rogue0 Posté(e) le 19 février 2018 Share Posté(e) le 19 février 2018 J'ai hésité à le mettre ici... mais on parle de Fox news après tout. Analyse comparative de la couverture TV pour nos amis américains, qui ont eu un WE chargé : entre Fox News, MSNBC et CNN inculpation de russes pour ingérence dans les élections US Collusion (ou acquittement) du GOP avec les russes Tuerie dans une école, avec un fail du FBI https://www.vox.com/2018/2/19/17027456/fox-news-mueller-indictment-trump La différence de traitement entre les chaînes est ... éclairante. Et illustre le type de bulle informationnelle des spectateurs de fox news (~40% des électeurs de Trump la reçoive, directement ou non) (La comparaison est quantitative : imparfaite, mais reproductible). 1 Lien vers le commentaire Partager sur d’autres sites More sharing options...
rogue0 Posté(e) le 20 février 2018 Share Posté(e) le 20 février 2018 (modifié) Analyse de deux efforts récents d'infoguerre par propagande massive sur réseaux sociaux (computational propaganda). Et bien sûr, les bots russes sont impliqués pour attiser les divisions dans la société US. (dans le second cas, ils ont amplifié une campagne de désinformation du GOP/alt right sur #releasethememo de Nunes) Les efforts sont permanents, ils ne se sont pas arrêté à la campagne électorale. Cas 1 : fusillade à Parkland.https://www.nytimes.com/2018/02/19/technology/russian-bots-school-shooting.html La question du gun control est très clivante aux USA. Dès la première heure, les bots ont été présents pour amplifier le fossé entre chaque camp, injecter des rumeurs (islamiste caché), et amplifier la défiance envers les institutions (FBI, gouvernement, etc). Sans eux, il y aurait eu les mêmes messages, mais en étant les premiers, ils ont choisi quel thème/impression dominerait les réseaux sociaux. (et la séquence a aussi sorti POTUS du bourbier sur le scandale Porter / Kelly / détournement du process des habilitations) Cas 2 : Release the memo Nunnes.https://www.politico.com/magazine/story/2018/02/04/trump-twitter-russians-release-the-memo-216935 C'est initialement une opération politique lancée par des américains (GOP / Nunnes), pour attaquer le FBI et l'enquête russe (sauf que le "mémo" était d'une nullité abyssale). Ensuite, les bots pro-russes ont massivement amplifié le mouvement. Résumé via fil twitter Révélation En 5 heures, le mouvement a atteint la masse critique, et les célébrités alt-right ont repris et amplifié le mouvement. Ils ont ciblé aussi les législateurs qui devaient voter sur la déclassification du mémo, et les a submergé de message (et emails et coups de fil). Dans ce cas, lesdits législateurs auraient de toute façon voté suivant les consignes du GOP, mais ils avaient aussi l'impression d'un gros soutien populaire "spontané". Chez nous, nous n'en sommes pas encore là (même s'il y a eu de grossières tentatives, comme les #Macronleaks ou #AliJuppé). Cependant, certaines petites opérations "marchent" occasionnellement, comme contre la candidate de theVoice (que je ne défend pas : mais en cas de campagne de troll, tout peut être repris et déformé pour servir d'attaque, cf les attaques constantes sur le FBI) http://www.lemonde.fr/les-decodeurs/article/2018/02/16/fake-news-en-periode-electorale-le-risque-de-tout-melanger_5258138_4355770.html Modifié le 20 février 2018 par rogue0 1 Lien vers le commentaire Partager sur d’autres sites More sharing options...
Bat Posté(e) le 21 février 2018 Auteur Share Posté(e) le 21 février 2018 C'est un peu en marge de ce fil, mais je le poste ici parce que ça permet de poser des questions par rapport à une thématique qui va être débattue en France avec le projet de loi "fake news" Citation Il est légitime de s’interroger sur l’impact démocratique des réseaux sociaux, mais c’est tout le système qui doit être questionné Focus sur le déploiement des politiques sur les réseaux sociaux. Entretien avec Sandrine Roginsky, Professeure à l’Université Catholique de Louvain, chercheure en Sociologie de la communication et des usages, Médias sociaux et Communication politique et organisations européennes et non gouvernementales. Le déploiement des politiques sur les réseaux sociaux est-il neuf ? La présence des partis et des hommes et des femmes politiques sur les réseaux sociaux a déjà quelques années. Dès que des plateformes comme Facebook puis Twitter sont arrivées, certain.e. s s’y sont mis.es. Mais on est plutôt « suivistes » en Europe. Donc, l’intégration s’est faite en douceur entre 2009 et 2012. On peut parler de confirmation de la tendance entre 2012 et 2015. Et depuis 2016 environ, on assiste petit à petit une professionnalisation et une institutionnalisation des outils. (...) Suite: https://regulation.be/2018/02/05/il-est-legitime-de-sinterroger-sur-limpact-democratique-des-reseaux-sociaux-mais-cest-tout-le-systeme-qui-doit-etre-questionne/ Lien vers le commentaire Partager sur d’autres sites More sharing options...
rogue0 Posté(e) le 21 février 2018 Share Posté(e) le 21 février 2018 Un "serious game" vous propose de devenir calife à la place du calife prendre les commandes d'une usine à troll / fake news. C'est un jeu simple (choix binaires), rapide (10mn) qui illustre, en pratique, les mécanismes pour attirer le plus de clics / followers possible. https://www.getbadnews.com/#intro (en anglais ou néerlandais) http://www.lemonde.fr/pixels/article/2018/02/21/on-a-teste-bad-news-le-jeu-qui-vous-met-dans-la-peau-d-un-redacteur-de-fausses-informations_5260492_4408996.html Rien de révolutionnaire pour les connaisseurs, mais ça peut être utile. (et ça va aider les pays-bas à rester dans le club des pays les plus résistants aux fake news) 1 Lien vers le commentaire Partager sur d’autres sites More sharing options...
rogue0 Posté(e) le 22 février 2018 Share Posté(e) le 22 février 2018 Le 02/02/2018 à 13:59, rogue0 a dit : pour les chercheurs en infowar. Twitter ouvre l'accès à sa base de message archivé.(...) Je me demande s'ils donnent aussi accès aux messages et comptes supprimés (au moins pour les chercheurs). Twitter est vertement critiqué sur ce point, car dès qu'un compte est suspendu (qu'il soit menaçant, injurieux, ou usurpé par un bot net pour influer sur l'opinion), les chercheurs n'ont plus accès à l'historique des messages, ni aux contacts. Et le scrapping. / archivage personnel est interdit par Twitter. Du coup, les études de guerre d'information sont sévèrement handicapées. A ce sujet, NBC news vient de faire un pied de nez à Twitter. Ils ont re-publié 200 000 messages de la troll factory, qui avaient été purgés par Twitter. Tout ça dans l'intérêt public (cad la recherche sur les ingérences russes, leur scope/volume, leur ciblage, et le type de contenu). https://www.nbcnews.com/tech/social-media/now-available-more-200-000-deleted-russian-troll-tweets-n844731 Extrait sous google document:https://docs.google.com/spreadsheets/d/1pWrCg2L-TGNA6sJzZFjRWQdqOOJHKpArYnPho6j5p10/edit?usp=sharing Pour la base complète, cf 3 fichiers en fin d'article librement téléchargeables : 1 base "aplatie": http://nodeassets.nbcnews.com/russian-twitter-trolls/streamlined_tweets.csv 1 fichier d'index listant les comptes impliqués http://nodeassets.nbcnews.com/russian-twitter-trolls/users.csv le second fichier avec les messages Trollesques eux-mêmes (qui brassent large : ça trolle toutes les factions , pas seulement du pro-Trump)http://nodeassets.nbcnews.com/russian-twitter-trolls/tweets.csv Les messages proviennent de chercheurs qui avaient gardé des copies personnelles des données. Les sources resteront anonymes pour éviter les représailles de Twitter. Le 08/02/2018 à 17:42, Bat a dit : Sur la question des messages et comptes supprimés, je ne sais pas te répondre n'ayant jamais travaillé de manière systématique sur Twitter (en termes de terrain de recherche, je veux dire), mais compte-tenu de ce que je viens de dire, on peut inférer des éléments réponses: Tes 2 suppositions sont correctes. Les CGU de Twitter interdisent le scrapping / bricolage personnel, et ils veulent garder le contrôle des données. C'est compréhensible en temps normal pour plein de raisons (droit commercial, vie privée et droit à l'oubli). Cependant, si l'infoguerre commence à déborder sur la défense nationale, alors les obligations des réseaux sociaux doivent aussi changer (cf l'initiative NBC news). En gros, pour retracer ces attaques, il faudrait limite que les réseaux sociaux aient les mêmes obligations que les opérateurs internet (archivages des messages, métadonnées, infos de connexion, adresse IP) : à garder 1 an, et prêt à les ressortir rapidement sur demande des autorités... (et pas après 6 mois d'aller retour devant des commissions parlementaires, comme les US puis anglais en ont fait l'amère expérience ) Alors que les attaquants, eux, ont utilisé des outils de métrique pour affiner leurs attaques d'infoguerre, et ont tenté de détruire les preuves Cf page 15 de l'acte d'inculpation de l'IRA (Internet Research Agency alias la troll factory russe) par le procureur Mueller. Mueller a visiblement plein d'informations sur le fonctionnement interne de l'IRA (source inconnue, mais je suppose les SR américains ou étrangers). Je recommande vivement la lecture du rapport complet (seulement 37 pages). https://www.justice.gov/file/1035477/download Révélation 37. To measure the impact of their online social media operations, Defendants and their co- conspirators tracked the performance of content they posted over social media. They tracked the size of the online U.S. audiences reached through posts, different types of engagement with the posts (such as likes, comments, and reposts), changes in audience size, and other metrics. Defendants and their co-conspirators received and maintained metrics reports on certain group pages and individualized posts. 38. Defendants and their co-conspirators also regularly evaluated the content posted by specialists (sometimes referred to as “content analysis”) to ensure they appeared authentic—as if operated by U.S. persons. Specialists received feedback and directions to improve the quality of their posts. Defendants and their co-conspirators issued or received guidance on: ratios of text, graphics, and video to use in posts; the number of accounts to operate; and the role of each account (for example, differentiating a main account from which to post information and auxiliary accounts to promote a main account through links and reposts). Destruction de preuve Révélation Destruction of Evidence 58. In order to avoid detection and impede investigation by U.S. authorities of Defendants’ operations, Defendants and their co-conspirators deleted and destroyed data, including emails, social media accounts, and other evidence of their activities. (...) b. Beginning in or around September 2017, U.S. social media companies, starting with Facebook, publicly reported that they had identified Russian expenditures on their platforms to fund political and social advertisements.(...) d. Defendants and their co-conspirators thereafter destroyed evidence for the purpose of impeding the investigation. On or about September 13, 2017, KAVERZINA wrote in an email to a family member: “We had a slight crisis here at work: the FBI busted our activity (not a joke). So, I got preoccupied with covering tracks together with the colleagues.” KAVERZINA further wrote, “I created all these pictures and posts, and the Americans believed that it was written by their people.” quelques commentaires par des spécialistes cyber:Thomas Ried Révélation Lawfare et Matt Tait (alias "PwnofallThings" sur twitter) https://www.lawfareblog.com/russian-influence-campaign-whats-latest-mueller-indictment (pour les allergiques aux avocats, chercher directement la section "What the Indictment Alleges"). Ils rapprochent les dates dans l'acte d'inculpation de Mueller, avec d'autres événements marquants (publication des Panama Papers, les multiples rencontres des conseillers de Trump avec les agents russes, les transferts d'argents aux USA supposément pour financer la diffusion des fake news, etc) 2 Lien vers le commentaire Partager sur d’autres sites More sharing options...
Bat Posté(e) le 9 mars 2018 Auteur Share Posté(e) le 9 mars 2018 (modifié) Dans son blog scientifique du Monde, Sylvestre Huet (journaliste spécialisé en sciences) a fait un assez bon papier expliquant bien et mettant en perspective une recherche américaine récente sur la circulation des "vraies" et "fausses" nouvelles sur Twitter, et les mécanismes d'explications possibles: Citation Sur Twitter, le faux plus fort que le vrai Sur Twitter, le faux va plus vite, plus loin, plus fort que le vrai. Un peu comme les sportifs dopés aux JO. Propos de comptoir ? Humeur de technophobe tétanisé par un ordi ? Prof de français exaspéré de voir ses élèves sur leurs portables pendant son cours ? Nenni. Démonstration savante (1), publiée dans la dernière livraison de la revue Science, l’une des revues les plus cotée dans les labos et qui consacre d’habitude ses pages à la physique, la chimie, la biologie ou les géosciences. Mais rarement aux sciences sociales. Or, elle en fait même sa Une en titrant : «comment le mensonge se propage; sur le média social, les fausses nouvelles écrasent la vérité». (...) Suite: http://huet.blog.lemonde.fr/2018/03/08/sur-twitter-le-faux-plus-fort-que-le-vrai/ L'article original de Science est ici: http://science.sciencemag.org/content/359/6380/1146.full Modifié le 9 mars 2018 par Bat 1 Lien vers le commentaire Partager sur d’autres sites More sharing options...
collectionneur Posté(e) le 9 mars 2018 Share Posté(e) le 9 mars 2018 Je suis tombé ce matin sur une vieil histoire datant du Printemps de Prague, les médias soviétiques avaient fait passé le tournage du Pont de Remagen pour l'intervention de militaires américains et allemands prés de Prague :) http://www.radio.cz/fr/rubrique/culture/le-pont-de-remagen-histoire-dun-tournage-interrompu-par-linvasion-sovietique-en-1968 Un M24 Chaffee durant le tournage dans une ville tchèque à l'époque :) 1 Lien vers le commentaire Partager sur d’autres sites More sharing options...
Wallaby Posté(e) le 11 mars 2018 Share Posté(e) le 11 mars 2018 (modifié) Le 9/3/2018 à 15:09, Bat a dit : Dans son blog scientifique du Monde, Sylvestre Huet (journaliste spécialisé en sciences) a fait un assez bon papier expliquant bien et mettant en perspective une recherche américaine récente sur la circulation des "vraies" et "fausses" nouvelles sur Twitter, et les mécanismes d'explications possibles:- Citation Sur Twitter, le faux plus fort que le vrai Sur Twitter, le faux va plus vite, plus loin, plus fort que le vrai. Un peu comme les sportifs dopés aux JO. Propos de comptoir ? Humeur de technophobe tétanisé par un ordi ? Prof de français exaspéré de voir ses élèves sur leurs portables pendant son cours ? Nenni. Démonstration savante (1), publiée dans la dernière livraison de la revue Science, l’une des revues les plus cotée dans les labos et qui consacre d’habitude ses pages à la physique, la chimie, la biologie ou les géosciences. Mais rarement aux sciences sociales. Or, elle en fait même sa Une en titrant : «comment le mensonge se propage; sur le média social, les fausses nouvelles écrasent la vérité». (...) Suite: http://huet.blog.lemonde.fr/2018/03/08/sur-twitter-le-faux-plus-fort-que-le-vrai/ L'article original de Science est ici: http://science.sciencemag.org/content/359/6380/1146.full J'aurais préféré que ce soit un prof de français exaspéré de voir ses élèves sur leurs portables. J'aurais eu plus envie de lire. Huet cite Divina Frau-Meigs, «l’effet le plus grave de la diffusion massive du faux, c’est de répandre un doute généralisé sur l’information, les institutions démocratiques, les savoirs scientifiques… Ce propos me parait entretenir une certaine naïveté ou crédulité à l'encontre de la "science". De nos jours, être publié dans une revue scientifique prestigieuse à comité de lecture n'est plus un gage absolu de sérieux. Voir ce que dit David Freeman dans cet extrait de son livre : http://www.nytimes.com/2010/06/11/books/excerpt-wrong.html qui s'appuie sur les travaux de John Ioannidis sur la fiabilité des publications médicales. En examinant des centaines de ces études, Ioannidis a en effet repéré un modèle inquiétant. Lorsqu'une étude a été publiée, il ne s'agissait souvent que de quelques mois, et tout au plus de quelques années, avant que d'autres études ne parviennent à réfuter complètement les conclusions ou à déclarer que les résultats étaient "exagérés" en ce sens que les articles ultérieurs révélaient des avantages significativement moindres pour le traitement étudié. Les résultats qui tiennent le coup sont mis en minorité à deux contre un par des résultats destinés à être écartés. (...) Je pourrais remplir tout ce livre, et plusieurs autres, avec des exemples d'expertise qui ont mal tourné - non seulement en médecine, mais aussi en physique, en finances, en éducation des enfants, en science politique, dans les sports, dans le divertissement, et ainsi de suite. Twitter est peut-être globalement faux, mais il faut avoir à l'esprit que les publications médicales les plus réputées, les plus créditées de "sérieux" sont fausses aux deux tiers ! Je pense aussi à des fruits avariés de la "science" comme ceux-ci : Le 20/4/2015 à 08:37, Wallaby a dit : http://www.dw.de/fbi-admits-its-hair-analysis-evidence-was-flawed-over-decades/a-18393081 (20 avril 2015) Pendant des dizaines d'années, le FBI a fait condamner des innocents sur la base d'études de cheveux par microscope fantaisistes. 26 des 28 analystes ont produit des conclusions fausses. 95% des 268 procès criminels utilisant cette technique entre 1980 et 2000 sont entachés de ces fausses preuves. Sur les 32 condamnés à mort sur la base de ces fausses preuves, 14 ont été soit exécutés soit sont morts en prison. Modifié le 11 mars 2018 par Wallaby 1 Lien vers le commentaire Partager sur d’autres sites More sharing options...
C’est un message populaire. Bat Posté(e) le 12 mars 2018 Auteur C’est un message populaire. Share Posté(e) le 12 mars 2018 (modifié) Le 11/03/2018 à 14:04, Wallaby a dit : De nos jours, être publié dans une revue scientifique prestigieuse à comité de lecture n'est plus un gage absolu de sérieux. Le 11/03/2018 à 14:04, Wallaby a dit : En examinant des centaines de ces études, Ioannidis a en effet repéré un modèle inquiétant. Lorsqu'une étude a été publiée, il ne s'agissait souvent que de quelques mois, et tout au plus de quelques années, avant que d'autres études ne parviennent à réfuter complètement les conclusions ou à déclarer que les résultats étaient "exagérés" en ce sens que les articles ultérieurs révélaient des avantages significativement moindres pour le traitement étudié. Bien sûr qu'un article publié dans une revue ne prouve pas tout. Et je dirais même que prétendre qu'il pourrait le faire témoigne d'une mauvaise compréhension des mécanismes de la publication scientifique: une étude n'est pas validée par le fait qu'elle soit publiée (même si c'est une étape importante, qui fait "filtre"), mais bien par le fait qu'elle soit ensuite reprise, répliquée, vérifiée et citée. (Les plus grands scientifique sont publié des articles "faux", et c'est parce qu'ils l'ont fait que la science a avancé, les vérifications et réfutations permettant de progresser). La publication scientifique fonctionne nécessairement "en réseau": s'appuyer sur une seule étude n'est pas une preuve suffisante, parce que toute étude prise singulièrement a nécessairement des limites voire des biais méthodologiques (d'échantillon, de méthode, de variables parasites, etc.). L'étude ultime qui prouve définitivement une chose est quelque chose qui n'existe pas en science: la confiance dans un résultat, une théorie, augmente au fur et à mesure que le faisceau d'indices concordants (c'est-à-dire d'études et de variations de l'étude initiale) augmente. C'est, finalement, ce que dit Ioannidis cité dans l'article que tu mentionnes: le problème n'est pas que ces études aient une chance plus ou moins importante d'être "fausses", mais le fait que dans certains champs elles sont insuffisamment répliquées (donc défaut de ce réseau), principalement pour des raisons budgétaires, ou que les médecins se trompent quand ils fondent une conviction thérapeutique sur une étude prise isolément. Le 11/03/2018 à 14:04, Wallaby a dit : Twitter est peut-être globalement faux, mais il faut avoir à l'esprit que les publications médicales les plus réputées, les plus créditées de "sérieux" sont fausses aux deux tiers ! Non! Il n'y a pas de symétrie entre les 2. Ce que dit Ioannidis, c'est que dans 2/3 des études qu'il a relues avec un algorithme statistique (*), il estime que 2/3 d'entre elles ne permettent pas d'arriver à des conclusions générales (ou aussi générales que ne le présentent leurs auteurs). Dire qu'elles sont "fausses" n'a pas beaucoup de sens si on ne dit pas en quoi ou par rapport à quoi, or en l'occurrence c'est dans cette information que réside le vrai apport de sa démarche (2/3 des études vues comme problématiques ne signifie pas que 2/3 d'entre elles sont des charlataneries sans aucune base et qui ne révèlent rien du tout). Mais malgré les doutes et critiques que l'on peut entretenir vis-à-vis de la publication scientifique (de ses procédures, de sa jungle, des limites du peer-viewing, des petits échantillons, les méthodes plus ou moins problématiques, etc.: il existe d'ailleurs une abondante littérature sur la question), on peut au moins considérer que les publications qui ont une forme de validation scientifique sont a priori moins douteuses qu'une affirmation non sourcée balancée sur par un inconnu sur Twitter. Le médecin qui décide de prescrire l'antibiotique X pour les patients atteints de la maladie Y parce qu'il a lu dans le Lancet une étude pourtant sur 20 patients fera peut-être un choix discutable, mais il fera ce choix sur la base de données qui, tout bien pesé, sont quand même beaucoup moins problématique que s'il l'avait lu sur Twitter. Et même si une affirmation non-sourcée balancée sur Twitter peut s'avérer vraie, cela pose de réelles questions, à la fois de procédure (comment le sait-on) et de démocratie (que faire de ces informations "non institutionnelles" dans un cadre démocratique régi par des institutions). Ce n'est pas parce que des publications scientifiques peuvent s'avérer problématiques voire fausses que cela "validerait" automatiquement n'importe quel rumeur circulant en-dehors de tout circuit institutionnel. De ce point de vue-là, je suis en accord avec Divina Frau-Meigs (je suis en désaccord avec elle sur d'autres questions, mais ce n'est pas le propos ici): il y a chez certains internautes (et singulièrement certaines lignes idéologiques) dans la circulation d'informations (vraies ou fausses) sur les réseaux sociaux une sorte de "prétention" à contester me monopole ou à concurrencer les institutions qui jusqu'il y a une dizaine d'années étaient seules "habilitées" à produire de l'information largement répandue (les médias de masse, les institutions académiques et scientifiques, les organismes officiels, etc.), ce qui se traduit par une sorte de nivèlement confusionniste. Ce sont, par exemple, les climatosceptiques qui avec des billets de blogs prétendent "réfuter" les travaux scientifiques sur le climat publiés dans telle ou telle revue, les créationnistes qui "proposent une théorie alternative" à celle de l'évolution, et plus largement tout ce qui est mouvement politique/idéologique/social qui prétend contester les fondements mêmes de ce qui est produit par les institutions ("les experts se trompent", "nous avons refait les calculs et nous concluons le contraire que...", "les chiffres de ... sont faux", etc.). Cela interroge fondamentalement le fonctionnement de notre espace public: Pour le meilleur: cela peut être un aiguillon bienvenu pour éventer des problèmes et supercheries, ou pour amener certaines institutions à une certaine réflexivité sur ses pratiques Pour le pire, dès lors que n'importe qui peut affirmer n'importe quoi n'importe comment avec un poids politique, au risque du relativisme généralisé ("je l'ai lu sur Twitter, donc c'est aussi valable que si je l'avais lu dans Science") Personnellement, je suis convaincu que les formes "extra-institutionnelles" de production et de diffusion d'informations/de savoirs/etc. ne vont cesser de s'amplifier à la faveur du numérique, et qu'il est dès lors illusoire de vouloir lutter contre cette évolution au nom de revenir à des monopoles informationnels (académiques, médiatiques ou autres), par contre si on veut dépasser une foire d'empoigne où aura "raison" celui qui gueule le plus fort peu importe ce qu'il dit, il faudra envisager des procédures de vérification et de validation de ces informations non institutionnelles, et que celles-ci s'inspireront inévitablement, à un degré ou un autre, de procédures ressemblant à celles sous-tendant l'évaluation des publications scientifiques. En l'état, Twitter ne fait rien de tout ça, la seule procédure d'authentification qui existe est celle liée à l'identité de l'émetteur pour certains comptes (soit un avatar de l'argument d'autorité). (*) Par ailleurs discutable. Voir par exemple: https://replicationindex.wordpress.com/category/false-positives/ Modifié le 13 mars 2018 par Bat 1 1 3 Lien vers le commentaire Partager sur d’autres sites More sharing options...
rogue0 Posté(e) le 16 mars 2018 Share Posté(e) le 16 mars 2018 Le 21/02/2018 à 18:31, Bat a dit : C'est un peu en marge de ce fil, mais je le poste ici parce que ça permet de poser des questions par rapport à une thématique qui va être débattue en France avec le projet de loi "fake news" Suite: https://regulation.be/2018/02/05/il-est-legitime-de-sinterroger-sur-limpact-democratique-des-reseaux-sociaux-mais-cest-tout-le-systeme-qui-doit-etre-questionne/ Sur un thème connexe, voici un exemple concret des faiblesses (voire détournements) des algorithmes de contenu sur Youtube, et à quelle vitesse ça dérape sur du contenu olé olé . (via des recherches sur l'esclavage) : (fil twitter à dérouler) Certains commentateurs spéculent que les algorithmes de youtube priorisent la popularité et "l'engagement" des spectateurs (encore plus que google). Donc les contenus plus polémiques, putaclick, commentés seraient priorisés. ça peut aussi être le signe d'une présence accrue des contenus extrémistes/complotistes (déjà constaté pour les commentaires politiques, permettant de gonfler artificiellement sa présence en ligne, alors que les militants réels initiaux sont très marginaux) Plus simplement, le moteur de recherche web est déjà fliqué / nettoyé par les associations... Et pas encore les recherches vidéos. 1 Lien vers le commentaire Partager sur d’autres sites More sharing options...
Bat Posté(e) le 16 mars 2018 Auteur Share Posté(e) le 16 mars 2018 Il y a 4 heures, rogue0 a dit : Sur un thème connexe, voici un exemple concret des faiblesses (voire détournements) des algorithmes de contenu sur Youtube, et à quelle vitesse ça dérape sur du contenu olé olé . (via des recherches sur l'esclavage) : (fil twitter à dérouler) Certains commentateurs spéculent que les algorithmes de youtube priorisent la popularité et "l'engagement" des spectateurs (encore plus que google). Donc les contenus plus polémiques, putaclick, commentés seraient priorisés. ça peut aussi être le signe d'une présence accrue des contenus extrémistes/complotistes (déjà constaté pour les commentaires politiques, permettant de gonfler artificiellement sa présence en ligne, alors que les militants réels initiaux sont très marginaux) Plus simplement, le moteur de recherche web est déjà fliqué / nettoyé par les associations... Et pas encore les recherches vidéos. Il y a aussi, vraisemblablement, le poids du "tagging" des vidéos par leurs auteurs. Les complotistes, par exemple, ont l'art (volontaire ou intuitif) de mettre dans leurs titres les termes qu'emploirea un individu "lambda" en questionnement sur un sujet donné, alors que ceux des contenus institutionnels seront sans rapport ou abscons. Par exemple, si je me demande ce que c'est que cette histoire de terre plate dont on parle beaucoup en ligne, je vais taper "terre plate", "la terre est-elle plate", ou toute autre combinaison de ce genre. Le résultat est que je vais d'abord trouver des vidéos du genre: "la face cachée de la terre plate et des complots", "Coran révélation miracle 5 - Terre plate", "Terre plate - tous les arguments", etc. Les vidéos de nature plus scientifique vont se cacher derrière des termes comme "géodésie terrestre", voire dans des titres institutionnels sans rapport: "Conférence Lyon ENS accidents climatiques". Les complotistes sont donc nécessairement plus présents auprès des personnes les plus susceptibles d'y être sensibles, même si c'est en train de changer: Avec la professionnalisation de la communication des institutions Avec la multiplication des chaînes de vulgarisation" de combat" qui reprennent les termes et codes complotistes pour les débunker Avec les changements annoncés dans l'algorithme de youtube pour augmenter la diversité Cela ne veut pas dire qu'un complotiste sera convaincu, mais on voit que la "bulle" complotiste qui fonctionnait beaucoup en vase clos est ciblée par des actions différentes destinées à la rendre plus perméable. Lien vers le commentaire Partager sur d’autres sites More sharing options...
rogue0 Posté(e) le 19 mars 2018 Share Posté(e) le 19 mars 2018 Le 16/03/2018 à 12:51, rogue0 a dit : Sur un thème connexe, voici un exemple concret des faiblesses (voire détournements) des algorithmes de contenu sur Youtube, et à quelle vitesse ça dérape sur du contenu olé olé . (via des recherches sur l'esclavage) : (...) 3.Plus simplement, le moteur de recherche web est déjà fliqué / nettoyé par les associations... Et pas encore les recherches vidéos. Un exemple flagrant du manque de contrôle de contenu par Google. Youtube Kids, censé être un portail pour l'apprentissage des têtes blondes et pour l'éducation nationale, abrite de multiples vidéos complotistes.http://www.businessinsider.fr/us/youtube-suggested-conspiracy-videos-to-children-using-its-kids-app-2018-3?op=1 Terre plate, les faux atterrissages sur la Lune, conspiration sur les gouvernements remplacés par des reptiliens (!!), etc. Ce type de filtrage doit être pour l'instant supervisé par des éditeurs humains (facebook a eu le même problème) Les algorithmes sont trop faciles à berner (sauf à accepter des restrictions type Corée du nord ...) Lien vers le commentaire Partager sur d’autres sites More sharing options...
Omar1985 Posté(e) le 20 mars 2018 Share Posté(e) le 20 mars 2018 Cambridge Analytica la plus grande société d'analyse des données politique piégée et leurs méthodes dévoilées.. Ils utilisent toutes les méthodes pour influencer les personnes et les politiciens dans plusieurs pays du monde: Lien vers le commentaire Partager sur d’autres sites More sharing options...
rogue0 Posté(e) le 29 mars 2018 Share Posté(e) le 29 mars 2018 Julian Assange a été puni par l'Equateur : il est privé d'internet et des moyens de communication de l'Ambassade. http://www.lefigaro.fr/international/2018/03/28/01003-20180328ARTFIG00385-puni-julian-assange-est-prive-d-internet.php Le motif ? Il aurait violé les termes de son accord d'asile écrit, avec l'Equateur : il devait éviter d'interférer avec la politique d'autres pays... (ahem, autant lui demander d'arrêter de respirer en somme ) Genre ses tweets de soutien aux indépendantistes catalans, ou sa critique des sanctions antirusses. 1 Lien vers le commentaire Partager sur d’autres sites More sharing options...
Bat Posté(e) le 9 avril 2018 Auteur Share Posté(e) le 9 avril 2018 Citation Nos données personnelles alimentent-elles la guerre de l'information? Facebook n’en finit pas de rendre des comptes sur cette année électorale américaine qui vit élire Donald Trump. Première prise de conscience : le réseau social s’est avéré une extraordinaire machine à répandre rumeurs et fausses informations. Deuxième choc, les données personnelles d’au moins 87 millions d’utilisateurs ont été siphonnées par une entreprise de ciblage électoral. Pour le grand public, ces deux scandales abîment certes la confiance placée en Facebook, mais ils ne sont pas nécessairement liés. On a bien compris qu’une nouvelle guerre de l’information faisait rage dans nos démocraties. Reste à comprendre si, oui ou non, nos données personnelles nourrissent cette guerre de l’info. Et si, oui ou non, notre vie privée sert à orchestrer la propagande. Ecouter ou voir l'émission: https://www.franceinter.fr/emissions/l-instant-m/l-instant-m-09-avril-2018 Lien vers le commentaire Partager sur d’autres sites More sharing options...
collectionneur Posté(e) le 27 avril 2018 Share Posté(e) le 27 avril 2018 Les serveurs utilisé pour la propagande de l'État Islamique mis hors service par les polices occidentales (il faudra voit en combien de temps ils seront remplacés) : https://www.ouest-france.fr/terrorisme/etat-islamique/les-polices-europeennes-et-americaine-paralysent-la-propagande-de-l-etat-islamique-5726662 Lien vers le commentaire Partager sur d’autres sites More sharing options...
Bat Posté(e) le 27 avril 2018 Auteur Share Posté(e) le 27 avril 2018 Citation «La Russie a une vision conspirationniste du monde» OPINION. Lord Robert Skidelsky, député à la Chambre des lords britannique, explique pourquoi Londres ne pouvait pas attendre d’avoir des preuves définitives pour prendre des mesures de rétorsion contre Moscou. Interview Député à la Chambre des lords britannique, Robert Skidelsky était l’invité il y a quelques jours du Graduate Institute de Genève. Alors que les relations entre Londres et Moscou sont empoisonnées par l’affaire Skripal, ce professeur émérite d’économie politique à l’Université Warwick et fin connaisseur de la Russie – se considérant lui-même comme «pro-russe» – évoque pour Le Temps le rôle du mensonge en politique. (...) Suite: https://www.letemps.ch/opinions/russie-une-vision-conspirationniste-monde?utm_source=twitter&utm_medium=share&utm_campaign=article Je mets ça ici notamment parce que: Citation Ne payez-vous pas aujourd’hui lourdement le prix du mensonge de votre gouvernement en 2003 – ce qui autorise la Russie à retourner les accusations de mensonge contre Londres? Résultat: nous sommes dans une guerre de l’information, de propagande, à laquelle les Russes semblent mieux préparés. La guerre de l’information est asymétrique. On peut dire que tout le monde ment en politique. La question est alors de savoir comment on s’en sort. La Russie a des médias entièrement sous contrôle. Il n’y a pas de journaux indépendants ayant un tirage significatif. Il n’y a pas de journalisme d’investigation. A l’inverse, les mensonges sur l’Irak ont été révélés rapidement, car nos sociétés sont ouvertes, les médias sont libres. Il y a un prix à ce mensonge pour nos gouvernements, c’est dissuasif. Dans le cas irakien, on peut se demander dans quelle mesure Tony Blair croyait ses services secrets. Dans quelle mesure ces derniers étaient eux-mêmes convaincus. Blair s’est-il trompé, menti à lui-même? Blair avait une raison de prouver que Saddam Hussein avait des armes de destruction massive, car il avait besoin du soutien de son parlement. Cette question n’intéressait pas les Etats-Unis, car ils avaient décidé, pour des raisons politiques, d’intervenir. Lien vers le commentaire Partager sur d’autres sites More sharing options...
rendbo Posté(e) le 30 avril 2018 Share Posté(e) le 30 avril 2018 j'ai kiffé ce blog de médiapart... Lien vers le commentaire Partager sur d’autres sites More sharing options...
Boule75 Posté(e) le 5 mai 2018 Share Posté(e) le 5 mai 2018 (modifié) Le WaPo signale une étude ukrainienne et estonienne amusante (et qui mérite certainement d'être examinée de manière critique ; allo, @Bat ?), en provenance donc de l'HYBRID WARFARE ANALYTICAL GROUP 1. Le thème : intensité et tonalité des nouvelles ingurgitées par la population russes et concernant l'Europe (hors Ukraine) et les satellites de la Russie. L'étude s'intéresse avant tout aux contenus servis par les trois principales chaînes de télévision russes, désignées (par d'autres études antérieures) comme principaux canaux d'information pour la vaste majorité de la population russes, et sont tous des médias publics ou para-publics. Méthode : retranscription systématique puis analyse sémantique automatisée. Mon résumé du résumé : propagande anti-européenne intense, thèmes correspondant en tous points aux rabâchages de l'internationale d'extrème-droite : déclin, soumission, tout fout l'camp, décadence des mœurs, ayez peur, y a plein de pas-blancs-pas-orthodoxes, des homosexuels vicieux, etc... Axe général de la dite propagande d'après l'étude : méfiez-vous de l'Europe, n'en attendez rien, n'y allez pas, ne l'imitons pas. Surprises : la place proéminente de la propagande anti-française, qui tient la vedette, [encore ! Après les connards US, vla les russes ; vont-ils nous lâcher un jour ? ] la place énorme consacrée à ces "affaires européennes" si on en croit l'étude, la tactique de représentation des opposants russes, brièvement abordée, l'étude ne mentionne pas particulièrement d'anti-sémitisme [c'est déjà ça], mais la partition s'inspire tout le même beaucoup de thèmes servis aux allemands avant 1940 temps moyen passé devant la télé par les russes : 4h10 / jour. La vache, qu'est-ce qu'ils s'emmerdent ! Et du coup, contrairement à la conclusion qu'en tire Anne Applebaum, l'ensemble me semble très orienté pour la "consommation intérieure russe" et viserait avant tout au maintien en place du pouvoir autoritaire en incitant à l'enfermement et au mépris de l'Europe décadente ; une rhétorique axée contre le soft power de l'UE, en fait. Évidemment, ça ramollit bien les cervelles en préparation d'hypothétiques ambitions offensives (quoi de plus normal que d'envisager atomiser les Unter-Menschen, en fait ?), mais ça ressemble avant tout à une stratégie défensive. -- 1 Pour épargner à @MakSime une intervention de routine, je signale derechef le côté très suspect et "Otanien" de tout ça, et une probable implication américaine, voire de George Sorros, dans le financement de ce groupe (comme ça, c'est fait). Modifié le 5 mai 2018 par Boule75 2 2 Lien vers le commentaire Partager sur d’autres sites More sharing options...
collectionneur Posté(e) le 5 mai 2018 Share Posté(e) le 5 mai 2018 Sur opex360, un correspondant à indiqué cet article du Libé résumant l'offensive médiatique russe concernant l'attaque chimique en Syrie : http://www.liberation.fr/planete/2018/05/03/russia-today-sputnik-un-mois-d-intox-passe-au-crible_1647632 1 Lien vers le commentaire Partager sur d’autres sites More sharing options...
Bat Posté(e) le 5 mai 2018 Auteur Share Posté(e) le 5 mai 2018 Il y a 4 heures, Boule75 a dit : Pour épargner à @MakSime une intervention de routine, je signale derechef le côté très suspect et "Otanien" de tout ça, et une probable implication américaine, voire de George Sorros, dans le financement de ce groupe (comme ça, c'est fait). Le HYBRID WARFARE ANALYTICAL GROUP est apparemment un groupe de recherche (ou groupe de travail thématique?) interne au Ukraine Crisis Mecia Center, une ONG unkrainienne créée en 2014 et axée sur les crises et menace en Ukraine de même que sur le partage et l'analyse de données les concernant. Cette ONG est notamment financée par différentes fondations occidentales (notamment celles mentionnées par @Boule75 et qui font tant hurler les partisans de Vladimir Poutine). Ceci dit, sur l'étude elle-même: Il y a 4 heures, Boule75 a dit : Mon résumé du résumé : propagande anti-européenne intense, thèmes correspondant en tous points aux rabâchages de l'internationale d'extrème-droite : déclin, soumission, tout fout l'camp, décadence des mœurs, ayez peur, y a plein de pas-blancs-pas-orthodoxes, des homosexuels vicieux, etc... Axe général de la dite propagande d'après l'étude : méfiez-vous de l'Europe, n'en attendez rien, n'y allez pas, ne l'imitons pas. Le résumé du résumé est assez bon, mais on pourrait ajouter qu'il y a tout un volet sur la représentation des ex-républiques soviétiques et de ses satellites (Bélarus, Arménie, Géorgie, Azerbaïdjan, etc.), avec un point commun (tous ces pays seraient des satellites du "patron" naturel et "grand frère" qu'est pour eux la Russie) mettant en avant des différences de représentation entre elles: outre un degré "d'obéissance" différent au "grand frère" (la Géorgie étant le plus mauvais), l'étude note que le Belarus est présenté comme une partie de la nation russe, les pays baltes comme un repaire de dépravés sodomites nazis et révisionnistes souhaitant détruire la culture et l'histoire [je ne caricature même pas, c'est à peu près dit comme ça], etc. Il y a 4 heures, Boule75 a dit : et qui mérite certainement d'être examinée de manière critique ; allo, @Bat Sur le volet critique, nécessaire, c'est assez difficile dans la mesure où on ne dispose que d'un PPT (certes très étoffé), mais il n'y a pa sde texte un peu systématique (présentant la en détail la méthode d'analyse, le détail des résultats) ni d'annexes (avec les données ou au moins un résumé plus étenduq ue les quelques éléments pointés dans le PPT). Si quelqu'un a un texte (article, rapport ou autre, je suis preneur). On peut néanmoins faire quelques observations: Sur le plan du corpus, pour ce que je comprends, ils ont travaillé sur un truc assez balèze: la retranscription de 3,5 années de programmes d'information et débats sur l'actualité des 3 principales chaînes russes en termes d'audience. On a a priori quelque chose d'assez sérieux qui dépasse de (très) loin les limites récurrentes et habituelles des analyses et critiques non-académiques des discours médiatiques (à savoir, en général, des corpus très restreints, un échantillonnage au doigt mouillé ou la mise en exergue de passages ponctuels jugés exemplatifs sans qu'on ne sache bien de quoi). La critique que j'aurais à faire est plutôt une question (à laquelle on aurait sans doute la réponse si on avait un texte et/ou les raw data) est que le PPT ne précise pas clairement sa logique d'échantillonnage: ont-ils bien travaillé sur toutes les émissions de la période (et qu'est-ce que ça représente en nombre), ou sur un échantillon de celles-ci et selon quelle logique (p.ex 1 par mois pendant 3 ans et demi). Sur le plan de l'analyse, ils ont fait quelque chose d'assez classique, largement utilisé dans les études marketing (notamment): identifier, par un logiciel automatique, le champ sémantique et la connotation (positive ou négative) de celui-ci associé à des termes d'entrées (ici: les noms des pays dont ils étudient l'image). On ne connaît pas le logiciel utilisé (ou ça m'a échappé). La principale limite de la méthode me semble être de se contenter à un traitement automatisé (ce qui est inévitable sur un corpus de cette taille): il aurait été intéressant (ou peut-être l'ont-ils fait, mais ce n'est pas clair) de compléter cela par une analyse de contenu plus qualitative avec deux objectifs. D'une part, vérifier sur des parts plus restreintes du corpus que ce que rend le logiciel correspond assez bien à qui est effectivement dit dans ces émissions (parce que selon le logiciel, les règles de recherche qui lui sont données et surtout la nature —par exemple est-ce une explication suivie ou un débat avec des points de vue contradictoire qui vont produire beaucoup de qualificatifs différents et divergents dans la proximité d'une clé d'interrogation— et la qualité des retranscriptions —une retranscription mal foutue te n*que facilement certaines possibilités d'analyse automatisée— avec laquelle le logiciel a été nourri). Au niveau des résultats, je noterais trois choses. Premièrement, il est très dommage que la présentation qui est faite ici globalise les médias étudiés (sur le mode: "voici ce que disent les médias russes sur..." avant de donner des statistiques). Il aurait été très intéressant de les spécifier davantage dans la présentation des résultats (ou en donnant ces nuances en annexe) en cherchant à répondre aux questions suivantes: y a-t-il une différence de traitement (dans le degré de négativité, dans les thèmes abordés ou dans les pays traités) entre les 3 chaînes considérées? Au sein d'une même chaîne, y a-t-il des différences entre les différentes émissions considérées, ou entre différents numéros d'une même émission? Y a-t-il des différences entre le genre d'émission (p.ex journaux télévisés vs débats d'éditorialistes)? Les évolutions temporelles sont-elles similaires entre chaînes/émissions? Y a-t-il des lieux de "dissidence" notables dans ce corpus, soit sous forme de période où on dirait moins de mal de l'Europe (voire du bien, sait-on jamais) et sur quels sujets? Ou des émissions/chroniquers spécifiques qui se démarqueraient? Deuxièmement, le fait que cette représentation d'une Europe décadente, instable, dangereuse et russophobe est destinée avant tout à l'audience intérieure (et, disent-ils, au maintien du régime autoritaire en place) est quelque part une évidence qui découle directement du corpus: ils ont travaillé sur les chaînes le splus regardées en Russie et qui ont très peu d'audience en-dehors. Si on voulait savoir ce que la Russie veut dire au monde, il aurait fallu étudier un autre corpus (p.ex Sputnik ou RT). Troisièmement, ce qui est mis en évidence dans cette étude n'est pas particulièrement "original": cela rejoint ce que mettent en évidence d'autres analyses du contenu des informations russes. De ce côté, c'est plutôt une gage de fiabilité: si plusieurs études différentes arrivent globalement aux mêmes conclusions, c'est qu'on peut considérer qu'elles touchent du doigt un phénomène clair et bien réel. 3 Lien vers le commentaire Partager sur d’autres sites More sharing options...
Bat Posté(e) le 6 mai 2018 Auteur Share Posté(e) le 6 mai 2018 Il y a 22 heures, Boule75 a dit : et qui mérite certainement d'être examinée de manière critique ; allo, @Bat Il y a 17 heures, Bat a dit : On peut néanmoins faire quelques observations Une dernière idée/précision nécessaire me vient à propos de cette analyse, dont je n'ai pas parlé hier, et qui me semble importante pour ne pas faire de surinterprétations non fondées par les données: le travail semble assez sérieux et les résultats ont très vraisemblablement une importante validité descriptive (moyennant les nuances/questions que je formulais hier). En clair, ils donnent une idée assez précise de ce que racontent les télés russes dans leurs programmes d'information et actualités. Par contre, la dimension explicative fait défaut (tout en précisant que ce n'est pas facile à faire): pourquoi les télés russes présentent-elles l'Europe comme un continent instable, décadent et dégénéré, anti-russe pathologique, envahi par les nègres et les sodomites, et j'en passe? On ne peut que formuler des explications spéculatives: parce que le pouvoir souhaite que les Tusses pensent cela, parce que cela reflète l'opinion et les préjugés de la population Russe, parce que les journalistes russes sont incompétents, etc. Quelle(s) que soi(en) l(es) hypothèse(s) faite(s), on notera qu'une analyse de contenu ne peut y répondre: pour cela, il faudrait analyser les processus concrets de "fabrication" de ces programmes (qui fait quoi comment, en gros). Les promoteurs de l'étude font une hypothèse semi-implicite (je dis "semi" car ils l'exposent clairement, mais ne donnent pas l'explication sous-jacente sur le comment et du reste ne la prouvent pas car ce n'est pas l'objet de l'analyse): cette vision catastrophiste de l'Europe est voulue par le Kremlin, et elle est imposée aux chaînes par le Kremlin qui possède les leviers potentiellement utilisables pour cela (notamment en termes d'actionnariat et de contrôle: il y a un ou deux slides là-dessus). Lien vers le commentaire Partager sur d’autres sites More sharing options...
Boule75 Posté(e) le 6 mai 2018 Share Posté(e) le 6 mai 2018 Il y a 2 heures, Bat a dit : Une dernière idée/précision nécessaire me vient à propos de cette analyse, dont je n'ai pas parlé hier, et qui me semble importante pour ne pas faire de surinterprétations non fondées par les données: le travail semble assez sérieux et les résultats ont très vraisemblablement une importante validité descriptive (moyennant les nuances/questions que je formulais hier). En clair, ils donnent une idée assez précise de ce que racontent les télés russes dans leurs programmes d'information et actualités. Par contre, la dimension explicative fait défaut (tout en précisant que ce n'est pas facile à faire): pourquoi les télés russes présentent-elles l'Europe comme un continent instable, décadent et dégénéré, anti-russe pathologique, envahi par les nègres et les sodomites, et j'en passe? On ne peut que formuler des explications spéculatives: parce que le pouvoir souhaite que les Tusses pensent cela, parce que cela reflète l'opinion et les préjugés de la population Russe, parce que les journalistes russes sont incompétents, etc. Quelle(s) que soi(en) l(es) hypothèse(s) faite(s), on notera qu'une analyse de contenu ne peut y répondre: pour cela, il faudrait analyser les processus concrets de "fabrication" de ces programmes (qui fait quoi comment, en gros). Les promoteurs de l'étude font une hypothèse semi-implicite (je dis "semi" car ils l'exposent clairement, mais ne donnent pas l'explication sous-jacente sur le comment et du reste ne la prouvent pas car ce n'est pas l'objet de l'analyse): cette vision catastrophiste de l'Europe est voulue par le Kremlin, et elle est imposée aux chaînes par le Kremlin qui possède les leviers potentiellement utilisables pour cela (notamment en termes d'actionnariat et de contrôle: il y a un ou deux slides là-dessus). Il me semble en outre qu'ils indiquent un mobile, du moins est-ce ainsi que je l'ai interprété : il s'agit de vacciner la population russe contre une éventuelle appétence pour le modèle "libéral" européen de l'Ouest, en le lui décrivant à la fois comme failli, corrompu et menaçant. L'ensemble a l'avantage de servir à la fois l'idéologie ("supériorité russe" par contraste avec l'Ouest immonde), les objectifs du régime et de ses soutiens ("on va faire l'inverse" : autoritarisme, religion d'état, népotisme) et de fournir un cadre de soumission du bon peuple (avec d'ailleurs les mêmes outils qu'ailleurs : la télé, débilitante). C'est à HS, mais à propos de la télé, s'il y a bien un point sur lequel de Gaulle avait à la fois tort et raison : c'est effectivement un puissant outil, mais il ne sert pas à l'édification des peuples, non, non, non... Lien vers le commentaire Partager sur d’autres sites More sharing options...
Bat Posté(e) le 6 mai 2018 Auteur Share Posté(e) le 6 mai 2018 (modifié) Il y a 1 heure, Boule75 a dit : Il me semble en outre qu'ils indiquent un mobile, du moins est-ce ainsi que je l'ai interprété : il s'agit de vacciner la population russe contre une éventuelle appétence pour le modèle "libéral" européen de l'Ouest, en le lui décrivant à la fois comme failli, corrompu et menaçant. L'ensemble a l'avantage de servir à la fois l'idéologie ("supériorité russe" par contraste avec l'Ouest immonde), les objectifs du régime et de ses soutiens ("on va faire l'inverse" : autoritarisme, religion d'état, népotisme) et de fournir un cadre de soumission du bon peuple (avec d'ailleurs les mêmes outils qu'ailleurs : la télé, débilitante). Oui, c'est leur thèse. Mais ce que je voulais dire (peut-être n'était-ce pas clair), c'est que l'étude elle-même ne le prouve pas. En fait, elle ne permet pas de répondre à cette hypothèse. On sait ce que racontent les télés russes, on ne sait pas pourquoi même si on peut spéculer sur les motifs et mécanismes qui y mènent. Je ne dis pas que la thèse est fausse, je dis juste que les données ne permettent pas d'y répondre. Pour répondre à cela, il faudrait une démarche différente de recherche, avec des entretiens ou observations dans ces médias russes pour en comprendre le fonctionnement de l'intérieur, une approche j'imagine pas facile à mener pour une ONG ukrainienne financée par les occidentaux. Modifié le 6 mai 2018 par Bat 1 Lien vers le commentaire Partager sur d’autres sites More sharing options...
rogue0 Posté(e) le 13 mai 2018 Share Posté(e) le 13 mai 2018 (modifié) Le 15/02/2018 à 12:34, rogue0 a dit : Wikileaks s'est fait "fuiter" à son tour, et les dessous sont peu reluisant. Theintercept publie des extraits de chat/DM privé Twitter entre Assange et ses principaux soutiens sur internet. La source ? Un ex fan qui n'a pas digéré le soutien de Assange au trumpisme (révélé via les conversations avec Trump Junior et Hannity). Pas de scoop sensationnel (c'est juste un canal privé de "faible sécurité"), mais cela confirme les dessous peu reluisant: Révélation Biais confirmé en faveur du GOP (raison invoquée : pense qu'il sera moins interventionniste que Hillary, et la situation serait plus favorable à ses idées) Mysogynie débridée Anti semitisme (pareil) Égocentrisme : coordination de tactiques de trollage pour rester au centre de la scène médiatique. https://theintercept.com/2018/02/14/julian-assange-wikileaks-election-clinton-trump/ Résumé en anglais pour les pressés. https://mobile.twitter.com/micahflee/status/963852295271104512 La source des messages fuités de Wikileaks revient sur les raisons derrière son geste.https://www.thedailybeast.com/defector-wikileaks-will-lie-to-your-face En résumé : c'était un anti-guerre / libertaire / libéral / gauchiste / anti impérialiste (rayer la mention inutile) qui supportait les premiers idéaux de Wikileaks (la transparence obligera les gouvernements à réduire les barbouzeries, respecter les droits de l'homme, etc), au point d'être supporter actif de Assange pendant 5 ans. Après les élections en Australie en 2013, où le parti Wikileaks avait soutenu des partis néo-nazis et est devenu un n-ième relais Sputnik, il a commencé à se poser des questions. Assange avait juré qu'il n'avait rien à voir avec ces errements, et promis de corriger le tir. EDIT: après la Crimée, puis le DNC, mêmes excuses et arguments d'Assange. Le transfuge a compris le fouta*** de gueule et a commencer à amasser les preuves. Mon avis personnel : La source est inutilement mélodramatique (après, il était fan de Assange pendant des années, qui se ressemble s'assemble ). Que Assange considère les USA (et la NSA) comme une hyper-puissance avec un potentiel tyrannique via la surveillance globale est une opinion qui peut se défendre. Ne pas dénoncer les excès russes (ou chinois) en la matière depuis près de 8 ans, c'est plus que suspect. Mais il est rassurant de voir certains idéalistes se rendent compte des dérives d'Assange, et d'exposer son hypocrisie, fuites à l'appui ... (Fuites qu'Assange a vertement condamné d'ailleurs, ironie quand tu nous tiens ) (l'article donne pleins de détails personnels, donc il sera facile pour Wikileaks de l'identifier ... et donc de le lyncher, comme tous les "transfuges déçus" précédents comme Ball, donc +1 pour la crédibilité ). EDIT2 : On notera d'ailleurs que ça fait 50 jours que Assange est privé d'accès internet et de visites extérieures par les Equatorien (suite à ses infractions répétées à son accord d'asile), et que la dernière fuite Vault7 remonte à plus de 6 mois (9 novembre 2017). Le trollage internet a légèrement baissé (mais si jamais Trump est en difficulté pour les midterms, je n'ai aucun doute que Wikileaks recevra des révélations juteuses...) Révélation Modifié le 13 mai 2018 par rogue0 EDIT2 : orthographes et précisions 2 2 Lien vers le commentaire Partager sur d’autres sites More sharing options...
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