Tancrède Posté(e) le 16 juin 2011 Share Posté(e) le 16 juin 2011 Un sujet spécifique et non généraliste, ça faisait longtemps :lol:. Bon, ça n'empêchera pas les comparaisons.... Loin de se limiter à l'armée de conquête d'Alexandre, il s'agit d'un sujet sur la plus grande révolution militaire de l'Antiquité: plus que la "révolution hoplitique" et à plus -ou à parité avec elle- que la révolution militaire romaine qui s'achève avec Marius. Loin d'être un modèle "inférieur" (puisque battu par lui) au modèle romain, il s'est agi d'une opération de "synthèse-amélioration-extension" de tout ce qui se pratiquait en Grèce (et pas que la Grèce des Cités), au profit d'une vision unique portée par un Etat ayant la masse critique pour l'appliquer et la volonté pour le faire durer. Et surtout, ce modèle, via la conquête alexandrienne, a fini par s'imposer à un espace immense et résolument plus seulement grec, changeant les données militaires pour plusieurs siècles. En quoi consiste le modèle macédonien? Il ne se limite pas aux phalanges de piquiers à la longue sarisse, très loin de là, mais avant tout à une approche entièrement intégrée et interarme de la bataille ET de la guerre qui se décline ainsi dans ses grandes lignes: - réduction massive du coût du "hoplite"/fantassin de ligne, professionalisation et extension de son panel de capacités - organisation à grande échelle des unités, subdivisions accrues et homogénéisées, sortie des rangs d'officiers et sous offs professionnels qui encadrent leurs troupes, création "d'Etats Majors" permanents et intermédiaires à plusieurs échelons - création d'un corps d'artillerie pour le siège avant tout, mais aussi pour la bataille dans une moindre mesure - création d'un corps professionnel de la logistique, pour organiser des armées plus vastes, mais aussi des campagnes plus longues et lointaines - création d'une spécialité "génie" qui est en fait la vraie création de la polyorcétique dont d'une systématisation/professionalisation d'un art et de méthodes et moyens pour prendre les villes, objectifs politiques, et assurer le passage des armées où que ce soit, ainsi que leur sécurité - professionalisation et création de statuts pour d'autres spécialités que le hoplite: fantassins légers, cavalerie légère, archers, fantassins polyvalents.... le hoplite perd sa spécificité sociale et culturelle pour devenir avant tout une spécialité militaire au milieu d'autres, toutes valorisées comme telles et proportionnées en fonction du besoin militaire - création d'une cavalerie lourde et extension de ses capacités pour en faire une arme offensive dédiée au choc décisif - approche résolument tactique et stratégique non seulement de la guerre, mais surtout du combat et de la bataille: l'affrontement des hoplites n'est plus une fin en soi, l'importance sociale/économique/culturelle n'est plus un déterminant de la façon de faire la guerre et donc de la façon de la préparer - la manoeuvre, et surtout la manoeuvre combinée, devient une priorité: fin des tabous culturels sur certains modes d'affrontement et priorités accordées à certaines armes Avant toute chose, il faut voir comment était la Macédoine au moment où Philippe II prend le pouvoir et entame sa révolution: menacée de toute part et venant subir de graves revers sous le prédécesseur, il s'agit d'un royaume grec qui n'est pas, comme beaucoup d'historiens grecs anti-macédoniens l'ont décrit, barbare ou autocratique. Il s'agit bien de Grecs vivant essentiellement en communautés rurales et en cités organisées sous leurs propres lois et institutions (la Macédoine est en fait très urbanisée, donc réellement "grecque"), comme les autres cités grecques. Le roi, la haute aristocratie (par opposition à la locale), sont en fait une "sur-structure" de type fédéral/impérial gérant cet agglomérat de cités et leurs territoires, de façon relativement incontestée. Si l'histoire des rois macédoniens est jonchée d'assassinats et de coups d'Etat, il faut noter que la lignée, en définitive, est la seule habilitée à fournir des rois: aucun aristocrate, aussi haut soit-il, n'a jamais voulu ou pu prendre le pouvoir pour lui-même. Cette "caste" au sommet est donc une élite fédérale fournissant services, capacités, combattants permanents.... Ce sont les "hommes du roi", ou "amis du roi", un statut en soi qui renvoie aux institutions germaniques ou celtes, puis aux "compagnons/amis" carolingiens (les Comtes, venant de "comes", compagnon); ils sont moins de 11 000h en âge de porter les armes au début du règne de Philippe, chiffre auquel il faut ajouter les jeune, les trop vieux pour combattre et les femmes, pour avoir une idée de ce que pèse cette caste. D'où les termes de "compagnons cavaliers" et "compagnons fantassins" qui définiront les unités royales, donc de combattants professionnels permanents; ces hommes sont en fait les seuls "citoyens de Macédoine", tous les autres habitants étant citoyens de leur territoire/cité. Il s'agit d'une caste oligarchique non fermée, le roi pouvant recruter ceux qu'il veut dans cette institution, lui disposant de l'intégralité des ressources minérales et forestières du royaume, d'une vaste surface agricole et d'immenses terrains de chasse en propriété personnelle, qui forment la base de sa marge de manoeuvre intérieure (avec ses pouvoirs naturellement). le moment d'une succession est celui où les "hommes du roi" en tant que caste et groupes de pouvoirs, peuvent le plus peser. Cette structure, et surtout la taille de la Macédoine et ses ressources, lui donnent la masse critique pour organiser la révolution militaire, ce que Philippe fera en s'inspirant des évolutions des pratiques de la guerre grecques pendant et après les guerres du Péloponèse (peu d'usage des hoplites, mise en avant des fantassins légers et médians, montée de l'interarme et des opérations "hors bataille", approche plus stratégique, permanence des unités, ordre de bataille oblique....), mais aussi des spécificités guerrières des nations voisines (cavalerie thessalienne, fantassins thraces et illyriens, fantassins légers agrianes et gètes....). Au moment de sa prise de pouvoir, Philippe dispose d'une structure militaire fondamentalement grecque, avec avant tout de la cavalerie légère et des phalanges de conscrits/miliciens citadins organisés sur base territoriale (avant tout pour la défense), aux tailles variées (mais comme dans toutes les cités grecques, à l'éducation guerrière poussée pour chaque citoyen), et d'un noyau de professionnels combattants permanents qui fournit surtout une excellente cavalerie de mêlée spécifiquement macédonienne (assez proche des Thessaliens en fait; il y en a 600 au début du règne de Philippe), mais aussi des fantassins d'élite (10 000). La plupart des compagnons sont formés dans une institution "royale", l'école des Cadets, sorte d'académie "fédérale" (par opposition aux gymnases, casernes et académies locales analogues à toutes celles des cités grecques qui dispensent l'éducation civique/militaire). Le roi finance les unités "royales" de compagnons, les cités financent les unités de conscrits. Il écarte les menaces immédiates en renversant radicalement la situation dont il hérite face aux Dardaniens et Illyriens avant tout (à l'ouest), puis face aux Péoniens (au nord), puis face aux athéniens et à leurs alliés sur les côtes de Chalcidique. Le tout en moins de 5 ans (359-354 av JC). Ce faisant, il fit plus que doubler la taille de la Macédoine (essentiellement entre 359 et 356, à l'ouest) et intégra immédiatement les zones conquises sans statut d'occupation, en leur proposant un statut analogue aux autres territoires macédoniens et en intégrant une nouvelle frange de compagnons issus de ces zones, chose permise par l'immense accroissement de ressources naturelles que cette conquête lui procura (avant tout des mines d'argent). Cette politique fut en fait celle qui fit la différence et le succès de Rome avec les territoires italiens. La révolution militaire macédonienne commença en fait dès le début et fut une permanence tout au long du règne, mais elle disposait, outre les inspirations diverses et la volonté du roi, soutenue dans le temps, des structures de base pour être lancée, et avant tout la citoyenneté, les moyens, les institutions et leur éducation traditionnelle, une population d'hommes formés.... Ne restait qu'à ajouter les nouvelles méthodes, les nouveaux matériels, la nouvelle organisation. Pour se donner un ordre d'idée, le simple changement de l'équipement des hoplites (sarisse de 6m, bouclier réduit à 60cm, armure très allégée....) procura une économie telle que l'effectif, tant des compagnons fantassins que des milices citadines, put être multiplié par 3 ou 4, étendant largement la pleine citoyenneté à une part énorme de la population qui en était exclue par manque de moyens, même si les cités participaient au paiement de l'équipement. Cela laissait une marge finanicère énorme pour accroître aussi le temps d'entraînement. Voilà pour le contexte de base et quelques perpectives. Questions, critiques, opposition de modèles et contre exemples sont demandés pour poursuite et orientation du sujet ;) :lol:. Lien vers le commentaire Partager sur d’autres sites More sharing options...
Akhilleus Posté(e) le 16 juin 2011 Share Posté(e) le 16 juin 2011 il s'agit d'un royaume grec qui n'est pas, comme beaucoup d'historiens grecs anti-macédoniens l'ont décrit, barbare ou autocratique. Il s'agit bien de Grecs vivant I beg to differ (c'etait juste le post troll de la semaine sur les questions ethniques .... c'est que ca me manque ici par rapport à mp.net) :lol: :lol: Lien vers le commentaire Partager sur d’autres sites More sharing options...
Tancrède Posté(e) le 16 juin 2011 Auteur Share Posté(e) le 16 juin 2011 Les Macédoniens sont de toute façon éminemment de culture (langue, religion, civisme, pratiques, coutumes, droit) et organisation politique grecque (poléis avant tout, cérémonies religieuses et religion civique, éducation civique-guerrière en institutions citadines), et se vivent et se voient comme tels, pleinement appartenant au monde grec à cette époque même si les Cités Etats du Sud les voient, avec d'autres, comme des semi-barbares (encore qu'il s'agisse surtout d'un fait d'historiographie développé en réaction à l'hegemon macédonien). Tu vois quelles différences? Les Illyriens ne sont pas des Grecs, et le débat est acceptable sans doute pour les populations de Macédoine occidentale, celles conquises par Philippe au tout début de son règne, mais la Thrace, la Thessalie et la Macédoine "historique" jusqu'à la Chalcidique, ce sont plutôt des populations grecques, non? Lien vers le commentaire Partager sur d’autres sites More sharing options...
Akhilleus Posté(e) le 16 juin 2011 Share Posté(e) le 16 juin 2011 Mon poste etait juste de l'humour à rebours (vu mon drapeau) ;)Mais puisque on y est allons y :lol:Les macédoniens nobles (donc la classe dirigeante) se voient effectivement comme des hellènes (ils parlent d'ailleurs le grec, lisent le grec et s'habillent grecs)Reste que les rendus des auteurs d'epoque (qui voient tout ce qui n'est pas réellement hellénique comme barbare) peut faire penser à des racines non grecs pour le commun (ou la populace)La zone (comme son nom l'indique) est quand même un gros point de passage et il y'a des zones de peuplements majoritaires illyriennes, thraces, peoniennes et très minoritairement dans la zone frontalière nord, celtesAucune de ces cultures (qui ont donné par leur imbrication des versions mixtes illyro-thraces, thraco-peoniennes ...) ne sont hellénistiques à la base.Elles seront absorbées et hellénisées par la suite (et parfois très tard pour les zones frontalières) Lien vers le commentaire Partager sur d’autres sites More sharing options...
Tancrède Posté(e) le 16 juin 2011 Auteur Share Posté(e) le 16 juin 2011 A une époque où identifier ethnie et marqueurs génétiques est un peu difficile, à moins d'avoir des types et couleurs différents, on va dire que le caractère grecque sera plus d'ordre civilisationnel dans l'esprit de l'époque :lol: ;). Mais bon, rien sur le sujet :-[? Lien vers le commentaire Partager sur d’autres sites More sharing options...
Akhilleus Posté(e) le 16 juin 2011 Share Posté(e) le 16 juin 2011 Mais bon, rien sur le sujet Ben non pas grand chose vue que que le posé et la démonstration du sujet a été magistrale ;) C'est difficile de discuter sur l'armée macédonienne dans l'absolue vu que tout est relativement connu et décrit Comme pour l'armée romaine la discussion ne peut se faire que par comparaison entre ; l'armée de Philippe II puis de son fils et l'évolution vers les armées des diadoques entre l'armée de Philippe II et de son fils et leurs adversaires contemporains Or tout a deja été écris plus ou moins dessus C'est typiquement le genre de thread ou y'a beaucoup à dire mais tout est déja dit M'enfin si tu as un sujet polémique sur ce thème à lancer, lache toi, il en faut toujours un pour dérouler le premier fil de la bobine Lien vers le commentaire Partager sur d’autres sites More sharing options...
Tancrède Posté(e) le 16 juin 2011 Auteur Share Posté(e) le 16 juin 2011 Ben non pas grand chose vue que que le posé et la démonstration du sujet a été magistrale :-X..... Non attend, vil flatteur flemmard ;)! Tu essaies d'en appeler à la vanité pour justifier de la fainéantise :lol:! Ca ne marchera pas :lol:! C'est difficile de discuter sur l'armée macédonienne dans l'absolue vu que tout est relativement connu et décrit Comme pour l'armée romaine la discussion ne peut se faire que par comparaison entre ; l'armée de Philippe II puis de son fils et l'évolution vers les armées des diadoques Mais il y a un méta-modèle, une évolution militaire propre (lancée par Philippe) portée par un, puis des Etats, avec des points communs certains avec Rome, et surtout avec l'évolution militaire romaine. Mais au final, est-ce bien si connu, en tout cas sur ce forum, et cela exempte t-il de questionnements? Je lance ce truc parce que ça me branche, mais aussi pour ne pas m'enfermer dans mes seules réflexions sur le sujet et éviter de raisonner en rond au risque de commencer à ne plus voir certaines choses. D'autre part, dans le registre "tout est connu", après maints ouvrages et articles lus, il n'y en a au final qu'une poignée qui ne sont pas très abstraits et donnent réellement "corps" et "personnalité" à l'aspect de l'armée macédonienne et à la façon dont on peut se la représenter et visualiser sa façon de combattre, au-delà des généralités et simplifications qui la rende un peu "anonyme/incolore/inodore", qui en font une armée de plus à travers les siècles. Difficile de décrire cet aspect, c'est assez "sensoriel"; par exemple un copain avait du mal à comprendre et à s'intéresser à l'armée hollandaise XVIème-XVIIème parce que ça ne lui "parlait" pas, lui trouvant les Hollandais "anonymes", "passe partout", sans particularité (par rapport aux tercios espagnols....). Mais dès lors que je lui ai mis quelques images de la Hollande, une carte géo-économique et stratégique, décrit les spécificités.... Abordant les choses sous cet angle, il s'est mis à tout piger hyper vite et à pouvoir extrapoler sur la dynamique de l'évolution militaire impulsée par Maurice de Nassau. Pareil pour la suédoise, ce qui posait un peu problème pour qui voulait capter la Guerre de trente ans. A moindre échelle, certaines unités sortent tellement du lot, sur le même critère "visuel/affectif/sensoriel" qu'on ne regarde une armée qu'à travers elles en loupant le reste, en surévaluant leur rôle parce qu'on se focalise sur elle et que l'affect fait qu'on se documente plus, qu'on fait plus d'efforts dessus et qu'on pige plus leurs dynamiques propres. Là pour la Macédoine, à part la cavalerie lourde star et les phalangistes, on a souvent tendance à ne pas visualiser ce que c'est (et encore, la phalange est vue comme une vaste masse en carré, et on passe à côté de son organisation interne), et plus encore ce qu'est la Macédoine, comment elle marche, quels sont ses lieux et impératifs.... Ce qui pose problème pour piger l'armée, ses unités, son fonctionnement, les différences entre unités d'un même type (les phalangistes ne sont ainsi pas une masse uniforme et identique).... On a souvent l'impression qu'il s'agit d'une "espèce de royaume" au nord de la Grèce, avec sans doute des villes, un tas de ressources à puiser et des habitants tous sujets d'un roi et point barre. Aborder un thème de cette façon pour qui n'est pas un passionné monomaniaque ou un spécialiste, ça réduit l'envie, limite le questionnement, rétrécit les horizons d'analyse, et fait passer à côté du sujet. Notamment, ça conduit à des débilités comme "la supériorité du modèle romain sur la phalange macédonienne" (ou pour une autre époque, "la cavalerie qui détrône l'infanterie pour 10 siècles"). Et pourtant, il s'agit là d'un petit royaume qui a érigé un modèle qui s'est imposé du Maghreb à l'Indus pour 3 siècles, s'adaptant en permanence aux configurations rencontrées et changeant radicalement la façon de faire la guerre. Perso, je tripe sur les Hypaspistes et l'infanterie légère (extension de l'évolution des peltastes après les guerres du péloponèse) et leur rôle dans le combat interarme et surtout le débordement des ailes droites avec Alexandre (cet "accordéon" qui se déploie et rend possible une offensive de pointe suivie sans laisser un gouffre dans les rangs, le tout à vitesse grand V). Les Hypaspistes, ce corps absolument terrible de la polyvalence absolue, sorte de super-légionnaires boostés aux hormones, capable de jouer les phalangistes macédoniens, de combattre comme des phalangistes grecs, de jouer les fantassins légers, l'infanterie montée.... Difficile de trouver mieux! Lien vers le commentaire Partager sur d’autres sites More sharing options...
vuia Posté(e) le 16 juin 2011 Share Posté(e) le 16 juin 2011 Pour l'histoire militaire macédonienne, je reviendrai peut-être quand je me rappellerai des faits marquants.Pour l'exposé, j'aurais deux observationsLes grecs considéraient les macédoniens un peuple barbare surtout du fait de la polygamie et de la persistance de l'institution du servage. Les castes élevés étaient considérées quand même ethniquement grecques, le témoignage de Hérodote, contemporain d'Alexandre I, l'atteste (ce dernier a pu être admis concourir aux Olympiades car il a prouvé sa souche grecque).Vous faites état de deux peuples, thraces et gètes. Ces derniers sont appelés ainsi par les grecs, les romains les appelaient daces. Daces ou gètes, ils sont aussi des thraces, une des branches, toujours selon Hérodote.Pardon de m'éloigner un peu du sujet, mais l'histoire antique de cette partie du monde m'a toujours passionné et je ne pouvait pas m'abstenir à faire mes remarques. Lien vers le commentaire Partager sur d’autres sites More sharing options...
Tancrède Posté(e) le 16 juin 2011 Auteur Share Posté(e) le 16 juin 2011 Les grecs considéraient les macédoniens un peuple barbare surtout du fait de la polygamie et de la persistance de l'institution du servage. Même si l'esclavage est une notion différente du servage, culturellement, conceptuellement et juridiquement, c'est évidemment une semi-hypocrisie des Grecs, et particulièrement de certains d'entre eux, Spartiates en tête eu égard au traitement des peuples voisins (grecs) colonisés, mais surtout d'une institution comme les hilotes, qui sont dans les faits des grecs esclaves à statut particulier. Le servage macédonien est généralement moins rude, et s'apparente surtout à un système de latifundium romain de grandes exploitations qui ne peut exister en Grèce du Sud où les espaces agricoles sont réduits et segmentés. Mais bon, c'est de la distinction d'orfèvre, d'autant plus que la reconnaissance d'un statut de "grec" pour les citoyens de Macédoine seuls (donc la caste des "hommes du roi") est une pure manoeuvre politique autant qu'une façon de se flatter l'ego en ne prenant que les aristos; au fil des évolutions territoriales historiques, nombre de macédoniens de base ont été, avec leurs cités, considérés comme pleinement grecs, cessant de l'être à l'occasion d'une avancée des frontières macédoniennes :lol:. A noter aussi que nombre des soldats d'Alexandre, pas forcément issus des Pezhetairoi ou des Hetairoi, ont participé aux Jeux Olympiques il me semble.... Mais d'un autre côté, à un moment, toute l'infanterie lourde à sarisse (la majorité venant des contingents issus de cités macédoniennes, soit de la milice à la base) a reçu le rang de Pezhetairoi.... Lien vers le commentaire Partager sur d’autres sites More sharing options...
Akhilleus Posté(e) le 16 juin 2011 Share Posté(e) le 16 juin 2011 bon alors allons y pour la question qui tue : Pourquoi le modèle phalange ?Je connais quand même assez bien le coin et y'a pas que des plaines bien rases facilitant la manoeuvre en fait des plaines y'en a pas des masses, le relief est quand même très découpé et des plaines favorables à la manoeuvrabilité d'une grosse phalange, j'en connais qu'au nord de la Grece, en République de Macédoine justement (plaine de Pélagonie) et plus au Sud que la frontière sud supposée du Royaume (plaines de l'Attique)Sinon c'est au mieux de la colline parfois très rocailleuse, au pire de la moyenne montagne avec des versants découpés et des massifs forestiers assez densesPas le terrain idéal pour un pack comme la phalangeDonc quid ??PS : j'oubliais les plaines cotieres littorales de la Grece mais qui montent assez vite vers des hauteurs sympathiques et dont l'extension est limitée soit par des falaises, soit pas des monts:montagnes dans le coin Lien vers le commentaire Partager sur d’autres sites More sharing options...
Tancrède Posté(e) le 16 juin 2011 Auteur Share Posté(e) le 16 juin 2011 bon alors allons y pour la question qui tue : Pourquoi le modèle phalange ? Je connais quand même assez bien le coin et y'a pas que des plaines bien rases facilitant la manoeuvre D'abord et avant tout, je dirais qu'il y a quand même un "préjugé" culturel, tactiquement et pratiquement justifié par ailleurs, en faveur de la phalange eu égard à son passé et à son "implantation" dans la mentalité grecque citadine, et là, les facteurss de l'urbanisation comme de l'hellénisme des Macédoniens sont quand même pas à négliger: il y a une pratique existante et ancienne. Philippe part d'unités territoriales existantes pour en garder l'esprit de corps comme base des futures unités, y compris les unités royales qui préexistent à la révolution militaire. Ajoute l'importance proportionnelle de la "Macédoine utile" ;), à savoir que les plaines agricoles, dans une économie de ce type, sont nécessairement plus peuplées et leurs villes plus maousses, donc l'importance de leurs pratiques comme de leurs avis dans le pays est à la mesure de leur importance démographique et stratégique (ce sont les objectifs, les axes de circulation, les lieux où les combats ont le plus lieu....), comme de leur proximité à la capitale royale. Ensuite, il y a le constat de Philippe et ses propres observations de jeunesse à Thèbes au moment de la formation du Bataillon Sacré et de Leuctres. Et il y a ses visées: il veut vite une armée de conquête, soit un "système de systèmes" aptes à d'autres terrains que le seul terrain macédonien pour la défensive. Par ailleurs, ce mode de combat, avec des variantes locales, est le modèle dominant dans l'environnement macédonien: pas qu'au sud, mais aussi dans les cités de la côte thessalienne et de Chalcidique, de même que dans les royaumes et Etats héllenisés ou non à l'ouest (Molossie et Dardanes notamment: les Illyriens pratiquent le combat en phalange pour une part de leurs effectifs). Enfin, et tout connement, c'est un modèle efficace et une phalange même à effectif complet (1500h), c'est pas un paquet couvrant une gigantesque surface: en extension maximale sur 8 rangs, une phalange complète, c'est 192h, avec un espacement variable, mais généralement chaque homme occupe moins d'un mètre en formation. Donc compte, au max d'une formation qui ne serre pas trop, 192m pour faire simple (en ordre serré, c'est un homme=60cm). En rangs doublés, la formation standard sur 16 rangs, c'est moins de 100m en ordre large, moins de 60 en serré. Lien vers le commentaire Partager sur d’autres sites More sharing options...
Akhilleus Posté(e) le 16 juin 2011 Share Posté(e) le 16 juin 2011 Ajoute quand même que le terrain/la géographie a forcé en quelque sorte le caractère inter arme de l'armée macédonienne car elle a eu à affronter aussi bien la phalange grecque que les tribus du nord et de l'est.Elle a donc dû incorporer comme tu l'a precisé des unités de génie mais également pas mal de supplétifs (notamment à partir des tribus thraces montagnardes comme les Agriens) et augmenter son ratio de fantassins légers/fourrageurs/tirailleurs jusquà en faire des unités à part entière et non plus un simple écran de protection ou un element de harcelement ponctuel. Lien vers le commentaire Partager sur d’autres sites More sharing options...
Tancrède Posté(e) le 16 juin 2011 Auteur Share Posté(e) le 16 juin 2011 Est-ce une spécificité si macédonienne? Outre que des peuples et entités vastes et assez développées comme les Illyriens pratiquaient déjà des formes organisées de combat interarme, il faut quand même souligner que la Grèce en est à un stade post-Guerre du Péloponèse où:- l'aspect rituel traditionnel des combats de phalange réglés sur lieu convenu à l'avance est mort et enterré, et avec lui beaucoup de "lois de la guerre" qui régissaient le règlement des conflits entre grecs- la phalange a décliné en partie en tant que système d'arme effectivement employé sur le terrain, même si elle reste importante et la marque de la recherche de la bataille rangée décisive: peu d'affrontements hoplitiques ont eu lieu pendant les guerres du péloponèse, et le plus souvent, les citoyens hoplites ont combattu équipés comme des peltastes, à la légère et dans des opérations commandos et des coups de mains sanglants bien plus que dans des batailles rangées- lié à cela et aussi par surgissement de modes d'affrontements plus "complets" et "réalistes" et non plus rituels, les armées grecques sont devenues de fait, au moins pendant la durée de la guerre, des armées plus complètes et équilibrées avec des unités forcées d'être maintenues sur le pied de guerre, ce qui en a accru le professionalisme. Premiers bénéficiaires: les archers, surtout crétois qui développent leur business insulaire d'exportation d'unités d'archers-fantassins légers (à boucliers) "clé en main", la cavalerie, mais surtout les peltastes, qui deviennent des unités nombreuses de professionnels de la guerre, de plus en plus polyvalents et incontournables, et non plus les supplétifs citoyens n'ayant pas de quoi avoir un équipement et assignés à un rôle subalterne pour lequel le niveau d'entraînement, sauf à Sparte et dans quelques autres cités, est réduit. Le peltaste est devenu un fantassin au sens plein- conséquence de l'après-guerre: de vastes contingents de citoyens sans rien d'autre désormais que leur savoir-faire guerrier deviennent des mercenaires, de force forcée, business d'autant plus permanent que la Grèce est économiquement dévastée et que les rivalités entre cités sont poussées à l'extrême, sans hegemon et sans les corpus de règles et comportements qui les régissaient avant. Ces populations de mercenaires, en même temps que leur business, vont donc se renouveler une fois passée la génération des vétérans. L'empire perse est très client, mais les cités grecques et la Macédoine aussi. Et la majorité de ces hommes sont des peltastes, dont une partie est aussi apte à jouer à la phalange, mais désormais c'est une vision professionnelle qui préside à leur utilisation, une permanence de carrière qui favorise la variété des savoirs-faires (par rapport au hoplite citoyen d'avant)C'est de ce socle avant tout que part Philippe qui a aussi assisté à Leuctres, où le nouvel usage des fantassins légers et cavaliers par Epaminondas, l'utilisation de l'ordre oblique comme arme offensive et palliatif au sous-effectif avec un élément de pointe solide (le bataillon sacré mené par Pélopidas) ont fait grande impression. C'es à mon sens là qu'est née sa conception nouvelle de la phalange comme arme désormais offensive avant tout, et de sa vision de la manoeuvre comme supérieure au nombre et aux flèches: plutôt que d'attendre le choc frontal où le nombre compte et le différentiel de qualité s'impose lentement et trop marginalement, il renforce la logique d'Epaminondas en maximisant la capacité de mouvement et de manoeuvre de la phalange, ainsi que sa létalité (sarisse de 6m, qui a non seulement plus d'allonge mais donne à la phalange la disposition en frontal des sarisses des 5 premiers rangs d'hommes, soit un rideau de pointes dense et échelonné, comblant les vides et barrant les accès).Cette nouvelle conception de la phalange et l'ensemble de changement qu'elle implique, définit une ligne de bataille en mouvement, dont l'élément de pointe cherche la décision avant que le nombre adverse puisse compter, ou le combat s'éterniser et sombrer dans l'attrition. Philippe achève en fait la conception culturelle grecque, déjà entamée, de l'affrontement frontal où seule la valeur collective d'une communauté doit être mesurée: il ne garde que le collectif des unités, mais au service d'une tactique. Mais la phalange définit la ligne de bataille; même offensive, elle n'est pas l'élément de pointe qui va aller chercher la décision au plus vite, simplement l'enclume qui va fixer l'essentiel des forces adverses; il lui faut aussi un marteau, et ce marteau, ce sera la cavalerie lourde, accompagnée de fantassins légers éventuellement montés pour suivre le rythme et avoir de l'allonge, et du coup, cet objectif implique tout un dispositif tactique pour rendre la chose possible et articuler marteau et enclume sans rompre l'ordre de bataille. Il est particulièrement révélateur d'examiner les dispositifs d'ailes qu'établiront Philippe puis Alexandre: les ailes sont de vraies petites divisions interarmes mobiles ayant de la cavalerie lourde (thessalienne à gauche, macédonienne à droite), une cavalerie légère offensive (les sarissophores, soit des piquiers à cheval non blindés, vrais prédateurs) et une plus traditionnelle, de l'archerie (plus tard de l'archerie montée) et des frondeurs, de l'infanterie légère (peltastes et agrianes), éventuellement des phalangistes si la distance à couvrir le permet, et l'arme décisive des hypaspistes. Lien vers le commentaire Partager sur d’autres sites More sharing options...
Tancrède Posté(e) le 17 juin 2011 Auteur Share Posté(e) le 17 juin 2011 Autres pistes d'angle de vue sur le sujet:- quelle différence entre le modèle alexandrien "fondamental" (parce qu'il a aussi subi maintes adaptations et évolutions pendant les seules années d'Alexandre) et le modèle militaire macédonien et ses déclinaisons à l'issue des guerres des diadoques? Certains n'ont-ils retenus que la forme en oubliant le fond? - un comparatif entre le modèle macédonien et le modèle romain (le seul autre modèle militaire de l'époque), leurs évolutions, leurs pertinences, leurs faiblesses, à époque comparable Lien vers le commentaire Partager sur d’autres sites More sharing options...
Akhilleus Posté(e) le 17 juin 2011 Share Posté(e) le 17 juin 2011 - quelle différence entre le modèle alexandrien "fondamental" (parce qu'il a aussi subi maintes adaptations et évolutions pendant les seules années d'Alexandre) et le modèle militaire macédonien et ses déclinaisons à l'issue des guerres des diadoques? Certains n'ont-ils retenus que la forme en oubliant le fond? Pour moi la différence majeure se trouve dans la perte du coté professionnel des armées de diadoques, "abatardies" qu'elles sont pas l'incorporation de structures, unités, modes de combats locaux Ainsi les armées séleucides vont faire de plus en plus souvent appel à des levées asiatiques (infanterie légère orientale peu entrainée, celle là même qu'Alexandre a défait à plusieurs reprises), à des cavaliers extralourds (cataphractes) voire des éléphants Il en est de même pour les lagides qui incorporeront des archers libyens (déjà à l'époque :lol:) ou nubiens et aussi des éléphants En gros tel que je le vois (et quelques auteurs aussi) il y' a dilution des compétences initialement macédoniennes par adjunction de troupes non optimisées pour le combat inter arme (du fait de leur formation/equipement /tradition de guerre) avec un accroissement quantitatif (mais pas qualitatif) de la phalange (là aussi avec des soldats moins aptes au combat frontal hoplitique du fait d'un manque de tradition : i.e les phalangistes egyptiens ou palestiniens étant moins efficaces que leurs collègues greco-macédoniens) et une recherche de la rupture massive à l'aide de cette grosse phalange + des éléphants On perd le coté manoeuvre de l'armée d'Alexandre Ca va se faire sentir tout au long des guerres des diadoques (succession d'affrontement frontaux très meutriers mais peu decisifs) et jusquà la défaite face aux légions romaines à Cynoscéphales et Pydna (face à une phalange macédonienne continentale un peu plus proche de l'originale que celles des orientaux mais toujours trop alourdie) Lien vers le commentaire Partager sur d’autres sites More sharing options...
Tancrède Posté(e) le 17 juin 2011 Auteur Share Posté(e) le 17 juin 2011 Ainsi les armées séleucides vont faire de plus en plus souvent appel à des levées asiatiques (infanterie légère orientale peu entrainée, celle là même qu'Alexandre a défait à plusieurs reprises), à des cavaliers extralourds (cataphractes) voire des éléphants L'empire séleucide est une exception de par sa seule taille et la variét de ses adversaires, non? Immense, avec plusieurs adversaires majeurs, il doit déjà faire du nombre et avoir plusieurs fronts à gérer en simultané. Mais faut aussi voir qu'il a préservé une part professionnelle (il faut imaginer que ce fut dans la limite des moyens dispo); déjà sous Alexandre, des contingents de dizaines de milliers de jeunes asiatiques venant de chaque satrapie ont suivi un entraînement militaire macédonien, étendant le modèle au-delà de sa base ethnique initiale et amorçant la généralisation du modèle. Par ailleurs, l'empire séleucide a bien du s'adapter à son terrain, sa population et ses distances: plus de cavalerie (nombre de peuples cavaliers) pour couvrir les grands espaces, troupes légères pour l'abondance de zones montagneuses, conservation d'une masse de manoeuvre de type macédonien comme "réserve stratégique" et armée à dispo du patron pour gérer les gouverneurs de satrapie emmerdants. il y' a dilution des compétences initialement macédoniennes par adjunction de troupes non optimisées pour le combat inter arme Ca, ça semble effectivement le cas: le mix n'a pas été travaillé.... Avaient-ils le temps et la possibilité? i.e les phalangistes egyptiens ou palestiniens étant moins efficaces que leurs collègues greco-macédoniens) et une recherche de la rupture massive à l'aide de cette grosse phalange + des éléphants Pour la qualification des unités proprement dites, ne fut-ce pas surtout un choix? La même évolution se voit en fait dans la Macédoine post Alexandre. Ne faut-il pas voir surtout là l'évolution d'un modèle, pendant les guerres des diadoques, uniquement tourné vers le fait de se friter avec lui-même, amorçant une évolution en vase clos où la quantité a plus fait la différence (avec sans doute un manque d'imagination tactique/stratégique chez les chefs)? Peut-être faut-il aussi y voir le signe d'une évolution politique de grandes entités étatiques au pouvoir plus centralisé et autocratique, s'asseyant graduellement sur les institutions traditionnelles qui faisaient aussi la force du modèle semi-conscrit en terme de recrutement et motivation, avec le défaut inhérent aux armées de tels Etats qui deviennent plus des armées pro permanentes dont la qualité du recrutement et la considération moyenne pour le soldat et ce qu'il peut faire (donc l'entraînement qui lui est accordé, aussi) sont à la baisse. Encore une fois, l'évolution a été plutôt la même en Macédoine.... Alors, un modèle qui a souffert de n'être confronté.... Qu'à lui-même? Lien vers le commentaire Partager sur d’autres sites More sharing options...
Akhilleus Posté(e) le 18 juin 2011 Share Posté(e) le 18 juin 2011 Alors, un modèle qui a souffert de n'être confronté.... Qu'à lui-même? Ca (plus ou moins il y'a quand même eu des campagnes, reduites certes, contre d'autres types d'adversaires notamment en Cappadoce mais aussi contre des grecs coalisés lors de soulevements successifs, ou aux confins des royaumes avec des entités hostiles comme les satrapies indiennes) Mais surtout il fauv voir que les guerres de diadoques sont un enchainement de conflits montés très rapidement en graine, nombreux sur un laps de temps très court avec une attrition très forte (due aux combats mais aussi aux campagnes militaires qui ont lieux sur des théatres d'opération vastes, couteux en hommes lors des basculement d'un front à l'autre) Il faut donc compenser vite les pertes sans avoir le temps de former les recrues Le glissement est assez spectatulaire, les premiers affrontements ayant lieu entre vétérans de l'armée d'Alexandre (déja vieux et epuisés par 20 ans de campagne) les derniers voient plutot des combattants locaux être engagés souvent après une formation relativement sommaire (en tout cas en regard de la formation mise en place initialement par Philippe puis son fils) Les combats pendant les guerres de diadoques sont nombreux et très rapprochés dans le temps. Ca laisse peu de temps pour former un ensemble cohérent. C'est d'ailleurs l'impression que ca laisse aussi bien pour les armées seleucides que lagides ou macédoniennes continentales : un noyau dur de vétérans, un cercle un peu plus élargi de locaux formés à peu pret correctement mais sans plus au combat à la macédonienne et puis pour compenser l'attrition sur la fin des tas d'ajouts faits à la va vite et pas très heureux Lien vers le commentaire Partager sur d’autres sites More sharing options...
Shorr kan Posté(e) le 18 juin 2011 Share Posté(e) le 18 juin 2011 Ben non pas grand chose vue que que le posé et la démonstration du sujet a été magistrale ;) C'est difficile de discuter sur l'armée macédonienne dans l'absolue vu que tout est relativement connu et décrit Comme pour l'armée romaine la discussion ne peut se faire que par comparaison entre ; l'armée de Philippe II puis de son fils et l'évolution vers les armées des diadoques entre l'armée de Philippe II et de son fils et leurs adversaires contemporains Or tout a deja été écris plus ou moins dessus C'est typiquement le genre de thread ou y'a beaucoup à dire mais tout est déja dit M'enfin si tu as un sujet polémique sur ce thème à lancer, lache toi, il en faut toujours un pour dérouler le premier fil de la bobine c'est vraie que c'est un peu comme l'invention de l'eau tiède ce sujet, mais comme le rappelle très justement Philippe Bouvard, gardons-nous de jeter trop vite l'anathème sur son inventeur, dont on se rend compte du génie quand on se retrouve face aux robinets d'eau froide et d'eau chaude de notre lavabos :lol: ... Alors, un modèle qui a souffert de n'être confronté.... Qu'à lui-même? A l'entrisme on peut ajouter la disparition d'un projet politique fort avec l'extinction de la dynastie royal. c'était un échange entre un outil qui donnait la base indispensable à un ambitieux projet impérial, et dans le sens inverse, cette vision géopolitique commandait les adaptations de "l'armée intégrée" en fonction de ces nouvelles missions; car en définitives l'atout maître de cette organisation est sa modularité, et il n'y avait qu'une tete particulièrement volontariste et énergique pour en tirer le plein rendement; d'ailleurs les premiers diadoques se sont certainement basé sur le fonds de leurs expériences, les routines apprise et ce qu'ils ont appris en observant le patron faire, pour maintenir quelque chose de correct; mais a terme, sans "tension dans l'arc" la dégenérésence était inévitable. le plus remarquable et que malgré la baisse progressive en qualité ce modèle soit resté celui de référence et amplement capable de faire face aux autres menaces: ça en dit long sur tout son potentiel; mais est-ce vraiment étonnant quand on sait que son architecture à été pensé pour accoucher "d'une armée de la conquête du monde" des le début? L'aspect le plus extraordinaire, pour moi en tout cas, c'est l'extrême diversité des situations/ennemies/terrains affronté; à chaque fois que je me penche sur le sujet ça suscite chez moi une profondes admirations pour cette armée; en même temps, ça me tracasse un peu... Par exemple, après la mort de Darius et avant les grandes batailles indiennes, Alexandre se lance dans une vaste campagne de pacification et dispatch pour ça ses forces en plusieurs en constituant "Task Force", et là je coince... Je vois bien l'infanterie légère et médiane crapahuter dans les montagnes et aller à l'assaut des défilés, la cavalerie légère pourchasser les Scythes dans les steppes centre asiatique; mais diable! comment leurs homologues de la Phalange et la cavalerie ultra-lourde pouvaient se lancer dans des excursions au milieu de l'Hindukush vu l'extrême spécialisation de ces unités pour un travail assez éloigné de leur métier de bases,et il ne leurs suffisaient pas de poser leurs bouclier et échanger leurs sarisas contre des coutelas! Ma théorie est que ce changement de fonction n'a été possible que grâce à l'encadrement de très grande qualité, qui a su utiliser au mieux et adapter ces unités, en plus d'éviter de les employer/manoeuvrer dans des situations trop défavorable. mais bon, si quelqu'un pouvait nous éclairer sur le comment de cette transition (et vous savez tous qui est ce "quelqu'un" :lol: ;)). ... Perso, je tripe sur les Hypaspistes et l'infanterie légère (extension de l'évolution des peltastes après les guerres du péloponèse) et leur rôle dans le combat interarme et surtout le débordement des ailes droites avec Alexandre (cet "accordéon" qui se déploie et rend possible une offensive de pointe suivie sans laisser un gouffre dans les rangs, le tout à vitesse grand V). Les Hypaspistes, ce corps absolument terrible de la polyvalence absolue, sorte de super-légionnaires boostés aux hormones, capable de jouer les phalangistes macédoniens, de combattre comme des phalangistes grecs, de jouer les fantassins légers, l'infanterie montée.... Difficile de trouver mieux! Ahhh les "écuyers" en ligne avec leurs boucliers de cuivre et d'argent rutilantes au soleil et frappés de l'étoile agréades de le maison royal, avançant au rythmes du tambour de Chéronée, et hurlant alalalai des que l'ennemie est en vue...ça devait être quelque chose en effet...mon coeur soupir :'(. mais perso, mon truc c'est plus "I love La Pointe forever :-X", certainement mon tropisme aristocratique... Lien vers le commentaire Partager sur d’autres sites More sharing options...
Tancrède Posté(e) le 18 juin 2011 Auteur Share Posté(e) le 18 juin 2011 Les combats pendant les guerres de diadoques sont nombreux et très rapprochés dans le temps. Ca laisse peu de temps pour former un ensemble cohérent. C'est d'ailleurs l'impression que ca laisse aussi bien pour les armées seleucides que lagides ou macédoniennes continentales L'empire séleucide surtout avait en plus des confins (Inde-Pakistan) qui le mobilisaient aussi. Mais ces Etats ont donc plus que tout manqué de paix, donc de temps, pour consolider une organisation capable de perpétuer le système, apparemment. Par exemple, après la mort de Darius et avant les grandes batailles indiennes, Alexandre se lance dans une vaste campagne de pacification et dispatch pour ça ses forces en plusieurs en constituant "Task Force", et là je coince... Je vois bien l'infanterie légère et médiane crapahuter dans les montagnes et aller à l'assaut des défilés, la cavalerie légère pourchasser les Scythes dans les steppes centre asiatique; mais diable! comment leurs homologues de la Phalange et la cavalerie ultra-lourde pouvaient se lancer dans des excursions au milieu de l'Hindukush vu l'extrême spécialisation de ces unités pour un travail assez éloigné de leur métier de bases,et il ne leurs suffisaient pas de poser leurs bouclier et échanger leurs sarisas contre des coutelas! Ma théorie est que ce changement de fonction n'a été possible que grâce à l'encadrement de très grande qualité, qui a su utiliser au mieux et adapter ces unités, en plus d'éviter de les employer/manoeuvrer dans des situations trop défavorable. mais bon, si quelqu'un pouvait nous éclairer sur le comment de cette transition Apparemment, c'est le moment où Alexandre a beaucoup recruté de locaux, surtout des montagnards, mais plus encore, adapté les troupes macédoniennes à l'environnement: de son vivant même, l'armée se composait et se recomposait en fonction de la tâche: - un corps d'interprètes a été créé pour accompagner les task forces locales, ce qui montre une modulation de l'outil vers des opérations pas forcément uniquement létales (du "win hearts and minds" :lol:?) - des escadrons de cavaliers "démontables", sortes de dragons capables de combattre à pied et à cheval (les demachoi), ont été créés afin de s'adapter à leurs zones d'opération loin de l'armée principale en mouvement - des unités perses d'élite sont créées, surtout dans l'infanterie légère/médiane, pour ces opérations, notamment les mélophores, qui, peu ou prou, calquent leur panel de capacités sur celui des hypaspistes - Perses et Mèdes fournissent des contingents de cavalerie de haut niveau (peuples cavaliers quand même) - il était fréquent de voir les unités de phalangistes lâcher leurs sarisses pour aller, "à la légère", taquiner le montagnard, accompagnés ou non de spécialistes locaux Le fait est qu'une bonne part de ces adaptations permanentes se fondaient aussi sur un matériau de base de haute qualité: l'éducation guerrière macédonienne (plus encore que la grecque en général) était longue et variée, à l'opposé de toute spécialisation monomaniaque, de même que le système des unités et sous-unités homogénéisé par Philippe avait créé un cadre (et l'encadrement qui allait avec, qui n'était plus dans les effectifs des sous-unités et unités) qui se révalait fortement adaptable et recomposable à l'envi, sans doute aussi par la longueur de la mobilisation de ces unités qui avaient à ce stade des années de campagne dans les pattes. Il faut en fait noter qu'Alexandre a rapidement, de fait, 2 armées: la principale qui avance vers l'Inde et recompose pas mal d'éléments en fonction du terrain et de l'ennemi tout en gardant son coeur de métier, et une d'occupation qui se décline souvent plus localement et mêle une proportion plus élevée de locaux à des troupes grecques et macédoniennes elles-mêmes ancrées autour des colonies de vétérans qui s'implantent un peu partout et deviennent, outre des ilôts d'hellénisme, des centres de formation y compris pour jeunes asiatiques. Au niveau "royal/impérial", Alexandre duplique d'ailleurs le système macédonien (avec son articulation de niveaux local et royal) en créant aussi une "académie" à Suse (ou Babylone, chuis plus sûr) où un contingent de 30 000 Perses issus de l'aristocratie est appelé pour recevoir une éducation macédonienne (c'est l'antitagma). Lien vers le commentaire Partager sur d’autres sites More sharing options...
Tancrède Posté(e) le 15 juillet 2011 Auteur Share Posté(e) le 15 juillet 2011 Une anecdote qui pointe l'adaptation de l'armée macédonienne, et les défauts/risques que cela entraîne quand le changement d'adversaire est trop brutal. Je viens d'entendre quelque part (chaipu où :-[ :-X) que les phalangites, compagnons fantassins compris, n'avaient plus beaucoup de sarisses lorsqu'Alexandre est arrivé sur l'Indus, résultat de l'adaptation à la guérilla des années post-Gaugamèles, aux conflits de mouvement rapides sans grande concentration au-delà du niveau de la petite tactique, et que ce fait explique les pertes anormalement élevées subies lors de la bataille de l'Hydaspe, notamment face aux éléphants: outre le terrain, impropre aux grands déploiements de formations massives et cohérentes, le fait semble être que l'entraînement au "métier de base" de l'infanterie lourde avait manqué pendant quelques temps. L'info est peu claire: avaient-ils encore leurs sarisses dans l'immense train de bagage de l'armée et donc les avaient-ils au combat, mais ils étaient "rouillés"? Une partie seulement des phalangites était-elle équipée en porteurs de sarisses avec le reste opérant sur un mode de peltastes/hoplites? Parce qu'une chose est sûre: rouillés dans cette fonction (sans doute moins à l'échelon individuel/lochos qu'à l'échelon phalange/armée, par manque de grandes manoeuvres récentes), il s'agissait de soldats et d'unités constituées terriblement sélectionnés et entraînés avec des années de campagnes dans les pattes, encadrés par des officiers et sous-offs rôdés et habitués à eux, avec leurs routines et leurs EM, de la matière première exceptionnelle dont il est rare qu'un chef militaire dispose, surtout en de telles quantités. Lien vers le commentaire Partager sur d’autres sites More sharing options...
Wallaby Posté(e) le 30 mai Share Posté(e) le 30 mai 14 septembre 2022. Alexandra Pierré-Caps, la Macédoine avant Alexandre le Grand : Le règne de Philippe II https://issuu.com/baranes/docs/au_royaume_d_alexandre_le_grand_-_l Au royaume d'alexandre le grand - la macédoine antique Catalogue de l'exposition présentée au musée du Louvre, du 13 octobre 2011 au 16 janvier 2012 https://www.radiofrance.fr/franceculture/podcasts/le-salon-noir/le-royaume-de-macedoine-face-aux-cites-grecques-archeologie-d-alexandre-le-grand-8162383 (7 décembre 2011) Le royaume de Macédoine face aux cités grecques, archéologie d'Alexandre le Grand, avec Sophie Descamps-Lequime, commissaire de l’exposition "Au royaume d'Alexandre le Grand - La Macédoine antique". Lien vers le commentaire Partager sur d’autres sites More sharing options...
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