Gibbs le Cajun Posté(e) le 4 octobre 2014 Share Posté(e) le 4 octobre 2014 On peut aussi lire l'affaire sous l'angle de l'évolution personnelle de Pierre Clostermann. A la lecture de ses écrits, il commence sa carrière de pilote avec une forme d'insouciance, d'inconscience et d'enthousiasme typique de son jeune âge de l'époque. La disparition du commandant Mouchotte et la mise en cause qui s'en est suivie l'ont aussi ébranlé et son récit devient, par la suite, plus grave et plus mur. L'homme prend de l'étoffe, de l'ampleur et se montre davantage responsable dans un environnement qui apparaît finalement comme bien plus dangereux et où l'avenir semble plus se mesurer en jours qu'en semaines ou en années. Il apparaît, dans la partie la plus tardive de son maître témoignage, Le Grand Cirque, comme beaucoup plus mûr, et surtout plus humble et mesuré. Si au début de sa carrière il peut avoir manifesté la tentation de revendiquer des victoires contestables (je ne dis même pas qu'il l'ait finalement fait), cela me semble tout à fait exclu sur la fin du conflit - entre autres du fait de ses responsabilités de squadron leader et de l'attention que cela faisait porter sur lui de la part de tous. Ainsi, il semble, après guerre, avoir continué sa maturation sur la même trajectoire, plus humaine et responsables que le chien fou qu'il a pu être à ses tout débuts. Du coup, on peut envisager qu'il ait été particulièrement touché par la remise en cause de son palmarès que, d'une part il répondait parfaitement aux critères de validation de l'époque (et qu'il commençait à avoir une fiabilité respectable avec l'analyse des films de ciné-mitrailleuse dans la partie la plus tardive du conflit), et d'autre part il avait peu de chances d'avoir été réellement surestimé par quelqu'un que les responsabilités et l'épuisement liés à la mission avait rendu beaucoup plus humble et mesuré. L'attaque de Ehrengardt, pour fondée qu'elle puisse être sur le plan historique, n'en reste pas moins maladroite sur le plan humain et être mal perçue par l'aspect blessant qu'elle peut avoir vis à vis de l'as qui s'est senti remis en cause, notamment sur la partie où il s'est finalement montré le moins enthousiaste en revendications. Voila la façon dont je perçois, moi, cette affaire. Fatac tu explique exactement le sentiment que j'aurais aimé posté =) merci =) Lien vers le commentaire Partager sur d’autres sites More sharing options...
TomcatViP Posté(e) le 5 octobre 2014 Share Posté(e) le 5 octobre 2014 (modifié) Certains oublient une chose, la guerre d'attrition est une boucherie ou les bouchers sont rois. Cloclo est arrivé en 44 sur Tempest pour son second tour remonté comme un ressort, volait sur l'un des meilleurs chasseurs alliés, utilisant les tactiques appropriées (on ne lit pas dans son livre d'escorte à des altitudes pas possible ou des vols de croisières à bas régime moteurs) et a continué à bénéficier d'une expérience du vol avant guerre (100 ou 200hr de mémoire pour un jeune à cette époque, c'est pas rien). Lui, ses Flying Commenders, la RAF et ses gars autour de lui formaient à eu tous un mécanique implacable devant laquelle ceux qui n'étaient pas les plus aguerris (et même les experteen) tombaient comme des mouches malgré les pertes horribles. Pour les moins convaincus, voici un film illustrant ce qui pouvait se passer dans la vrai vie: Comme on le voit, il est difficile d'argumenter que cela s'est réellement passé en ayant une conversation rationnelle derrière son bureau. C'est d'ailleurs pour cela que les hommes font la guerre depuis tant de temps: l'issue en est toujours incertaine. EDIT: oublié de dire une vérité essentielle mais rarement poussée en avant: il avait du talent que beaucoup n'ont pas eus Modifié le 5 octobre 2014 par TomcatViP 1 Lien vers le commentaire Partager sur d’autres sites More sharing options...
pascal Posté(e) le 5 octobre 2014 Share Posté(e) le 5 octobre 2014 CJE est un historien extrêmement documenté, son travail a recoupé celui d'historiens anglo-saxons qui établirent que certaines revendications étaient intervenues sur des combats auxquels Clostermann n'avait pas pu participer. Ces historiens ne furent jamais inquiétés. Une fois encore le culte des as est à double tranchant, il faut savoir que certaines victoires validées "camera only" n'en étaient pas, que parfois il n'y avait plus de film dans la caméra ... Au Wing 122 les pertes étaient terribles en 44/45 notamment du fait de la Flak et les leaders devenaient rares. Clostermann simple Flight Lieutenant ayant rang de Squadron Leader devint Wing Commander par interim après la mort de Peter Brooker. Les dernières pages du Grand Cirque sont noires, empreintes de fatigue de trouille et d'une grande lassitude. Une fois de plus il ne s'agit pas de négativisme surtout quand on connait un peu Ehrengardt, mais simplement de la confrontation de deux logiques de deux vérités de deux honnêtetés. CJE a payé le prix fort dans cette affaire et j'invite néanmoins tout le monde à lire l'excellent Bimestriel Aérojournal 2 Lien vers le commentaire Partager sur d’autres sites More sharing options...
TomcatViP Posté(e) le 5 octobre 2014 Share Posté(e) le 5 octobre 2014 Je suis tout à fait d'accord J'apprécie d'ailleurs ses publications aero depuis les vieux numéros. Lien vers le commentaire Partager sur d’autres sites More sharing options...
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