenges.fr/monde/20160502.CHA8628/etats-unis-un-sondage-donne-trump-gagnant-face-a-clinton.html

Bien sûr, il reste encore du temps et il faudrait disposer de sondages état par état, mais la dynamique ne va pas dans le sens clintonien. Je doute que ça puisse influer sur les primaires, mais sait-on jamais?

Il faut noter, pour la forme, que Rasmussen est l'un des quelques instituts qui se sont gourrés dans les grandes largeurs et -plus grave dans ce business où le suivi des tendances dans le temps est le grand indicateur de pertinence- avec persistance, en 2012, donnant Romney gagnant contre Obama du début à la fin, alors que la marge d'écart était importante.... Et évidemment dans l'autre sens. 

D'autre part, on est encore à un stade où une part significative de l'électorat Sanders est remontée contre Clinton et pense s'abstenir ou voter Trump: ça changera pour nombre d'entre eux d'ici à novembre. Et il y a par ailleurs encore un nombre trop important d'indécis pour que ça veuille dire grand chose. Néanmoins, si de tels sondages se multiplient rapidement avant les conventions, ça peut aider à "légitimer" Trump; beaucoup dépend de ce que les médias vont en faire. Si ça devient un truc récurrent, que suffisamment de monde veut voir ça au 20h et dans les talk shows pour alimenter un certain "suspense" (nécessaire dans des médias qui ont totalement abandonné utilité, vérité et pertinence pour le spectacle), alors oui, l'impact peut être bien réel et aider les tendances en cours: abaissement de la participation (Hillary Clinton n'est pas quelqu'un qui fait venir les électeurs en masse), crédibilisation de Trump, équilibrage des antipathies pour deux candidats pas franchement aimés.... Bref, Clinton serait "normalisée" au niveau de Trump (cad dans la fange), pour une élection réellement peu motivante, mais hautement distrayante. 

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Je reste également réservé sur l’intérêt d'un sondage présidentiel au milieu des primaires. i aussi, je pense que pourrait surtout crédibiliser Donald Trump, sans que les Républicains ne soient pour autant au bout de leur peine:

  • en Californie, (...) le déclin a commencé après 1994, quand le parti a soutenu un ensemble de mesures anti-immigrants, notamment la proposition 187 qui refusait les services publics aux clandestins (et l'école à 300 000 enfants sans papiers). Les publicités pour la proposition – soumise à référendum populaire – jouaient sur la peur de "l'invasion" : "They keep coming" (ils continuent à arriver). En novembre 1994, la proposition 187 a été adoptée à une large majorité des électeurs (59 %). Son application a été bloquée par la justice, mais dans la décennie suivante, plus d'un million de Latinos se sont inscrits sur les listes électorales, et les démocrates ont eu la haute main sur l’État. (...)
    http://clesnes.blog.lemonde.fr/2016/05/02/les-republicains-de-californie-destabilises-par-trump/ 
  • en Floride, Un sondage mené dans le « Sunshine State » par l’Association professionnelle des industriels de Floride (Associated Industries of Florida), indique qu’Hillary Clinton remportera (it) l’élection dans ce swing State (« Etat charnière ») face à Donald Trump (49 % pour elle, 36 % pour lui) ou Ted Cruz (48 %-39 %), en raison du manque de popularité des candidats républicains dans les blocs-clés d’électeurs (l’électorat féminin, hispanique et plus largement « non blanc »). (...)
    http://www.lemonde.fr/elections-americaines/article/2016/05/03/primaires-americaines-la-floride-l-autre-probleme-du-parti-republicain_4912950_829254.html

Le "Grand Old Party" peut biaiser en compliquant autant que possible l'accès au vote de ces minorités. Cela lui fera surement gagner du temps, mais cela ressemble tout de même de plus en plus à un combat d'arrière garde, non?

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8 minutes ago, Desty-N said:

Je reste également réservé sur l’intérêt d'un sondage présidentiel au milieu des primaires. i aussi, je pense que pourrait surtout crédibiliser Donald Trump, sans que les Républicains ne soient pour autant au bout de leur peine:

  • en Californie, (...) le déclin a commencé après 1994, quand le parti a soutenu un ensemble de mesures anti-immigrants, notamment la proposition 187 qui refusait les services publics aux clandestins (et l'école à 300 000 enfants sans papiers). Les publicités pour la proposition – soumise à référendum populaire – jouaient sur la peur de "l'invasion" : "They keep coming" (ils continuent à arriver). En novembre 1994, la proposition 187 a été adoptée à une large majorité des électeurs (59 %). Son application a été bloquée par la justice, mais dans la décennie suivante, plus d'un million de Latinos se sont inscrits sur les listes électorales, et les démocrates ont eu la haute main sur l’État. (...)
    http://clesnes.blog.lemonde.fr/2016/05/02/les-republicains-de-californie-destabilises-par-trump/ 
  • en Floride, Un sondage mené dans le « Sunshine State » par l’Association professionnelle des industriels de Floride (Associated Industries of Florida), indique qu’Hillary Clinton remportera (it) l’élection dans ce swing State (« Etat charnière ») face à Donald Trump (49 % pour elle, 36 % pour lui) ou Ted Cruz (48 %-39 %), en raison du manque de popularité des candidats républicains dans les blocs-clés d’électeurs (l’électorat féminin, hispanique et plus largement « non blanc »). (...)
    http://www.lemonde.fr/elections-americaines/article/2016/05/03/primaires-americaines-la-floride-l-autre-probleme-du-parti-republicain_4912950_829254.html

Le "Grand Old Party" peut biaiser en compliquant autant que possible l'accès au vote de ces minorités. Cela lui fera surement gagner du temps, mais cela ressemble tout de même de plus en plus à un combat d'arrière garde, non?

Pour la présidentielle, oui.... Et sans doute aussi pour l'élection au Sénat (qui est une élection à l'échelle de chaque Etat, plus difficilement truquable). Mais beaucoup moins pour l'élection à la Chambre, et surtout avec un parti démocrate présentant Clinton comme figure de proue: elle ne risque pas d'amener beaucoup d'électeurs aux urnes. Du coup, maintenir une confortable avance à la Chambre reste atteignable pour le GOP, et avec ça, une forte emprise sur le système politique et un blocage de tout mouvement démocrate significatif aussi. Et il ne faut pas oublier qu'il s'agit aussi d'un cycle électoral complet aux USA: ça veut dire que beaucoup de gouverneurs et de parlements d'Etat vont être en jeu, où les logiques locales restent de mise. Le GOP contrôle actuellement 60% des Etats américains, à divers degrés, et a une influence forte ou une capacité modérée de blocage dans 15% de plus: continuer à tricher aux élections par mille et un moyens reste d'un grand intérêt pour eux. 

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Il était bien meilleur que le comique censé faire marrer l'audience. Cette année, c'était Larry Wilmore (de Comedy Central); pas gégène. Mais de toute façon, personne n'égalera la performance de Stephen Colbert en 2006. 

Ils continuent à appeler ça "nerd prom", mais c'est surtout le festival de l'entrisme et du "access journalism", c'est-à-dire la grande réunion de la collusion médiatico-politique et du non journalisme qui en découle, à cheval entre la polémique gratuite et souvent infondée pour la seule audience, et le total à plat-ventrisme pour avoir les petits potins et les interviews. Le tout ne produisant que des politiques et des journalistes médiocres et plus ou moins copains, alors qu'il s'agit de deux espèces qui ne devraient pas du tout se fréquenter dans le particulier, et que tout journaliste digne de ce nom devrait se flatter de n'être PAS invité à cette soirée. 

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il y a une heure, Tancrède a dit :

Il était bien meilleur que le comique censé faire marrer l'audience. Cette année, c'était Larry Wilmore (de Comedy Central); pas gégène. Mais de toute façon, personne n'égalera la performance de Stephen Colbert en 2006. 

Revue en entier hier soir et terrible. Sais-tu si c'était la première utilisation du proverbial "facts have a well known liberal bias", est-ce de Stephan Colbert ? Quoi qu'il en soit, il avait un matériaux prodigieux et a su en user magnifiquement. Il lui a probablement aussi fallu du courage ; il a du se prendre une grosse dose d'adrénaline. L'incrédulité de George Bush et son épouse qui ne sait pas trop comment se tenir à la fin font chaud au coeur... Pour moi c'est le vrai tournant de la présidence Bush, le moment où ils perdent véritablement pieds, où la clique est mise à nu, de Katrina à l'affaire Valerie Plame et Andrew Card, à l'Irak bien sûr, le roi est nu lors de cette soirée. A la gloire du Bouffon !

 

Autre question : à quoi se réfère Obama quand il jette son micro en se grimant "à la Hitler" ? Un vieux relent d'Islamo-fascisme qui lui était reproché, ou quelque chose de plus précis ?

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il y a 14 minutes, Boule75 a dit :

Revue en entier hier soir et terrible. Sais-tu si c'était la première utilisation du proverbial "facts have a well known liberal bias", est-ce de Stephan Colbert ? Quoi qu'il en soit, il avait un matériaux prodigieux et a su en user magnifiquement. Il lui a probablement aussi fallu du courage ; il a du se prendre une grosse dose d'adrénaline. L'incrédulité de George Bush et son épouse qui ne sait pas trop comment se tenir à la fin font chaud au coeur... Pour moi c'est le vrai tournant de la présidence Bush, le moment où ils perdent véritablement pieds, où la clique est mise à nu, de Katrina à l'affaire Valerie Plame et Andrew Card, à l'Irak bien sûr, le roi est nu lors de cette soirée. A la gloire du Bouffon !

 

Autre question : à quoi se réfère Obama quand il jette son micro en se grimant "à la Hitler" ? Un vieux relent d'Islamo-fascisme qui lui était reproché, ou quelque chose de plus précis ?

C'est un geste de rappeur à la fin d'une représentation.

Modifié par Shorr kan
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9 minutes ago, Boule75 said:

 

 

Autre question : à quoi se réfère Obama quand il jette son micro en se grimant "à la Hitler" ? Un vieux relent d'Islamo-fascisme qui lui était reproché, ou quelque chose de plus précis ?

Je me souviens plus de ce moment particulier, mais si la référence est à Hitler, il n'y a effectivement qu'un seul camp qui a fait cette comparaison abondamment. Si tu fais référence à la toute fin, quand il conclut, c'est pas particulièrement "hitlérien", c'est juste une forme de sortie dans le show biz, qui va avec la formule "Obama out" (EDIT: grillé par Shorrky). 

Quote

Revue en entier hier soir et terrible. Sais-tu si c'était la première utilisation du proverbial "facts have a well known liberal bias", est-ce de Stephan Colbert ? Quoi qu'il en soit, il avait un matériaux prodigieux et a su en user magnifiquement. Il lui a probablement aussi fallu du courage ; il a du se prendre une grosse dose d'adrénaline. L'incrédulité de George Bush et son épouse qui ne sait pas trop comment se tenir à la fin font chaud au coeur... Pour moi c'est le vrai tournant de la présidence Bush, le moment où ils perdent véritablement pieds, où la clique est mise à nu, de Katrina à l'affaire Valerie Plame et Andrew Card, à l'Irak bien sûr, le roi est nu lors de cette soirée. A la gloire du Bouffon !

"Speaking truth to power": c'est ce que Colbert a fait, et en personne, devant l'élite politique et médiatique. Personne d'autre n'a eu les couilles de le faire pour autre chose que des petites vannes sur tel ou tel détail, soit des attaques "acceptables" devant lesquelles les puissants se montrent "grands seigneurs" à peu de frais, riant magnanimement. Ce soir là, Colbert a tapé juste et fort, sur les sujets qu'il faut, avec l'ironie et la fausse distance qu'impliquaient son style d'alors (le personnage de Stephen Colbert, pas le comédien lui-même). Je crois pour la référence précise que la phrase était "reality has a well known liberal bias", et de ce que j'ai vu, elle est bien de lui. Il faut noter, au moins c'est à son honneur, que feu le juge à la cour suprême Antonin Scaglia (pourtant archi conservateur et religieux, et pro-Bush) est l'un des rares dignitaires présent à s'être marré et à aller féliciter Colbert après, ce que Colbert a raconté dans son émission le lendemain de la mort de Scaglia (soit il y a pas longtemps). 

Mais le plus marrant dans l'histoire de ce discours, c'est quand même la réaction: environs un tiers de la salle était pliée en quatre, un nombre réduit se marrait en demi teinte, et le reste était blanc. Vu que Colbert se foutait autant de l'administration Bush que du minable travail des médias entre 2003 et 2006 (ce qui est devenu le business model du Daily Show et du Colbert Report -il fallait bien que quelqu'un fasse le travail que les journalistes ne faisaient pas), ça permettait de voir qui était capable de lucidité sur soi-même. Résultat, silence total dans les médias le soir-même de l'événement et le lendemain, sans à peine une mention de Colbert et aucun débat sauf des jugements sur une performance "médiocre" et "gratuitement insultante"..... Sauf que Youtube existait désormais, et qu'en quelques jours, Colbert et son discours sont devenus des phénomènes de très grande ampleur, ramenant le moment dans le débat public encore et encore pour plusieurs semaines. De là, outre une explosion des audiences déjà considérables du Colbert Report et son passage au statut de référence nationale, la chose n'a pas pu être ignorée, devenant un élément du discours politique et encourageant la critique. Ce n'est sans doute pas ZE événement qui a libéré les consciences -il en faut plus, la réalité était déjà patente en Irak et en Afghanistan, et il y a des paires de couilles ailleurs-, mais il a sérieusement donné un ton et un visage à la chose. 

Un autre très bon moment au Correspondents Dinner, plus ancien, avait été le tour du compère de Colbert, John Stewart; rien de politiquement trop choquant, même si très mordant et pertinent (avec des petites pointes bien acides), mais beaucoup d'esprit. Un bon petit moment sur Youtube. 

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